mercredi 11 novembre 2015

Le FN a recours au racisme sanitaire





Mise à jour du 5 juillet 2017


David Rachline, sénateur FN et directeur de campagne de Marine Le Pen durant la présidentielle, reprend les diatribes relevant du racisme biologique que celle-ci avait lancé lors de la campagne des élections régionales de 2015 (ci-dessous)

Il le fait à l’occasion de l'annonce du Premier ministre de rendre obligatoires onze vaccins infantiles. Edouard Philippe justifiait ainsi cette mesure : "Des maladies que l'on croyait éradiquées se développent à nouveau sur notre territoire, des enfants meurent de la rougeole aujourd'hui en France. Dans la patrie de Pasteur, ce n'est pas admissible." 

Rachline lui répond que l’origine de la recrudescence de la rougeole ne vient pas de la baisse de la vaccination mais de l’immigration et déclare :

« Au fait, vous êtes vous demandé pourquoi certaines maladies disparues de notre sol depuis longtemps refaisaient surface ? Il faut avoir le courage de dire que l'immigration massive dans ce domaine est la meilleure piste de réponse. »

Au passage Rachline a aussi prétendu que l’obligation de la vaccination était due au lobby de l’industrie pharmaceutique, répercutant ainsi les arguments complotistes dont nous sommes quotidiennement abreuvés.  On voit ici la combinaison du racisme, du complotisme et d’un prétendu discours « anti-lobbies » 
 
Rachline a été très proche de Soral  dont il partage la proximité avec le nazisme
 
Contrairement à ce qu'affirme Rachline, les experts attribuent la responsabilité du retour des maladies disparues, comme la rougeole (concernée par la réforme annoncée), à une couverture vaccinale insuffisante. Dans notre pays, champion du monde de la méfiance envers les vaccins, le retour de cette maladie a été constatée dès 2008, avec un pic en 2011.

"Sa diffusion et l'épidémie qu'a connue la France sont la conséquence d'un niveau insuffisant et hétérogène de la couverture vaccinale", notait l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES).

Les populations immigrées venant d'Afrique sont souvent associées au "retour de la tuberculose en France". Or, comme le montrait Le Monde l'an passé, la maladie n'avait jamais disparu du territoire et sa tendance baissière s'observe depuis plusieurs années.

Pour autant, il est vrai que les migrants sont les plus exposés une fois arrivés. "Les données en population générale montrent ainsi que la proportion des ménages immigrés habitant dans un logement de mauvaise qualité est plus élevée que chez des ménages non immigrés, et qu'ils sont aussi plus touchés par la pauvreté en termes de conditions de vie", notait l'InVS en 2013. Les migrants "ne sont pas forcément arrivées malades. Ce sont les conditions de la précarité qui précipitent le déclenchement", confirmait au Figaro Jeanine Rochefort, déléguée Ile-de-France de Médecins du monde. Le vaccin contre la tuberculose est par ailleurs recommandé par les autorités de santé.

Malgré ces faits et les avis des experts, le Front national reste opposé à l'obligation de la vaccination, diffuse à ce sujet des thèses issues de la mouvance complotiste et continue de voir dans le retour des maladies dites "disparues" la responsabilité de l'immigration. Sur France Inter ce mercredi 5 juillet, Marine Le Pen s'est dite "tout à fait opposée" à cette disposition proposée par la ministre de la Santé. "Ça oblige les parents, dont une grande partie sont opposés à cette vaccination multiple dont nous connaissons assez peu les conséquences à long terme", a-t-elle ajouté. Ce qui est, là encore, inexact, comme l'ont montré de nombreux spécialistes.



Actualisation du 20 mars 2016
En Normandie une dirigeante FN, estime que « des cas de tuberculose, de gale et pourquoi pas de peste pourraient rapidement se diffuser, comme c’est le cas à Calais ». Pour elle, la seule solution pour éviter une éventuelle propagation de ces maladies en France, est non pas de soigner ces personnes, mais de « reconduire tous les migrants à la frontière ». Ainsi, malgré le semi-démenti embarrassé de la présidente du FN, l'appel à la menace "infectieuse" se répand à l'intérieur du parti frontiste. On notera que la fasciste normande évoque la peste, qui ne semble pas du tout présente à Calais; il s'agit là d'une référence habituelle de l'agitation antisémite au cours de siècles, comme indiqué ci-dessous.


Dans le cadre de sa campagne pour les élections régionales, Marine Le Pen a diffusé son programme concernant la santé dans lequel figure le paragraphe suivant, annonciateur de violences et d'exclusion:
"Dénoncer et éradiquer toute immigration bactérienne : les hôpitaux font face à la présence alarmante de maladies contagieuses non européennes, liées à l’afflux migratoire. Nous refusons cette mise en danger de la santé de nos compatriotes."

Face au scandale provoqué par ce crachat raciste, le colistier de Marine le Pen Sébastien Chenu,  transfuge de l'UMP, a d'abord plaidé une "coquille, il fallait selon lui lire "épidémie bactérienne". Sauf qu'à La Voix du Nord, l'un des journalistes qui a sorti l'information précisait immédiatement: "Non seulement le FN a dit 'dénoncer et éradiquer toute immigration bactérienne' mais il l'a écrit : notre papier  était issu d'un échange de mails avec l'équipe de campagne de Marine Le Pen". Le même Sébastien Chenu est ensuite contraint de concéder : "Ce n'est pas vraiment une coquille, ce que je voulais dire c'est que ce terme d''immigration bactérienne' n'est peut-être pas exactement celui véhiculé par les professeurs de médecine que nous avons recensés et qui nous ont alertés sur ce phénomène". Néanmoins, assure-t-il, "la philosophie c'est celle-là, on n'a aucun problème sur le fond de ce qui est dit".

En accusant les migrants de transporter des maladies "non-européennes", la chef du FN récidive car en 2013, déjà, elle avait stigmatisé des cas de "tuberculose multirésistante concernant des immigrés d'Europe de l'Est", alimentés, selon elle, "par un réseau d'immigration massive et incontrôlée".

Surtout elle se place dans la tradition du racisme biologique véhiculé depuis des décennies par les fascistes de tout poil et les antisémites les plus violents.

Elle s'inscrit aussi dans la continuité des diatribes de Jean-Marie Le Pen. Ainsi, le 20 mai 2014, avant un meeting à Marseille avec sa fille Marine Le Pen, il déclarait  à propos de l’immigration africaine: "Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois". "Ça", c'est selon lui, "l'explosion démographique" dans le monde, le "risque de submersion" de la France par l'immigration, "le remplacement de la population qui est en cours", avait-t-il expliqué, reprenant les thèmes du xénophobe Renaud Camus. Ebola est un virus qui provoque une fièvre hémorragique et a tué plus de 11300 personnes en Afrique. Marine Le Pen l’avait défendu en prétendant qu’il s’agissait d’une « réflexion sur les épidémies »

Au début de la pandémie du Sida en 1986, Jean-Marie Le Pen assimilait les séropositifs à des "lépreux" et voulait  enfermer les malades qu'il nommait "sidaïques" (on notera la proximité avec "judaïque") dans des "sidatoriums". 

Le Sida semble d'ailleurs demeurer une question sensible dans un parti largement nourri de fantasmes conspirationnistes et anti-scientifiques. Ainsi la dénommée Kelly Betesh, jeune étudiante en médecine frontiste médiatisée par le FN afin de  symboliser la "dédiabolisation" soutient que le "Sida n'existe pas" 

La continuité des propos actuels des dirigeants FN avec les thèmes d'agitation antisémites se rapportent notamment à la manière dont les Juifs ont été accusés de colporter de mystérieuses maladies infectieuses.

Aux premiers jours du mois de décembre 1920, une  rumeur est diffusée dans Paris : une pandémie inconnue et mortelle, la maladie n° 9 ( nom de code pour la peste), dont seraient porteurs les immigrés juifs originaires d'Europe orientale, se propagerait à vive allure dans les quartiers populaires de la capitale.
 Les pouvoirs publics, impuissants à endiguer l'épidémie, auraient déjà recensé plusieurs centaines de cas mais refuseraient d'en faire état. La presse s'empare de l'affaire, bientôt instrumentalisée par la droite nationale et antisémite.
 La crainte de la prétendue "maladie n° 9" donne lieu, au Sénat, à une séance houleuse et retentissante le 2 décembre 1920. De nombreux élus dénoncent le caractère " inassimilable " des " Juifs d'Orient ", accusés de répandre l'épidémie, avec la complicité de leurs coreligionnaires installés en France depuis plusieurs générations. Présentés comme réfractaires aux mœurs de la civilisation occidentale, assimilés à des rats grouillant dans Paris, les Juifs sont également accusés de propager le " microbe " du " bolchevisme défaitiste ". 

Ceux qui jouent sur la hantise des grandes épidémies ont alors recours à tous les poncifs de l'antisémitisme historique concernant particulièrement la peste.

Ainsi lors l’épidémie de peste noire qui toucha l'Europe entre 1347 et 1350, des agitateurs antisémites l'attribuèrent à un acte satanique orchestré par les Juifs qui voudraient dominer le monde en empoisonnant l'air et l'eau.
Une vague de massacres s'ensuivit: 2000 Juifs tués à Strasbourg lors du "massacre de la Saint Valentin" en février 1349, d'autres victimes nombreuses à Colmar, Worms, Francfort, Cologne et ailleurs. Aucune communauté juive importante d'Allemagne ne fut épargnée par les massacres et  les pillages. A Berne et à Zurich, des Juifs furent jugés et exécutés.

Les déclarations de la présidente du FN ainsi que la campagne de Marion MLP  démontrent une fois de plus qu'il s'agit bien d'un parti d'orientation fasciste dont le racisme est le principal argument. 

MEMORIAL 98





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