Mise à jour du 5 juillet 2017
David Rachline, sénateur FN et directeur de campagne de Marine Le Pen durant la présidentielle, reprend les diatribes relevant du racisme biologique que celle-ci avait lancé lors de la campagne des élections régionales de 2015 (ci-dessous)
Il le fait à l’occasion de l'annonce du Premier ministre de rendre obligatoires onze vaccins infantiles. Edouard Philippe justifiait ainsi cette mesure : "Des maladies que l'on croyait éradiquées se développent à nouveau sur notre territoire, des enfants meurent de la rougeole aujourd'hui en France. Dans la patrie de Pasteur, ce n'est pas admissible."
Rachline lui répond que l’origine
de la recrudescence de la rougeole ne vient pas de la baisse de la vaccination
mais de l’immigration et déclare :
« Au fait, vous êtes vous demandé pourquoi certaines maladies disparues de
notre sol depuis longtemps refaisaient surface ? Il faut avoir le courage de
dire que l'immigration massive dans ce domaine est la meilleure piste de
réponse. »
Au passage Rachline a aussi prétendu que l’obligation de la vaccination était due au lobby de l’industrie pharmaceutique, répercutant ainsi les arguments complotistes dont nous sommes quotidiennement abreuvés. On voit ici la combinaison du racisme, du complotisme et d’un prétendu discours « anti-lobbies »
Rachline a été très proche de Soral dont il partage la proximité avec le nazisme.
Contrairement à ce
qu'affirme Rachline, les experts attribuent la responsabilité du retour
des maladies disparues, comme la rougeole (concernée par la réforme annoncée),
à une couverture vaccinale insuffisante. Dans notre pays, champion du monde de la
méfiance envers les vaccins, le retour de cette maladie a été
constatée dès 2008, avec un pic en 2011.
"Sa diffusion et
l'épidémie qu'a connue la France sont la conséquence d'un niveau insuffisant et
hétérogène de la couverture vaccinale", notait l'Institut national de prévention
et d'éducation pour la santé (INPES).
Les populations immigrées venant d'Afrique sont souvent
associées au "retour de la tuberculose en France". Or, comme le
montrait Le Monde l'an
passé, la maladie n'avait jamais disparu du territoire et sa tendance baissière
s'observe depuis plusieurs années.
Pour autant, il est vrai que les migrants sont les plus exposés
une fois arrivés. "Les données en population générale montrent ainsi que
la proportion des ménages immigrés habitant dans un logement de mauvaise
qualité est plus élevée que chez des ménages non immigrés, et qu'ils sont aussi
plus touchés par la pauvreté en termes de conditions de vie", notait l'InVS en 2013.
Les migrants "ne sont pas forcément arrivées malades. Ce sont les
conditions de la précarité qui précipitent le déclenchement", confirmait
au Figaro Jeanine Rochefort,
déléguée Ile-de-France de Médecins du monde. Le vaccin contre la tuberculose
est par ailleurs recommandé par les autorités de santé.
Malgré ces faits et les avis des experts, le Front national
reste opposé à l'obligation de la vaccination, diffuse à ce sujet des thèses issues de la mouvance complotiste et continue de voir dans le
retour des maladies dites "disparues" la responsabilité de
l'immigration. Sur France Inter ce mercredi 5 juillet, Marine Le Pen s'est dite
"tout à fait opposée" à cette disposition proposée par la ministre de
la Santé. "Ça oblige les parents, dont une grande partie sont opposés à
cette vaccination multiple dont nous connaissons assez peu les conséquences à
long terme", a-t-elle ajouté. Ce qui est, là encore, inexact, comme l'ont montré de nombreux
spécialistes.
Actualisation du 20 mars 2016:
En Normandie une dirigeante FN, estime
que « des cas de tuberculose, de gale et pourquoi pas de peste pourraient
rapidement se diffuser, comme c’est le cas à Calais ». Pour elle, la seule
solution pour éviter une éventuelle propagation de ces maladies en France, est
non pas de soigner ces personnes, mais de « reconduire tous les migrants à la
frontière ». Ainsi, malgré le semi-démenti embarrassé de la présidente du FN,
l'appel à la menace "infectieuse" se répand à l'intérieur du parti
frontiste. On notera que la fasciste normande évoque la peste, qui ne semble
pas du tout présente à Calais; il s'agit là d'une référence habituelle de
l'agitation antisémite au cours de siècles, comme indiqué ci-dessous.
Dans le cadre de sa campagne pour
les élections régionales, Marine Le Pen a diffusé son programme concernant la
santé dans lequel figure le paragraphe suivant, annonciateur de violences et
d'exclusion:
"Dénoncer et éradiquer toute
immigration bactérienne : les hôpitaux font face à la présence alarmante de
maladies contagieuses non européennes, liées à l’afflux migratoire. Nous
refusons cette mise en danger de la santé de nos compatriotes."
Face au scandale provoqué par ce
crachat raciste, le colistier de Marine le Pen Sébastien Chenu, transfuge
de l'UMP, a d'abord plaidé une "coquille, il fallait selon lui lire
"épidémie bactérienne". Sauf qu'à La Voix du Nord, l'un des
journalistes qui a sorti l'information précisait immédiatement: "Non
seulement le FN a dit 'dénoncer et éradiquer toute immigration bactérienne'
mais il l'a écrit : notre papier était issu d'un échange de mails
avec l'équipe de campagne de Marine Le Pen". Le même Sébastien Chenu est
ensuite contraint de concéder : "Ce n'est pas vraiment une coquille, ce
que je voulais dire c'est que ce terme d''immigration bactérienne' n'est
peut-être pas exactement celui véhiculé par les professeurs de médecine que
nous avons recensés et qui nous ont alertés sur ce phénomène". Néanmoins,
assure-t-il, "la philosophie c'est celle-là, on n'a aucun problème sur le
fond de ce qui est dit".
En accusant les migrants de
transporter des maladies "non-européennes", la chef du FN récidive
car en 2013, déjà, elle avait stigmatisé des cas de "tuberculose
multirésistante concernant des immigrés d'Europe de l'Est", alimentés,
selon elle, "par un réseau d'immigration massive et incontrôlée".
Surtout elle se place dans la
tradition du racisme biologique véhiculé depuis des décennies par les fascistes
de tout poil et les antisémites les plus violents.
Elle s'inscrit aussi dans la continuité des diatribes de Jean-Marie Le Pen. Ainsi, le 20 mai 2014, avant
un meeting à Marseille avec sa fille Marine Le Pen, il déclarait à propos
de l’immigration africaine: "Monseigneur Ebola peut régler ça en
trois mois". "Ça", c'est selon lui, "l'explosion
démographique" dans le monde, le "risque de submersion" de la
France par l'immigration, "le remplacement de la population qui est en
cours", avait-t-il expliqué, reprenant les thèmes du xénophobe Renaud
Camus. Ebola est un virus qui provoque une fièvre hémorragique et a tué plus de
11300 personnes en Afrique. Marine Le Pen l’avait défendu en prétendant qu’il
s’agissait d’une « réflexion sur les épidémies »
Au début de la pandémie du Sida en
1986, Jean-Marie Le Pen assimilait les séropositifs à des "lépreux"
et voulait enfermer les malades qu'il nommait "sidaïques" (on
notera la proximité avec "judaïque") dans des
"sidatoriums".
Le Sida semble d'ailleurs demeurer une question sensible dans un parti largement nourri de fantasmes conspirationnistes et anti-scientifiques. Ainsi la dénommée Kelly Betesh, jeune étudiante en médecine frontiste médiatisée par le FN afin de symboliser la "dédiabolisation" soutient que le "Sida n'existe pas"
La continuité des propos actuels des
dirigeants FN avec les thèmes d'agitation antisémites se rapportent notamment à
la manière dont les Juifs ont été accusés de colporter de mystérieuses maladies
infectieuses.
Aux premiers jours du mois de décembre 1920, une rumeur est diffusée dans Paris : une pandémie inconnue et mortelle, la maladie n° 9 ( nom de code pour la peste), dont seraient porteurs les immigrés juifs originaires d'Europe orientale, se propagerait à vive allure dans les quartiers populaires de la capitale.
Les pouvoirs publics, impuissants à endiguer l'épidémie, auraient déjà recensé plusieurs centaines de cas mais refuseraient d'en faire état. La presse s'empare de l'affaire, bientôt instrumentalisée par la droite nationale et antisémite.
La crainte de la prétendue "maladie n° 9" donne lieu, au Sénat, à une séance houleuse et retentissante le 2 décembre 1920. De nombreux élus dénoncent le caractère " inassimilable " des " Juifs d'Orient ", accusés de répandre l'épidémie, avec la complicité de leurs coreligionnaires installés en France depuis plusieurs générations. Présentés comme réfractaires aux mœurs de la civilisation occidentale, assimilés à des rats grouillant dans Paris, les Juifs sont également accusés de propager le " microbe " du " bolchevisme défaitiste ".
Ceux qui jouent sur la hantise des grandes épidémies ont alors recours à tous les poncifs de l'antisémitisme historique concernant particulièrement la peste.
Ainsi lors l’épidémie de peste noire qui toucha l'Europe entre 1347 et 1350, des agitateurs antisémites l'attribuèrent à un acte satanique orchestré par les Juifs qui voudraient dominer le monde en empoisonnant l'air et l'eau.
Une vague de massacres s'ensuivit:
2000 Juifs tués à Strasbourg lors du "massacre de la Saint Valentin"
en février 1349, d'autres victimes nombreuses à Colmar, Worms, Francfort,
Cologne et ailleurs. Aucune communauté juive importante d'Allemagne ne fut
épargnée par les massacres et les pillages. A Berne et à Zurich, des
Juifs furent jugés et exécutés.
Les déclarations de la présidente du
FN ainsi que la campagne de Marion MLP démontrent une fois de plus qu'il s'agit bien d'un parti d'orientation fasciste
dont le racisme est le principal argument.
MEMORIAL 98
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