Le ravin de Babi Yar
Le 29 et 30
septembre 1941, trente-trois mille sept cents Juifs ukrainiens de tous âges et des deux sexes ont été tués par les nazis au lieu-dit Babi Yar
(le «ravin de la vieille femme» en russe) à proximité de Kiev.
Ce massacre est le plus important de cette première phase de la Shoah; il dépasse même les chiffres des tueries quotidiennes dans les camps de la mort.
Ce crime de masse survient dix jours après l'entrée des troupes nazies dans ce qui était alors la
capitale de l'Ukraine soviétique. La ville de Kiev comptait 900.000
habitants, dont environ 120.000 Juifs .
Ces derniers ont été convoqués par les autorités allemandes à Babi Yar le 28 septembre,
veille cette année là de la grande fête juive de "Yom Kippour"
et menacés d'exécution sur place en cas de désobéissance.
Croyant d'abord à un départ vers un camp quelconque, les Juifs sont
immédiatement conduits par groupes de dix vers le bord du ravin, obligés
de se dévêtir et massacrés à la mitrailleuse. Les rescapés de ce premier
massacre vont être tués à leur tour et
jetés dans le ravin au cours des mois suivants, au rythme de deux jours
de tuerie par semaine.
Le site de Babi Yar a été jusqu'en 1943 le théâtre d'exécutions massives: jusqu'à 100.000 personnes y ont été tuées, parmi lesquelles des
Juifs, des Tziganes, des combattants de la résistance et des prisonniers
de guerre soviétiques.
Après la guerre, la mémoire de ce début de la Shoah fut longtemps masquée.
Le carnage des 29 et 30 septembre 1941 a certes été
révélé lors des grands procès de Nuremberg en 1946, mais
les dirigeants de l'URSS, dont l'Ukraine faisait alors partie, ont toujours cherché à minimiser ce drame, pour ne pas avoir à admettre que les victimes étaient juives.
En effet, les autorités soviétiques staliniennes niaient et dissimulaient le caractère antisémite des exactions nazies, ajoutant ainsi une occultation au génocide lui-même.
Dans le cas de Babi Yar , les victimes juives étaient
ainsi présentées comme des « citoyens soviétiques pacifiques » sans mention de leur judéité et de l'acharnement des nazis contre elles.
Pendant des décennies, les rassemblements de commémoration furent
interdits dans le ravin.
La publication en 1961 du poème "Babi Yar" , du poète russe contestataire Evgueni Evtouchenko, fit l'effet d’un choc
salutaire, car il proclamait que les victimes étaient exterminées parce que juives et il évoquait les pogroms en Russie.
Le poème débute ainsi :
Le poème débute ainsi :
" Non, Babi Yar n'a pas de monument.
Le bord du ravin, en dalle grossière.
L'effroi me prend.
J'ai l'âge en ce moment
Du peuple juif. Oui, je suis millénaire.
Il me semble soudain-
l'Hébreu, c'est moi, ..."
En 1966, les autorités soviétiques érigèrent sur place un monument qui ne mentionnait
toujours pas les victimes juives.
Ce n’est qu’en 1991, après la chute de
l'URSS, que le gouvernement ukrainien autorisa la création
d'un monument spécifique à ces victimes. Ce monument fut inauguré
10 ans plus tard, en septembre 2001, soit soixante ans après les faits.
L'exécution de Babi Yar s'est déroulée le jour de la fête la plus importante du calendrier juif, Yom Kippour.
Les nazis, dans leur rage antisémite, utilisaient souvent les dates des fêtes religieuses juives afin de procéder à des persécutions particulières.
Les nazis, dans leur rage antisémite, utilisaient souvent les dates des fêtes religieuses juives afin de procéder à des persécutions particulières.
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