La commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda revêt cette année un caractère particulier, en raison de l’épidémie du Covid19.
Nous nous
associons à nos partenaires de l’association Ibuka-France et appelons à participer aux
actions en ligne qu’ils organisent (voir ci-dessous).
Le combat
contre le négationnisme concernant ce génocide est plus que jamais d’actualité.
Ainsi, c’est au sein du Sénat que s’est tenu le 9 mars dernier un colloque négationniste.
Les protestations associatives n’ont pas pu empêcher sa tenue, car Gérard Larcher président du Sénat l’a maintenu. Honte à lui; voir ici le compte-rendu établi par l'association Survie
Les protestations associatives n’ont pas pu empêcher sa tenue, car Gérard Larcher président du Sénat l’a maintenu. Honte à lui; voir ici le compte-rendu établi par l'association Survie
Aujourd’hui
même, le journal Le Point rendant compte de
la découverte d’un charnier de victimes utilise la formule
confusionniste et négationniste de « génocide entre les Tutsis et les Hutus »
Sur France Inter c'est une chronique profanatrice qui a constitué la seule mention du génocide le 7 avril. Dans ce billet prétendument humoristique, le chroniqueuse comparait le génocide à "une bataille de polochons".
Cette horreur s'est produite dans l'émission Par Jupiter qui se présente comme critique et progressiste.
Nous soutenons la protestation des associations de rescapés et exigeons avec eux des excuses publiques ( voir ci-dessous)
Sur France Inter c'est une chronique profanatrice qui a constitué la seule mention du génocide le 7 avril. Dans ce billet prétendument humoristique, le chroniqueuse comparait le génocide à "une bataille de polochons".
Cette horreur s'est produite dans l'émission Par Jupiter qui se présente comme critique et progressiste.
Nous soutenons la protestation des associations de rescapés et exigeons avec eux des excuses publiques ( voir ci-dessous)
Mise à jour:
Après sa profanation du génocide, la chroniqueuse Constance présente des excuses désinvoltes et se victimise( ci-dessous)
Chers auditeurs,
Ma chronique du 7 avril sur France Inter a suscité une très vive émotion dans la communauté Tutsi et au-delà. A tous ceux qui ont été choqués, je voudrais dire que mon intention n’était pas de blesser, de minimiser l’importance des faits et encore moins de nier la réalité du génocide qui s’est déroulé en 1994 au Rwanda.
Pour m’éloigner du sujet qui ne prêtait pas à rire, j’ai usé de formules lapidaires qui ont jeté du sel sur des blessures immenses. Telle n’était pas mon intention.
J’ai depuis reçu de très nombreux messages faisant part, parfois de manière parfaitement outrancière, de leur colère. J’ai bien entendu leur émotion. Je veux leur dire qu’elle me touche et que je la comprends.
Je suis humoriste, pas éditorialiste. Mon rôle est de faire rire, et d’apporter un peu de bonheur aux gens. Alors quand mon travail soulève autant d’émotion, qu’il heurte toute une communauté, force est de reconnaître que l’objectif est manqué. Je vous prie de bien vouloir m’en excuser.
Constance
Un autre enjeu est la poursuite de la mise à jour des responsabilités des autorités françaises dans le déroulement du génocide.
Après sa profanation du génocide, la chroniqueuse Constance présente des excuses désinvoltes et se victimise( ci-dessous)
Chers auditeurs,
Ma chronique du 7 avril sur France Inter a suscité une très vive émotion dans la communauté Tutsi et au-delà. A tous ceux qui ont été choqués, je voudrais dire que mon intention n’était pas de blesser, de minimiser l’importance des faits et encore moins de nier la réalité du génocide qui s’est déroulé en 1994 au Rwanda.
Pour m’éloigner du sujet qui ne prêtait pas à rire, j’ai usé de formules lapidaires qui ont jeté du sel sur des blessures immenses. Telle n’était pas mon intention.
J’ai depuis reçu de très nombreux messages faisant part, parfois de manière parfaitement outrancière, de leur colère. J’ai bien entendu leur émotion. Je veux leur dire qu’elle me touche et que je la comprends.
Je suis humoriste, pas éditorialiste. Mon rôle est de faire rire, et d’apporter un peu de bonheur aux gens. Alors quand mon travail soulève autant d’émotion, qu’il heurte toute une communauté, force est de reconnaître que l’objectif est manqué. Je vous prie de bien vouloir m’en excuser.
Constance
Un autre enjeu est la poursuite de la mise à jour des responsabilités des autorités françaises dans le déroulement du génocide.
Les
révélations se sont multipliées ces dernières années, malgré les blocages et pressions, dont celles des proches de François Mitterrand.
Face au scandale qui menace, Emmanuel Macron a choisi de
louvoyer. Il a proclamé une journée nationale de commémoration du génocide le 7 avril mais
semble peu désireux d’aboutir à la vérité dans ce domaine, aussi dérangeante soit-elle.
Il a ainsi créé une commission d’historiens censée faire
la lumière sur la période des années 1990-1994 mais en a éliminé l’historienne
du CNRS Hélène Dumas, spécialiste du Rwanda dont elle maîtrise la langue ainsi que l'historien Stéphane Audoin-Rouzeau. Tous les deux étaient considérés comme trop critiques;
C'est
ce que nous avions rappelé lors d'une allocution de Memorial 98 le soir du 7
avril 2019, dans le cadre de la veillée organisée comme chaque année par
l'association Ibuka-France en
mémoire des victimes du génocide.
Nous y appelions à la vigilance face aux nombreuses tentatives pour bloquer un accès complet aux archives, voir ici la vidéo de cette intervention: https://www.youtube.com/watch?v=MaYgH39DV4Y
Nous y appelions à la vigilance face aux nombreuses tentatives pour bloquer un accès complet aux archives, voir ici la vidéo de cette intervention: https://www.youtube.com/watch?v=MaYgH39DV4Y
MEMORIAL 98
Avec Ibuka-France
26ème commémoration du génocide
contre les Tutsi
Le 7 avril 2020,
journée internationale de commémoration du génocide commis contre les
Tutsi au Rwanda en 1994, l’association Ibuka France et ses partenaires
associatifs sur le territoire français appellent, malgré le confinement
national, au recueillement et au souvenir du dernier génocide du XXème
siècle.
Durant cent jours, d’avril à juillet
1994, plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants furent assassinés au
Rwanda, parce que nés Tutsi.
En 2020, pour la première fois, les
commémorations en France de ce crime lors du 7 avril
s’inscrivent dans un cadre national officiel, reconnu par le décret
présidentiel du 13 mai 2019.
L’actuelle épidémie de COVID-19 qui
frappe la planète nous contraint toutefois à repousser à une date
encore inconnue les cérémonies publiques prévues au mois d’avril.
Ibuka France a une pensée pour les victimes de
cette pandémie et adresse ses condoléances aux familles éprouvées.
Ce report ne doit pourtant pas empêcher
le recueillement. Mardi prochain 7 avril 2020, comme chaque
année, nous dédierons nos pensées aux victimes du génocide, à
celles et ceux qui ont perdu leur vie en voulant les défendre et
aux rescapés dont la présence et les voix portent jusqu’à nous le souvenir
du crime perpétré il y a vingt-six ans.
Les efforts engagés dans ce sens
demeurent nécessaires face aux menées du négationnisme, toujours actif sous les
diverses formes qu’il emprunte pour falsifier, nier et/ou atténuer la nature
génocidaire du crime commis en 1994 contre les Tutsi au Rwanda.
Dans cette situation
exceptionnelle, Ibuka France organisera le 7 avril une
cérémonie d’hommage aux victimes du génocide des Tutsi par des
moyens virtuels.
Si nous ne
pouvons pas rassembler les survivants et les
familles qui ont été endeuillés pour un moment de
communion, nous souhaitons leur adresser tout notre soutien à
distance, à travers des messages qui seront diffusés durant sept
jours à compter du 7 avril. La période
de confinement actuelle fait, en effet, rejaillir pour
beaucoup d’entre eux la peur et la détresse ressenties en
1994 dans leurs cachettes.
Programme du 7 avril au
13 avril 2020
- Le 7 avril à 14h
- Allumage de bougies suivi d’une minute de silence.
- Partage des témoignages, vidéo, poèmes, chants de recueillement..., sur les réseaux sociaux de notre association
Merci de nous envoyer vos vidéos de
soutien et témoignages par e-mail: contact@ibuka-france.org et qui
seront postées et partagées sur les comptes de réseaux sociaux d’Ibuka France.
- Du 8 au 13 avril à 14h:
Partage
de témoignages, vidéos, poèmes, chants de recueillement sur
les réseaux sociaux de l’association.
Retrouvez-nous sur:
- Facebook : https://www.facebook.com/Ibuka-France-Mémoire-1454163294638808/
- Twitter: https://twitter.com/ContactIbuka
- YouTube: https://www.youtube.com/channel/UCBBdRzh5B-NefV0XYE1CwWQ/videos?view_as=subscriber
C’est avec une détermination intacte et
une vigilance permanente qu’Ibuka France entend poursuivre son œuvre auprès de
tous les publics, fort du soutien de ses différents partenaires et de celui de
chacun et chacune d’entre vous.
Ibuka-France
Un génocide planifié et préparé.
C'est en effet le 7 avril
1994 que débutèrent au Rwanda les massacres qui allaient voir la mort d'au
moins un million de personnes jusqu'à juillet de la même année: des individus
définis comme Tutsi, constituant la majorité des victimes, mais aussi des Hutu
opposés aux partisans de l'idéologie raciste dite "Hutu Power"
D'une durée de cent
jours, ce fut le génocide le plus bref et concentré de l'histoire et celui de
la plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour de tuerie.
Fruit d'une idéologie
raciste mise en œuvre sur des décennies, ce génocide s'est appuyé, pour
diffuser la haine, avant et pendant, sur une forme perverse d'humour, notamment
à la Radio Télévision des Milles Collines, mais
aussi sur les caricatures déshumanisantes de la propagande génocidaire .
Comme pour tous les
projets génocidaires, celui-ci s'accompagne de campagnes négationnistes, de
difficultés à faire reconnaître les responsabilités entre autres les responsabilités françaises et à faire
vivre la mémoire. Il a fallu attendre 20 ans pour qu'enfin une stèle au Père Lachaise à Paris commémore ce génocide et
encore 2 ans avant que soit inauguré un Jardin de la Mémoire dans un parc
parisien.
Des progrès limités ont
aussi été réalisés dans le domaine de la justice puisque enfin des génocidaires
ont été jugés et condamnés en France. Ces procès doivent beaucoup à l’action de
nos amis du Collectif des parties civiles pour le Rwanda qui
poursuivent un combat incessant pour que le Parquet et les tribunaux jouent
enfin leur rôle. En effet la justice demeure très partielle, lente et
laborieuse. Des génocidaires présumés lui échappent.
Les habitants de nôtre
pays ont un devoir particulier en ce qui concerne le Rwanda. En effet, une
partie du combat est aujourd'hui celui de la pleine reconnaissance par l’État
français de ses responsabilités. Cet État qui prétend parler en notre nom,
persiste aujourd'hui à garder un silence complice sur l’implication de l’armée française dans le génocide des
Tutsi.
Or le pouvoir Hutu
extrémiste a reçu de manière continue et appuyée le soutien des autorités
françaises tant au plan politique, militaire que financier, avant, pendant et
après le génocide.
Toute la vérité doit être faite au sujet
de cette implication : tous les documents doivent être rendus publics.
Les preuves s'accumulent maintenant quant à la
participation des pouvoirs publics français et d’institutions financières à
l’exécution du crime.
Nos amis et partenaires
des associations Ibuka, qui regroupe des rescapés tutsi et du Collectif des parties civiles
pour le Rwanda (CPCR) qui mène un énergique combat judiciaire ainsi que
l'ONG Sherpa, ont porté plainte contre la banque BNP. Ils
l’accusent d’avoir favorisé le génocide en finançant la livraison d’armes,
malgré l’embargo décidé par l’ONU.
En même temps les mises
en cause se multiplient à propos de l’implication de dirigeants français de
l’époque. L’attention se concentre sur Hubert Védrine, ancien ministre des
Affaires étrangères et surtout à l’époque secrétaire général de l’Élysée à
l'époque du génocide, déjà plusieurs fois cité.
A ce moment (1993-1995)
Mitterrand était président et Balladur chef d’un gouvernement de cohabitation,
suite aux élections de 1993. Védrine jouait un rôle capital et bénéficiait de
l’entière confiance du président.
Selon le
journaliste Patrick de Saint-Exupéry, spécialiste du Rwanda, fondateur de
la revue XXI et qui a dénoncé le génocide dès 1994, un haut fonctionnaire
chargé d’examiner les archives de l’Elysée de 1990 à 1994 affirme que les
autorités françaises ont bien donné l’ordre de réarmer les auteurs du
massacre, alors que ces derniers venaient d’être mis en déroute par le Front
patriotique rwandais (FPR).
Le fonctionnaire, anonyme mais manifestement très bien informé, qui a eu accès aux archives au moment de leur ouverture par François Hollande en 2015, évoque un document faisant état d’une fronde de certains militaires français contre la décision des autorités françaises de réarmer les génocidaires.
En marge de ce document et concernant le trouble de ces militaires, une note manuscrite d’Hubert Védrine insistait sur la nécessité de «s’en tenir aux directives fixées» et donc de livrer les armes.
Le fonctionnaire, anonyme mais manifestement très bien informé, qui a eu accès aux archives au moment de leur ouverture par François Hollande en 2015, évoque un document faisant état d’une fronde de certains militaires français contre la décision des autorités françaises de réarmer les génocidaires.
En marge de ce document et concernant le trouble de ces militaires, une note manuscrite d’Hubert Védrine insistait sur la nécessité de «s’en tenir aux directives fixées» et donc de livrer les armes.
Selon un
autre spécialiste du Rwanda, Jacques Morel, cité par Libération, on retrouve la signature de
Védrine en bas d’une note sur une dépêche officielle citée par l’agence Reuters
et datée du 15 juillet 1994.
La dépêche était titrée: «Paris prêt à arrêter les membres du gouvernement intérimaire rwandais.», eux qui avaient orchestré le génocide et qui s’étaient repliés dans les zones sous contrôle français.
En marge de la dépêche, Hubert Védrine avait écrit: «Lecture du Président (Mitterrand): ce n’est pas ce qui a été dit chez le Premier ministre (Balladur).»
La dépêche était titrée: «Paris prêt à arrêter les membres du gouvernement intérimaire rwandais.», eux qui avaient orchestré le génocide et qui s’étaient repliés dans les zones sous contrôle français.
En marge de la dépêche, Hubert Védrine avait écrit: «Lecture du Président (Mitterrand): ce n’est pas ce qui a été dit chez le Premier ministre (Balladur).»
L’arrestation
fut donc annulée.
Mitterrand
et Védrine étaient particulièrement complaisants à l’égard des chefs Hutu,
considérés comme favorables à la France car francophones, alors que les
dirigeants Tutsi, qui avaient dû se réfugier en Ouganda étaient considérés
comme favorables au monde anglophone.
De plus Mitterrand défendait la thèse négationniste du « double génocide », selon lequel les torts étaient partagés entre génocidaires et victimes. Ainsi après le sommet franco-africain de Biarritz en 1994, il lance à un journaliste qui l’interroge : “De quel génocide parlez-vous, monsieur ? De celui des Hutus contre les Tutsis ou de celui des Tutsis contre les Hutus ? ”
De plus Mitterrand défendait la thèse négationniste du « double génocide », selon lequel les torts étaient partagés entre génocidaires et victimes. Ainsi après le sommet franco-africain de Biarritz en 1994, il lance à un journaliste qui l’interroge : “De quel génocide parlez-vous, monsieur ? De celui des Hutus contre les Tutsis ou de celui des Tutsis contre les Hutus ? ”
Védrine a
de son côté défendu l’auteur négationniste Pierre Péan en 2008 ( décédé récemment) lors
du procès de ce dernier après la parution de son livre sur le
Rwanda « Noires
fureurs, blancs menteurs ». Le déroulement de ce procès démontre les
ressorts et arguments des négationnistes, si proches de ceux qu’on retrouve
dans des cas semblables (lire ici le
compte rendu qu'en fit Memorial 98)
C’est dans cette sphère
du déni qu’avait aussi agi le juge « anti-terroriste » Jean-Louis Bruguière chargé d’une enquête
sur l’attentat qui le 6 avril 1994, toucha
l’avion transportant le président du Rwanda Habyarimana, abattu par deux
missiles à son approche de l’aéroport de la capitale Kigali.
Bruguière
conclut, au terme d’une enquête partiale conduite depuis Paris, sans
déplacement sur les lieux de l’attentat, à la responsabilité des rebelles tutsi
(FPR) ; il lança des mandats d’arrêt internationaux contre de hauts
responsables du FPR au pouvoir à Kigali.
Suite
aux conclusions du rapport Bruguière, les thèses négationnistes se
renforcèrent et obtinrent une sorte de droit de cité dans le discours public,
notamment français. L’attribution au FPR de la responsabilité de l’attentat du
6 avril a servi à protéger des questions embarrassantes les dirigeants
politiques de cette époque de cohabitation : Mitterrand, Balladur,
Léotard, Juppé, Roussin, Hubert Védrine, les responsables militaires
et tous les officiels ayant joué un rôle dans la complicité militaire,
politique, diplomatique et financière de la France dans le génocide.
Bruguière, parti
à la retraite avant une carrière politique dans les rangs de l’UMP, son
successeur, le magistrat anti-terroriste Marc Trévidic se rendit à
Kigali en 2012, ce que n’avait jamais fait Bruguière, et aboutit à
des conclusions totalement inverses sur le déroulement de qui allait constituer
le prétexte de la mise en œuvre du crime.
Les
habitants et les pouvoirs publics de notre pays ont un devoir particulier
en ce qui concerne le Rwanda.
En
effet, une partie du combat est aujourd'hui celui de la pleine reconnaissance
par l’État français de ses responsabilités.
Cet État
qui prétend parler en notre nom, persiste aujourd'hui à garder un silence
complice sur l’implication de l’armée française dans le génocide des
Tutsi.
Or le pouvoir Hutu extrémiste
a reçu de manière continue et appuyée le soutien des autorités françaises tant
au plan politique, militaire que financier, avant, pendant et après le
génocide. Toute la vérité doit être faite au sujet
de cette implication : tous les documents doivent être rendus publics. C’est
pourquoi nous soutenons et partageons pleinement le combat de nos amis et
partenaires de Ibuka, du CPCR et de Survie afin que la vérité se fasse jour et
que les coupables éventuels soient jugés. On notera que Védrine est
toujours présent sur la scène politique et médiatique. Il semble qu’il soit
écouté par le nouveau président français. Il serait même à l’origine du
tournant consistant à s'allier avec Bachar El Assad sous
prétexte de « lutter contre le terrorisme » alors que Assad en est
le principal responsable et parrain. Védrine a aussi beaucoup de sympathie
« réaliste » envers Poutine.
Dans ce domaine de la
responsabilité des États la justice des Pays-Bas a émis un verdict historique, bien
qu'incomplet et frustrant. Elle juge que les autorités de son pays ont laissé
se dérouler le génocide de Srebrenica (un an à peine après celui des Tutsi),
sans permettre le sauvetage des personnes qui tentaient de se réfugier dans
l'enclave des Casques Bleus néerlandais présents sur place. C'est le résultat
d'une longue bataille des victimes et de leurs avocats avec le soutien d'ONG
néerlandaises et internationales, mobilisées pour la justice et contre
l'impunité.
Cette
reconnaissance est importante car elle trace la responsabilité des
gouvernements qui laissent se dérouler des génocides et crimes contre
l'humanité et n'interviennent pas pour sauver des vies humaines. C’est dans le
même sens que nous devons agir afin que soit levée la chape de plomb de la
dissimulation au nom de la raison d’État.
En
effet, à l’inverse, l'impunité des auteurs des génocides et massacres
représente un facteur évident de récidive et de perpétuation des actes
génocidaires. On se souvient notamment du propos de Hitler
trouvant un encouragement dans la manière dont le génocide
arménien de 1915 était nié :
« Mais qui se souvient encore du massacre des Arméniens ? » déclarait-il dans une allocution aux commandants en chef de l'armée allemande le 22 août 1939, quelques jours avant l'invasion de la Pologne.
« Mais qui se souvient encore du massacre des Arméniens ? » déclarait-il dans une allocution aux commandants en chef de l'armée allemande le 22 août 1939, quelques jours avant l'invasion de la Pologne.
C'est pourquoi, plus que
jamais et en permanence, la mémoire des génocides nourrit nos
combats.
Le génocide des Tutsi est
également le récit d'une horreur absolue, dans laquelle des voisins massacrent
ceux qu'ils connaissent et fréquentent. Des victimes supplient qu'on les tue
avec une arme à feu afin d'échapper à la machette et au gourdin mais pour
cela les massacreurs exigent qu'ils payent le le prix de la balle. De manière
croissante des livres et témoignages rendent compte de ces atrocités. Les
femmes subirent un sort particulier avec les très nombreux viols et tortures
particulières. Les survivantes luttent pour leur dignité et se regroupent comme
celles
de la maison de Kigali qui ont écrit le récit de leurs souffrances et de
leurs combats.
C 'est un immense champ de mémoire et de solidarité qui est en
train de s'ouvrir et auquel nous appelons à participer, pour que justice soit
faite. MEMORIAL 98
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.