L’assassinat de Mme Mireille Knoll s’inscrit dans le contexte d’une multiplication des actes et propos antisémites en France et en Europe.
Les Juifs de France, qui représentent moins de
1 % de la population, sont, selon les statistiques officielles, la cible
d’un tiers des actes haineux recensés dans le pays.
Ce crime revêt un
caractère particulièrement dramatique en raison de l’histoire de cette femme.
Elle a survécu à la Shoah. Née en 1932 à
Paris, Mireille Knoll a pu s’échapper de Paris avec sa mère avant quelques jours avant l’arrestation massive
de plus de 13 000 Juifs en juillet 1942, lors de la rafle du Vel' d’Hiv. C’est un passeport brésilien hérité de son père qui lui avait alors
permis de trouver refuge au Portugal.
Après la guerre, elle avait épousé un survivant d’Auschwitz, décédé il y a une
quinzaine d’années
Elle a été tuée à quelques centaines de mètres de l’Hyper-cacher de la porte de Vincennes, à proximité également du gymnase Japy, lieu de rafles des Juifs pendant la 2e guerre.
Elle a été tuée à quelques centaines de mètres de l’Hyper-cacher de la porte de Vincennes, à proximité également du gymnase Japy, lieu de rafles des Juifs pendant la 2e guerre.
Son domicile se situe dans le même arrondissement que celui ou a été tuée Mme Sarah Halimi dans un crime à caractère antisémite en avril 2017. Dans ce dernier cas, il avait fallu plusieurs mois et de nombreuses mobilisations de ses proches avant que soit pris en compte et reconnu par la justice la part de l'antisémitisme dans son meurtre ( voir ci-dessous la mise à jour du 13 juillet 2018 suite à une nouvelle expertise psychiatrique)
Dans ce même quartier travaillait Ilan Halimi dont l’assassinat en 2006 avait ouvert un cycle antisémite sanglant.
Nous
appelons à une lutte active contre
l'antisémitisme, qui prend aujourd'hui en Europe des formes
alarmantes, particulièrement tragiques en France, alors que partout en Europe et aux USA, les tenants du fascisme et du nazisme sont à l'offensive
notamment en Allemagne, Autriche, Hongrie, Pologne, Italie.
Il ne s'agit pas ici d'un "nouvel antisémitisme" mais de la continuité sanglante de la persécution des Juifs. La confirmation de la condamnation de Jean-Marie Le Pen pour ses propos récidivistes de 2015 sur les chambres à gaz illustre cette continuité. Il a d'ailleurs financé la campagne présidentielle de Marine Le Pen à hauteur de 6 million d'euros, pulvérisant ainsi la fable de la "dédiabolisation".
Il ne s'agit pas ici d'un "nouvel antisémitisme" mais de la continuité sanglante de la persécution des Juifs. La confirmation de la condamnation de Jean-Marie Le Pen pour ses propos récidivistes de 2015 sur les chambres à gaz illustre cette continuité. Il a d'ailleurs financé la campagne présidentielle de Marine Le Pen à hauteur de 6 million d'euros, pulvérisant ainsi la fable de la "dédiabolisation".
Sur de très nombreux sites et sur les plates-formes Internet la propagande antisémite et néo-nazie se diffuse sans limites et sans que la justice y mette fin
L’assassinat de Mme Knoll est ainsi survenu trois jours après la relaxe judiciaire d'Alain Soral, accusé d’incitation à la haine
raciale après que celui-ci ait diffusé
une nouvelle fois un montage antisémite. Les juges ont estimé que "Le montage en
cause, aussi contestable soit-il, ne constitue ainsi pas une provocation à la
discrimination, à la haine ou à la violence, contenant un appel ou une
exhortation, même implicite, rejaillissant sur la totalité d'une communauté
définie par l'appartenance à la religion juive".
Les magistrats ont utilisé la
jurisprudence de la Cour de cassation, qui estime depuis juin 2017 qu'une "incitation
manifeste" ne suffit pas à caractériser le délit et qu'il
faut désormais "pour entrer en voie de
condamnation" que les propos relèvent d'un "appel" ou d'une "exhortation". Ainsi il faudrait maintenant un appel direct à la
violence raciste pour que la justice agisse.
Devant l’adhésion que suscitent Dieudonné et Soral dans une partie de la jeunesse, comment ne pas s’interroger sur le rôle qu’ils peuvent jouer dans la radicalisation ultra-rapide de beaucoup de jeunes, qui épousent les thèses et la cause des intégristes de Daech en quelques mois, en quelques semaines ? Pour qu’une graine pousse à vitesse accélérée, il lui faut un terreau fertile; force est de constater que la culture pathologiquement antisémite, propagée par l’extrême-droite française depuis des années, constitue une part importante de ce terreau fatal.
Dans ces
mobilisations contre l’antisémitisme et tous les racismes, nous dénonçons les
chevaliers de la haine qui cherchent à susciter la haine et la division. C’est
le cas notamment de Laurent Wauquiez, croisé du racisme dénonciateur exclusif du « nouvel antisémitisme » des musulmans. Or sa première mesure en tant que président de Conseil régional
a consisté à réduire la subvention de Mémorial des enfants juifs d’Izieu déportés par Klaus Barbie. Nous n’oublions pas qu’un des candidats à la
primaire de la droite Jean-
Frédéric Poisson a tenu publiquement des propos antisémites. Il n’a pas été
sanctionné et a été maintenu dans la primaire par une décision unanime de tous
les autres candidats.
Nous faisons partie de celles et ceux qui affirment que tous les racismes sont liés, que tous les fascismes et les intégrismes
s’alimentent les uns les autres, dans une guerre de tous contre tous qui nourrit les haines.
La lutte contre le racisme,
l'antisémitisme, l'islamophobie constitue un enjeu décisif pour toutes et
tous. Elle ne doit pas se diviser, sous
peine de devenir une caricature stérile et impuissante.
C’est ce que nous affirmons en
participant à toutes les marches et mobilisations qui font suite à ce nouveau
crime antisémite et notamment aux Marches Blanches du 28 mars. Il ne s'agit pas d'un problème de "communautés" mais d'un enjeu crucial dans la lutte contre tous les racismes.
Mise à jour du 28 mars 2018:
Mise à jour du 30 mars
Au lendemain des marches blanches, nous en tirons le bilan et appelons à poursuivre le combat contre l'antisémitisme ici
MEMORIAL 98
Mise à jour du 13 juillet 2018:
Une nouvelle expertise psychiatrique a eu lieu dans le cas de Mme Sarah Halimi et entraîne de nombreuses interrogations et réactions.
Un des avocats de la famille proteste contre le principe même de cette nouvelle expertise. Or cette expertise collégiale ne remet pas en cause le caractère antisémite du crime mais considère que le coupable présumé présentait un état psychotique (c'est à dire délirant) au moment des faits. Dans ce cas, selon la loi, son discernement est considéré comme aboli et il ne peut pas être jugé. C'est un principe permanent qui a résisté aux nombreuses tentatives venues de la droite dure et de l'extrême-droite afin de le remettre en cause, au nom de la défense des victimes et de leurs familles.
Il est donc nécessaire de tenter de comprendre les analyses et appréciations des différents experts et d'éviter la confusion avec la détermination du caractère antisémite.
Par une ordonnance datée du 4 avril – date anniversaire du meurtre – les trois experts psychiatres ont été chargés de répondre notamment aux questions suivantes : « Dire si le sujet présente des anomalies mentales ou psychiques et dans l’affirmative, les décrire » et « préciser si l’intéressé était atteint au moment des faits d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli/altéré son discernement ou le contrôle de ses actes ».
Le psychiatre avait également conclu que le crime de M. Traoré était un « acte délirant et antisémite ». Il indiquait dans une formule particulièrement problématique : « Aujourd’hui, il est fréquent d’observer, lors d’efflorescences [en psychiatrie, perte de contrôle lors d’une phase délirante] délirantes, chez les sujets de religion musulmane, une thématique antisémite : le juif est du côté du mal, du diabolique. Ce qui est habituellement un préjugé se mue en haine délirante. (…) Dans son bouleversement délirant, c’est l’incarnation du diable qu’il terrassait. »
Sur ces conclusions du Docteur Zagury, le collège de trois "nouveaux" experts déclare : « Nous sommes en plein accord avec le diagnostic d’état psychotique aigu et avec l’analyse qui est faite de la dimension antisémite du geste », même si, indiquent-ils, « nous ne pensons pas qu’elle a été déterminante dans le processus psychopathologique du passage à l’acte » :
Mise à jour du 28 mars 2018:
Nous
marcherons aujourd'hui contre l'antisémitisme et tous les crimes racistes. La
direction du CRIF a cru bon faire des déclarations contre la présence de
Jean-Luc Mélenchon, mis dans le même panier que le parti de la continuité
antisémite qu'est le FN. Il a ainsi ouvert la porte à une polémique qui permet
à Marine Le Pen de prétendre combattre l'antisémitisme.
Sera-t-elle accompagnée
de son conseiller et ami le néo-nazi Frédéric Chatillon, acolyte du négationniste Faurisson et de Dieudonné ?
Chatillon, Faurisson, Dieudonné, Marine Le PenAu lendemain des marches blanches, nous en tirons le bilan et appelons à poursuivre le combat contre l'antisémitisme ici
MEMORIAL 98
Mise à jour du 13 juillet 2018:
Une nouvelle expertise psychiatrique a eu lieu dans le cas de Mme Sarah Halimi et entraîne de nombreuses interrogations et réactions.
Un des avocats de la famille proteste contre le principe même de cette nouvelle expertise. Or cette expertise collégiale ne remet pas en cause le caractère antisémite du crime mais considère que le coupable présumé présentait un état psychotique (c'est à dire délirant) au moment des faits. Dans ce cas, selon la loi, son discernement est considéré comme aboli et il ne peut pas être jugé. C'est un principe permanent qui a résisté aux nombreuses tentatives venues de la droite dure et de l'extrême-droite afin de le remettre en cause, au nom de la défense des victimes et de leurs familles.
Il est donc nécessaire de tenter de comprendre les analyses et appréciations des différents experts et d'éviter la confusion avec la détermination du caractère antisémite.
Par une ordonnance datée du 4 avril – date anniversaire du meurtre – les trois experts psychiatres ont été chargés de répondre notamment aux questions suivantes : « Dire si le sujet présente des anomalies mentales ou psychiques et dans l’affirmative, les décrire » et « préciser si l’intéressé était atteint au moment des faits d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli/altéré son discernement ou le contrôle de ses actes ».
« Oui », ont-ils répondu à la première
question dans le rapport d’expertise psychiatrique de vingt-neuf pages que Le Monde a pu consulter dans son intégralité : « Kobili Traoré souffre d’un trouble psychotique
chronique, vraisemblablement de nature schizophrénique, faisant suite à un
épisode délirant aigu inaugural. Il souffre par ailleurs d’une addiction
ancienne au cannabis ». Il dispose également d’une « personnalité pathologique antisociale »
(incapacité à se conformer aux normes sociales,
impulsivité, irritabilité, agressivité, irresponsabilité...) et d’une
propension à la violence.
« Oui », ont-ils également tranché à propos
de son discernement : il était « aboli ».
Kobili Traoré est « inaccessible à une
sanction pénale », affirment-ils, précisant que les soins seront « longs et difficiles » : « On ne peut que constater l’extrême dangerosité de
ce patient que nous considérons, hélas, comme durable en dehors d’un milieu
psychiatrique ».
Interné en hôpital psychiatrique
depuis la nuit du drame, le jeune homme est, depuis juillet 2017, mis en examen
pour « homicide volontaire ». Mais
il avait fallu attendre la fin
du mois de février, après une seconde audition du suspect par la juge Ihuellou,
pour que le caractère antisémite soit retenu. Ce que les parties civiles et le
parquet réclamaient depuis des mois.
« Un préjugé se mue en haine délirante »
La première expertise, réalisée par le psychiatre Daniel Zagury, avait conclu
que Kobili Traoré, sans antécédent psychiatrique, était atteint, au moment des
faits, d’une « bouffée délirante aiguë »
provoquée par une forte consommation de cannabis – une quinzaine de joints par
jour, selon les déclarations du suspect. Selon Daniel Zagury, son discernement
était « altéré » mais pas « aboli », un avis qui le rendait
passible de poursuites pénales.
Le psychiatre avait également conclu que le crime de M. Traoré était un « acte délirant et antisémite ». Il indiquait dans une formule particulièrement problématique : « Aujourd’hui, il est fréquent d’observer, lors d’efflorescences [en psychiatrie, perte de contrôle lors d’une phase délirante] délirantes, chez les sujets de religion musulmane, une thématique antisémite : le juif est du côté du mal, du diabolique. Ce qui est habituellement un préjugé se mue en haine délirante. (…) Dans son bouleversement délirant, c’est l’incarnation du diable qu’il terrassait. »
Sur ces conclusions du Docteur Zagury, le collège de trois "nouveaux" experts déclare : « Nous sommes en plein accord avec le diagnostic d’état psychotique aigu et avec l’analyse qui est faite de la dimension antisémite du geste », même si, indiquent-ils, « nous ne pensons pas qu’elle a été déterminante dans le processus psychopathologique du passage à l’acte » :
«
Nous dirions en résumé que Monsieur Traoré était au moment des faits, du fait
de la prégnance du délire, un baril de poudre. Mais que la conscience du
judaïsme de Madame Attal a joué le rôle de l’étincelle. »
Le « seul » désaccord entre les deux expertises porte sur « les conséquences médico-légale de la consommation
de cannabis » : « La
particularité du délire aigü de Monsieur Traoré est le rôle possiblement
déclencheur du cannabis. La
question se posant donc de savoir s’il s’agit d’un trouble induit
par le cannabis ou si le cannabis n’a joué qu’un rôle précipitant d’un délire.
» Le docteur Zagury avait estimé que sa consommation excessive de
cannabis était « consciente et volontaire
». Pour les trois psychiatres, ce n’était pas le cas. L’existence
de délires induits surviennent à des doses importantes et « s’amendent dès l’arrêt de l’intoxication ».
Or, soulignent-ils, les taux de THC
(le principe actif du cannabis) relevés dans le sang du suspect étaient modérés
– ce qui ne correspond pas à la consommation alléguée le jour du drame – et ses
idées délirantes ont persisté « longtemps
après l’arrêt de l’intoxication ». Pour le collège d’experts,
la
prise de cannabis n’a pas donc pas induit une crise aigüe mais n’a fait
qu’aggraver un processus psychotique déjà amorcé. C'est en conséquence de ce
raisonnement médical et médico-légal que le discernement est considéré comme aboli.
Mise à jour du 19 ddécembre 2019:
MEMORIAL 98
Mise à jour du 19 ddécembre 2019:
MEMORIAL 98
A voir:
le récit de la Marche blanche en mémoire de Mireille Knoll et les manipulations qui l'ont accompagnée http://info-antiraciste.blogspot.com/2018/03/contre-lantisemitisme-et-tous-les.html
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