Dans les Marches blanches le
28 mars à Paris et dans de nombreuses autres villes, il y avait beaucoup de monde mais également
beaucoup de tristesse et d'inquiétude.
C'était avant tout une
grande manifestation contre l'antisémitisme et c'est ce qu'il faut en retenir, en protestation contre le crime qui a frappé
Mme Mireille Knoll.
Cette mobilisation doit se poursuivre, alors qu’un local de
l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF) a été vandalisé le jour même de la manifestation.
Au lendemain de ces marches, nous sommes plus que jamais déterminés à combattre tous les antisémites et tous les racistes, quelles que soient leurs justifications et leurs obédiences. On en peut pas attendre passivement la prochaine agression antisémite pour réagir. Au quotidien, toute parole antisémite doit être dénoncée et mise en accusation.
Mais cette mobilisation a
été entachée par la présence d’une délégation du FN, avec à sa tête Marine Le
Pen
Cette présence était
insupportable et nous avons, avec beaucoup d'autres, protesté en criant "dehors le FN" car ce parti marqué par sa continuité antisémite n'avait pas
sa place dans une telle marche de protestation
La présence et l'action
d'un petit groupe provocateur de la LDJ, connu pour ses liens avec
l'extrême-droite, est également choquante. Elle a focalisé l’attention
médiatique, bien au delà de son
importance réelle et sert à minimiser l'importance de la protestation contre l'antisémitisme.
Marine Le Pen peut
remercier les dirigeants du CRIF.
En appelant à exclure Jean-Luc Mélenchon, mis dans le même panier que le parti de la continuité antisémite qu'est le FN, ils ont sorti la dirigeante du FN de son isolement et contribué à banaliser la continuité antisémite de son parti. C'est là que réside leur faute. Au passage, ils ont exonéré Laurent Wauquiez de ses turpitudes alors que sa première mesure, en tant que président de Conseil régional, a consisté à réduire la subvention de Mémorial des enfants juifs d’Izieu déportés par Klaus Barbie.
Pour autant, il ne faut pas cacher ni oublier que, à plusieurs reprises, Jean-Luc Mélenchon a manifesté des ambiguïtés dans la lutte contre l'antisémitisme, en sous-estimant la gravité de propos qui en relevaient. Nous avions mentionné ce problème dès 2011 après des déclarations à l'époque de Christian Jacob, puis à nouveau lors de polémiques douteuses contre Pierre Moscovici. Plus récemment, il a défendu la position calamiteuse de François Mitterrand à propos de la responsabilité des autorités françaises dans la déportation des Juifs.
En appelant à exclure Jean-Luc Mélenchon, mis dans le même panier que le parti de la continuité antisémite qu'est le FN, ils ont sorti la dirigeante du FN de son isolement et contribué à banaliser la continuité antisémite de son parti. C'est là que réside leur faute. Au passage, ils ont exonéré Laurent Wauquiez de ses turpitudes alors que sa première mesure, en tant que président de Conseil régional, a consisté à réduire la subvention de Mémorial des enfants juifs d’Izieu déportés par Klaus Barbie.
Pour autant, il ne faut pas cacher ni oublier que, à plusieurs reprises, Jean-Luc Mélenchon a manifesté des ambiguïtés dans la lutte contre l'antisémitisme, en sous-estimant la gravité de propos qui en relevaient. Nous avions mentionné ce problème dès 2011 après des déclarations à l'époque de Christian Jacob, puis à nouveau lors de polémiques douteuses contre Pierre Moscovici. Plus récemment, il a défendu la position calamiteuse de François Mitterrand à propos de la responsabilité des autorités françaises dans la déportation des Juifs.
Contre cette position
du CRIF, on a assisté à l’expression de positions confusionnistes, malheureusement
approuvées y compris par des groupes qui se réclament de l' antiracisme.
Cela a débuté avec les déclarations de Daniel Knoll, un des fils de la défunte. Il disait s'exprimer au nom de l’émotion et d’un rejet des exclusives mais il s’est également prononcé explicitement et à plusieurs reprises en faveur de la participation du FN à la marche en mémoire de sa mère.
C’est d’ailleurs en s’appuyant sur ses déclarations que le FN
a justifié sa venue, comme le montre son communiqué de presse : « Ce matin, sur RMC,
Daniel Knoll, le fils de Mireille Knoll, sauvagement assassinée, s’est démarqué
de la position sectaire du CRIF, en appelant dans un message empreint d’une
grande dignité « tout le monde, sans exception » à participer à la marche
blanche.Il s’est déclaré « absolument pas sur la même ligne que le CRIF
», qui a cru pouvoir briser l’unité nationale en écartant le Front national,
lequel alerte et dénonce depuis des années la montée de l’antisémitisme
islamiste. Marine Le Pen, les députés et élus du Front National, ainsi que
de très nombreux militants, marqués par ce meurtre infâme, participeront à la
marche blanche organisée à Paris en mémoire de Mme Knoll. »
Daniel Knoll, dont la
mère a pu
échapper à la rafle du Vel' d'Hiv et survivre à la Shoah ignore-il que nombre de
fondateurs du FN étaient issus de la collaboration avec les nazis ? Ainsi
lors de cette rafle, le parti collaborationniste de Jacques Doriot, le PPF, a
fourni plusieurs centaines de militants comme auxiliaires de la police
française, afin de faciliter les arrestations des Juifs parisiens. Or le numéro
2 du PPF, Victor Barthélémy, fut un des fondateurs et dirigeants du FN .
Il ne s'agit pas d'une histoire ancienne avec laquelle le FN aurait rompu. Marine Le Pen y est revenue elle-même très récemment. A deux semaines du premier tour de la présidentielle elle a déclaré : « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél d’Hiv’ » mettant ainsi en cause la reconnaissance en 1995 par Chirac du rôle central de la police de Vichy et de ses auxiliaires.
Daniel Knoll ignore-t-il que la
campagne présidentielle du FN en 2017 a été financée par Jean-Marie Le Pen, antisémite et négationniste récidiviste, à hauteur de 6 millions d'euros,
pulvérisant la fable de la "dédiabolisation"?
Ignore-t-il que cette même campagne a été marquée par la
présence des acolytes et proches conseillers néo-nazis de Marine Le Pen, dont Frédéric Châtillon ?
Ignore-t-il que Marine
Le Pen ne veut combattre que « l’antisémitisme islamiste » ?
Les propos de Daniel Knoll ont été massivement relayés, souvent
de bonne foi par ceux et celles qui y voyaient la marque d’une mobilisation à
caractère moral et rassembleur. Mais il y a eu aussi une instrumentalisation éhontée de
ses propos, au nom d'un réflexe « anti-CRIF » douteux.
Le groupe
« antisioniste » de l’UJFP
déclare ainsi : « L’UJFP
répond donc à l’invitation de Daniel Knoll et appelle ses militant-e-s et
adhérent-e-s à lui apporter leur soutien, dans la dignité que requièrent les
marches blanches organisées à la mémoire de sa mère… » On notera que son nouveau mentor déclare ceci, le soir de la marche, à propos de la situation en Israël:
« pays magnifique où il n’y a pas d’apartheid, où on ne tue pas les Arabes, contrairement à ce qu’on dit dans certaines banlieues..."
« pays magnifique où il n’y a pas d’apartheid, où on ne tue pas les Arabes, contrairement à ce qu’on dit dans certaines banlieues..."
Il y a également ce
texte publié en première page de Mediapart et qui titre « Quand le CRIF entache l'hommage à Mireille Knoll: les excuses d'un Juif (sic !) », sous la signature de Daniel
Salvatore Schiffer.
Il s’agit d’un des blogueurs de ce média mais son texte est mis en avant, massivement relayé et approuvé, y compris par Edwy Plenel. Or Schiffer présente des excuses à Marine Le Pen en même temps qu’à Mélenchon. Il écrit : « Quant à moi, en tant qu'intellectuel juif attaché à la laïcité, je présente mes excuses, pour cette ignominie, à Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen… »
On ne peut pas lutter contre l’antisémitisme en pactisant avec le parti qui symbolise la continuité de la haine raciale.
Lors de son congrès très récent à Lille, censé symboliser la « dédiabolisation », le FN a réaffirmé ses positions les plus nauséabondes:
-En accueillant triomphalement le fasciste US Steve Bannon, organisateur de la campagne de Trump, directement responsable du développement de l’extrême-droite dans son pays et qui veut mettre en place une Internationale « populiste »
-En maintenant dans son sigle
le « flamme » reprise des fascistes italiens, comme signe
de continuité avec les origines du parti.
-En choisissant comme
nouveau nom le "Rassemblement National" directement hérité du parti
collaborationniste, pétainiste et antisémite RNP (Rassemblement national
populaire) de Marcel Déat fondé en 1941.
Le combat contre
l’antisémitisme est indissociable de la lutte contre l’extrême-droite et de ses
valeurs de haine raciste. Marine Le Pen ne cesse de désigner les migrants comme
les responsables de tous les maux du pays, y compris dans le domaine de la
santé. Elle prolonge ainsi la propagande antisémite des années 1920.
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