samedi 9 avril 2016

Les néo-nazis ne sont pas racistes et ne troublent pas l'ordre public ( source judiciaire)

L'agression grave survenue à Agen en 2013 est d'une triste banalité: à la sortie d'un concert qu'ils savent notamment fréquenté par des jeunes plutôt progressistes,des néonazis rôdent et attendent leurs proies.Parmi les multiples victimes possibles, ils choisissent Icham, sur lequel les coups et les insultes spécifiquement racistes pleuvent. Il écopera  d'une ITT de 30 jours, tandis qu'un de ses amis est lui aussi agressé par le groupe de ratonneurs

A Agen, comme ailleurs en France, cette agression n'a rien d'extraordinaire, une des activités principales des groupes néonazis consistant à chasser en groupe, les vendredi ou samedi soir, partout où ils pensent pouvoir trouver des victimes. Les soirées étiquetées " gauchistes" par ces jeunes miliciens sont évidemment une place de choix, mais les boîtes de nuit dont ils savent qu'elles acceptent les jeunes issus de l'immigration également. Ainsi en novembre 2015, toujours à Agen, Fouzia et Houarda se font agresser dans une soirée, puis à l'extérieur de l'établissement par des jeunes qui font le salut nazi en chantant la Marseillaise , leur crachent dessus avant de les rouer de coups

Si l'affaire de 2013 a eu un écho national, c'est qu'elle intervenait cinq jours après le meurtre de Clément Méric, commis par des néonazis du groupe " Troisième Voie", organisation à laquelle appartiennent aussi les agresseurs d'Icham. Chez eux on retrouvera du matériel de propagande du groupe, et plusieurs arborent des croix gammées en guise de tatouage. Sur le moment, la condamnation de l'agression par le Ministre de l'Intérieur, notamment, laisse penser que le tabassage raciste ne restera pas impuni, tout comme le meurtre de Clément Méric. 

Mais comme à l'accoutumée, les néo-nazis ont des avocats compétents : et comme à l'accoutumée, les procédures vont traîner en longueur, tandis que les accusés , placés sous simple contrôle judiciaire , vivent paisiblement leur vie.

Trois ans plus tard, l'instruction n'est donc pas tout à fait terminée, mais le procureur a rendu ses conclusions: pour lui, le mobile raciste est exclu. Plus c'est énorme, plus ça passe. 

Sa thèse: puisque les néo-nazis s'en sont également pris à un jeune non-racisé , et que, de plus, l'altercation a eu lieu à la sortie d'un festival de musique qu'il étiquette "anarchiste", les néonazis, forcément, n'agissaient pas par racisme. Si sa thèse est retenue par le juge, la jurisprudence sera donc la suivante: on n'est pas victime de racisme si l'on se fait tabasser par des racistes, et qu'un accompagnant non racisé prend également des coups. On n'est pas victime de racisme si l'on est racisé et que l'on va à des évènements ayant une réputation progressiste, ou que l'on est soi-même progressiste et antifasciste.

Malheureusement, le raisonnement des procureurs ne relève pas de l'anecdote choquante et isolée. Bien au contraire ses prétendues justifications comme ses conséquences éventuelles font écho à une indulgence généralisée envers les membres de la mouvance néonazie.

De plus en plus, ceux-ci, lorsqu'ils se livrent à la ratonnade et à la chasse aux militants progressistes sont considérés comme étant les agressés, ou au minimum comme ayant agi avec des "circonstances atténuantes": ainsi , à Calais, un jeune néonazi ayant sorti une arme contre des migrants et leurs soutiens qui manifestaient , a-t-il été considéré par le parquet comme en état de "légitime défense" et exempté de toute poursuite

Trois ans après le meurtre de Clément Méric, l'ensemble des accusés sont libres, sous simple contrôle judiciaire. La thèse de la "bagarre" entre antifascistes et fascistes s'est imposée lors de l'instruction, et l'intention de tuer a pour le moment été écartée. Le travail de sape et de mensonge des avocats de l'extrême-droite a porté: pour la justice, comme pour beaucoup de médias complaisants, tout se résumerait à une altercation entre "bandes," les racistes d'un côté , les antiracistes de l'autre, tous ayant finalement une responsabilité,  et ne valant guère mieux les uns que les autres.

C'est ainsi que se banalise l'existence des milices ultra-violentes de l'extrême-droite, en même que son ascension électorale se poursuit. Les néo-nazis ne sont pas considérés comme un problème de société, et le traitement judiciaire et policier de leurs méfaits est donc à l'avenant.

Ainsi, lorsqu'à Marseille, plusieurs membres d'un groupe armé sont arrêtés et que les perquisitions permettent de mettre la main sur une bonne quantité d'armes, les médias évoquent un "groupuscule", et les jeunes miliciens sont immédiatement remis en liberté sous contrôle judiciaire. Nul ne crie au scandale, nul ne s'inquiète de ce qu'ils pourraient faire de leur liberté armée. Car leurs victimes potentielles ne font pas partie de celles qui sont reconnues par le discours politique dominant. Discours évidemment repris par les procureurs, qui désormais vont jusqu'à nier le racisme des néo-nazis. A Marseille, des "sources judiciaires" ont même déclaré à la presse que "que le trouble à l’ordre public est loin d’être évident dans cette affaire même si ce genre de groupes néo-nazis sont évidemment parfaitement inadmissibles"

On ne saurait être plus clair : la menace raciste et fasciste ne trouble pas l'ordre républicain, ou pas trop, et les populations menacées n'ont qu'à se débrouiller pour vivre avec.


Il faudra donc compter sur nous mêmes pour faire vivre l'antiracisme, si nous ne voulons pas mourir du racisme.



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