vendredi 17 mai 2019

Bardella, Vardon, Pradoura, Bay : au RN, racisme et antisémitisme toujours au premier plan.


Mise à jour du 16 juin 2019: l'ascension de Bardella

Bardella promu: il devient le deuxième vice-président du RN et entre au bureau exécutif. Il est ainsi récompensé pour le résultat de la campagne des élections européennes.
 Mais il bénéficie également de sa proximité avec Frédéric Chatillon, proche conseiller de Marine Le Pen, ancien chef du GUD, connu pour son antisémitisme et ses références néo-nazies . 
Memorial 98

 Mise à jour du 26 mai

Lors de la prise de parole de Jordan Bardella le 26 mai au soir soir, suite au bon score du RN aux élections européennes, on note (ci-dessus) la présence réjouie de Philippe Vardon, ainsi affiché sans gêne. Or Philippe Vardon, fasciste de Nice est l’ancien porte-parole des jeunesses Identitaires, il a également fait un passage au GUD et dans le groupe de rock identitaire "Fraction", avec Fabrice Robert, qui dirige aujourd'hui le Bloc identitaire. Ce groupe diffusait des chants ouvertement nazis. Vardon a été condamné à quatre mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amendes pour incitation à la haine raciale et reconstitution de ligue dissoute. Les jeunesses identitaires ont en effet été considérées en 2007 par le tribunal de grande instance de Nice comme une émanation d'Unité radicale, dissoute par le gouvernement en 2002 après la tentative d'assassinat  de Maxime Brunerie contre Jacques Chirac
Il a d'abord travaillé auprès de Marion Maréchal avant de poursuivre son ascension dans l'appareil lepéniste.
Les Identitaires sont ce courant fasciste international avec qui le tueur de Christchurch, Brenton Tarrent, était en contact et qu'il a financé par des dons d'argent. Les investigations sont toujours en cours à ce sujet. 
Bardella lui-même a été l'assistant parlementaire de Jean-François Jlakh, éphémère président du FN et négationniste avéré ( voir ci-dessous )
Quelques jours après le scandale de corruption russe qui a fracassé le chef de l'extrême-droite en Autriche, Strache, le maintien d'un score si élevé du RN est particulièrement inquiétant. Cette situation nécessite que les antifascistes se regroupent et mettent en oeuvre une stratégie soudée et déterminée. Les politiques anti-sociales sont à bannir totalement.

Memorial 98


Mise à jour: face aux révélations et au scandale, le RN est contraint d'annoncer la suspension de Guillaume Pradoura et son exclusion à venir. Il s'agit également pour les chefs frontistes de protéger la tête de liste Jerôme Bardella, dont nous avons révélé qu'il avait été l’assistant parlementaire du négationniste Jean-François Jalkh ( voir ci-dessous)



Nouvelles révélations sur les manifestations d'antisémitisme au sein du Front national, rebaptisé RN. Grâce aux bisbilles avec l'ex-eurodéputée FN Sophie Montel, on découvre que l’assistant de l’eurodéputé Nicolas Bay, chef de file du groupe à Bruxelles,  Guillaume Pradoura, lié à la mouvance identitaire, pose pour des photos reprenant les codes antisémites les plus nauséabonds, avec ces mains en griffe, selon une imagerie  utilisée dans  la fameuse exposition de propagande antisémite " Le Juif et la France" de 1941



                                     



Or Bay lui-même a eu comme suppléant en 2002, lors d'élections législatives dans les Yvelines, un négationniste avéré nommé René Schleiter, beau-frère de Robert Faurisson et qui écrivait dans une revue néo-nazie nommée "Tabou"
C’est d’ailleurs René Schleiter qui a annoncé officellement la mort de Faurisson le  21 octobre 2018. montrant ainsi
Le même Bay s'en est pris en 2015 à la loi sur la contestation des crimes contre l'humanité, dite loi Gayssot
Il s’agissait pour lui de défendre Eric Zemmour, condamné à une amende en raison de ses propos contre les Musulmans. Bay déclarait alors: "Nous avons des lois en France comme la loi Gayssot qui empêchent de pouvoir parler librement de l'immigration, de l'islamisme radical qui se développe en France, c'est une dérive importante pour les libertés individuelles..." 
C'est évidemment un mensonge absolu, comme le prouvent d'ailleurs les diatribes de Bay et de ses acolytes du RN, Marine Le Pen en tête. Elle n'ont jamais été sanctionnées au titre de la loi Gayssot. 

Mais plus encore, c’est Jordan Bardella, la tête de liste RN, qui est directement lié à un négationniste dont il a été l’assistant au Parlement européen. Il s’agit de Jean-François Jalkh, dirigeant du RN qui aurait offert en 2015 un emploi fictif à l'actuelle tête de liste. 
Pour les besoins de sa campagne du 2e tour de la présidentielle en 2017, Marine Le Pen avait nommé Jalkh « président du FN » car elle prétendait ne plus être la dirigeante du FN.
C’est alors qu’on avait découvert qu'il, avait défendu des thèses négationnistes en "doutant" de l'utilisation du Zyklon B dans les chambres à gaz. Il déclarait  en 2000 à une chercheuse qui l’interrogeait sur ce point :
«Le problème des chambres à gaz, mais moi je dis qu'on doit pouvoir discuter même de ce problème. [...] Il se fait que j'ai été amené à lire, par exemple, des ouvrages de gens qui sont des négationnistes ou des révisionnistes. [...] Même un type comme Faurisson, il dit: Moi je vous demande, je pose un certain nombre de questions sur le plan technique. [...] Sur l'utilisation d'un gaz par exemple, qu'on appelle le Zyklon B, moi je considère que d'un point de vu technique, il est impossible, je dis bien impossible de l'utiliser dans des [...] exterminations de masse.»
On retrouve encore une fois la référence à Faurisson, dont Jalkh dit le plus grand bien dans la suite de son entretien avec la chercheuse, laquelle dispose de l’enregistrement

Face au scandale, la cheffe du FN dut mettre fin à ses fonctions de président intérimaire. 

Jordan Bardella, dirigeant du FN, est parfaitement au courant de ces révélations sur Jalkh. Pour autant il n'a pris aucune distance avec cet adepte de Faurisson ni ne s'est dissocié de son ancien employeur. Il faut dire que lui-même est de notoriété publique proche de Frédéric Chatillon, conseiller de Marine Le Pen, ancien chef du GUD, connu pour son antisémitisme et ses références néo-nazies. Or Chatillon est aussi un grand ami…de Faurisson avec qui il pose en compagne de Dieudonné.







                                         Chatillon avec Dieudonné et Faurisson et avec Marine Le Pen




Lorsqu'il employait  Bardella en 2015, Jalkh était déjà clairement identifié à une mouvance antisémite et pétainiste. Dès 1991, en tant que membre du bureau politique du FN, il avait participé à une cérémonie d'hommage à Pétain dans l’Église intégriste de Paris. 



Comme le décrit Le Monde du 27 juillet 1991: « Près de deux cents personnes se sont rassemblées, mardi 23 juillet, dans l'église Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris, pour célébrer le quarantième anniversaire de la mort du maréchal Pétain, à l'appel de l'association nationale " Pétain-Verdun ". Le président de l'association, M. Robert de Perier, un membre du bureau politique du Front national, M. Jean François Jalkh, ainsi que l'ancien chauffeur officiel du maréchal Pétain, ont assisté à cette cérémonie. Dans un message lu à l'assemblée, un évêque traditionaliste, Mgr Bernard Teissier de Mallerais, a appelé les participants " à continuer à oeuvrer pour la restitution de l'honneur outragé de ce grand soldat ", et " à expier par [leur] prière et [leur] action le péché public commis par ses juges" lors du procès qui l’avait condamné à mort.



On notera ici aussi une continuité puisque Marine Le Pen a proposé une place tout en haut de sa liste européenne à  Eric Zemmour, principal propagandiste de la réhabilitation de Pétain.






L’ensemble de ces  révélations éclairent un peu plus la prétendue "dédiabolisation" de ce parti. 
Récemment la cheffe du FN  a rendu hommage à son père pour l’ensemble de sa carrière en déclarant le 14 avril :  “Je ne peux que lui tirer mon chapeau pour l’ensemble de sa carrière. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a combattu [...] Il a soufflé sur la petite flamme de la nation qui reprend aujourd’hui toute sa place”. 

Ainsi pour Marine Le Pen également, les chambres à gaz ne sont qu' "un détail de l'Histoire".



Elle est aussi soutenue en cela, au delà des querelles, par Marion Maréchal Le Pen, dont l’orientation poursuit l’héritage du dirigeant antisémite Charles Maurras. 

Les déclarations de Jean-Marie Le Pen sont aujourd’hui diffusées sous forme de journal filmé sur le site de Soral. Ce dernier est avec son compère Dieudonné, le principal agitateur antisémite en France. La protection du procureur de Paris, Rémy Heitz empêche pour l'instant que soient exécutées les peines de prison ferme qui lui ont été infligées par les tribunaux en raison de ses déclarations négationnistes. Cela fait aussi partie de la "carrière" de Le Pen. 

 

Le FN/RN exhale et diffuse le racisme et l’antisémitisme par tous ses pores. C’est d’ailleurs ce que pensent 60% des sondés. Ce diagnostic lucide n’empêche pas la progression de l’ « image positive » de ce parti. Tous ceux et celles qui vont dans le sens du parti lepéniste et de ses idées, de près ou de loin, à droite, au centre ou dans des fractions en décomposition de la gauche « nationale » portent une très lourde responsabilité. Le passage de l'élu et cadre LFI Andrea Kotarac au RN démontre pour le moins un manque de vigilance inquiétant voire de complaisance envers les accointances pro-Poutine, alors que Mélenchon a déjà connu une telle catastrophe avec le cas de Davy Rodriguez   



Les faits sont établis et visibles, la substance de l’extrême-droite ne réside pas dans sa démagogie sociale à laquelle personne ne peut croire mais dans sa capacité à désigner des « ennemis » Juifs, Musulmans, migrants jetés en pâture comme boucs-émissaires de la crise sociale. 
5 janvier 2020: selon Bardella, Emmanuel Macron n'est "pas de France"

Le RN est soigneusement tenu à l'écart du mouvement social sur les retraites par les grévistes et les organisations syndicales. Du coup Jordan Bardella, mis en avant par Marine Le Pen ( voir ci-dessous), se lance dans une surenchère habituelle à l'extrême-droite en déclarant que " Emmanuel Macron n'est pas de France", c'est à dire pas français.

Lors de la campagne présidentielle de 2007 Jean-Marie Le Pen avait répété à de nombreuses reprises que Sarkozy ne pouvait pas être élu car il était issu de "trois grands-parents étrangers" et donc pas assez français. 
Nous avions alors révélé ( voir ici)  que cette formulation constituait une référence codée au statut des Juifs instauré par Pétain en 1940 et qui prévoyait l'exclusion des fonctions publiques et éléctives de personnes ayant 3 grands-parents juifs. Au FN/RN la continuité est toujours de mise.

Memorial 98     

6 octobre 2019 Nicolas Bay sur tous les fronts, de Damas à Paris

Nicolas Bay a participé avec son acolyte Thierry Mariani au pèlerinage chez Bachar El Assad que ce dernier a organisé en août dernier. 



Il a ainsi pu apporter la tonalité antisémite tant appréciée par le régime des Assad.
Le fondateur de la dynastie, Hafez El Assad, avait chargé le bourreau nazi Aloïs Brunner, ancien adjoint d'Eichmann et commandant du camp de Drancy, de former les services de renseignements de sa dictature.

Beate et Serge Klarsfeld manifestent contre la présence de Brunner en Syrie,  lors de la visite en France de Hafez Assad en 1998

Le fils Bachar a accueilli David Duke, suprémaciste blanc, membre du KKK, farouchement antisémite. 
Le 24 novembre 2005, David Duke participe à un événement organisé à Damas par le gouvernement syrien. Il déclare alors que « les États-Unis sont occupés par des Juifs qui contrôlent les médias et la banque »

    Agapes de Mariani et Bay  à Sednaya , à proximité immédiate d'un prison connue comme centre de torture


De retour de ce voyage, Bay figure parmi les politiciens présents lors de la manifestation du 6 octobre contre le droit des femmes à bénéficier de la PMA 



MEMORIAL 98

5 septembre 2019

 Jordan Bardella stigmatise les prénoms "étrangers".
 Bien que porteur lui-même d'un prénom ne figurant pas au calendrier français, il s'en prend au prénom Mohammed dont il ne parvient pas à déterminer s'il est français. On retrouve à nouveau la campagne de Zemmour qui avait injurié à la télévision la présentatrice Hapsatouou Sy 
 
24 juillet 2019: Bardella expose son sexisme et son racisme contre Sibeth Ndiaye



« Ce qui me choque, c'est la manière dont @SibethNdiaye exprime son mépris à l'égard de notre identité, et arrive dans des cérémonies officielles habillée comme un Télétubbies... Quand on représente la France, on doit avoir un peu de tenue et être exemplaire ! »
Avant de faire, tout seul, un lien douteux avec la couleur de peau de la ministre :« Qu’elle soit noire ou pas, ce n’est pas le problème, moi je pense que le patriotisme, c’est avant tout un acte d’amour. Et c’est avoir un comportement irréprochable et aussi une forme de respect qu’on doit à la France, aux Français et à la République. »

18 juillet 2019: Guillaume Pradoura recyclé chez les fachos allemands de l'AFD
 
Guillaume Pradoura l’assistant de l’eurodéputé Nicolas Bay, lié à la mouvance identitaire, a posé pour des photos reprenant les codes antisémites les plus nauséabonds, avec ces mains en griffe, selon une imagerie utilisée dans  la fameuse exposition de propagande antisémite " Le Juif et la France" de 1941 .

Face au scandale, le RN a été contraint de l'exfiltrer. 

 Mais il a été immédiatement transféré comme assistant parlementaire de l'euro-député d'extrême-droite allemand Maximilian Krah , membre du parti AfD. Il siège donc au sein du même groupe parlementaire que les élus RN, le groupe «Identité et démocratie» dont le vice-président est… Nicolas Bay. Plutôt pratique pour les transferts.

Or dans ce parti, les courants les plus racistes et antisémites sont en pleine offensive autour du dirigeant du parti Björn Höcke responsable régional du parti AfD en Thüringe. Celui-ci avait condamné publiquement l’existence au cœur de Berlin de ce qui est pour lui un Mémorial « de la honte » rappelant l’assassinat des Juifs d’Europe par le régime nazi; il s'agit du Mémorial de la Shoah inauguré en 2005.

Krah dirige quant à lui l’AfD en Saxe, région voisine de la Thüringe.

Le réseau international raciste et antisémite poursuit son implantation européenne. Les identitaires y jouent un rôle important et rayonne au delà comme le montrent ses liens avec Brenton Tarrent, auteur des attentats de Christchurch.



 MEMORIAL 98

 
















mercredi 8 mai 2019

8 mai 1945: le nazisme défait, son héritage plus que jamais à combattre




 
Ce soixante-quatorzième anniversaire de la victoire contre le nazisme est marqué par l'offensive durable de l'extrême-droite à travers le monde. 

Celle-ci prend différentes formes, alliant des campagnes électorales et des participations dans des gouvernements, mais aussi des actes terroristes contre les minorités et les migrants, comme le montrent les attentats récents de San Diego, Christchurch et Pittsburgh. Des groupes dits « Identitaires » servent de troupes de choc à  des partis qui prétendent se normaliser.
Des propagandistes de la haine déversent des flots de propos complotistes et racistes, grâce à la complaisance des grandes plates-formes et à l'indulgence de juges qui les protègent en reculant devant lapplication des lois limitant le négationnisme (voir ici sur Soral) 
 
L'extrême-droite parrainée et soutenue par Trump et Poutine, pèse lourdement dans de nombreux pays d’Europe, comme on peut le constater à loccasion de la préparation des élections européennes du mois de mai. 
En France,  Allemagne, Autriche, Hongrie, Pologne, Italie, Grande-Bretagne, Estonie, les nostalgiques et racistes de tout poil sont à l'offensive et pour certains déjà installés au pouvoir . 
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites  quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité ( comme on peut le voir ici et ici  )

La date du 8 mai rappelle à nouveau que le fascisme et le nazisme seront finalement vaincus mais que si on les laisse prospérer, ils auront auparavant provoqué d'immenses drames et nombreuses catastrophes humaines.

1945: la capitulation et la joie


Le 7 mai 1945, à 2h41 du matin, l'Allemagne nazie capitule. C'est la fin des combats en Europe.
Hitler, arrivé au pouvoir le 30 Janvier 1933, vient de se suicider, le 30 avril. Le "Reich de 1000 ans" qu'il promettait aura duré 12 ans. Il a eu néanmoins le temps de déclencher la 2e guerre mondiale et de mettre en œuvre la Shoah.

Le lendemain, une immense vague de joie déferle sur la planète, provoquant des scènes de liesse dans toutes les capitales, à l’exception de Berlin et Tokyo.


Le régime impérial japonais poursuit les combats dans le Pacifique, la Seconde Guerre mondiale n’est pas encore terminée.

La joie est  ternie par la  découverte des camps de concentration, depuis quelques mois, au fur et à mesure de la progression des armées alliées, notamment soviétiques. Le dernier camp est libéré le 8 mai 1945; il s'agit de celui de Theresienstadt/Terezin, en Tchécoslovaquie alors que Auschwitz l'a été le 27 janvier de la même année. .

Alors même que s'effondrait le régime le plus réactionnaire que l'histoire ait connu, les peuples colonisés exprimèrent leurs aspirations à l’égalité et à l'auto-détermination. Ainsi l’Algérie "française"  connait, en ce jour du 8 mai, des scènes de répression d’une extrême violence. Les célébrations se terminent dans un bain de sang à Sétif, Guelma, et Kherrata, entraînant la mort d’environ 45 000 personnes.

Un passé toujours actuel

Le souvenir du 8 mai 1945 et plus généralement de la période de Vichy et de la collaboration avec les nazis demeure un sujet de  débat et de clivage notamment dans la droite mais aussi dans une partie de la gauche. 

Ainsi Giscard d'Estaing, alors président de la République, avait supprimé la commémoration du 8 mai à partir de 1975. Elle fut rétablie en 1981 par Mitterrand. 
Mais celui-ci a maintenu la fiction d'une non responsabilité des autorités françaises notamment dans la déportation des Juifs de France. Il faisait même fleurir la tombe de Pétain chaque année. En effet le 11 novembre de 1987 à 1992, François Mitterrand alors président de la République, a fait déposer une gerbe de fleurs présidentielle sur la tombe du Maréchal Pétain, à l’île d’Yeu, au prétexte du rôle de ce dernier lors la première guerre mondiale (au cours de laquelle il fut d'ailleurs particulièrement actif dans le massacre des soldats révoltés) 
Les associations de résistants et de victimes du nazisme avaient beau protester unanimement, rien n'y faisait. En 1992 le scandale fut plus important, car une large campagne publique se déroulait contre ce geste de révérence à l'égard du chef de la collaboration. 
Du coup, le préfet de la Vendée, chargé par la présidence de la République de fleurir la tombe  le 11 novembre, dut attendre cette année-là 17 h 15 pour se rendre en hélicoptère sur l'île d'Yeu, lieu de sépulture de Pétain. Il craignait  d'être confronté aux manifestants présents sur place. C'était juste après que Serge Klarsfeld et la quarantaine de personnes l'accompagnant eurent pris le dernier bateau régulier de retour de l'île. Ils étaient venus «s'assurer qu'une gerbe ne sera plus déposée sur la tombe de Pétain par le président de la République». Au bout du compte, la gerbe du préfet côtoyait celles déposées dans les heures précédentes par Jean-Marie Le Pen et par "l'Association nationale Pétain Verdun" (ANPV, émanation des nostalgiques de Vichy). 
Devant l’ampleur du scandale, Mitterrand fut contraint de suspendre l'hommage à Pétain à partir de 1993, c'est à dire à la toute fin de son deuxième septennat.




Lionel Jospin, qui a succédé à François Mitterrand à la tête du Parti socialiste, avait pris d'emblée du recul à l'égard de ce dernier lorsqu'il fut le candidat de la gauche à l'élection présidentielle de 1995.  Il fit état d'un « droit d'inventaire » par rapport aux positions de Mitterrand à l'égard du régime de Vichy, et notamment aux liens d'amitié qui l'unissaient à René Bousquet, ancien dirigeant de la police du régime pétainiste. Cette rupture avec le passé mitterrandien lui valut d'ailleurs des haines féroces de la part des proches de l'ancien président.
A droite, c'est Sarkozy qui lança, dès sa campagne électorale de 2007, une offensive d'ampleur contre la "repentance" et contre la reconnaissance de la participation des autorités françaises à la Shoah

A l'époque, Patrick Devedjian, alors dirigeant de premier plan de l'UMP, en résumait ainsi les enjeux (dans le journal Le Monde du 10 avril 2007) : " La droite est sortie honteuse de la guerre. Depuis la Libération, la gauche exerce un magistère moral sur l'histoire, distribuant les bons et les mauvais points: à gauche le parti des fusillés, à droite les collaborateurs. Même Chirac n'a jamais dit qu'il était de droite, et Jospin n'a pas hésité à dire de la droite qu'elle était héritière d'un courant anti-dreyfusard, antisémite et raciste. Il (Sarkozy) a sorti nos valeurs de la réclusion, il redonne sa dignité à la  la droitisation de la société permet aujourd'hui ce réajustement idéologique qui anticipe la victoire politique".

Plus concrètement, il s'agissait alors comme aujourd'hui de récupérer les thèmes et l'électorat du FN et donc de jouer sur le nationalisme. Sarkozy a même boycotté la cérémonie du 8 mai 2007, pour ne pas se retrouver à côté de Chirac qui avait reconnu les responsabilités françaises dans la déportation des Juifs. Depuis l'ancien président a sans cesse œuvré à légitimer  les thèses du Front National. Son successeur Laurent Wauquiez  poursuit dans la même voie et accueille en grande pompe Eric Zemmour qui travaille à réhabiliter Pétain et son régime. 
Plus récemment, Emmanuel Macron a voulu rendre hommage à Pétain, lors du centenaire de la fin de la 1e guerre mondiale. Il a repris largumentation bien connue sur le « grand soldat » qui aurait ensuite fait « des choix funestes ». Face au scandale, il a du renoncer à cet hommage.


Un combat permanent 

Alors que partout le monde, les forces d'extrême-droite sont en progression, la date du 8 mai continue de symboliser l'espoir d'une victoire définitive contre le fascisme et ses idées. Celle-ci passe par un combat de tous les instants contre toutes les formes de racisme et d'antisémitisme, de xénophobie et de discrimination qui forment le terreau sur lesquels poussent les projets et pratiques de domination totalitaire. Leur retour entraîne l'humanité vers la barbarie exterminatrice.   


MEMORIAL 98


Mise à jour du 9 Novembre 2019


Ainsi le 27 octobre, le parti d'extrême-droite AfD a atteint  24% des voix lors des élections régionales de l’État de Thuringe. Ce score est d’autant plus inquiétant qu’il a été atteint quinze jours après l' attentat antisémite et xénophobe ayant fait deux morts, commis par un militant néonazi à Halle dans l’État voisin de Saxe-Anhalt, le 9 octobre, jour de la plus importante fête juive de Yom Kippour. Il avait planifié d'entrer dans la synagogue locale et d'y massacrer des dizaines de personnes.
                                    
                                              Recueillement devant la synagogue de Halle

Le chef de file de l’AfD en Thuringe, Björn Höcke, chef de la tendance la plus droitière du mouvement baptisée "l'aile" ( Flügel en allemand) a été accusé, à juste titre, d’avoir préparé le terrain idéologique pour les actes de Halle, où un immense massacre dans la synagogue a été évité de peu, par ses déclarations contre la "repentance" pour les crimes nazis. Il a par exemple qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de « monument de la honte »

Memorial 98

Mise à jour du 17 juin 2019:


En Allemagne il s'agit bien d'un nouvel attentat terroriste d'extrême-droite. L'élu local et préfet Walter Lubcke, proche d'Angela Merkel, tué le 2 juin devant son domicile a été la cible d'un membre de la mouvance néo-nazie qui vient d'être interpellé par la police allemande et dont l'ADN a été retrouvé sur place. Cet individu a déjà été condamné pour des actes de violence contre des foyers de migrants et il a milité dans le parti néo-nazi NPD, qui n'est toujours pas interdit.
Lubcke était connu pour son soutien aux initiatives de Merkel pour l'accueil des réfugiés. Il avait été menacé à de nombreuses reprises pour cette raison. Après sa mort, les fascistes se sont déchainés sur les réseaux sociaux en se réjouissant de l'assassinat et en promettant le même sort à Merkel.  
 

Memorial 98