samedi 27 juillet 2019

Pierre Péan: vie et mort d'un négationniste


La mort de Pierre Péan, journaliste et écrivain, donne lieu à une véritable avalanche d'éloges. Il est présenté comme un modèle de rigueur et d’indépendance. On le désigne même comme celui qui aurait découvert et publié les turpitudes de Mitterrand à l’époque de Vichy, alors que celles-ci étaient connues depuis fort longtemps.
La mort de Péan a également servi aux adversaires de Mediapart et des enquêtes journalistiques en général à le présenter comme l’anti-modèle de ce travail d’investigation. Péan avait depuis longtemps emboîté le pas à la haine de Mitterrand et de ses amis et obligés à l'encontre d'Edwy Plenel, fondateur de ce média.

Or Péan a porté le drapeau du négationnisme sur le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, au cours duquel un million de personnes ont été massacrées en quelques semaines. Il a défendu la politique des autorités françaises de l’époque qui ont permis et couvert ce génocide et notamment celle de Mitterrand alors président de la République. Il a inventé un « complot » des victimes Tutsi qui aurait été responsable du déclenchement du génocide. Ses thèses alimentent encore largement la propagande négationniste en la matière.
Notons que Péan ne s’est jamais rendu au Rwanda.
Cette fureur négationniste concernant un génocide en Afrique, continent dont il se présentait comme un spécialiste, est parfaitement en phase avec les discours du pouvoir et de la haute hiérarchie militaire française. Elle soulève évidemment de graves interrogations sur l’ensemble de l’œuvre de Péan. 

   
Ses écrits ont donné lieu à un procès en 2008. A la suite de la publication de son ouvrage « Noires fureurs, Blancs menteurs » Péan ainsi que son éditeur Claude Durand (Fayard) étaient poursuivis par Ibuka, association de rescapés du génocide des Tutsi du Rwanda et SOS Racisme pour diffamation raciale et provocation à la discrimination raciale. 
Quatre pages dans le premier chapitre, expliquaient, entre autres, que «  le Rwanda est aussi le pays des mille leurres tant la culture du mensonge et de la dissimulation domine toutes les autres chez les Tutsis et, dans une moindre part, par imprégnation, chez les Hutus ». D'autres passages reprennent ce propos, étayé par des citations d'anciens colons allemands ou belges et l'accentuent même. Parmi les défenseurs de Péan, Hubert Védrine et Bernard Debré , ministre de la coopération de Balladur au moment du génocide. Ce dernier maintient une ligne négationniste, notamment dans deux livres qui diffusent cette propagande.

Pendant trois jours de procès, les 24, 25, 26 septembre 2008, on a souvent débattu de l'«ubwenge», concept rwandais qui, selon les défenseurs de Pierre Péan, s'apparente au mensonge systématique mais « pas de façon négative comme chez nous, en France », ou selon ceux de la partie civile, à de l'intelligence.
 Face à cette querelle d'africanistes, la procureure de la République, Anne de Fontette a, au terme des débats, remis certains points sur les i. : «  Les témoins sont venus dans un drôle de mouvement intellectuel nous dire que le mensonge, au Rwanda, serait une qualité. Pour ma part, je note que le terme a été utilisé en français, sans précision sur les diverses traductions que pouvait revêtir le mot en kinyarwanda, au Rwanda. Or, le terme est ici utilisé à la française, où il n'a pas une connotation positive. » La représentante du ministère public s'est également étonnée du choix de certains auteurs des citations choisies par Pierre Péan, comme Paul Dresse, proche de l'extrême droite et dont le « langage colonial de l'époque », comme le souligne l'auteur, n'hésite pas à qualifier les Tutsis «  de race des plus menteuses sous le soleil ». Et Anne de Fontette de conclure que les deux délits étaient bel et bien constitués.

A l’occasion récente du 25e anniversaire du génocide, les mises en cause à propos de l’implication de dirigeants français de l’époque ont été actualisées. L’attention s’est portée sur Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères et surtout à l’époque secrétaire général de l’Élysée. Or ce même Védrine a comparu afin de défendre Péan en 2008 lors du procès de ce dernier. La boucle est bouclée dans ce petit monde qui gravitait autour de Mitterrand.  
Le déroulement de ce procès démontre les ressorts et arguments des négationnistes, si proches de ceux qu’on retrouve dans des cas semblables (lire ici le compte rendu qu'en fit Memorial 98 sous la plume de Souâd Belhaddad)
   

Au moment du génocide, Mitterrand était président et Balladur chef d’un gouvernement de cohabitation, suite aux élections de 1993. Védrine jouait un rôle capital et bénéficiait de l’entière confiance du président.    

Mitterrand et Védrine étaient particulièrement complaisants à l’égard des chefs Hutu, considérés comme favorables à la France car francophones, alors que les dirigeants Tutsi, qui avaient dû se réfugier en Ouganda, étaient considérés comme favorables au monde anglophone. Péan,  souverainiste  et nationaliste très proche de Chevènement, partageait cette vision « géopolitique » anti-Tutsi.
Les habitants et les pouvoirs publics de notre pays ont un devoir particulier en ce qui concerne le Rwanda.
En effet, une partie du combat est aujourd'hui celui de la pleine reconnaissance par l’État français de ses responsabilités.
Cet État qui prétend parler en notre nom, persiste aujourd'hui à garder un silence complice sur l’implication de l’armée française dans le génocide des Tutsi.
Or le pouvoir Hutu extrémiste a reçu de manière continue et appuyée le soutien des autorités françaises tant au plan politique, militaire que financier, avant, pendant et après le génocide. Toute la vérité doit être faite au sujet de cette implication : tous les documents doivent être rendus publics. C’est pourquoi nous soutenons et partageons pleinement le combat de nos amis et partenaires de Ibuka, du CPCR et de Survie afin que la vérité se fasse jour et que les coupables éventuels soient jugés.

On notera que Védrine est toujours présent sur la scène politique et médiatique. Il s’est manifesté en organisant très récemment l'offensive rageuse des fidèles de Mitterrand à propos du génocide des Tutsi. Ces derniers ont adressé une lettre à Olivier Faure, dirigeant du Parti socialiste afin de mettre en cause Raphaël Glucksmann, tête de la liste commune PS-Place Publique pour les élections européennes de mai 2019. A leurs yeux, il a péché en osant rappeler le rôle de l'ancien président et de son entourage dans l'aide apportée par les autorités françaises aux génocidaires .

Parmi les signataires de ce texte, Hubert Védrine, principal suspect dans ces décisions mais également Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères de Mitterrand. Or Dumas est depuis fort longtemps passé du côté des dictateurs en Afrique, fait appel à des thèmes antisémites et assistait au meeting-spectacle de Dieudonné au Zénith de Paris dès 2006, en compagnie de ses amis de la famille Le Pen.

Cette lettre de menaces a montré quel point les amis de Mitterrand sont soucieux d'empêcher que la vérité se fasse jour à propos de ce génocide et des responsabilités françaises.

C'est ce que nous avions également rappelé lors d'une allocution de Memorial 98 le soir du 7 avril, dans le cadre de la veillée organisée comme chaque année par l'association Ibuka-France en mémoire des victimes du génocide. 
Nous y appelions à la vigilance face aux nombreuses tentatives pour bloquer un accès complet aux archives, voir ici la vidéo de cette intervention: https://www.youtube.com/watch?v=MaYgH39DV4Y

Péan soutient Mitterrand sur la (non) responsabilité de Vichy et Pétain dans la déportation des Juifs de France.

Contrairement à la légende qui entoure son livre sur Mitterrand intitulé « Une jeunesse française » Péan ne voulait pas compromettre le président de l’époque, comme il l'a lui-même indiqué à de nombreuses reprises. Il cherchait au contraire à maitriser avec lui le flot de révélations qui se faisait jour. Il a d’ailleurs souvent manifesté son agacement face à l’interprétation trop négative qui aurait été faite de sa publication et insisté sur la cordialité et le caractère affectueux maintenu de ses relations avec Mitterrand après la parution du livre.


La clé se trouve dans son livre  Dernières volontés, derniers combats, dernières souffrances (de Mitterrand publié en 2002). L'essentiel de cet ouvrage est consacré aux rapports de Mitterrand et de la place de Vichy et Pétain dans la déportation des Juifs de France.  L’antisémitisme y affleure dans de nombreuses pages.
Péan fait comme si Mitterrand avait été victime d'un complot animé par Serge Klarsfeld, ayant des prolongements jusqu'en Israël, et qui visait à "remettre la Shoah au centre de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale". Selon Mitterrand, approuvé par Péan, Klarsfeld voulait " mettre la République à genoux" 
Il y justifie qu'un président de la République ait pu organiser un véritable mur du silence autour de son passé avec décoration par la francisque de Pétain, de son amitié maintenue avec René Bousquet, et avec la même impudence,  ait pu rompre ce silence en banalisant Vichy.
                    Bousquet avec des hauts officiers SS et ci-dessous dans                           l'intimité de Mitterrand à Latché en 1974 





En effet Mitterrand a maintenu durant ses deux septennats la fiction d'une non responsabilité des autorités françaises dans la déportation des Juifs de France. Il faisait même fleurir très régulièrement la tombe de Pétain.   
Ainsi chaque 11 novembre, de 1987 à 1992, François Mitterrand alors président de la République, a fait déposer une gerbe de fleurs présidentielle sur la tombe du Maréchal Pétain, à l’île d’Yeu, au prétexte du rôle de ce dernier lors la première guerre mondiale
Les associations de résistants et de victimes du nazisme avaient beau protester unanimement, rien n'y faisait. En 1992 le scandale fut plus important, car une large campagne publique se déroulait contre ce geste de révérence à l'égard du chef de la collaboration. 
Du coup, le préfet de la Vendée, chargé par la présidence de la République de fleurir la tombe  le 11 novembre, dut attendre cette année-là 17 h 15 pour se rendre en hélicoptère sur l'île d'Yeu, lieu de sépulture de Pétain. Il craignait  d'être confronté aux manifestants présents sur place. C'était juste après que Serge Klarsfeld et la quarantaine de personnes l'accompagnant eurent pris le dernier bateau régulier de retour de l'île. Ils étaient venus «s'assurer qu'une gerbe ne sera plus déposée sur la tombe de Pétain par le président de la République». Au bout du compte, la gerbe du préfet côtoyait celles déposées dans les heures précédentes par Jean-Marie Le Pen et par "l'Association nationale Pétain Verdun" (ANPV, émanation des nostalgiques de Vichy). 
Devant l’ampleur du scandale, Mitterrand fut contraint de suspendre l'hommage à Pétain à partir de 1993, c'est à dire à la toute fin de son deuxième septennat.





Lionel Jospin, qui a succédé à François Mitterrand à la tête du Parti socialiste, avait pris d'emblée du recul à l'égard de ce dernier lorsqu'il fut le candidat de la gauche à l'élection présidentielle de 1995.  Il fit état d'un « droit d'inventaire » par rapport aux positions de Mitterrand à l'égard du régime de Vichy, et notamment aux liens d'amitié qui l'unissaient à René Bousquet, ancien dirigeant de la police du régime pétainiste, organisateur notamment de la rafle du Vel’d’Hiv’. Cette rupture avec le passé mitterrandien lui valut d'ailleurs des haines féroces de la part des proches de l'ancien président et un soutien de ce dernier à  la candidature de Chirac. Ses fidèles Pierre Bergé et Roger Hanin se chargèrent des attaques violentes à l'encontre du candidat socialiste. par une ironie de l’Histoire, c’est ce même Chirac qui prit le parti de rompre avec l’hypocrisie et de reconnaître enfin en juillet 1995 que « "...Ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été, chacun le sait, secondée par des Français, secondée par l'État français. La France, patrie des Lumières, patrie des Droits de l'homme, terre d'accueil, terre d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable..."


A droite, c'est Sarkozy qui lança, dès sa campagne électorale de 2007, une offensive d'ampleur contre la "repentance" et contre la reconnaissance de la participation des autorités françaises à la Shoah
Sarkozy a même boycotté la cérémonie du 8 mai 2007, pour ne pas se retrouver à côté de Chirac qui avait reconnu les responsabilités françaises dans la déportation des Juifs. Son successeur Laurent Wauquiez  a poursuivi dans la même voie par un accueil en grande pompe de Eric Zemmour qui travaille à réhabiliter Pétain et son régime. 
Plus récemment, Emmanuel Macron a voulu rendre hommage à Pétain, lors du centenaire de la fin de la 1e guerre mondiale. Il a repris l’argumentation bien connue sur le « grand soldat » qui aurait ensuite fait « des choix funestes ». Face au scandale, il a du renoncer à cet hommage.


Au total, Pierre Péan, prétendument rigoureux et indépendant, a de manière croissante dans son œuvre, épousé les méandres des froids intérêts de pouvoirs en place. Il a sacrifié toute retenue à la défense d'une propagande négationniste à propos du génocide de Tutsi au Rwanda et de l’implication de Mitterrand dans le déroulement de ce terrible massacre. Cette dérive avait débuté bien avant, notamment par sa complaisance à l’égard des ambiguïtés de Mitterrand face à Pétain et Vichy.

Albert Herszkowicz 
MEMORIAL 98 

De nombreux liens et références figurent dans ce texte. Ils donnent une image plus complète des problèmes traités. On pourra aussi consulter les articles suivants concernant d'autres proches de Mitterrand qui le suivirent dans ses méandres et mensonges concernant la Shoah ou le génocide des Tutsi : Jean d'Ormesson ainsi que Jean-Luc Mélenchon





lundi 22 juillet 2019

Septembre 1939: l'invasion de la Pologne annonce le début de la Shoah



                                          La muraille isolant le ghetto de Varsovie
 
Le 1er septembre marque l'anniversaire de l'invasion de la Pologne par les troupes nazies et du début de la seconde guerre mondiale.
Les troupes de Staline envahirent la Pologne orientale deux semaines plus tard le 17 septembre, dans le cadre du pacte germano-soviétique, dit Molotov-Ribbentrop, signé en août 1939, qui est maintenant réhabilité par Poutine.
Le 1er septembre 2019, lors du 80e anniversaire du début de l'invasion, le président allemand a présenté des excuses pour les six millions de victimes polonaises du nazisme, dont trois millions de Juifs. 
 
Le même jour, le parti d'extrême-droite AfD a connu un nouveau succès dans deux élections régionales. Or ce parti est maintenant dominé dans l'est de l'Allemagne par des dirigeants négationnistes comme Bjoern Hocke et Alexander Kalbitz (suspendu depuis pour avoir dissimulé son ancienne appartenance à un groupe néo-nazi). Mais la tentative d'alliance entre la droite et l'extrême-droite dans l'état de Thuringe a échoué face au scandale et à la mobilisation anti-fasciste.

L'invasion nazie de la Pologne a débuté par le bombardement des civils de la ville de Wielun, choisie par les nazis en raison de son importante population juive.
Elle a été surnommée Guernica polono-juive car l'ordre de la bombarder a été donné par le général Von Richthofen, ancien chef de la légion nazie Condor, dont les avions avaient rasé la ville basque de Guernica en 1937. 
Un an après le début de l'invasion, le ghetto de Varsovie a été instauré le 12 octobre 1940,  date qui correspondait cette année-là à la fête juive de Yom Kippour. Le 16 novembre suivant, on y transfèra de force les Juifs, soit un tiers de la population de la ville, concentrées sur 2,4 % de sa superficie : 450 000 personnes furent alors coupées du reste du monde.
 
Ni oubli ni pardon
 
Memorial 98 


Juillet 2109
A Varsovie, le 22 juillet marque le début de la  grande déportation des Juifs du ghetto en juillet 1942, six jours après la rafle du Vel d'Hiv' à Paris et quatre mois après la liquidation du ghetto de Cracovie .

Alors que le gouvernement polonais actuel multiplie les déclarations et actes à caractère antisémite,en s'attaquant notamment à l'histoire de la Shoah, cette date revêt une signification particulière.

Elle se produit au lendemain de l’agression par des fascistes d’une manifestation de défense des droits des LGBT à Bialystok dans la partie orientale de la Pologne. Il y a quelques semaines, c’est à Paris qu’un colloque sur la Shoah en Pologne a été perturbé par des militants antisémites et nationalistes polonais.


                           Le général SS Stroop sur l'Umschlagplatz en 1943

Chaque 22 juillet, une marche démarre du monument de l'"Umschlagplatz" lieu d'où partaient les convois de déportés, parcourt l'ancien espace du ghetto, dont il ne subsiste strictement rien et termine devant le centre culturel et de mémoire dédié à Emmanuel Ringelblum, héroïque historien du ghetto et animateur du réseau "Oneg Shabbat" qui en préserva la mémoire. 

Le ghetto de Varsovie a été instauré le 12 octobre 1940, qui correspondait cette année-là à la fête juive de Yom Kippour. Les nazis annoncèrent à la population juive qu'elle devait déménager dans ce "quartier juif" exigu qui fut ceint de barbelés.    


L"Aktion" de déportation vers la mort, comme l’appelaient les nazis, débuta le 22 juillet 1942.

Elle s’inscrivait dans le cadre de la plus vaste "Aktion Reinhardt", organisée par les nazis en Pologne occupée; celle-ci inclut la construction des camps d'extermination de Belzec (mars 1942) Sobibor (mai 1942) et Treblinka (juillet 1942). 

Ce dernier camp joue un rôle particulier dans l'extermination des Juifs de Varsovie. 280 000 Juifs déportés de la capitale polonaise y furent assassinés. 

L'Aktion de Varsovie prit fin temporairement le 21 septembre suivant, à nouveau durant le jour de la plus importante fête juive, Yom Kippour. Elle avait débuté le jour de Tish'a Beav, qui commémore par le deuil et le jeûne la destruction du Temple juif de Jérusalem par l'armée romaine en l'an 70 de notre ère.

Les nazis, dans leur rage antisémite, utilisaient souvent les dates des fêtes religieuses juives afin de procéder à des persécutions particulières ou de marquer leur "connaissance" du judaïsme.

Après cette grande déportation, le ghetto de Varsovie était réduit à  un camp de travail où 36 000 Juifs survivaient officiellement et où 20 à 25 000 clandestins se cachaient. Son sursis tenait d’une part à la pénurie de main-d’œuvre gratuite dont l'administration nazie voulait disposer, et d'autre part à la nécessité d’une pause afin de recenser et d’expédier vers le Reich les biens volés dans le ghetto. 

Quelques jours après le début de la déportation de juillet, la résistance juive s’unifie dans un « Bloc antifasciste » et se dote d’une branche armée, l’Organisation juive de combat (OJC), fondée le 28 juillet 1942. Cette démarche déboucha plusieurs mois plus tard sur la révolte du ghetto de Varsovie
Les premières opérations de l'OJC étaient dirigées contre les responsables de la "police juive" et autres collaborateurs.

En janvier 1943, une seconde Aktion visant à liquider le reste du ghetto est interrompue par les nazis eux-mêmes, face à la résistance et au fait que la population se cachait dans un réseau souterrain creusé durant des mois.
Himmler, en déplacement à Varsovie, ordonna alors la destruction du ghetto et de ses habitants. 

Le 19 avril 1943, les unités SS chargées de la mise en œuvre de cet ordre furent repoussées par des centaines de combattants ne disposant que de quelques revolvers et grenades.
C'est le début du soulèvement du Ghetto

Le commandant allemand est relevé de ses fonctions, le général SS Jürgen Stroop lui succède. Plus de 2000 SS, soutenus par de l‘artillerie et des blindés incendient maison après maison. Les Juifs sont asphyxiés, carbonisés, enterrés vivants dans les abris où ils sont retranchés. Le 16 mai 1943, Stroop fait dynamiter la grande synagogue. Il câble à Himmler : « Il n’existe plus de quartier juif à Varsovie. ». 

Le principal dirigeant de l’insurrection et de l’Organisation Juive de Combat (OJC), Mordehaï Anilewicz, se suicida le 8 mai, suivi quelques jours plus tard par Szmuel Zygielbojm, représentant du mouvement ouvrier juif Bund dans le gouvernement polonais en exil à Londres.

Nos pensées vont vers les victimes de cette extermination et vers ceux qui au cœur des ténèbres, entamèrent la préparation de leurs actes héroïques qui apparurent au grand jour dans les mois qui suivirent. 
Le nazisme fut défait mais son héritage reste plus que jamais  à combattre .
 Ses héritiers  rêvent toujours de massacrer des Juifs comme le montrent les attentats  dans les synagogues de San Diego, Pittsburgh et Halle
La pandémie du Covid donne lieu à un déluge de propagande complotiste et antisémite . Elle reprend les accusations les plus nauséabondes qui ont marqué l'Histoire des persécutions contre les Juifs.   
Des propagandistes de la haine déversent des flots de propos complotistes et racistes, grâce à la complaisance des grandes plates-formes et à l'indulgence de juges qui les protègent en reculant devant l’application des lois limitant le négationnisme, comme dans le cas de Soral et Dieudonné
L'extrême-droite parrainée et soutenue par Trump et Poutine, pèse lourdement dans de nombreux pays d’Europe, comme on peut le constater à l’occasion des élections européennes du mois de mai 2019. 
En France, Allemagne, Autriche, Hongrie, Pologne, Italie, Grande-Bretagne, Estonie, les nostalgiques et racistes de tout poil sont à l'offensive et pour certains déjà installés au pouvoir . 
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites  quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité (à voir ici et ici  )

MEMORIAL 98