lundi 21 septembre 2020

Hyper Cacher: une tuerie antisémite en procès.

Les quatre victimes de l'Hyper Cacher


Hypercacher: aujourd'hui débute la partie du procès concernant les meurtres antisémites du 9 janvier 2015.
Ils ne relèvent pas de la "prise d'otages" comme le répètent souvent les médias, mais du massacre de personnes tuées parce que Juives.
Nos pensées se portent vers les victimes de cet attentat: Yohan Cohen, Yohav Hattab, François-Michel Saada, Philippe Braham. 
Les survivant.e.s sont  traumatisés pour une longue période comme en témoigne Zarie Sibony, caissière de l'Hyper Cacher:" J'ai entendu des pas lourds qui revenaient vers moi, raconte-t-elle. J'ai vu ses bottes militaires, j'ai vu comment il était habillé. J'ai vu ses armes. Là, j'ai compris qu'il y a avait un problème. C'est là qu'il s'est mis en face de moi et il m'a dit : 'Ah ! T’es pas encore morte, toi, tu ne veux pas mourir'. Il a tiré. J'ai entendu la détonation. Il est parti et j'ai remarqué qu'après, je pouvais bouger. Je ne comprenais pas comment il avait réussi à me rater." 
De nombreuses questions se posent encore:  
Qui a commandité et financé le massacre réalisé par Amedy Coulibaly ?
Qui a organisé le double attentat de Charlie revendiqué par Daesh et celui de Vincennes revendiqué par Al-Qaïda, alors que ces deux groupes terroristes se concurrencent et se combattent violemment? 
S'agit-il de Abdelnasser Benyoucef, alias Abou Mouthana qui a été un haut cadre de l’organisation Etat islamique (EI) où il était sans doute chargé des opérations extérieures?  Présumé mort dans la zone irako-syrienne en 2016, l’apparition de son nom est liée à l’interrogatoire d’une de ses ex-épouses rentrée de Syrie fin 2019, se disant repentie de la cause djihadiste. Aujourd’hui incarcérée, elle l’a désigné lors d’une audition devant un juge d’instruction dans une procédure connexe, en février 2020.
Autre question: il n'est pas question dans ce procès de Claude Hermant. Or, il est très probablement l'homme qui a armé Amedy Coulibaly, le tueur de l'Hypercacher. Il lui a fourni au moins quatre pistolets semi-automatiques et sans doute un fusil d'assault, tous remilitarisés et prêts à l'usage. Et ce dans le cadre d'un trafic d'armes de guerre dont la police avait connaissance, à des degrés encore inconnus, puisque le néo-nazi, militant depuis des dizaines d'années était également indicateur de police. Claude Hermant, dont l'affaire a été classée secret défense, n'a pas été inculpé pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, alors que c'est le cas par exemple, pour celui qui a fourni un gilet pare-balles à Coulibaly, mais celui-ci n'était pas d'extrême-droite.
 
Des dates problématiques de procès

La coïncidence des dates fait que cette partie du procès débute au lendemain immédiat de la fête juive de Roch Hachana et à quelques jours de celle de Yom Kippour. 
Or, dans ce calendrier judiciaire, la laïcité est mise à toutes les sauces, y compris les plus inhumaines. Ainsi des auditions importantes auront lieu le jour de Yom Kippour, date la plus importante du calendrier religieux juif. Cela n'était pas prévu ainsi à l'origine mais le tribunal se retranche derrière la laïcité pour refuser un aménagement de date demandé par les familles des victimes. Or depuis très longtemps , les fonctionnaires et maintenant les travailleur-e-s en CDI musulmans, juifs, chrétiens orthodoxes peuvent, sur demande écrite, bénéficier de 3 jours d'ASA ( autorisation spéciale d'absence) pour raison religieuse. Ces trois jours correspondent aux journées considérées comme les plus importantes de ces trois confessions. Les travailleurs hindous et bouddhistes peuvent aussi en bénéficier. Ce qui est possible dans le milieu professionnel ne serait donc pas praticable au cours d'un procès?
Ajoutons qui si cet aménagement est finalement mis en œuvre, cela donnera l'occasion aux antisémites de proclamer que les personnes juives, à la différence des autres, ont droit à des aménagements de la laïcité. Le piège est installé.
Mise à jour : la première audience ( compte-rendu du journal Le Monde)
Coulibaly expose son antisémitisme meurtrier. A 15 h 10, il appella BFM-TV pour faire corriger le bandeau en bas de l’écran de la télévision, qui ne donnait pas le bon nombre d’otages et ne mentionnait pas les morts. La conversation retentit dans la salle.

« Avez-vous visé ce magasin pour une raison particulière ?, demande le journaliste de BFM.

- Oui.

- Laquelle ?

- C’est juif. »

Plusieurs avocats de la défense soulignent qu’il est acquis que toutes les armes d’Amedy Coulibaly ont transité par le trafiquant Claude Hermant, et s’interrogent sur son absence dans le box des accusés.  Le commissaire Christian Deau, manifestement, se pose la même question. Sommé de donner son avis, il bredouille, brode un peu, explique qu’en tant qu’enquêteur il travaille sous l’autorité judiciaire, puis : « Une décision a été prise, euh, elle a été prise quoi. » 

Lassana Bathily témoigne

Face à la cour d’assises spéciale de Paris, l’ancien salarié, déroule les dix minutes de ce huis clos en sous-sol pendant lesquelles il pensait que les frères Kouachi étaient les preneurs d’otages: sa proposition de regagner le rez-de-chaussée par le monte-charge et de s’enfuir par la sortie de secours, refusée par les clients qui la jugent trop risquée ; la chambre froide dont il éteint le moteur pour y mettre plusieurs personnes à l’abri ; sa fuite en solitaire grâce au monte-charge, le cœur qui bat, la crainte de tomber sur un terroriste au rez-de-chaussée, et finalement la sortie. 

Dehors, les policiers le mettent au sol, le fouillent, le menottent brutalement. « J’étais en pleine panique. Ils me demandent : “Vous êtes combien dans le magasin ?” Je dis : “Une vingtaine de personnes.” Ils disent : “Comment ça, vingt terroristes ?” Je dis : “Je suis pas terroriste, je travaille là !” Ils m’ont gardé une heure et demie dans une voiture, ils m’ont pris pour un complice. Je peux comprendre. »

Le quiproquo évacué, Lassana Bathily facilitera l’assaut en dessinant un plan du magasin et en indiquant les clés qui permettent d’ouvrir le rideau de fer puis la porte d’entrée.

« La religion, on n’en parlait même pas »

C’est une fois les otages libérés qu’il apprend la mort, survenue quatre heures plus tôt, de Yohan Cohen, son collègue devenu « plus qu’un ami, un frère ». Pendant leurs deux années communes au magasin, Lassana Bathily avait remarqué qu’il recouvrait souvent sa kippa d’une casquette dans la rue, et qu’il mettait les sacs à l’envers « pour pas qu’on voie la marque Hyper Cacher ». « Il me disait : “Je traverse tout Paris pour aller à Sarcelles, j’ai peur qu’on m’agresse.” Je lui disais : “On est dans un pays laïque, tout le monde se respecte.” »

Amedy Coulibaly était musulman et d’origine malienne, et le président de la cour aimerait savoir ce que cela inspire à Lassana Bathily, lui-même malien musulman arrivé en 2006 en France, ce pays qui « [lui] a tout donné », et dont il possède la nationalité depuis janvier 2015.

« Il y a dix magasins Hyper Cacher en Ile-de-France, sept ou huit sont tenus par des musulmans, répond-il. Pour nous, les musulmans, les juifs, c’est des frères. Quand j’ai su que la personne qui avait tué mon frère venait de mon pays, ça m’a fait énormément mal. Peut-être qu’il était entouré par les mauvaises personnes ? J’ai toujours du mal à comprendre. »

Salarié à l’Hyper Cacher, « je faisais le ramadan, j’avais mon tapis de prière, ça se passait très bien avec mes collègues Zarie, Andréa, Samuel. La religion, on n’en parlait même pas quoi. Pour moi, la religion, c’est privé. Tout le monde doit se mettre ça dans la tête. Les terroristes sont là pour créer de la haine entre les religions. Mais on est des humains d’abord. L’humanité, c’est plus important que la religion ».

Ci-dessous, recensement d'attaques contre des synagogues et institution juives par des djihadistes et des néonazis

Tunisie, en 2002

Le 11 avril, 21 personnes -14 Allemands, cinq Tunisiens et deux Français- sont tuées dans un attentat-suicide contre la synagogue de la Ghriba, sur l'île de Djerba (sud), le plus ancien lieu de culte juif en Afrique. L'attentat est revendiqué par Al-Qaïda.

Turquie, en 2003 

Le 15 novembre, des véhicules remplis d'explosifs frappent deux synagogues d'Istanbul, Neve Shalom et Beth Israel, faisant 30 morts et plus de 300 blessés. Les attentats sont revendiqués par une cellule turque d'Al-Qaïda.

France, en 2012

Le 19 mars, Mohamed Merah tue trois enfants et un enseignant dans l'école juive Ozar Hatorah à Toulouse.

Etats-Unis, Belgique, en 2014

Le 13 avril, un suprémaciste blanc connu pour son antisémitisme attaque un centre communautaire et une maison de retraite juifs du Kansas (centre), tuant trois personnes dont aucune n'était juive.

Le 24 mai, un homme ouvre le feu dans le hall d'entrée du Musée juif de Bruxelles, faisant quatre morts.  Mehdi Nemmouche a été condamné r à la prison à perpétuité pour ces assassinats, considérés comme le premier attentat commis en Europe par un combattant revenu de Syrie.

France et Danemark, en 2015

Le 9 janvier, Hyper Cacher

Le 14 février, un terroriste qui avait prêté allégeance au groupe terroriste État islamique, ouvre le feu sur un centre culturel de Copenhague où se déroule une conférence sur la liberté d'expression, tuant un cinéaste.  Puis il , il abat un fidèle juif de 37 ans qui montait la garde devant la synagogue de Copenhague où était célébrée une bar-mitzvah, avant d'être tué par la police.

États-Unis, en 2018

Le 27 octobre, douze personnes juives sont tuées par un suprémaciste blanc qui sème la terreur dans la synagogue «Tree of Life» de Pittsburgh en plein office du shabbat. Robert Bowers, qui a ainsi perpétré l'attaque la plus sanglante commise contre des Juifs aux États-Unis

États-Unis en 2019

Le 27 avril, un homme de 19 ans se revendiquant comme antisémite et islamophobe tue une femme et fait trois blessés, dont un rabbin, en attaquant à l'arme automatique une synagogue près de San Diego (sud de la Californie), au dernier jour des festivités de la Pâque juive.

Allemagne Halle 9 octobre 2019

Attentat antisémite et xénophobe ayant fait deux morts, commis par un militant néonazi à Halle  le 9 octobre, jour de la plus importante fête juive de Yom Kippour. Stephan Baillet ne réussit pas à entrer dans la synagogue dans laquelle il voulait commettre un massacre et tue deux passants, dont un devant un restaurant turc pris comme cible "alternative" 

                                         Devant la synagogue de Halle

MEMORIAL 98
 

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