samedi 29 août 2015

Génération identitaire: la troupe de choc du FN

                                          En 2012 les fascistes sur le toit de la mosquée


Mise à jour 7 décembre 2017

Cinq militants Identitaires ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Poitiers à un an de prison avec sursis. Quatre d'entre eux ont été jugés coupable de «provocation à la haine raciale ou religieuse et dégradation de biens appartenant à autrui». Ils font également l'objet d'une mise à l'épreuve de deux ans avec obligation d'indemniser les victimes parmi lesquelles des associations musulmanes. 
Le cinquième prévenu n'a été condamné que pour «complicité de provocation à la haine raciale».
L'association "Génération identitaire" elle-même a été reconnue coupable de «dégradations volontaires commises en réunion» et devra payer une amende de 10.000 euros

MEMORIAL 98



C'était le 20 octobre 2012: Génération Identitaire fait venir des militants de toute la France pour attaquer la mosquée de Poitiers . L'un de leurs porte-parole se rend même au commissariat local pour avertir de leur présence. Sur place, les militants braillent des slogans racistes pendant des heures, avant de sortir d'eux-même.

Quatre d'entre eux sont mis en examen pour incitation à la haine raciale, dégradation et vol en réunion. Deux autres le seront en juillet 2014, dont Damien Rieu, porte-parole , devenu depuis directeur de la communication de la ville de Beaucaire, promu par le maire Front National de cette commune. 

Trois ans plus tard, les mêmes font aujourd'hui leur action de rentrée avec une banderole raciste sur le toit de la gare d'Arras, récupérant, comme de bons vautours, l'émotion suscitée par la tentative d'attentat de la semaine dernière dans le Thalys. Pour l'affaire de Poitiers, toujours pas de procès: or, on voit mal ce qui pourrait nécessiter une si longue instruction. Les militants sont connus, et ont agi face caméra, que reste-t-il à chercher ? Rien, mais avec l'extrême-droite, la justice prend toujours ou presque le temps de ne rien faire, même dans les cas les plus graves.

Les jeunes fascistes profitent largement de cette impunité : le plan de la banderole la plus grande possible avec des slogans racistes ou homophobes dessus a été réitéré pendant les manifestations contre le mariage pour tous, contre les migrants et aujourd'hui sur le toit de la gare d'Arras. Depuis quelque temps d'ailleurs, le Bloc Identitaire est devenu un "Front National Jeunes" de choc, jouant systématiquement sur le terrain, la carte du happening raciste  en reprenant les thèmes développés par les caciques du FN quelques jours avant. Le mot d'ordre " Expulsion des islamistes " est très exactement celui de Marine Le Pen pour la rentrée. Évidemment, quand le Bloc Identitaire dit "islamistes", la base comprend "musulmans". 

Rien d'étonnant, puisqu'en PACA, Marion Maréchal Le Pen a officiellement intégré la mouvance identitaire sur sa liste aux régionales, et ce, alors que de nombreux cadres du mouvement travaillent déjà dans les mairies FN...tandis que d'autres mènent des opérations de propagande pour soutenir les initiatives de certains élus. C'est le cas à Mantes la Ville, où une "section" du Bloc Identitaire a surgi du néant pour diffuser des tracts contre la distribution d'une mosquée ...pile au moment où le maire était un peu en difficulté dans son offensive islamophobe.  Il serait d'ailleurs intéressant de connaître la source des financements de Génération Identitaire et du Bloc: rarement plus d'une vingtaine par actions, les jeunes fascistes disposent pourtant toujours d'un matériel de communication énorme, des banderoles pro, aux T-shirts en passant par les blousons et des sites internet impeccables. Évidemment, être salarié et bientôt peut-être élus du FN enlève déjà bien des problèmes matériels à ces militants...

D'aucuns contesteront la dangerosité du Bloc Identitaire, au motif que ses actions sont purement symboliques: après tout, personne n'a été tabassé lors de leurs patrouilles dans le métro, personne n'est obligé de manger leur soupe au cochon assortie d'un discours anti-réfugiés et anti-sans-papiers, et leurs actions islamophobes restent de l'ordre du jeu de rôle , même lorsqu'ils occupent une mosquée en construction en prétendant refaire la bataille de Poitiers.

Seulement en France, des bidonvilles Roms font l'objet d'incendies, des mosquées également, et des femmes voilées sont tabassées en pleine rue. Les jeunes bourgeois du Bloc Identitaire, persuadés qu'une grande carrière politique les attend avec la montée de l'extrême-droite parlementaire ne se salissent pas les mains. Ils savent que leur discours viriliste, paranoïaque et d'une violence symbolique énorme jouera son rôle et que d'autres passeront à l'acte à leur place. D'ailleurs la mosquée de Poitiers, cible du Bloc en 2012 a été incendiée en janvier 2015 , sans que cela incite la justice à accélérer pour juger l'action commise trois ans auparavant

La plupart des rares incendiaires ou agresseurs interpellés après un acte islamophobe recrachent tous la prose du Bloc sur le "Grand Remplacement" et l'islamisation de l'Europe. Et si le Bloc n'a jamais vraiment cherché à devenir une organisation de masse, c'est parce qu'il sait qu'il n'en a pas besoin pour que ses mots d'ordre soient suivis d'effet. 

Quant à ceux qui haussaient les épaules lorsque les suivistes se contentaient de jeter des morceaux de porc sur les mosquées, ils ne peuvent que constater aujourd'hui qu'aux morceaux de porc ont succédé les incendies comme à Mérignac ou à Auch cet été. 

Et tant que les petits chefs fascistes pourront hurler leurs appels à la haine en toute impunité judiciaire, les incendiaires répondront toujours plus nombreux à l'appel. 

A l'heure où, en Allemagne, on ose enfin interdire les manifestations néo-nazies, l'inaction en France devient de plus en plus criante. 

MEMORIAL 98

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