mardi 26 mars 2019

Face à la dictature chinoise: soutien aux combattants de la liberté


La visite de Xi Jinping en France ainsi qu’en Italie et à Monaco se déroule dans une atmosphère fastueuse : dîner privé avec le couple présidentiel, visite à l’Arc de Triomphe, dîner d’État a l’Élysée... 

Les signatures de contrats s’enchaînent, les Airbus s'envolent,  on se congratule et, selon Macron, on aborde même les droits fondamentaux et quelques cas individuels de répression .

La dictature chinoise est ainsi validée, alors que Xi a ouvert la voie à son propre règne à vie.
Le régime qu’il dirige met en place un contrôle de tous les instants de la population; en utilisant notamment l’ « intelligence artificielle » et la reconnaissance faciale ainsi que les caméras omniprésentes. La peine de mort fait des milliers de victimes. La presse est totalement bâillonnée, plaçant la Chine au 176e rang de la liberté de la presse sur 180 pays, et le régime a lancé une vaste offensive afin de peser sur les médias à l'échelle mondiale.  
De plus, depuis plus d’un an, les autorités chinoises mènent une intense campagne d’internements en masse, de surveillance intrusive, d’endoctrinement politique et d’assimilation culturelle forcée à l’encontre des Ouïghours, des Kazakhs et autres groupes ethniques majoritairement musulmans vivant dans la région du Xinjiang. Environ un million de personnes, musulmanes pour la plupart, sont détenues dans des camps d’internement dans un but de « rééducation ».
 
La complaisance et la lâcheté des gouvernements et dirigeants français à l'égard de la dictature chinoise et leur mépris à l’égard des un milliard et demi de Chinois ont été constants et le demeurent . 
Chirac, Sarkozy et Raffarin ont constamment porté cette complaisance, le dernier a de plus monté un immense business d'intermédiaire et de lobbyiste pour les patrons des deux pays.

En mai 2018 François Hollande rend visite et hommage à son "vieil ami" le  dictateur chinois Xi. Le 24 mai, alors qu’il visite une usine Airbus  il explique aux journalistes français qui l’accompagnaient qu’il est «  admiratif de la vision longue qu’ont les dirigeants chinois »
Alors que Xi Jiping a ouvert la voie à un règne à vie, ces louanges à la dictature revêtent une résonance sinistre.   
Lors de sa visite présidentielle en Chine en avril 2013, le même Hollande avait déjà "renoncé" à mentionner le nom du prix Nobel  Liu Xiaobo emprisonné afin de ne pas fâcher la dictature.
Hollande s'inscrit ainsi dans la longue lignée des politiciens français qui font silence sur la répression féroce qui règne dans ce pays et qui est exercée au nom du "marxisme".


                                      Manifestation pour Liu Xiaobo à Hong-Kong

Macron poursuit dans la même direction: ainsi le lendemain de la mort en détention de Liu Xiaobo, le 14 juillet 2017, il tenait une conférence de presse conjointe à Paris avec Donald Trump. Il s'agissait alors de mettre en scène leur amitié. 
Interrogés par un journaliste chinois sur leurs impressions à propos du "président" chinois (non élu)  Xi Jinpeng, ils célébrèrent « un des grands leaders de notre monde » (M. Macron), « un ami, un leader de talent, un homme très bon » (M. Trump), mais n’ont pas eu un mot pour dénoncer la mort d’un Prix Nobel de la paix en détention. Emmanuel Macron s'est contenté d'un tweet de 131 signes pour réagir à cette mort.  Même Barack Obama, qui a lui-même reçu le prix Nobel en 2008, un an avant le démocrate chinois, ne s’est  jamais engagé pour lui. En revanche le comité Nobel norvégien avait  déclaré que la Chine portait "une lourde responsabilité" dans la mort "prématurée" de Liu Xiaobo en le privant de soins médicaux adaptés.

Le "modèle chinois", de capitalisme contrôlé par la dictature du Parti Communiste (!)  chinois représente un rêve pour de nombreux gouvernants et patrons à travers le monde: pas de démocratie, pas d'élections, pas de syndicats indépendants, pas de presse libre, pas de lois protectrices, pas de liberté d'expression, Internet contrôlé. Serge Dassault grand patron ultra-libéral et autoritaire indiquait ainsi  "Les Chinois, ils travaillent 45 heures, ils dorment sur place dans leurs usines, ils font des bons produits pas chers."


Le 4 juin prochain marquera le 30e anniversaire du massacre de la place Tienanmen. 


Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, soldats et blindés avaient mis fin par les armes au mouvement des étudiants qui occupaient depuis un mois et demi la place Tienanmen, au cœur de Pékin. 
Les manifestants réclamaient la fin de la corruption et une ouverture démocratique.
                                                Sur la place Tienanmen
  
Le bilan de cet assaut était généralement évalué à un millier de morts mais de nouvelles révélations se sont faites jour sur l'ampleur de la répression. Un rapport de l'ambassadeur de Grande-Bretagne mentionne plusieurs milliers de  morts en une nuit, des cadavres "en pâte" sous les blindés et des manifestants achevés à la baïonnette par l'armée, confirmant ainsi les photos prises sur place et publiées par des journalistes ( voir ci-dessus). Le régime chinois, qui impose un tabou absolu sur cette période, avait de son côté affirmé fin juin 1989 que la répression des "émeutes contre-révolutionnaires" avait fait 200 morts chez les civils et "plusieurs dizaines" du côté des forces de l'ordre. 

"Chaque année lorsque nous voulons commémorer (nos proches), nous sommes contrôlés, placés en résidence surveillée, ou éloignés de chez nous", déplorent les "mères de Tiananmen", une association regroupant des parents ayant perdu un enfant lors de la répression. En 2018 elles déclaraient  dans une lettre ouverte adressée à Xi Jinping et diffusée par l'ONG Human Rights in China. 
"En tant que dirigeant d'un grand pays, vous n'êtes certainement pas insensible au massacre qui s'est déroulé il y a 29 ans, ni aux familles de victimes", Le Parti communiste chinois (PCC) présente toujours officiellement les manifestants de la place Tiananmen comme "une petite minorité de personnes ayant provoqué des troubles contre-révolutionnaires". 
"Alors que nous sommes au soir de notre vie, nous espérons assister un jour, avant notre mort, à la réhabilitation de nos proches", expliquent ces "mères de Tiananmen" à Xi Jinping. "Nous avons toujours trois revendications: la vérité, des indemnisations et l'établissement des responsabilités.

La révolte démocratique de 1989 et sa répression restent l'un des sujets les plus tabous en Chine. Il sont bannis des livres, des manuels scolaires, des films et sont censurés sur les réseaux sociaux. Chaque année le 4 juin, la plateforme chinoise de microblogs WeChat empêche ainsi ses usagers d'échanger des sommes d'argent pour 89,64 ou 64,89 yuans, montants faisant allusion à la date du 4 juin 1989.       

A l’approche du 30e anniversaire de la révolte en juin prochain, l’appareil de censure chinois resserre les rangs pour empêcher toute mention et commémoration de l’évènement sur Internet.
Des arrestations de défenseurs des droits de l’homme  sont à craindre en amont de cette date. 
Une mobilisation est donc nécessaire afin de soutenir ceux et celles qui combattent pour la justice et la démocratie.
 Des résultats peuvent être obtenus dans ce domaine, comme l'a montré la libération de la poétesse Liu Xia, veuve du prix Nobel Liu Xiaobo, suite à une position ferme des autorités allemandes qui ont constamment exigé qu'elle puisse se réfugier dans leur pays. A l'inverse l'attitude des autorités françaises se caractérise par un silence honteux: symboliquement, Mme Macron a été désignée comme " marraine" des pandas offerts par le régime chinois à un zoo français et a gardé le silence total sur le sort de Liu Xia  

 
Face à l’alliance mondiale de soutien à la dictature chinoise, nous devons être plus que jamais aux côtés de ceux et celles qui combattent pour les libertés démocratiques, la justice sociale, le droit à la santé, les droits des femmes et des LGBTQ,  les droits des minorités notamment au Tibet et au Xinjiang (population Ouïgour) et alertent sur le sort des personnes disparues. 



MEMORIAL 98 

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