Après la manifestation parisienne du dimanche 11 janvier 2015 suite aux attentats des jours précédents - dont la prise d'otage antisémite d'Amedy Coulibaly dans une épicerie casher à Porte de Vincennes, qui a fait 4 morts - Dieudonné a déclaré notamment : "je me sens Charlie Coulibaly"
Dieudonné multiplie décidément les provocations : il affirme ainsi son soutien à l’assassinat de
Michel Saada, Yoav Hattab, Yohan Cohen, Philippe Braham, tués par Coulibaly, parce que juifs.
Dieudonné n'a pas dit "Je suis Ahmed Coulibaly", il n'a pas dit "Je
suis Charlie Kouachi", il a bien choisi ses mots.
Il joue à la fois sur
le mot d'ordre très ambigu "défense de la liberté d'expression" et sur
l'antisémitisme qui n'a pas disparu, et qui fait qu'une partie des gens
se sent solidaire de Charlie Hebdo, mais ne se sentait pas
particulièrement touchée par exemple par la tuerie commise par Merah.
Quelle ambiguïté y a-t-il dans la défense de la liberté d'expression ? Celle qu'il y a à chaque fois que le camp fasciste s'empare d'un terme, celle qu'il y a à ne pas préciser de quoi on parle.
La
liberté d'expression, ce n'est pas débiter ses histoires un peu
racistes, un peu homophobes, un peu antisémites, un peu sexistes, sans
que personne ne puisse y trouver à redire, ou vous demander des comptes. Ce n'est pas se vautrer
dans la jouissance débridée et mortifère des paroles de haine, de
l'oppression et de la déshumanisation des minorités
Comme toute liberté, elle implique des responsabilités. Pour ceux qui prennent la parole, comme pour ceux qui écoutent, et répètent.
Le
parquet poursuit Dieudonné pour apologie du terrorisme pour la seconde fois.
Mais il devrait aussi et surtout être poursuivi sur la base de la législation
antiraciste, pour incitation à la haine raciale contre les Juifs. Nous
avons une excellente législation antiraciste, qui a la qualité de ne
pas faire partie d'un arsenal d'exception, contrairement aux lois
antiterroristes, il convient de s'en servir, voilà tout.
Bien évidemment la défense de Dieudonné face à l'accusation d'apologie du
terrorisme sera de dire "puisque j'ai dit je suis Charlie, je combats
le terrorisme, et j'ai dit je suis Coulibaly, parce que je suis noir
et que je me bats contre l'assimilation de tous les Coulibaly avec les
terroristes", et ainsi de suite.
Et parce que la justice n'est qu'un outil parmi d'autres, il appartient à tous les antiracistes de se mobiliser, dans les procès, dans la rue, au quotidien, sur les réseaux sociaux...
Il
faut aussi bien se souvenir de la position de Dieudonné au niveau
international, puisqu'il fait référence à un terroriste qui se revendique du califat de l'Etat Islamique.
En août 2014, il poste une vidéo sur James Folley (journaliste américain décapité par l'Etat Islamique) dans laquelle il déclare que « La décapitation symbolise le progrès, l'accès à la civilisation »). Mais cela ne doit pas faire oublier qu'il
est un fervent soutien d'Assad et que lui et les siens, comme
l'extrême-droite du FN ont dénoncé Daesh depuis très longtemps....pour
faire oublier la révolution syrienne qui combattait à la fois Assad et
Daesh.
Et il devient vital de mettre l'analyse de ce qui
se passe en Syrie au premier plan aujourd'hui, c'est malheureusement un
des enseignements qui seront sans doute des plus négligés comme ils
l'ont été depuis trois ans, alors que la propagande djihadiste, elle, a
su utiliser les massacres commis par Assad
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