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lundi 25 janvier 2016

Radicalisation : les néo-nazis armés désormais présentés comme des victimes.

La banalisation du néo-nazi ordinaire vient de passer un nouveau cap ce week-end: le voici devenu dans les médias " riverain excédés" .

Gaël et David sont deux militants calaisiens de l'extrême-droite la plus fanatique et la plus assumée: sur le profil Facebook du père et du fils que des militants antifascistes ont trouvé en quelques clicks, les deux compères affichent leurs tatouages "runiques" et leurs drapeaux nazis ( photo du fils ci-jointe).Comme le dit benoîtement l'un des deux aux journalistes, "ils sont de toutes les manifs". Avec leur Kamarade Kevin Rèche, fondateur du groupe fasciste " Sauvons Calais", et lui même tatoué de symboles nazis.
Ce sont aussi des militants armés. Qui, samedi ont sorti leur fusil et visé ostensiblement des migrants et leurs soutiens qui manifestaient. S'ils n'étaient pas néo-nazis, on les eût facilement, en cette période d'état d'urgence, qualifiés de terroristes. Ils auraient sans nul doute passé les dernières quarante-huit heures en garde à vue et les mois suivants en prison.

En lieu et place, ils se répandent comme "victimes" dans les médias, qui font la publicité de leur page de soutien , relayée sur le site de Soral "Égalité et Réconciliation" et sur Fdesouche. Page, qui pour d'autres que des néo-nazis aurait sans doute valu une inculpation pour "apologie du terrorisme" à ses auteurs et aurait été fermée sur ordre du Ministère de l'Intérieur. On notera d'ailleurs que parmi les premiers et actifs soutiens des néo-nazis au fusil, l'on trouve Damien Rieu, de "Génération Identitaire", jamais condamné à ce jour pour l'attaque contre la mosquée de Poitiers, et dont les troupes ont attaqué un centre d'accueil des réfugiés l'automne dernier, en région parisienne.

Mais que les antiracistes s'estiment heureux, la police a tout de même confisqué l'arme.

Cela ne chagrinera pas la mouvance calaisienne néo-nazie outre mesure. Il suffit de compter le nombre d'opérations commando menées par des hommes cagoulés contre les migrants, ces ratonnades de nuit qui durent depuis des mois, sans que jamais on n'en retrouve les auteurs. Il suffit de regarder ces vidéos diffusées par des militants antiracistes, qui montrent les milices d'extrême-droite intervenir aux côtés de la police lors d'opérations répressives dans les bidonvilles où survivent des femmes, des hommes, des enfants traités comme des sous-hommes. Un fusil de plus ou de moins, ce n'est pas grand-chose pour cette mouvance là.

Surtout quand exhiber ce fusil aura permis de susciter la compassion médiatique, et donc une immense victoire politique: lorsque le néo-nazi devient voisin légitimement exaspéré, il sait que ses cibles peuvent trembler, car elles sont désormais laissées à sa vindicte, en toute impunité.

Et puis les armes, elles tournent, dans cette mouvance là, à peu près tranquillement. Quelques affaires émergent parfois, comme des exceptions qui confirment la règle de l'impunité. Ainsi, pour donner une caution de gauche à l'état d'urgence, le Ministère de l'Intérieur a-t-il fait bruyamment et administrativement Christophe Lavigne et son père, deux autres néo-nazis, qui avaient à leur domicile 200 Kilos de munitions. Mais ces munitions, Lavigne n'aurait jamais du pouvoir les collecter en paix, et si les services de renseignement ont besoin de l'état d'urgence pour les confisquer, c'est bien, qu'en temps ordinaire, rien n'est fait contre les terroristes d'extrême-droite: car Lavigne était parfaitement connu. Interpellé pour un projet d'attentat contre la mosquée de Vénissieux, la veille de passer à l'acte, il a obtenu une relaxe, bien qu'il ait été reconnu coupable de l'incendie de la mosquée de Libourne. Ce qui attestait de sa capacité d'aller jusqu'au bout de ses idées.

Quant à Claude Hermant, compagnon de route de Serge Ayoub, militant historique de l'extrême-droite extra-parlementaire, il aura manifestement pu trafiquer des armes en toute impunité pendant des années avant d'être enfin interpellé. Un de ses derniers marchés a consisté à procurer les armes qui ont servi à Amedi Coulibaly pour les attentats de l'Hypercacher et de Montrouge.

A Reims, c'est un trafic d'armes animé par des notables locaux et un ancien candidat du FN qui a été mis à jour

De même, juste après les attentats de novembre, Enis se faisait tirer dessus par trois individus, à la sortie d'un kebab à Cambrai, dont l'un se suicidera après son acte: des néo-nazis, encore, et une tentative d'assassinat qui n'a pas fait couler beaucoup d'encre.

Toutes ces affaires jusqu'ici étaient évoquées par les médias en mode "fait divers": jamais d'enquête fouillée sur les liens entre elle et leurs auteurs, jamais de détails sur la mouvance auquels il appartiennent et leur degré d'engagement. Jamais d'interrogations sociologiques, jamais de mise en cause de l'extrême-droite parlementaire et du FN. Pourtant, il ne faut pas chercher bien loin les amis des néo-nazis: un des assistants parlementaires de Marion Maréchal Le Pen a du reconnaître récemment avoir aidé l'un d'eux en fuite après des tabassages il y a quelques années. Imagine-t-on le scandale qu'aurait déclenché le soutien de n'importe quel député à un militant même peu actif de l'intégrisme musulman ?

Avec l'affaire de Calais, la banalisation vient de franchir un nouveau cap, puisque désormais des néo-nazis armés sont présentés comme des victimes.

Ce n'est pas autre chose qu'un encouragement à aller plus loin,très vite. D'ailleurs , les néo-nazis ne s'y trompent pas qui, dressent des listes de militants antifascistes à attaquer sur leurs forums. En toute quiétude une fois encore.

Ils ont bien raison: il y a quelques temps, Memorial 98 avait écrit au Délégué Interministériel au Racisme et à l'antisémitisme, pour lui signaler une page ouverte contre l'accueil des migrants à Sernent. Sur cette page, des commentaires négationnistes, des appels au meurtre et au tabassage cohabitaient avec la dénonciation nominative d'habitants du village soutenant le projet d'accueil des migrants. Parmi les néo-nazis qui s'exprimaient sur ce forum, ceux d'ADSAV, : ceux-là même qui avaient été autorisés à manifester en Bretagne le lendemain de la proclamation de l'état d'urgence , et avaient à cette occasion paisiblement ratonné dans les rues. Ils ont recommencé à Quimper ce week-end, s'attaquant en bande à des militants antiracistes. Ils auraient eu tort de se priver puisque personne ne les en empêche.

On pourrait conclure en disant que les politiques et les médias regretteront leur passivité le jour où il y aura des morts. Mais Clément Méric a été tué par des néo-nazis qui sont aujourd'hui en liberté dans l'attente d'un procès dont plus personne ne parle et des torrents de boue ont été déversés sur sa mémoire dès le lendemain de sa mort, où les chaînes d'info ont invité Serge Ayoub en direct pour déverser sa haine.

Finalement, il y aura bien eu un procès aujourd'hui à Calais: celui des migrants et de leurs soutiens arrêtés pour avoir symboliquement occupé un ferry.

Et sans doute la seule note d'espoir est-elle l'existence de ces militantEs extraordinaires, migrants des bidonvilles et leurs soutiens qui agissent sans trève depuis des années, malgré l'effroyable répression dont ils sont victimes, malgré les tonnes de boue que les médias et les politiques déversent à leur encontre.

"No border", disent-ils , et simplement le dire expose à tous les dangers dans un pays où les apprentis-terroristes néo-nazis agissent en toute liberté, tandis que le gouvernement frappe ceux qui les combattent et défendent des valeurs de gauche.

Contre le terrorisme d'extrême-droite, la voix antiraciste est bien seule, mais elle est là, en actes, à soutenir et à relayer.

samedi 10 octobre 2015

Sérent: les anti-migrants harcèlent la mairie, faisons les taire.

" Il faut les mettres au four" ( sic). Voilà où en sont les menaces sur la page " Pas de migrants à Serent", page dont l'animateur se disait " pas d'extrême-droite" au journal Le Télégramme , il y a quelques jours. Si peu d'extrême-droite qu'il poste entre autres des vidéos du site proche de Soral "Independenza Web Tv".  Quant au maire de Sérent (56), les propositions d'attaque à son encontre postées sur la page vont des œufs pourris au pétage de gueule. 

Il y a pas mal de monde sur cette page, alors qu'il s'agit d'un sujet local concernant une commune de 3000 habitants. Le maire et l’État envisagent d'y installer quelques familles de réfugiés dans un bâtiment public vide. Sur place, le projet ne rencontre pas une opposition démesurée, moins de trente personnes ont participé au premier rassemblement organisé par le FN, et beaucoup évidemment étaient des militants départementaux d'extrême-droite. 

Mais la page en question a été relayée dès sa création dans les réseaux de l'extrême-droite française, et on y trouve donc même des fascistes canadiens. Depuis quelques jours, le maire et les salariés de la mairie subissent une campagne d'intimidation d'envergure nationale: mails et coups de fils menaçants et insultants se multiplient, puisque la page Facebook, relayée par le principal site d'extrême-droite Fdesouche, par Résistance Républicaine satellite de Riposte Laïque et autres pages identitaires, a appelé au harcèlement. 

L'objectif de la campagne est double: faire peur aux habitants en leur présentant les migrants comme un problème et un danger direct. Mais aussi faire craindre aux autorités des troubles à l'ordre public ainsi que l'attaque des réfugiés et de leur lieu d'installation éventuel afin de faire annuler le projet. 

Ces craintes ne sont d'ailleurs pas infondées: les esprits s'échauffent sur la page,et les commentaires appelant à démolir les migrants ou prédisant que "la maison des migrants va pas durée longtemps" ( sic ) sont applaudis, de même que ceux appelant à les pendre eux et le maire " aux crochets d'un abattoir".



En Allemagne, cette ambiance de surchauffe haineuse sur les réseaux sociaux aboutit à des attaques incendiaires contre les centres de réfugiés, mais aussi à des campagnes d'intimidations musclées contre les élus qui veulent accueillir des migrants. En France, à Calais, des commandos armés véhiculés tabassent régulièrement des migrants

Le raciste qui a créé la page " Pas de migrants à Serent" et ses collègues de la France entière ont déjà marqué un point: les médias titrent "Polémique à Sérent" , alors que la "polémique" est en réalité une campagne concertée menée par l'extrême-droite, du FN aux néo-nazis assumés. Une campagne qui ne se fonde pas sur une réalité locale, mais sur la puissance des réseaux fascistes extérieurs. 

Mais le mouvement de solidarité avec les migrants est aussi puissant , notre seule faiblesse étant notre manque d'organisation. Les seuls combats perdus d'avance sont ceux qui ne sont pas menés. 



Premier objectif: faire fermer cette page de haine raciste, qui appelle ouvertement à mettre les gens au four. Signalons là massivement à Facebook. Il suffit de se rendre sur la page ( https://www.facebook.com/pasdemigrantaserent ) puis de cliquer sur le signe    visible sur l'en-tête de la page, apparait alors un menu, cliquer sur "Signaler" et suivre les indications. 

Et ne nous arrêtons pas là: à l'heure où le gouvernement déclare souhaiter créer de nouveaux instruments légaux contre le racisme, exigeons qu'il mobilise déjà les outils existants. Pourquoi l'auteur d'une page qui appelle à tuer des migrants ou à tabasser un élu n'est-il pas inquiété immédiatement, ainsi que les commentateurs qui menacent ouvertement et en utilisant leur vrai nom ?
Posez la question à la plateforme de signalement internet du gouvernement en joignant notre article: il suffit de cliquer ici.

Puis tenez au courant des réponses que vous recevez en nous contactant memorial.infos@gmail.com ou sur Facebook .

https://www.facebook.com/serentterredaccueil
ET soutenez le collectif "Serent Terre d'accueil", qui organise samedi 17 octobre à 14h30 un rassemblement pour l'accueil des réfugiés devant la mairie. Leur page Facebook est ici, à liker sans modération


Les braillements de haine se renforcent avant tout lorsque le silence les entoure. A Sérent, comme ailleurs, ne laissons pas le racisme triompher. 

mardi 1 septembre 2015

Pour une grande mobilisation de soutien aux réfugiés, migrants et sans papiers.

Dans plusieurs pays d'Europe se déroulent d'importantes manifestations de soutien aux réfugiés et migrants.
 A Vienne en Autriche, le  lundi 31 août  20 000 personnes ont manifesté. 
En Allemagne, des centaines d’initiatives de soutien aux réfugiés se déroulent un peu partout dans le pays dont les manifestations dans les stades, à Dresde (place forte du mouvement xénophobe Pegida), dans les journaux, par des initiatives concrètes d'accueil. 
Sous la pression, Angela Merkel est amenée à faire des déclarations comme celle-ci: "Quelle honte que des réfugiés syriens fuyant la guerre et l'oppression soient accueillis chez nous par les cris racistes de braillards ivres". 
Les médias manifestent leur surprise face à cette mobilisation en Allemagne. Ils ont déjà oublié les grandes chaines humaines qui avaient mobilisé des centaines de milliers de personnes dans ce pays contre les crimes racistes des années 90.
 Ils méconnaissent le travail quotidien d’associations de défense des réfugiés comme Pro-Asyl. Ils ignorent que parmi les supporters des clubs de foot existe aussi une forte tradition anti-fasciste.

Malgré les politiques répressives des gouvernements et le matraquage médiatique sur la "submersion" par les réfugiés c'est dans toute l'Europe que des collectifs locaux, des associations mettent en œuvre des actions de solidarité pratique et modifient les rapports de force.  Dans un petit pays comme l'Islande (330000 habitants), le gouvernement a indiqué qu'il recevrait uniquement une "poignée" de réfugiés au titre des quotas, mais plus de 10000 personnes se sont déjà engagées à accueillir des réfugiés. 

Il faut maintenant que s'exprime ouvertement en France, dans toutes les villes, un large mouvement de soutien aux migrants, réfugiés, exilés, sans-papiers. 
Oui, toutes ces catégories et toutes ces dénominations car l'égalité ne se divise pas. On ne peut pas d'un côté, proclamer une ouverture aux réfugiés et d'autre part laisser dans la totale précarité des sans-papiers présents ici depuis des années.  
Il y a quelques semaines s'est exprimé le soutien aux exilés de La Chapelle à Paris et on a pu y constater une grande détermination et l'apparition d'une nouvelle génération de personnes mobilisées. Maintenant une autre situation nouvelle s'est créée à l'échelle de l'Europe et la mobilisation est donc d'un autre niveau. 
De très nombreuses personnes désirent manifester leur opposition au racisme et à la manière dont sont (mal)traités en France les migrants et réfugiés et exprimer leur solidarité envers ces derniers.

Une grande mobilisation est donc à l'ordre du jour dans tous le pays avec tous les groupes, collectifs, associations, organisations de soutiens et tous ceux et celles qui en ont assez de voir parader dans les médias le FN et Les Républicains, les Sarkozy, Estrosi et Bruno Le Maire,  ceux et celles qui veulent voir enfin les partis qui se réclament de la gauche mettre en œuvre une réelle politique d'ouverture et d'accueil. 
A Paris, à Calais, à la Courneuve , à Vintimille et dans toutes ces villes et bourgades où au quotidien on attend que s'affirme un rapport de forces. C'est dans la rue  que doit s'exprimer la participation au grand mouvement européen de solidarité. Le temps presse.




Ci-dessous quelques-unes des images venues d'Allemagne et qui se diffusent massivement " Les réfugiés sont les bienvenus" ainsi que l'appel du  journal allemand à très grande diffusion "Bild", qui s'est illustré dans le passé par des articles xénophobes. Il lance cette fois-ci une campagne "Wir Helfen" (nous aidons), de soutien aux réfugiés et reprend même le sigle "Refugees Welcome". Un témoignage supplémentaire de la situation dans ce pays.


MEMORIAL 98


mardi 25 août 2015

Aux côtés des migrants: nombreuses intiatives de solidarité en France et en Europe


Alors que les migrants sont l'objet de tractations entre les gouvernements et que certains régimes comme celui de Macédoine utilisent la violence et la répression contre ceux et celles qui tentent de trouver leur salut (et qu'aident des bénévoles locaux), on assiste heureusement à une importante vague d'actes de solidarité et de soutien en leur direction, dans différents domaines. Il ne s'agit nullement de teinter en rose une réalité très dure, dans laquelle politiques répressives des gouvernements et les courants xénophobes se nourrissent mutuellement et prospèrent, mais de montrer un autre aspect de la réalité, dans laquelle nous nous inscrivons pleinement.

Une petite partie de ces actions peu connues est répertoriée ci-dessous.    
Nous débutons en Autriche: une "minute de silence" (Schweigeminute en allemand)  mise en ligne par un artiste autrichien en signe de protestation contre la politique de traitement des réfugiés en Europe, est en tête des classements iTunes en Autriche. Le morceau commence même à être « diffusé » sur des radios nationales.
« Cette minute de silence, c’est une façon de pirater les médias, tout cela combiné avec une levée de fonds. On utilise les classements et les plateformes de téléchargement pour adresser un grand signe de solidarité et d’opposition », déclare Raoul Haspel, l’auteur de Schweigeminute, qui a annoncé vouloir reverser les gains à un camp de réfugiés nommé Traiskirchen, au sud de Vienne.

En Hongrie toute proche, les quelque 440 000 festivaliers qui ont participé au Sziget Festival ont été invités à donner leurs tentes et leurs sacs de couchages. Utilisés pour camper le temps du festival, ils sont, d’habitude, jetés à la fin de l‘évènement. Mais pas cette année : des centaines de dons ont ainsi pu être redistribués à des réfugiés.
Depuis le début de l’année, plus de 100 000 demandeurs d’asile sont arrivés en Hongrie, étape incontournable pour les Syriens et les Afghans qui traversent l’Europe direction la Scandinavie ou l’Allemagne. Beaucoup dorment dehors, dans les parcs ou les gares.
L’initiative du Sziget Festival constitue un pied-de-nez aux mesures anti-migrants du gouvernement de droite radicale de Viktor Orban, qui a notamment érigé une clôture de quatre mètres de haut à la frontière avec la Serbie pour empêcher les réfugiés de passer.

En Italie, on connait les arrivées d'immigrés en provenance d'Afrique sur les côtes italiennes de Lampedusa et les nombreux sauvetages par les ONG, les gardes-côtes, les pêcheurs, des marins de passage . Beaucoup de ces migrants vont ensuite demander l'asile politique en Italie. En Calabre, un petit village s'est fait une spécialité de l'accueil des immigrés : Riace. Son maire a même été désigné "troisième meilleur maire du monde" pour son sens de l'hospitalité. 

Dans le même esprit,  le 25 juin dernier, le conseil municipal du Vigan, petite ville des Cévennes gardoises de 4000 habitants qui a subi une grave crise suite à la fermeture des usines de textile,  a voté à l'unanimité l'accueil de trois familles réfugiées syriennes et irakiennes. Elles seront installées dans les logements communaux d'ici quelques mois
 "4 millions de personnes ont dû fuir à l'extérieur. Une partie a été accueillie au Liban, en Turquie, en Irak et en Jordanie, mais ça ne suffit pas", souligne Jacqueline Tardieu, secrétaire adjointe du groupe Amnesty International  Cévennes. Le Haut commissariat aux réfugiés a ainsi lancé un appel aux pays du monde entier. En France, 500 réfugiés syriens seulement ont été accueillis en 2014. A titre de comparaison, l'Allemagne a reçu 70 000 Syriens, et la Suède 30 000.
au Secours catholique qui met en œuvre un atelier vélos afin d' offrir aux migrants une possibilité d'autonomie dont rend compte la presse locale.

C'est une Europe de la solidarité qui se construit à travers de ces initiatives et nous soutenons pleinement cette émergence en les faisant connaître, en participant aux manifestations et aussi en aidant une famille Rom particulièrement en difficulté.   

samedi 22 novembre 2014

Calais : manifestation de réfugiés soudanais à la rue pour les droits des femmes

Leçon de démocratie et de solidarité donnée une nouvelle fois par les migrants de Calais : si nous étions à la rue, trouverions nous la force d'organiser une manifestation pour les droits des femmes, suite aux exactions commises au Soudan par l'armée de la dictature ?
Et bien les Soudanais de Calais l'ont fait ce 21 novembre, et on devrait se promettre tous et toutes d'y penser la prochaine fois qu'on hésitera à aller à une manifestation pour le respect des droits humains sous prétexte que "ça ne sert à rien" ou que " personne ne nous écoute".


https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2014/11/21/face-a-la-violence-les-exiles-reinventent-la-democratie/

dimanche 16 novembre 2014

Solidarité avec les migrants à Calais : des militantes visées par des attaques sexistes à répétition

La page facebook de Calais, Ouverture et humanité signale des posts sur Sauvons Calais, notamment ceux d'un certain P "tenant des propos diffamants et injurieux à l’égard de femmes dont le tort est d’apporter de l’aide aux migrants… (Voir photo publiée sur notre page, le 13 novembre dans l’album « Edifiant ! »). Dans une autre de ses publications, ce monsieur écrivait que si une femme qui soutient les migrants (en citant encore nos noms et prénoms) se faisait agresser sexuellement, ça le ferait «rigoler»."

A Calais, comme dans toutes les luttes de solidarités avec les migrantEs, les militantEs sont doublement la cible de la vindicte fasciste: en tant qu'antiracistEs et en tant que femmes.
Objet sexuel, objet économique, objet identitaire et patriotique, propriété passive du mâle dominant, dans l'imaginaire fasciste la femme doit appartenir ou périr comme traître ultime.
De Soral au Bloc Identitaire, l'obsession viriliste, la dénonciation de la femelle qui se livre à l'étranger ou au Juif est une constante.
 

On aurait tort de considérer ce qui se passe à Calais comme le fait de quelques nazillons sans représentativité: les fantasmes de viol et de meurtre des "salopes" qui couchent avec l'Ennemi sont un des motifs récurrents des discussions entre frontistes ou soraliens sur le net, et l'impunité dont ces discours bénéficient ne peut qu'aboutir à la dénonciation nominative de certaines d'entre elles, mais aussi au passage à l'acte.

Respect aux femmes en lutte qui leur font face.

mercredi 5 novembre 2014

Se souvenir des migrants morts à Calais, parce que l'indifférence tue notre humanité

Nous reprenons ici la liste des victimes à Calais de la fermeture des frontières, dressée par le site Passeurs d'hospitalité, un site qui recense au quotidien ce que vivent les migrants à Calais, ce qui se joue derrière les annonces ministérielles et les règlementations.
Alors que le Ministre de l'Intérieur annonce l'ouverture d'un centre d'hébergement de jour, mais surtout des renforts policiers pour démanteler les filières de passeurs et expulser les sans-papiers, le site Passeurs d'hospitalité explique que les policiers sont loin d'être en sous-effectifs. Les CRS affectés à Calais étaient 80 en 2012, ils sont aujourd'hui 350 et attendent une centaine d'agents en renfort !


Ils sont morts, ici, à Calais, depuis un an, parce qu'ils voulaient passer une frontière. Ce n'est pas pour préserver leur humanité qu'il faut se souvenir d'eux
C'est pour préserver la nôtre, qui s'effrite un peu chaque jour, usée par nos indifférences.

Robiel Habton, 24 ans, venu d’Érythrée, mort le 9 octobre 2013 en essayant d’entrer dans le port à la nage.

Yemani Gebrenegous Eokbo, venu d’Érythrée, mort dans la nuit du 9 au 10 décembre 2013 d’une maladie cardiaque chronique, alors qu’il ne réussissait pas à obtenir à Calais le traitement dont il avait besoin.

Un exilé, 17 ans, venu d’Iran, mort dans la nuit du 30 au 31 janvier 2014, fauché sur l’autoroute, le chauffeur ne s’est pas arrêté.

Un exilé, 30 ans, venu d’Iran, mort dans la nuit du 2 au 3 février 2014, tué d’un coup de fusil.

Un exilé, une vingtaine d’années, venu d’Albanie, mort le 9 mars d’un coup de couteau sur un parking d’autoroute au sud de Calais.

Mesfin Germa, venu d’Éthiopie, mort le 12 mars 2014 fauché par un véhicule sur l’autoroute, le chauffeur ne s’est pas arrêté.

Senay Berhay, venu d’Éthiopie, retrouvé mort dans le canal le 14 mars 2014, il avait disparu et ses amis le cherchaient depuis plusieurs jours.

Un exilé, venu d’Éthiopie, mort le 15 mars 2014 écrasé sous le chargement du camion qui l’emmenait dans la mauvaise direction.

Mengs Mehdane, 16 ans, venu d’Érythrée, mort le 5 mai 2014 en sautant du camion qui l’emmenait dans la mauvaise direction.

Youssef Haroun, 18 ans, venu du Soudan, mort le 23 mai 2014 en essayant de se glisser sous un autocar sur un parking.

Ahmed Abdallah, 16 ans, venu du Soudan, mort le 23 juillet sur le sol britannique en tombant du bus sous lequel il était caché.

Un exilé, venu du Soudan, mort le 26 septembre 2014 noyé dans le canal lors d’une bagarre.

Sara, 16 ans, venue d’Éthiopie, morte dans la nuit du 20 au 21 octobre 2014 fauchée par une voiture sur l’autoroute.

Un exilé, venu du Soudan, mort le 22 octobre 2014 en sautant d’un pont sur un camion.

Afom, 26 ans, venu d’Érythrée, mort le 25 octobre 2014 après neuf jours de coma, il avait été renversé par une voiture quand il revenait du commissariat de Coquelles après une arrestation.


samedi 25 octobre 2014

A Calais, des manifestants appellent à "stopper le front de la haine", lors de la visite de la présidente du FN

Le 24 octobre 2014, le Front National est présent à Calais, alors que dans les médias on parle des "violences inter-migrants" et qu'on annonce des renforts policiers pour la ville, justement après des manifestations organisées notamment par certains syndicats représentants les forces de police.

Marine Le Pen avait réuni une centaine de sympathisants et militants autour d'elle pour assurer la claque et impressionner les opposants ; mais malgré tous ses efforts, les médias mentionnent tous les slogans antiracistes " Halte à la haine", "Solidarité avec les migrants" ou "Pas besoin de haine pour résoudre nos problèmes" qui ont émaillé sa visite médiatique à Calais.

Ce n'est jamais simple d'oser crier et interpeller les responsables politiques en balade, mais c'est encore bien plus dur quand il s'agit de la présidente du FN entourée de ses gros bras.
Alors, on salue bien bas les courageux et les courageuses qui font vivre l'antiracisme dans le réel !

Lors de cette visite, Marine Le Pen a présenté les propositions du Front National sur le sujet : « Renforcer considérablement les critères du droit d'asile » et pour les réfugiés déboutés, « les renvoyer chez eux, même dans des pays en guerre »

dimanche 12 octobre 2014

Contre la traque des migrants en Europe !

Du 13 au 26 octobre 2014, tout juste un an après le drame de Lampedusa, différentes polices des États de l’Union Européenne procèderont à des contrôles massifs dans l’espace Schengen, jusqu'aux frontières extérieures.
Nous reproduisons ci-dessous en fin d'article la déclaration commune des organisations de défenses des droits de l'homme regroupées dans le collectif Frontexit.

Cette opération s'intitule "Mos maiorum", d'une expression latine signifiant "coutume des ancêtres", et  désigne dans l'antiquité romaine le mode de vie et le système des valeurs ancestrales, par opposition à un présent jugé décadent.

Selon le site allemand Heise, l'opération concernera principalement les transports : gares, autoroutes, aéroports... La note du Conseil de l'Europe sur la mission est reproduite en anglais sur le site Statewatch.

Les opérations de contrôle des migrants sont devenues courantes au sein de l'Union Européenne. Elles se déroulent environ tous les 6 mois, sous la houlette des Etats qui tiennent la présidence du Conseil Européen.
Les opérations précédentes se nomment Aerodromos (pilotée par la Grèce, elle a visé 39 aéroports européens et conduit à l'arrestation de 139 personnes), Perkunas (sous la présidence lituanienne, elle visait à établir les liens entre le passage des frontières externes de l'Europe et les "mouvements secondaires", entre pays membres de l'UE. Dans le cadre de cette opération 10 459 sans papiers ont été interpelés).
 
Comme le rappelle le communiqué ci-dessous, ce sont les restrictions de la libre circulation des personnes et la fermeture des frontières qui créent des situations de clandestinité et le recours à des voies d'entrée en Europe dangereuses et même meurtrières. Ce sont plus de 3000 migrants qui ont perdu la vie en cherchant à traverser la Méditerranée depuis janvier 2014, un triste record... Les frontières terrestres étant de plus en plus sécurisées (notamment celles avec la Turquie), les migrants n'ont plus d'autres choix que la voie maritime.

Malgré la montée des discours xénophobes et racistes, malgré les manifestations de groupes d'extrême-droite, malgré des politiques de répression des migrants et de ceux qui les soutiennent et défendent leurs droits, la solidarité existe. Quelques exemples.

Le 12 juillet 2014, à Calais, en période estivale, dix jours à peine après une expulsion policière violente d'un lieu occupé, l'arrestation et la dispersion des migrants à travers la France entière, la destruction des lieux de vie, la manifestation de solidarité avec les migrants organisée dans l'urgence , par des militantEs débordées avait réuni 450 personnes selon la presse.Voir un diaporama : http://www.humanite.fr/diaporamas/societe/solidarite-amenagement-dun-squat-pour-les-migrants-de-calais-547273
Le 7 septembre, la manifestation des fascistes de Sauvons Calais, qui s'était transformée en manifestation nationale de l'extrême-droite avec la participation de groupes activistes comme les ex des Jeunesses Nationalistes venus de toute la France aura réuni trois cent personnes au maximum.
En cette période, où l'on nous présente l'extrême-droite comme toute-puissante, et les réseaux progressistes en pleine déliquescence, où le pessimisme est parfois plus mortifère que les mauvaises nouvelles réelles, il n'est pas inutile de regarder le terrain, et ce que parviennent à construire, envers et contre tous les discours xénophobe, des collectifs locaux fondés sur la solidarité et l'universalisme.

Un marin français, Philippe Martinez, en concertation avec son équipage, a sauvé près de 2000 migrants en Méditerranée. Tout simplement en les recueillant lorsque son navire passe à proximité des embarcations de fortune que les migrants sont contraints d'utiliser...

Un prêtre retraité de Saint Etienne a ouvert depuis plusieurs années un centre paroissial afin d'héberger des sans papiers à la rue. Un arrêté municipal l'enjoint de procéder à « la fermeture au public de toute activité d’hébergement ». Assigné en justice, le prêtre a été relaxé le 10 septembre 2014... mais le parquet a immédiatement fait appel. 


Déclaration commune des organisations de défense de droits de l'homme en Europe, regroupées dans le collectif Frontex Exit (voir le site www.frontexit.org)
Opération « Mos Maiorum» : la traque aux migrants sans-papiers en Europe


10 octobre 2014

« Mos Maiorum» est un énième exemple de la guerre menée par l'UE contre un ennemi imaginaire.

Du 13 au 26 octobre 2014, les forces de police des États de l'Union Européenne (UE) procèderont à des contrôles massifs de personnes dans l'espace Schengen et aux frontières extérieures.

Une semaine après la commémoration du drame de Lampedusa d’octobre 2013, une « chasse aux migrants » nommée Mos Maiorum sera lancée, coordonnée par le ministère italien de l’Immigration avec le soutien de Frontex et d’Europol. Cette opération de grande envergure vise à intercepter et collecter des données personnelles sur les détenteurs de faux documents, les demandeurs d'asile déboutés et les passeurs.

Outre le fait grave que le Parlement européen ne semble pas avoir été averti de ce projet, le manque de clarté sur la base légale et la mise en œuvre de l’opération pose problème. Aucune information n’a été donnée sur les suites qui seront données à ces interpellations et si des opérations de retours conjoints seront prévues.

Une fois de plus, le séjour irrégulier est assimilé à un délit criminel, au mépris de la jurisprudence de la Cour de Justice de l’UE (arrêt El Dridi qui condamne la pénalisation du séjour irrégulier). Une fois de plus, les demandeurs d'asile sont perçus comme de potentiels fraudeurs. Une fois de plus, la collecte de données personnelles sert une véritable chasse aux « sans-papiers ».

À travers de telles opérations, les institutions européennes nourrissent le fantasme d'une invasion criminelle en Europe. Adjuvant d'une politique discriminatoire, l’agence Frontex entrave les droits des migrants et des réfugiés comme l'a démontré le bilan de la campagne inter-associative Frontexit.

Alors que la société civile, l’ONU et le Conseil de l'Europe appellent à cesser l'hécatombe en facilitant l'accès au territoire européen, les annonces par la Commission de mesures énergiques pour mettre fin aux "drames de la migration" sont restées lettre morte. L'absence de mécanismes communs de sauvetage en mer et d'accueil des migrants et des réfugiés contraste avec cette frénésie sécuritaire.

Les réseaux mafieux et criminels n’existeraient pas si des voies d’entrées dites légales étaient accessibles pour les personnes migrantes et réfugiées.

Depuis le début de l’année 2014, plus de 3000 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée. Le dialogue de sourds atteint son paroxysme.

La migration n'est pas un crime. Les migrants ne constituent pas une menace. Les réfugiés ont droit à une protection internationale. L'Europe doit cesser cette guerre meurtrière, dont Frontex est le symbole.