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jeudi 27 août 2015

Contre l’expulsion des familles Roms : Je soutiens LE SAMARITAIN à La Courneuve



Ils ont donc osé ; 2 compagnies de CRS  ont détruit ce 27 août les habitations précaires et chassé les habitants du  Samaritain, bidonville de La Courneuve, où vivent, depuis 2008, 300 Roms. Leurs affaires ont été dispersées, sous la pluie battante. Initiée en 2013, la demande d’expulsion des 80 familles pour la plupart très actives au sein de la vie sociale de la ville avait été formulée par le maire PCF de La Courneuve, Gilles Poux. Son acharnement contre ces familles a d'ailleurs provoqué de nombreuses protestations au sein de son propre parti ainsi qu'une déclaration publique de condamnation des Jeunesses communistes du 93.  

 Un grand mouvement de soutien s’est mis en place et va se poursuivre.  Une pétition contre l’évacuation lancée il y a plus de deux semaines a recueilli près de 38.000 signatures ( il est encore plus important de continuer à la signer)  Depuis deux semaines sont apparues sur les réseaux sociaux des photos de personnes portant un panneau où après s’être rapidement présentées, elles affirment « Je soutiens Le SAMARITAIN ». Ce sont des habitants de La Courneuve, de la Seine Saint-Denis ou d’ailleurs, des enseignants, des médecins, des militants associatifs ou politiques, des jeunes, des vieux. Toutes sortes de gens qui n’acceptaient pas l’expulsion à venir de 80 familles roms de La Courneuve. 




Médecins du Monde  et d’autres associations ont fait une proposition alternative à celle de la mairie: nettoyer le bidonville, y installer l’eau courante et le sécuriser. Ainsi les enfants resteront scolarisés à La Courneuve, les adultes pourront chercher du travail, puis petit à petit quitter le bidonville. C’est une solution alternative tout à fait sérieuse à l’expulsion, mais que refusent la municipalité et l’État.

Dans un avis du 18 août, le défenseur des droits, Jacques Toubon, soulignait l’existence au Samaritain d’« un projet inédit de résorption progressive, mené par des militants, des associations et des chercheurs, ainsi que la participation des trois cents habitants ». Et prévenait que, « faute d’un accompagnement social, sanitaire et scolaire et de solutions pérennes d’hébergement », l’expulsion pouvait « caractériser un traitement inhumain et dégradant engageant la responsabilité de l’État ».

Comme l’analyse le sociologue Éric Fassin, « Il s’agit, d’une part, de rendre la vie invivable aux Roms, comme aux réfugiés de Calais ou de la Chapelle, pour qu’ils finissent par partir d’eux-mêmes. D’autre part, il convient de le mettre en scène, pour afficher la fermeté du gouvernement. Telle est, contre toute raison, la rationalité de cette politique estivale. » Et réaliser ce que Manuel Valls affirmait : "Les Roms n’ont pas vocation à s’intégrer en France".
La mobilisation se poursuit pour les familles du Samaritain.


Jean-François Le Goff. 

voir aussi dans ces colonnes

Aux côtés des migrants: nombreuses initiatives de solidarité en France et en Europe

2 Août : 71 ans après l’extermination des Roms à Auschwitz



jeudi 4 juin 2015

Squat à Rennes : coup médiatique et manifestations d'extrême-droite

Le blog Big Browser de la plateforme du journal Le Monde.fr offre avec l'article "Maryvonne contre les squatteurs : émoi et intox" un très bon résumé d'une des plus grosses réussites médiatiques de l'extrême-droite de l'année: ou comment une propriétaire qui laissait une maison vide depuis douze ans et n'avait même pas entamé de procédure contre des jeunes qui l'avaient occupé depuis deux ans est devenue une victime sans défense et abandonnée de tous dans la presse et à la télé.

Beaucoup de choses sont exemplaires dans cette affaire: la reprise pure et simple de la presse d'extrême-droite par les médias ordinaires, la droite qui relaie la campagne de l'extrême-droite et ses mensonges absurdes sur la possibilité légale de squatter le domicile de personnes parties en week end. Mais aussi le droit de manifester devant la maison laissé à des milices fascistes, dont les fameux Bonnets Rouges. Jusqu'ici l'extrême-droite avait réservé ces pratiques d'attaques directes aux immeubles réputés être occupés uniquement par des migrants ou des personnes d'origine Rom, elle a cette fois franchi un pas qui se reproduira.

Dans ce contexte, les peintures inventives, colorées et poétiques laissées dans la maison par les jeunes expulsés sont une réaction mesurée et même très gentille au regard de l'acharnement dont ont fait preuve le propriétaire et ses soutiens néo-nazis pour certains.
De toute façon, la propriétaire souhaite en réalité vendre et la maison sera finalement sans doute démolie dans le cadre du rachat.

dimanche 24 mai 2015

10 Identitaires et une banderole, et une couverture médiatique sans critiques

Samedi 23 mai 2015, quelques militants du Bloc Identitaire ont accroché une banderole "L'immigration tue l'Afrique, l'immigration tue l'Europe" sur le balcon de la représentation en France de la Commission Européenne.

Couverture par l'AFP et BFM d'une action perpétrée par dix fascistes: une dépêche avec photo. Trois paragraphes: dans le premier les slogans de l'action, dans le dernier la reprise de phrases entières du communiqué. Si l'on compte la photo de l'immense banderole du Bloc qui accompagne l'article, plus des deux tiers de l'espace de la dépêche sont donc consacrés à la propagande du groupe d'extrême-droite.

Qu'est ce qu'on pouvait mettre d'autre ? Par exemple, le rappel d'autres actions du groupe, qui n'hésitent pas à jouer les milices privées dans le métro, ou à attaquer la mosquée de Poitiers. 
Ni à manifester son soutien aux politiques islamophobes d'un maire Front National. En effet, quelques jours plus tôt, le 19 mai, le même Bloc identitaire a recouvert d'autocollants "pas de mosquée chez moi !" le siège de la communauté d'agglomération de Mantes (Yvelines) et ainsi réaffirmé son soutien à Cyril Nauth, maire FN de Mantes la Ville, qui s'oppose à l'aménagement d'un lieu de prière musulman sur la commune.

Mais pour avoir un minimum d'analyse sur ce mouvement, encore faudrait-il ne pas être fasciné par la jolie banderole tellement photogénique et les jeunes activistes tellement propres sur eux. C'est manifestement trop demander à nos médias, qui bien évidemment ne parlent pas d'une action syndicale, par exemple, s'il n'y a pas au moins cent personnes pour la mener, au moins au niveau national. Faut croire que le progressisme passe moins bien à l'écran...

mercredi 5 novembre 2014

Se souvenir des migrants morts à Calais, parce que l'indifférence tue notre humanité

Nous reprenons ici la liste des victimes à Calais de la fermeture des frontières, dressée par le site Passeurs d'hospitalité, un site qui recense au quotidien ce que vivent les migrants à Calais, ce qui se joue derrière les annonces ministérielles et les règlementations.
Alors que le Ministre de l'Intérieur annonce l'ouverture d'un centre d'hébergement de jour, mais surtout des renforts policiers pour démanteler les filières de passeurs et expulser les sans-papiers, le site Passeurs d'hospitalité explique que les policiers sont loin d'être en sous-effectifs. Les CRS affectés à Calais étaient 80 en 2012, ils sont aujourd'hui 350 et attendent une centaine d'agents en renfort !


Ils sont morts, ici, à Calais, depuis un an, parce qu'ils voulaient passer une frontière. Ce n'est pas pour préserver leur humanité qu'il faut se souvenir d'eux
C'est pour préserver la nôtre, qui s'effrite un peu chaque jour, usée par nos indifférences.

Robiel Habton, 24 ans, venu d’Érythrée, mort le 9 octobre 2013 en essayant d’entrer dans le port à la nage.

Yemani Gebrenegous Eokbo, venu d’Érythrée, mort dans la nuit du 9 au 10 décembre 2013 d’une maladie cardiaque chronique, alors qu’il ne réussissait pas à obtenir à Calais le traitement dont il avait besoin.

Un exilé, 17 ans, venu d’Iran, mort dans la nuit du 30 au 31 janvier 2014, fauché sur l’autoroute, le chauffeur ne s’est pas arrêté.

Un exilé, 30 ans, venu d’Iran, mort dans la nuit du 2 au 3 février 2014, tué d’un coup de fusil.

Un exilé, une vingtaine d’années, venu d’Albanie, mort le 9 mars d’un coup de couteau sur un parking d’autoroute au sud de Calais.

Mesfin Germa, venu d’Éthiopie, mort le 12 mars 2014 fauché par un véhicule sur l’autoroute, le chauffeur ne s’est pas arrêté.

Senay Berhay, venu d’Éthiopie, retrouvé mort dans le canal le 14 mars 2014, il avait disparu et ses amis le cherchaient depuis plusieurs jours.

Un exilé, venu d’Éthiopie, mort le 15 mars 2014 écrasé sous le chargement du camion qui l’emmenait dans la mauvaise direction.

Mengs Mehdane, 16 ans, venu d’Érythrée, mort le 5 mai 2014 en sautant du camion qui l’emmenait dans la mauvaise direction.

Youssef Haroun, 18 ans, venu du Soudan, mort le 23 mai 2014 en essayant de se glisser sous un autocar sur un parking.

Ahmed Abdallah, 16 ans, venu du Soudan, mort le 23 juillet sur le sol britannique en tombant du bus sous lequel il était caché.

Un exilé, venu du Soudan, mort le 26 septembre 2014 noyé dans le canal lors d’une bagarre.

Sara, 16 ans, venue d’Éthiopie, morte dans la nuit du 20 au 21 octobre 2014 fauchée par une voiture sur l’autoroute.

Un exilé, venu du Soudan, mort le 22 octobre 2014 en sautant d’un pont sur un camion.

Afom, 26 ans, venu d’Érythrée, mort le 25 octobre 2014 après neuf jours de coma, il avait été renversé par une voiture quand il revenait du commissariat de Coquelles après une arrestation.


lundi 20 octobre 2014

A Milan comme à Paris, l'extrême-droite contre les immigrés...mais à la botte de Poutine.

Ce samedi 18 octobre, les troupes de la Ligue du Nord ont manifesté à Milan pour exiger qu'on mette fin aux quelques opérations de sauvetage des migrants en Méditerranée, bref, pour qu'on laisse mourir des milliers de gens en plus de ceux, qui déjà se noient, à cause de la fermeture des frontières.

Rien d'étonnant de la part de la Ligue du Nord, qui joue en Italie sur les mêmes fantasmes que le FN, notamment la peur du virus Ebola, pour se refaire une santé. En effet, le mouvement d'extrême-droite n'est pas dans la meilleure forme qui soit après un score de 4% aux dernières élections. Score qui s'explique par les affaires de corruption qui ont éclaboussé les principaux dirigeants du parti, dont Umberto Bossi. Mais la Ligue reste très clairement un des modèles de Marine Le Pen, et d'ailleurs le principal partenaire avec lequel elle avait tenté de construire un groupe au Parlement européen.

Comme à l'accoutumée, les milices de rue accompagnaient l'extrême-droite parlementaire dans la rue: des dizaines de militants de Casa Pound étaient présents.Comme en France, milices et notables respectables sont en effet unis lorsqu'il s'agit de l'essentiel: cette union a par exemple abouti à la démission du conseil municipal de la première femme voilée à être élue en Italie, Aïcha Mesrar. Celle-ci élue à Rovereto a préféré quitter son siège, après avoir du pendant des mois vivre sous escorte policière , du fait du harcèlement conjoint de la Ligue du Nord et des menaces de mort perpétrées par les groupes extra-légaux.

Pendant ce temps, la manifestation antiraciste a réuni elle aussi des milliers de personnes, mais a beaucoup moins attiré l'attention des médias ( quelques images du cortège étudiant ci-dessous).

Mais la Ligue du Nord a aussi profité de cette manifestation pour rendre un hommage vibrant et appuyé à celui qui est désormais le modèle des mouvements fascistes en Europe de l'Ouest, Vladimir Poutine. Des banderoles de bienvenue étaient déployées à l'occasion de sa visite en Italie; Là aussi, une grande convergence avec le FN, dont le site de presse Nations Presses Info consacre depuis des mois, au moins un ou deux articles par semaine à la gloire des forces pro-russes en Ukraine. 


Demandeurs d'asile : 83% de rejets et des actes désespérés comme l'immolation par le feu d'un réfugié Tchadien

Le 3 octobre 2014, un demandeur d'asile de nationalité tchadienne s'est immolé par le feu dans les locaux de la Cour Nationale du Droit d'asile à Montreuil (93). Sa demande avait étéé rejetée par l'OFPRA, et la CNDA est le dernier recours des réfugiés dont la demande est refusée. 
Adam est en vie, mais toujours hospitalisé.
Comme 83% des demandeurs d'asile, il n'a pas obtenu la carte de réfugié. 

Suite à cet incident, une organisation tchadienne en France a organisé une manifestation le 18 octobre, entre les locaux de la CNDA et ceux de l'OFPRA. Elle en a profité pour rappeler que sur 108 demandes émanant de réfugiés en 2013, 17 seulement ont été acceptées...


Hasard du calendrier, cet incident est survenu au moment où les reconduites à la frontière de ressortissants tchadiens deviennent plus fréquentes. Rappelons que le Tchad est loin d'être une démocratie modèle : l'ancien président Hissène Habrè est accusé de crimes contre l'humanité et a été arrêté en 2013 à Dakar, tandis que le président actuel, Idriss Déby, réprime les opposants (Les homicides, disparitions forcées, placements en détention illégale et arrestations arbitraires de détracteurs du gouvernement sont beaucoup trop fréquents au Tchad et doivent cesser, écrit Amnesty International dans un rapport rendu public jeudi 24 octobre 2013) et prépare un projet de loi homophobe prévoyant jusqu'à 20 ans de prison pour relations homosexuelles. 

Qu'ils demandent l'asile ou un autre type de titre de séjour, les étrangers sont confrontés à la dureté des réglementations, à la complexité des démarches administratives, au risque de reconduite à la frontière.
Mais sans doute également à une solidarité moindre de la population, qui il y a 20 ans manifestait en nombre aux côtés des sans papiers pour la régularisation.

Les gestes de désespoir ne sont donc pas isolés : le octobre à Rennes, un étranger venu renouveler son titre de séjour, mais dont le dossier s'avère incomplet, menace de s'immoler par le feu. Blessé à la jambe par un tir de la police, il est emmené à l'hôpital et a obtenu un récépissé en attendant l'examen de sa demande... et sa comparution le 24 octobre au tribunal.

dimanche 12 octobre 2014

Contre la traque des migrants en Europe !

Du 13 au 26 octobre 2014, tout juste un an après le drame de Lampedusa, différentes polices des États de l’Union Européenne procèderont à des contrôles massifs dans l’espace Schengen, jusqu'aux frontières extérieures.
Nous reproduisons ci-dessous en fin d'article la déclaration commune des organisations de défenses des droits de l'homme regroupées dans le collectif Frontexit.

Cette opération s'intitule "Mos maiorum", d'une expression latine signifiant "coutume des ancêtres", et  désigne dans l'antiquité romaine le mode de vie et le système des valeurs ancestrales, par opposition à un présent jugé décadent.

Selon le site allemand Heise, l'opération concernera principalement les transports : gares, autoroutes, aéroports... La note du Conseil de l'Europe sur la mission est reproduite en anglais sur le site Statewatch.

Les opérations de contrôle des migrants sont devenues courantes au sein de l'Union Européenne. Elles se déroulent environ tous les 6 mois, sous la houlette des Etats qui tiennent la présidence du Conseil Européen.
Les opérations précédentes se nomment Aerodromos (pilotée par la Grèce, elle a visé 39 aéroports européens et conduit à l'arrestation de 139 personnes), Perkunas (sous la présidence lituanienne, elle visait à établir les liens entre le passage des frontières externes de l'Europe et les "mouvements secondaires", entre pays membres de l'UE. Dans le cadre de cette opération 10 459 sans papiers ont été interpelés).
 
Comme le rappelle le communiqué ci-dessous, ce sont les restrictions de la libre circulation des personnes et la fermeture des frontières qui créent des situations de clandestinité et le recours à des voies d'entrée en Europe dangereuses et même meurtrières. Ce sont plus de 3000 migrants qui ont perdu la vie en cherchant à traverser la Méditerranée depuis janvier 2014, un triste record... Les frontières terrestres étant de plus en plus sécurisées (notamment celles avec la Turquie), les migrants n'ont plus d'autres choix que la voie maritime.

Malgré la montée des discours xénophobes et racistes, malgré les manifestations de groupes d'extrême-droite, malgré des politiques de répression des migrants et de ceux qui les soutiennent et défendent leurs droits, la solidarité existe. Quelques exemples.

Le 12 juillet 2014, à Calais, en période estivale, dix jours à peine après une expulsion policière violente d'un lieu occupé, l'arrestation et la dispersion des migrants à travers la France entière, la destruction des lieux de vie, la manifestation de solidarité avec les migrants organisée dans l'urgence , par des militantEs débordées avait réuni 450 personnes selon la presse.Voir un diaporama : http://www.humanite.fr/diaporamas/societe/solidarite-amenagement-dun-squat-pour-les-migrants-de-calais-547273
Le 7 septembre, la manifestation des fascistes de Sauvons Calais, qui s'était transformée en manifestation nationale de l'extrême-droite avec la participation de groupes activistes comme les ex des Jeunesses Nationalistes venus de toute la France aura réuni trois cent personnes au maximum.
En cette période, où l'on nous présente l'extrême-droite comme toute-puissante, et les réseaux progressistes en pleine déliquescence, où le pessimisme est parfois plus mortifère que les mauvaises nouvelles réelles, il n'est pas inutile de regarder le terrain, et ce que parviennent à construire, envers et contre tous les discours xénophobe, des collectifs locaux fondés sur la solidarité et l'universalisme.

Un marin français, Philippe Martinez, en concertation avec son équipage, a sauvé près de 2000 migrants en Méditerranée. Tout simplement en les recueillant lorsque son navire passe à proximité des embarcations de fortune que les migrants sont contraints d'utiliser...

Un prêtre retraité de Saint Etienne a ouvert depuis plusieurs années un centre paroissial afin d'héberger des sans papiers à la rue. Un arrêté municipal l'enjoint de procéder à « la fermeture au public de toute activité d’hébergement ». Assigné en justice, le prêtre a été relaxé le 10 septembre 2014... mais le parquet a immédiatement fait appel. 


Déclaration commune des organisations de défense de droits de l'homme en Europe, regroupées dans le collectif Frontex Exit (voir le site www.frontexit.org)
Opération « Mos Maiorum» : la traque aux migrants sans-papiers en Europe


10 octobre 2014

« Mos Maiorum» est un énième exemple de la guerre menée par l'UE contre un ennemi imaginaire.

Du 13 au 26 octobre 2014, les forces de police des États de l'Union Européenne (UE) procèderont à des contrôles massifs de personnes dans l'espace Schengen et aux frontières extérieures.

Une semaine après la commémoration du drame de Lampedusa d’octobre 2013, une « chasse aux migrants » nommée Mos Maiorum sera lancée, coordonnée par le ministère italien de l’Immigration avec le soutien de Frontex et d’Europol. Cette opération de grande envergure vise à intercepter et collecter des données personnelles sur les détenteurs de faux documents, les demandeurs d'asile déboutés et les passeurs.

Outre le fait grave que le Parlement européen ne semble pas avoir été averti de ce projet, le manque de clarté sur la base légale et la mise en œuvre de l’opération pose problème. Aucune information n’a été donnée sur les suites qui seront données à ces interpellations et si des opérations de retours conjoints seront prévues.

Une fois de plus, le séjour irrégulier est assimilé à un délit criminel, au mépris de la jurisprudence de la Cour de Justice de l’UE (arrêt El Dridi qui condamne la pénalisation du séjour irrégulier). Une fois de plus, les demandeurs d'asile sont perçus comme de potentiels fraudeurs. Une fois de plus, la collecte de données personnelles sert une véritable chasse aux « sans-papiers ».

À travers de telles opérations, les institutions européennes nourrissent le fantasme d'une invasion criminelle en Europe. Adjuvant d'une politique discriminatoire, l’agence Frontex entrave les droits des migrants et des réfugiés comme l'a démontré le bilan de la campagne inter-associative Frontexit.

Alors que la société civile, l’ONU et le Conseil de l'Europe appellent à cesser l'hécatombe en facilitant l'accès au territoire européen, les annonces par la Commission de mesures énergiques pour mettre fin aux "drames de la migration" sont restées lettre morte. L'absence de mécanismes communs de sauvetage en mer et d'accueil des migrants et des réfugiés contraste avec cette frénésie sécuritaire.

Les réseaux mafieux et criminels n’existeraient pas si des voies d’entrées dites légales étaient accessibles pour les personnes migrantes et réfugiées.

Depuis le début de l’année 2014, plus de 3000 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée. Le dialogue de sourds atteint son paroxysme.

La migration n'est pas un crime. Les migrants ne constituent pas une menace. Les réfugiés ont droit à une protection internationale. L'Europe doit cesser cette guerre meurtrière, dont Frontex est le symbole.