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mardi 17 septembre 2019

Macron, à droite toute, s'en prend à la santé des demandeurs d'asile



 
"L'immigration est une chance ... ça ne devrait pas inquiéter la population française . Déclaration d'Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, le 2 mars 2017"
Quelques semaines plus tard il était élu face à Marine Le Pen car des millions de personnes s'étaient mobilisées afin de battre la candidate du Front National ( ci-dessous notre contribution de l'époque )

Cela rend d'autant plus scandaleuse sa volte-face qui revient à légitimer les thèses de l'extrême-droite et de plus à stigmatiser les couches populaires qui en seraient porteuses. 

Macron veut durcir encore la politique gouvernementale en matière d’immigration et d’asile. Comme souvent dans ce cas le prétexte avancé est celui de l’influence du Rassemblement national dans les milieux populaires. 
Lors de la réunion de la majorité LREM du 16 septembre, il a  ainsi déclaré:   "Nous n'avons pas le droit de ne pas regarder ce sujet (de l'immigration) en face", adoptant une ligne beaucoup plus dure sur ce sujet alors que jusqu'ici il défendait  le droit d'asile. "Je crois en notre droit d’asile, mais il est détourné de sa finalité par des réseaux, des gens qui manipulent. Si nous ne le regardons pas en face, nous le subirons. Cela donne quoi ? Des quartiers ou le nombre de mineurs non accompagnés explose", a-t-il averti, selon un participant.
Selon lui, "la question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas. Les bourgeois n'ont pas de problème avec cela: ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec", a-t-il souligné.
"La gauche n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies. Les classes populaires ont donc migré vers l’extrême droite. On est comme les trois petits singes: on ne veut pas regarder".
"Vous n'avez qu'un opposant sur le terrain: c'est le Front national (devenu Rassemblement national, ndlr). Il faut confirmer cette opposition car ce sont les Français qui l'ont choisie. Il y a deux projets : celui du repli, faire peur ou bâtir une solution ouverte mais pas naïve", a-t-il conclu.
Ainsi celui qui apparaît comme le « président des riches », après avoir démonté l'ISF et baissé la fiscalité sur les revenus financiers, a recours à la démagogie la plus nauséabonde afin de justifier son choix de s’en prendre aux plus faibles et de les désigner comme cibles de la vindicte prétendument "populaire" .
Celui qui a accumulé les déclarations les plus méprisantes à l’égard des salarié.e.s  et personnes sans emploi ( "le pognon de dingue des aides sociales" ) se présente tout à coup comme voulant rompre avec les «  bourgeois ». Et pour cela il choisit non pas  une politique sociale mais le recours à la xénophobie censée le réconcilier avec le « peuple »  qu’il méprise tant.
Pour Macron, les pauvres sont débiles, illettrés et porteurs du virus fasciste.
Il avait déjà tenté ce type de diversion au moment du "grand débat" qu'il avait lancé en décembre 2018, pour faire face au mouvement des Gilets jaunes. A la surprise générale il avait mentionné l'immigration comme un thème central de ce débat, alors que ce sujet n'apparaissait nulle part dans les revendications et manifestations. Il avait d'ailleurs dû reculer sur ce thème, qui avait été abandonné. 
Sa fréquentation assidue de son prédécesseur Sarkozy  a sans doute une part dans ce tournant. L’ancien président, qui a sans cesse légitimé les thèmes du FN/RN et  créé un ministère de l’immigration et de l’identité nationale discourt partout sur le danger de l’immigration africaine et se réclame lui aussi du peuple, en déclarant « Le peuple dit: On ne peut pas accueillir toute l'immigration. Et c'est vrai »
La récente lune de miel de Macron avec Poutine joue également dans ce sens. Ce dernier, qui soutient tous les partis d’extrême-droite en Europe attaque frontalement sur le thème des migrants« qui peuvent tuer, piller et violer en toute impunité parce que leurs droits doivent être protégés », en qualifiant d’« erreur monumentale » la décision prise en 2015 par la chancelière allemande, Angela Merkel d’accueillir un million de réfugiés du Moyen-Orient, en majorité des Syriens. 

Un exemple immédiat de ce que signifie le tournant de Macron: intox raciste et sexiste sur les "prothèses mammaires" par le délégué général du parti présidentiel.

L’aide médicale d’État, créée en 2000 permet aux étrangers sans papiers ces, de bénéficier de soins médicaux pris en charge. C’est une mesure élémentaire d’humanité et également de santé publique. Elle est la cible permanente de la droite et de l’extrême-droite qui y voient une occasion facile de  taper sur les migrants et de faire croire qu’on peut ainsi économiser des sommes importantes.

Ainsi en juin 2018, le Sénat, a majorité de droite, voulait transformer l'aide médicale d'Etat, en une "aide médicale d'urgence" lors de l'examen du projet de loi asile et immigration. Agnès Buzyn avait alors protesté en déclarant :
 "L'amendement du Sénat réservant l'AME aux soins urgents est contraire à une politique de santé publique responsable visant à soigner le plus vite possible. Il ne peut aboutir qu'à l'engorgement des urgences, augmenter le coût des soins et favoriser l'émergence de maladies contagieuses", 
Or Stanislas Guérini, délégué général de La République en marche, député de Paris, membre du noyau fondateur de En Marche, très proche de Macron  a lancé une offensive sous forme de « fake news » à propos de prothèses mammaires prétendument remboursées par l’AME, dans le cadre d’opérations esthétiques. Interrogésur CNews, il déclarait : Il y aura un rapport sur l’AME dans peu de temps. J’entends qu’il puisse y avoir des abus d’utilisation de l’AME pour financer des prothèses mammaires. Là, on voit bien qu’on n’est pas dans une situation d’urgence. S’il y a des abus… Il faut être précis, eh bien nous corrigerons ces abus», explique-t-il. 

Pourtant, la ministre de la Santé Agnès Buzyn, interrogée le lendemain de cette déclaration explique ne pas savoir pourquoi Stanislas Guérini a «pris cet exemple». «Je n’ai aucune information particulière. […] Il y a toujours un travail pour lutter contre la fraude mais pas particulièrement les prothèses mammaires, je ne sais pas, je n’ai pas eu le temps de vérifier, et en tous les cas ça ne m’a pas été rapporté», ajoute-t-elle. 

La Caisse nationale d’assurance maladie explique que «les soins médicaux et hospitaliers sont pris en charge à 100%, dans la limite des tarifs de la Sécurité sociale, pour les frais d’hospitalisation et d’intervention chirurgicale», dans le cadre de l’AME. L’AME ne rembourse en fait que les prothèses mammaires prescrites pour raisons médicales. Cela comprend les implants mammaires «posés initialement au motif d’une chirurgie réparatrice pour raisons médicales», donc après un cancer, par exemple, ou dans certains cas de malformation mammaire. Mais en aucun cas pour des raisons esthétiques.
C’est donc par une campagne de mensonges sexistes et racistes à l’encontre des femmes victimes de cancers du sein qu’a été lancée l’offensive politique de Macron et de ses proches. Cela augure de mesures et de discours particulièrement mensongers et répressifs, aggravant le caractère délétère de la loi Collomb.

Face à cette agression, il y a une nécessité urgente de mise en place d’un large front des associations de défense, des syndicats et partis ainsi que de toutes les personnes qui se préoccupent du sort des réfugiés et migrants  

MEMORIAL 98 
4 décembre 2019
A l'approche du mouvement social contre la réforme des retraites, le chef du parti macroniste, Stanislas Guérini, délégué général de LREM, multiplie les dénonciations contre la gauche qui défilerait avec l'extrême-droite en soutien aux grévistes. C'est le même qui a lancé l'intox raciste sur les prothèses mammaires à visée esthétique prétendument remboursées par l'aide médicale d’État ( voir ci-dessous)

13 novembre: la députée LREM Jennifer de Temmerman quitte le groupe parlementaire macroniste en protestation contre les mesures restreignant les droits à la santé pour les demandeurs d'asile et migrants, comme elle l'explique dans la lettre ci-dessous


5 novembre: nouvelle escalade de Macron et de son gouvernement

Édouard Philippe sort le grand jeu en annonçant un ensemble de mesures restrictives et répressives. Les principales touchent  les droits basiques à la santé et au regroupement familial. Il s'agit d' imposer un délai de carence de trois mois aux demandeurs d'asile, avant d'accéder à la Protection universelle maladie (Puma). Aujourd'hui, ils peuvent demander à bénéficier de cette protection sociale de base dès l'enregistrement de leur demande d'asile. Ce retard apporté aux soins représente une mesure cruelle et totalement contraire aux principes de la santé publique.
En s'attaquant au regroupement familial, le pouvoir reprend un domaine qui sert depuis longtemps de thème d'agitation au FN/RN: Marine Le Pen réclame un référendum afin de le supprimer 
La droite LR est en voie d'alignement suivant en cela la ligne de Sarkozy puis de Wauquiez ( voir ci-dessous à la date du 7 octobre).
Il en de même pour les "quotas d'immigration". L'usage de ce terme a pour fonction de recycler la politique de Sarkozy. Ce dernier semble obséder Macron qui lui témoigne une attention permanente ( voir ci-dessous) 

Face à cette offensive démagogique qui ouvre un boulevard au RN, une riposte d'ampleur est urgente. Elle doit rassembler dans des manifestations de rue les syndicats, associations et tous ceux et celles qui ne veulent pas que continue à se développer un climat de discrimination généralisée

MEMORIAL 98




 

Emmanuel Macron choisit le média d'extrême-droite Valeurs Actuelles pour parler d'immigration et d'Islam. Ce média est coutumier des couvertures et articles les plus nauséabonds dans ce domaine. Il a été condamné en décembre 2015 pour provocation à la discrimination et à la haine, comme sa vedette Zemmour.
C'est la première fois depuis Chirac qu'un président en exercice s'entretient avec un média d'extrême droite. C'est un message supplémentaire dans la ligne de sa dérive ciblant les migrants.
Quelques jours auparavant, Stanislas Guérini, délégué général de La République en marche, avait lancé un nouveau ballon d'essai en évoquant la création d'un secrétariat d’État à l'immigration comme lors des "années Sarkozy " selon ses propres termes 
On se souvient que la création d'un tel ministère, couplé à l"Identité nationale" avait symbolisé la politique xénophobe de Sarkozy. Ce dernier, qui a souvent légitimé les idées du FN/RN,  est très apprécié de Macron, qui multiplie les honneurs et marques de sympathie à son égard. 
A ce stade, le projet  de ministère ou de Haut commissariat est suspendu,  en raison notamment du désaveu que cela impliquerait à l'encontre de Castaner et de son administration. Mais il réapparaitra sans doute, à mesure que s'approfondira la calamiteuse politique macroniste. 
Il paraît que tout ceci traduit la volonté du locataire de l'Elysée d'installer son futur duel avec Marine Le Pen pour la présidentielle de 2022. Pour l'instant, il s'agit surtout d'énormes concessions à la propagande raciste de cette dernière. 

MEMORIAL 98


  
 Mise à jour du 7 octobre: le regroupement familial à nouveau mis en cause.



Alors que va s'ouvrir à l'Assemblée nationale le débat sur l'immigration  voulu par Macron, il apparaît que ce dernier veut également s'attaquer au droit au regroupement familial des immigrés résidant régulièrement dans le pays.
Ce droit de vivre en famille est reconnu par de nombreuses conventions internationales. Il est néanmoins souvent entravé par la multiplication des obligations matérielles qui réduisent son autorisation. C'est pourquoi il n'a concerné que 12 000 époux et enfants d'immigrés en 2018, sur 90 000 autorisations de séjour pour raisons familiales. La majorité de ces autorisations concerne en fait des français qui font venir leur épouse. 
Malgré ce faible volume le regroupement familial sert depuis longtemps de thème d'agitation au FN/RN: Marine Le Pen réclame un référendum afin de le supprimer. La droite LR est en voie d'alignement suivant en cela la ligne de Sarkozy puis de Wauquiez.

C'est devant ce totem raciste que Macron veut s'incliner et entraîner avec lui les députés LREM, dont certains résistent (voir ci-dessous) 
#nelaissonspasfaire

MEMORIAL 98



Mise à jour du 25 septembre 2019:
Emmanuel Macron ouvre une offensive globale contre les migrants et les demandeurs d'asile. Il offre un boulevard au RN en déclarant: 
 " On a une explosion des entrées qui sont liées au sujet sanitaire, avec des gens qui viennent pour se faire soigner en France. Ce sont des phénomènes qu'on doit regarder et auxquels on doit apporter une réponse..." ( voir ci-dessous sur les intox sexistes de Stanislas Guérini)

La députée LREM Delphine Bagarry ( ci-dessous) a réagit fortement au discours de Macron le 16 septembre.  Elle l'a commenté en ces termes

«J’avais l’impression d’écouter non pas l’homme de la campagne présidentielle mais un responsable du Front national», s’indigne la députée  qui se dit «choquée» par le contenu de ce discours.
Elle est maintenant convoquée et menacée par Stanislas Guérini, délégué général de LREM, qui a lancé l'intox sur les prothèses mammaires à visée esthétique prétendument remboursées par l'aide médicale d’État ( voir ci-dessous)
Cette députée fait partie d'un groupe de parlementaires qui a publié une déclaration s'opposant à la ligne de durcissement et d'exclusion prônée par Macron.


MEMORIAL 98

mardi 28 novembre 2017

Sauvons les Rohingya de Birmanie: halte au génocide.






Mise à jour du 29 septembre 2018: l'ONU ouvre une enquête pour génocide et le Canada retire sa citoyenneté d'honneur attribuée à Aung San Suu Kyi

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a voté cette enquête  qui doit être indépendante. Il est à noter que seuls la Chine de Xi Jen Ping, les Philippines de Duterte et le Burundi de Nkurunziza ont voté contre tandis que Cuba et le Venezuela s'abstenaient. Dans le cas du régime chinois, il s'agit d'un soutien constant au pouvoir birman, y compris durant dans la période de la dictature militaire.

Ce vote fait suite à la publication, fin août, d’un rapport de la Mission d’établissement des faits de l’ONU sur la Birmanie, dans lequel les enquêteurs demandent que les principaux généraux de ce pays, y compris le commandant en chef Min Aung Hlaing, soient traduits devant la justice internationale pour « génocide dans le nord de l’Etat Rakhine, ainsi que pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre dans les Etats Rakhine, Kachin et Shan ».

En même temps le gouvernement canadien a retiré la citoyenneté d'honneur qu'il avait attribué à Aung San Suu Kyi comme à Nelson Mandela. La prix Nobel de la paix n'a jamais protesté contre le massacre des Rohingyas et défend les chefs militaires mis en cause.  

Ce début d'alerte mondiale sur la cause des Rohingyas est positif.
Nous appelons à nouveau à soutenir cette population victime d'un génocide ainsi que le combat des ONG. 

MEMORIAL 98


 


Mise à jour du 27 aout 2018

L'ONU déclare solennellement que la hiérarchie militaire birmane et le gouvernement birman mettent en œuvre un génocide contre les Rohingyas. Il s'agit d'un tournant important qui justifie une mobilisation renouvelée afin de sauver cette population.


Mise à jour du 27 juin 2018 ( voir d'autres mises à jour à la suite de l'article):

C'est la haute hiérarchie de l'armée et de la police qui ont décidé et planifié la répression violente et l'épuration ethnique contre les Rohingyas. C'est ce montrent des rapports très documentés de Amnesty international et de l'Union européenne
 

MEMORIAL 98 



Mise à jour du 19 mai 2018
 L'horreur des viols de guerre


Neuf mois après le début de la grande campagne de l'armée birmane contre les Rohingyas, qui a provoqué l'exode massif au Bangladesh voisin, les camps de réfugiés se préparent avec anxiété aux naissances d'enfants issus de viols de soldats.
Dans ces cités de tentes, soignants et volontaires rohingyas sont lancés dans une course contre la montre pour trouver les femmes cachant leur grossesse, par honte de l'opprobre. Ce phénomène est très habituel dans les suites des viols de guerre et il est d'ailleurs voulu par les bourreaux.
Les travailleurs sociaux craignent des abandons de nouveaux-nés et la mort de femmes en couches dans le secret du plus grand camp de réfugiés du monde.
C'est un motif  supplémentaire pour défendre les populations Rohyngias et  condamner leurs bourreaux. 

MEMORIAL 98


 Lors de la visite du pape François en Birmanie, le chef local de l’Église catholique lui a demandé de ne pas utiliser le terme Rohingya, afin de ne pas déplaire aux autorités birmanes. Les chefs de l’armée et les extrémistes rejettent en effet cette dénomination, car elle représente à leurs yeux une reconnaissance de l’existence de cette minorité nationale. Ils ne veulent reconnaître aucun droit collectif à cette population et la rangent dans la catégorie des "étrangers et apatrides", migrants musulmans tout juste arrivés du Bangladesh voisin.

On connaît ce type de mise à l’écart. Lors de nombreux crimes contre l’humanité et génocides, les populations de victimes  ont été d’abord été discriminées, stigmatisées, dépouillées de leurs droits. Elles ont ensuite  été désignées comme étrangères,  ennemies, regroupées marquées et « étiquetées » sous différentes formes.

Quelques jours après le verdict du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie qui a condamné le général Mladic à la prison à perpétuité pour génocide (Srebrenica) et crimes de guerre et crimes contre l’humanité (notamment lors du siège de Sarajevo) la mise en œuvre d’une « épuration ethnique » des Rohingya est évidemment niée par ceux-là même qui la mettent en œuvre.  

Ainsi le chef de l'armée birmane, Min Aung Hlaing, accusé de diriger la campagne de "nettoyage ethnique" envers les Rohingya, a-t-il déclaré au pape, selon un message sur Facebook diffusé par ses services : 
"La Birmanie n'exerce aucune discrimination religieuse" et "De même, notre armée (...) agit pour la paix et la stabilité du pays".
 ˝Mettez fin au nettoyage ethnique des Rohingya˝.


Une photo accompagne ce message d'Amnesty International. Des hommes, des femmes, des enfants, dépenaillés, des regards apeurés. Une femme piétine, un bébé dans les bras. Les hommes portent sur leurs épaules des ustensiles dérisoires et pourtant indispensables. C'est la saison des moussons. Épuisés, ils errent dans la boue.

Minorité persécutée, peuple oublié, épuration ethnique, recherche des mots pour le dire et pour évoquer cette minorité que sont les Rohingya, population musulmane du nord de la province birmane d'Arakan, située à la frontière du Bangladesh. Plus de 600 000 d'entre eux ont été contraints de fuir dans ce dernier. L'armée a mené une campagne d’assassinats, de viols collectifs, d'incendies, afin de les terroriser. 

Qui sont les Rohingya ?
Le terme même de Rohingya est contesté et son utilisation politiquement connotée. Pourtant, dès 1798, un géographe et botaniste écossais, Francis Buchanan-Hamilton écrivait à propos des langues parlées en Birmanie : ˝un peuple nommé Rooinga vit dans le Nord de l'Arakan”. Le mot signifie “'habitant du Rohang”, nom donné anciennement à l'Arakan par les musulmans de ces régions. Cette dénomination a été abandonnée, puis reprise en 1970, par des activistes ˝Rohingya˝. Ces derniers désirent forger une identité singulière et contrer le terme de˝ Bengali”  expression que les Birmans utilisent comme une injure à leur égard.  

Rohingya signifie ˝habitant de l'Arakan˝ dans la langue indo-européenne qui est celle de ce peuple. Les premiers Rohingya sont les descendants lointains de commerçants bengalis. Leur présence en Arakan est antérieure au VIIIe siècle. 
Ils ont été, au cours des siècles, mêlés aux populations de la région:  arabes, mongols, turcs, bengalis voire portugais. Ils se sont convertis, tardivement, à l'Islam, au XVème siècle, par l'intermédiaire des Routes de la soie. À l'époque la région était un État vassal du Bengale.

Une discrimination incessante

Au XVIII siècle, les Rohingya sont victimes de nombreuses attaques de la part des soldats birmans. Vingt mille personnes sont emmenées comme esclaves ou brûlées vives. Ceci explique le soulagement avec laquelle les Rohingya ont accueilli l'occupation britannique en 1826 pendant laquelle ils retrouvèrent une certaine liberté culturelle et même politique.

Les guerres anglo-birmanes (1824-1826,1852 et 1885) ont opposé la Birmanie aux forces britanniques établies en Inde voisine. Les Rohingya servent alors de supplétifs dans l'armée britannique. Ils sont alors considérés comme des traîtres par les indépendantistes birmans.
Durant la 2e guerre mondiale ils subissent les massacres de l'armée japonaise  avec des centaines de morts en 1942, provoquant déjà la fuite vers l'Inde de 22000 habitants.

Après la Seconde guerre mondiale, par peur de se faire persécuter, ils soutiennent de nouveau les Anglais face aux Birmans.

Indépendance de la Birmanie en 1948

En 1948, la Birmanie acquiert  son indépendance et les Rohingya retrouvent pendant quelques années  une légitimité en tant que minorité nationale, au sein de ce pays qui compte de très nombreuses nationalités

En 1962, lors de l'arrivée au pouvoir du dictateur général, Ne Win, les Rohingya sont plus de nouveau rejetés et persécutés. Pendant toute cette période les autorités chinoises soutiennent fortement le régime militaire.
  
De 1962 à 2012 la succession de juntes militaires entraîne une politique de ˝birmanisation." nationaliste.

Ainsi les Bamars, membres de “l'ethnie” dominante bouddhiste, ne les reconnaissent pas en tant que minorité nationale mais uniquement en tant que pratiquant de la religion musulmane. Ils les considèrent comme des intrus, des immigrés, des étrangers.
C’est cette notion d’ ˝immigrés˝ qui n'a de cesse de revenir comme un fléau, tout au long de l’histoire des Rohyngia.

Une population apatride

En 1982, une loi adoptée par la junte militaire de l'époque a décidé d'octroyer la citoyenneté birmane exclusivement aux populations présentes sur le territoire avant 1823, date de l'arrivée des colons britanniques. Les Rohingya sont ainsi exclus de la liste officielle recensant les 135 minorités nationales et sont privés des droits les plus élémentaires. Leurs déplacements sont étroitement contrôlés, leurs terres confisquées, leur droit à fonder des familles mis en cause. Ils sont soumis à toutes sortes de brimades de la part d'une administration qui les méprise
On estime cette population à un million. 
C'est un chiffre approximatif, car ils ne sont pas recensés, preuve qu'on ne les considère pas comme appartenant à la population ni même existant en tant qu'êtres humains.
Pas de nationalité, pas de recensement, persécutions,  tel est le destin de cette population depuis soixante dix ans.

Un peuple persécuté

Les Rohingya, considérés comme des migrants illégaux venus du Bengladesh, vont subir des persécutions sans précédent

Au mois d'octobre 2015, le gouvernement birman organise des élections législatives, en dépit des violences et des milliers de Rohingya déplacés dans des camps. Les musulmans Rohingya sont privés de liberté de mouvement, d'éducation, de soins et donc de vote. Ils sont déjà au moins cent vingt mille entassés dans de sordides camps de tôles et de bâches aux portes de Sittwe, la capitale de l'État de Rakhine (Arakan).

Face à ces violences, s'est constituée ˝l'Armée du salut des Rohingya de l'Arakan˝ (Arsa)
Le 25 août 2017, plusieurs centaines de ses hommes ont attaqué des postes de police, ce qui a provoqué une répression sanglante par l'armée birmane. 600000 femmes, hommes et enfants ont fui vers le Bangladesh. Ils y vivent parqués dans des campements insalubres.
Des villages sont brûlés en représailles. ˝Partez !" vous avez une minute pour quitter le village ! "Partez où vous allez tous mourir˝. Ce sont les ordres donnés par l'armée birmane à ceux qui ont la chance d'avoir entendu cet avertissement et qui ont pu quitter la Birmanie. Les exécutions,  viols et incendies sont pratique courante comme le montrent notamment les rapports des ONG et de l’ONU.
Pieds nus, sans bagages, les Rohingya fuient vers les pays voisins où ils sont cloîtrés depuis dans des conditions inhumaines.

La dame de Rangoon

Depuis l'automne 2015, suite au scrutin législatif, la “Ligue Nationale pour la Démocratie˝ (LND) le parti d'Aung San Suu Kyi a remporté une large victoire. Elle est l'icône de la résistance à l'oppression de la junte. Trente ans de lutte. Vingt ans en résidence surveillée. Prix Nobel de la paix en 1991.
Pourtant depuis ce 25 août, par son silence, elle a semblé soutenir l'armée. Certains l'excusent en prétendant que sa marge de manœuvre est fragile. Elle doit composer avec les militaires qui conservent 25% de sièges du Parlement et des postes clés comme le ministère de la défense. Ils disposent ainsi d’un grand pouvoir de décision.
Mille morts et quatre vingt mille déplacés. La communauté internationale, elle, estime qu'il y a crime contre l'humanité. Aung San Suu Kyi se tait et n'entreprend aucune action pour défendre les Rohingya. Elle sacrifierait leur sort pour préserver la fragile démocratie.
Onze prix Nobel ont fait part de leurs inquiétudes. La jeune prix Nobel de la paix en 2014, Malala Yousafzai critique son homologue, la dirigeante birmane, pour sa gestion du drame de la minorité des musulmans Rohingya en Birmanie, prenant la tête des protestations internationales.
˝Chaque fois que je regarde les informations, j'ai le cœur brisé face aux souffrances des musulmans Rohingya de Birmanie", écrit la jeune Pakistanaise sur son compte Twitter, suivie par près de 850.000 personnes. "Ces dernières années, je n'ai cessé de condamner le traitement honteux dont ils font l'objet »





Les paroles et les actes
Depuis le début de la crise et surtout depuis l’alerte lancée par les ONG et les médias internationaux, l’ONU, le pape, les gouvernements multiplient les prises de position. Mais cela ne débouche pour l’instant sur aucune mesure concrète. Or l’ONU a prouvé à maintes reprises son manque d’engagement pratique afin d’imposer le sauvetage et la mise à l’abri des populations menacées. Les exemples en sont malheureusement nombreux, de la Syrie à la Bosnie et du Rwanda au Sri-Lanka.
De même, peut-on croire à des accords de rapatriement de centaines de milliers de réfugiés du Bangladesh vers la Birmanie, alors que leurs droits élémentaires voire leur existence même n'y sont toujours pas reconnus?   
C’est donc par la mobilisation des opinions publiques et le soutien aux actions d’ONG telles Amnesty International et Human Rights Watch que nous pouvons agir afin d’empêcher l’épuration ethnique des Rohingya. Le cortège de massacres et de viols qui accompagne cette épuration nécessite l’urgence. 

Ne laissons se produire de nouveaux crimes contre l'humanité !
MEMORIAL 98
 EL et AH

˝Birmanie, le pouvoir des moines."
Un documentaire sur la chaîne Public Sénat, diffusé le 7 octobre 2017.

La Birmanie compte un taux très élevé cinq cent mille moines bouddhistes pour 50 millions d’habitants . En principe, ils ne s'occupent pas de politique mais sont chargés de promulguer la religion bouddhiste. Soit de manière éducative, soir de manière prosélyte et autoritaire.
Il existe des groupes bouddhistes plus radicaux qui mènent ouvertement campagne contre la communauté musulmane des Rohingya. En réalité le nationalisme bouddhiste occupe une place centrale dans la vie politique en Birmanie. Les réseaux sociaux sont un excellent conducteur de haine. L’objectif que se fixent tous les moines bouddhistes radicaux de Birmanie est de supprimer la communauté musulmane de l'Arakan c’est à dire la population Rohyngia.

Deux groupes sont particulièrement actifs:
˝Union des moines bouddhistes patriotiques˝
Uthu-sai- Tha fondateur de l'Union des moines bouddhistes patriotiques en est le secrétaire.
 Selon eux il s'agit d'empêcher les musulmans d'envahir le territoire birman et de venir dominer la religion bouddhiste. Ces moines estiment leur religion et leur culture menacée. Ils craignent de perdre de perdre l'identité birmane. Ce groupuscule d'à peine cent militants joue un rôle important dans le nationalisme birman. Ils mènent des actions spectaculaires et médiatiques. La foule entonne leurs slogans avec ferveur lors de meeting ou de manifestations dans les rues.
 Un seul combat : les empêcher de prendre l'Arakan pour en faire un état musulman et l'étendre à tout le pays. Ces groupuscules cultivent la peur du ˝migrant˝ et les sentiments anti musulmans, déjà profondément ancré dans les mentalités. Cette notion n'a de cesse de revenir à la surface comme une ˝tare˝.
Le gouvernement de Aung San Suu Kyi a suggéré un compromis entre Rohingya et birman, Le gouvernement birman, a considéré qu'il s'agissait d'un affront. Aung San Suu Kyi est accusée de vouloir un gouvernement musulman.
En 2015, généraux et groupuscules nationalistes ont crée une loi pour la protection de la race et de la religion.
Plus encore que la religion et la culture, le racisme est revendiqué haut et fort par des groupes extrémistes autour de l'identité nationale. C'est une victoire politique des moines les plus radicaux

Le Ma Da Tha ˝Pas de métèques au gouvernement˝.
C'est le groupe nationaliste le plus influent, protégé par les militaires. Populisme et discours antimusulmans triomphent. Ces derniers sont ainsi désignés : ˝ Ceux qui ont les dents longues, de la barbe, des grands yeux, la peau sombre…  Ils pillent nos ressources,  boivent notre eau, harcèlent  nos enfants. » Ces slogans ont un impact fort dans les zones rurales.  

Mise à jour du 6 mars 2018:
Six mois après le début d'une vaste campagne de répression, l'armée birmane poursuit ses exactions dans les zones rohingya: assassinats, viols systématiques, destruction de la nourriture. Il s'agit toujours de terroriser la population et de la pousser à fuir au Bangladesh. L'accord signé par le gouvernement  birman et qui devait prétendument organiser le retour des Rohingyas dans leurs villages se révèle être un leurre sanglant.
La population rohingya a plus que jamais besoin de notre soutien; faisons connaître leur sort.

MEMORIAL 98



Mise à jour du 14 décembre 2017:
 

L’organisation Médecins sans frontières est la première à publier une évaluation du nombre de victimes de la répression subie par les Rohingya en Birmanie. Selon l’ONG, la mortalité au sein de cette minorité a subi un pic brutal dans les semaines qui ont suivi l’attaque, le 25 août, par l’Armée du salut des Rohingya d’Arakan de plusieurs postes de police. Cette attaque a donné le prétexte à une vague de violences venant de l'armée. MSF estime qu’au moins 6700 civils Rohingya, dont 730 enfants de moins de 5 ans, ont été tués dans le mois qui a suivi ces événements.

Cette évaluation, volontairement modérée, se base sur une étude de mortalité réalisée auprès de 2 434 foyers, représentant 11 426 individus parvenus dans les camps de réfugiés de l’autre côté de la frontière, au Bangladesh. « Notre chiffre est clairement sous-estimé car il n’inclut pas les ménages totalement exterminés ni les populations restées au Myanmar [nom officiel de la Birmanie]. Nous n’avons pu interviewer que les survivants qui sont parvenus jusqu’aux camps », dit le docteur  Grellety, qui a travaillé sur le terrain.

MSF souligne que la méthodologie est particulièrement prudente afin d’être indéniable. 
"Nos conclusions permettent de décrire la situation de manière objective, on peut parler de nettoyage ethnique. »
Parmi ces morts violentes, 69,4 % des individus ont été abattus à l’arme à feu et 8,8 % ont été brûlés vifs (14,8 % pour les enfants de moins de 5 ans), la plupart du temps dans leurs maisons. 5 % ont été battus à mort et 2,6 % sont décédés du fait de violences sexuelles, d’autres encore ont marché sur des mines antipersonnel.
Plus de 646 000 personnes ont franchi la frontière depuis août. Il ne reste qu’un tiers de la population Rohingya dans l’État de Rakhine, dont beaucoup sont dans des camps de déplacés depuis de précédentes vagues de violence. Comme d’autres ONG, MSF demande un accès sans restriction à la zone, le nord de l’État, mais les autorités acceptent uniquement de travailler avec la Croix Rouge birmane.

Nous appelons à nouveau à soutenir la population Rohingya et le combat des ONG.


MEMORIAL 98