vendredi 30 janvier 2015

Critères de recrutement pour les candidats aux municipales : l'exemple d'Asnières

Asnières: une adjointe au maire UMP et un employé municipal tenaient des pages Facebook furieusement antisémites, qu'ils ont fermées quand l'ex-maire PS les a dénoncés.
Au fil de l'article du site Lelab Europe 1, on apprend que ces deux personnes étaient auparavant dans l'équipe de ce même maire PS, avant de tourner casaque pour rejoindre l'UMP, mais aussi qu'ils ont participé à la création d'une antenne des JRE (Journées de Retrait de l'Ecole), le mouvement de Farida Belghoul, sur la commune.

Question simple: sur Asnières, n'y-a-t-il pas d'autres personnes que des opportunistes antisémites à recruter pour l'UMP ou pour le PS ? Ou faut-il avoir un profil de carriériste prêt à toutes les compromissions et courbettes, sans engagement réel, mais avec un talent certain pour surfer sur toutes les vagues même brunes pour espérer intéresser les grands partis, et faire office de "représentant de la diversité " 

Le plan " ils ont été récupérés", "ils n'étaient pas du tout antisémites avant", c'est trop simple; c'est possible qu'ils n'en aient rien à foutre d'être antisémites ou pas, qu'ils aillent là où ça leur rapporte, mais encore plus plausible qu'ils l'aient toujours été, peut-être moins violemment, moins visiblement. Mais en tout cas quand on passe du PS à l'UMP avec des excursions via les succursales du FN, c'est qu'on n'a jamais eu l'intention de faire passer ses convictions avant ses intérêts: et si le PS s'est retrouvé avec des gens comme ça, et bien c'est aussi de sa responsabilité, il avait le choix et il l'a fait en fonction de certains paramètres et malheureusement il a perdu. Mais le plan "ils étaient gentils avant et ils sont devenus très méchants", qui transparaît dans la communication de Pietrasanta, il est un peu gros.

mercredi 28 janvier 2015

Carcassonne : maintien du régiment de paras (3e RIP MA) ... et du climat raciste que certains de ses membres font régner ?

Juin 2014, coupe du Monde foot. La presse locale (et les médias d'extrême-droite) relaient une bagarre et le saccage d'un restaurant, très fréquenté par les paras du 3ème RIP MA de Carcassone, le soir de la victoire de l'Algérie .

Les articles de presse restent très vagues sur le début des évènements, une petite phrase retient cependant l'attention : "Les paras étaient alors devant le restaurant, lorsqu’un échange de menaces et d’insultes a fusé de part et d’autre." Evidemment, on ne peut déduire du seul regroupement de militaires sur une place qu'ils aient forcément cherché la merde en proférant des insultes racistes...sauf quand il s'agit du 3ème RIP MA .

Ce régiment, en effet, fait partie d'une unité qui a un très long passif dans ce domaine: en 1990 , une ratonnade y est menée par les soldats (http://www.humanite.fr/node/12867). En 2008, ce sont des paras menés par un membre du FN, et se revendiquant d'un groupuscule néonazi, qui incendient la mosquée de la ville (http://www.ladepeche.fr/article/2008/12/18/509628-justice-mosquee-incendiee-les-neonazis-condamnes.html). Un de ces paras, Victor Lenta, aujourd'hui membre du Bloc Identitaire Toulouse s'est notamment vanté d'avoir participé à de nombreuses descentes racistes dans les cités avoisinantes avec d'autres soldats dans un reportage diffusé sur Canal Plus, l'"Armée au rapport". En 2010, malgré le renvoi des néo-nazis les plus impliqués dans l'affaire de la mosquée, l'ambiance n'a pas changé: place Carnot, un soir les paras commencent pas tabasser les jeunes issus de l'immigration sur place en hurlant des slogans nazis, puis font une descente violente dans un bar , où tous ceux soupçonnés d'être "non-blancs " sont tabassés (http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/03/07/1975095_carcassonne-deferlement-de-violence-et-de-haine-raciste-en-centre-ville.html).

A la lumière de ce bref historique, qui ne recense que les actes racistes les plus violents de cette unité, qui sont les seuls à être médiatisés, on a évidemment une idée un peu plus claire de l'ambiance que peut faire régner au quotidien la présence d'un tel régiment dans la ville et une idée un peu plus claire de ce qui a pu se passer un soir où les paras, pour une fois n'étaient pas en position de force lorsqu'ils ont livré leur "avis" sur la victoire de l'Algérie en sortant du restaurant ce soir là....


Régulièrement, on trouve des militaires du 3eme RIP MA dans la presse locale.
En août 2014, Victor Lenta est en Ukraine où il combat aux côté des milices pro-russes armées par Poutine, ces milices qui assassinent, enlèvent et persécutent depuis des mois. Lenta a déclaré au journal Le Monde qu'il avait hâte de montrer aux Russes ce que les paras français savaient faire. Au vu du régiment dont il vient, on se doute qu'il sera à la hauteur de la violence exigée.

Le 23 janvier 2015, un membre de ce régiment, aujourd'hui retraité, était sorti de chez lui en annonçant son intention de faire sauter une mosquée. Il a été hospitalisé d'office en psychiatrie, étant décrit comme psychotique et sujet à des crises lors de l'arrêt de son traitement. Pour une fois, l'existence de troubles mentaux semble avérée, mais en l'occurrence, la question à se poser est celle du rôle joué par l'environnement du 3e RIP MA dans l'évolution de la santé de ce militaire, dans l'orientation de ses passages à l'acte...

dimanche 25 janvier 2015

La déchéance de nationalité, symptôme d'une société raciste

Suite aux attentats de Paris et au démantèlement d'une cellule terroriste, le gouvernement belge envisage d'étendre la déchéance de nationalité aux immigrés de deuxième et troisième générations. Au risque de créer des "sous-catégories de Belges".
La thématique de la "déchéance " de la nationalité est toujours lourde de dangers. Elle a souvent été utilisée par des régimes totalitaires, tels que celui de Vichy.

Cette mesure aura surtout l'effet de montrer politiquement que toutes les histoires d'intégration sont une fiction et de renforcer justement les discours sectaires par contrecoup: si même après trois générations, les personnes issues de l'immigration toujours pas des Européens, mais des gens qu'on peut traiter à part des autres et à qui on peut retirer leur nationalité, alors nous vivons bien dans une société irrémédiablement raciste et nous serions des pigeons en danger si nous croyons autre chose. Faire un truc pareil, ce n'est pas déclarer la guerre seulement aux personnes qui vivront concrètement cette mesure, mais à des millions de gens.

samedi 24 janvier 2015

Marché de la violence : les affaires ne s'arrêtent jamais à l'extrême-droite

Où l'on retrouve Claude Hermant, en garde à vue dans une opération de démantèlement d'un trafic d'armes. Il est surtout connu ces dernières années comme gestionnaire de bars ou de structures culturelles fascistes comme la Maison Flamande, une activité prisée également par son compagnon de route de longue date, Serge Ayoub.
Claude Hermant aux côtés de Serge Ayoub (au centre) à la Maison Flamande en 2011

A la fin des années 90, Hermant s'épanchait dans tous les journaux sur une autre activité, celle qu'il avait exercée pour le DPS (le service de sécurité du FN), et racontait des histoires assez incroyables d'équipées militaires au côté d'un paquet de dictateurs et d'aspirants au coup d'Etat, en Afrique notamment, pour le compte du DPS. Ses propos rocambolesques auraient pu être pris comme un règlement de comptes avec le FN, qui à l'époque, notamment après le meurtre de Brahim Bouarram balançait ses miliciens néo-nazis à la police. Sauf qu'Hermant avait bien été arrêté et condamné au Congo (puis grâcié).
 

Et puis les médias ont oublié, et le FN a été dédiabolisé tandis que des figures comme Hermant ou Ayoub étaient de plus en plus décrits comme des néo-nazis rangés des affaires, un peu folklo et pas bien dangereux. Mais à l'extrême-droite, les affaires ne s'arrêtent jamais et surtout pas celles qui ont trait aux marchés de la violence.

vendredi 23 janvier 2015

Théories conspirationnistes sur les attentats : la responsabilité de ceux qui les construisent

Depuis les attentats, les médias se promènent à Grigny, à Creil, à Bobigny et tendent leurs micros à des jeunes qui répètent les mêmes théories conspirationnistes. Un choix géographique et social bien limité, qui permet ensuite tous les discours sur une France coupée en deux, les raisonnables d'un côté, les fous de l'autre.

Voici un titre du Point en 2012: " Mohammed Merah travaillait pour les RG".
L'article se fonde sur le fait que Merah avait une fiche S, or la fiche S est assez commune, elle vise aussi bien une partie d'activistes d'extrême-gauche que d'extrême-droite, que des militants nationalistes basques ou corses ou des militants de l'islam intégriste. C'est une fiche de surveillance accrue. Un article de Libération explique par exemple qu'au moins une vingtaine de militants du Bloc Identitaire en ont une, ce qui n'a rien à voir avec le fait de "travailler pour les RG", évidemment.

L'article vise aussi la famille des victimes: l'une d'elles est accusée implicitement de s'être ralliée à une omerta prétendue parce qu'elle a changé d'avocat .
Certes l'idée selon laquelle Merah travaillait pour les services secrets et s'est fait "manipuler" ou "piéger" est répandue dans les quartiers populaires....comme ailleurs, la différence étant qu'un môme de seize ans en général ne construit pas les discours de propagande, il les relaie. Et il n'a pas l'audience ni le statut social d'un journaliste du Point.


Depuis les derniers crimes, cet article est de nouveau partagé sur les réseaux sociaux, notamment par les propagandistes antisémites qui ne veulent pas se griller en diffusant uniquement des sites fascistes.

mercredi 21 janvier 2015

Le FN, tentative de synthèse de toutes les haines

Juillet 2014: Aymeric Chauprade , conseiller de Marine Le Pen publie une tribune personnelle très islamophobe en prenant prétexte de la guerre en Israël et en Palestine. Tandis qu'Alain Soral dénonce la main-mise des "sionistes" sur le FN, une partie des analystes antifascistes analyse également cette tribune comme l'évènement avec un grand E, celui qui démontre que l'antisémitisme n'est plus dans le logiciel du FN, ni d'ailleurs celui de l'extrême-droite européenne, que Soral et Dieudonné sont foutus et lâchés par le FN et autres formules définitives.

Janvier 2015: à la suite d'une tribune violemment islamophobe, Chauprade est débarqué publiquement de son poste de conseiller, humilié et désavoué par Marine Le Pen.
 

Le FN est et a toujours été une tentative de synthèse de toutes les haines, de toutes les écoles , de toutes les tendances fascistes, une synthèse qui n'exclut pas les contradictions internes, tant qu'au dessus l'autorité de la famille Le Pen est respectée. Ce qui génère en permanence des arbitrages entre les tendances, des évictions violentes mais pas forcément définitives, des ajustements du discours, des volte-face médiatiques qui permettent à la finale à tous les racistes et les antisémites d'y trouver leur compte. Et aux membres des minorités contaminées par le fascisme de se persuader qu'elles ont leur place dans leur parti, puisqu'il y a toujours des postures leur permettant de se persuader que l'Ennemi du FN, c'est l'Autre Minorité.

Poursuites contre Dieudonné : l'importance du chef d'inculpation

Depuis l'inculpation du néo-nazi pour apologie du terrorisme, il y a de quoi dénoncer la scandaleuse différence de traitement entre lui et des dizaines de condamnés en comparutions immédiates, sans tenir compte ni de leur personnalité, ni de leur santé mentale, et sans respecter leurs droits à la défense. 
On peut également s'inquiéter du caractère juridiquement peu tenable et politiquement scandaleux du choix de l'infraction, alors que la phrase "Je suis Charlie Coulibaly", dans la bouche de Dieudonné, et au vu de ses défenses passées de tueurs antisémites, pouvait être attaquée bien plus justement et efficacement avec les infractions ayant trait à l'incitation à la haine raciale. 

Deux jurisprudences, concernant des
individus ayant dit ou écrit cette seule phrase, viennent confirmer cette analyse, l'un prononçant la relaxe en matière d'apologie du terrorisme, l'autre devenant un outrage à agents (la phrase ayant été prononcée en direction de policiers). 

Encore plus marquant, à Montpellier , le défendeur a argué qu'il avait mis cette phrase parce qu'il était "fan de Dieudonné" et non pas apologue du terrorisme. "Seulement antisémite", pourrait-on résumer...

Dieudonné utilisera évidemment ces jurisprudences, et autres arguments politiques et juridiques contre une inculpation bancale. 
Encore une fois, la lutte contre l'antisémitisme ne passe pas par les gesticulades médiatiques, mais par un travail juridique sérieux, tout à fait possible dans le cas Dieudonné, où les bases solides ne manquent pas