mercredi 14 juin 2017

Après le barrage, tarir les sources du fascisme.

Finalement on a très peu parlé de l'extrême-droite pendant la campagne présidentielle.

Pendant des mois, la certitude que le Front National serait au deuxième tour, bien qu'étant la donnée principale du scrutin à venir a été à ce point banalisée qu'elle n'a jamais vraiment fait la une. Pourtant vivre une époque où la seule question est «  Qui rivalisera avec les fascistes au second tour de l'élection présidentielle ? » n'a rien d'anodin. Rien d'anodin non plus à ce que les principaux partis politiques aient choisi , non seulement de « faire avec » , mais aussi bien souvent de faire comme si l'extrême-droite ne pouvait pas l'emporter du tout.

Le FN a perdu la présidentielle, et à l'heure où nous écrivons, son score au premier tour des élections législatives ne lui permettra probablement pas d'avoir un groupe parlementaire. Seules quelques tête d'affiche, dont Marine Le Pen ont une chance de l'emporter, même si de nombreux duels de second tour sont programmés.

On pourrait avoir la tentation de ne pas se pencher sur moment politique qui vient de s'écouler. Pourtant, même au second tour de la présidentielle, la droite autrefois républicaine ainsi que la  France Insoumise se sont divisées , une partie de leurs chefs et de leurs bases envisageant finalement qu'une victoire du Front National ne serait pas la pire chose qui pourrait arriver.

Et si le FN, non seulement n'a pas gagné , mais n'a pas réussi à atteindre le seuil des 40 %, c'est bien qu'il y a eu une mobilisation antifasciste d'ampleur, notamment là où on ne l'attendait pas forcément : une partie des classes populaires a choisi, en toute conscience de voter pour un candidat qui pourtant ne s'adressait à elles que pour leur promettre de nouveaux projets de lois anti-sociaux et qui à aucun moment n'a infléchi son discours, même formellement, pour tenter de les gagner à sa cause.

Ce vote n'a rien à voir avec celui de 2002 opposant Chirac à Jean-Marie Le Pen, une époque où l'antifascisme au moins formel semblant une évidence. En 2017, le scrutin est survenu après des années de relativisme et de banalisation de l'extrême-droite, mais aussi des raisons du vote d'extrême-droite. Depuis des années, le vote FN est présenté globalement comme un vote fondé sur une sorte de colère sociale, de désespoir, ou de « mauvaise «  réaction par rapports à des problèmes prétendûment réels , comme l'immigration . Les électeurs FN sont sans nul doute parmi les moins stigmatisés du champ politique, la plupart des élus et des candidats n'osant plus même les qualifier de racistes, se contentant d'attaquer leurs dirigeants. Lorsque le vote fasciste n'est plus source de stigmatisation, forcément le vote antifasciste apparaît secondaire, par rapport à d'autres préoccupations. Secondaire mais aussi honteux.

De fait, cette situation est due aussi au « choix alternatif » : en vingt ans , le discours fasciste mais aussi les choix politiques concrets correspondant aux thèmes de l'extrême-droite et à leur analyse du monde se sont banalisés , notamment en ce qui concerne les politiques d'immigration, mais aussi les offensives sociétales contre les minorités . Ainsi, malgré l'avancée que représente le mariage pour tous, les forces intégristes et homophobes ont pu constituer un des principaux soutiens du candidat François Fillon. Emmanuel Macron lui même  leur a ouvertement donné des gages et des signes d'apaisement pendant la campagne . Dans le même temps, la seule chose qui ait été analysée avant le premier tour de la présidentielle comme un problème pour le candidat Macron a été sa position, très temporaire, sur la colonisation et les crimes contre l'humanité. Comme si tout propos antiraciste un peu offensif constituait un boulet pour gagner une élection. Un autre signe de la banalisation immense de l'obscurantisme le plus délétère aura été la course à l'icône Pierre Rabhi menée par de nombreux candidats alors que nul n'ignore, dans les sphères politiques , ni ses positions homophobes, ni les liens entre son mouvement et les dérives sectaires et d'extrême-droite.

Dans ce contexte, l'impression de ne voter jamais « totalement » contre l'extrême-droite est parfaitement rationnelle. D'ailleurs à peine élu, Emmanuel Macron aura choisi sans vergogne un Ministre comme Gérald Darmanin, dont l'investissement homophobe comme l'orientation sarkozyste et donc très proche des idées du FN n'a jamais été un secret. Son début de mandat aura également été marqué par une sortie d'un racisme extrêmement violent: un rire ignoble sur les Comoriens qui se noient par milliers pour tenter de venir à Mayotte.

Cette impression, légitime expliquait donc  aussi la tentation du laisser-passer face au FN.

Ce qui n'était pas légitime et  a eu aussi une force immense dans les derniers moments de la campagne a été la position du « Ni, ni.... ». Celle-ci n'était pas, dans la majorité de son expression politique une position abstentionniste et rupturiste  classique à l'extrême-gauche : elle était en effet portée principalement par la direction de la France Insoumise, dont le programme soutenait l'imposition du vote obligatoire. Le candidat  de la FI, en 2012, n'avait pas hésité à présenter l'antifascisme électoral comme le combat principal du moment, celui qu'il était à même d'incarner au mieux, face à Marine Le Pen, aux élections législatives d'Hénin Beaumont. La position de la France Insoumise entre les deux tours n'était donc pas une critique du fonctionnement politique global, mais un choix délibéré de minimiser le danger d'extrême-droite, en faisant comme si donner ou pas une consigne de vote n'avait rien d'essentiel.

Un autre mouvement a porté ce prétendu « Ni, ni.... » : l'antisémitisme et le nationalisme étaient au cœur de nombreux discours contre Macron et pas seulement ceux de l'extrême-droite. La focalisation sur la banque Rothschild, mais aussi la dénonciation du candiadat « mondialiste » ont été au cœur de bien des rhétoriques soit-disant socialisantes.

Malgré ce contexte très défavorable, le barrage antifasciste s'est fait. Il n'était absolument pas le discours dominant mais il s'est fait. Il est important de le souligner, car c'est aussi la différence avec 2002 qui saute aux yeux : après 2002, toute une génération politique, avec ou plus ou moins d'opportunisme, se revendiquait de cette filiation là. Aujourd'hui , quelques semaines après les élections, tout le monde a juste envie d'oublier qu'il a voté Macron.

Les fascistes eux ne risquent pas d'oublier ce qui a bien été une défaite relative. Ils n'avaient aucune raison de la penser inévitable. Pas après la victoire de Donald Trump, qui était inenvisageable lorsqu'il a émergé comme candidat improbable dans une primaire. Pas après la victoire d'extrême-droite et de droites extrêmes dans de nombreux pays d'Europe ces dix dernières années. Pas dans un contexte marqué la puissance ascendante de ces mouvements, dans les urnes mais aussi dans la rue sur une assez longue période. Pas après des succès électoraux à divers scrutins en France ces dernières années. Pas après des années d'hégémonie dans le débat public , où quasiment chaque semaine, une polémique islamophobe , entre autres, leur donnait l'occasion de s'exprimer même quand ils ne la lançaient, tandis que l'antisémitisme le plus violent connaissait un succès immense au travers de la mouvance dieudonniste et soralienne.  De plus, si la victoire totale pouvait tout de même apparaître très incertaine, l'arrivée en tête du premier tour a longtemps été présentée comme quasi-sûre, et laissant augurer un second tour beaucoup plus serré.

Contrairement à ce que martelait le Front National, il n'est d'ailleurs pas sûr que le face à face avec Macron était la chose la meilleure du point de vue du triomphe de leurs idées. L'échec de François Fillon, dont la rhétorique extrêmement violente dans ses dimensions racistes , homophobes et « anti-système » a été un marqueur très important de la décomposition de la droite et de son alignement sur l'extrême-droite a eu des conséquences : quelques mois auparavant, on pouvait de manière très réaliste imaginer un second tour, où l'extrême-droite n'aurait eu qu'à montrer qu'elle était l'original par rapport à la copie. Et envisager une campagne d'entre deux tours qui en grande partie aurait été une surenchère permanente sur les promesses de racisme d'Etat , d'autoritatisme sécuritaire, et d'envolées nationalistes agressives. Le nombre de points d'accord des deux candidats était énorme, qu'il s'agisse de la soumission à Poutine et à Trump, de l'attaque frontale contre la révolution syrienne. Mais aussi de la rhétorique anti-mondialiste à relents antisémites : on se souviendra que lors de cette campagne, le parti LR a notamment diffusé une caricature de Macron en «  judéo-bolchevik » sur son compte Twitter, ce qui constituait tout de même un événement idéologique dans le caractère assumé de la reprise de l'analyse fasciste du monde.

Ce second tour là n'a pas eu lieu, et c'est une mauvaise nouvelle pour toutes les forces racistes, antisémites , homophobes et fascistes qui n'ont pas pu se targuer d'une hégémonie totale de leurs idées dans le débat politique officiel.

Marine Le Pen n'aura pas réussi non plus à maintenir son image de candidate ordinaire entre les deux tours : beaucoup de commentateurs du débat avec Emmanuel Macron ont affirmé qu'elle avait été  « mauvaise » ou que Macron avait été « très bon ». En réalité Marine Le Pen a simplement été fasciste dans la forme et dans le fond . Beaucoup ont pointé la ressemblance avec son père, mais elle ressemblait aussi beaucoup à Alain Soral, ce soir là, dans l'agressivité, le non-sens violent et hurlé, l'alignement de mensonges sans discontinuer. Elle ressemblait aussi beaucoup à elle même, dans ses discours de meeting que peu de gens regardent en entier. Mais elle ne ressemblait effectivement plus au portrait flatteur et dédiabolisé qu'on nous sert depuis des années, à grands coups d'entretiens complaisants, ou de brèves interventions télévisées sur des sujets qui l'arrangent.
Si elle a fait peur ce soir là, ce n'est donc pas parce qu'elle a été différente mais parce qu'elle n'a pas été coupée au montage. C'est elle, et elle seule qui , dans sa brutale franchise a montré ce qu'était l'extrême-droite depuis toujours.

Le Front National ne ressort donc pas aussi renforcé qu'il l'avait espéré. Et comme dans tout camp politique, un espoir déçu , même partiellement, est parfois aussi dévastateur qu'une véritable défaite. Pour toute l'extrême-droite, pour tous les fascistes, au sommet comme à la base, psychologiquement, la perspective de la prise du pouvoir national n'est plus une option à court terme. Ce qui pouvait provisoirement juguler les concurrences en interne , mais aussi en externe disparaît. L'enthousiasme militant d'une partie de la base et leur fidélité aux chefs s'amenuise.Les divergences réelles s'aiguisent: ce ne sont pas comme on nous les présente des divergences sur le fond de la politique à appliquer, mais sur la propagande à mettre en oeuvre avant la prise du pouvoir: très classiquement, une partie des frontistes estime nécessaire de cibler les classes populaires avec une démagogie protectionniste très forte, tandis qu'une autre considère que le secret de la victoire réside dans les signes donnés à la partie de l'électorat plus favorisée, qui tient à un discours économique de droite dure contre les droits sociaux.

Pour autant, encore une fois, la situation n'est pas celle de 2002. La banalisation du Front National n'est pas seulement une offensive idéologique, c'est une réalité concrète. Les moyens matériels alloués par la démocratie aux fascistes ont augmenté avec leurs succès électoraux, aux élections municipales et régionales. Ils augmenteront encore avec les législatives. L'enjeu de tous ces scrutins n'est pas seulement la conquête du pouvoir effectif au niveau politique mais aussi l'argent. Le nerf de la guerre, celui qui permet de financer des salariés à temps plein mais aussi les opérations de propagande. Et l'on voit avec les affaires d'emplois fictifs pléthoriques, que le Front National utilise tous les moyens pour décupler son accès à la manne de l'argent public sans trop se préoccuper d'une justice qui mettra de toute façon des années et des années à sévir.

L'extrême-droite, quels que soient ses conflits internes est installée pour très longtemps dans le paysage politique. Et il ne s'agit pas seulement de sa "face légale", le Front National. A mesure que celui-ci montait, c'est toute la mouvance fasciste qui est montée en puissance. Les groupes néo-nazis ou identitaires violents sont eux aussi très bien installés dans le paysage public. Ils sont à la fois un aiguillon pour le Front, une école de formation pour ses cadres ( comme l'illustre par exemple le parcours de Philippe Vardon) et une sphère activiste qui décuple et amplifie les thématiques du parti dans la société.

La stagnation apparente du FN dans le champ du pouvoir politique légal leur donne la possibilité d'attirer toutes celles et ceux qui voudront de l'action et des résultats de suite : d'ailleurs le second tour a été suivi de violences immédiates contre des militants antifascistes dans plusieurs villes de France. Un bidonville a été attaqué deux fois de suite par des néo-nazis à Valmy, en marge d'une réunion électorale de Civitas et du Parti de la France. Les campagnes de harcèlement et de menaces contre celles et ceux qui osent s'exprimer contre la violence fasciste se développent depuis des années, de manière croissante, en témoigne l'affaire Marsault , et elles deviennent systématiques : ainsi la protestation de quelques lycéens de Calais contre une professeure candidate pour Civitas entraîne-elle immédiatement leur mise en danger.

Il ne faut pas compter sur une réaction d'ampleur des pouvoirs publics français : face au terrorisme néo-nazi, nous sommes sans doute , en Europe l'un des pays où son existence est niée avec le plus de force. En témoignent deux affaires récentes : l'implication d'un réseau néo-nazi, celui de Claude Hermant dans la vente d'armes au meurtrier de l'attentat de l'Hypercacher, et le fait que ce réseau était parfaitement connu et depuis longtemps des autorités, puisque nombre de ses membres étaient indicateurs de police. Malgré le travail d'investigation très fouillé de certains journalistes, la chose n'émerge toujours pas comme « scandale public », même si elle rappelle pourtant l'affaire allemande de la NSU.
De la même manière , il aura fallu plusieurs années pour qu'une affaire pour le moins suspecte dès le départ, celle de la noyade à Lille du militant antifasciste Hervé Rybarczyk  et de plusieurs autres personnes fasse l'objet d'une enquête....suite aux confidences à d'autres prisonniers d'un jeune néo-nazi, Jérémy Mourain, chef d'un groupe violent et armé, sur sa responsabilité dans ce qui s'avère être un meurtre. Cette affaire là ne fait pas la une non plus et ne déclenche aucune réaction publique des responsables politiques nationaux : pourtant, elle est liée à la précédente puisque Jérémy Mourain avait pour leader un acolyte de longue date de Claude Hermant, Serge Ayoub, qui fut également le mentor des assassins de Clément Méric.

La terreur fasciste est donc durablement installée, et elle s'accompagne de violences allant jusqu'au meurtre. Dans le contexte d'impunité qu'on vient de définir, elle ne peut que se renforcer, et pèsera énormément ces prochaines années.

Comme pèsera sans nul doute, la pression quotidienne sur toutes les cibles de l'antisémitisme, du racisme, de l'islamophobie ou de l'homophobie.

D'une part, le nouveau pouvoir a fait le choix de donner des signes très forts de complaisance et de tolérance : en témoigne la nomination à un poste ministériel très important de Gérald Darmanin, un des sarkozystes les plus représentatifs de la politique d'alignement sur les thématiques de l'extrême-droite, qu'il s'agisse de ses sorties racistes ou homophobes. De plus, le nouveau Ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est illustré comme maire de Lyon par son indifférence vis à vis des agissements de l'extrême-droite ultra-violente : il persiste et signe en permanence, obsédé par la prétendue résurgence d'un « terrorisme d'extrême-gauche", mais refusant de se positionner clairement sur l'importance des violences fascistes.Surtout, l'objectif d'Emmanuel Macron et des siens est d'inscrire l'état d'urgence dans la normalité : au delà même de la rupture de régime que  même des juristes très modérés dénoncent comme une atteinte à l'essence même de la démocratie telle qu'elle existe, le simple fait de vouloir inscrire une loi coloniale aussi symbolique dans le quotidien en dit très, très long sur le rapport de forces qui s'est installé dans ce pays, en faveur des idées de l'extrême-droite.

Des caisses de résonance pour l'essor des idées fascistes existent au sein même d'autres forces politiques : La France Insoumise, par exemple, assume son parti pris pro-Poutine, comme ses clins d'oeil appuyés aux électeurs "souverainistes et patriotes". Dans le même temps, toute une mouvance nostalgique de Manuel Valls a recommencé à agiter les campagnes islamophobes anti-réfugiés, et anti-quartiers populaires dès la fin de la campagne présidentielle, qu'il s'agisse de l'offensive contre le quartier La Chapelle, ou de la reprise des sempiternelles accusations de « racisme anti-blancs » contre toute initiative d'auto-défense entre concernés par le racisme.

On ne peut donc pas dire que les forces fascistes sortent totalement affaiblies de cette présidentielle : simplement, et ce n'est pas rien, elles ont perdu une occasion de se renforcer de manière exponentielle et c'est sans doute la première fois depuis de longues années, qu'en France, elles n'apparaissent pas en ascension fulgurante.

Par ailleurs, les échecs cuisants de Nicolas Sarkozy, comme de Manuel Valls ont tout de même marqué l'affaiblissement politique de deux figures historiques de la reprise sans vergogne des thématiques de l'extrême-droite, sur le plan raciste et sécuritaire.

Un moment de flottement s'ouvre donc malgré tout : un moment qui ouvre la possibilité d'un antifascisme véritablement offensif, qui exigerait l'égalité plutôt que se contenter de combattre les inégalités au coup par coup. Ce mouvement là ne se décrète pas : il ne peut pas reposer uniquement sur les collectifs antiracistes, quels qu'ils soient, il ne peut pas se contenter de mobilisations spécifiques entre antiracistes, même si celles-ci sont vitales et nécessaires. Dans chaque lieu de travail , dans chaque lieu de vie, la pression raciste , antisémite et homophobe est désormais présente et la réaction se doit d'être intégrée à toutes les luttes.

Et très clairement, ces prochaines années, il faudra aussi se battre pour imposer une grille d'analyse et d'action avec des objectifs ambitieux : le mouvement de solidarité avec les réfugiés, la persistances des luttes des travailleurs sans papiers, l'émergence d'un antifascisme internationaliste qui se manifeste dans la solidarité avec les victimes de Poutine ou avec la révolution syrienne sont des pistes. Des pistes qui ne pourront être explorées massivement que si nous sommes capables d'être intransigeants avec les tares qui ont grandi dans nos propres rangs : il faut d'abord être conscient des dégâts occasionnés par l'antisémitisme et la complaisance avec l'antisémitisme « de gauche » : les dégâts occasionnés par les compromissions avec les négationnistes comme Pierre Guillaume, puis Faurisson, puis Garaudy dans les années 80 et 90 ont généré les dégâts occasionnés par Dieudonné, qui a longtemps été considéré comme un compagnon de route dans une certaine gauche avant de passer, de lui même , à l'extrême-droite.

Et c'est bien aussi l'influence sociale massive de sa mouvance qui a créé une grille de lecture démente du monde, pour le plus grand bien de Poutine, de Trump ou de Le Pen même en France. Toute une génération a grandi et s'est socialisée politiquement par les délires conspirationnistes, antisémites ou islamophobe.

Toute une génération a grandi dans le relativisme sordide et triomphant, celui sur lequel s'appuient Daech, comme Poutine, Trump ou Assad , pour trouver des relais de propagande en France. Toute une génération  a aussi grandi avec le nationalisme le plus chauvin comme cadre de luttes censées être progressistes et offensives: à ce titre, l'exemple de la lutte des Whirlpool est très symbolique. On peut toujours se rassurer en parlant d'"une récupération" par le FN, mais la réalité, c'est que les ouvriers, les ouvrières et les délégués syndicaux qui ont choisi pour certains d'accueillir à bras ouverts Marine Le Pen, et même pour l'un d'entre eux d'appeler à voter FN sont sont responsables de leur soutien assumé à un parti raciste d'essence fasciste.

L'avenir exigera de chacun d'entre nous d'être également conscients , et d'assumer nos idées même lorsqu'elles nous condamnent provisoirement à être minoritaires au quotidien dans nos espaces de luttes.

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