mercredi 25 mai 2016

Israël: nouvelle dérive vers l'extrême-droite


                                                  Lieberman, Netanyahou, Benett: trio terrible.


Actualisation du 27 décembre 2016 :

Avigdor Lieberman, ministre de la Défense du gouvernement de Netanyahou (voir ci-dessous sur sa nomination récente) escalade et a recours à des comparaisons scandaleuses .
Il a qualifié la conférence internationale sur le Proche-Orient qui se tiendra le 15 janvier à Paris de "procès Dreyfus".
Le gouvernement français organise cette conférence en présence des représentants de quelque 70 pays pour réitérer le soutien de la "communauté internationale" à une négociation sur la base de la solution à deux États, Israël et la Palestine.
 
"Une version moderne du procès Dreyfus"
"Il ne s'agit pas d'une conférence de paix mais d'un tribunal contre l'État d'Israël", a affirmé Lieberman lors d'une réunion des députés de son parti, Israël Beiteinou (extrême droite nationaliste)  "C'est une version moderne du procès [d'Alfred] Dreyfus avec l'État d'Israël et le peuple juif sur le banc des accusés [...]",

Le procès Dreyfus symbolise l'antisémitisme des autorités françaises à la fin du 19e siècle et sert ainsi à disqualifier l'initiative diplomatique en cours.

Il s'agit d'une manipulation grossière, qui salit la lutte contre l'antisémitisme, ainsi que la mémoire de Dreyfus et des "dreyfusards"  qui ont combattu pour la justice. 

Nous sommes d’autant plus sensibles à cette falsification en raison de notre référence à l'engagement de militants de gauche dans la lutte contre l'antisémitisme à l'époque de l'affaire Dreyfus (voir ici

MEMORIAL 98

Actualisation du 24 décembre 2016 :

L' ONU réitère sa condamnation de la colonisation et déchaine la fureur de Netanyahou.

Cette résolution du Conseil de sécurité exhorte Israël à "cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est"
Elle est votée dans le double  contexte de la fin de la présidence Obama et d'une accentuation de la colonisation. Cette dernière s'étend notamment à la spoliation de terres "privées" palestiniennes c'est dire de terres dont les propriétaires palestiniens sont  parfaitement identifiés. 
Une loi dite de " régularisation" vient d'être votée au Parlement israélien par la majorité de droite et d'extrême-droite, afin de valider des colonies  "sauvages" installées par les colons les plus extrémistes. C'est le cas de la colonie d'Amona, dont l'évacuation décidée par la Cour suprême israélienne, ne cesse d'être reportée, alors que Netanyahou va au devant des exigences de ses habitants illégaux. 
L'élection de Trump, qui soutient la colonisation et rejette la création d'un État  palestinien, a sans doute joué un rôle dans la décision d’Obama en faveur de l'abstention sans veto des USA.  
L'annonce par Trump de la nomination d'un ambassadeur américain en Israël partisan de l'annexion des territoires palestiniens préfigure ce que sera sa politique. 
Les soutiens "antisionistes" de Trump, tels le néo-nazi Soral et les nazis américains, apprécient l'antisémitisme qui a entouré  sa candidature mais gardent évidemment le silence sur ces développements.

Face à ce vote Netanyahou se déchaine contre Obama et les pays qui ont agi pour le vote de la résolution. Il a ainsi annoncé la cessation du  modeste programme d'aide israélienne au Sénégal et proclamé qu'il n'appliquerait pas la résolution.

Nous réaffirmons que seul le retrait d'Israël des territoires, occupés illégalement depuis près de 50 ans (juin 1967)  et la naissance d'un État palestinien souverain permettront d'en finir avec la violence qui gangrène ces deux peuples (voir ci-dessous).

Memorial 98



 

Actualisation  13 juillet :


Les assauts  de la droite nationaliste israélienne contre les représentants de la société civile ont trouvé une traduction législative. Les députés ont adopté, lundi 11 juillet, un projet de loi liberticide, qui oblige les organisations non gouvernementales (ONG) recevant plus de la moitié de leur financement de gouvernements étrangers à en faire la déclaration publique et le rappel systématique à chaque publication. En cas de refus, elles s’exposeront à une amende.
Le texte ne mentionne pas le profil précis des ONG visées. Mais il va de soi qu’il s’agit de celles défendant les droits des Palestiniens, l’égalité entre Juifs et Arabes en Israël ou bien celles documentant les violences de l’armée en Cisjordanie ou lors des guerres successives dans la bande de Gaza. 
D'autres associations qui soutiennent la politique gouvernementale sont plutôt financées par des fonds privés, parfois opaques. Elles ne seront donc pas impactées par ces nouvelles règles.

Comme nous l'indiquions en conclusion de cet article (ci-dessous) Memorial 98 soutient ces associations et ONG menacées.

Memorial 98

Actualisation du 26 juin:

Yishai Schlissel, qui a tué Shira Banki,  et blessé plusieurs autres personnes lors de la Gay Pride qui s'est tenue à Jérusalem en juillet 2015, a été condamné dimanche 26 juin à la prison à perpétuité, assortie de 31 ans de détention.

En juillet de l'année dernière,  Shlissel s'était précipité sur le défilé qui parcourait Jérusalem, armé d'un couteau. Shira Banki, 16 ans, grièvement touchée avait succombé à ses blessures quelques jours plus tard, tandis que six autres personnes avaient été blessées.
Le geste de Shlissel avait causé un émoi d'autant plus grand en Israël que l'homme avait été libéré quelques semaines auparavant, après avoir purgé 10 ans de prison pour une agression similaire lors d'une précédente marche des fiertés à Jérusalem en 2005.
Il avait alors blessé trois personnes.
Il s'était abondamment répandu contre les homosexuels sur différents forums avant de passer à nouveau à l'acte l'année dernière.
Inculpé d'assassinat le 24 août, Yishaï Shlissel n'avait montré aucun remords devant le tribunal. Il avait même estimé que "la marche des fiertés devait être arrêtée pour permettre à l'âme de Shira Banki de s'élever vers le paradis".
"Quiconque participe à la Gay Pride de Jérusalem déclare la guerre à Dieu et celui qui défie Dieu ne peut demander à être plaint", avait-il martelé. La police israélienne avait été vivement critiquée pour son incapacité à l'empêcher de passer de nouveau à l'acte et des limogeages jusqu'aux plus hauts niveaux de l'institution avaient suivi cette attaque.

L'agression du 30 juillet avait été suivie le lendemain d'une attaque perpétrée par des extrémistes juifs contre la famille palestinienne Dawabshe. Plusieurs de ses membres, dont un bébé avaient été brûlés vifs dans le village de Douma, en Cisjordanie occupée. Ces deux événements violents avaient entraîné des mobilisations de protestation  et remis sur le devant de la scène la question de la violence de l'extrême-droite.



Memorial 98
 

L'entrée d'Avigdor Lieberman dans le gouvernement déjà très à droite de Netanyahou représente une signe particulièrement négatif.  Elle annonce une radicalisation de la politique de colonisation et de répression à l'égard de la population palestinienne. Elle porte aussi la menace d'atteintes accrues aux libertés démocratiques, notamment à l'égard des ONG et associations qui la contestent.

De plus, Lieberman, dont le parti ne représente que 4% des députés, ( 5 sur 120) obtient le ministère clé de la Défense et donc la maîtrise des territoires occupés.
Il succède au ministre de la Défense Yaalon qui est apparu comme défendant l’État de droit et une certaine modération.  Yaalon a déclaré, avant d'être contraint à la démission par  Netanyahou : " ... A ma grande tristesse, des éléments extrémistes et dangereux ont pris le contrôle d'Israël et du parti Likoud,. Ils en ébranlent les fondations et menacent de nuire à ses habitants."
Cette alliance représente donc un choix délibéré de Netanyahou, dont le gouvernement comporte déjà les représentants des colons religieux de Benett et des intégristes religieux. 

C'est l'exécution survenue à Hébron, le 24 mars dernier, qui a fait éclater la crise. 
Ce jour là le sergent israélien Elor Azaria, a tué, de sang-froid, un  assaillant palestinien qui avait été désarmé et gisait au sol, blessé. 
La scène avait été filmée et diffusée par une ONG israélienne, Betselem. Le chef d'état-major Eisenkot et le ministre de la Défense Yaalon ont  immédiatement estimé que le soldat devait être jugé et puni sévèrement pour son geste, qui ressemblait fort  à un assassinat. Netanyahou s'est au contraire placé du côté de l'extrême-droite la plus violente qui soutient le soldat, présenté comme un héros.  

Puis, à l'occasion des célébrations de la fête nationale d'Israël,  l'adjoint du chef d'état-major Yair Golan a mis en garde contre  le climat actuel de racisme et de violence en Israël, en référence à nouveau à l'exécution de Hébron et aux réactions qui l'ont suivie. A partir de sa propre histoire familiale,  il établissait un parallèle avec l' Europe et Allemagne de l'entre-deux-guerres (à lire), qui a vu la montée des périls. Il appelait à un examen de conscience de la société israélienne: " ...  Car s’il est quelque chose qui nous fait frémir dans le souvenir de la Shoah, c’est de discerner les processus nauséabonds intervenus en Europe en général et en Allemagne en particulier, il y a 70, 80, 90 ans, et de trouver la trace de leur présence ici parmi nous, aujourd’hui, en 2016. Car il n’est rien de plus facile que de haïr l’étranger ; rien de plus facile que de semer la peur ; rien de plus facile que la bestialité, le cynisme et l’auto-satisfaction..." .  Netanyahou a vivement attaqué ce discours et stigmatisé son auteur. Le ministre de la Défense a en réponse défendu la liberté de pensée et de parole des militaires, à la grande colère du Premier ministre.

La Défense et la peine de mort

Dans le même temps,  Netanyahou cherchait à élargir sa fragile coalition, qui disposait d'une majorité parlementaire minimale de 61 sièges sur 120.  Il a fait mine de négocier avec le parti travailliste dont le chef Herzog s'est prêté à la manœuvre, contre l'avis de la majorité de son parti. 
Mais en réalité il menait des tractations avec l'ancien ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, chef du parti ultranationaliste Israël Beitenou, pour le faire entrer dans sa coalition gouvernementale. Lieberman avait deux exigences dans le domaine sécuritaire : le poste de ministre de la Défense et l'instauration de la peine de mort pour les auteurs d'attentats. 
M. Lieberman avait ainsi exigé un retour en arrière de plusieurs décennies sur la question de la peine de mort. Il voulait  qu’elle puisse être prononcée par les tribunaux militaires et de plus à la majorité simple. Or, la justice militaire s’applique presque exclusivement aux Palestiniens en Cisjordanie. Par conséquent, les colons israéliens coupables de crimes graves auraient été exemptés de cette sentence, car jugés par des tribunaux civils, introduisant ainsi une discrimination supplémentaire. Au final, Lieberman a du abandonner temporairement son exigence, en raison notamment de l'opposition des instances judiciaires.
 Historiquement, la peine de mort n’a été appliquée qu’une seule fois en Israël , à l'égard de Adolph Eichmann,  condamné pour sa participation à la Shoah.

L'arrivée à ce poste stratégique de la Défense de ce politicien connu pour son extrémisme et ses déclarations provocatrices est plus qu'inquiétante.
 Lieberman a déjà plusieurs fois menacé de bombarder l’Égypte et Gaza. Il se dit prêt à liquider les chefs du Hamas. En tant que chef de l'armée, il serait appelé à gérer la Cisjordanie occupée, alors qu'il a multiplié les diatribes anti-arabes.
Avec l'arrivée d'Israël Beitenou, la coalition au pouvoir est ainsi la plus à droite qu'Israël ait jamais connu.

Le cancer de l'occupation et de la colonisation continue de dévorer la société israélienne. La poursuite de l'occupation des territoires palestiniens entraîne une spirale de violence et de mort.
L'extrême-droite se nourrit de cette domination  sur la vie quotidienne d'un autre peuple.
 
Seul le retrait d'Israël des territoires, occupés illégalement depuis près de 50 ans et la naissance d'un État palestinien souverain permettront d'en finir avec la violence qui gangrène ces deux peuples. Les forces qui soutiennent ces perspectives de paix et de justice ont plus que jamais besoin de soutien, alors qu'elle sont harcelées et mises en cause par le gouvernement. Il s'agit notamment des courageuses associations israéliennes telles que  Betselem, Hand in Hand et de nombreuses autres qui travaillent à la coexistence, contre le racisme et l’occupation.

lundi 23 mai 2016

Lutter contre le viol et l'excision en Afrique




Mise à jour du 6 février 2019


L'attribution du Prix Nobel de la Paix 2018 au Dr Mukwege et à la femme Yezidi Nadia Murat donne une importance particulière aux combats contre les violences faites aux femmes, dont l'excision fait partie. 
Lors de cette journée mondiale contre l'excision, il est crucial de réaffirmer le soutien à toutes et celles et ceux qui luttent sur le terrain 

MEMORIAL 98
 




Le médecin congolais Denis Mukwege s’est spécialisé dans la reconstitution génitale des femmes victimes de violences sexuelles en temps de guerre.
 En l'espace de seize  années, il a opéré  plus de 50 000 femmes violées et mutilées de sa région. Nous avons relaté son engagement et retraçons ci-dessous sa contribution lors d'un colloque à Paris le 9 mars 2016.


 A partir de son expérience au Congo, le docteur Mukwege élargit son combat. Il souhaite désormais  s'investir pour faire régresser les mutilations génitales féminines au Burkina Faso.
Dans ce but, il collecte des fonds pour construire un Centre pluridisciplinaire avec comme modèle Panzi du nom de son hôpital construit à Bukavu en 1999.
La construction de la future clinique devrait commencer fin 2016 à Nakamtenga[1] avec l'aide de Yennenga Progress[2] .
Le personnel soignant donnera des conseils et des soins pour réduire la mortalité infantile et traitera des séquelles de l'excision.
Comme à Panzi cette clinique fournira une aide chirurgicale, psychologique et juridique.


Les mutilations génitales féminines (MGF)  

Deux cents millions de filles et de femmes souffrant de mutilations génitales ont été recensées dans trente pays à travers le monde. Quarante quatre millions sont âgées de quatorze ans ou moins.
La Somalie, la Guinée et Djibouti restent les pays où le taux de mutilation est le plus élevé.
Dans les trente pays où l'excision semble la plus répandue, la majorité ont été excisées avant d'avoir cinq ans.
Ces chiffres ont été publiés par le Fond des Nations Unies pour l'enfance[3] 
L'ONU s'est fixé pour objectif de faire cesser cette pratique d'ici à 2030.

Au Burkina Faso, cette pratique sévit toujours malgré son interdiction par la loi depuis 1996. L'excision est passible d'une peine de trois ans de prison portée à dix ans si la femme décède des suites de l'opération.
Afin de contourner l'interdiction l'acte est pratiqué dans la clandestinité ou bien dans un pays voisin où l'excision est tolérée.
Ces mutilations génitales revêtent différentes formes: ablation du clitoris, des lèvres, couture du vagin.

Un des acteurs de la mobilisation est le conseil burkinabé de lutte contre la pratique de l'excision (CNLPE)
Depuis 1990, il existe un numéro vert gratuit et des campagnes de sensibilisation. Le conseil concentre son action sur la prévention et la guérison des mutilations génitales féminines plutôt que sur la chirurgie réparatrice.


Des femmes et des organisations se mobilisent dans différents pays

Alimatu Dimonekene (Sierra Leone) a été excisée à l'âge de seize ans et "réparée".
Militante de la lutte contre l'excision au Royaume Uni, elle est la fondatrice de ProjectACEi, un groupe d'action à Enfield, près de Londres, qui aide à faciliter les relations de travail entre les professionnels et les communautés pour mettre fin à la mutilation génitale féminine.
Elle espère étendre son travail à l'échelle internationale.

Sahra Ali Samatar, ministre des femmes et des affaires familiales de Somalie se bat pour en finir avec cette pratique . Le premier ministre Omar Shermarke la soutient.
Une pétition a été lancée en ligne et signée par 1,3 million de personnes.

Edna Adan, qui a été la première sage-femme du Somaliland[4] et ex-ministre des affaires étrangères fait aussi campagne depuis quarante ans contre l'excision.
A 79 ans elle a fait construire à Hargeisa[5] une clinique où elle forme de jeunes sages-femmes.

Dans certains pays, l'excision est en régression (Libéria, Burkina Faso).
Dix-huit pays africains dont le Nigéria en juin 2015, ont interdit définitivement les mutilations génitales féminines proscrites par le droit international.
D'autres pays ont adopté des lois qui la déterminent en tant que "crime": le Kenya, l'Ouganda la Guinée-Bissau, le Nigéria, la Gambie et le Burkina Faso.



"Viols, armes de guerre : pour un tribunal pénal international en République démocratique du Congo".

Après la sortie du film "L'homme qui répare les femmes"[6] ,  un colloque  avait été organisé le mercredi 9 mars 2016 à la mairie de Paris

Des responsables et acteurs de ce combat étaient présents au côté du Dr Docteur Denis Mukwege, en partenariat avec le réseau féministe "Ruptures"


Le colloque

Dans la salle comble règne un brouhaha joyeux : beaucoup de femmes africaines, des femmes européennes en grand nombre, peu d'hommes. Plusieurs générations sont représentées.
Le Docteur Mukwege est assis dans le public. A ses côtés, le réalisateur du film, Thierry Michel et des élus ainsi que des représentantes des cinquante deux marraines[7] dont la doyenne a quatre-vingts seize ans.

Le colloque débute par une vidéo qui projette des images de femmes qui tentent de se reconstruire avec l'aide d'autres femmes. Des femmes médecins, assistantes sociales, avocates, psychologues, conseillères juridiques, médiatrices familiales toutes dévouées à la cause de leurs "'sœurs" victimes et bannies.
Les photos ont été prises dans l'hôpital de Panzi où elles sont accueillies dans "les maisons d'écoute".
Plusieurs intervenants vont faire une communication avant celle du Docteur Denis Mukwege.
Tous unis dans le combat qu'ils mènent pour faire reconnaître auprès d'un tribunal international les horreurs que subissent les victimes de ces hordes armées qui violent des femmes comme "une arme de guerre massive" ainsi que le martèle le Docteur Denis Mukwege.
Le colloque prendra fin par un cri d'alarme lancé par le réalisateur du film "l'homme qui répare les femmes, la colère d'Hippocrate".


La guerre en toute impunité depuis 1996

La plupart des femmes congolaises violées viennent de la région du Nord Kivu terrain de guerre depuis 1996. "Le minerai du sang" est l'objet de convoitise de hordes incontrôlables. Le Coltan source d'esclavagisme moderne génère le conflit le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale. avec des millions de morts et de personnes déplacées.


Comment faire reconnaître ces crimes par un tribunal international

Maître Amuli Réty[8] avocat et Jean-claude Bagayamukwe Dunia, bâtonnier du barreau de Bukavu au Sud-Kivu, expliquent leur combat au quotidien pour faire condamner les bourreaux des femmes congolaises violées.
Confrontés à des obstacles socio-économiques, ils ont organisé des consultations gratuites. Le tribunal se déplace jusqu'aux villages les plus éloignés de la Cour.
Il faut des mois avant qu'un jugement soit rendu et personne ne sait comment l'appliquer. De toute façon les accusés font appel et tout est à refaire.
Les autorités gouvernementales ne montrent aucune volonté pour agir. La responsabilité revient aux Nations Unies.
Six cent incidents volontaires ont été recensés couverts par la loi du silence entre mars 1993 et juin 2003. La police scientifique et technique est financée à hauteur de 25 à 30 millions de dollars, et il n'y a toujours pas de fichier ADN. 


Le témoignage de Caddy Adzuba Furaha[9]

Caddy Adzuba Furaha témoigne avec détermination et inquiétude. Depuis l'âge de quatorze ans (elle en a trente quatre aujourd'hui) elle a connu la guerre. Sa propre mère a été violée. Au risque de sa vie, elle n'a pas hésité à aller dans des villages secourir des femmes abandonnées, laissées pour mortes.
Sa bataille est quotidienne pour dénoncer les violations des droits de l'Homme et offrir une vie meilleure aux femmes victimes de viols ainsi qu'à leurs enfants.

Le Docteur Denis Mukwege 

Le docteur Mukwege est applaudi, accompagné des youyous de femmes africaines qui lui témoignent toute leur reconnaissance.
Le ton de sa voix est grave pour nous raconter l'attaque de l'hôpital de Lemera en 1996.
Nombre de ses collaborateurs et patients ont été assassinés. Il n'y aura jamais de commémoration de ce massacre.

A la suite de cette destruction le docteur a créé l'hôpital de Panzi et sa fondation.
Il affirme que les viols ne sont pas des actes gratuits sexuels mais une volonté de tuer au sein même de villages entiers, en public, devant les hommes impuissants.
Beaucoup de femmes en meurent. Restent les enfants, porteurs de traumatismes psychologiques. Il y a un risque de contamination par le virus du sida. Nombre de ces femmes n'auront pas d'autres enfants. Elles sont confrontées à la précarité. La plupart d'entre elles ignorent qu'elles peuvent porter plainte.
Face à cette situation, la fondation Panzi propose des aides médicales, chirurgicales, psychologiques et socio-économiques.

Le réalisateur du film Thierry Michel conclut le colloque en lançant un cri d'alarme : " le silence tue, la parole aussi peut tuer"
Il cite en exemple l'assassinat de Floribert Chabaya[10] retrouvé mort dans sa voiture, ligoté.
La veille de ce colloque, aux Nations Unies, une lettre ouverte soutenue par cent quatre vingt deux femmes congolaises a été rendue publique afin de dire NON à l'impunité des auteurs de ces crimes.

L'ACAT[11]

Cette organisation se mobilise particulièrement contre la pratique de l'excision et soutient les actions du Docteur Mukwege en organisant dans différentes villes des débats qui font suite aux projections du film : "l'Homme qui répare les femmes". 

Évelyne L.


Actualisation du 23 août 2016:

Portrait du chirurgien burkinabé le Dr Akotionga, qui a 70 ans poursuit le combat contre l'excision et opère bénévolement les femmes qui en sont victimes:
  

« L’excision est une coutume atroce dont il faut se débarrasser. » Bien qu’interdite par la loi, la pratique traditionnelle est encore en vigueur dans de nombreuses provinces.
« L’argument traditionaliste ne tient pas. Nous nous sommes déjà défaits d’autres traditions moins dangereuses. Avant, pour se distinguer, les 60 ethnies du Burkina Faso se scarifiaient le visage. Plus personne ne le fait aujourd’hui. Les gens se limaient les dents en pointe pour ressembler aux félins. Une tradition abandonnée elle aussi. Pourquoi garder l’excision ? Une coutume qui rend malade ou tue n’est pas une bonne coutume. »
MEMORIAL 98












[1] Un village à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou
[2] Réseau international d'entrepreneurs sociaux basé en Suède

[3]L'UNICEF est une agence de L'Organisation des Nations Unies pour l'amélioration de la condition des enfants
[4] Somaliland : République indépendante autoproclamée du nord de la Somalie
[5] Hargeisa : Capitale de la République du Somaliland
[6] "L'homme qui répare les femmes" : sortie nationale en salle le 17 février 2016

[7] Déclaration sur les viols comme arme de guerre en RDC et pour l'instauration d'un tribunal pénal signée par 52 marraines.


[8] Maître Amuli Réty, initiateur de la campagne des 52 marraines
[9] Caddy Adzuba Furaha, journaliste, elle a reçu plusieurs prix pour ses combats
[10]Floribert Chebaya fondateur de l'ONG "la voix des sans voix"
[11] ACAT : Action chrétienne contre la torture et la peine de mort