samedi 18 juillet 2020

Colonialisme : que signifie la restitution par la France des restes de 24 combattants algériens ?



L’Algérie a enfin récupéré le 3 juillet  les restes de 24 de ses combattants tués au début de la colonisation française au XIXe siècle.
Ces crânes ont été restitués par la France après que pendant des décennies ils aient été entreposés au Musée de l’Homme à Paris.
C'est avec une grande émotion que le peuple algérien a vécu l'arrivée de l'avion militaire, encadré par trois avions de chasse, ramenant les restes humains de vingt-quatre résistants.
Il est vrai que le gouvernement avait mis le paquet en termes de communication : tapis rouge, honneurs militaires, diffusion sur toutes les chaines de télévision. 
De toute façon, n'importe quel gouvernement de ce pays continuera à réclamer, à exiger la restitution des autres restes humains retenus dans les musées et autres objets de valeur pillés durant la conquête et la colonisation. C'est une évidence.

Avant de raconter la tragédie de l'oasis de Zaatcha, lieu de provenance de ces restes humains, j'ai choisi deux exemples de colonialismes européens : l'allemand et le portugais, qui selon des clichés très anciens, seraient totalement différents.
Puis je montrerai comment la répression coloniale  et surtout les représailles s'inscrivent dans la déshumanisation des prisonniers vaincus, car racialement perçus comme appartenant à des " races très inférieures”.
D'autre part, comment comprendre  le comportement d'officiers d’élite, laissant leurs hommes commettre des horreurs indicibles, en faisant fi de leur enracinement et environnement intellectuel en métropole ?
C'est pourquoi, j'ai eu l'idée  de présenter rapidement les positions, les  évolutions, les cheminements de deux immenses personnages de notre Panthéon, à l'égard de la colonisation en Afrique: Victor Hugo et Jean Jaurès. Enfin il convient  dire quelques mots sur les administrateurs civils coloniaux français                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Commençons donc  par l'Allemagne coloniale en Afrique : 
                                                                                                                                       Pendant 35 ans, de 1884 à 1919, l'Allemagne fut un empire colonial d'envergure.
La conférence de Berlin de1884 à 1885 dépeça et partagea une grande partie de l’Afrique.
Le roi Léopold II de Belgique reçut à titre individuel le Congo et y mena une politique d’exploitation particulièrement sanglante et inhumaine.
L’Allemagne de Bismarck reçut d’une part le Togo, le Cameroun, l'Afrique du Sud Occidentale qui constitue aujourd’hui  la Namibie. 
Ses possessions en Afrique Orientale furent composées de la Tanzanie, du Rwanda, du Burundi.
Mais limitons nous à l'Afrique Occidentale. 
Entre 1885 et 1903, le colonialisme allemand vola un quart de leurs de terres aux populations Herero* et Nama* avec violence et brutalité en utilisant le travail forcé et la dispersion. Ici, l'idéologie de la " Herrenrasse" (race des seigneurs) prit racine et tout son sens.
Ces coloniaux n'arrivaient pas en Afrique pour y montrer le progrès européen, mais pour "faire et  construire des races inférieures”. 
Les autorités allemandes présentèrent des "villages indigènes"  dans la première exposition coloniale de Berlin en 1896.
Des zoos humains du même genre figurèrent dans l'exposition internationale de Gand en 1903 et à Paris en 1931. 
Ainsi la révolte des Herero, soutenue par leurs voisins Nama, fut-elle réprimée dans le sang  et vouée à la destruction totale de ses membres. 
Quatre-vingts des Herero, soit 65000 personnes, furent tués et la moitié du peuple Nama disparut soit 20 000 personnes.
Les coloniaux allemands mirent  en œuvre des camps de concentration  copiés des camps britanniques durant la guerre des Boers  (1899-1906). Ils pratiquèrent des expériences médicales  sur les êtres humains capturés et menèrent une  guerre de liquidation totale. 
En  1904, 100000 Herero furent assassinés. Ainsi le général Von Trotta, chef du corps expéditionnaire allemand,  a t-il pu déclarer: " je crois que cette nation doit être détruite en tant que telle ». 
Notons que ces crimes n'échappèrent pas à Rosa Luxembourg, qui s'opposa et batailla  contre le colonialisme, en opposition à la majorité des dirigeants de son parti social-démocrate allemand.

 La vision du monde colonial de L'Allemagne  impériale était semblable à celle de la France, de l’Angleterre, de l’Italie, de la Belgique, du Portugal. 
La soumission des Africains fut fondée sur le concept de "races inférieures", partagée par l'immense majorité des élites intellectuelles des pays colonisateurs. J'y reviendrai. 
L’Africain Noir occupait pour eux l'échelon le plus bas, le partage des taches était intangible: les missionnaires s'occupaient de l'éducation chrétienne. L'administration coloniale  allemande inculqua à coups de fouet, la ponctualité, l'ardeur au travail.  Le "bon" docteur Robert Koch, qui reçut le prix Nobel pour ses travaux en bactériologie expérimenta sur des Africains, ce qui était interdit  en métropole.
Pour en finir avec l'Allemagne coloniale, n'oublions pas que le président de la République allemande et  le ministre des affaires étrangères ont reconnu les destructions des peuples Herero et Nama comme un génocide mais rechignent à verser les réparations demandées.

 A présent bousculons un cliché: qu'en fut il du "petit" Portugal ? 
                                                                                                  
Dans son ouvrage :" Les campagnes coloniales du Portugal, 1844 -1941", l'historien René Pélissier montre comment la décision du gouvernement lusitanien de 1895 s'inscrit dans la vague d'interventions brutales des colonialismes européens.
Le Portugal, pays devenu très pauvre et  ayant déjà eu un passé colonial en Afrique, entend bien montrer les dents. On assiste à une augmentation du corps  des officiers, pour lesquels les campagnes d'Afrique font partie de l'imaginaire de la réussite et de l'ascension sociale. Paradoxalement, c'est pourtant pendant la courte période républicaine (1910-1926)  que l'armée recourt à des méthodes purement terroristes pour écraser les révoltes des peuples africains résistant à la colonisation.
Le Portugal utilise les bons vieux procédés britanniques et surtout français en recourant aux auxiliaires africains. Il s'appuie pour cela sur les antagonismes ethniques. Pour cet auteur, le temps des “liquidations" (1911-1926, 1936, 1940-41) sont des campagnes d'Afrique d'une intensité inconnue souvent absentes des  synthèses des grands manuels d’histoire.
Michel Cahen, biographe de René Pélissier, écrit  " Qui se souvient du grand Mousinho de Albuquerque et de ses coupeurs de têtes au Mozambique et dans le Sud Angola ?"
Selon ce même auteur, René Pélissier nous montre que nous sommes à mille lieues des mythes sur les " brandes costumes " (douces mœurs) du colonisateur portugais.
Il précise que la conquête portugaise n'a pas été plus violente que ses consœurs  anglaise, belge, française, allemande ou italienne. Michel Cahen note la phrase plaisante de fin de livre de René Pélissier: " Au moins la langue portugaise est plus franche que les autres, car c'est la seule langue ou' il n'y a qu'un seul mot pour traduire " explorer" et " exploiter" 

S'agissant de la France coloniale en Algérie, nul besoin de remonter aux premières années de la conquête.
 C’est, on les sait, le général Bugeaud qui parvint à terminer la « pacification » de l'Algérie en 1871, après une campagne de razzias  systématique, de destructions de récoltes, de villages pillés et brulés, des massacres planifiés de populations réfugiées dans les grottes par les sinistres "enfumades" (dont celles de Juin de 1845 à Dahra)   et les emmurements  d'êtres vivants. C’est à ce sujet que Zemmour a déclaré le 23 octobre dernier dans son émission quotidienne de CNews : "Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence par massacrer les musulmans, et même certains juifs. Et bien moi, je suis aujourd'hui du côté du général Bugeaud. C'est ça être Français",
 A travers ces massacres, il s'agissait d'atteindre des objectifs politiques précis visant, selon l’historien Charles-Robert Ageron, " à obtenir un effet de terreur destiné à dompter définitivement les indigènes, mais aussi à procurer terres et argent à la colonisation, et préparer l'installation de populations européennes, ce qui n'avait pas été envisagé en 1830".

Un autre grand historien de l'Algérie coloniale , Charles-André Julien , présente le  jeune officier supérieur Lamoricière comme " le plus inhumain de tous les grands chefs de l'armée française  d'Afrique "
 Nicola Schaub dans sa lettre n° 54 du séminaire de science Po " Du colonialisme français " nous alerte sur le fait que " l'histoire des tourments et supplices causés par ces razzias" n'apparait que dans la correspondance des ces officiers , ce sont des images de soi, des images littéraires
 "  Cette génération " poursuit il " assimile et recoupe une esthétique romantique qui se transforme et se subvertit pour exprimer une destruction systématique".  En lisant cette lettre n°54, je fus stupéfait d'apprendre que ces chefs comme Lamoricière, sont autonomes et se permettent de distribuer à leurs soldats des tapis, des bijoux, des armes, de l’argent, des mulets et même ... des chevaux. Nous sommes bien dans l’ordre du brigandage, de la flibusterie, du partage du butin.                                                                                                                                                                                                                                                     Que s'est il donc passé dans et autour de l'oasis de Zaatcha en 1849?

Révoltés par le comportement des institutions coloniales, soufrant économiquement en raison de la spoliation de leurs terres, de la dégradation des récoltes ainsi que d'une levée d'impôts féroce,  un groupe d'hommes et de femmes autour du  Cheikh Bouziane, décident  de préparer une solide insurrection avec réserves d'armes, de munitions et de vivres 
Les habitants se retranchent dans l'oasis de Zaatcha, derrière des enceintes fortifiées qui furent réhabilitées pour la circonstance.
Le 17 juillet 1849, les troupes de l'armée française entament un siège de 4 mois.
 C'est un échec cuisant. 
L'état major comprenant immédiatement le danger que constituerait ce point d’appui, envoie une colonne de 5000 hommes avec artillerie, officiers du génie, plusieurs régiments de la Légion étrangère et des régiments d'auxiliaires" indigènes". 
Deux décennies après la prise d'Alger, ce" type de résistance d'une ampleur et d'une efficacité exceptionnelles apparaissent intolérables et inacceptables et cette insurrection doit être réduite dans les plus brefs délais ». 
Le 26 Novembre, les assiégeants exaspérés par ce long siège , profitant d'un climat redevenu  favorable , considérant les nombreuses victimes tuées au combat ou terrassées par le choléra se lancent à l'assaut .
 Chaque fortin, chaque terrasse, chaque ruelle est défendue avec âpreté. Les troupes  françaises perdent officiers soldats et sous-officiers. 
Enfin la victoire des troupes coloniales est acquise . Deux ans  après, l'officier Bourseul déclare : " les maisons et les terrasses sont balayées par la mitraille, tous les Arabes sont fauchés et achevés à la baïonnette .Tout ce qui reste debout est passé par le fer ou le feu. Pas un seul défenseur, femme, enfant, homme ne fuit, ni implore pitié, tous succombent les armes à la main en vendant chèrement leur peau “. 
C'en est trop, les représailles seront terribles .Il s'en suivit une destruction méthodique. Dans son livre:" La guerre et le gouvernement d'Algérie “, Louis de Baudicour écrit : les soldats se précipitèrent sur les malheureuses créatures qui n'avaient pu s'enfuir, ici un soldat amputait un sein d'une femme qui demandait à être achevée, un autre prit par les jambes un petit enfant pour lui fracasser le crane contre la muraille (.) Ailleurs d'autres scènes ne peuvent être racontées "
Il continue :" il est très fâcheux que nos officiers  ne soient pas plus maitres de leurs troupes d'élite”.
 Pour finir le cheikh Bouriane fut fait prisonnier aux termes des combats avec  son fils de 15 ans et un groupe de dirigeants de l’insurrection. Le général Herbillon ordonna qu'ils soient fusillés sur place, puis décapités. Leurs têtes furent transportées au bout de piques au marché de Biskra.                   
Qui décida de conserver les têtes des combattants vaincus, pratique courante à l'époque? Quand a eu lieu  le sordide transfert en métropole? Mystère.
 On connait désormais la suite. Après les dénégations scandaleuses du directeur du musée de l'Homme, suite à la découverte  en 2011 de l'historien et ethnologue Ali Belkadi que des têtes coupées de révoltés étaient empilées dans ce musée , l'affaire est devenue politique .
 Une belle pétition réclamant la restitution à l'Algérie des restes humains (crânes)  fut lancée par un nombre important d'historien(e) s, de journalistes, d’écrivains, de dirigeants d'associations défendant  les droits humains.
 L'accord donné par Emmanuel Macron en Décembre 2017 en visite à Alger, puis la demande officielle du gouvernement algérien ont permis le rapatriement de seulement 24 cranes. Il y en a beaucoup d'autres encore dans les divers musées de France.  En Allemagne ce sont par milliers que des cranes de l'Afrique coloniale allemande sont entreposés dans les musées de ce pays
Peut on se borner à raconter les faits ? Comment comprendre une telle barbarie ? Se peut il que ces comportements ultra-violents de ces jeunes ou moins jeunes officiers soient  complètement désincarnés du monde dans lequel ils ont grandi, fait leurs formations militaires, et n'entrent pas en résonance avec ce que pense, écrit, diffuse, publie l'intelligentsia dans les métropoles? Évidemment non. 
                                                                                                                                                                                                                                                                                       Examinons les propos de Victor Hugo tenus le 18 Mai 1879 à l'occasion d'un banquet en l'honneur de l'abolition de l'esclavage : " la  Méditerranée  est un lac de civilisation (...) Sur l'un de ses bords, le vieil univers, sur l'autre l'univers ignoré, c'est à dire d'un coté toute la civilisation, de l'autre toute la barbarie (...) Déjà les deux peuples colonisateurs qui sont deux peuples libres: la France et l'Angleterre ont saisi l’Afrique. La France l'a saisie par l'ouest et le nord, l'Angleterre par l'est et le midi. Voici que l'Italie accepte sa part de ce  travail colossal”.
Il poursuit: "au 19eme siècle, le Blanc a fait du Noir un homme, au 20ème l'Europe fera de l'Afrique un monde, une Afrique maniable à la civilisation “. 
Son discours  largement applaudi se termina par une ode au colonialisme, solution pour régler les problèmes de l'Europe (nous sommes huit ans après la Commune de Paris). Il poursuit : " Allez peuples, emparez vous de cette terre; A qui ? A personne! "   e. L'historien Gilles Manceron pourra dire : " En face du fait colonial, son universalisme est pris en défaut "  On ne saurait dire mieux. 
  
Qu'en est il de Jean Jaurès ?                                                                                                                                                                                                                                              Gilles Manceron nous  donne à nouveau des clés d'explication dans son livre " Jean Jaurès, vers l’anticolonialisme. Du colonialisme vers l'universalisme ".
Dans cet ouvrage, l’historien a réuni 38 discours de Jaurès prononcés en 1884 et 1914. Le 14 Avril 1884, Jaurès affirme soutenir les entreprises coloniales humaines. Il dit :" Nous avons étendu aux hommes de couleur, la liberté des Blancs et aboli l'esclavage ».
Gilles Manceron ne nie pas ces positions colonialistes. Il montre l'évolution réfléchie et déterminée du parlementaire. Le point pivot de l'aversion pour les exactions du colonialisme sera l’affaire Dreyfus, pointe Manceron.
 Dés le début du 20e siècle note ce même historien, Jaurès se fait de plus en plus sévère à l'égard du fait colonial.
L'affaire Dreyfus lui ouvre les yeux sur l'infamie d'un racisme qu'il observe depuis son enfance. Jaurès s'oppose alors à un antisémitisme et autres formes de racisme qui "confinent à l'audace politique avant-gardiste ". Il déclare :" ce n'est pas l’antisémitisme, le racisme  là-bas en Algérie qui pourront résoudre les problèmes. Nous proposons pour rétablir l'équilibre électoral, non pas de supprimer les droits politiques des Juifs, mais de donner leurs droits politiques aux populations berbéro-arabes  "   
On peut  donc affirmer que le tribun était plus que minoritaire parmi les dirigeants de son parti.. C'est le moins que l'on puisse dire
En outre il ne se contentait pas des schémas mécanistes de certains socialistes adeptes de Jules Guesde qui ne s'intéressaient pas ou peu aux questions coloniales 
Jaurès  lancera cette magnifique phrase  :" L'asservissement d'une nation par une autre constitue une  affaire Dreyfus permanente"                                                                                                                                                                                      On  voit au travers de ces deux exemples  les limites de l'universalisme du vieil Hugo ( Il a 77 ans quand il fait le discours ci-dessus )
Il croit à un colonialisme par " la charrue " et non par le "fusil “. C'est bien sur une illusion. 
Jaurès évolue vers un véritable anticolonialisme dans le contexte démontré par l'historien Gilles Manceron. 

 La tradition coloniale française
La soldatesque, les corps d'officiers baignent en métropole  dans un univers intellectuel  furieusement  colonialiste. Il en résulte sur les théâtres d'opérations, par delà  les mers, une barbarie quasi indicible, commise par des hommes qui donnent libre cours à l'exaltation,  emportés par des sentiments de surpuissance. C'est le temps des " Herrenrasse”, le temps de la " race des seigneurs “.                                                                                           
Quelques mots sous forme de citation à propos de la (très mauvaise) école coloniale française : Un diplômé de cette école, raconte comment son père lui a enjoint de passer le concours d'entrée : "Tu as 18 ans et tu es bachelier. Il te fait choisir une profession et entreprendre une carrière. Je sais que tu voudrais être journaliste et entrer en politique. Mais ce ne sont de pas vraies professions. Tu es myope comme une taupe, ce qui t'interdit une carrière militaire. Tu n'aimerais ni la médecine, ni l'enseignement. Tu n'es ni assez bête, ni assez élégant pour être diplomate. Tu n'as aucune disposition pour les affaires. Les choses étant ce qu'elles sont, tes possibilités sont limitées. Il ne te reste plus que les colonies si tu veux ..."
Faute de candidats qualifiés, c'est avec résignation que l'administration coloniale à Paris acceptait l'irresponsabilité et la brutalité de fonctionnaires subalternes. 
Jacques Thobie dans son " histoire de la France coloniale relate cette histoire " démente" pour le coup : "Un administrateur du Congo avait dans les années 1890,  été jugé inapte par un médecin colonial  en raison de ses facultés mentales gravement altérées par les drogues et  l’alcool. Il avait en effet incendié deux villages et son sport favori était de tirer sur les gens qui se promenaient à proximité de son domicile. Et bien, il fut maintenu en service "

 Poursuivre
La restitution des restes humains du cheik  Bouziane et de ses compagnons est un pas significatif.  Apprécié comme tel par le peuple algérien. 
Il est encore insuffisant .De nombreux restes humains sont encore entreposés dans divers musées de France. Les restitutions de tout ordre doivent continuer. Que se serait il passé sans le travail et la vigilance de l'historien algérien Ali Belkadi ?  Quand des excuses publiques sur la colonisation  et ses drames seront elles prononcées  par un gouvernement français?
Contrairement aux clichés fortement répandus, les atrocités commises  par les colonialismes européens  à la fin du 19 me siècle et début du 20ème, auxquels il faut atteler celui d'Amérique du Nord (à l'égard des civilisations amérindiennes) sont sensiblement de la même intensité. 
La France, on l'a vu, y a pris une bonne part. L'Allemagne a pourtant commis un génocide, car l'intentionnalité de la destruction totale  des peuples qu'elle a soumis est historiquement attestée  et par surcroit  reconnue par les autorités officielles allemandes.
Comme l'a dit Gilles Manceron, " il ne s'agit pas de repentance mais de construction de faits historiques, il s'agit d’Histoire.  Il en va de même pour le  vieil Hugo.

 Philippe Chamek pour Memorial 98                                                                                                                                                                                        
PS : J'ai choisi l'acception universitaire pour écrire le nom des ethnies, c'est à dire sans pluriel et en italique. 

Bibliographie 
AGERON Charles-Robert, Histoire de l'Algérie coloniale, tome 2 : de l'insurrection de 1871 au déclenchement de la guerre de Libération à 1954, Paris, PUF, 1979. – L'Algérie algérienne de Napoléon III à De Gaulle, Paris, SINBAD, 1980.
 JULIEN Charles-André, Histoire de l'Algérie contemporaine, tome 1, la conquête et les débuts de la colonisation, 1827-1871, Paris, PUF, 1979. 
STORA Benjamin, Histoire de l'Algérie coloniale, 1830-1954, Repères, La Découverte, 1991.
THOBIE Jacques, MEYNIER Gilbert, COQUERY-VIDROVITCH Catherine, AGERON Charles Robert, Histoire de la France coloniale, 1914-1990, Paris, Armand Colin, 1990.
 SCHAUB Nicolas, Lettre du séminaire n°54, Sciences Po centre histoire, Arts et sociétés, Institut National de l'Histoire de l'Art / CTHS, 2015. Sous la direction de LORIN Amaury et TARAUD Christelle, Nouvelle histoire des colonisations européennes (XIXe-XXe siècles), Sociétés, cultures, politiques, Le Noeud Gordien, PUF, 2013
 PELISSIER René, Les campagnes coloniales du Portugal, 1844-1941, Paris, Pygmalion (Flammarion), 2004. 
CAHEN Michel, État des savoirs sur l'Afrique de colonisation portugaise en France, Paris, Rencontres RTP 2006.
 MICHEL Nicolas, Namibie : l'autre génocide perpétré par l'Allemagne, Jeune Afrique, décembre 2016. 
FABER-JONKER Leonor, Le premier génocide du XXe siècle, Herero et Nama dans le sud-ouest africain allemand, 1904-1908, livret de l'exposition, édition Mémorial de la Shoah, 2017. 
MANCERON Gilles, Jean Jaurès. Vers l'anticolonialisme. Du colonialisme à l'universalisme, Paris, Les Petits Matins, 2015. HUGO Victor, Discours sur l'Afrique, 1879. 
RIGOULOT Pierre, KOTEK Joel, Le siècle des camps, JC Lattès, 2000. 
http://www.memorial98.org/article-gueant-la-strategie-de-l-araignee-98679439.html avec la réponse de Georges Clemenceau   le 30 juillet 1885  à un Jules Ferry prétendant justifier la colonisation par la supériorité de la civilisation occidentale, en ces termes:
 : «… Regardez l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l'histoire de votre civilisation ! (...) Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l'Européen apporte avec lui : de l'alcool, de l'opium qu'il répand, qu'il impose s'il lui plaît. Et c'est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l'Homme !... »






dimanche 12 juillet 2020

Srebrenica: 25 ans près le dernier génocide du vingtième siècle, des attentats d'extrême-droite commis en son nom.


                                     Au cimetière de Potocari



Le dernier génocide du vingtième siècle, qui en connut tant, a eu lieu à Srebrenica en Bosnie à partir du 11 juillet 1995, un an après le génocide des Tutsi au Rwanda.


Les  conséquences de ce génocide continuent à résonner 25 ans après, dans la région des Balkans mais également dans le monde entier.
Génocides et crimes de guerre motivent et inspirent la poursuite des actes de violence raciste
Le négationnisme est un terreau fertile pour des nationalistes et des mouvements d’extrême droite, avec pour cible principale les communautés musulmanes. « Les extrêmes droites et les néonazis partout dans le monde ont repris le discours de Karadzic et  Mladic ( chefs serbes génocidaires condamnés) , sur comment combattre l’islam et ceux qu’ils considèrent comme des “barbares”, des “sauvages” 
De la même manière les nostalgiques d'Hitler et du nazisme tuent encore des Juifs au nom de cette idéologie dans les synagogues de Pittsburgh et de Halle.
La version négationniste serbe de l’histoire de l’ex-Yougoslavie est ainsi très présente dans les déclarations d'Anders Breivik, auteur des attentats contre les jeunes militants travaillistes à Oslo et Utoya, en Norvège en juillet 2011, ou de Brenton Tarrant, responsable des attaques contre des fidèles musulmans dans deux mosquées de Christchurch, ayant fait 51 morts en Mars 2019.
Dans son texte « 2083 : Une déclaration européenne d’indépendance », Breivik étale au fil des 1500 pages une véritable obsession pour les Balkans et ne cache pas sa fascination pour certains chefs de guerre serbes. Il appelle à expulser d’Europe les Bosniaques musulmans et les Albanais ou, s’ils refusent, à les anéantir par des moyens militaires.
Brenton Tarrent, son imitateur, est obsédé par la croisade des nationalistes serbes contre les Musulmans de Bosnie.
 Tarrant, qui s’est affirmé « véritablement inspiré » par Breivik, s’est filmé roulant vers la mosquée Al-Noor, où il allait tuer 51 fidèles musulmans, en train d’écouter une chanson serbe à la gloire de Radovan Karadzic. Initialement intitulée Karadzic, Lead Your Serbs (Karadzic, commande tes Serbes), elle est devenue populaire sur les sites Internet des extrêmes droites occidentales sous le titre Remove Kebabs qui signifie, dans le langage de ces militants, Supprimons les musulmans.
 
Un négationnisme qui vient de loin:
Le phénomène du déni n’a rien de nouveau: il commence même le plus souvent au moment où le crime est commis, voire en amont.
C’est le cas de tous les génocides et crimes contre l’humanité. L’exemple de la Shoah est connu puisque les nazis furent les premiers négationnistes de ce génocide en travaillant à effacer les traces de leurs méfaits par l’exhumation et le brûlage des cadavres.
Dans le cas de Srebrenica, le déni a procédé dans le même esprit avec la volonté de masquer le crime: des centaines de cadavres ont été déterrés pendant des mois des fosses communes originelles pour être enterrés ou éparpillés ailleurs. Cela conduit à un deuil particulièrement traumatique pour les familles des victimes.

   Des mères et veuves de Srebrenica dans un acte symbolique avec 8000 tasses de café

Ainsi Fatima Mujic récite plusieurs fois par jour la prière des morts, pour ses fils et son mari tués à Srebrenica.
Mais elle hésite chaque fois en pensant à Refik, l'aîné, dont le corps n'a pas été retrouvé, 25 ans après le massacre.
"Je pense toujours qu'il est vivant quelque part. Pour les autres, je sais, mais quand je prie pour lui mes mains se mettent à trembler, je ne sais pas quoi faire", raconte cette veuve.
Deux de ses trois fils et son mari, dont les restes ont été retrouvés dans des fosses communes après la guerre, ont été enterrés en 2010 dans le centre mémorial proche de Srebrenica, où reposent à ce jour 6.643 victimes du massacre du mois de juillet 1995.
Les forces serbes bosniennes du général Mladic, condamné à perpétuité par la justice internationale, avaient alors tué plus de 8.000 hommes et adolescents bosniaques (musulmans).
Ce massacre  a été qualifié d'acte de génocide par la justice internationale et l’ONU .
Les corps de mille personnes sont toujours recherchés.
Fatima Mujic, 75 ans, habite aujourd'hui Ljesevo, un village proche de Sarajevo. Elle dit "vivre pour l'appel" qui lui annoncera que les restes de Refik ont été retrouvés. Il avait 25 ans, une fille de 18 mois et un garçon âgé de 40 jours.
Mais les dernières des 84 grandes fosses communes ont été découvertes en 2010.

"Maman, ne me laisse pas"

Depuis juillet 2019, "les restes de treize victimes seulement ont été retrouvés". 
Lors du 25e anniversaire du massacre samedi 11 juillet, Fatima se souvient de son "combat" devant la base des forces de l’ONU à Potocari, près de Srebrenica, où se trouve aujourd'hui le Mémorial du génocide, pour  sauver son plus jeune fils, Nufik, âgé de 16 ans.
Des milliers de femmes, d'enfants et de vieillards surtout s'étaient massés là, le 11 juillet 1995, dans l'espoir d'être protégés par les soldats néerlandais de l’ONU.
Les soldats serbes séparaient les hommes et les adolescents des autres, et les amenaient à l'exécution.
Nufik "s'était accroché à moi et m'a dit Maman, ne me laisse pas  J'ai caressé ses cheveux bouclés. Je ne te laisserai pas. Ils l'ont pris, je les ai suivis. Je ne sais pas s'ils m'ont frappée, je ne me souviens plus de rien", raconte Fatima.
Ses deux autres fils et son mari, qui avaient fui par les collines boisées, ont été capturés et tués.

Un génocide planifié

Dès le mois de mars 1995, un ordre est signé par le chef des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic à l'intention du chef militaire Mladic. C'est la fameuse "directive n° 7"  qui ordonnait aux soldats bosno-serbes de « créer une situation insupportable d’insécurité totale sans aucun espoir de survie ou de vie pour les habitants de Srebrenica ».
Le 11 juillet 1995, alors que les milices serbes de Bosnie approchent de l'enclave de Srebrenica, des dizaines de milliers de civils musulmans prennent la route de Potocari, à 8 kilomètres de distance de la ville. C'est là qu'est basé le quartier général du bataillon néerlandais de soldats de la (Force de protection des Nations unies (Forpronu). Quatre cent cinquante casques bleus y sont chargés d'assurer la protection des quelque 40 000 habitants de Srebrenica, en majorité des Musulmans 
Parmi les réfugiés du camp néerlandais, il y avait le traducteur du bataillon, avec toute sa famille (père, mère et petit frère), et l’électricien. Le 13 juillet, l’électricien et le petit frère du traducteur furent chassés du camp par les militaires néerlandais. Le père du traducteur les suivit. Les trois hommes furent massacrés avec les autres, et à la fin de la guerre, leurs proches déposèrent une plainte contre le gouvernement des Pays-Bas.
Quand les miliciens serbes de Bosnie commencent à séparer les hommes des femmes, les soldats néerlandais le voient et laissent faire. Les hommes sont entassés dans des cars et seront exécutés. 8.000 hommes ont été tués et jetés dans les fosses communes par les forces serbes. Ce massacre a été, à juste titre, qualifié de génocide par la Cour Internationale de Justice et par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). L'ordre écrit donné en amont plusieurs mois en avance, puis sa réalisation par le tri et la séparation des hommes ainsi que leur extermination massive, "industrielle", portent les caractères du génocide.
Parmi les hommes qui ont choisi de se placer sous la protection des Nations unies, pratiquement aucun n'a survécu. Seuls ceux des habitants de Srebrenica qui se sont réfugiés dans les forêts ont eu un peu plus de chances de survie.
Le mandat de l'ONU en Bosnie prévoyait pourtant clairement un recours à la force en cas de besoin. Le 10 juillet, la veille du massacre, le commandant du bataillon néerlandais avait demandé au général français Bernard Janvier, qui assumait le commandement militaire des Nations unies en ex-Yougoslavie, de lancer des frappes contre les forces serbes de Bosnie. Mais il n'a pas été entendu.
 
Les Nations unies ont reconnu leur responsabilité dans le massacre de Srebrenica en 1999. Un rapport présenté par son secrétaire général d'alors, Kofi Annan, reconnaissait alors la « faillite de la politique dans des zones de sécurité ».
Le rapport ajoute : « La communauté des nations, en décrétant un embargo sur les armes, a laissé les Serbes dans une position de supériorité militaire écrasante et a, en fait, privé la République de Bosnie-Herzégovine de son droit de légitime défense, consacré dans la Charte des Nations unies ». « La fourniture d'une aide humanitaire n'était pas une initiative suffisante face aux opérations de ´´nettoyage ethnique´´ et de génocide ». « Srebrenica a été le révélateur d'une vérité que l'ONU et le reste du monde ont comprise trop tard, à savoir que la Bosnie était une cause morale autant qu'un conflit militaire. La tragédie de Srebrenica hantera à jamais notre histoire ». Comme au Rwanda mais aussi au Sri-Lanka, autres lieux de faillite de l'ONU.

Un négationnisme qui vient d’en haut

La Bosnie a été divisée après la guerre en deux entités, la Republika Srpska  ( RS serbe) et la Fédération croato-musulmane. Les musulmans de Bosnie ont demandé à plusieurs reprises le démantèlement de la RS, fondée à la suite d'un génocide.
Milorad Dodik, chef des Serbes de Bosnie dans cette RS,  qui règne par la haine et la corruption, a décrété en 2017 qu’il était interdit d’évoquer dans les manuels scolaires de son entité le génocide de Srebrenica et le siège de Sarajevo, parce que ces événements « ne sont pas vrais ». Il pense ainsi garantir la poursuite des sentiments de haine auprès des jeunes. Il a qualifié l’année suivante les tueries de Srebrenica de « tragédie mise en scène pour sataniser les Serbes ». Ces dernières années, des monuments, plaques, peintures murales et graffitis à la gloire de Karadzic et Mladic fleurissent plus que jamais en territoire serbe. 


       En territoire Serbe, le terme génocide a été effacé de cette plaque à coups de burin

Ce 11 juillet 2020, quelques heures après la cérémonie en hommage aux victimes au cimetière-mémorial de Srebrenica, un contre-hommage était organisé à Bratunac, à quelques kilomètres de là, à la gloire du général Mladic. Déni contre vérité.
Amor Masovic, qui dirige l’Institut pour les personnes disparues de Sarajevo et recherche depuis vingt-cinq ans les charniers et les cadavres des victimes de la guerre, estime que « l’étape finale d’un génocide est supposée être le déni, or, aujourd’hui, ils ont ajouté encore une étape supplémentaire : le triomphalisme. C’est comme si la race supérieure n’avait rien fait de mal, puisqu’elle est la race supérieure. Des criminels de guerre libérés sont élus maires et parlementaires, en République serbe et en Serbie. Ils ont compris qu’il n’y aurait aucune conséquence sur la scène internationale. Cette absence de réaction a conduit au déni, puis au triomphalisme ».
Les gouvernements occidentaux portent en effet une lourde responsabilité dans le développement du négationnisme en ne sanctionnant pas ses manifestations.
L’académie du prix Nobel de littérature a quant à elle choisi de l’attribution du prix Nobel de littérature en 2019 à l'écrivain autrichien Peter Handke.
Le fait de décerner une récompense aussi prestigieuse à un proche ami de Milosevic (initiateur de la guerre de purification ethnique),  auteur de divers ouvrages contestant la réalité des guerres yougoslave a été ressentie comme une agression par la communauté bosniaque musulmane victime de la guerre, par la communauté sarajévienne ayant lutté pour défendre la coexistence intercommunautaire, et plus généralement par tous ceux qui combattent le négationnisme.
L’écrivain Aleksandar Hemon,  exilé de Sarajevo qui vit aux Etats-Unis, pense que « la ligne directrice en Europe occidentale est l’islamophobie. Handke fait partie de cette culture qui se sent supérieure aux Bosniaques musulmans et à tous les musulmans. Les jurés sont des hypocrites. Ce prix Nobel est islamophobe et fait partie de l’essor de l’extrême droite en Europe et aux Etats-Unis ».

Nos pensées vont aux victimes du génocide de Srebrenica, à leurs familles marquées à jamais et dont la souffrance est entretenue et intensifiée par le négationnisme. Nous rendons aussi un hommage particulier aux militantEs serbes qui luttent pour la justice et la reconnaissance du génocide, dans des conditions particulièrement difficiles. C'est le cas notamment des "Femmes en noir", une association pacifiste dont la branche serbe fut créée au début des guerres de Yougoslavie et qui organise des rassemblements commémoratifs. C'est le cas aussi de l’association de jeunes "Youth Initiative for Human Rights" (YIHR) qui a mené dès 2005 une première campagne de sensibilisation en occupant la moitié des panneaux d’affichage de Belgrade. On y voyait s’étaler des photographies des victimes de Srebrenica accompagnées des mots : « Pour voir, pour savoir, pour se souvenir. »

Pour faire face au négationnisme et à ses conséquences mortifères, les familles de Srebrenica, les Bosniaques, les combattants contre le négationnisme en Serbie, ont  plus que jamais besoin de la solidarité de l'opinion internationale, afin de bâtir un autre futur.




vendredi 3 juillet 2020

Marseille: issue heureuse malgré les manoeuvres entre la droite et le RN.



Mise à jour du 4 juillet: 
Issue heureuse à Marseille

Le projet d'accord de la droite avec le RN (voir ci-dessous) a capoté car sa révélation a provoqué des divisions en son sein, avec la candidature de l'élu LR Lionel Royer-Perreaut, qui dénonçait explicitement ce projet. Il s'est ensuite retiré suite à un engagement de Vassal et Teissier de ne pas faire d'accord avec le RN de Ravier. La rage de ce dernier qui a boycotté les deux tours de scrutin, constitue un indice supplémentaire des manœuvres d'alliance qui se concoctaient.
Guy Tessier, candidat LR, ancien dirigeant d'un parti d'extrême-droite, est battu. C'est un signe pour le combat contre le RN et le racisme. 

Pour autant nous n'oublions pas les déclarations et actes plus que douteux de la sénatrice Samia Ghali, désormais deuxième adjointe de la maire Michèle Rubirola, notamment contre les Roms.

Memorial 98


Marseille: Grandes manœuvres entre la droite et le RN à la veille de l'élection d'un(e) maire.




                                 Martine Vassal avec la députée pro-Assad Valérie Boyer      

A Marseille, se joue une nouvelle tentative d’alliance entre la droite et le RN.

Le prétexte est que l'âge avancé de ce dernier lui garantirait l'élection en cas d'égalité des suffrage avec la candidate de la gauche et dirigeante du Printemps marseillais, Michèle Rubirola.
Mais en réalité il s'agit de créer les conditions d'un accord avec le RN, sous la dénomination d'un "pacte marseillais" que propose l'extrême-droite par la bouche de l'ultra-raciste Stéphane Ravier.
Un élu LR, Lionel Royer-Perreaut, maire d'arrondissement, a d'ailleurs mentionné ce risque  en annonçant  sa candidature au poste de maire et son refus de soutenir Guy Teissier. « Je sais qu’il y a des ententes en cours avec le Front national, et je ne peux pas m’inscrire dans une stratégie d’alliance avec le Front national », déclare-t-il .

Teissier est en effet bien placé pour réaliser un tel accord.
Il se situe dans l'aile la plus dure de LR et il a fait partie de la direction du Parti des Forces Nouvelles ( PFN) parti d'extrême-droite concurrent du FN.
En 1976, Teissier était même membre du comité central de ce parti, alors dirigé par François Brigneau, ex-milicien( corps des terroristes et des assassins de Vichy) , négationniste et antisémite parmi les plus violents , et un autre collabo nommé Roland Gaucher. Ce dernier était membre pendant la guerre du parti fasciste de Déat nommé Rassemblement national populaire Le 22 avril 1944, Gaucher  demande au gouvernement de Vichy de « dresser des listes d'otages et des poteaux d'exécution » à un rythme plus soutenu.  A la Libération, il est condamné pour intelligence avec l'ennemi.
 
Teissier "facho-LR" poursuit la voie qu'avait déjà emprunté Jean-Claude Gaudin, maire sortant de Marseille.
Dès 1986, Jean-Claude Gaudin a constitué une alliance politique avec le Front National dirigé par Jean-Marie Le Pen afin d’être élu à la tête de la région PACA. Il a géré de concert la région avec le parti d’extrême-droite jusqu'en 1992, à coup de nominations et de désistements réciproques lors des échéances électorales.
Cette gestion commune a servi de laboratoire et de "modèle" à d’autres dirigeants régionaux de la droite qui ont finalisé leurs accords avec le FN lors des élections régionales d’avril 1998
Gaudin a ensuite récupéré de nombreux cadres et élus FN locaux de sa région, rebaptisés par lui « droite républicaine » sans qu’ils aient rien changé de leurs idées et de leurs pratiques. 

La mise en place d'un pacte diabolique entre LR et le FN afin de barrer la route à la gauche constituerait la récidive exacte de ce qui s'est passé en 1998 dans plusieurs conseils régionaux. Le prétexte à l'époque était la "menace communiste" ou "trotskyste" ( en Picardie avec Eric Woerth, toujours dirigeant de LR).

Cette fois-ci les termes ont changé et il s'agirait de l"ultra-gauche" voire même des "gilets jaunes" Néanmoins il s'agit bien de la même doctrine formulée par Charles Pasqua  à la veille de la présidentielle de 1988, dans le magazine Valeurs actuelles du 2 mai 1988: « Sur l'essentiel, le Front national se réclame des mêmes préoccupations, des mêmes valeurs que la majorité (la droite)  »
Depuis Sarkozy a sans cesse appliqué cette doctrine en légitimant l'extrême-droite et en recherchant ses électeurs lors des présidentielles de 2007 et 2012

Une telle forfaiture à Marseille, où s'agite également la députée LR raciste et islamophobe  Valérie Boyer, lobbyiste d'Assad et Poutine avec le rallié RN Thierry Mariani, représenterait un indice significatif dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.




MEMORIAL 98