lundi 29 octobre 2018

Terrorisme antisémite à San Diego après Pittsburgh: les nouveaux crimes des héritiers du nazisme



Memorial 98 

A treize jours près, le massacre dans la synagogue Ets-Haïm de Pittsburgh  coïncide avec le 80e anniversaire du pogrom nazi de la Nuit de Cristal, le 9 novembre 1938.
Il a été a commis par le suprémaciste blanc ( voir la définition en fin d'article )  Robert Bowers, antisémite enragé, qui a hurlé "Tous les Juifs doivent mourir" avant de tirer. 
Le prétexte de son passage à l'acte est l'accusation qu'il porte contre "les Juifs" coupables de favoriser les migrants "afin de détruire l'Amérique". Il s'en est pris particulièrement à l'ONG d’origine juive HIAS ( Hebrew Immigrant Aid Society) créée en 1881 pour aider les migrants juifs fuyant les pogroms en Russie et qui a étendu son activité 

 
   Devise de HIAS: accueillir l'étranger, protéger le réfugié

à la défense des réfugiés dans le monde entier. Il a écrit sur le réseau GAB, qui rassemble les suprémacistes   « HIAS aime amener des envahisseurs pour tuer les nôtres. Je ne peux pas rester assis et voir les miens se faire massacrer, j’y vais. »

Plusieurs sites d'extrême-droite et/ou liés à la propagande de Poutine comme USA Really diffusent la rumeur d'un financement " juif" de la caravane de migrants latino-américains. Ils prétendent s'appuyer sur la présence d'une "étoile juive" au sein de cette caravane.
 Le site USA Really évoque une "étoile juive" dans la caravane

C'est cette même rhétorique haineuse que Trump ne cesse de diffuser, en particulier à l'encontre de Georges Soros, y compris récemment en prétendant qu'il organisait et finançait la caravane de migrants latino-américains qui fuient la misère et la terreur et se dirigent vers le Nord. 
Il l’a également accusé d’organiser la protestation contre la nomination de son candidat à la Cour suprême, Brett Kavanaugh.
Durant toute sa campagne électorale de 2016, Trump a été soutenu par les mouvements les plus racistes et "suprémacistes blancs" y compris les néo-nazis. 
David Duke, ancien dirigeant "Grand Dragon"  du mouvement violent Ku Klux Klan, raciste et antisémite enragé,  a apporté un appui enthousiaste à  Trump.  Interrogé sur ce soutien embarrassant, ce dernier a esquivé : « Je ne connais rien de David Duke, je ne connais pas ce groupe (le KKK). Vous ne voudriez pas que je condamne un groupe dont je ne connais rien».
Dans une autre provocation, Trump a  repris sur Twitter une citation typiquement fasciste  de Mussolini: « Il vaut mieux vivre un jour comme un lion que 100 ans comme un mouton ».
Interrogé à ce sujet, il a répondu, «c'est une très bonne citation, très intéressante. Qu'est-ce que ça change, que ce soit Mussolini ou quelqu'un d'autre ?». 
Trump a été également soutenu par Louis Farrakhan  dirigeant antisémite de la Nation of Islam, qui voit en lui un opposant au "lobby juif". 

Trump a eu lui-même recours à plusieurs reprises à des propos et images antisémites contre Hilary Clinton, comme ici en associant la corruption et un symbole juif


La réponse de Trump au massacre de Pittsburgh a consisté à blâmer les responsables de la synagogue attaquée, pour ne pas avoir eu de garde armé. Il a également réaffirmé son refus de tout contrôle des armes à feu et appelé à l'application de la peine de mort.  A l'inverse le rabbin de la synagogue, Jeffrey Myers, avait dans un texte rédigé il y a quelques semaines plaidé pour un remise en cause de la situation actuelle, suite à la tuerie de Parkland en Floride.

Venu mardi 30 octobre se recueillir dans la synagogue de Pittsburgh, Donald Trump est accueilli par des manifestants hostiles qui l’accusent d’attiser la haine.

Jeffrey Myers, le rabbin de la synagogue visée, réagit à nouveau : « Monsieur le président, les discours de haine mènent à des actes de haine. Les discours de haine mènent à ce qui s’est produit dans mon sanctuaire »

Le premier ministre israélien Netanyahou attend trois jours avant de réagir par un tweet laconique. Son fils, Yair Netanyahou, ouvertement d’extrême-droite,  estime quant à lui sur les réseaux sociaux que les néonazis « appartiennent au passé. Leur race est en voie de disparition. En revanche, les voyous antiracistes et ceux de Black Lives Matters qui détestent mon pays (et les États-Unis aussi, à mon avis) sont de plus en plus forts et commencent à dominer les universités et la vie publique américaines »

 

De nombreux responsables d'organisations juives condamnent l'orientation de Trump défenseur d'un" nationalisme blanc" et déclarent qu'il n'est pas bienvenu à Pittsburgh tant qu'il ne modifie pas sa politique. Une pétition du mouvement Bend the Arc dans ce sens à déjà recueilli des dizaines de milliers de signatures. 
De leur côté des associations musulmanes locales organisent des collectes afin de soutenir les familles des victimes et "répondre au mal par le bien"  



Nos pensées vont aux victimes de ce massacre antisémite et à leurs proches.  Nous y associons la mémoire des victimes des victimes du massacre raciste de l’Église de Charleston en2015, abattues par le suprémaciste Dylan Roof, parce que noires. 

Ce sont les mêmes haines racistes et antisémites qui conduisent à la violence homicide
La tuerie de Pittsburgh se déroule au lendemain de l’arrestation du suspect dans l'envoi des colis piégés à divers personnalités opposées à Trump. Il s'agit de Cesar Sayoc, supporter de Trump, dont le véhicule arborait des stickers appelant à la violence contre des dirigeants démocrates. De plus il est lié à des groupes qui, sur Internet, appellent à assassiner Georges Soros
C'est ce dernier qui a été le destinataire du premier colis piégé. Sayoc à continué à attaquer Soros y compris après cet envoi, comme le montre cette capture d'écran du compte "Cesar Altieri ", identifié comme étant le sien. 
Violence extrémiste de droite, complotisme et antisémitisme se mêlent ainsi pour aboutir à des actes terroristes.

Le massacre de la synagogue de Pittsburgh a lieu 13 jours avant le 80e anniversaire de la Nuit de Cristal du 9 Novembre 1938. Les nazis ont alors tué 100 Juifs et détruit 75 synagogues.  C’est une raison supplémentaire de marquer cet anniversaire :  

Novembre1938-Novembre 2018 : 80e anniversaire du pogrom nazi

Conférence le 7 novembre et rassemblement public le 9 novembre à Paris. 

Memorial 98 organise deux événements en mémoire des victimes de la « Nuit de Cristal », pogrom d’État commis par les nazis le 9 novembre 1938, contre les Juifs d’Allemagne, d’Autriche et des Sudètes et vous invite à y participer. 
Plus de cent personnes juives furent tuées, vingt-six mille arrêtées et pour certaines jetées dans des camps de concentration. Deux cent soixante-quinze synagogues furent brûlées ou détruites. 



Dans la montée du nazisme et du fascisme en Europe, la Nuit de Cristal  a représenté un jalon important.
Les nazis, au pouvoir depuis 1933, franchissaient une nouvelle étape avec cette vague de violences antisémites commises au vu et au su de toute l'Europe.


                                             Magasin juif vandalisé

En 2018, soixante-treize ans après la défaite du nazisme, l’extrême-droite est partout à l’offensive dans toute l'Europe mais également au Brésil, aux USA et partout dans le monde.

Il n'est jamais trop tôt pour dire « Plus jamais ça ». Il n’est jamais trop tard pour faire de nos mémoires un outil contre les idées d’exclusion.

Ces commémorations sont soutenues par le Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le négationnisme] l’association Ibuka-France (Justice et soutien aux rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) l’association Fonds Mémoire Auschwitz  ( AFMA), le CEDETIM.
Memorial 98 et ses partenaires rendront hommage aux victimes de tous les génocides et de tous les actes de racisme, dont ceux de Pittsburgh et de Charleston.


Une conférence

Le mercredi 7 novembre 2018 à 19H à la mairie du 4e arrondissement de Paris 2 place Baudoyer (M° Hôtel de Ville) avec les historiens Tal Bruttmann, Laurent Joly et Marie-Anne Matard-Bonucci, qui traiteront de la place de la Nuit de Cristal dans l'histoire du nazisme et de la Shoah,  des réactions en France au lendemain du 9 Novembre 1938 notamment dans l'extrême-droite antisémite et de l'imposition des lois « raciales » antisémites en Italie quelques semaines avant la Nuit de Cristal


Les intervenant.e.s dédicaceront leurs ouvrages. 

La participation au colloque est libre et gratuite mais l'inscription est obligatoire à l'adresse suivante: conference7nov2018@gmail.com 



Un rassemblement



Le vendredi 9 novembre 2018 à partir de 19H devant le gymnase Japy (2 rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne) rassemblement de mémoire et de mobilisation, organisé pour la cinquième année consécutiveLe gymnase Japy est un lieu particulier de mémoire puisque c’est là que furent parqués les Juifs raflés par la police de Vichy dès 1941, avant d’être déportés vers les camps d’extermination nazis. 
Nous allumerons des bougies du souvenir avant des prises de parole en mémoire des victimes et qui rappelleront que la mémoire des génocides nourrit nos combats actuels contre le racisme et le fascisme



Memorial 98 

Mise à jour du 28 avril 2019: tuerie dans une synagogue à San Diego, six mois jour pour jour après le massacre de Pittsburgh voir le dossier de Memorial 98 ici



Mise à jour du 16 mars 2019: solidarité des victimes des terroristes d'extrême-droite ( voir les autres mises à jour à la suite de l'article)
 Au lendemain de la tuerie dans les mosquées de Christchurch, la communauté juive de Pittsburgh se mobilise en faveur des musulmans touchés par cet attentat. Elle avait elle-même bénéficié de la mobilisations des Musulmans de Pittsburgh et au delà aux États-Unis, qui ont collecté en sa faveur.
Notons aussi que les Juifs de Nouvelle-Zélande ont multiplié les actes de soutiens aux Musulmans et ont même, dans un acte historique, fermé toutes les synagogues du pays lors du Shabbat, en signe de deuil.
Face aux croisés de la haine et du suprémacisme, le combat commun de leurs cibles revêt une importance capitale.    

 

Mise à jour du 9 décembre 2018 

Cri d'alarme de rescapés de la Shoah contre la montée de l'antisémitisme aux USA et dans le monde


Ces rescapés - réunis cette semaine pour célébrer Hanouca mais aussi la journée internationale des survivants de l'Holocauste - sont inquiets de la montée des actes antisémites, en hausse de 37% en 2017, selon de récents chiffres du FBI.
La tuerie de Pittsburgh, qui a vu, fin octobre, 11 fidèles d'une synagogue tués par un extrémiste, a encore fait monter la température de plusieurs degrés.
"Un fou a écouté Trump", estime, en parlant du tueur, David Lefkovic, 89 ans. Adolescent, il n'a dû qu'à sa blondeur d'avoir évité une rafle dans le sud-ouest de la France, durant la Seconde guerre mondiale.



Mise à jour du 30 octobre 2018 : 


Trump hué et boycotté à Pittsburgh lors de sa visite de ce jour. Les manifestant.e.s ont répondu à l'appel du mouvement juif Bend the Arc ( voir ci-dessous) et lui reprochent sa politique de division et son nationalisme.




Les menaces armées qu'il profère contre la caravane des migrants et sa mise en cause du droit du sol aux USA illustrent l'orientation xénophobe qu'il avait annoncé dès son premier discours de campagne en 2016, contre les "Mexicains délinquants" . 


Le suprémacisme blanc est une idéologie raciste, fondée sur l'idée de la supériorité de ceux parmi les humains dont la peau est blanche. Pour ses tenants, tous les moyens, y compris les plus violents, sont autorisés et recommandés afin de sauvegarder cette supériorité.


lundi 15 octobre 2018

En mémoire de la Nuit de cristal nazie, rassemblons nous contre le fascisme!


  La grande synagogue de Berlin incendiée par les nazis


EN HOMMAGE AUX VICTIMES DE LA « NUIT DE CRISTAL »

Novembre1938-Novembre 2018 : 80e anniversaire du pogrom nazi

Conférence le 7 novembre et rassemblement public le 9 novembre à Paris.

Memorial 98 organise deux événements en mémoire des victimes de la « Nuit de Cristal », pogrom d’État commis par les nazis le 9 novembre 1938,
contre les Juifs d’Allemagne, d’Autriche et des Sudètes et vous invite à y participer. 
Plus de cent personnes juives furent tuées, vingt-six mille arrêtées et pour certaines jetées dans des camps de concentration. Deux cent soixante-quinze synagogues furent brûlées ou détruites. 
 

Dans la montée du nazisme et du fascisme en Europe, la Nuit de Cristal  a représenté un jalon important.
Les nazis, au pouvoir depuis 1933, franchissaient une nouvelle étape avec cette vague de violences antisémites commises au vu et au su de toute l'Europe.
         Magasins vandalisés et mention "Juda (Juif) crève!"

En 2018, soixante-treize ans après la défaite du nazisme, l’extrême-droite est partout à l’offensive dans toute l'Europe mais également au Brésil, aux USA et partout dans le monde.

Il n'est jamais trop tôt pour dire « Plus jamais ça ». Il n’est jamais trop tard pour faire de nos mémoires un outil contre les idées d’exclusion.

Ces commémorations sont soutenues par le Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le négationnisme] l’association Ibuka-France (Justice et soutien aux rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) l’association Fonds Mémoire Auschwitz  ( AFMA), le CEDETIM.
Memorial 98 et ses partenaires rendront hommage aux victimes de tous les génocides et de tous les actes de racisme.


Une conférence

Le 7 novembre 2018 à 19H à la mairie du 4e arrondissement de Paris 2 place Baudoyer (M° Hôtel de Ville) avec les historiens Tal Bruttmann, Laurent Joly et Marie-Anne Matard-Bonucci, qui traiteront de la place de la Nuit de Cristal dans l'histoire du nazisme et de la Shoah,  des réactions en France au lendemain du 9 Novembre 1938 notamment dans l'extrême-droite antisémite et de l'imposition des lois « raciales » antisémites en Italie quelques semaines avant la Nuit de Cristal


Les intervenant.e.s dédicaceront leurs ouvrages. 

La participation au colloque est libre et gratuite mais l'inscription est obligatoire à l'adresse suivante: conference7nov2018@gmail.com 



Un rassemblement



Le 9 novembre 2018 à partir de 19H devant le gymnase Japy (2 rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne) rassemblement de mémoire et de mobilisation, organisé pour la cinquième année consécutiveLe gymnase Japy est un lieu particulier de mémoire puisque c’est là que furent parqués les Juifs raflés par la police de Vichy dès 1941, avant d’être déportés vers les camps d’extermination nazis. 
Nous allumerons des bougies du souvenir avant des prises de parole en mémoire des victimes et qui rappelleront que la mémoire des génocides nourrit nos combats actuels contre le racisme et le fascisme




MEMORIAL 98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme, a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  
Son nom rend hommage aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.
Depuis 1998, elle œuvre contre tous les négationnismes et  initie des initiatives antiracistes pour le respect des droits humains.

Contact:

Mail : memorial98@noos.fr 
Twitter : https://twitter.com/98Memorial

Retrouvons nous nombreux le 7 et 9 novembre dans un mémoire tournée vers la mobilisation contre les héritiers du fascisme.

MEMORIAL 98










samedi 6 octobre 2018

Prix Nobel de la paix: les viols de guerre en procès


 


Les prises de parole des lauréats lors de la remise du prix Nobel de la paix à Oslo le 10 décembre confirment le caractère historique de cette récompense.
C'est la reconnaissance d'un combat à poursuivre contre les violences faites aux femmes, contre la violence génocidaire, contre l'impunité.  

Lors de cette cérémonie, on pense au Prix Nobel de la Paix 2010 le chinois LIu Xiabo, qui n' a jamais pu recevoir son prix car il était emprisonné par la dictature. Il est mort en détention en juillet 2017.
                                   
 Ce double prix Nobel représente un pas en avant pour la mobilisation contre les viols de guerre et plus généralement contre les violences faites aux femmes. Mais la tâche est encore immense afin d'éliminer ces actes de barbarie et de mettre fin à l'impunité de ses auteurs.

 Le prix Nobel de la paix 2018 pour Denis Mukwege et Nadia Murad.

Le médecin congolais et la femme Yezidie, violée et réduite en esclavage par Daech, sont récompensés pour "leur efforts pour mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre"
C'est un immense encouragement pour ce combat que nous soutenons totalement
Le prix Nobel récompense enfin le médecin qui a voué sa vie à l'engagement en faveur des femmes victimes de violences: d'abord en les soignant de manière novatrice et éthique mais également en alertant sur ces pratiques qui visent à terroriser, torturer et annihiler des populations. Les femmes ayant subis ces viols se retrouvent dans une situation terrible, liée à  leur souffrance et au trauma mais également à la stigmatisation dont elle font ensuite l'objet. Cet aspect est d'ailleurs recherché par leurs tortionnaires, de même qu'ils qu'ils planifient la naissance d'enfants issus de ces viols.

Le viol est utilisé comme arme de guerre lors de nombreux conflits et génocides et notamment dans la période récente dans le génocide des Tutsi au Rwanda et dans la guerre en ex-Yougoslavie.



 
Récemment en Birmanie, de très nombreux viols de guerre ont eu lieu de la part des militaires contre les femmes Rohingyas,dans le cadre de la terreur de l'épuration ethnique et des actions de génocide.  


Le Dr Mukwege est lourdement menacé par différents seigneurs de guerre et milices dans sa région de Panzi et il vit reclus à l'intérieur de l'hôpital, sauf pour ses déplacements internationaux.
Ainsi en juillet dernier il apportait son aide et ses connaissances aux femmes Yazidis ayant subi les viols et violences de Daech. Il était venu en Irak à la demande de l'ONG Yazda , qui, depuis 2014, soutient les femmes Yazidis traumatisées. Il s'agit d'une étape supplémentaire dans le combat universel contre les violences sexuelles comme arme de guerre.


L'attribution simultanée du prix à Nadia Murad rend hommage au souffrances subies par les femmes Yézidis .
Elle représente également un soutien au combat pour la reconnaissance par l'ONU du génocide des Yézidis , commis par Daech. Plusieurs institutions internationales et pays et se sont déjà prononcées dans ce sens, dont le Parlement européen et le Canada. La prise de position la plus émouvante est sans doute la résolution du parlement d'Arménie en janvier 2018, dans un pays qui se bat également pour la reconnaissance du génocide qui  l'a frappé.

 Cette reconnaissance a lieu alors que vient de se produire une grave remise en cause des acquis de la justice internationale concernant la responsabilité de ceux qui laissent commettre des viols de guerre.
Le chef de guerre  congolais Jean-Pierre Bemba avait été reconnu coupable le 21 mars 2016 par la Cour pénale internationale  (CPI, voir ci-dessous) pour des viols de guerre commis par ses troupes en Centrafrique.
Puis l'ancien vice-président congolais a été condamné, le 21 juin 2016 , à dix-huit ans de prison par la Cour pénale internationale pour ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Or, en appel devant la CPI, cette condamnation a été annulée le 8 juin 2018 en raisons d'erreurs de procédure et  de l'atténuation de sa responsabilité directe, alors même qu'il a été également condamné pour avoir corrompu et manipulé 14 témoins de sa défense. Les victimes de ces viols sont dans le désarroi et l'amertume car ce verdict surprenant met fin à leurs espoirs de reconnaissance et de réparation.


Le combat se poursuit plus que jamais contre cette barbarie.
   







18 juin 2017
 
Appel du Dr Mukwege à sanctionner l’utilisation du viol comme arme de guerre.

A l’occasion de la 2e Journée internationale  pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, Denis Mukwege, gynécologue et Prix Sakharov 2014, réclame une action de l’Europe. Memorial 98 salue cet appel et renouvelle son soutien aux combats de l’éminent médecin et combattant pour les droits des femmes.
Sa prise de position est d'autant plus courageuse qu'il n'est plus protégé de manière permanente par les Casques Bleus de l’ONU, comme auparavant .
Il craint désormais non seulement pour sa vie, mais aussi pour celle de ses collègues et de ses patientes de l'hôpital de Panzi, où ces dernières sont accueillies.  
"On risque sa vie quand on soigne dans le Kivu". Désormais, Denis Mukwege ne bénéficie de la protection des Casques bleus que pour ses déplacements. Pourtant, dans le Kivu, la menace est permanente, témoigne le médecin : "Notre action gêne : nous soignons les victimes de la violence et de la barbarie dans le Kivu. Elles nous parlent, nomment leurs bourreaux [...] on risque sa vie quand on soigne dans le Kivu. Il n’y a pas d’État, de justice et de police pour nous protéger. Même les Casques bleus ne nous protègent plus."
D'ailleurs en avril dernier, la protection assurée par l'ONU à son collègue et collaborateur le Dr Gildo Byamungu lui avait été retirée. Quelques jours plus tard, le jeune médecin était retrouvé assassiné à son domicile.

Appel du Dr Mukwege:
" En zone de conflits, forces armées et bandes organisées violent femmes et filles, mais aussi hommes et garçons, dans le but de déplacer, punir et terroriser les populations civiles.
L’utilisation à grande échelle des violences sexuelles, tout comme celle des armes chimiques et des mines antipersonnel, est bon marché et terriblement efficace. Les violences sexuelles incluent viols collectifs, viols publics et l’insertion forcée d’armes et autres objets divers. Les victimes peuvent aussi bien être des vieillardes que des enfants et parfois même des nourrissons.
Après vingt ans de conflit armé violent, la République démocratique du Congo (RDC) peut témoigner des conséquences dévastatrices, parfois fatales, de l’utilisation du viol comme arme de guerre. De ces actes odieux découlent un traumatisme physique et psychologique à vie, la destruction des liens familiaux et la diffusion de maladies, alors que des communautés entières sont marquées profondément et à jamais.
L’utilisation du viol comme arme de guerre ne connaît pas de frontières. D’après les Nations unies (ONU) et certains observateurs indépendants, les violences sexuelles font parties de l’arsenal utilisé par les autorités syriennes pour obtenir informations et « confessions ».
Attirer l’attention
En Birmanie l’armée viole des femmes devant leur famille afin de provoquer le déplacement de villages entiers de la communauté Rohingya. Alors que l’emploi des violences sexuelles comme méthode de combat a suscité de plus en plus d’attention ces dernières années, celle-ci demeure faible et ces attaques ne font que rarement la « une » des journaux.

Au fil du temps, de nombreux types d’armes ont été interdits ou régulés afin de limiter pertes civiles et souffrances inutiles. En avril 1997, la Convention sur l’interdiction des armes chimiques est entrée en vigueur, non seulement interdisant l’utilisation des armes chimiques, leur fabrication et leur stockage, mais exigeant aussi la destruction des arsenaux existants sous la supervision d’experts internationaux.
Quelques mois plus tard, fin 1997, la communauté internationale prit la décision d’interdire également l’utilisation des mines antipersonnel avec la Convention d’Ottawa. Le déminage intégral devrait être achevé en 2025 et un monde sans mines antipersonnel serait alors à la portée de tous.
Quelles leçons tirer de ces processus pour mettre fin à l’utilisation des violences sexuelles, une autre méthode cruelle de combat largement répandue dans les zones de guerre du monde entier ?
Le processus d’interdiction des mines antipersonnel a montré que le premier pas pour mettre fin à l’utilisation de ces dernières a été d’attirer l’attention sur le problème. Dans les années 1980 et 1990, les chirurgiens et les organisations médicales sur le terrain ont été les premiers à exprimer leur préoccupation à ce sujet. Ils ont réussi à réunir différents acteurs et à créer une campagne mondiale contre ces armes cruelles.
Conventions juridiquement contraignantes
La deuxième étape pour l’élimination des mines antipersonnel et des armes chimiques a été de renforcer les normes au travers de moyens légaux et institutionnels. Les Etats ont développé des conventions juridiquement contraignantes, aujourd’hui reconnues de manière quasi universelle, et créé un régime de vérification.
La troisième phase a vu les États commencer à intérioriser l’interdiction des armes chimiques et des mines et modifier leur comportement en conséquence. Aujourd’hui, l’emploi de ces armes est extrêmement rare, il cause l’indignation mondiale et fait des pays qui les utilisent des parias sur la scène internationale. Ainsi, lorsque la Syrie a employé des gaz toxiques en avril, les États-Unis ont immédiatement réagi par des bombardements aériens et le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu une réunion d’urgence.
Il n’existe pas de réponse similaire en ce qui concerne les violences sexuelles. En mai, le président de la République des Philippines, Rodrigo Duterte, a encouragé ses soldats à violer des femmes, allant jusqu’à dire qu’il en porterait la responsabilité. La réponse de la communauté internationale n’a pas été à la mesure de la gravité de la situation face à une telle déclaration de la part d’un chef d’Etat.
Néanmoins, les victimes sont de plus en plus nombreuses à s’exprimer pour attirer l’attention sur ce problème mondial si souvent négligé. Leur donner une tribune et écouter ce qu’elles ont à dire est une première étape cruciale pour éliminer les violences sexuelles en zone de conflit.
Dans un second temps, les gouvernements devront s’impliquer et développer des mécanismes pour s’attaquer au problème. Les pays européens ont la possibilité, la capacité et le devoir d’unir leurs efforts pour faire respecter l’interdiction d’utiliser les violences sexuelles, par exemple au travers de sanctions par l’Union européenne. L’engagement de tous est nécessaire pour marquer le début d’un monde où le viol comme arme de guerre n’est plus toléré."
21 juin 2016:

Verdict important: le chef de guerre Jean-Pierre Bemba avait été reconnu coupable le 21 mars dernier (voir ci-dessous) pour des viols de guerre commis par ses troupes, mais on ignorait encore la nature de sa peine. L’ancien vice-président congolais a été condamné, mardi 21 juin, à dix-huit ans de prison par la Cour pénale internationale pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La procureure avait réclamé 25 ans de prison.

Riche homme d’affaires devenu chef de guerre, le Congolais a été jugé coupables des meurtres et viols commis par la la milice qu'il commandait en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003. Dans ce pays où ils s’étaient rendus pour soutenir le président Ange-Félix Patassé face à une tentative de coup d’État menée par le général François Bozizé, quelque 1 500 hommes du Mouvement de libération congolais (MLC) ont tué, pillé et violé.
 C’est la première fois que la Cour condamne un chef militaire en vertu du principe de la « responsabilité du commandant », et qu’elle retient l’utilisation de viols et violences sexuelles en tant que crimes de guerre. Selon le verdict rendu en mars par la CPI, Jean-Pierre Bemba n’a pas pris « toutes les mesures nécessaires et raisonnables » pour éviter ces crimes alors qu’il disposait d’un « contrôle effectif » sur ses hommes.
Au lendemain de la première journée mondiale  de lutte contre le viol comme arme de guerre (voir ci-dessous) cette peine conséquente peut représenter un outil de dissuasion contre ces pratiques.

18 juin 2016 :

Aujourd'hui 18 juin, se déroule la première Journée mondiale de lutte contre le viol comme arme de guerre sous l'égide de l'ONU. La prise en compte du viol comme arme de guerre dans les conflits actuels est relativement récente: la résolution de l'Assemblée Générale de l'ONU date d'un an seulement. Le docteur Denis Mukwege alerte: les conflits ne durent qu'un temps alors que les viols peuvent avoir des répercussions sur des générations. « Le viol est une métastase » explique le praticien qui s'interroge : comment les enfants qui ont vu leurs parents subir une telle humiliation peuvent-ils se comporter normalement ?

 23 mars 2016:

Une victoire historique pour les victimes de violence sexuelles. 
 
"Aujourd'hui, le 21 mars 2016, la Chambre de première instance III de la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré à l'unanimité Jean‑Pierre Bemba Gombo coupable au‑delà de tout doute raisonnable de deux chefs de crimes contre l'humanité (meurtre et viol) et de trois chefs de crimes de guerre (meurtre, viol et pillage)."
Le verdict de culpabilité rendu  par la Cour pénale internationale (CPI) lundi 21 mars contre Jean-Pierre Bemba représente un tournant historique dans la lutte en faveur de la justice et de l'obligation de rendre des comptes pour les victimes de violences sexuelles  dans le monde. Les milices de Jean-Pierre Bemba utilisaient le viol comme arme de guerre en Centrafrique (motif de la condamnation) et au Congo .
C'est la première fois que la CPI condamne quelqu'un pour le viol utilisé comme arme de guerre, et la première fois qu'elle prononce une condamnation fondée sur le principe de la responsabilité du commandant.
Cette décision de justice comporte un message clair : l'impunité pour violences sexuelles en tant qu'arme de guerre ne doit pas être tolérée. Elle souligne également que les commandants militaires et les responsables politiques doivent prendre toutes les mesures nécessaires afin d’empêcher leurs subordonnés de commettre des actes odieux et qu’ils seront tenus de rendre des comptes s'ils ne le font pas. 


MEMORIAL 98