jeudi 31 août 2017

Kemi Seba: retour sur la scène française d'un imposteur néo-nazi.


Faut-il encore présenter Kemi Seba ?
Oui sans doute puisque certains médias n'ont pas jugé utile de le faire ces derniers jours, en évoquant son " action" contre le franc CFA qui lui a valu quelques jours d'emprisonnement, avant une relaxe. Dans le journal 20 minutes, par exemple,  Kemi Seba est ainsi décrit comme un "polémiste français" dans une courte dépêche qui ne dit absolument rien de la nature des "polémiques" en question. 

Le Monde a choisi une démarche un peu plus "équilibrée": publier le 22 août une très juste tribune pointant l'imposture  représentée par Seba et son courant et la manière dont il instrumentalise et récupère la lutte contre le franc CFA . Mais quelques jours plus tard, une seconde tribune est publiée, qui prend la défense de Seba et le présente en résumé comme un "symbole" de la jeunesse africaine.

Dans le même temps, sur les réseaux sociaux français, certains groupes se présentant comme "anti-racistes" reprennent la vieille rengaine développée dans les années 2000 : il faut soutenir Kemi Seba, ne pas se préoccuper de ce qu'il est et de ce qu'il fait réellement, puisqu'il incarnerait la résistance au néo-colonialisme, et que toute contestation de ses idées serait une soumission à l'ordre blanc et néo-colonial. 

Mais qui est Kemi Seba ? La réponse est simple, puisque lui-même l'a toujours revendiqué sans fards. Kemi Seba, contrairement à Dieudonné, n'a jamais cherché à ergoter sur ses opinions politiques: là où Dieudonné a cherché pendant des années à se présenter comme "antisioniste" et à nier les accusations d'antisémitisme, Kemi Seba inaugure sa carrière de néo-nazi médiatique en organisant un pogrom symbolique rue des Rosiers, qu'il présente d'emblée comme une chasse aux "sionistes", dans le contexte de l'assassinat antisémite d'Ilan Halimi par  Youssouf Fofana et ses complices.

D'emblée, chez lui, la soupe clinquante qu'il présente comme du "pan africanisme" ne présente guère d'importance: lui même lui en accorde si peu, qu'il passera du "kémitisme" dénonciateur des "blancs" et des "arabes" assorti de références à la gloire de l'ancienne Egypte à une conversion à l'islam et à un changement de nom, avant de revenir en arrière.

Le seul point dont il ne déviera jamais est l'alliance avec l'extrême-droite européenne: dès ses débuts, il se mettra ainsi en scène avec des groupes néo-nazis, vantant les suprémacistes blancs comme les seuls alliés possibles, affirmant qu'après tout Hitler était mieux que Napoléon et que le nazisme eut l'avantage de "donner du travail aux Noirs enrôlés dans les armées pour le combattre".

Lorsqu'il créera le MDI ("mouvement des damnés de l'impérialisme"), il le fera avec des négationnistes assumés comme Serge Thion ou Ginette Skandrani.
C'est aussi au sein de cette officine qu'un certain "Siddiq Seth" s'affirmera comme l'animateur de la branche "pan-arabe". On le retrouvera quelques années plus tard , après un passage comme garde du corps aux côtés de Dieudonné, comme nervi de choc des milices pro-Assad en Europe notamment lors d'une attaque à Genève contre des opposants syriens.

Kemi Seba lui-même ne cache pas son allégeance à l'internationale de la haine, structurée autour du soutien à Poutine : le 27 avril dernier il déclarait ainsi sur Facebook : "On veut des alliés (bien que l'on ne les idéalise pas loin de là ) tels la Russie de Poutine, la Corée du Nord, Cuba, l'Iran, le Venezuela de Maduro (actuellement attaqué par la puissance ultra libérale américaine) ou l'Argentine révolutionnaire de Pedros Piscay. 
On veut des régimes pour qui le souverainisme est une OBSESSION." De la même manière, il présente la victoire de Donald Trump comme une bonne nouvelle pour plusieurs raisons: parce qu'il est homophobe et anti-mondialiste et qu'il a dégagé la candidate du "système" et de l'"oligarchie" mais aussi parce qu'il est raciste , et que le déchaînement de violence des suprémacistes blancs réveillera les noirs américains un peu trop mous à son goût.


Kemi Seba est donc un fasciste raciste assez classique, aussi clair et violent qu'un Serge Ayoub. La petite différence est qu'il a joué sur la dénonciation des "blancs" ou même des "leucodermes" , pour reprendre les termes de ses débuts. Avec une certaine intelligence, puisque cela a conforté d'autres racistes qui croyaient tenir en sa personne , un exemple du "racisme anti-blancs", tant dénoncé par l'extrême-droite. Souvent Seba a d'ailleurs été attaqué sur cette base, bien plus que sur celle de son antisémitisme bien réel. En effet, pour ce qui est du "racisme anti-blancs", ses complicités néo-nazies démontrent, si besoin était, à quel point il n'en était pas question.

Or l'antisémitisme n'est pas seulement un racisme "parmi d'autres", il structure aussi globalement des analyses du monde, où de toute façon, le racisme contre tous est forcément essentiel. 
Ainsi Kemi Seba ne s'est jamais privé d'exprimer sa violence aussi contre les racisés qui ne rejoignaient pas le camp fasciste, les présentant comme des "idiots utiles" du "complot sioniste", dont il voit aussi les effets dans les combats progressistes et antiracistes: il emploie par exemple le mot "macaque " sans complexes notamment en 2007 dans une conférence où il déclare "Je rêve de voir les Blancs, les Arabes et les Asiatiques s'organiser pour défendre leur identité propre. Nous combattons tous ces macaques qui trahissent leurs origines, de Stéphane Pocrain à Christiane Taubira en passant par Mouloud Aounit".
Il a été l'auteur de charges violentes contre les luttes de l'immigration, une de ses obsessions puisqu'il y a quelques semaines encore, il illustrait une de ses diatribes contre l'extrême-gauche par une photo de manifestation de travailleurs sans-papiers .

Quant à la question des luttes contre le franc CFA qui se développent dans plusieurs pays et rallient effectivement de nombreuses catégories sociales, dans un contexte de luttes et de grèves importantes contre l'exploitation, elle ne peut être invoquée comme justification à la défense de Kemi Seba que par des anti-colonialistes de façade.

Leur traitement par une partie de la presse française en témoigne: que représente la dérisoire et symbolique action menée par Kemi Seba , brûler un billet de banque ? Pas grand-chose au regard des combats réels, menés par des anonymes qui n'ont pas ce privilège. et se voient associés à un fasciste notoire. Une des seules forces de Seba est en effet son travail de propagande et d'auto-promotion sur internet, ainsi que le soutien d'une partie  de l'extrême-droite européenne .

Une nouvelle fois, les mêmes mécanismes dus a minima à la paresse intellectuelle de certains médias généralistes comme à leur goût pour les "provocateurs" qui font vendre amène à lier des luttes légitimes et les pires imposteurs racistes, complices des dictatures les plus acharnées contre leurs populations. Cela a été le cas pour Dieudonné et les luttes palestiniennes, seule la complaisance la plus coupable avec l'extrême-droite pourra amener à ce que les choses se reproduisent.

MEMORIAL 98 

Mise à jour du 8 février 2019: Kemi Seba avec le gouvernement italien


Voici à nouveau Kemi Seba, cette fois-ci dans le rôle de conseiller du gouvernement d'extrême-droite italien.
Les attaques de Luigi Di Maio contre le rôle de la France en Afrique à travers le Franc CFA sont directement inspirées par lui. En effet Seba a été reçu en septembre 2018 par les dirigeants du parti M5S ( mouvement cinq étoiles ) et leur a transmis ses éléments de langage, comme il s'en vante lui-même.
Cela aboutit au spectacle pervers d'un Di Maio qui gouverne avec le fasciste Salvini et qui prétend dénoncer la politique néo-colonialiste de la France. Il s'agit de leur part d'un discours cynique alors même que le cœur de leurs campagnes et de leur politique est dirigée contre les migrants africains qu'ils maltraitent et rejettent en assimilant les ONG qui les sauvent à des passeurs et en criminalisant les municipalités qui les accueillent telle celle de Riace et de son maire Domenico Lucano.
Seba réalise une fois de plus une alliance avec l'extrême-droite nationaliste et rend un fort mauvais service au combat contre le néo-colonialisme en France et en Italie.

MEMORIAL 98

lundi 28 août 2017

Empêchons Europe 1 d'offrir une tribune au FN Jean Messiha

 







Mise à jour du 29 aout à 18h 30: Bonne nouvelle. Les dirigeants d'Europe 1 sont contraints de  désavouer Hondelatte et prétendent ne pas avoir été au courant de son initiative. C'est le résultat de la médiatisation et de la diffusion de la pétition (ci-dessous), ainsi que de la protestation des journalistes de la station. Messiha du FN ne sera donc pas éditorialiste sur cette radio.  Pourtant il dit se  moquer de la pétition et raconte comment Hondelatte l'avait sollicité

Il s'agit d'une victoire contre la tentative de "normalisation" des idées racistes du FN. Hondelatte et/ou Europe 1 doivent en tirer les conséquences et mettre fin à cette émission.

MEMORIAL 98

Les dirigeant.e.s du FN jouissent déjà d’un accès très large aux médias, notamment télévisuels. L’exemple type en est la présence quasi-permanente  de Florian Philippot sur BFMTV. 

Mais une nouvelle étape est en préparation. À la rentrée, sur Europe 1, dans l'émission quotidienne "Hondelatte raconte", des éditorialistes vont se succéder en alternance, dont Jean Messiha, dirigeant du FN, porte-parole des "Horaces", club de hauts fonctionnaires du FN.

C’est sans doute la première fois qu’on offre ainsi, sur un média important, une tribune permanente d’éditorialiste  à un dirigeant de l’extrême-droite.

Messiha  a été le coordinateur du projet de Marine Le Pen pour la présidentielle. Il est connu pour ses propos racistes ,  sexistes, islamophobes et homophobes , dont un  petit échantillon figure ci-dessous.





De son côté, Hondelatte a déjà été blâmé par le CSA en 2013 pour une émission biaisée sur l'islam, qui plus est sur la chaîne 23 dédiée à la « diversité ».
Le titre l’annonçait déjà : "L'islam est-il soluble dans la République ?
L’émission mettait en vedette Robert Ménard, « islamologue » (phobe) bien connu. La discussion a débuté par une longue diatribe du fasciste de Béziers. Au milieu de son intervention, Ménard a notamment déclaré : "Je trouve que l'islam n'est pas une religion sympathique".

Ce « débat » n'a pas du tout plu au CSA. Dans une décision du 26 juin 2013, ses membres sont "intervenus" auprès de la chaîne, estimant que celle-ci avait "manqué aux obligations déontologiques". Le CSA déplorait que la chaîne, censée être dédiée à la diversité, n'ait pas respecté sa mission de "cohésion sociale" et n'ait pas défendu "les valeurs d'intégration et de lutte contre les discriminations".. 

Le racisme est déjà très présent sur les grandes radios : c’est la cas notamment de Eric Zemmour, condamné pour incitation à la haine raciale, désavoué par la société des journalistes de RTL et néanmoins maintenu à l’antenne par la direction de RTL. Sur la même radio il y a aussi Olivier Mazerolle qui s'en prenait au nom de famille de Myriam El Khomri.

Le respect du pluralisme ne justifie pas la promotion d’une idéologie raciste et antisémite telle que le FN l’a développée tout au long de la campagne électorale. Les autres personnes prévues pour l’émission de Hondelatte, dont Pascale Clark, (journaliste)  Nassira El-Moaddem (Bondy Blog)  ou Bruno Roger-Petit (journaliste) seraient d’ailleurs bien inspirées de protester contre cette décision. 
Nous n’acceptons pas que le FN dispose ainsi d’une tribune officielle et appelons à signer et à diffuser la pétition qui a commencé à circuler et provoque déjà la hargne du FN et de Hondelatte. 

L’enjeu est de taille, la pétition est ici  : https://www.change.org/p/pas-de-place-pour-messiha-fn-sur-europe-1


Memorial 98 

Mise à jour du 15 octobre 2017: Revoilà Jean Messiha. 


 La dénonciation du harcèlement sexuel et la mise en cause des responsables de violences sont sous le feu de l'actualité et c'est positif. Contrairement à ce qui peut apparaître dans certains médias, le phénomène n'est pas limité au milieu du cinéma ou de la communication mais touche l'ensemble des secteurs, particulièrement d'ailleurs là où les femmes sont les plus exploitées et vulnérables, comme l'a montré l'émission récente " Infra-rouge" (voir ci-dessous) ainsi que dans l'espace public et dans la famille  C'est pour cette raison que le hashtag #balancetonporc connaît une telle audience. Évidemment les fachos et les tenants de la domination masculine montent des contre-attaques plus ou moins sophistiquées. Nous avons ainsi retrouvé un personnage que nous avons dénoncé récemment: Jean Messiha dirigeant du FN, coutumier de propos sexistes et homophobes sur Twitter et qui met en cause cette campagne de salubrité publique





 







lundi 14 août 2017

Charlottesville: comment la Syrie d'Assad est devenue une icône de l'extrême-droite américaine

Parmi les publications reprises par Buzzfeed de la page Facebook présumée de James Alex Fields Jr., le pilote de la voiture qui a tué une contre-manifestante lors des manifestations d'extrême-droite à Charlottesville, en Virginie, samedi, on trouvait les icônes préférées de l'extrême droite,  Pepe the Frog, des croix gammées, et une photo d'Adolf Hitler enfant. 

Chose peut-être plus surprenante, il y avait aussi une photo du président de la Syrie, Bashar al-Assad, en uniforme militaire complet, sous laquelle était écrit " Jamais vaincu". Les réseaux sociaux ont largement diffusé les  captures d'écran du profil ,maintenant inaccessible, samedi et dimanche, même si l'authenticité du compte n'a pas pu être confirmée. Mais la fascination apparente avec Assad correspond bien  à un lien plus général entre l'extrême droite et le régime syrien qui s'est progressivement manifesté ces derniers mois (1) et a joué un rôle tout au long du rassemblement nationaliste blanc de ce week-end en Virginie.


La politique d'Assad - et celle de son père avant lui - ont toujours été associées plus à la gauche qu' à droite. Son père, le dictateur Hafez al-Assad, était au Moyen Orient l'allié le plus proche de l'Union soviétique tout au long de la guerre froide. Le fils a bénéficié du soutien ferme d'une partie de la gauche radicale internationale tout au long de sa tentative d'écraser la rébellion de six ans contre son règne.

Au cours des derniers mois, cependant, Assad est devenue une icône aussi pour l'extrême droite; ses dirigeants et ses porte-parole ont fait l'éloge de la férocité avec laquelle il a poursuivi la guerre, son rôle dans la lutte contre l’État islamique et ses positions perçues comme antagonistes à la fois  contre les musulmans et les Juifs .

Les méthodes implacables d'Assad qui ont abouti à des dizaines de milliers de victimes civiles semblent avoir encore accru sa stature. Dans une vidéo postée sur Twitter, trois hommes qui ont participé aux manifestations de Charlottesville ont salué l'utilisation par Assad des "barrel bombs", les barils d'explosifs pour soumettre les communautés qui se sont retournées contre lui.
 L'un porte un T-shirt qui dit: "Bashar's Barrel Delivery Co."

Les bombes à barriques sont des engins explosifs peu coûteux, fabriqués à bon marché, utilisés pour les bombardements à l'aveugle, et leur utilisation a tué des milliers de civils en Syrie.
"Assad n'a rien fait de mal", affirme une des figures de l'extrême-droite sur les réseaux sociaux, Tim Gionet, qui a diffusé cette vidéo, où on peut l'entendre crier " "Barrel bombs, hell yeah !"

L'émergence massive d'Assad en tant que héros populaire des néo-nazis semble avoir suivi une série de tweets en mars de  l'ancien chef  du Ku Klux Klan, David Duke, dans lequel il a prodigué des éloges au président syrien, en le décrivant comme un «chef incroyable» - et plus encore .


D'autres dirigeants d'extrême-droite ont de longue date exprimé leur soutien au président syrien et espéraient clairement que le président Trump, qui a fait des commentaires flatteurs sur Assad tout le long de sa campagne, s'engagerait pour lui. De tels espoirs étaient également basés sur le soutien que Assad avait reçu de certains politiciens d'extrême droite en Europe.  Marine Le Pen, en France, par exemple, a déclaré que maintenir Assad au pouvoir est «la solution la plus rassurante».
Après que Trump ait ordonné aux militaires américains de bombarder un aérodrome syrien en réponse à une attaque chimique dans le nord de la Syrie, de nombreux commentateurs d'extrême- droite ont exprimé leur consternation sur Twitter. Peu de temps après l'attaque, des manifestants opposés à l'intervention militaire, menés par le nationaliste blanc Richard B. Spencer, ont été confrontés à un groupe de manifestants antifascistes à l'extérieur de la Maison Blanche.

Bien que Trump ait continué à se détourner d'Assad,  l'appelant même « une personne vraiment maléfique» dans une interview télévisée d'avril, la fascination de l'extrême droite pour l'acharnement du président syrien à se maintenir au pouvoir a persisté. L'histoire d'amour de l'extrême droite avec Assad n'est d'ailleurs pas si étonnante: son parti Ba'ath est férocement nationaliste et ethnocentrique, axé sur la promotion de l'identité arabe. L'un des rares partis politiques autorisés par son régime et l'un de ses plus fervents partisans de la guerre est le Parti socialiste social syrien qui a tiré son logo de la croix gammée.

Traduit du Washington Post, article de Liz Sly et Rick Noah, 13 août 2017

(1) En réalité, les leaders suprémacistes blancs ont aux Etats Unis comme en Europe des liens très anciens avec le régime d'Assad, même si au niveau de la base activiste, l'intérêt limité pour les questions internationales ne suscite pas forcément des références permanentes au régime de Damas. David Duke dont il est question dans cet article a été l'invité de conférences publiques à Damas,pour y tenir des discours de soutien à Assad, et appeler à la guerre mondiale contre les "sionistes" ( voir ici une de ses interventions filmées: https://www.youtube.com/watch?v=21wyi5eGpxA)

dimanche 13 août 2017

Charlottesville: chronique d'un meurtre annoncé


Mise à jour du 10 juillet 2021:  La ville américaine de Charlottesville va déboulonner samedi 10 juillet les statues de deux généraux confédérés, qui avaient été à l'origine d'affrontements meurtriers entre militants d'extrême droite et manifestants antiracistes en 2017, a annoncé vendredi la municipalité de l'Etat de Virginie. Les statues représentant le général Robert Lee, chef de l'armée sudiste pro-esclavage pendant la guerre de Sécession, et le général Thomas «Stonewall» Jackson, tous deux en uniforme et à cheval, sont placées dans deux petits parcs près du centre-ville.https://twitter.com/Jake_Hanrahan/status/991971629747048Quelques jours avant l'attentat à la voiture folle commis par les néo-nazis à Charlottesville, qui a couté la vie à la militante antiraciste Heather Heyer (ci-dessous) Devon Arthurs, un ex-néo nazi américain aujourd'hui âgé de dix huit ans apprenait qu'il allait sans doute échapper à la peine de mort.
                                 Marche aux flambeaux des néo-nazis à Charlottesville
 
Devon Arthurs est emprisonné pour meurtre en Floride, et passera sans doute le reste de ses jours en prison. Cependant lui n'a pas tué des antiracistes, mais deux de ses ex-compagnons de route néo-nazis. Il les a tués, parce qu'il avait décidé, seul, de ne plus être néo-nazi, rupture qu'il avait symbolisée en se convertissant, seul aussi, à l'islam. Il les a tués, parce qu'ils préparaient un attentat. Sur les lieux du crime, la police a retrouvé des plans mais aussi des explosifs prêts à l'usage. 

Dans cette affaire, ce qui n'est pas commun n'est pas la préparation d'un attentat d'extrême-droite. La chose, malheureusement est banale, aux États-Unis comme en Europe. Ce qui l'est, c'est la tentative désespérée, délirante et terrible, d'un très jeune homme de rompre, seul, avec une mouvance et une idéologie de haine qui avaient pris le contrôle de sa vie. 

Penser à la solitude des jeunes néo-nazis dans des sociétés qui minorent le péril terroriste fasciste, ce n'est ni les excuser, ni les exonérer de leurs responsabilités dans leur choix. C'est juste prendre conscience des mécanismes terribles qui aboutissent au meurtre de masse, à la manière dont se créent en toute impunité des groupes meurtriers, à la manière dont se fabriquent les soldats de la terreur blanche. 
 
A Charlottesville, lors du rassemblement armé qui a précédé la tuerie à la voiture, parmi les participants, il y avait David Duke, à visage découvert, comme à l'accoutumée. Il participait pleinement aux cris antisémites des manifestants qui scandaient " Les Juifs ne nous remplaceront pas " soit l'application de la théorie du Grand Remplacement appliquée aux Juifs .
 
Duke a 67 ans, il est entré au Ku Klux Klan dans les années 1970, et milite depuis ouvertement, et sans trop de soucis pour la suprématie blanche. Il est raciste, antisémite, négationniste. C'est une figure internationale, qu'on retrouve parfois dans les colonnes de Rivarol en France. Il a également donné des conférences à l'invitation des régimes syriens ( voir ici)  et iraniens, en   2005 et 2006. Le 24 novembre 2005, David Duke participe à un meeting organisé à Damas par le gouvernement syrien. Il y déclare alors que « les États-Unis sont occupés par des Juifs qui contrôlent les médias et la banque ». Plus tard  il récidivait  « L'Holocauste ( la Shoah) est le levier utilisé par l'impérialisme sioniste, l'agression sioniste, la terreur sioniste et les meurtres sionistes ».

Duke a inspiré de nombreux tueurs néo-nazis dans un passé même très récent. Il était par exemple la référence de John Houser, qui en juillet 2015 a abattu deux femmes et en a blessé grièvement plusieurs autres, lors de la projection d'un film trop féministe à ses yeux.  

C'est la particularité mondiale des idéologues néo-nazis qui appellent ouvertement à la violence et à la terreur armée: une liberté de le faire qui connaît très peu de limites, et une indifférence sociale assez généralisée à leur égard. 

Et pas seulement aux États-Unis: partout en Europe, ce matin, des jeunes néo-nazis qui sont allés jusqu'au meurtre regardent sans doute de leur prison les exploits de leurs homologues américains, pendant que les leaders qui les ont inspirés ont les mains libres. 

En France, Jérémy Mourain purge neuf années de prison, pour des violences racistes, des tabassages avec ce qui s'assimile à des actes de torture, même contre d'autres néo-nazis de son groupe, plus jeunes que lui.
Pour le moment, il n'a pas encore à répondre de meurtres dont il s'est lui même vanté en prison: notamment, celui d’Hervé Rybarczyk , retrouvé noyé à Lille comme quatre autres personnes, en 2010 et 2011. Ce sont pourtant ses bavardages qui ont finalement amené la police et la justice à arrêter trois de ses compagnons de route pour les mettre en examen, après avoir longtemps considéré que toutes ces noyades étaient des accidents. 

Jérémy Mourain n'a même pas trente ans. Il a commencé sa carrière de néo-nazi très jeune, en organisant des ratonnades au hasard des cibles qui croisaient son chemin, les soirs où il avait décidé que ce serait l'ultra-violence raciste.
Puis il a rencontré Serge Ayoub qui a dépassé la cinquantaine, et formait déjà des jeunes tueurs dans les années 80. Serge Ayoub est toujours un homme libre, sans doute parfois un peu frustré de l'image qu'on lui accole dans les médias, un simple "chef de groupuscules", un "skinhead" folklorique et minoritaire. Frustré ou parfaitement satisfait, puisque c'est ce qui lui a permis de devenir en toute impunité un recruteur et un formateur d'assassins, que dans d'autres circonstances, pour d'autres idéologies, on appellerait terroristes.

En Suède, Viktor et Anton Thulin, purgent eux une peine de plusieurs années de prison, pour avoir commis des attentats contre des centres d'accueil pour migrants. Aucun des deux n'a atteint ses 25 ans, mais leur niveau d'endoctrinement se mesure par exemple, au fait que l'un d'eux s'était tranché un doigt à la hache pour "se punir d'avoir regardé des sites pornographiques". Quelques mois avant leurs attentats, en quête de violence plus grande que celle des groupes locaux, trop inexpérimentés à leur goût, ils étaient partis s'entraîner dans un camp paramilitaire international en Russie, et étaient revenus chez eux, sans être inquiétés pour ce "voyage", un peu particulier, alors qu'une autre destination pour faire la même chose, en Syrie par exemple, leur aurait valu une arrestation immédiate. Ce camp paramilitaire était tenu par un ancien soldat russe, dont le mouvement a beaucoup aidé les milices russes en Ukraine, et finance divers mouvements néo-nazis à travers toute l'Europe.

C'est l'autre caractéristique des mouvements néo-nazis, leur véritable statut d'internationale brune, dans tous les domaines, logistiques, financiers, pratiques, mais aussi théoriques. Et ce dernier aspect est extrêmement important dans la structuration politique et l'endoctrinement des jeunes tueurs. Contrairement aux clichés sur les "skinhead groupusculaires, ivrognes et désorganisés", les jeunes néo-nazis ont pour beaucoup soif de connaissances et leur passage au meurtre se fait sur la base de raisonnements et de références précises. Parce que des militants plus expérimentés et plus stratégiques font le boulot, il n'y a rien de plus facile que de se procurer en trois clics les textes fondateurs des suprémacistes blancs américains. Ces derniers font du terrorisme en petits groupes "indépendants," le modèle même de l'action politique réussie, la seule manière de réussir à porter des coups puissants à l'"ennemi".
La seule manière aussi d'être reconnu par les chefs, car tout le monde ne peut pas être chef, évidemment: et sur tous les forums transnationaux du net néo-nazi, l'endoctrinement et la fanatisation des plus déterminés passe aussi par des phases de culpabilisation et de dévalorisation. Les leaders idéologiques y raillent volontiers le jeune qui se prétend héritier des SS mais n'a que des croix gammées tracées sur les murs à revendiquer et n'a donc pas fait ses preuves.

Quant au soutien d’États puissants comme la Russie où les États-Unis, il apparait aujourd'hui  dans la figure de Donald Trump, dont la victoire a aussi été permise par l'extrême-droite la plus fanatique. 
Certains de ses conseillers sont eux-même des animateurs de sites conspirationnistes et racistes, qu'on appelle désormais "alt right", comme on appelle ici le Front National "populiste", ce qui euphémise un peu leur nature réelle et donne l'impression d'une frontière bien marquée entre eux et les jeunes tueurs. Jusqu'au moment, où Trump renvoie les tueurs et leurs victimes dos à dos, ce qui crée évidemment un moment de gêne international.

Il durera sans doute peu, notamment en France, où l'habitude politique de renvoyer dos à dos les néo-nazis et les "antifas" est bien ancrée, depuis la mort de Clément Méric, réduite par de nombreux commentateurs à une "bagarre entre bandes rivales et violentes". Il durera d'autant moins longtemps que l'ancrage dans le débat politique de la fameuse "liberté d'expression", permet à l'extrême-droite de bénéficier d'alliés inattendus dans l'opinion publique dès que la question se pose de la répression contre les discours de haine et de violence. Très tranquillement, il y a quelques jours, Alain Soral saluait la mémoire du négationniste Ernst Zundel récemment décédé, comme celle d'un "grand Allemand", tandis que Robert Faurisson et ses amis postaient un peu partout sur les réseaux sociaux et sur You Tube, des vidéos d'"hommage" au grand héros.

Aux États-Unis, plus de 230 personnes ont été tuées par des suprémacistes blancs depuis 1995. Ce chiffre ne concerne que les meurtres aboutis, les tentatives de meurtres, les opérations punitives, les viols, ou la terreur exercée à l'intérieur même de ces mouvements est difficilement chiffrable.

En Allemagne , où les attentats néo-nazis contre les réfugiés sont devenus ordinaires ces deux dernières années, le procès du groupe armé NSU s'achève après quatre ans, et laisse les proches des victimes dans la colère et le désarroi: à aucun moment, en effet, il n'a été possible de mettre en lumière les responsabilités des différents services de l’État dans le laissez-faire qui a accompagné le périple sanglant des tueurs et leur a permis d'assassiner au moins treize personnes en toute impunité pendant plus de dix ans.

En France, de même, les procès de jeunes tueurs supposés comme Jérémy Mourain sont encore et toujours limités à des condamnations isolées, sans réelle enquête , ni action contre les réseaux qui leur donnent la capacité de pousser leurs désirs de mort et d'ultra-violence jusqu'au bout. Jusqu'au jour où leur portrait défile dans les médias, visages terrifiants et énigmatiques de jeunes machines à tuer, qu'on appelle souvent "loups solitaires".

Mais c'est bien parce qu'ils sont tout, sauf solitaires que les visages des victimes, eux aussi défilent.

Heather Heyer est la dernière en date, et elle aurait pu ne pas mourir.  Il suffisait de prendre au sérieux les néo-nazis qui avaient eux même annoncé qu'ils venaient à Charlottesville pour semer la mort.
 Puisse l'émotion suscitée par ce meurtre atroce déboucher sur l'action, enfin, aux États-Unis et ailleurs.

MEMORIAL 98 
 
 Mise à jour du 7 décembre 2018 

James Fields a été reconnu coupable de meurtre lors de son procès à Charlotteville, alors qu'il prétendait avoir agi en état de "légitime défense" et s'être senti menacé. Sa peine sera décidée plus tard.

Le ministère public (parquet) a présenté au jury un texte envoyé par Fields, à sa mère avant de partir au rassemblement de l'extrême-droite. Celle-ci lui demandait d'être prudent, Fields lui avait répondu : "Nous ne sommes pas ceux qui avons besoin d'être prudents", message accompagné d'une photographie d'Adolf Hitler, qu'il admirait.  Fields, aujourd'hui âgé de 21 ans, avait également plusieurs comptes sur les réseaux sociaux où il exprimait son soutien au suprématisme blanc et au IIIe Reich, prônant la violence contre les Noirs et les Juifs.
Lors du procès, plusieurs personnes blessées lors de son agression ont témoigné de leurs souffrances et de leur traumatisme.
Un an environ après l'attentat de Charlottesville, a eu lieu la tuerie antisémite de la synagogue de Pittsburgh, le 27 octobre dernier.
Le combat contre la peste nazie est plus que jamais d'actualité  

Memorial 98


 
Mise à jour du 15 mai 2018:

Des militaires américains membres du groupe néo-nazi violent Atomwaffen Division ont participé à l'attaque de Chalottesville. Vassillios Pistolis,  membre du corps des Marines et de ce groupe  est photographié en train de frapper un manifestant antiraciste, ce dont il s'est lui-même vanté . 
Le scandale frappe l'armée US et met en lumière sa complaisance à l'égard des suprémacistes blancs et autres fascistes.

                                            
                                         

                                    Pistolis frappant une personne à terre et dans son uniforme des Marines

Mise à jour du 10 juillet 2021:  
La ville de Charlottesville va enfin faire enlever ce 10 juillet les statues de deux généraux confédérés, qui avaient été à l'origine de l'assaut meurtrier des militants d'extrême droite et  de la mort de la manifestante antiraciste Heather Hayer en 2017. 
La décision municipale est ainsi mise en œuvre avec quatre années de retard.
Les statues représentant le général Robert Lee, chef de l'armée sudiste pro-esclavage pendant la guerre de Sécession, et le général Thomas «Stonewall» Jackson, tous deux en uniforme et à cheval, sont placées dans deux petits parcs près du centre-ville.
MEMORIAL 98 

 ( janvier 2021) Voir des articles de Memorial 98 sur les USA et Trump: 

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/10/etats-unis-une-election-encore.html  (élection 2020)

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/10/trump-les-enfants-migrants-isoles.html  

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/04/les-afro-americains-durement-frappes.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2018/06/america-first-le-slogan-fasciste-de.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2016/11/13-novembre-hommage-rosa-parks-et-la.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2016/03/trump-bloque-chicago-bravo.html  (campagne Trump 2016)

http://www.memorial98.org/2015/06/charleston-la-menace-terroriste-d-extreme-droite-grandit.html

http://www.memorial98.org/article-24466321.html ( Obama)

http://www.memorial98.org/article-25281598.html ( Lincoln et Marx)

https://info-antiraciste.blogspot.com/2018/10/terrorisme-antisemite-pittsburgh-le.html







samedi 5 août 2017

Chine: face la répression, silence de Mme Macron, marraine de pandas.




              Liu Xia lors de l'immersion des cendres de son époux Liu Xiaobo, imposée par  le régime chinois afin d'empêcher les hommages sur sa sépulture.





Mise à jour du 12 juillet 2018

Excellente nouvelle: Liu Xia a été libérée , grâce à la campagne internationale de soutien en sa faveur et à l'action résolue des autorités allemandes qui ont proposé de l'accueillir à Berlin. Mais le gouvernement français ainsi que Emmanuel et Brigitte Macron n'ont strictement rien fait afin d' obtenir cette libération. 
 

 MEMORIAL 98

La campagne médiatique autour de la naissance de pandas dans un zoo français survient opportunément afin d'étouffer les inquiétudes sur le sort de Liu Xia, épouse du défunt dissident Liu Xiaobo et plus généralement sur la répression mise en oeuvre par le régime chinois. 

Puisque Mme Macron va être la "marraine" du panda, nous lui demandons de se préoccuper également de la destinée de Liu Xia veuve d'un prix Nobel de la paix, séquestrée par la dictature.  Liu Xiaoboest mort dans des conditions atroces le 13 juillet dernier,  sans avoir été libéré ni avoir pu se faire soigner à l'étranger, selon sa demande  .

Où se trouve Liu Xia, épouse du défunt Liu Xiaobo? 
Le régime chinois est responsable de la disparition et de la détention de la veuve du dissident Liu Xiaobo. Elle est gardée au secret depuis le décès du prix Nobel de la paix, a accusé l'avocat américain du couple, qui a annoncé avoir porté plainte auprès des Nations unies.
Liu Xia "est gardée au secret par les autorités chinoises dans un endroit inconnu" depuis le 15 juillet, jour des obsèques de l'opposant, affirme ainsi le texte déposé par Maître Jared Genser auprès du Groupe de travail sur les disparitions forcées  de l'ONU. 
  
"J'exige que les autorités chinoises apportent immédiatement la preuve que Liu Xia est en vie et lui autorisent un accès sans restriction à sa famille, ses amis, ses avocats et à la communauté internationale",
Liu Xia était de facto placée en résidence surveillée dans son appartement de Pékin depuis que Liu Xiaobo avait obtenu le prix Nobel de la paix 2010. Elle n'a pourtant jamais fait l'objet d'une quelconque condamnation ni même de poursuites. 
Depuis la veille du décès de son époux, elle n'a été en contact avec aucun de ses proches,. 
Le régime "communiste" a diffusé des photos d'elle prises lors des obsèques de Liu Xiaobo mais n'a  pas révélé où elle se trouvait depuis. Son quartier à Pékin est bloqué par les services secrets qui chassent les journalistes étrangers
Le régime n'a jamais reconnu qu'elle est privée de liberté. 
On peut donc considérer que Liu Xia est séquestrée par le régime chinois.
Nous exigeons sa libération. Mme Macron s'honorerait en se préoccupant du sort de cette femme

Rappelons qu'au cours de leur conférence de presse conjointe à Paris le 14 juillet, Donald Trump et Emmanuel Macron, interrogés par un journaliste chinois sur leurs impressions à propos du "président" chinois (non élu)  Xi Jipeng,  ont tous deux célébré « un des grands leaders de notre monde » (M. Macron), « un ami, un leader de talent, un homme très bon » (M. Trump), mais n’ont pas eu un mot pour dénoncer la mort d’un Prix Nobel de la paix en détention. Emmanuel Macron s'est contenté d'un tweet de 131 signes pour réagir après la mort de Liu Xiaobo


MEMORIAL 98


Mise à jour du 22 décembre 2017: nouvelle escalade de la répression en lien avec Liu Xiaobo.




L' artiste Hu Jiamin et son épouse française ne donnent plus de nouvelles depuis une semaine, après avoir  exposé en Chine une œuvre en hommage au prix Nobel de la paix Liu Xiaobo. Le 15 décembre, Hu Jiamin et Marine Brossard sont parvenus à exposer une fresque montrant une chaise vide devant des barreaux, à l'entrée d'une exposition dans la grande ville de Shenzhen (Sud), avant que les autorités ne recouvrent l'œuvre, ont indiqué des témoins à l'AFP.
La chaise vide évoque la mémoire de Liu Xiaobo, le dissident enfermé par le régime communiste pendant huit ans pour avoir réclamé la démocratie en Chine. Dans l'impossibilité de se rendre en Norvège pour recevoir son prix en 2010, il avait été représenté à la cérémonie par une chaise vide. Il est décédé en détention en juillet dernier.
"Nous ne comprenons pas ce qui se passe"
"Nous tentons de les joindre. Nous ne comprenons pas ce qui se passe", a déclaré à l'AFP un ami de longue date du couple, qui a requis l'anonymat par mesure de sécurité. Il a ajouté que la nationalité de Hu Jiamin n'était pas certaine. Le couple, domicilié à Lyon, où Hu Jiamin a créé une entreprise de création artistique, s'était rendu sur place pour participer à la Biennale d'urbanisme et d'architecture Shenzhen-Hong Kong, selon des témoins.
Un quotidien de Hong Kong, Ming Pao, a rapporté qu'un de ses journalistes présent à l'exposition avait vu l'artiste et sa femme en train de crier alors qu'ils étaient emmenés par des policiers en civil le 15 décembre au soir. La police de Shenzhen a assuré n'avoir aucune information sur le couple, de même que le ministère chinois des Affaires étrangères. L'ambassade de France à Pékin se refuse à tout commentaire sur ces informations. Marine Brossard ne répond pas à son adresse courriel et les appels sur le téléphone de Hu Jiamin  tombent sur un message selon lequel l'appareil est éteint.
Liu Xiaobo est mort en juillet dernier d’un cancer sans que les autorités ne le laissent partir à l'étranger pour y être soigné. Sa veuve Liu Xia est toujours placée de facto en résidence surveillée sans qu'aucun crime n'ait jamais été retenu contre elle. Le nom de Liu Xiaobo est banni par les autorités en Chine où la plupart de ses compatriotes n'ont jamais entendu parler de lui.
Nous exigeons que Hu Jiamin et Marine Brossard ainsi que Liu Xia soient immédiatement libérés et protégés.

Mise à jour du 2 avril 2018

Hu Jiamin a été libéré au bout de plusieurs jours de rétention après que son arrestation ait été rendue publique.
Liu Xia est toujours placée en résidence surveillée sans qu'aucun crime n'ait jamais été retenu contre elle. Le nom de Liu Xiaobo est banni par les autorités chinoises. Elle a pu transmettre un poème, publié par le Nouveau Magazine Littéraire (ci-dessu) 
Nous exigeons à nouveau sa libération et interpellons Mme Macron: agissez pour la libération de Liu Xia!

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