L'initiative d'un rassemblement "Tous unis contre l'antisémitisme" le dimanche 17 février à Paris a constitué la première riposte à la vague d'actes antisémites de ces dernières semaines.
Memorial 98 avait décidé de soutenir cette initiative, sur la base de son texte d'appel et de l'esprit d'ouverture dont il témoignait.
Cela a été un succès. Plusieurs centaines de personnes de différents horizons y ont participé dans une atmosphère de solidarité et de témoignage.
Les amis de Memorial 98 ont insisté sur la responsabilité des propagandistes de l'antisémitisme, tels Dieudonné et Soral , contre qui des mesures fermes et contraignantes doivent enfin être prises.
Les amis de Memorial 98 ont insisté sur la responsabilité des propagandistes de l'antisémitisme, tels Dieudonné et Soral , contre qui des mesures fermes et contraignantes doivent enfin être prises.
Nous en présentons ici deux comptes-rendus:
d'une part la vidéo qui documente le rassemblement et les différentes prises de positions visible ici en cliquant sur le lien.
Nous avions sollicité Bernard Henry-Beccarelli qui a déjà filmé la conférence sur le pogrom nazi de la Nuit de Cristal le 7 novembre dernier ainsi que la commémoration du 9 novembre devant le gymnase Japy, à voir ici et ici
Nous le remercions chaleureusement pour la qualité de son travail de captation, regardez et écoutez.
Le compte-rendu écrit ci-dessous est l’œuvre de Thiebaud Radjef qui a participé au rassemblement et y a pris la parole. Il avait d'abord rédigé ce récit sous forme de tweets que nous avons repéré et il a bien voulu le retravailler et nous le confier.
Merci à eux ainsi qu'à Rebecca Narewski.
Nous le remercions chaleureusement pour la qualité de son travail de captation, regardez et écoutez.
Le compte-rendu écrit ci-dessous est l’œuvre de Thiebaud Radjef qui a participé au rassemblement et y a pris la parole. Il avait d'abord rédigé ce récit sous forme de tweets que nous avons repéré et il a bien voulu le retravailler et nous le confier.
Merci à eux ainsi qu'à Rebecca Narewski.
Ce premier rassemblement réussi doit se poursuivre par d'autres initiatives. Nous appelons à intensifier et à élargir le combat contre l'antisémitisme et tous les racismes, dans l'esprit de nos engagements qu'on peut suivre ici-même, mais également ici, sur notre groupe Facebook et sur notre compte Twitter .
Memorial 98
J'aimerais faire un petit retour sur le rassemblement contre l'antisémitisme qui a eu lieu place Simone Veil ce 17 février 2019 "Tous unis contre l'antisémitisme".
J'écris ce texte de mémoire et c'est un témoignage personnel.
Le temps était au beau fixe et il y avait quelques 300 personnes présentes sur la Place, au dessus de la gare St Lazare.
Il y avait une vraie envie d'être dans le respect de chacun et de respecter les différences.
C'était un beau rassemblement et différentes personnes y ont pris la parole.
L'iniatrice, Rebecca Narewski, soutenue par Memorial 98, tenait à ce que cela reste "apolitique", même si c'est bien sûr impossible.
Chaque intervenant prévu a veillé à ce que la dénonciation de l'antisémitisme ne se fasse pas en attisant d'autres haines.
La première personne à parler fut l'organisatrice, "citoyenne" qui a créé l'événement sur Facebook.
Son texte était un appel à la "paix entre les peuples et la paix sociale".
Avec beaucoup d'émotion, elle a parlé de sa famille et de son histoire personnelle très poignante :"je me suis dit que j'étais contente que mes parents n'aient pas à voir ça, c'est triste de se dire ça."
Ensuite le rabbin " républicain" Daniel Farhi a pris la parole pour faire un historique de l'antisémitisme et rappeler le rôle actif, historique et contemporain de l'extrême-droite "traditionnelle" malgré ses tentatives récentes et grossières de dédiabolisation
Ensuite c'est Albert Herszkowicz de Memorial 98 qui a pris la parole.
Il a fait un retour sur l'état de l’antisémitisme dans le monde actuellement.
Il a rappelé les atrocités qui ont eu lieu récemment aux États Unis où certains "croient que cela va mieux".
Il a indiqué "L'antisémitisme ne se répand pas tout seul, il est répandu".
Il a rappelé son histoire familiale personnelle au sujet des tueries de la synagogue aux États Unis - il y avait des liens historiques entre sa famille et l'organisation HIAS visée pour son appui aux réfugiés.
Il a souligné que les campagnes et actes antisémites étaient le fait de personnes "qui savent ce qu'elles font" qu'il s'agit de stratèges de la haine et de l'antisémitisme et pas d'illuminés, de personnes isolées, comme on a pu le lire ou l'entendre, notamment ces derniers jours...
Il a beaucoup insisté sur l'impact de Dieudonné et de Soral, ici, en France, depuis une bonne quinzaine d'années.
Une dame de l'association d'amitié judéo-musulmane de France ( AJMF) a ensuite pris le mégaphone pour défendre l'entente entre les peuples. "Le respect de toutes les personnes quelque soit leur confession...". Elle termina par un joli "Shalom, Salam".
Un appel à prise de parole et témoignages "même pour les personnes non juives" a été proposé et de nombreuses prises de paroles ont eu lieu :
Mélodie, une ancienne Miss France, à apporté son soutien "même si je ne suis pas juive les actes antisémites des ces dernières semaines me soulèvent le cœur"
Une prof de "quartier difficile" non juive qui a dérapé sur les "jeunes des quartiers", les mosquées et les Colibris s'est aussi exprimée ... ça n'a pas fait l'unanimité....
Ensuite une dame juive très âgée à voulu parler du méchant "drapeau palestinien" mais elle a été vite invitée à rendre le micro, et a quitté l'assemblée en vociférant.
Une femme a pris la parole pour rendre hommage à son grand père juif, déporté pendant la guerre et évadé. Elle a évoqué son rapport à son identité juive : du fait que même si elle n'avait pas toujours eu une conscience forte d'être juive, face à tant de haine et à sa résurgence, elle se sentait le besoin d'exprimer toute son indignation et sa solidarité, rappelant qu'on pouvait se sentir concerné étant juif ou non juif, et qu'il était nécessaire de combattre toute forme d'oppression.
Ensuite une femme d'origine Algérienne non juive a raconté l'effroi avec lequel elle a découvert l'antisémitisme en France. Elle rapporta les paroles de son père : "méfies toi, ceux qui n'aiment pas les juifs, ils n’aiment pas non plus les musulmans "
La foule l'a applaudi et l'émotion était palpable.
A mon tour j'ai pris la parole.
J'en ai ressenti le besoin et bien que non-juif j'ai souhaité accepter l'invitation à m'exprimer.
J'ai eu envie de donner à entendre un autre son de cloche que celui de l'amour de la France, de la patrie et de la République qui étaient très présents dans les prises de paroles.
Le début de ma prise de parole en ces termes a créé un léger moment de stupeur mais quand j'ai rappelé que c'est bien Emmanuel Macron qui a voulu rendre hommage à Pétain et ce gouvernement à Maurras et que même si Dieudonné et Soral représentent la nouvelle droite et une forme d'antisémitisme "de terrain", les instances politiques et gouvernementales de tout bord avaient toujours leur part de responsabilité, hier comme aujourd'hui, cela a été très bien reçu.
J'ai évoqué la régularité inquiétante avec laquelle chaque semaine depuis le début du mouvement, la colère des Gilets Jaunes avait charrié avec elle des horreurs racistes, sexistes, homophobes et antisémites ainsi que le fait qu'à gauche (rouge brune) on passait son temps à minimiser et se déresponsabiliser face à cela. Que préserver leur présence dans ce moment de colère sociale semblait leur être prioritaire par rapport à la lutte contre les oppressions systémiques et particulièrement l'antisémitisme.
Le dernier témoignage que j'ai entendu a été celui d'un monsieur issu d'une famille musulmane qui nous a raconté avec beaucoup de tendresse et d'humour la vie de quartier, de son enfance avec la famille juive d'à côté, chez qui il fallait qu'il aille allumer le gaz lors du Shabbat, sinon ses propres parents étaient furieux.
Pour moi ce rassemblement a été vraiment réussi car il a réussi à concilier des rapports au monde différents, de personnes très différentes mais avec un seul vrai objectif affiché clairement et sans concession : lutter contre l'antisémitisme et la haine raciste, ensemble, au delà des différences et des appartenances.
Moi qui suis d'habitude très anxieux et peu enclin à lutter avec des gens qui ne sont pas de mon bord politique, je ne suis pas près d'oublier la leçon.
A ce moment là, ce jour là et avec ces personnes là, ça a été possible.
Thiebaud Radjef
J'écris ce texte de mémoire et c'est un témoignage personnel.
Le temps était au beau fixe et il y avait quelques 300 personnes présentes sur la Place, au dessus de la gare St Lazare.
Il y avait une vraie envie d'être dans le respect de chacun et de respecter les différences.
C'était un beau rassemblement et différentes personnes y ont pris la parole.
L'iniatrice, Rebecca Narewski, soutenue par Memorial 98, tenait à ce que cela reste "apolitique", même si c'est bien sûr impossible.
Chaque intervenant prévu a veillé à ce que la dénonciation de l'antisémitisme ne se fasse pas en attisant d'autres haines.
La première personne à parler fut l'organisatrice, "citoyenne" qui a créé l'événement sur Facebook.
Son texte était un appel à la "paix entre les peuples et la paix sociale".
Avec beaucoup d'émotion, elle a parlé de sa famille et de son histoire personnelle très poignante :"je me suis dit que j'étais contente que mes parents n'aient pas à voir ça, c'est triste de se dire ça."
Ensuite le rabbin " républicain" Daniel Farhi a pris la parole pour faire un historique de l'antisémitisme et rappeler le rôle actif, historique et contemporain de l'extrême-droite "traditionnelle" malgré ses tentatives récentes et grossières de dédiabolisation
Ensuite c'est Albert Herszkowicz de Memorial 98 qui a pris la parole.
Il a fait un retour sur l'état de l’antisémitisme dans le monde actuellement.
Il a rappelé les atrocités qui ont eu lieu récemment aux États Unis où certains "croient que cela va mieux".
Il a indiqué "L'antisémitisme ne se répand pas tout seul, il est répandu".
Il a rappelé son histoire familiale personnelle au sujet des tueries de la synagogue aux États Unis - il y avait des liens historiques entre sa famille et l'organisation HIAS visée pour son appui aux réfugiés.
Il a souligné que les campagnes et actes antisémites étaient le fait de personnes "qui savent ce qu'elles font" qu'il s'agit de stratèges de la haine et de l'antisémitisme et pas d'illuminés, de personnes isolées, comme on a pu le lire ou l'entendre, notamment ces derniers jours...
Il a beaucoup insisté sur l'impact de Dieudonné et de Soral, ici, en France, depuis une bonne quinzaine d'années.
Une dame de l'association d'amitié judéo-musulmane de France ( AJMF) a ensuite pris le mégaphone pour défendre l'entente entre les peuples. "Le respect de toutes les personnes quelque soit leur confession...". Elle termina par un joli "Shalom, Salam".
Un appel à prise de parole et témoignages "même pour les personnes non juives" a été proposé et de nombreuses prises de paroles ont eu lieu :
Mélodie, une ancienne Miss France, à apporté son soutien "même si je ne suis pas juive les actes antisémites des ces dernières semaines me soulèvent le cœur"
Une prof de "quartier difficile" non juive qui a dérapé sur les "jeunes des quartiers", les mosquées et les Colibris s'est aussi exprimée ... ça n'a pas fait l'unanimité....
Ensuite une dame juive très âgée à voulu parler du méchant "drapeau palestinien" mais elle a été vite invitée à rendre le micro, et a quitté l'assemblée en vociférant.
Une femme a pris la parole pour rendre hommage à son grand père juif, déporté pendant la guerre et évadé. Elle a évoqué son rapport à son identité juive : du fait que même si elle n'avait pas toujours eu une conscience forte d'être juive, face à tant de haine et à sa résurgence, elle se sentait le besoin d'exprimer toute son indignation et sa solidarité, rappelant qu'on pouvait se sentir concerné étant juif ou non juif, et qu'il était nécessaire de combattre toute forme d'oppression.
Ensuite une femme d'origine Algérienne non juive a raconté l'effroi avec lequel elle a découvert l'antisémitisme en France. Elle rapporta les paroles de son père : "méfies toi, ceux qui n'aiment pas les juifs, ils n’aiment pas non plus les musulmans "
La foule l'a applaudi et l'émotion était palpable.
A mon tour j'ai pris la parole.
J'en ai ressenti le besoin et bien que non-juif j'ai souhaité accepter l'invitation à m'exprimer.
J'ai eu envie de donner à entendre un autre son de cloche que celui de l'amour de la France, de la patrie et de la République qui étaient très présents dans les prises de paroles.
Le début de ma prise de parole en ces termes a créé un léger moment de stupeur mais quand j'ai rappelé que c'est bien Emmanuel Macron qui a voulu rendre hommage à Pétain et ce gouvernement à Maurras et que même si Dieudonné et Soral représentent la nouvelle droite et une forme d'antisémitisme "de terrain", les instances politiques et gouvernementales de tout bord avaient toujours leur part de responsabilité, hier comme aujourd'hui, cela a été très bien reçu.
J'ai évoqué la régularité inquiétante avec laquelle chaque semaine depuis le début du mouvement, la colère des Gilets Jaunes avait charrié avec elle des horreurs racistes, sexistes, homophobes et antisémites ainsi que le fait qu'à gauche (rouge brune) on passait son temps à minimiser et se déresponsabiliser face à cela. Que préserver leur présence dans ce moment de colère sociale semblait leur être prioritaire par rapport à la lutte contre les oppressions systémiques et particulièrement l'antisémitisme.
Le dernier témoignage que j'ai entendu a été celui d'un monsieur issu d'une famille musulmane qui nous a raconté avec beaucoup de tendresse et d'humour la vie de quartier, de son enfance avec la famille juive d'à côté, chez qui il fallait qu'il aille allumer le gaz lors du Shabbat, sinon ses propres parents étaient furieux.
Pour moi ce rassemblement a été vraiment réussi car il a réussi à concilier des rapports au monde différents, de personnes très différentes mais avec un seul vrai objectif affiché clairement et sans concession : lutter contre l'antisémitisme et la haine raciste, ensemble, au delà des différences et des appartenances.
Moi qui suis d'habitude très anxieux et peu enclin à lutter avec des gens qui ne sont pas de mon bord politique, je ne suis pas près d'oublier la leçon.
A ce moment là, ce jour là et avec ces personnes là, ça a été possible.
Thiebaud Radjef
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