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lundi 13 novembre 2017

Déferlement fasciste à Varsovie: alerte!



                                                  La marche nationaliste de Varsovie


Mise à jour du 10 novembre 2018: 

La manifestation fasciste du " Camp national radical" aura lieu à nouveau demain, malgré la décision de la municipalité de Varsovie qui s'y opposait. Un tribunal a autorisé la marche, qui se déroulera en plein centre, à l'occasion du centenaire de l'indépendance polonaise. L'an dernier elle avait donné lieu à une parade d'extrême-droite violente ( voir ci-dessous) 

MEMORIAL 98 

C’est un événement gravissime qui a lieu à Varsovie le 11 novembre.

A l’occasion de la fête de l’indépendance polonaise, des dizaines de milliers de personnes ont participé à une marche nationaliste, à l’appel de l’extrême droite.
Cette marche était organisée par une structure nommée « Camp radical national » (ONR en polonais) qui se présente comme l’héritière d’une organisation fasciste du même nom des années (19)30. Cette dernière voulait alors « débarrasser la Pologne des ses Juifs », ouvrant ainsi la voie à la violence antisémite qui se déchaîna durant et après la guerre.

Ils soutiennent que «l’arrivée de réfugiés syriens en Europe fait partie d’une conspiration menée par des financiers juifs, qui travaillent avec les communistes de l’Union européenne pour amener des musulmans en Europe et, avec, la charia et l’homosexualité." Ce groupe a régulièrement organisé des événements pour commémorer favorablement le pogrom du mars 1936 contre les Juifs de Przytyk.

Les co-organisateurs de la marche, la « Jeunesse de la Grande- Pologne », utilisent également le nom d’un groupe antisémite des années 30. Dans la foule, on pouvait également voir des bannières réutilisant un symbole fasciste (« falanga ») des mêmes années 30.
Le rassemblement se tenait sous le mot d’ordre officiel « Nous voulons Dieu »,  expression rappelant un chant catholique polonais, interprété aujourd’hui comme un rejet de l’islam, auquel  Donald Trump avait fait référence en juillet, lors d’une visite à Varsovie. Le président américain avait alors félicité la Pologne pour sa défense « de la civilisation occidentale ».

 Les manifestants ont scandé samedi des slogans appelants à la violence et à la xénophobie, tels que « La Pologne pure, la Pologne blanche », ainsi que « Pas de Pologne islamiste, pas de Pologne laïque, mais une Pologne catholique  »   « Foutez le camp avec vos réfugiés »… « Dieu, honneur et patrie »… « Du sang propre »



Cette tonalité catholique intégriste et guerrière n’a pas empêché que participent également à la manifestation des groupes fascistes « païens ». Mais elle témoigne du rôle particulier de l’Église catholique polonaise et notamment de courants ultra-réactionnaires regroupés autour de radio Maryja, dirigée par un prêtre antisémite, le père Rydzyk. Celui-ci dispose d’un pouvoir important grâce à ses nombreux médias ainsi qu’au soutien constant du parti PiS au pouvoir pour lequel il fait campagne.
Une fois de plus les mots d’ordre et les thèmes anti-migrants, islamophobes et antisémites se sont mêlés, montrant ainsi la matrice commune des haines de l’Autre et l'utilisation qui en est faite par l'extrême-droite. Un slogan relevé dans la marche établissait d'ailleurs explicitement le lien en proclamant: " Prions pour un Holocauste des musulmans" 


                                            " Non à l'Islam en Pologne"

Cette marche inaugurée en 2009 et réputée comme le plus grand événement fasciste et nationaliste d’Europe, a rassemblé des participants venus de divers pays européens.
 Les fascistes polonais s’appuient sur les succès récents de leurs congénères: en Allemagne avec la poussée électorale récente du parti AfD, anti-migrants, mais aussi largement imprégné d'antisémitisme et de négationnisme et en Autriche où le parti d'extrême-droite FpÖ vient de remporter une double victoire. Il s'agit de son score de 26% des suffrages, mais aussi de la reprise de ses thèmes racistes par le parti de droite conservateur avec lequel il va sans doute gouverner.
En Hongrie, en Tchéquie depuis les élections du  21 octobre, l'extrême-droite gouverne. 
La marche polonaise du 11 novembre  est devenue l’une des grandes démonstrations de l’extrême droite en Europe, attirant du même coup l’attention des mouvements similaires. Une participation saluée par certains des orateurs à l’origine du rassemblement, qui ont martelé que « la culture chrétienne est supérieure à la culture islamique ».

Leur proximité avec des idées liées aux suprémacistes blancs était omniprésente  Une prise de parole du leader américain du mouvement suprématiste blanc, Richard Spencer, responsable de la manifestation sanglante de Charlottesville  était même prévue, puis annulée au motif que l’homme ne doit pas apparaître publiquement.


Le gouvernement en place du PiS a soutenu la manifestation et s’est félicité de son succès. Ainsi le ministre de l’intérieur Mariusz Blaszczak a déclaré: « C’était magnifique. Nous sommes fiers qu’autant de Polonais aient décidé de participer à une célébration entourant le jour d’indépendance de la Pologne »
Il faut saluer les participant.e.s de la contre-manifestation qui avait lieu au même moment. Des ultra-nationalistes ont frappé plusieurs femmes qui scandaient des slogans antifascistes. Ils montraient ainsi leur proximité avec les mesures qui portent atteinte aux droits des femmes de Pologne et qui ont donné lieu à de très importantes manifestations ces dernières années. 
Face au déferlement du 11 novembre à Varsovie, les instances de l'Union européenne détournent les yeux. 
Il revient aux anti-fascistes de prendre la mesure de ce qui vient de se passer et de soutenir par tous les moyens le combat des démocrates et des anti-racistes de Pologne. 
MEMORIAL 98


samedi 29 août 2015

Marion Maréchal Le Pen chez les catholiques: le retour de l' Action Française?


                              L'évêque Rey qui invite Marion Maréchal
L'invitation de la députée du Front national  Marion Maréchal-Le Pen (MMLP)  à une université d'été catholique officielle  représente déjà un succès pour le parti frontiste. Elle doit participer samedi à Plan-d'Aups-Sainte-Baume à une table ronde sur le thème "Politique et médias".

Il ne s'agit pas d'un hasard ou d'une "recherche de pluralisme" mais bien de relations politiques entre un clergé local d'orientation fondamentaliste et une dirigeante frontiste qui se vante de sa proximité avec ce milieu. En effet MMLP  est proche des organisations intégristes, adepte du pèlerinage de Chartres avec le groupe Notre-Dame de Chrétienté, soutien des militants de la Manif pour tous et de son aile extrême des " Veilleurs", qu'elle avait rencontré officiellement à Versailles le 21 mai dernier pour «dénoncer le rôle de l'Union européenne dans la GPA ». Elle vient aussi de se livrer à une attaque contre la religion protestante, en déclarant:  « La Provence est une terre d’identité et de résistance. Résistance des princes provençaux face à l’invasion sarrasine, résistance face à la terreur révolutionnaire, face à la réforme protestante, face à l’occupant allemand, face au funeste projet de l’Union européenne en 2005. »

Cette université d'été a été initiée par l'évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, Dominique Rey, figure très conservatrice et "identitaire " de l'épiscopat français, qui assume son choix d'inviter Marion Maréchal-Le Pen au motif que le Front national "fait partie du paysage politique français, surtout dans le sud de la France".  Le journal local Le Ravi  avait déjà décrit les inclinaisons intégristes et homophobes de cet évêque. Le site  Internet de l'évêché en question comportait d'ailleurs un texte particulièrement obscurantiste à propos des risques sataniques qui seraient transmis notamment par la participation à la franc-maçonnerie et l'homosexualité active mais aussi par la pratique du yoga; la médiatisation récente de la présence de MMLP a conduit a un retrait de ce texte.
   

Au delà de cet évêque, la hiérarchie catholique de cette région est marquée par l'influence de l'extrême-droite. L'évêque d'Avignon Mgr Cattenoz se répand en propos complotistes et antisémites codés dans la presse d'extrême-droite. Il y déclare: " je pense qu’il serait bon regarder de plus près les financeurs du PS. C’est-à-dire ? Je ne peux, hélas, pas me prononcer publiquement mais je pose la question et je me demande quels peuvent être les lobbies qui font pression sur le PS pour qu’une loi qui vient bouleverser l’équilibre de la société (concernant les écoles privées NDLR) soit votée aussi précipitamment..."
En juin dernier, comme le rapporte le Canard Enchainé il a fait venir le maire FN de Camaret-sur-Aigues ( Vaucluse) dans l’Église locale pour y placer la bourgade "sous la protection du Sacré-Coeur de Jésus en s'engageant à prendre des décisions conformes à l'enseignement de l’Église..." Cette violation flagrante de la laïcité a provoqué de nombreux remous et la révolte du mouvement "Chrétiens en Vaucluse" qui demandent son départ. Dans le même département se trouve l'abbaye du Barroux, dont le chef Dom Gérard Calvet soutient le FN.

Par delà  ce climat local dans une région de forte implantation FN, c'est l'influence de la fraction conservatrice de l’Église catholique qui se trouve mise en lumière. Pendant le pontificat de Benoît XVI (2005-2013) les intégristes catholiques ont été encouragés dans leur offensive réactionnaire.   

Symboliquement, lors de sa visite en France en 2009, ce pape avait exigé de porter  des vêtements et objets liturgiques provenant de l'abbaye du Barroux que nous avons mentionnée plus haut. Il était d'ailleurs prêt à réintégrer dans l’Église l’évêque négationniste Williamson. On a pu parler au sujet de Benoît XVI de pape "révisionniste".

Son retrait et l'arrivée de François a modifié la donne mais les forces réactionnaires et intégristes demeurent très puissantes. Elle le sont particulièrement dans l’Église de France, qui a été marquée dans le passé par l'antisémitisme anti-dreyfusard, l'influence des royalistes de l'Action française dirigée par Charles Maurras (dont MMLP est une bonne disciple) et la soumission au régime de Vichy. On a aussi pu le constater dans l'organisation de la mobilisation contre le droit au mariage pour tous; la hiérarchie catholique y a joué un rôle capital.

Mais une autre tradition  existe aussi au sein de l’Église, notamment dans le domaine de la lutte contre le racisme et pour l'accueil des migrants. Or MMLP mène une campagne particulièrement violente dans ce domaine en déclarant notamment: " "Nous ne voulons pas de la Paca black-blanc-beur, mais de la Paca bleu-blanc-rouge ... Il est hors de question que notre région passe de la Riviera à la favela... "

C'est ce qui a conduit le porte-parole de l'épiscopat, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, a préciser que "la ligne des évêques de France par rapport à la doctrine du FN n'a pas changé" depuis les condamnations fermes de ses thèses dans les années 80.
Le prélat a cité comme "premières", parmi les "valeurs de l’Évangile", "l'accueil de l'autre, le respect de l'étranger, la conception d'une société qui n'a pas peur". " Ces idées ne sont pas vraiment conformes à ce que prône aujourd'hui le Front national. Si le Front national pense qu'il a changé, il faut qu'il le montre", a-t-il estimé.
Les responsables du journal "catho de gauche", "Témoignage chrétien",  sont eux vent debout contre l'initiative de Mgr Rey.
"Nous appelons les responsables catholiques et les catholiques responsables qui aujourd'hui sont une majorité stupéfaite et muette à rompre le silence, et à s'élever contre cette banalisation dangereuse d'un parti qui fait de la haine de l'étranger son fonds de commerce", ont-ils écrit dans un communiqué.

Accompagner la progression du  FN ou la combattre, tel est en effet l'enjeu.