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lundi 15 mars 2021

Syrie 10 ans : l'extrême-droite au service exclusif des bourreaux


Cela fait dix ans déjà que la révolution syrienne, débutée dans la vague des printemps arabes, a ébranlé la dictature du clan Assad qui règne sur la Syrie depuis 1970, suite au coup d'état à l'époque de Hafez-El-Assad, père de Bachar.

Le 5 juin 2011, Memorial 98 a publié un premier texte contre le massacre de la population. Depuis notre engagement s'est poursuivi  et approfondi à travers de multiples manifestations et actions de solidarité ( voir ci-dessous nos textes et appels).

Alors que plusieurs partis de gauche ont très vite abandonné le camp du soutien à ce grand soulèvement démocratique allant parfois jusqu'à le dénoncer et le calomnier, l'extrême-droite et la droite radicale ont au contraire accentué leur dévotion politique au dictateur de Damas.

Les obsessions de l’extrême droite trouvent en Syrie un écho sur lequel Bachar Al-Assad sait parfaitement jouer: défense des régimes autoritaires et rejet de la démocratie, anti-islamisme (réduit à sa frange djihadiste), antisémitisme, défense de la chrétienté persécutée. Il n’est donc pas étonnant que la propagande du régime syrien ait trouvé un relais actif dans ces groupes extrémistes, eux-mêmes divers et fortement divisés, et dans des milieux soucieux de présenter une image publique plus modérée mais néanmoins sensibles à des thématiques sécuritaires et religieuses.

 

Des connivences anciennes avec les idéologies fascistes et l’antisémitisme

 

Les relations entre le régime syrien et l’extrême-droite datent de bien avant la révolution de 2011.

Le régime avait accueilli de nombreux nazis, dont un des pires criminels de guerre, Aloïs Brunner, adjoint d’Eichmann, responsable en France du camp de Drancy et organisateur de très nombreuses déportations dont celle des Juifs de Salonique qui aboutit à 98% de morts. Brunner arrive en Syrie vers 1954; plus tard, en 1971, il est embauché directement comme conseiller du gouvernement de Hafez El Assad (père de Bachar). Il aide le pouvoir syrien à mettre en place des techniques de torture dans les prisons.


 

Le général Moustapha Tlass, éternel ministre de la Défense syrien de 1972 à 2004, représente la continuité du régime syrien puisqu’il est confirmé par Bachar Al-Assad, arrivé au pouvoir en 2000, lors de la mort de son père.

Dès 1994, Frédéric Chatillon alors dirigeant du GUD, milice d’extrême-droite ultra-violente  (Groupe Union Droit)  se rapproche de Tlass. Il est reçu par le ministre en Octobre 1994 à Damas. Sur les murs de son appartement sont accrochés des dessins signés de Hitler; Chatillon repart avec dix exemplaires de Mein Kampf en arabe, repérés par la police à son retour en France.

Le régime d’Hafez Al-Assad (père de Bachar) finance dès lors les activités du GUD et voit en Chatillon une porte ouverte vers les mouvements extrémistes occidentaux. C’est aussi l’époque d’un tournant politique du GUD, qui relativise son combat anti-communiste et adopte une ligne ouvertement antisémite. Le général Tlass est connu pour ses positions négationnistes envers la Shoah et a fait éditer en arabe le faux antisémite «  Protocole des Sages de Sion ». Il a aussi publié une œuvre de son cru "La Mazah de Sion" qui reprend la prétendue thèse du crime rituel juif destiné à introduire le sang d'enfants dans le pain azyme. C’est pour cette raison qu’il devra abandonner son projet de soutenir une thèse à la Sorbonne. 

Chatillon fait profiter ses amis de ses contacts au sein du régime syrien et invite la fine fleur des milieux complotistes à se rendre à Damas. Il organise notamment en 2006 un voyage au Liban et en Syrie en compagnie d'Alain Soral et de Dieudonné, ainsi qu'un autre voyage de presse en août 2011, aux côtés de Thierry Meyssan, l'animateur complotiste du Réseau Voltaire. Ce dernier vit et agit d’ailleurs à Damas. Sans surprise, il s’attèlera rapidement  à dénoncer une tentative de déstabilisation menée par l’Otan, le Qatar et l’Arabie saoudite, pour assurer la « domination sioniste » de la région.

Chatillon mélange en permanence l’activisme politique et les affaires. Il fonde une nébuleuse de sociétés commerciales qu’il mettra ensuite au service du Front National puis du Rassemblement National.  Chatillon lui-même devient un proche conseiller de Marine Le Pen,  (comme le montre précisément le livre de Destal et Marine Turchi. « Marine est au courant de tout »

                                Chatillon dans une manifestation de soutien au régime Assad
 

Sa société principale, nommée Riwal, élargit ses activités, notamment avec sa filiale Riwal Syria, « spécialisée dans la promotion des sociétés privées et des institutions publiques syriennes en France ». L'agence crée notamment le site du ministère du tourisme syrien. En décembre 2009, Riwal Syria réalise ainsi une campagne pour le ministère syrien du tourisme, en faisant tourner à Paris  un car portant  le slogan « Syrie, une nouvelle aire ». 

En juin 2011, trois mois après le début de la révolte et  des manifestations contre Assad, Chatillon lance le site InfoSyrie, présenté comme « organe de réinformation » c’est à dire de propagande pro-régime. Il le fera durer pendant  un an, avant de poursuivre son activité sur Facebook. 

En mars 2016, Chatillon figure également dans la délégation française reçue par Bachar Al-Assad, qui mêle des députés Les Républicains (dont déjà Thierry Mariani qui rejoindra ensuite le RN)  et des figures d'extrême droite. 

Cet attrait de l’extrême droite pour le régime Assad n’est évidemment pas uniquement français.  En 2005, David Duke, ancien dirigeant du Klux Klux Klan, promoteur de théories racistes et négationnistes, antisémite enragé et futur soutien de Trump, était invité en grand pompe à Damas où il a prononcé un discours antisémite en s’attaquant aux “sionistes qui occupent New York et à l’État d’Israël“. Ce discours a été retransmis par la télévision syrienne. Il déclarait “En Amérique et partout dans le monde, il n’y a que les sionistes pour vouloir la guerre et non la paix”, dans un discours qui voulait illustrer la convergence entre son idéologie de la suprématie de la race blanche et une certaine rhétorique « antisioniste » dans le monde arabe. “Cela me fait mal de vous dire qu’une partie de mon pays (USA) est occupée par les sionistes, tout comme une partie de votre pays, le Golan, est occupée par les sionistes. Les sionistes occupent la plus grande partie des médias américains et contrôlent pour une large part le gouvernement américain“, ajoutait-t-il.

 

Contre les musulmans, l’axe « civilisationnel » Bachar-Poutine

 

Avec le début du soulèvement de la population syrienne contre le régime de Bachar en Mars 2011, le soutien de l’extrême droite internationale s’approfondit et change de dimension. 

Sa mouvance s’oppose à la vague des révolutions qui se développent à partir de  2011 dans les pays arabes. Pour ceux qui méprisent aussi violemment les populations arabes et musulmanes, seuls des dictateurs sont à même de “mater” les populations qui réclament la justice et la démocratie.

Depuis le début du conflit en Syrie, Bachar Al-Assad attire les courants d'extrême-droite en Occident, au point d'en être devenu l'un des symboles. On a ainsi trouvé ses portraits chez les responsables de l’émeute suprémaciste de Charlottesville en 2017, au côté de portraits de Hitler. 

La vision de l'extrême-droite occidentale du conflit syrien est qu'il y a un régime qui impose l'ordre et la stabilité face à des « indigènes ». Assad représente dans cet imaginaire collectif une figure centrale, il est devenu l'un de leurs modèles. Ils le défendent face aux protestations dues à la politique répressive du régime et à ses massacres, qui sont niés ou relativisés. 

Au sein de l’Union européenne, les exemples sont légion. “Poutine et Assad sont de notre côté”, déclare en novembre 2016 Paul Nuttal, alors leader de l’UKIP (Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni), le parti de la droite nationaliste et xénophobe de Nigel Farage.

 Il est loin d’être le seul : les néos-nazis d’Aube dorée en Grèce, les fascistes de  Forza Nuova et Casa Pound en Italie, mais aussi les ultra-nationalistes polonais, espagnols ou belges affichent tous leur soutien au régime Assad.

À la fin août 2019, le groupe néo-fasciste italien Casa Pound visitait ainsi en grande pompe la ville syrienne d’Alep, assiégée et bombardée par le régime et l’aviation russe, puis reconquise par eux en 2016. Le ministère du tourisme syrien a alors salué sur sa page Facebook cette « délégation italienne » en publiant une photo mettant en avant le drapeau de ce groupe. 

C’est avec beaucoup d’intelligence, voire de machiavélisme, que Damas a fait évoluer sa propagande au cours du conflit, pour séduire les pans de l’extrême droite occidentale. Ces dernières années d’autres groupes fascistes et d’extrême droite en Europe se sont rendus en Syrie pour exprimer leur soutien au régime de Damas, comme par exemple en juin 2013, Nick Griffin, le leader du British National Party (BNP), ou des fascistes polonais du groupe  Falanga . Ces derniers, venus en « mission de solidarité », ont d’ailleurs rencontré à l’époque le premier ministre et le ministre aux affaires étrangères syriennes.

L’European Solidarity Front regroupement d’organisations fascistes de toute l’Europe (National Rebirth of Poland, Casa Pound d’Italie, Black Lilly de Grèce, etc.) a organisé de nombreuses manifestations et conférences en faveur du régime syrien.  Ce Front s’affirme notamment « ouvert à tous ceux qui aiment la Syrie, et soutiennent la solidarité avec le président Assad, la nation syrienne et son armée ». Les fascistes grecs de Black Lilly ont également été accusés d’avoir envoyé des militants en Syrie pour combattre militairement  aux côtés des forces du régime syrien. 

Depuis le début du conflit syrien, au-delà de la propagande, c’est l’image elle-même du régime qui a permis de regrouper ces nouveaux partisans. Bachar est devenu pour eux un symbole à défendre, d’autant plus qu’ils le voient comme un homme assiégé par ceux dont ils estiment qu’ils sont leurs ennemis : les islamistes et les « mondialistes » 

Mais le régime ne se contente pas de l’appui des groupes de l’extrême-droite la plus radicale.

Il désire obtenir l’appui actif  des “grands” partis d’extrême-droite, dotés d’une représentation parlementaire, ainsi que des fractions de la droite dure pro-Poutine à la lisière de celle-ci. Le Front national  français joue un rôle important dans cette stratégie. “J’ai dit dès le début du conflit syrien, et j’étais la seule à l’époque, que contribuer à la chute de Bachar Al-Assad c’est permettre à l’EI [groupe État islamique, Daech] de gouverner la Syrie”,  déclarait Marine Le Pen, alors candidate à l’élection présidentielle, dans un entretien accordé en février 2017 au quotidien libanais L’Orient-Le Jour. Elle savait parfaitement à quoi s’en tenir, en raison de sa proximité avec Frédéric Chatillon, ami et organisateur de sa campagne et en même temps relais du régime syrien (voir ci-dessus) 

Une partie de la droite française n’a pas tardé à reprendre les arguments du FN, en les adaptant à sa propre posture politique. Contrainte de reconnaître les violations grossières des droits de l’homme par le régime syrien, elle a donc recours à la théorie du “moindre mal” puisqu’en face d’Assad on ne trouverait selon elle que les djihadistes de Daech. 

 Dans ce but l’opposition syrienne doit est ignorée ou stigmatisée comme djihadiste. La chute de la ville d’Alep en décembre 2016, suite à une offensive du régime et de ses alliés, a nourri les discours des pro-Bachar, applaudissant ainsi une “victoire” de Damas et de Moscou contre “les terroristes”. Quelques semaines plus tard, c’était au tour d’une délégation du mouvement d’extrême droite française du Rassemblement National (ex FN),  emmenée par Thierry Mariani, de se rendre en Syrie et de rencontrer Bachar Al-Assad. Le magazine français d’extrême droite Valeurs actuelles décrivait cette visite comme « Une manière, pour le parti de Marine Le Pen, d’exprimer son soutien envers le régime de Damas et de le féliciter pour sa lutte contre le terrorisme islamiste ».

 

L’homme clé de cette stratégie de soutien est Thierry Mariani. Cet ancien ministre de Sarkozy, de 2010 à 2012, s’est toujours situé dans l’aile la plus droitière de l’UMP puis de LR. Il a basculé officiellement vers le RN lors des élections européennes de 2018, ce qui lui a permis de devenir eurodéputé et de donner un nouvel élan à ses activités. 

 

                                Mariani avec Assad à Damas

 

Son regroupement au sein de l’UMP/LR, dénommé « la Droite Populaire », était déjà  ouvert aux positions racistes et xénophobes du FN. Il a lui-même présenté de nombreux projets législatifs durcissant le statut des immigrés. 

Mariani a aussi rapidement représenté la pointe du lobby de soutien à Poutine. Il a ainsi défendu l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014 et y a  organisé en juillet 2015 un voyage de députés français afin d’affirmer cet appui. C’est cette même méthode des voyages qu’il utilise pour organiser un front de soutien au régime syrien.  Ces déplacements  constituent autant de pèlerinages qui sont destinés à marteler des éléments de propagande bien rodés : le régime Assad est stable, il a vaincu Daech et les djihadistes,  l’ordre règne à Damas. L’eurodéputée RN Virginie Jorion déclarait ainsi en septembre 2019, au retour d’une visite à Damas, sous la houlette de l’incontournable Mariani, qu’elle se sentait plus en sécurité à Damas qu’à Paris.

Mariani a été promu tête de liste RN pour les élections régionales de juin 2021 dans la région PACA. C'est un signe important car cette région C'est là que se sont présentés Jean-Marie Le Pen puis Marion Maréchal. C'est là que s'est nouée dès 1986 la première alliance électorale entre la droite de  Jean-Claude Gaudin et le FN de Jean Marie-Le Pen.   

 

Pour la défense de la chrétienté : une instrumentalisation mensongère.

 

L’arme cruciale utilisée par l’extrême-droite afin d’élargir l’acceptation du régime syrien s’appuie sur l’instrumentalisation de la défense des chrétiens d’Orient. Cette manipulation a été mise en place, dès 2011 par les services de propagande syriens eux-mêmes, autour notamment de la figure de la Mère Agnès-Mariam de la Croix. Celle-ci est chargée de porter la bonne parole du régime et de manipuler les journalistes étrangers.  Elle a été mise en cause dans la mort du journaliste français Gilles Jacquier, tué à Homs en janvier 2012. Celui-ci a sans doute payé de sa vie le fait d’avoir échappé au contrôle des services de renseignements. Ces derniers scrutaient attentivement le déroulement de sa visite, en coopération avec la religieuse qui avait joué les intermédiaires 

Cet axe de propagande, imaginé par le régime, s’est trouvé décuplé par la mise en place en France de l’organisation SOS Chrétiens d’Orient. Celle-ci  a réussi le tour de force  de réunir toutes les familles de l’extrême droite française autour d’une même cause, puisqu’on y trouve pêle-mêle,  des identitaires, des anciens de l’Œuvre Française, de nombreux cadres du RN et des catholiques intégristes

SOS Chrétiens d'Orient (SOS CO)  a été fondée en 2013 par Charles de Meyer et Benjamin Blanchard. Le premier est un ancien assistant du député d'extrême droite Jacques Bompard. Il est maintenant assistant parlementaire de l'eurodéputé RN Thierry Mariani dont on  a déjà noté le rôle central. Benjamin Blanchard est un ancien collaborateur de l’eurodéputée du Front national Marie-Christine Arnautu et également  animateur sur Radio Courtoisie.  Les deux fondateurs se seraient rencontrés lors d’une garde à vue en avril 2013, dans le cadre d'une action de la Manif pour tous.

Un businessman, nommé Olivier Demeocq, organise leur premier voyage en Syrie, grâce aux contacts de son ami Frédéric Chatillon, dont nous avons décrit ci-dessus l’implantation ancienne auprès de la dictature des Assad. Demeocq a depuis rompu avec eux, en critiquant la manipulation de leur prétendue action humanitaire. De 2014 à 2018, leurs collectes annuelles de dons passent de 1 à 8 millions d’euros 

Leur entreprise trouve un écho particulier chez les jeunes de la droite catholique radicale, déçus par l’échec de la Manif pour tous et l’adoption du mariage pour tous. Au moment où « la France leur paraît atteinte par le double mal du sécularisme libéral et de l’islam, les chrétiens d’Orient leurs offrent un témoignage de martyrs sous le joug de l’islamisme, un modèle de christianisme authentique pour le rétablissement de l’ordre moral en France ainsi qu’un récit donnant un sens providentiel à l’histoire nationale de la France », analyse le chercheur Alexis Artaud de La Ferrière, dans Les cahiers de l’EMAM.   

L'hebdomadaire chrétien La Vie affirme aussi que « les dirigeants et fondateurs [de SOS Chrétiens d'Orient] sont tous des jeunes issus de la droite catholique identitaire. L’association traditionnelle de l’Église chargée de défendre les chrétiens d’Orient (l’Oeuvre d’Orient) se prononce dans le même sens.  

SOS CO se revendique "apolitique". Mais elle  faisait partie des partenaires de la "Convention de la droite" organisée par l'ancienne députée frontiste Marion Maréchal en septembre 2019 et au cours de laquelle Eric Zemmour prononce un discours de guerre civile et religieuse.

L’essentiel des fonds importants de SOS Chrétiens d’Orient proviennent de particuliers et de paroisses catholiques. Mais deux députés et une sénatrice du parti Les Républicains lui ont néanmoins apporté 16 000 euros en 2016, en puisant dans les fonds de leur «  réserve parlementaire » avant que celle-ci ne soit supprimée. 

Le député Alain Marsaud (Les Républicains) a signé un chèque de 8000 suivi de Jean-Frédéric Poisson, l’ancien président du parti chrétien-démocrate de Christine Boutin avec 5 000 euros et enfin Joëlle Garriaud-Maylam qui représentait les Français de l’étranger et a versé 3 000 euros à l’ONG. Poisson, ancien candidat à la primaire de la droite en 2016, est un soutien de Assad et s’est rendu à Damas pour le rencontrer. Il est également connu pour ses propos antisémites.

 

Mediapart a révélé dans une enquête approfondie les liens matériels de SOS CO avec le régime syrien. Il s’agit notamment d’opérations de communication avec divers personnages de l’entourage d’Assad et avec des dignitaires chrétiens locaux, connus pour leurs turpitudes financières. 

Pire encore, SOS CO soutiendrait des milices armées qui combattent pour Bachar Al-Assad et ont commis des exactions dans la région de Hama. C’est d’autant plus choquant que l’association a été considérée pendant plusieurs années comme partenaire de la Défense nationale par le ministère français des armées. Les révélations qui se sont accumulées à son propos ont contraint le ministère à mettre fin à cette collaboration. 

 Au total, c’est avec beaucoup d’habileté que le régime syrien a fait évoluer sa propagande au cours du conflit, pour séduire les pans de l’extrême droite et de la droite radicale occidentales. Celles-ci ont joué leur rôle dans la défense d’un régime mis en cause pour ses atrocités mais qui a finalement réussi à échapper à de réelles sanctions, grâce à son alliance avec la Russie qui lui garantit un veto automatique face aux velléités de condamnation de l’ONU. 

 Ainsi depuis le début de la révolution syrienne, Damas est devenue un lieu de pèlerinage pour toutes les mouvances de l’extrême droite mondiale, et plus particulièrement européenne 

On pourrait résumer cet attrait en quatre points, selon le politologue  Ziad Majed : “Il s’agit d’abord d’une fascination pour la violence, pour cette puissance sans limite d’Assad qui s’abat contre des gens qui méritent d’être punis. La deuxième raison est qu’ils considèrent Assad comme ‘leur blanc’. C’est ‘le suprémaciste blanc syrien’ qui vient châtier des ‘indigènes’. Troisièmement, Assad est celui qui massacre des musulmans, ce qui, pour les racistes/islamophobes, est quelque chose de bien. Enfin, et surtout, il est l’allié de l’un des ‘prophètes de l’extrême droite : Vladimir Poutine’, analyse le chercheur. “Cette internationale nationaliste autoritaire est unie autour de la figure de Poutine, qui est hostile à ce qu’elle appelle le mondialisme et souvent unie par les questions d’identité”

 L’engagement massif de l’extrême-droite au côté du régime syrien représente un défi que le mouvement de solidarité affronte avec difficulté, en raison des confusions qui règnent au sujet de la Syrie dans le camp de la gauche.

 Le positionnement d’une partie de celle-ci témoigne d’une porosité manifeste à la propagande du régime et de son soutien russe. Une grille de lecture se réclamant d’un "anti-impérialisme" frappé de strabisme aboutit ainsi à privilégier l’axe Assad-Poutine-Iran face à un complot occidental qui serait déterminé par le pétrole et le gaz. On n’est guère éloigné de la géopolitique à la sauce complotiste. Jean-Luc Mélenchon va jusqu’à déclarer qu’il fait confiance à Poutine pour « régler le problème » des djihadistes, auxquels il assimile d’ailleurs les habitants de la Ghouta , bombardés par le gaz sarin du régime.

On aboutit ainsi à une confusion dont le seul bénéficiaire est un régime qui maîtrise parfaitement les différents registres lui permettant d’atténuer l’horreur de ses actes, voire de les justifier.

 

C'est pourquoi en ce dixième anniversaire, nous appelons plus que jamais à un grand mouvement de solidarité avec la population syrienne et son aspiration maintenue à la liberté et la justice

 

MEMORIAL 98 

Textes et articles de Memorial 98 sur la Syrie ( sélection) 

 


 


lundi 13 novembre 2017

Déferlement fasciste à Varsovie: alerte!



                                                  La marche nationaliste de Varsovie


Mise à jour du 10 novembre 2018: 

La manifestation fasciste du " Camp national radical" aura lieu à nouveau demain, malgré la décision de la municipalité de Varsovie qui s'y opposait. Un tribunal a autorisé la marche, qui se déroulera en plein centre, à l'occasion du centenaire de l'indépendance polonaise. L'an dernier elle avait donné lieu à une parade d'extrême-droite violente ( voir ci-dessous) 

MEMORIAL 98 

C’est un événement gravissime qui a lieu à Varsovie le 11 novembre.

A l’occasion de la fête de l’indépendance polonaise, des dizaines de milliers de personnes ont participé à une marche nationaliste, à l’appel de l’extrême droite.
Cette marche était organisée par une structure nommée « Camp radical national » (ONR en polonais) qui se présente comme l’héritière d’une organisation fasciste du même nom des années (19)30. Cette dernière voulait alors « débarrasser la Pologne des ses Juifs », ouvrant ainsi la voie à la violence antisémite qui se déchaîna durant et après la guerre.

Ils soutiennent que «l’arrivée de réfugiés syriens en Europe fait partie d’une conspiration menée par des financiers juifs, qui travaillent avec les communistes de l’Union européenne pour amener des musulmans en Europe et, avec, la charia et l’homosexualité." Ce groupe a régulièrement organisé des événements pour commémorer favorablement le pogrom du mars 1936 contre les Juifs de Przytyk.

Les co-organisateurs de la marche, la « Jeunesse de la Grande- Pologne », utilisent également le nom d’un groupe antisémite des années 30. Dans la foule, on pouvait également voir des bannières réutilisant un symbole fasciste (« falanga ») des mêmes années 30.
Le rassemblement se tenait sous le mot d’ordre officiel « Nous voulons Dieu »,  expression rappelant un chant catholique polonais, interprété aujourd’hui comme un rejet de l’islam, auquel  Donald Trump avait fait référence en juillet, lors d’une visite à Varsovie. Le président américain avait alors félicité la Pologne pour sa défense « de la civilisation occidentale ».

 Les manifestants ont scandé samedi des slogans appelants à la violence et à la xénophobie, tels que « La Pologne pure, la Pologne blanche », ainsi que « Pas de Pologne islamiste, pas de Pologne laïque, mais une Pologne catholique  »   « Foutez le camp avec vos réfugiés »… « Dieu, honneur et patrie »… « Du sang propre »



Cette tonalité catholique intégriste et guerrière n’a pas empêché que participent également à la manifestation des groupes fascistes « païens ». Mais elle témoigne du rôle particulier de l’Église catholique polonaise et notamment de courants ultra-réactionnaires regroupés autour de radio Maryja, dirigée par un prêtre antisémite, le père Rydzyk. Celui-ci dispose d’un pouvoir important grâce à ses nombreux médias ainsi qu’au soutien constant du parti PiS au pouvoir pour lequel il fait campagne.
Une fois de plus les mots d’ordre et les thèmes anti-migrants, islamophobes et antisémites se sont mêlés, montrant ainsi la matrice commune des haines de l’Autre et l'utilisation qui en est faite par l'extrême-droite. Un slogan relevé dans la marche établissait d'ailleurs explicitement le lien en proclamant: " Prions pour un Holocauste des musulmans" 


                                            " Non à l'Islam en Pologne"

Cette marche inaugurée en 2009 et réputée comme le plus grand événement fasciste et nationaliste d’Europe, a rassemblé des participants venus de divers pays européens.
 Les fascistes polonais s’appuient sur les succès récents de leurs congénères: en Allemagne avec la poussée électorale récente du parti AfD, anti-migrants, mais aussi largement imprégné d'antisémitisme et de négationnisme et en Autriche où le parti d'extrême-droite FpÖ vient de remporter une double victoire. Il s'agit de son score de 26% des suffrages, mais aussi de la reprise de ses thèmes racistes par le parti de droite conservateur avec lequel il va sans doute gouverner.
En Hongrie, en Tchéquie depuis les élections du  21 octobre, l'extrême-droite gouverne. 
La marche polonaise du 11 novembre  est devenue l’une des grandes démonstrations de l’extrême droite en Europe, attirant du même coup l’attention des mouvements similaires. Une participation saluée par certains des orateurs à l’origine du rassemblement, qui ont martelé que « la culture chrétienne est supérieure à la culture islamique ».

Leur proximité avec des idées liées aux suprémacistes blancs était omniprésente  Une prise de parole du leader américain du mouvement suprématiste blanc, Richard Spencer, responsable de la manifestation sanglante de Charlottesville  était même prévue, puis annulée au motif que l’homme ne doit pas apparaître publiquement.


Le gouvernement en place du PiS a soutenu la manifestation et s’est félicité de son succès. Ainsi le ministre de l’intérieur Mariusz Blaszczak a déclaré: « C’était magnifique. Nous sommes fiers qu’autant de Polonais aient décidé de participer à une célébration entourant le jour d’indépendance de la Pologne »
Il faut saluer les participant.e.s de la contre-manifestation qui avait lieu au même moment. Des ultra-nationalistes ont frappé plusieurs femmes qui scandaient des slogans antifascistes. Ils montraient ainsi leur proximité avec les mesures qui portent atteinte aux droits des femmes de Pologne et qui ont donné lieu à de très importantes manifestations ces dernières années. 
Face au déferlement du 11 novembre à Varsovie, les instances de l'Union européenne détournent les yeux. 
Il revient aux anti-fascistes de prendre la mesure de ce qui vient de se passer et de soutenir par tous les moyens le combat des démocrates et des anti-racistes de Pologne. 
MEMORIAL 98


mardi 9 août 2016

Marsault, dessinateur d'extrême-droite et harceleur en meute.


25 septembre 2019: Marsault de retour et toujours haineux
Le "dessinateur" condamné pour harcèlement (voir ci-dessous) avait alors déclaré qu'il se retirait des médias et des réseaux sociaux. Il est revenu sur Twitter , dans un nouveau festival de sexisme et d'homophobie, sous prétexte d'une mise en cause des journalistes

MEMORIAL 98 
Mise à jour du 22 janvier 2019: bonne nouvelle; Marsault est condamné pour harcèlement contre Mégane Kamel, militante féministe et antiraciste ( voir ci-dessous).
Il écope de 5000 euros d'amende ainsi que la même somme avec sursis et devra verser 2000 euros d'indemnisation à sa victime.
Le procès s'est tenu en décembre, Marsault a déclaré qu'il "assumait" et ne "regrettait pas".
Nous réitérons notre soutien à Mégane Kamel qui a subi la violence fasciste et des menaces barbares
MEMORIAL 98 



Quand on lit les textes de Marsault sans regarder ses dessins, on le classe immédiatement à l'extrême-droite. Par exemple, lorsqu'il publie une diatribe contre le concert de Black M à Verdun, reprise par tous les sites d'extrême-droite (1): diatribe où il évoque très banalement la "racaille qui se fait sucer par les médias", le prétendu "racisme anti-blancs", ou lorsqu'il attribue le trafic de stupéfiants aux Noirs et aux Arabes. Du Zemmour, en plus pathétiquement viriliste encore. 

Quand on regarde les dessins de Marsault sans lire ses textes, on le classe immédiatement à l'extrême-droite. Le même fantasme décliné toutes les semaines,  les mêmes scènes de tabassages de gauchistes, de féministes, d'antiracistes par un mec trop musclé, le crâne rasé. 

Quand on se renseigne un peu sur la carrière de Marsault, ça le classe aussi à l'extrême-droite: Marsault a été publié longtemps par Égalité et Réconciliation, et a bénéficié de l'audience du site d'Alain Soral et de Dieudonné pour se faire connaître. Et aujourd'hui Marsault est publié par Ring, maison d'édition qui accueille Laurent Obertone, auteur entre autres d'une ode au terroriste d'extrême-droite Breivik. Elle accueille aussi un des journalistes phare de Valeurs Actuelles ainsi que les délires racistes de Renaud Camus, et publie dans son magazine des "Manifestes de la Dissidence Blanche".

Il n'est donc pas très étonnant que Marsault ait également des méthodes d'extrême-droite: furieux de la fermeture de sa page Facebook, le dessinateur a lancé un appel à harceler une militante féministe qui saluait la fermeture de cette page. Le résultat: des insultes, des menaces de viol, de tabassage et de meurtre adressées par centaines à la militante en question, à ses amis, à sa famille, la diffusion de ses photos et de son identité un peu partout sur des pages fascistes. En voici quelques exemples ci-dessous: reproduire ces immondices pourra choquer, mais il est nécessaire que chacun sache de quoi on parle lorsqu'on évoque une campagne de haine fasciste parmi d'autres.





Bref, Marsault qu'il l'assume ou pas est banalement d'extrême-droite. Et de manière très banale dans ce pays, il a énormément de soutiens, beaucoup de succès et peu d'ennuis. 
L'homme qui passe sa vie à fantasmer le tabassage de ses ennemiEs féministEs et antiracisTes pleure sur l'horrible blessure infligée par la fermeture de sa page Facebook mais a déjà plus de 60 000 fans sur sa page de secours. 
L'homme qui se croit très courageux lance sa meute sur une militante, puis vient dire qu'il n'est pas responsable si la meute mord un peu trop fort. 

Si vraiment le règne du politiquement correct fantasmé par Marsault existait, celui-ci aurait de gros ennuis avec la justice pour cette campagne de haine ciblée lancée de sa page, qui constitue évidemment une infraction pénale. Malheureusement, aujourd'hui la haine sexiste, lorsqu'elle est portée par des racistes d'extrême-droite est tolérée et même applaudie. Malheureusement, Marsault est également soutenu par les éternels défenseurs de la liberté d'expression, comme si la violence raciste , sexiste, antisémite, homophobe , dessinée, écrite, fantasmée , ressassée était un vague inconvénient que les victimes devraient supporter pour garantir la liberté des bourreaux.

Reste à faire le minimum en attendant mieux : dire notre solidarité et notre respect aux militantes féministes qui affrontent la horde brune ( par exemple sur la page féministe Paye ta Schneck)  et continuer à dénoncer le fascisme, dont la violence dessinée est toujours l'ébauche de la violence tout court.
 (1) voir par exemple sur Fdesouche: http://www.fdesouche.com/730637-marsault-vous-degoutez-bande-de-charognes


Mise à jour du 30 novembre 2018

Marsault va devoir répondre de ses actes de harcèlement mais poursuit ses attaques tous azimuts . Il assigne en justice et réclame 45000 euros à Yan Lindingre, ex-directeur du magazine de BD Fluide Glacial qui a rappelé ses liens avec Soral ( ils sont maintenant brouillés) et a écrit à son propos sur Facebook (extrait) :   Cette nouvelle espèce qui nous envahit, ces dessinateurs de droite et d'extrême droite, émerge au même moment que des mouvement néonazis totalement décomplexés, à travers l'Europe, font florès. Ça ne choque plus l'opinion. Moi si”. Lindingre  assume ses propos et en appelle à la solidarité. 

Le facho aura quant à lui à répondre devant la justice de la violente campagne de harcèlement contre la militante féministe Mégane Kamel, victime d'un véritable lynchage en ligne organisé par Marsault et ses relais, comme nous l'avons décrit ci-dessus. Il comparaitra lors d'un procès le 7 décembre prochain  pour  "provocation publique à la haine et la violence en raison du sexe". 
Le magazine féministe Causette, qui soutient Mégane Kamel, publie des échanges avec Marsault témoignant de la violence sexiste de ce dernier.

Nous renouvelons notre entière solidarité à celles et ceux qui partagent le combat contre Marsault et ses séides. Nous avons nous -même subi de nombreuses dénonciations, y compris nominales suite à notre dossier de 2016 ( ci-dessus) notamment de la part des ultra-réactionnaires de Causeur, de  JSSNews .

MEMORIAL 98





Mise à jour du 2 septembre 2018
Nouveau rebondissement autour de Marsault. Une galerie parisienne nommée Art Maniak prévoyait d'exposer ses dessins. Ce projet était d'autant plus choquant que la même galerie avait en 2017 accueilli le prix Artémisia, qui récompense chaque année un livre de BD créé par des femmes. Une mobilisation énergique initiée par l'artiste et blogueuse Tanx  à contraint la galerie à renoncer. C'est un bon résultat mais du coup Marsault réagit avec ses méthodes habituelles en ciblant spécifiquement "Tanx" qui a exposé le scandale. Il récidive ainsi en organisant le harcèlement de cette lanceuse d'alerte à qui nous apportons notre entier soutien.




Memorial 98 

Mise à jour du 8 août 2018

Mise à jour du 8 août 2018
Marsault vient de publier un texte ouvertement raciste et violent (ci-dessous). Il se réclame du suprémacisme blanc et appelle à l'affrontement armé "préventif".
Notre alerte, publiée il y a deux ans jour pour jour, avait rencontré de nombreuses réactions d'incrédulité de ceux qui voyaient  chez lui une expression "rebelle". Elle nous avait également valu des dénonciations nominales de la part de médias favorables au racisme de Marsault, comme Causeur et le torchon JSSNews


MEMORIAL 98

mercredi 25 mai 2016

Israël: nouvelle dérive vers l'extrême-droite


                                                  Lieberman, Netanyahou, Benett: trio terrible.


Actualisation du 27 décembre 2016 :

Avigdor Lieberman, ministre de la Défense du gouvernement de Netanyahou (voir ci-dessous sur sa nomination récente) escalade et a recours à des comparaisons scandaleuses .
Il a qualifié la conférence internationale sur le Proche-Orient qui se tiendra le 15 janvier à Paris de "procès Dreyfus".
Le gouvernement français organise cette conférence en présence des représentants de quelque 70 pays pour réitérer le soutien de la "communauté internationale" à une négociation sur la base de la solution à deux États, Israël et la Palestine.
 
"Une version moderne du procès Dreyfus"
"Il ne s'agit pas d'une conférence de paix mais d'un tribunal contre l'État d'Israël", a affirmé Lieberman lors d'une réunion des députés de son parti, Israël Beiteinou (extrême droite nationaliste)  "C'est une version moderne du procès [d'Alfred] Dreyfus avec l'État d'Israël et le peuple juif sur le banc des accusés [...]",

Le procès Dreyfus symbolise l'antisémitisme des autorités françaises à la fin du 19e siècle et sert ainsi à disqualifier l'initiative diplomatique en cours.

Il s'agit d'une manipulation grossière, qui salit la lutte contre l'antisémitisme, ainsi que la mémoire de Dreyfus et des "dreyfusards"  qui ont combattu pour la justice. 

Nous sommes d’autant plus sensibles à cette falsification en raison de notre référence à l'engagement de militants de gauche dans la lutte contre l'antisémitisme à l'époque de l'affaire Dreyfus (voir ici

MEMORIAL 98

Actualisation du 24 décembre 2016 :

L' ONU réitère sa condamnation de la colonisation et déchaine la fureur de Netanyahou.

Cette résolution du Conseil de sécurité exhorte Israël à "cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est"
Elle est votée dans le double  contexte de la fin de la présidence Obama et d'une accentuation de la colonisation. Cette dernière s'étend notamment à la spoliation de terres "privées" palestiniennes c'est dire de terres dont les propriétaires palestiniens sont  parfaitement identifiés. 
Une loi dite de " régularisation" vient d'être votée au Parlement israélien par la majorité de droite et d'extrême-droite, afin de valider des colonies  "sauvages" installées par les colons les plus extrémistes. C'est le cas de la colonie d'Amona, dont l'évacuation décidée par la Cour suprême israélienne, ne cesse d'être reportée, alors que Netanyahou va au devant des exigences de ses habitants illégaux. 
L'élection de Trump, qui soutient la colonisation et rejette la création d'un État  palestinien, a sans doute joué un rôle dans la décision d’Obama en faveur de l'abstention sans veto des USA.  
L'annonce par Trump de la nomination d'un ambassadeur américain en Israël partisan de l'annexion des territoires palestiniens préfigure ce que sera sa politique. 
Les soutiens "antisionistes" de Trump, tels le néo-nazi Soral et les nazis américains, apprécient l'antisémitisme qui a entouré  sa candidature mais gardent évidemment le silence sur ces développements.

Face à ce vote Netanyahou se déchaine contre Obama et les pays qui ont agi pour le vote de la résolution. Il a ainsi annoncé la cessation du  modeste programme d'aide israélienne au Sénégal et proclamé qu'il n'appliquerait pas la résolution.

Nous réaffirmons que seul le retrait d'Israël des territoires, occupés illégalement depuis près de 50 ans (juin 1967)  et la naissance d'un État palestinien souverain permettront d'en finir avec la violence qui gangrène ces deux peuples (voir ci-dessous).

Memorial 98



 

Actualisation  13 juillet :


Les assauts  de la droite nationaliste israélienne contre les représentants de la société civile ont trouvé une traduction législative. Les députés ont adopté, lundi 11 juillet, un projet de loi liberticide, qui oblige les organisations non gouvernementales (ONG) recevant plus de la moitié de leur financement de gouvernements étrangers à en faire la déclaration publique et le rappel systématique à chaque publication. En cas de refus, elles s’exposeront à une amende.
Le texte ne mentionne pas le profil précis des ONG visées. Mais il va de soi qu’il s’agit de celles défendant les droits des Palestiniens, l’égalité entre Juifs et Arabes en Israël ou bien celles documentant les violences de l’armée en Cisjordanie ou lors des guerres successives dans la bande de Gaza. 
D'autres associations qui soutiennent la politique gouvernementale sont plutôt financées par des fonds privés, parfois opaques. Elles ne seront donc pas impactées par ces nouvelles règles.

Comme nous l'indiquions en conclusion de cet article (ci-dessous) Memorial 98 soutient ces associations et ONG menacées.

Memorial 98

Actualisation du 26 juin:

Yishai Schlissel, qui a tué Shira Banki,  et blessé plusieurs autres personnes lors de la Gay Pride qui s'est tenue à Jérusalem en juillet 2015, a été condamné dimanche 26 juin à la prison à perpétuité, assortie de 31 ans de détention.

En juillet de l'année dernière,  Shlissel s'était précipité sur le défilé qui parcourait Jérusalem, armé d'un couteau. Shira Banki, 16 ans, grièvement touchée avait succombé à ses blessures quelques jours plus tard, tandis que six autres personnes avaient été blessées.
Le geste de Shlissel avait causé un émoi d'autant plus grand en Israël que l'homme avait été libéré quelques semaines auparavant, après avoir purgé 10 ans de prison pour une agression similaire lors d'une précédente marche des fiertés à Jérusalem en 2005.
Il avait alors blessé trois personnes.
Il s'était abondamment répandu contre les homosexuels sur différents forums avant de passer à nouveau à l'acte l'année dernière.
Inculpé d'assassinat le 24 août, Yishaï Shlissel n'avait montré aucun remords devant le tribunal. Il avait même estimé que "la marche des fiertés devait être arrêtée pour permettre à l'âme de Shira Banki de s'élever vers le paradis".
"Quiconque participe à la Gay Pride de Jérusalem déclare la guerre à Dieu et celui qui défie Dieu ne peut demander à être plaint", avait-il martelé. La police israélienne avait été vivement critiquée pour son incapacité à l'empêcher de passer de nouveau à l'acte et des limogeages jusqu'aux plus hauts niveaux de l'institution avaient suivi cette attaque.

L'agression du 30 juillet avait été suivie le lendemain d'une attaque perpétrée par des extrémistes juifs contre la famille palestinienne Dawabshe. Plusieurs de ses membres, dont un bébé avaient été brûlés vifs dans le village de Douma, en Cisjordanie occupée. Ces deux événements violents avaient entraîné des mobilisations de protestation  et remis sur le devant de la scène la question de la violence de l'extrême-droite.



Memorial 98
 

L'entrée d'Avigdor Lieberman dans le gouvernement déjà très à droite de Netanyahou représente une signe particulièrement négatif.  Elle annonce une radicalisation de la politique de colonisation et de répression à l'égard de la population palestinienne. Elle porte aussi la menace d'atteintes accrues aux libertés démocratiques, notamment à l'égard des ONG et associations qui la contestent.

De plus, Lieberman, dont le parti ne représente que 4% des députés, ( 5 sur 120) obtient le ministère clé de la Défense et donc la maîtrise des territoires occupés.
Il succède au ministre de la Défense Yaalon qui est apparu comme défendant l’État de droit et une certaine modération.  Yaalon a déclaré, avant d'être contraint à la démission par  Netanyahou : " ... A ma grande tristesse, des éléments extrémistes et dangereux ont pris le contrôle d'Israël et du parti Likoud,. Ils en ébranlent les fondations et menacent de nuire à ses habitants."
Cette alliance représente donc un choix délibéré de Netanyahou, dont le gouvernement comporte déjà les représentants des colons religieux de Benett et des intégristes religieux. 

C'est l'exécution survenue à Hébron, le 24 mars dernier, qui a fait éclater la crise. 
Ce jour là le sergent israélien Elor Azaria, a tué, de sang-froid, un  assaillant palestinien qui avait été désarmé et gisait au sol, blessé. 
La scène avait été filmée et diffusée par une ONG israélienne, Betselem. Le chef d'état-major Eisenkot et le ministre de la Défense Yaalon ont  immédiatement estimé que le soldat devait être jugé et puni sévèrement pour son geste, qui ressemblait fort  à un assassinat. Netanyahou s'est au contraire placé du côté de l'extrême-droite la plus violente qui soutient le soldat, présenté comme un héros.  

Puis, à l'occasion des célébrations de la fête nationale d'Israël,  l'adjoint du chef d'état-major Yair Golan a mis en garde contre  le climat actuel de racisme et de violence en Israël, en référence à nouveau à l'exécution de Hébron et aux réactions qui l'ont suivie. A partir de sa propre histoire familiale,  il établissait un parallèle avec l' Europe et Allemagne de l'entre-deux-guerres (à lire), qui a vu la montée des périls. Il appelait à un examen de conscience de la société israélienne: " ...  Car s’il est quelque chose qui nous fait frémir dans le souvenir de la Shoah, c’est de discerner les processus nauséabonds intervenus en Europe en général et en Allemagne en particulier, il y a 70, 80, 90 ans, et de trouver la trace de leur présence ici parmi nous, aujourd’hui, en 2016. Car il n’est rien de plus facile que de haïr l’étranger ; rien de plus facile que de semer la peur ; rien de plus facile que la bestialité, le cynisme et l’auto-satisfaction..." .  Netanyahou a vivement attaqué ce discours et stigmatisé son auteur. Le ministre de la Défense a en réponse défendu la liberté de pensée et de parole des militaires, à la grande colère du Premier ministre.

La Défense et la peine de mort

Dans le même temps,  Netanyahou cherchait à élargir sa fragile coalition, qui disposait d'une majorité parlementaire minimale de 61 sièges sur 120.  Il a fait mine de négocier avec le parti travailliste dont le chef Herzog s'est prêté à la manœuvre, contre l'avis de la majorité de son parti. 
Mais en réalité il menait des tractations avec l'ancien ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, chef du parti ultranationaliste Israël Beitenou, pour le faire entrer dans sa coalition gouvernementale. Lieberman avait deux exigences dans le domaine sécuritaire : le poste de ministre de la Défense et l'instauration de la peine de mort pour les auteurs d'attentats. 
M. Lieberman avait ainsi exigé un retour en arrière de plusieurs décennies sur la question de la peine de mort. Il voulait  qu’elle puisse être prononcée par les tribunaux militaires et de plus à la majorité simple. Or, la justice militaire s’applique presque exclusivement aux Palestiniens en Cisjordanie. Par conséquent, les colons israéliens coupables de crimes graves auraient été exemptés de cette sentence, car jugés par des tribunaux civils, introduisant ainsi une discrimination supplémentaire. Au final, Lieberman a du abandonner temporairement son exigence, en raison notamment de l'opposition des instances judiciaires.
 Historiquement, la peine de mort n’a été appliquée qu’une seule fois en Israël , à l'égard de Adolph Eichmann,  condamné pour sa participation à la Shoah.

L'arrivée à ce poste stratégique de la Défense de ce politicien connu pour son extrémisme et ses déclarations provocatrices est plus qu'inquiétante.
 Lieberman a déjà plusieurs fois menacé de bombarder l’Égypte et Gaza. Il se dit prêt à liquider les chefs du Hamas. En tant que chef de l'armée, il serait appelé à gérer la Cisjordanie occupée, alors qu'il a multiplié les diatribes anti-arabes.
Avec l'arrivée d'Israël Beitenou, la coalition au pouvoir est ainsi la plus à droite qu'Israël ait jamais connu.

Le cancer de l'occupation et de la colonisation continue de dévorer la société israélienne. La poursuite de l'occupation des territoires palestiniens entraîne une spirale de violence et de mort.
L'extrême-droite se nourrit de cette domination  sur la vie quotidienne d'un autre peuple.
 
Seul le retrait d'Israël des territoires, occupés illégalement depuis près de 50 ans et la naissance d'un État palestinien souverain permettront d'en finir avec la violence qui gangrène ces deux peuples. Les forces qui soutiennent ces perspectives de paix et de justice ont plus que jamais besoin de soutien, alors qu'elle sont harcelées et mises en cause par le gouvernement. Il s'agit notamment des courageuses associations israéliennes telles que  Betselem, Hand in Hand et de nombreuses autres qui travaillent à la coexistence, contre le racisme et l’occupation.