vendredi 11 septembre 2015

Devedjian révèle les dessous du racisme de la droite française




Les propos de Devedjian sont fascinants (et fascisants) en ce qu'ils révèlent des pensées de dirigeants de la droite française, comme  il y a quelques semaines lorsque Sarkozy évoquait la "fuite d'eau" que représenterait l'afflux de réfugiés  et lors des fameuses déclarations de son acolyte Brice Hortefeux.

Ils sont d'autant plus choquant que sa famille a fui le génocide des Arméniens et s'est réfugiée en France.
Le député des Hauts-de-Seine (Les Républicains, LR)  président du conseil général du 92, ancien ministre de Sarkozy et Chirac, ancien secrétaire général de l'UMP, a lancé cette "blague" à propos des Allemands qui accueillent les réfugiés syriens: 




                       « Ils nous ont pris nos juifs, ils nous rendent des arabes. »

Cet humour, déjà abject de la part de n'importe qui, revêt une résonance particulière dans le cas de Devedjian.  
Celui-ci est un ancien militant de choc (condamné pour violences)  du groupe fasciste et antisémite Occident, dans lequel il combattait pour l"Algérie française" avec ses acolytes Gérard Longuet, Alain Madelin et d'autres.
Sa préoccupation pour les Juifs est donc plus que sujette à caution. 
C'est aussi un récidiviste en terme de propos nauséabonds orientés politiquement; en 2007 il avait traité de "salope" une élue lyonnaise du Modem, Mme Comparini  qui avait combattu contre l'alliance de la droite  et du FN lors des régionales de 1998


 Mais au delà de sa personnalité de voyou,  que dit Devedjian dans ces quelques mots? 

Pour lui ce sont les "Allemands" et non les nazis qui sont responsables de la Shoah. Cela lui  permet au passage d'évacuer la collaboration, Pétain et la participation des autorités françaises à l'extermination, puisque c'est uniquement une responsabilité d'Allemands qui "nous ont pris nos Juifs" .

Il rejoint ainsi Sarkozy, qui, acharné à combattre la "repentance " française et désireux déjà de flatter l'électorat  du FN  avait, lors de sa campagne de 2007, rejeté la mention  de la participation du régime de Vichy à la déportation des Juifs de France. Pour le chef de la droite, la "repentance" devait être réservée aux Allemands coupables de "folie" due à «… la redoutable absence de l’idée de Dieu… »  Sarkozy avait même boycotté, quelques jours après son élection en 2007, la cérémonie du 8 mai qui marque la fin de la 2e guerre mondiale et la défaite du nazisme. En effet il ne voulait pas apparaître aux côtés de Chirac qui avait reconnu,  le 16 juillet 1995, la responsabilité des autorités françaises en déclarant lors de la commémoration de la rafle du Vel' d'Hiv: "... Oui, la folie criminelle de l'occupant a été, chacun le sait, secondée par des Français, secondée par l'État français. La France, patrie des Lumières, patrie des Droits de l'homme, terre d'accueil, terre d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable..." 

Devedjian attaque les "Allemands" actuels et leurs leaders de droite, qui à la différence de la droite française, ont  décidé d'accueillir des centaines de milliers de réfugiés. 
C'est donc louche à ses yeux et à ceux de Sarkozy, Hortefeux et autres. L'idéologue de la droite radicale française, le pétainiste Eric Zemmour (qui a d'ailleurs  fait ses premières armes dans le 92 auprès de Pasqua, tout comme Devedjian), va encore plus loin en mettant en cause Angela Merkel en tant que femme qui représente "l'incarnation d'un continent de mamans qui ne supportent pas la photo d'un enfant mort" et constate avec rage que " l'Europe est égalitaire et fraternelle... sous la férule teutonne"
Les déclarations de Jean-Luc Mélenchon sont d'ailleurs également scandaleuses puisqu'il met en cause Merkel l"opportuniste" en déclarant : "... Et la voici qui prend sa mine sucrée et dit: maintenant nous allons accueillir du monde. Cela tombe d'autant mieux qu'il leur manque du monde".

Les explications à la limite du complotisme répandues un peu partout prétendent doctement que "les Allemands" accueillent des réfugiés surtout  parce qu'ils  auraient besoin de main-d’œuvre (voire même d"esclaves")  et de population en raison d' une démographie chancelante. Mais pourquoi dans ce cas les patrons allemands n'acceptent-ils pas plutôt les centaines de milliers de personnes européennes, notamment issus des Balkans, qui ne demandent qu'à venir travailler en Allemagne ?

Pour les tenants de la théorie du complot , ceux à "qui on ne la fait pas" il ne vient pas à l'idée que la coalition droite-SPD au pouvoir réagit ainsi pour répondre avant tout à l’opinion publique allemande, marquée en effet par la mémoire du nazisme et de ses conséquences et qui est très favorable à l’accueil des réfugiés. Les médias manifestent leur surprise face à la mobilisation en cours en Allemagne et en Autriche. Pourtant tout le monde a pu voir les scènes d'accueil dans les gares de Francfort et Munich et encore avant les banderoles de soutien aux réfugiés dans les stades de foot. Mais cela ne correspond décidément pas à l'image des "Allemands" et surtout cela met en lumière la grande frilosité des pouvoirs publics français. Du coup les médias omettent de rappeler les grandes chaines humaines qui avaient mobilisé des centaines de milliers de personnes en Allemagne à peine réunifiée contre les crimes racistes des années 90. Ils méconnaissent le travail quotidien d’associations de défense des réfugiés comme Pro-Asyl.

Enfin Devedjian attaque évidemment l'arrivée d'"Arabes". Rien d'étonnant de sa part et on se trouve ici au cœur de la ligne des Républicains. Mais il fait ainsi un signe direct et d'actualité à l'islamophobie galopante, au  Front National, à Robert Ménard maire de Béziers, aux maires "Les Républicains" qui ne veulent que des "chrétiens". Il  se place dans la continuité absolue de Sarkozy, qui ne cesse de radicaliser son propos, après avoir comparé les réfugiés à une fuite d'eau et appelé à défendre les Églises de France contre les musulmans. 
Devedjian se pique de théoriser l'avenir de la droite française; ainsi lors de la campagne de Sarkozy en 2007 il regrettait la situation où" la droite est sortie honteuse de la (2eme) guerre"  et  se réjouissait de la " "la droitisation de la société (qui) permet aujourd'hui ce réajustement idéologique qui anticipe la victoire politique".

Avec ses déclarations si révélatrices, il replonge dans cette xénophobie d'une droite qui a comme seuls programmes la lutte contre l'"envahissement" et le cri sinistre " à bas les Arabes".  
MEMORIAL 98



















 

 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.