mercredi 14 octobre 2015

Sérent: lettre ouverte aux pouvoirs publics sur une page de haine raciste, parmi tant d'autres.

Suite de la mobilisation collective contre la propagande anti-migrants à Sérent: les pouvoirs publics doivent agir.
Relayez la lettre ci-dessous, sur le mur Facebook de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (DILCRA) , sur son compte Twitter et en l'envoyant au délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme à l'adresse mail suivante : gilles.clavreul@pm.gouv.fr

Monsieur le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme,

Il y a quelques jours, le 8 octobre, le président de la République Mr François Hollande a déclaré une nouvelle fois, depuis le camp des Milles, que la lutte contre le racisme et l'antisémitisme constituaient une priorité absolue.

Au quotidien, nous sommes nombreuses et nombreux qui agissons contre le racisme.

A Sérent par exemple, petit village de 3000 habitants dans le Morbihan, un collectif se mobilise pour faire face aux quelques membres du Front National ou assimilés qui ont lancé une campagne de haine et d'intimidation contre l'éventuelle installation de quelques réfugiés dans un bâtiment public vacant.

Avertis de cette campagne de haine par la presse, notre association s’est penchée sur la page Facebook du collectif anti-migrants, intitulée « Pas de migrants à Sérent ». Nous y avons trouvé un appel à mettre les gens « au four », à les passer au bazooka et des commentaires qui invitaient à pendre le maire du village à un croc de boucher. Une personne favorable à l'accueil des réfugiés a vu son identité dévoilée et affichée dans un post sous lequel menaces et insultes se sont multipliées.
Des dizaines de commentaires qualifient les migrants de terroristes, d'envahisseurs, de lâches ayant fui leur pays, de propagateurs d'épidémies.

En toute quiétude, la haine s'exprime, et les individus qui la propagent se sentent tellement en sécurité qu'ils n'hésitent pas à publier menaces et insanités sous leur propre nom.

Pour notre part, nous avons fait ce que nous avions à faire. Nous avons publié un article dénonçant ces infamies, nous avons invité nos membres et nos sympathisants à les signaler au réseau social et à la plate-forme Internet de signalement du gouvernement.


Nous ne trouvons pas normal que des pages appelant à mettre les gens au four soient banalement présentes sur Facebook, banalement évoquées par les médias qui ont consacré des articles à ce regroupement raciste de Sérent, comme s'il s'agissait d'une mobilisation ordinaire de « citoyens » exprimant leurs opinions. Nous ne trouvons pas normal d'avoir à dénoncer l'évidence. Le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit. Nous ne sommes pas les éboueurs du net, comme le disait très justement une autre association antiraciste, nous ne devrions pas être contraints de repérer sans cesse les lieux où s'exprime la haine, il appartient aux propriétaires de ces sites et à l’État de prendre leurs responsabilités.

Mais ce n'est pas le cas : lorsque nous alertons , lorsque nous faisons ce que nous avons à faire, rien ne se passe. Aux dizaines de personnes qui ont signalé la page «  Pas de migrants à Sérent », les responsables de Facebook ont envoyé la même réponse. Cette page ne leur semble pas malvenue sur leur réseau social. Nous avons également reçu un message type de la plate-forme de signalement internet du gouvernement nous indiquant que "notre signalement avait été pris en compte". Certes mais en attendant, la haine s'exprime sans compter. 

Il n'y a là, rien d'extraordinaire, certes. Des milliers et des milliers de pages ouvertement racistes , antisémites, négationnistes, homophobes sont présentes sur les réseaux sociaux. Les commentaires des grands médias sont devenus le réceptacle de la haine la plus sordide propagée par les hordes venues des grands sites d'extrême-droite comme "Fdesouche" ou "Égalité et Réconciliation".

Aussi bien, nous aurions pu vous écrire mille fois, et vous trouverez peut-être étrange et incongru que nous le fassions pour cette affaire de Sérent, petite commune de 3000 habitants, et pour la page « ¨Pas de migrants à Serent » qui a été « likée » par 2000 personnes, ce qui est fort modeste.

Mais l'extrême-droite, quant à elle, a mobilisé ses réseaux pour servir les intérêts des quelques individus qui ont lancé cette page. Les racistes de Sérent sont relayés par tous ses grands sites. En conséquence le maire de la commune ainsi que les salariés municipaux ont affronté un harcèlement d'ampleur nationale, mails et coups de fils insultants saturant le téléphone de la mairie de ce village.

Nous sommes solidaires et d'autant plus que nous savons bien que ceci peut nous arriver demain.

D'ailleurs les médias se font maintenant l'écho d'une campagne de menaces inscrites sur les locaux de nombreuses associations antiracistes partout en France et intitulée #OnFerme.

Nous ne la fermerons pas, ni pour Sérent, ni pour nous. Et nous sommes contents que le président de la République ait répété maintes et maintes fois, solennellement, qu'il était au côté des antiracistes.

Cependant, nous savons bien qu'il ne suffit pas d’alerter, il faut agir.

Aussi, ayant fait de notre côté ce qu'il nous était possible de faire. nous vous demandons de faire ce qui relève de votre mission et de vos responsabilités , concernant cette page et ces auteurs,

Dans l'attente d'une réponse de votre part, nous vous prions d'agréer, Monsieur, l'expression de nos salutations antiracistes les plus déterminées. 

Memorial 98 

 

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