"Une organisation quasi-militaire", "une impression de guérilla urbaine".
"Un jeune homme agressé", "une situation de légitime défense".
Deux appréciations de la situation à Calais, par le procureur de Boulogne sur Mer.
La première vise des migrants, habitants des bidonvillles, sans ressources, épuisés, pour certains malades et souffrant de mal-nutrition, qui tentaient ensemble de franchir les barrages menant au tunnel sous la Manche. Concernant les actes matériels qui justifient selon lui les termes de "guérilla urbaine", ou d'"organisation militaire", le procureur n'a que des jets de pierre à citer.
La deuxième appréciation concerne le militant néo-nazi Gaël Rougemont, qui a menacé avec un fusil des migrants et leurs soutiens qu'il avait préalablement provoqués lors du passage d'une manifestation. Celui-ci ne fera donc pas, finalement, l'objet de poursuites, car jugé par le parquet en "état de légitime défense".
Cette annonce intervient après diverses péripéties: d'abord la présentation de Gaël Rougemont par les médias comme un "citoyen indigné", présentation qui avait conduit de nombreux médias antiracistes et antifascistes à immédiatement démontrer que le prétendu "riverain en colère " était en réalité , ainsi que son père, une figure militante de la mouvance néo-nazie calaisienne en lien avec divers groupes ailleurs en France. Ces informations, largement partagées avaient contraint les médias à évoquer quand même les options politiques de Gaël Rougemont et les pouvoirs publics à annoncer des poursuites. Dans la foulée, d'autres éléments avaient démontré les idées politiques du prétendu "jeune apolitique excédé": Gilbert Collard se proclamait son avocat, et l'annonce était faite par les porte-paroles de Génération Identitaire, parmi lesquels Damien Rieu, un des responsables de l'attaque de la mosquée de Poitiers en 2012.
Quelques semaines plus tard, d'autres membres de l'extrême-droite calaisienne étaient pris sur le fait, en route vers une opération ratonnade contre les migrants, après de nombreux tabassages graves depuis des mois.
Une nouvelle fois, la prétendue réaction des pouvoirs publics à la violence néo-nazie organisée n'aura donc été que de la pure agitation , dans un moment où l'intérêt fort rare des médias pour ce sujet exigeait un semblant de réponse. Une fois les médias occupés ailleurs, et comme à l'accoutumée, on donne un permis d'agir aux néo-nazis. Exactement la même chose que pour Christophe Lavigne, seul militant de l'extrême-droite arrêté en vertu de l'état d'urgence: bien qu'un arsenal conséquent ait été trouvé chez ce récidiviste raciste, déjà arrêté pour un projet d'attentat sur la mosquée de Vénissieux, il ne sera évidemment pas poursuivi pour terrorisme et condamné à une simple peine de six mois aménageables , donc sans incarcération.
Nul doute que le permis d'agir sera interprété comme il se doit par l'ensemble des néo-nazis français: surtout lorsqu'il s'accompagne d'un discours qui présente le fait de sortir une arme contre leurs cibles favorites comme de la légitime défense.
Quant à Gilbert Collard ,avocat de l'homme au fusil et député du FN qui prétend depuis des années n'avoir aucun lien avec la mouvance raciste violente, il se targue de l'abandon des poursuites pour évoquer avec goguenardise des poursuites en diffamation contre celles et ceux qui ont qualifié Rougemont de fasciste. Il est vrai que le terme néo-nazi est plus précis .
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