Mise à jour du 10 décembre 2018
En ce 70e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme,
Denis Mukwege et Nadia Murad vont recevoir leur prix Nobel à Oslo. Ils appellent d'ores et déjà à un combat renouvelé contre les violences sexuelles et à la fin de l'impunité dans ce domaine.
Mise à jour du 6 octobre 2018: le prix Nobel de la paix pour Denis Mukwege et Nadia Murad.
Le médecin congolais et la femme Yezidie, violée et réduite en esclavage par Daech sont récompensés pour "leur efforts pour mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre"
C'est un immense encouragement pour ce combat que nous soutenons totalement (voir ci-dessous)
Memorial 98
Mise à jour du 1er juillet 2018
Le Dr Mukwege apporte son aide et ses connaissances aux femmes Yazidis qui ont subi les viols et violences de Daech. Il est venu en Irak à la demande de l'ONG Yazda , qui, depuis 2014, soutient les femmes Yazidis traumatisées. Il s'agit d'une étape supplémentaire dans le combat universel contre les violences sexuelles comme arme de guerre.
Cette action a lieu alors que vient de se produire une grave remise en cause des acquis de la justice internationale concernant la responsabilité de ceux qui laissent commettre des viols de guerre.
Le chef de guerre Jean-Pierre Bemba avait été reconnu coupable le 21 mars par la CPI ( voir ci-dessous) pour des viols de guerre commis par ses troupes en Centrafrique.
Puis l'ancien vice-président congolais a été condamné, le 21 juin 2016 , à dix-huit ans de prison par la Cour pénale internationale pour ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Or en appel cette condamnation a été annulée le 8 juin dernier en raisons d'erreurs de procédure et de l'atténuation de sa responsabilité directe, alors même qu'il a été également condamné pour avoir corrompu et manipulé 14 témoins de sa défense. Les victimes de ces viols sont dans le désarroi et l'amertume car ce verdict surprenant met fin à leurs espoirs de reconnaissance et de réparation.
En Birmanie, de très nombreux viols de guerre ont eu lieu de la part des militaires contre les femmes Rohingyas,dans le cadre de la terreur et de l'épuration ethnique, conduisant à des naissances d'enfants issus de ces viols.
Le combat se poursuit plus que jamais contre cette barbarie.
Memorial 98
Mise à jour du 18 juin 2017
En ce 70e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme,
Denis Mukwege et Nadia Murad vont recevoir leur prix Nobel à Oslo. Ils appellent d'ores et déjà à un combat renouvelé contre les violences sexuelles et à la fin de l'impunité dans ce domaine.
Mise à jour du 6 octobre 2018: le prix Nobel de la paix pour Denis Mukwege et Nadia Murad.
Le médecin congolais et la femme Yezidie, violée et réduite en esclavage par Daech sont récompensés pour "leur efforts pour mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre"
C'est un immense encouragement pour ce combat que nous soutenons totalement (voir ci-dessous)
Memorial 98
Mise à jour du 1er juillet 2018
Le Dr Mukwege apporte son aide et ses connaissances aux femmes Yazidis qui ont subi les viols et violences de Daech. Il est venu en Irak à la demande de l'ONG Yazda , qui, depuis 2014, soutient les femmes Yazidis traumatisées. Il s'agit d'une étape supplémentaire dans le combat universel contre les violences sexuelles comme arme de guerre.
Cette action a lieu alors que vient de se produire une grave remise en cause des acquis de la justice internationale concernant la responsabilité de ceux qui laissent commettre des viols de guerre.
Le chef de guerre Jean-Pierre Bemba avait été reconnu coupable le 21 mars par la CPI ( voir ci-dessous) pour des viols de guerre commis par ses troupes en Centrafrique.
Puis l'ancien vice-président congolais a été condamné, le 21 juin 2016 , à dix-huit ans de prison par la Cour pénale internationale pour ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Or en appel cette condamnation a été annulée le 8 juin dernier en raisons d'erreurs de procédure et de l'atténuation de sa responsabilité directe, alors même qu'il a été également condamné pour avoir corrompu et manipulé 14 témoins de sa défense. Les victimes de ces viols sont dans le désarroi et l'amertume car ce verdict surprenant met fin à leurs espoirs de reconnaissance et de réparation.
En Birmanie, de très nombreux viols de guerre ont eu lieu de la part des militaires contre les femmes Rohingyas,dans le cadre de la terreur et de l'épuration ethnique, conduisant à des naissances d'enfants issus de ces viols.
Le combat se poursuit plus que jamais contre cette barbarie.
Memorial 98
Mise à jour du 18 juin 2017
Appel du Dr Mukwege à
sanctionner l’utilisation du viol comme arme de guerre.
A l’occasion de la
Journée internationale 2017 pour l’élimination de la violence sexuelle en temps
de conflit, Denis Mukwege, gynécologue et Prix Sakharov 2014, réclame une action
de l’Europe. Memorial 98 salue cet appel et renouvelle son soutien aux combats
de l’éminent médecin et combattant pour les droits des femmes.
Sa
prise de position est d'autant plus courageuse qu'il n'est plus protégé de
manière permanente par les Casques Bleus de l’ONU, comme auparavant .
D'ailleurs en avril dernier, la protection assurée par l'ONU à son collègue et collaborateur le Dr Gildo Byamungu lui avait été retirée. Quelques jours plus tard, le jeune médecin était retrouvé assassiné à son domicile.
Il
craint désormais non seulement pour sa vie, mais aussi pour celle de ses
collègues et de ses patientes de l'hôpital de Panzi, où ces dernières sont
accueillies.
"On risque sa vie quand on soigne dans le Kivu". Désormais, Denis Mukwege ne bénéficie de la protection des Casques bleus que pour ses déplacements. Pourtant, dans le Kivu, la menace est permanente, témoigne le médecin : "Notre action gêne : nous soignons les victimes de la violence et de la barbarie dans le Kivu. Elles nous parlent, nomment leurs bourreaux [...] on risque sa vie quand on soigne dans le Kivu. Il n’y a pas d’État, de justice et de police pour nous protéger. Même les Casques bleus ne nous protègent plus."
"On risque sa vie quand on soigne dans le Kivu". Désormais, Denis Mukwege ne bénéficie de la protection des Casques bleus que pour ses déplacements. Pourtant, dans le Kivu, la menace est permanente, témoigne le médecin : "Notre action gêne : nous soignons les victimes de la violence et de la barbarie dans le Kivu. Elles nous parlent, nomment leurs bourreaux [...] on risque sa vie quand on soigne dans le Kivu. Il n’y a pas d’État, de justice et de police pour nous protéger. Même les Casques bleus ne nous protègent plus."
D'ailleurs en avril dernier, la protection assurée par l'ONU à son collègue et collaborateur le Dr Gildo Byamungu lui avait été retirée. Quelques jours plus tard, le jeune médecin était retrouvé assassiné à son domicile.
" En zone de
conflits, forces armées et bandes organisées violent femmes et filles, mais
aussi hommes et garçons, dans le but de déplacer, punir et terroriser les
populations civiles.
L’utilisation à grande
échelle des violences sexuelles, tout comme celle des armes chimiques et des
mines antipersonnel, est bon marché et terriblement efficace. Les violences sexuelles
incluent viols collectifs, viols publics et l’insertion forcée d’armes et
autres objets divers. Les victimes peuvent aussi bien être des vieillardes que
des enfants et parfois même des nourrissons.
Après
vingt ans de conflit armé violent, la République démocratique du Congo (RDC)
peut témoigner des conséquences dévastatrices, parfois fatales, de
l’utilisation du viol comme arme de guerre. De ces actes odieux découlent un
traumatisme physique et psychologique à vie, la destruction des liens familiaux
et la diffusion de maladies, alors que des communautés entières sont marquées
profondément et à jamais.
L’utilisation du viol
comme arme de guerre ne connaît pas de frontières. D’après les Nations unies
(ONU) et certains observateurs indépendants, les violences sexuelles font
parties de l’arsenal utilisé par les autorités syriennes pour obtenir
informations et « confessions ».
Attirer l’attention
En Birmanie l’armée
viole des femmes devant leur famille afin de provoquer le déplacement de
villages entiers de la communauté Rohingya. Alors que l’emploi des violences
sexuelles comme méthode de combat a suscité de plus en plus d’attention ces
dernières années, celle-ci demeure faible et ces attaques ne font que rarement
la « une » des journaux.
Au fil du temps, de nombreux types d’armes ont été interdits ou régulés afin de limiter pertes civiles et souffrances inutiles. En avril 1997, la Convention sur l’interdiction des armes chimiques est entrée en vigueur, non seulement interdisant l’utilisation des armes chimiques, leur fabrication et leur stockage, mais exigeant aussi la destruction des arsenaux existants sous la supervision d’experts internationaux.
Quelques mois plus
tard, fin 1997, la communauté internationale prit la décision d’interdire
également l’utilisation des mines antipersonnel avec la Convention d’Ottawa. Le
déminage intégral devrait être achevé en 2025 et un monde sans mines
antipersonnel serait alors à la portée de tous.
Quelles
leçons tirer de ces processus pour mettre fin à l’utilisation des violences
sexuelles, une autre méthode cruelle de combat largement répandue dans les
zones de guerre du monde entier ?
Le processus
d’interdiction des mines antipersonnel a montré que le premier pas pour mettre
fin à l’utilisation de ces dernières a été d’attirer l’attention sur le
problème. Dans les années 1980 et 1990, les chirurgiens et les organisations
médicales sur le terrain ont été les premiers à exprimer leur préoccupation à
ce sujet. Ils ont réussi à réunir différents acteurs et à créer une campagne
mondiale contre ces armes cruelles.
Conventions juridiquement contraignantes
La deuxième étape pour
l’élimination des mines antipersonnel et des armes chimiques a été de renforcer
les normes au travers de moyens légaux et institutionnels. Les Etats ont
développé des conventions juridiquement contraignantes, aujourd’hui reconnues
de manière quasi universelle, et créé un régime de vérification.
La troisième phase a
vu les États commencer à intérioriser l’interdiction des armes chimiques et des
mines et modifier leur comportement en conséquence. Aujourd’hui, l’emploi de
ces armes est extrêmement rare, il cause l’indignation mondiale et fait des
pays qui les utilisent des parias sur la scène internationale. Ainsi, lorsque
la Syrie a employé des gaz toxiques en avril, les États-Unis ont immédiatement
réagi par des bombardements aériens et le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu
une réunion d’urgence.
Il n’existe pas de
réponse similaire en ce qui concerne les violences sexuelles. En mai, le
président de la République des Philippines, Rodrigo Duterte, a encouragé ses
soldats à violer des femmes, allant jusqu’à dire qu’il en porterait la
responsabilité. La réponse de la communauté internationale n’a pas été à la
mesure de la gravité de la situation face à une telle déclaration de la part
d’un chef d’Etat.
Néanmoins, les
victimes sont de plus en plus nombreuses à s’exprimer pour attirer l’attention
sur ce problème mondial si souvent négligé. Leur donner une tribune et écouter
ce qu’elles ont à dire est une première étape cruciale pour éliminer les
violences sexuelles en zone de conflit.
Dans un second temps,
les gouvernements devront s’impliquer et développer des mécanismes pour
s’attaquer au problème. Les pays européens ont la possibilité, la capacité et
le devoir d’unir leurs efforts pour faire respecter l’interdiction d’utiliser
les violences sexuelles, par exemple au travers de sanctions par l’Union
européenne. L’engagement de tous est nécessaire pour marquer le début d’un
monde où le viol comme arme de guerre n’est plus toléré."
MEMORIAL 98
Actualisation du 4 novembre 2016
Double parution à propos du Dr
Mukwege:
D'une part le DVD du film
"L’Homme qui répare les femmes" dont nous rendons compte ci-dessous
D’autre part une autobiographie
intitulée "Plaidoyer
pour la vie" Éditions L'Archipel
Memorial 98
Mise à jour du 21 juin 2016:
Verdict important: le chef de guerre
Jean-Pierre Bemba avait été reconnu coupable le 21 mars dernier (voir
ci-dessous) pour des viols de guerre commis par ses troupes, mais on ignorait
encore la nature de sa peine. L’ancien vice-président congolais a été condamné,
mardi 21 juin, à dix-huit ans de prison par la Cour pénale internationale pour
des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La procureure avait réclamé
25 ans de prison.
Riche homme d’affaires devenu chef
de guerre, le Congolais a été jugé coupables des meurtres et viols commis par
la la milice qu'il commandait en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003.
Dans ce pays où ils s’étaient rendus pour soutenir le président Ange-Félix
Patassé face à une tentative de coup d’État menée par le général François
Bozizé, quelque 1 500 hommes du Mouvement de libération congolais (MLC) ont
tué, pillé et violé.
C’est la première fois que la
Cour condamne un chef militaire en vertu du principe de la « responsabilité
du commandant », et qu’elle retient l’utilisation de viols et violences
sexuelles en tant que crimes de guerre. Selon le verdict rendu en mars par la
CPI, Jean-Pierre Bemba n’a pas pris « toutes les mesures nécessaires et
raisonnables » pour éviter ces crimes alors qu’il disposait d’un «
contrôle effectif » sur ses hommes.
Au lendemain de la première journée
mondiale de lutte contre le viol comme arme de guerre (voir ci-dessous)
cette peine conséquente peut représenter un outil de dissuasion contre ces
pratiques.
Actualisation 18 juin 2016 :
Aujourd'hui 18 juin, se déroule la
première Journée
mondiale de lutte contre le viol comme arme de guerre sous l'égide de
l'ONU. La prise en compte du viol comme arme de guerre dans les conflits
actuels est relativement récente: la résolution de l'Assemblée Générale de
l'ONU date d'un an seulement. Le docteur Denis Mukwege alerte: les conflits ne
durent qu'un temps alors que les viols peuvent avoir des répercussions sur des
générations. « Le viol est une métastase » explique le praticien qui
s'interroge : comment les enfants qui ont vu leurs parents subir une telle
humiliation peuvent-ils se comporter normalement ?
Actualisation 23 mars 2016:
Une victoire historique pour les
victimes de violence sexuelles.
"Aujourd'hui, le
21 mars 2016, la Chambre de première instance III de la Cour
pénale internationale (CPI) a déclaré à l'unanimité Jean‑Pierre Bemba Gombo coupable
au‑delà de tout doute raisonnable de deux chefs de crimes contre l'humanité
(meurtre et viol) et de trois chefs de crimes de guerre (meurtre, viol et
pillage)."
Le verdict de culpabilité
rendu par la Cour pénale internationale (CPI) lundi 21 mars contre
Jean-Pierre Bemba représente un tournant historique dans la lutte en faveur de
la justice et de l'obligation de rendre des comptes pour les victimes de
violences sexuelles dans le monde. Les milices de Jean-Pierre Bemba
utilisaient le viol comme arme de guerre en Centrafrique (motif de la
condamnation) et au Congo .
C'est la première fois que la CPI
condamne quelqu'un pour le viol utilisé comme arme de guerre, et la première
fois qu'elle prononce une condamnation fondée sur le principe de la responsabilité
du commandant.
Cette décision de justice comporte
un message clair : l'impunité pour violences sexuelles en tant qu'arme de
guerre ne doit pas être tolérée. Elle souligne également que les commandants
militaires et les responsables politiques doivent prendre toutes les mesures
nécessaires afin d’empêcher leurs subordonnés de commettre des actes odieux et
qu’ils seront tenus de rendre des comptes s'ils ne le font pas. Le viol est
utilisé comme arme de guerre lors de nombreux conflits et génocides et
notamment dans la période récente dans le génocide des
Tutsi au Rwanda, dans la guerre
en ex-Yougoslavie, ainsi que par Daech à l'encontre de la population des
Yézidis
La guerre en toute impunité depuis 1996
Mise à jour du 15 Mars 2016
"Viols, armes de guerre : pour un tribunal pénal international en République démocratique du Congo".
Après la sortie du film "L'homme qui répare les femmes"[6] , un colloque avait été organisé le mercredi 9 mars 2016 à la mairie de Paris
Des responsables et acteurs de ce combat étaient présents au côté du Docteur Denis Mukwege, en partenariat avec le réseau féministe "Ruptures"
Le colloque
Dans la salle comble règne un brouhaha joyeux : beaucoup de femmes africaines, des femmes européennes en grand nombre, peu d'hommes. Plusieurs générations sont représentées.
Le Docteur Mukwege est assis dans le public. A ses côtés, le réalisateur du film, Thierry Michel et des élus ainsi que des représentantes des cinquante deux marraines[7] dont la doyenne a quatre-vingts seize ans.
Le colloque débute par une vidéo qui projette des images de femmes qui tentent de se reconstruire avec l'aide d'autres femmes. Des femmes médecins, assistantes sociales, avocates, psychologues, conseillères juridiques, médiatrices familiales toutes dévouées à la cause de leurs "'sœurs" victimes et bannies.
Les photos ont été prises dans l'hôpital de Panzi où elles sont accueillies dans "les maisons d'écoute".
Plusieurs intervenants vont faire une communication avant celle du Docteur Denis Mukwege.
Tous unis dans le combat qu'ils mènent pour faire reconnaître auprès d'un tribunal international les horreurs que subissent les victimes de ces hordes armées qui violent des femmes comme "une arme de guerre massive" ainsi que le martèle le Docteur Denis Mukwege.
Le colloque prendra fin par un cri d'alarme lancé par le réalisateur du film "l'homme qui répare les femmes, la colère d'Hippocrate".
La guerre en toute impunité depuis 1996
La plupart des femmes congolaises violées viennent de la région du Nord Kivu terrain de guerre depuis 1996. "Le minerai du sang" est l'objet de convoitise de hordes incontrôlables. Le Coltan source d'esclavagisme moderne génère le conflit le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale. avec des millions de morts et de personnes déplacées.
Comment faire reconnaître ces crimes par un tribunal international
Maître Amuli Réty[8] avocat et Jean-claude Bagayamukwe Dunia, bâtonnier du barreau de Bukavu au Sud-Kivu, expliquent leur combat au quotidien pour faire condamner les bourreaux des femmes congolaises violées.
Confrontés à des obstacles socio-économiques, ils ont organisé des consultations gratuites. Le tribunal se déplace jusqu'aux villages les plus éloignés de la Cour.
Il faut des mois avant qu'un jugement soit rendu et personne ne sait comment l'appliquer. De toute façon les accusés font appel et tout est à refaire.
Les autorités gouvernementales ne montrent aucune volonté pour agir. La responsabilité revient aux Nations Unies.
Six cent incidents volontaires ont été recensés couverts par la loi du silence entre mars 1993 et juin 2003. La police scientifique et technique est financée à hauteur de 25 à 30 millions de dollars, et il n'y a toujours pas de fichier ADN.
Le témoignage de Caddy Adzuba Furaha[9]
Caddy Adzuba Furaha témoigne avec détermination et inquiétude. Depuis l'âge de quatorze ans (elle en a trente quatre aujourd'hui) elle a connu la guerre. Sa propre mère a été violée. Au risque de sa vie, elle n'a pas hésité à aller dans des villages secourir des femmes abandonnées, laissées pour mortes.
Sa bataille est quotidienne pour dénoncer les violations des droits de l'Homme et offrir une vie meilleure aux femmes victimes de viols ainsi qu'à leurs enfants.
Le Docteur Denis Mukwege
Le docteur Mukwege est applaudi, accompagné des youyous de femmes africaines qui lui témoignent toute leur reconnaissance.
Le ton de sa voix est grave pour nous raconter l'attaque de l'hôpital de Lemera en 1996.
Nombre de ses collaborateurs et patients ont été assassinés. Il n'y aura jamais de commémoration de ce massacre.
A la suite de cette destruction le docteur a créé l'hôpital de Panzi et sa fondation.
Il affirme que les viols ne sont pas des actes gratuits sexuels mais une volonté de tuer au sein même de villages entiers, en public, devant les hommes impuissants.
Beaucoup de femmes en meurent. Restent les enfants, porteurs de traumatismes psychologiques. Il y a un risque de contamination par le virus du sida. Nombre de ces femmes n'auront pas d'autres enfants. Elles sont confrontées à la précarité. La plupart d'entre elles ignorent qu'elles peuvent porter plainte.
Face à cette situation, la fondation Panzi propose des aides médicales, chirurgicales, psychologiques et socio-économiques.
Le réalisateur du film Thierry Michel conclut le colloque en lançant un cri d'alarme : " le silence tue, la parole aussi peut tuer"
Il cite en exemple l'assassinat de Floribert Chabaya[10] retrouvé mort dans sa voiture, ligoté.
La veille de ce colloque, aux Nations Unies, une lettre ouverte soutenue par cent quatre vingt deux femmes congolaises a été rendue publique afin de dire NON à l'impunité des auteurs de ces crimes.
L'ACAT[11]
Cette organisation se mobilise particulièrement contre la pratique de l'excision et soutient les actions du Docteur Mukwege en organisant dans différentes villes des débats qui font suite aux projections du film : "l'Homme qui répare les femmes".
Évelyne L.
Évelyne L.
Memorial 98
Ce film documentaire de Thierry
Michel[1] et Colette Braeckman[2] évoque le destin du médecin congolais Denis
Mukwege, ainsi celui des centaines de milliers de femmes victimes de
viol, dans un Congo ravagé par la guerre. Ce médecin s’est spécialisé
dans la reconstitution génitale des femmes victimes de violences sexuelles en
temps de guerre. En l'espace de seize années, il a opéré plus de 50
000 femmes violées et mutilées de sa région.
Il faut voir ce film qui nous montre
ces luttes armées sous l'œil impuissant de l'ONU et l'indifférence des
multinationales.
Preuve de sa pertinence, le film a
été provisoirement interdit de diffusion en république démocratique du Congo
(RDC) en septembre 2015 au motif d'une « volonté manifeste de nuire à l'armée
congolaise et de salir son image ». Depuis, il a été interdit définitivement.
Un film beau et poignant
La république démocratique du Congo,
ses montagnes et le fleuve qui lui donne son nom.
Quand le film débute, la caméra
s'attarde sur cette immensité tranquille, comme un défi à ce pays livré aux
pires exactions.
Un homme chante une mélopée. La
pluie ruisselle tandis que les larmes coulent sur les visages de ces femmes et
de ces jeunes filles. Elles ont subi des sévices inimaginables.
Une voix ancestrale s'élève
au-dessus de ce paysage grandiose, elle se perd dans l'horizon.
Le médecin, personnage magnifique.
Une stature herculéenne, rien ne
semble l'arrêter, pas même les menaces de mort qui le guettent à chacun de ses
déplacements qu'il effectue d’ailleurs avec une garde rapprochée.
Sa modestie n'a d'égal que son sourire
dont il ne se départit jamais, excepté au cours des opérations chirurgicales
quand il découvre des lésions génitales particulièrement sévères. . La
chirurgie gynécologique doit en effet être réinventée par le médecin et son
équipe pour faire face à des blessures inconnues jusque là.
Il règne dans l'hôpital de
Panzi une solidarité exemplaire.
Les actions du Dr Mukwege ont
dérangé les criminels de guerre et leurs complices. Il a dû s’exiler un temps
en Europe mais grâce à la mobilisation de nombreuses femmes congolaises, il a
pu revenir pour continuer son combat.
Quasiment assigné à résidence,
dans ce lieu de réparation de blessures jamais vues, il accueille par
milliers des épouses de tous âges, meurtries, humiliées, chassées par
leur famille après avoir subi un viol.
Le docteur Mukwege les écoute. C'est
un passage particulièrement impressionnant du film.
Elles finissent par confier leur
dégradation, leur exclusion.
Il sait les réconforter d'un regard,
d'un mot, d'un geste… elles pleurent enfin.
En costume au Parlement Européen, en
blouse blanche parmi la population ou ses patientes, dans le bloc opératoire il
combat, il lutte sans relâche pour que soient reconnues les atrocités commises
dans son pays, pour qu'elles cessent.
A la fin du film, il nous mène sur
un lieu où il aime à se reposer, un sentier dans la montagne, juste à la
croisée du Burundi, du Rwanda et de la République Démocratique du Congo. La
voix de haute-contre ponctue ce documentaire qui laisse d’abord sans voix
puis donne envie de réagir.
Les viols sont des armes de guerre.
Le documentaire nous informe sur ce
qui se passe dans ces contrées plongées dans la misère et la violence.
La république démocratique du Congo
vit dans un état de guerre depuis 16 ans.
En 1996, une rébellion contre Mobutu
Sese Seko, le dictateur de l'époque, amène Laurent Kabila au pouvoir. Son
fils Joseph Kabila lui a succédé après son assassinat en 2001.
Ces dictateurs se soutiennent et
changent la Constitution pour qu'à la fin de leur mandat, ils puissent être
réélus. Ce qui fera dire à un personnage du film :" il faut mille cadavres
pour devenir général".
De l’hôpital de Panzi partent des
demandes de justice. Une avocate travaille à plein temps pour tenter de faire
reconnaître les crimes commis et afin que soient jugés les hommes qui
commettent de telles atrocités. Les procès sont fantoches, les accusés nient
leur participation à ces viols abominables. Il y a bien une sentence. Elle ne
sera pas appliquée, moyennant le versement de 100 dollars. Les juges sont
ainsi surnommés « Monsieur cent dollars »
Une guerre meurtrière pour la
possession du minerai
Le film retrace la course au minerai
et dénonce le sort des congolais livrés à la pauvreté et confrontés aux
multinationales qui ne pensent qu'au profit. Le manque de traçabilité des
minerais est un scandale écologique. Alors que règne la pauvreté, les richesses
du Congo sont pillées par les multinationales qui exploitent le « minerai
du sang » .
Les travailleurs congolais triment
dans les mines et se font massacrer.
« Tantale[3], » est devenu le nom de
cette ressource obtenue en raffinant le Coltan dont la la RDC dispose de
80 % des réserves connues.
Une campagne de soutien
Les projections de ce film sont
soutenues par l’ACAT (Action chrétienne contre la torture et la peine de
mort) ainsi que par
Amnesty International
L'ACAT a lancé une
campagne de soutien aux actions de l'hôpital de Panzi et intervient dans
les débats qui ont lieu lors de la projection du film.
Elle se mobilise
particulièrement contre la pratique de l’excision et le viol
conjugal
Dans ce cadre elle organise des
groupes de paroles "SOS femmes africaines en danger" qui constituent
un outil de mobilisation et de sensibilisation contre les violences sexuelles.
Le docteur Mukwege sera présent lors
d'un colloque à Paris le 9 mars 2016 [4]
Evelyne L.
Notes
[1]Thierry Michel :
scénariste, réalisateur et journaliste
[2] Colette Braeckman : journaliste,
co-scénariste et auteure du livre L’Homme qui répare les femmes. Éminente
spécialiste de l’Afrique centrale elle a écrit de nombreux ouvrages dont : Le
Dinosaure ou le Zaïre de Mobutu, Rwanda, histoire d’un génocide, Les racines de
la violence, L’enjeu congolais, Les nouveaux prédateurs
[3] Dans la mythologie, le mortel
Tantale vola les Dieux lors d’un festin pour offrir les mets aux hommes. Les
divinités, furieuses d’avoir été trompées par un homme auquel elles avaient
accordé leur confiance, l’enfermèrent en enfer au beau milieu d’arbres
fruitiers et à côté d’un lac dont les fruits ou l’eau se rétractaient dès que
Tantale voulait étancher sa faim ou sa soif. Le malheureux fut condamné à vivre
dans le besoin éternel au milieu de l’opulence. Mais le tantale tient
aujourd’hui sa revanche. Une triste revanche !
[4] Colloque à Paris :
«Viols, armes de guerre: pour un tribunal pénal international en République
démocratique du Congo (RDC) Mercredi 9 mars En présence du Dr Denis
Mukwege, gynécologue et fondateur de l’hôpital de Panzi.
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