Journée noire à Berlin: racisme et négationnisme au Parlement allemand

   
  

                                            Mémorial de la Shoah de Berlin.

Mise à jour du 23 novembre  2017: 

Une belle action anti-fasciste:

Un groupe de militants allemands installe un mini-mémorial de la Shoah  (voir aussi la vidéo en lien) devant le domicile d’un leader d’extrême droite.

Les blocs de bétons sont la réplique du monument de Berlin aux Juifs assassinés d’Europe et ils sont posés devant le jardin de Bjoern Hoecke,  leader du parti AfD.

 

La performance est signée du collectif d’artistes « Centre pour la Beauté politique » qui reproche à Bjoern Hoecke d’avoir publiquement critiqué la présence du Mémorial de la Shoah dans le centre de Berlin (voir ci-dessous).

Morius Eden, membre du « Collectif pour la beauté politique » qui organise cette action,  déclare: “ En tant que professeurs d’histoire, nous conseillons à Mr Hocke  de tirer les leçons de l’histoire allemande. Il a tout simplement tiré un trait sur ce qu’il s’est passé entre 1932 et 1945. Il regarde ce qu’il s’est passé avant et après, mais à ses yeux rien n’a eu lieu dans cette période. Il doit en prendre conscience. S’il le fait, nous aurons atteint notre objectif. “

Les artistes s’engagent à enlever le monument dans le cas où Bjoern Hoecke reviendrait sur ses positions.

A l'heure où est discutée la possibilité de nouvelles élections législatives, une telle dénonciation de l'extrême-droite est salutaire. 

MEMORIAL 98

      

Mise à jour du 24 octobre  2017: 

Journée noire à Berlin, scandale et provocations avec l'entrée de 92 députés d' extrême-droite au Parlement.

C'est une raison supplémentaire pour commémorer dans quelques jours  la "Nuit de Cristal", pogrom antisémite organisé par les nazis le 9 novembre 1938; à Paris Memorial 98 organise, pour la quatrième année consécutive, un rassemblement de mémoire et de solidarité le 9 novembre à 19h devant le gymnase Japy (voir ci-dessous)
  
http://www.memorial98.org/2017/10/nuit-de-cristal-2017.html

MEMORIAL 98

     
« Le peuple a décidé, une nouvelle ère débute maintenant », a lancé de manière insolente  Bernd Baumann, l’un des représentants des 92 députés du parti anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD), lors de la séance inaugurale du nouveau Bundestag, le Parlement issu des élections législatives du 24 septembre.
Jamais depuis l’après-guerre le Parlement national allemand n’avait compté autant d’élus de l’extrême-droite nationaliste,

D’emblée, l’AfD a provoqué en se disant ostracisée par les autres partis et en osant  se comparer aux victimes des méthodes nazies.

Baumann a dénoncé « les manœuvres » visant à empêcher qu’un député AfD ne prononce le discours d’ouverture au Bundestag. Cette tâche aurait dû revenir au doyen de l’assemblée, le député d’extrême-droite Wolfgang von Gottfried

Mais l’homme a qualifié la Shoah de « mythe » et afin de lui barrer la route, le Bundestag a fort justement changé ses règles : désormais le doyen n’est plus le député le plus âgé, mais celui élu depuis le plus longtemps. C’est finalement un élu de 76 ans qui s’est exprimé.

« Depuis 1848, la tradition veut que la séance inaugurale soit ouverte par le député le plus âgé », s’est emporté le représentant de l’AfD.

« Il n’y a eu qu’une exception », en 1933, quand le dignitaire nazi Hermann Göering, alors président du Reichstag, « a brisé cette règle parce qu’il voulait écarter des opposants politiques », a tempêté M. Baumann.

La référence aux pratiques nazies a suscité l’indignation. En vous comparant aux victimes de Göering, « vous avez vous-même dépassés les limites du bon goût », lui a rétorqué le libéral Marco Buschmann.

L’AfD « n’a pas eu honte aujourd’hui de se mettre au même niveau que les victimes du national-socialisme », a renchéri le député Vert Jürgen Trittin.

MEMORIAL 98

Mise à jour du 22 octobre  2017



L’AfD a remporté un succès politique lors des élections législatives du 24 septembre avec plus de 12% des voix qui lui assurent 94 députés. Parmi eux figurent plusieurs néo-nazis, négationnistes et ultra-racistes.
Des milliers de manifestants ont déjà défilé dimanche 22 octobre à Berlin pour protester contre les débuts au Parlement cette semaine de ce parti d'extrême droite.

Brandissant des pancartes avec des slogans comme «Stop à l'AfD» ou «Mon coeur bat pour la diversité», ils ont défilé deux jours avant que les députés de l'AfD ne participent à la première séance du Bundestag.

Nous leur apportons notre soutien et notre solidarité.

Mise à jour du 23 avril  2017

Alors que le congrès de l'AfD se termine à Cologne, nous saluons les milliers de manifestant.e.s qui se sont mobilisé contre sa tenue et ont montré une fois de plus la force du sentiment anti-fasciste en Allemagne.

Au sein du congrès, on a assisté à une crise et à une radicalisation à droite. Celle-ci était déjà inscrite dans le débat lancé par le dirigeant Höcke à propos de la Shoah, dont il considère que son souvenir est trop présent et "culpabilisant" (voir ci-dessous).

La dirigeante en place, Frauke Petry, qui y a quelques semaines, tenait un sommet à Coblence avec Marine Le Pen et Geert Wilders, a été mise en minorité et n'a même pas pu présenter se motion. 
Elle a été considérée comme "trop modérée" par les délégués et l'appareil .
Désormais, c'est l'aile la plus extrémiste du parti qui le dirige, avec à sa tête Alexandre Gauland, lequel s'est opposé à l’exclusion du négationniste Höcke.  

Certains leaders de l'AfD flirtent  ouvertement avec la rhétorique nazie. Au congrès, la ligne "nationaliste" a présenté de nombreuses motions avec des argumentaires souvent copiés-collés sur le programme du parti néonazi NPD.
Alors que le discours de Petry fut accueilli par des huées, le leader de la tendance dure, Jörg Meuthen, 55 ans , a été longuement applaudi par une majorité de délégués debout.
L'AfD, prétendument "populiste",  apparaît clairement comme une organisation fasciste et devra donc être combattue comme telle.

Il est d'ailleurs surprenant que Marine Le Pen soit si peu interpellée sur sa coopération avec un tel parti. 

MEMORIAL 98

 
Mise à jour du 15 février


L'affaire Höcke se poursuit et s'aggrave. Celui qui parle d'un "Memorial de la honte en plein Berlin" à propos du Mémorial de la Shoah de cette ville, n'a pas été exclu de l'AfD dans un premier temps,  mais sous la pression, la direction du parti s'est résolue à demander qu'il le soit. Au même moment on découvre  que la candidate AfD aux législatives pour Nüremberg (!), Enira Roon publie dans une discussion interne la photo de Hitler et écrit "Adolf, l'Allemagne a besoin de toi !".

Mise à jour du 24 janvier 

Les dirigeants de l'extrême-droite européenne, se sont congratulés après la victoire de leur héraut US Trump , qui suit leur succès de la campagne raciste du Brexit . 

Dans cette ville de Coblence symbole de la réaction, là où s'installèrent les aristocrates combattant la Révolution française, ils ont communié dans la haine et l'insulte, notamment contre l'accueil des réfugiés en Allemagne.

L'immense mobilisation mondiale des femmes contre Trump et sa politique montrent la voie d'une autre solidarité internationale, celle de la fraternité et de l'opposition résolue aux régressions qu'ils veulent nous imposer.

A quelques jours de la réunion "au sommet " de l'extrême-droite européenne qu'elle organise à Coblence le 21 janvier  avec Marine Le Pen , la Ligue du Nord (Italie) et Geert Wilders (Pays-Bas),  l'AfD allemande révèle à nouveau son visage hideux.

Ce parti raciste et islamophobe est également structuré par de profonds courants antisémites et négationnistes. Ceci n'étonnera que ceux qui séparent l'antisémitisme et le racisme, et pensent que l'un n'entraîne pas forcément l'autre. 

Björn Höcke responsable régional du parti AfD en Thüringe déplore ainsi publiquement l’existence au cœur de Berlin d’un Mémorial « de la honte » rappelant l’assassinat des Juifs d’Europe par le régime nazi; il s'agit du Mémorial de la Shoah inauguré en 2005. 

Sa déclaration a lieu deux semaines avant l'anniversaire de l'accession de Hitler au pouvoir le 30  janvier1933. 

Le même jour, la Cour Constitutionnelle allemande a refusé la mise hors la loi du parti néo-nazi NPD. alors que la majorité des Allemands réclame cette interdiction. Le prétexte des juges est que certes le NPD a une «parenté avec le national-socialisme» et qu'il rêve d'instaurer un «État autoritaire fondé sur communauté populaire définie ethniquement». 

Mais ils ont cependant estimé que le mouvement n'avait «pas de portée» significative. Il n'y a «pour le moment pas assez d'éléments de poids montrant que ses objectifs puissent être couronnés de succès», a expliqué le président de la Cour. C'est à la «police et la justice» de traiter les comportements violents de militants.

 Ce refus d'interdiction a sans doute encouragé le dirigeant AfD a prononcer les paroles suivantes:

« Jusqu’à ce jour, notre état d’esprit est celui d’un peuple totalement vaincu (…) nous Allemands, notre peuple, est le seul peuple au monde qui a planté au cœur de sa capitale un monument de la honte », a dit Björn Höcke lors d’une réunion de son parti à Dresde le 17 janvier, comme le montre une vidéo mise en ligne. Suite à sa diatribe de longs applaudissements et des cris nationalistes la ponctuent.

« Il nous faut rien de moins qu’un virage à 180° de notre politique de mémoire », a-t-il martelé, dénonçant le fait que l’on enseigne une histoire « tournée en mal, en dérision » au lieu de se focaliser sur « les grands bienfaiteurs, les célèbres philosophes, les musiciens, les explorateurs et inventeurs géniaux ».

Ce responsable de l’AfD en Thüringe (Est) a réclamé « une vision positive de notre histoire » afin que le peuple allemand échappe à l’ « auto-dissolution », et puisse pleurer « ses victimes » de la Seconde Guerre mondiale, en particulier ceux tués dans le « crime de guerre » des bombardements alliés sur l'Allemagne. 

Il reprend ainsi les thèmes des néo-nazis qui commémorent chaque année le bombardement de Dresde, qu'ils considèrent comme le seul drame de la deuxième guerre mondiale.

« L’AfD montre avec ces mots des plus antisémites et inhumains son vrai visage (…) je n’aurais jamais cru que de telles déclarations d’un politique allemand étaient possibles 70 ans après l’Holocauste », a dénoncé le président  du Conseil central des juifs d’Allemagne, Josef Schuster.

Frauke Petry, dirigeante  de l’AfD, a  été contrainte de qualifier M. Höcke de « fardeau pour le parti ». Mais, signe des tensions internes, un autre responsable du mouvement, Alexander Gauland, a quant à lui défendu son collègue.

Déjà en juin dernier le groupe parlementaire d'Alternative pour l'Allemagne (AfD) au parlement du Bade-Wurtemberg refusait d'exclure un de ses membres accusé d'antisémitisme

Wolfgang Gedeon, l'élu mis en cause, avait estimé qu'au au nom de "la liberté d'expression",  rien n'interdisait de nier l'extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Jörg Meuthen, vice-président d'AfD, avait réclamé son exclusion, mais le groupe parlementaire du Bade-Wurtemberg s'est prononcé pour une mise à l'écart uniquement provisoire en attendant un examen de ses écrits par une "commission indépendante".

La mémoire de Shoah demeure, pour les fascistes et néo-nazis, une cible de négation et de profanation. Ainsi le néo-nazi français Soral a été brandir le salut nazi de la "quenelle" dans ce même Mémorial de Berlin.

Il n'y a ni oubli ni pardon pour ces actes par lesquels les héritiers du nazisme et des autres génocidaires se solidarisent avec les crimes de leurs inspirateurs 

Memorial 98

Memorial 98