A part le Front National, qui peut prétendre aujourd'hui que le
parti d'extrême-droite a la moindre difficulté à mener des
campagnes électorales ?
Personne, à part Jean-Luc Mélenchon qui relaie les sornettes de Marine Le Pen sur ses prétendues difficultés budgétaires.
La dite Marine Le Pen a déjà 6 millions d'euros assurés par le
"prêt" de la Cotelec, la structure financière de
Jean-Marie Le Pen. Un prêt dans l'entre-soi du fascisme
français, qui atteste du portefeuille bien garni de
l'extrême-droite.
En 2014, le parti avait obtenu 5 millions d'euros de fonds
publics, et se permettait un budget de fonctionnement de 8 millions
d'euros.
De plus les enquêtes judiciaires menées depuis des années ont
mis en lumière deux pratiques très répandues: d'une part,
l'obligation pour les candidats de financer eux-même une partie de
leur campagne en achetant au FN des kits de campagne. Le fasciste
ambitieux doit donc avoir les moyens de son ambition et mettre la
main à la poche. D'autre part, les emplois fictifs qui permettent de faire travailler directement pour le parti des salariés payés par l'argent public.
Certes le Front National a décidé qu'il lui fallait encore au
moins 8 millions d'euros. C'est chose commune, dans la vie, que de
vouloir plus de moyens, en politique comme dans la vie quotidienne.
Et c'est chose encore plus commune que de vouloir beaucoup
d'argent quand on en a déjà beaucoup. On ne saurait reprocher aux
fascistes d'être comme tout le monde.
Seulement, tout le monde n'a pas le culot de se déclarer pauvre
et maltraité en disposant de millions d'euros de fonds propres. Tout
le monde n'a pas le culot de prétendre être persécuté par le
prétendu "système" en percevant par ailleurs des millions
d'euros d'argent public.
Les fascistes se reconnaissent à ce qu'ils osent tout. Et l'on commence à favoriser la diffusion des thèses fascistes, dès lors qu'on reprend comme point de départ de son raisonnement, l'argumentation même des fascistes.
En demandant aux banques françaises de prêter de l'argent au FN
et en dénonçant un refus dont il ne sait rien, refus qui serait
"spécifique" au parti d'extrême-droite, c'est évidemment
tout le discours complotiste fasciste qui est avalisé. Chacun ,
évidemment , sait bien ce que l'extrême-droite met derrière sa
dénonciation des "banques" et de la "finance qui
conspire contre elle". Chacun et, Jean-Luc Mélenchon en premier
lieu, car nul ne peut ignorer l'un des codes antisémites les plus éculés de l'extrême-droite.
" Mais enfin, il y a les faits", diront certains. Quels faits ? Les quelques lettres de refus de prêts fournis par le FN il y a quelques mois ? Mais chaque client de banque sait bien qu'un refus de prêt ne témoigne en général pas d'un acharnement personnel. Ainsi certaines banques mises en cause ont-elle fait savoir qu'elles ne finançaient pas les partis politiques. D'autres ont pu avoir cent raisons de ne pas financer spécifiquement le Front National. Le FN , dans sa propagande, ne fournit évidemment pas ses dossiers de demande, ni les garanties qu'il propose. On peut également penser qu'une banque prudente hésitera à financer un parti et un micro-parti Jeanne, qui font actuellement l'objet de procédures judiciaires pour des délits liés à des malversations financières et à du détournement d'argent public. Lesquelles procédures pourraient aboutir et coûter cher au parti et à ses dirigeants.
Aussi bien, affirmer qu'il y ait dans les quelques refus présentés par
le FN une affaire politique est une affirmation gratuite de
propagande. D'ailleurs il y a un élément factuel tout à fait
concret et connu de tous qui devrait clore le débat: a-t-on jamais
vu le FN ne pas faire campagne , et campagne somptueuse, et tout à
fait semblable à celles d'autres partis ? Non.
Comme on ne l'a jamais vu ne pas obtenir ses 500 signatures, y compris avec l'aide de partis de droite qui prétendent le combattre( voir ici). Ce
qui était le prétexte précédent pour hurler au déni de
démocratie, et au complot , pour obtenir une couverture médiatique
assurée en début de campagne, et pour faire passer les vessies pour
des lanternes, et les châtelains de Saint Cloud pour des roturiers
persécutés. Malheureusement, cette mystification là a fait long
feu, conséquence des succès électoraux du Front, justement, qui
rendent très visible le fait qu'il disposera sur ses propres forces
des signatures nécessaires.
Faute de grives, on mange des merles, et la sornette du complot
des banques en fait donc office. Elle a un second avantage, permettre
de présenter les liens évidents et structurels entre les réseaux
de Poutine et Marine Le Pen comme une "obligation", sans
signification politique. Et une nouvelle fois, sur ce sujet, ce
n'est pas de manière désintéressée que Mélenchon avale les
couleuvres brunes et les recrache telles quelles. Sa ligne politique,
en effet, ne présente sur la défense de Poutine, que peu de
différences avec celle des Le Pen, on l'a vu encore récemment sur
ses déclarations infâmes concernant la révolution syrienne, et son
voeu d'une "coalition universelle avec la Russie," c'est à
dire un regroupement militaire avec le boucher d'Alep.
Tout ceci serait juste pitoyable si chaque reprise des campagnes
du FN n'élargissait pas son audience . Tout ceci serait juste
pitoyable, si on ne touchait pas au cœur même du discours
fasciste : se faire passer pour une victime quand on est un
bourreau, éructer de front les mensonges les plus grotesques pour
imposer une vision déformée et dangereuse de la réalité.
Car l'antiracisme conduit, logiquement à un seul souhait, qui
malheureusement reste un vœu pieux : qu'effectivement le Front
National, comme toutes les autres formations fascistes cesse de
bénéficier de la manne de l'argent public d'une démocratie qu'il
combat de toutes ses forces. Qu'il y ait des banques pour lui refuser
même mille euros. Si seulement, mais si seulement il y avait un
complot généralisé contre le Front National, et bien il aurait
pour nom antifascisme.
Seulement voilà, il n'y en a pas. Le risque que Marine Le Pen
devienne présidente n'a jamais été aussi élevé. Et chaque
reprise de sa propagande par un autre parti conforte ce risque et de
manière générale , diffuse dans tous les camps politique la vision
du monde mensongère des fascistes.
Le Front National est un parti riche, puissant et influent. Que
cette évidence là soit balayée dans ce que les partisans de
Mélenchon appellent un « trait d'esprit » et un « coup
de pied à l'âne » est à la fois inacceptable et désastreux.
Les ânes au moins, ont de la mémoire.
Nad Iam
MEMORIAL 98
Nad Iam
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