samedi 17 janvier 2015

Qu'y a-t-il dans le "Je suis Charlie Coulibaly" de Dieudonné ?

Après la manifestation parisienne du dimanche 11 janvier 2015 suite aux attentats des jours précédents - dont la prise d'otage antisémite d'Amedy Coulibaly dans une épicerie casher à Porte de Vincennes, qui a fait 4 morts - Dieudonné a déclaré notamment : "je me sens Charlie Coulibaly"
Dieudonné multiplie décidément les provocations : il affirme ainsi son soutien à l’assassinat de Michel Saada, Yoav Hattab, Yohan Cohen, Philippe Braham, tués par Coulibaly, parce que juifs.
Dieudonné n'a pas dit "Je suis Ahmed Coulibaly", il n'a pas dit "Je suis Charlie Kouachi", il a bien choisi ses mots.
Il joue à la fois sur le mot d'ordre très ambigu "défense de la liberté d'expression" et sur l'antisémitisme qui n'a pas disparu, et qui fait qu'une partie des gens se sent solidaire de Charlie Hebdo, mais ne se sentait pas particulièrement touchée par exemple par la tuerie commise par Merah.  
Quelle ambiguïté y a-t-il dans la défense de la liberté d'expression ? Celle qu'il y a à chaque fois que le camp fasciste s'empare d'un terme, celle qu'il y a à ne pas préciser de quoi on parle.
La liberté d'expression, ce n'est pas débiter ses histoires un peu racistes, un peu homophobes, un peu antisémites, un peu sexistes, sans que personne ne puisse y trouver à redire, ou vous demander des comptes. Ce n'est pas se vautrer dans la jouissance débridée et mortifère des paroles de haine, de l'oppression et de la déshumanisation des minorités
Comme toute liberté, elle implique des responsabilités. Pour ceux qui prennent la parole, comme pour ceux qui écoutent, et répètent. 
 
Le parquet poursuit Dieudonné pour apologie du terrorisme pour la seconde fois.
Mais il devrait aussi et surtout être poursuivi sur la base de la législation antiraciste, pour incitation à la haine raciale contre les Juifs.  Nous avons une excellente législation antiraciste, qui a la qualité de ne pas faire partie d'un arsenal d'exception, contrairement aux lois antiterroristes, il convient de s'en servir, voilà tout.
Bien évidemment la défense de Dieudonné face à l'accusation d'apologie du terrorisme sera de dire "puisque j'ai dit je suis Charlie, je combats le terrorisme, et j'ai dit je suis Coulibaly, parce que je suis noir et que je me bats contre l'assimilation de tous les Coulibaly avec les terroristes", et ainsi de suite.

Et parce que la justice n'est qu'un outil parmi d'autres, il appartient à tous les antiracistes de se mobiliser, dans les procès, dans la rue, au quotidien, sur les réseaux sociaux...

Il faut aussi bien se souvenir de la position de Dieudonné au niveau international, puisqu'il fait référence à un terroriste qui se revendique du califat de l'Etat Islamique. 
En août 2014, il poste une vidéo sur James Folley (journaliste américain décapité par l'Etat Islamique) dans laquelle il déclare que « La décapitation symbolise le progrès, l'accès à la civilisation »). Mais cela ne doit pas faire oublier qu'il est un fervent soutien d'Assad et que lui et les siens, comme l'extrême-droite du FN ont dénoncé Daesh depuis très longtemps....pour faire oublier la révolution syrienne qui combattait à la fois Assad et Daesh. 
Et il devient vital de mettre l'analyse de ce qui se passe en Syrie au premier plan aujourd'hui, c'est malheureusement un des enseignements qui seront sans doute des plus négligés comme ils l'ont été depuis trois ans, alors que la propagande djihadiste, elle, a su utiliser les massacres commis par Assad


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