Plusieurs mises à jour à la suite de l'article dont une rappelle le rôle central de David Lisnard, maire de Cannes.
25 aout
C’est l’entrée en campagne de Sarkozy pour la primaire de la droite qui a déterminé la décision des maires de son parti de prendre des arrêtés dit « anti-burkini » et d’ouvrir ainsi un nouvel épisode de la stigmatisation des musulman.e.s de ce pays.
Son arrêté reprend exactement les termes de celui de Cannes
A cette période Sarkozy a évidemment déjà fixé le cadre de sa campagne qui sera lancée par son interview à Valeurs actuelles le 11 aout.
«Beaucoup d'électeurs FN ont constaté que Nicolas Sarkozy disait les mêmes choses que Le Pen, mais que lui avait une chance de les mettre un jour en application. Ils ont donc voté utile. Parce qu'ils ont cessé de croire à l'accession de Le Pen au pouvoir» ( in Le Canard enchaîné du 25 Avril 2007
Dès lors, quoi de plus facile et de plus pervers pour Sartkozy que de s’attaquer aux femmes musulmanes, accusées de "faire allégeance au terrorisme" ? Qu’importe que le burkini et la présence à la plage soient honnis par les fondamentalistes islamistes? Qu’importe que cette polémique génère une fracture chez de nombreux musulmans et puisse alimenter le discours djihadiste, comme l’explique le spécialiste David Thomson ?
Dès le 16 août, trois de ses soutiens annoncent l’interdiction du burkini sur leurs plages : Michel Py à Leucate, Natacha Bouchart à Calais, Daniel Fasquelle au Touquet. […] Dans les Alpes-Maritimes, après les arrêtés pris isolément par les maires de Cannes, Mandelieu et Villeneuve-Loubet, un mouvement bien plus organisé se prépare.
Pression sur les maires
Un homme joue le rôle de détonateur : Xavier Beck, maire de Cap-d’Ail, commune de 5.000 habitants collée à Monaco. Beck est un protégé d’Eric Ciotti, lieutenant de Sarkozy et homme fort du département. […] Le 16 août, il envoie son texte anti-burkini à la préfecture. […] Dans la foulée, quatre communes voisines de Cap-d’Ail prennent le même arrêté : Saint-Jean-Cap-Ferrat, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu-sur-Mer et Eze. […]
Le mouvement est lancé. Sur les maires du littoral qui n’ont pas pris d’arrêté, la pression est immense. […] Les édiles les plus réticents finissent par signer : Roquebrune, Théoule-sur-Mer, Saint-Laurent-du-Var.
"Je lisais que le burkini était interdit partout ailleurs et je me disais : ces femmes vont toutes venir chez moi", se souvient Joseph Ségura, maire de Saint-Laurent-du-Var.
A son tour, Christian Estrosi, le "vrai-faux maire" de Nice, signe un arrêté le 19 août. A contrecœur, tant il voit la main de son rival Ciotti derrière ce déferlement. Plus tard, il dira :
"C’est un non-sens d’avoir pris ces arrêtés."
Regrets similaires chez Stéphane Cherki, maire d’Eze : "J'ai peut-être fait une erreur."
Le mensonge se fissure
Dans les Alpes-Maritimes, une douzaine d’arrêtés sont pris en une semaine. Officiellement, pas un coup de fil, aucun mot d’ordre. Le maire de Menton, Jean-Claude Guibal, invoque des "fluides magnétiques" pour expliquer que tous aient senti la même urgence, au même moment, de signer le même arrêté, copié-collé de celui de Cannes.
Il nous faudra promettre l’anonymat pour que ce mensonge se fissure.
"Oui, les maires se sont parlé. On nous a réclamé un soutien moral, il fallait montrer notre solidarité", lâche un édile.
"Bien sûr qu’il y a eu un donneur d’ordres", témoigne un autre élu.Pour les sarkozystes, l’objectif est atteint : à la télévision, dans la presse, dans les dîners, on ne parle que du burkini…"
MEMORIAL 98
Actualisation du 5 octobre 2016
Le candidat à la primaire a semblé confirmer ce 5 octobre l'information selon laquelle son entourage planchait sur un texte interdisant le voile dans la rue, à l'exclusion de tous les autres signes religieux.
Les démentis diffusés par ses communicants, qui prétendent qu'il s'agissait uniquement de l'interdiction du burkini ou du voile intégral (déjà interdit par la loi) montrent que Sarkozy cherche en permanence à focaliser le débat sur ses provocations et manipulations islamophobes.
Actualisation du 6 septembre 2016
La vérité sur la manipulation de Sarkozy commence à se faire jour et confirme nôtre analyse, formulée ici dès le 25 aout.
Selon l'hebdomadaire l'Express, un maire LR et juppéiste d’une ville du Sud-Est a livré le témoignage suivant : « Nicolas Sarkozy a appelé lui-même certains maires pour qu’ils signent des arrêtés interdisant le burkini! Eric Ciotti [président du conseil général des Alpes-Maritimes, qui est l’un de ses porte-parole, NDLR] téléphonait et l’ancien chef de l’État passait derrière pour remettre un coup de pression. »
Sarkozy veut changer la Constitution.
A nouveau Sarkozy poursuit le plan de provocation raciste qu'il a initié par la promulgation des arrêtés anti-burkini.
Il réclame maintenant un changement de la Constitution en prétextant qu'on " ne peut pas laisser les maires seuls face à la situation".
Il veut ainsi imposer une loi d'interdiction du burkini, voire du voile.
L'incendiaire Sarkozy prétexte du feu qu'il a allumé afin de poursuivre à jeter de l'huile sur les flammes.
Cette campagne et le climat créé sont d'ores et déjà responsables du grave incident de Tremblay (93) au cours duquel un restaurateur a chassé des femmes musulmanes de son établissement.
Ceux et celles qui prêtent la main à l'entreprise sarkozyste, et au premier plan Manuel Valls, ou qui gardent le silence, prennent une lourde responsabilité. On favorise ainsi la diffusion des idées les plus toxiques. Le FN et Daech peuvent se frotter les mains.
Memorial 98
Actualisation du 26 aout 2016:
Le Conseil d’État a censuré et suspendu l'arrêté anti-burkini de Villeneuve-Loubet, mais la droite et ses alliés FN, ainsi que Manuel Valls, persistent et escaladent.
L’ordonnance du Conseil d’État précise fort bien que « l’arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle. »
Ces derniers ont d’ailleurs refusé d’annuler leurs arrêtés.
Les déclarations de Sarkozy à la télévision et lors de son premier meeting à Châteaurenard démontrent à nouveau qu’il met en œuvre un plan soigneusement prémédité, puisqu’il a immédiatement réclamé une loi permettant d’interdire le burkini.
Dans son sillage, la plupart des ténors de droite (sauf Juppé) et le FN ont appelé à modifier la loi actuelle.
La bataille va donc se poursuivre et même s’amplifier.