Affichage des articles dont le libellé est droit du sol. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est droit du sol. Afficher tous les articles

mardi 6 décembre 2016

6 décembre: en mémoire de Malik Oussekine et Abdel Benyahia






Ni oubli, ni pardon: en ce jour anniversaire de sa mort nous pensons à Malik Oussekine (ci-dessus), tué par les "pelotons voltigeurs" de la police parisienne dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, en pleine mobilisation étudiante contre les lois Devaquet. 

Memorial 98 salue sa mémoire, se souvient de la responsabilité directe de Pasqua et Pandraud, ministres de l'Intérieur et de la Police de l'époque, ainsi que de celle de Chirac, chef du gouvernement.
Les pelotons voltigeurs ont été mis en service par Pandraud. Ce sont des policiers montés à deux sur une moto tout-terrain ; l’un conduit, l’autre est armé d’une matraque. Ils ont comme mission de « nettoyer » les rues après les manifestations en pourchassant les  prétendus « casseurs ». 
À Paris, à la suite d’une manifestation pacifique arrivée à la Sorbonne, au Quartier latin, les “voltigeurs” prennent en chasse les jeunes qu’ils croisent. 
Malik Oussekine, un étudiant marocain de 22 ans, sort d'un club de jazz en plein Quartier Latin. Il est minuit. Des “voltigeurs” le remarquent et se lancent à sa poursuite. Malik Oussekine se met à courir. Un témoin qui rentrait chez lui, Paul Bayzelon, fonctionnaire au ministère des Finances, habitant l’immeuble, au 20 rue Monsieur le Prince (6earrondissement), a déclaré :
« Je rentrais chez moi. Au moment de refermer la porte après avoir composé le code, je vois le visage affolé d’un jeune homme. Je le fais passer et je veux refermer la porte. Deux policiers s’engouffrent dans le hall, se précipitent sur le type réfugié au fond et le frappent avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos. La victime se contentait de crier : “je n’ai rien fait, je n’ai rien fait” ».
Paul Bayzelon a dit avoir voulu s’interposer mais s’être fait lui aussi matraquer jusqu’au moment où il a sorti sa carte de fonctionnaire. Puis les policiers sont partis, laissant Malik Oussékine sur le carreau.
Peu après le Samu arrive sur place. Ils apportent les premiers soins à Malik Oussekine et le transportent à l’hôpital Cochin où il meurt des suites des coups portés par la police.  
Ce corps de police fut dissous à la suite de cette affaire. Le ministre Devaquet démissionna, sa réforme fut retirée ainsi que le projet gouvernemental raciste qui s'attaquait au droit du sol (voir ici)  

On se souvient aussi comment le Front National a, un an plus tard, commenté sa mort : « Des Français comme les Oussekine, on peut s’en passer […]. On se souvient de la mort du petit casseur gauchiste nommé Malik Oussekine. Malgré son état de santé lamentable, il n’avait pas hésité à attaquer en pleine nuit les forces de police chargées du maintien de l’ordre » (extrait du journal du Front national du Var , 20 janvier 1988).

Quant aux assassins de Malik Oussekine, les policiers voltigeurs Schmitt et Garcia, ils ne seront inculpés que de "coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Aux assises, en 1990, ils s’en tireront avec cinq ans de prison avec sursis pour le premier, deux ans pour le second.

Nous nous souvenons également de Abdel Benyahia tué dans la même nuit  du 5 au 6 décembre 1986 à Pantin à l'âge de 20 ans, par un inspecteur de police qui n’était pas en service. Dans les manifestations qui suivirent, les noms de Malik Oussekine et d'Abdel Benyahia étaient associés,   même si aujourd'hui, malheureusement, la mémoire du second se perd. 
Ainsi  lorsque Malik Oussekine est enterré à Paris, une manifestation à la mémoire des deux victimes, Malik Oussekine et d'Abdel Benyahia réunit plusieurs centaines de milliers de personnes.



Au lendemain de la mort d'Abdel Benyahia, pendant 48 heures, c’est le blackout total dans tous les services.
 La famille n’est avertie que le 8 décembre de l’endroit où a été transporté le corps. 
 Le policier Savrey est n'est inculpé que d' "d’homicide involontaire" et laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Il avait 1, 83 grammes/litre d'alcool dans le sang. Maître Forster avocat de la famille Benyahia déclara alors : "C’est sur réquisition du ministère que le juge d’instruction n’a pas délivré de mandat de dépôt à l’encontre du policier". 
A la Cité des 4000 (La Courneuve) où habitait la famille Benyahia, se constitua le Comité justice pour Abdel qui s’acharna à réclamer la vérité. Six mois après le meurtre, le crime fut requalifié "d’homicide volontaire" et Savrey est incarcéré. Le procès aux assises eut lieu en novembre 1988. Des policiers déclarent alors  à la barre : "Vous savez bien que dans la police tout le monde boit ; un autre fonctionnaire aurait eu le même geste. On peut imaginer alcoolémie ou pas, qu’on aurait abouti au même résultat".  Le  réquisitoire demandait  8 ans  de réclusion. Verdict du jury : 7 ans de réclusion.

En cet anniversaire on se souvient aussi de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré le 27 octobre 2015 ( voir ici) avec le scandale de l'impunité policière et plus près de nous de la mort d'Adama Traoré, victime des violences des gendarmes,  mort le 19 juillet 2016 à la gendarmerie de Persan après son interpellation. Sa famille et ses amis sont harcelés depuis.

Nous n'oublions pas et réclamons la justice, la vérité ainsi que la fin de l'impunité.

MEMORIAL 98



jeudi 25 août 2016

Sarkozy est l'ordonnateur direct des arrêtés anti-burkini





                                   A Nice, les policiers de Estrosi en action.







Plusieurs mises à jour à la suite de l'article dont une rappelle le rôle central de David Lisnard, maire de Cannes.

25 aout
C’est l’entrée en campagne de Sarkozy pour la primaire de la droite qui a déterminé la décision des maires de son parti de prendre des arrêtés dit « anti-burkini » et d’ouvrir ainsi un nouvel épisode de la stigmatisation des musulman.e.s de ce pays.

Nulle théorie du complot dans ce constat mais un examen de la chronologie des événements, des thèmes de campagne sarkozystes et du casting de ses responsables ( Hortefeux, Wauquiez, Ciotti) . 
On y ajoutera le mode de fonctionnement très centralisé des soutiens de Sarkozy, qui laisse fort peu de place aux initiatives locales  

Le 28 juillet, le maire LR de Cannes, David Lisnard,  relativement peu connu, prend le premier arrêté. C'est un proche de Ciotti.
Il est immédiatement suivi par le député-maire de Villeneuve-Loubet LR Lionnel Luca, qui se présente comme le représentant de la "garde de fer sarkozyste " adepte des références antisémites et nostalgique du fascisme roumain. 
Son arrêté reprend exactement les termes de celui de Cannes
Puis vient Estrosi, dont on sait qu'il est le petit télégraphiste habituel de Sarkozy, malgré quelques mises en scène de brouilles temporaires.

A cette période Sarkozy a  évidemment déjà fixé le cadre de sa campagne qui sera lancée par son interview à Valeurs actuelles le 11 aout.  
Son livre est bouclé, les ralliements de dirigeants LR sont en cours.

Peut-on penser un seul instant que les maires en question agissent alors de leur propre initiative ? C'est en coordination directe avec lui, voire à son initiative personnelle qu'ils publient leurs arrêtés identiques.
D'ailleurs, dans l’un des phrases clé de son interview au journal de la droite radicale, Sarkozy déclare à propos du FN :   

"Les Français ont vu que le FN avait atteint un plafond de verre aux dernières élections. Il nous faut les ramener vers nous en répondant à leurs attentes et en proposant des solutions concrètes." 

Sarkozy ne condamne donc pas la politique raciste du  FN sur le fond (il ne le fait jamais, comme le montre ce florilège)  mais lui reproche son inefficacité, laquelle contrasterait avec sa propre capacité à mettre en œuvre des politiques équivalentes. Dès lors, les arrêtés apparaissent comme un exemple de cette capacité


Sarkozy prolonge ainsi la ligne explicitée par son porte-parole l’ex-ministre Eric Woerth:
« Pour endiguer le FN, il faut montrer que la barrière est infranchissable en refusant toute alliance. A partir du moment où la digue est érigée, on peut aller très loin en s’approchant le plus possible de la frontière ».

Il s'agit  pour Sarkozy et LR  de capitaliser doublement, d'une part en légitimant les thèses racistes et islamophobes du FN afin de s'adresser à l'électorat de l'extrême-droite, tout en se proclamant les seul capables d'empêcher le désordre, notamment économique, que le FN apporterait selon eux.

Ou exprimé plus brutalement par Simonpieri (expert en la matière, maire de Marignane sous la bannière FN, intégré à l'UMP par Gaudin en 2004)  au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2007 qui sert de référence à la Sarkozie :
«Beaucoup d'électeurs FN ont constaté que Nicolas Sarkozy disait les mêmes choses que Le Pen, mais que lui avait une chance de les mettre un jour en application. Ils ont donc voté utile. Parce qu'ils ont cessé de croire à l'accession de Le Pen au pouvoir» ( in Le Canard enchaîné du 25 Avril 2007

On retrouve donc le fond de commerce habituel de Sarkozy lors de ses campagnes de 2007 et 2012 et même dès 1998 (avant toute menace islamiste)  lorsqu’il approuve explicitement avec Balladur la thèse lepéniste de la  « préférence nationale »  mais cette fois-ci  pour 2017, il joue plus gros.

D’une part il doit affronter une primaire alors qu’il traîne des casseroles judiciaires et le souvenir de son échec. D’autre part Marine Le Pen et son parti sont en ordre de bataille.

Sarkozy cherche donc une transgression majeure inaugurant sa campagne, comme celle du Ministère de l'Identité Nationale en 2007.
 Il ne se satisfait pas de la remise en cause du droit du sol et du regroupement familial. Il lui faut un thème plus explosif et de plus susceptible de créer un écho au sein des courants de gauche sensibles à la propagande islamophobe. 
Là aussi le modèle de 2007 le hante, qui avait vu le ralliement de responsables du PS dont Eric Besson puis Bernard Kouchner. 

Il a déjà constaté en 2015 que Valls et Hollande avaient été disposés à reprendre son idée (commune avec le FN) de déchéance de nationalité.
Sait-il que cette fois-ci, à nouveau, Manuel Valls approuvera les arrêtés des maires de droite et que nombreux seront ceux  et celles qui à sa suite danseront au son de la musique raciste et islamophobe en pensant (ou feignant de penser) qu’on défend ainsi la laïcité, voir le droit des femmes ? 
Devine-t-il que Valls ira jusqu'à blâmer en direct Najat Vallaud-Belkacem afin d'imposer à gauche la ligne ignoble de Sarkozy, comme dans le cas de la déchéance de nationalité?
La ministre de l’Éducation nationale a fort modérément affirmé que "la prolifération des arrêtés" n'était "pas la bienvenue" et a ajouté "Jusqu’où va-t-on pour vérifier qu’une tenue est conforme aux bonnes mœurs ?" puis a évoqué une "dérive politique dangereuse pour la cohésion nationale" qui "libère la parole raciste". 
Valls la désavoue en direct et réaffirme son soutien aux mesures des maires LR parrainées et initiés par Sarkozy .
Notons que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'oppose aussi aux arrêtés anti-burkini et à la stigmatisation du voile.

Dès lors, quoi de plus facile et de plus pervers pour Sartkozy que de s’attaquer aux femmes musulmanes, accusées de "faire allégeance au terrorisme" ? Qu’importe que le burkini et la présence à la plage soient honnis par les fondamentalistes islamistes? Qu’importe  que cette polémique génère une fracture chez de nombreux musulmans et puisse alimenter le discours djihadiste, comme l’explique le spécialiste David Thomson ? 

Sarkozy fait donc lancer par les maires LR la vague de l’attaque généralisée.
Dès sa première émission de télévision en tant que candidat, le 24 août il redouble ses coups et esquisse une interdiction généralisée du voile à l’Université, dans les entreprises, et sans doute demain dans la rue.

Sarkozy ne lâchera plus ce thème. 
Face à son offensive et à ses dangers, il ne doit plus être question de recul ou d’accommodement. C’est l’avenir du vivre-ensemble et même de la démocratie qui sont en jeu.

PS : Memorial 98, qui combat résolument la politique xénophobe de Sarkozy, avait en 2007 défendu ce dernier contre les attaques pétainistes de Jean-Marie Le Pen. Celui mettait en cause les " 3 grands-parents étrangers" de Sarkozy. Nous avions alors révélé qu’il s’agissait d’une référence directe au statut des Juifs de 1940. Au même moment Sarkozy faisait récolter par Nadine Morano des signatures d’élus en faveur du même Le Pen.   

  MISES A JOUR
 
 
17 Novembre 2021
David Lisnard élu président de l'Association des Maires de France: c'est lui qui a lancé la grande manipulation raciste du burkini sur ordre de Sarkozy qui débutait ainsi sa campagne pour la primaire de la droite
Un dossier de L'Obs  en rappelle le déroulement: 
"Mi-août 2016, Nicolas Sarkozy s’apprête à officialiser sa candidature à la primaire. Lui qui veut faire campagne sur l’identité française devine l’intérêt à exploiter l’affaire du burkini. Au cours du week-end, il félicite par téléphone David Lisnard et Lionnel Luca [les maires de Cannes et Villeneuve-Loubet, qui ont pris les premiers arrêtés anti-burkini]. Le fait savoir. […]

Dès le 16 août, trois de ses soutiens annoncent l’interdiction du burkini sur leurs plages : Michel Py à Leucate, Natacha Bouchart à Calais, Daniel Fasquelle au Touquet. […] Dans les Alpes-Maritimes, après les arrêtés pris isolément par les maires de Cannes, Mandelieu et Villeneuve-Loubet, un mouvement bien plus organisé se prépare.

Pression sur les maires

Un homme joue le rôle de détonateur : Xavier Beck, maire de Cap-d’Ail, commune de 5.000 habitants collée à Monaco. Beck est un protégé d’Eric Ciotti, lieutenant de Sarkozy et homme fort du département. […] Le 16 août, il envoie son texte anti-burkini à la préfecture. […] Dans la foulée, quatre communes voisines de Cap-d’Ail prennent le même arrêté : Saint-Jean-Cap-Ferrat, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu-sur-Mer et Eze. […]

Le mouvement est lancé. Sur les maires du littoral qui n’ont pas pris d’arrêté, la pression est immense. […] Les édiles les plus réticents finissent par signer : Roquebrune, Théoule-sur-Mer, Saint-Laurent-du-Var.

"Je lisais que le burkini était interdit partout ailleurs et je me disais : ces femmes vont toutes venir chez moi", se souvient Joseph Ségura, maire de Saint-Laurent-du-Var.

A son tour, Christian Estrosi, le "vrai-faux maire" de Nice, signe un arrêté le 19 août. A contrecœur, tant il voit la main de son rival Ciotti derrière ce déferlement. Plus tard, il dira :

"C’est un non-sens d’avoir pris ces arrêtés."

Regrets similaires chez Stéphane Cherki, maire d’Eze : "J'ai peut-être fait une erreur."

Le mensonge se fissure

Dans les Alpes-Maritimes, une douzaine d’arrêtés sont pris en une semaine. Officiellement, pas un coup de fil, aucun mot d’ordre. Le maire de Menton, Jean-Claude Guibal, invoque des "fluides magnétiques" pour expliquer que tous aient senti la même urgence, au même moment, de signer le même arrêté, copié-collé de celui de Cannes.

Il nous faudra promettre l’anonymat pour que ce mensonge se fissure.

"Oui, les maires se sont parlé. On nous a réclamé un soutien moral, il fallait montrer notre solidarité", lâche un édile. "Bien sûr qu’il y a eu un donneur d’ordres", témoigne un autre élu. Pour les sarkozystes, l’objectif est atteint : à la télévision, dans la presse, dans les dîners, on ne parle que du burkini…"

MEMORIAL 98






 
Actualisation du 5 octobre 2016
Sarkozy poursuit son escalade et confirme qu'il était bien à la manœuvre sur le burkini:
Le candidat à la primaire a semblé confirmer ce 5 octobre l'information selon laquelle son entourage planchait sur un texte interdisant le voile dans la rue, à l'exclusion de tous les autres signes religieux.
Ses conseillers  travailleraient sur un texte législatif qui interdirait  le port du voile dans l'espace public, rapportent plusieurs médias.
 "Pas de voile, pas de burkini, pas d'horaires spéciaux dans les piscines, c'est l'égalité", a lancé Sarkozy ce 5 octobre sur Radio Classique. 
"Préparez-vous un projet pour interdire le voile?", lui a demandé le journaliste Guillaume Durand. "Exactement", a répliqué l'ancien président de la République. "Oui ou non?", l'a relancé le journaliste. "Oui", a insisté Nicolas Sarkozy.
Après avoir directement organisé la vague d'arrêtés anti-burkini (voir ci-dessous) Sarkozy lancerait donc une nouvelle offensive, confirmant ainsi le commentaire de Jean-Marie Le Pen qui lui adresse ses félicitations et considère que l'ancien président se " Jean Marise".

Les démentis diffusés par ses communicants, qui prétendent qu'il s'agissait uniquement de l'interdiction du burkini ou du voile intégral (déjà interdit par la loi) montrent que Sarkozy cherche en permanence à focaliser le débat sur ses provocations et manipulations islamophobes. 

MEMORIAL 98 


Actualisation du 6 septembre 2016
La vérité sur la manipulation de Sarkozy commence à se faire jour et confirme nôtre analyse, formulée ici dès le 25 aout. 

Selon l'hebdomadaire l'Express, un maire LR et juppéiste d’une ville du Sud-Est a livré le témoignage suivant  : « Nicolas Sarkozy a appelé lui-même certains maires pour qu’ils signent des arrêtés interdisant le burkini! Eric Ciotti [président du conseil général des Alpes-Maritimes, qui est l’un de ses porte-parole, NDLR] téléphonait et l’ancien chef de l’État passait derrière pour remettre un coup de pression.  »



Actualisation du 29 aout

Sarkozy veut changer la Constitution.

A nouveau Sarkozy poursuit le plan de provocation raciste qu'il a initié par la promulgation des arrêtés anti-burkini. 
Il réclame maintenant un changement de la Constitution en prétextant qu'on " ne peut pas laisser les maires seuls face à la situation".
Il veut ainsi imposer une loi d'interdiction du burkini, voire du voile.
L'incendiaire Sarkozy prétexte  du feu qu'il a allumé afin de poursuivre à jeter de l'huile sur les flammes.
Cette campagne et le climat créé sont  d'ores et déjà responsables du grave incident de Tremblay (93) au cours duquel un restaurateur a chassé des femmes musulmanes de son établissement.

Ceux et celles qui prêtent la main à l'entreprise sarkozyste, et au premier plan Manuel Valls, ou qui gardent le silence, prennent une lourde responsabilité. On favorise ainsi la diffusion des idées les plus toxiques. Le FN et Daech peuvent se frotter les mains. 

Memorial 98 


 

Actualisation du 26 aout 2016:

Le Conseil d’État a censuré et suspendu l'arrêté anti-burkini de Villeneuve-Loubet, mais la droite et ses alliés FN, ainsi que Manuel Valls, persistent et escaladent.  

L’ordonnance du Conseil d’État précise fort bien que « l’arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle. »
C'est aussi un désaveu direct de Manuel Valls, soutien acharné de ces mesures discriminatoires, qui prétend parler au nom du gouvernement.
Malgré ce désaveu de la haute juridiction, Sarkozy, parrain de toute l’affaire, ne lâchera évidemment pas le plan diabolique qu'il a concocté avec les maires LR de sa garde rapprochée, dont Lionnel Luca de Villeneuve-Loubet  et Estrosi.  
Ces derniers ont d’ailleurs refusé d’annuler leurs arrêtés.
Les déclarations de Sarkozy  à la télévision et lors de son premier meeting à Châteaurenard démontrent à nouveau qu’il met en œuvre un plan soigneusement prémédité, puisqu’il a immédiatement réclamé une loi permettant d’interdire le burkini.
Dans son sillage, la plupart des ténors de droite (sauf Juppé) et le FN  ont appelé à modifier la loi actuelle.

La bataille va donc se poursuivre et même s’amplifier.
 

jeudi 31 mars 2016

Déchéance de nationalité: victoire de la mobilisation


                                       
              
Actualisation 1er décembre 2016

En annonçant qu'il ne se représentait pas, François Hollande a été contraint de reconnaître une "unique" faute concernant la déchéance de nationalité.
Cet aveu représente l'âpre vérité: il s'agissait en effet d'une mesure de division et de discrimination, issue de l'arsenal de la droite et de l'extrême-droite. 
Notons que les deux partenaires du pacte pro-déchéance passé entre  Hollande  et Sarkozy sont maintenant éliminés de la présidentielle. 
Il serait catastrophique que Manuel Valls, qui a porté ce pacte funeste et la mesure de déchéance, ainsi que d'autres projets du même acabit, apparaisse comme un des candidats de la gauche.

Memorial 98



Le retrait du projet de révision constitutionnelle signe un échec cinglant de F. Hollande sur la déchéance de nationalité et une victoire de la mobilisation contre ce projet inique qui représente un véritable déni de démocratie et une atteinte à l'égalité des citoyens. 

On ne peut que se féliciter que ce projet soit retiré. 
Les associations, dont Memorial 98, réunies dans le Collectif national « Nous ne céderons pas » y ont largement contribué, notamment lors de la journée de manifestations du 30 janvier qui a réuni des dizaines de milliers de personnes dans tout le pays.

F. Hollande tente de dissimuler sa déroute en mettant en cause le Sénat qui a voté une formulation différente de celle de l'Assemblée nationale et  en rétablissant la déchéance exclusive des binationaux. 

Mais la droite majoritaire au Sénat s'est en réalité conformée à l'accord honteux que F. Hollande lui-même avait passé avec Sarkozy au lendemain des attentats du 13 novembre et qu'il avait renouvelé en janvier au nom de l"unité nationale".
Le "piège" est en réalité celui que le gouvernement avait lui-même mis en place, au mépris des engagements antérieurs du PS lui-même. 

En effet Nicolas Sarkozy avait déclaré en sortant de sa rencontre élyséenne le vendredi 22 janvier: " ... Nous avons dit très clairement que nous étions disposés à voter la réforme de la Constitution si cette réforme était clairement centrée sur la question de la constitutionnalisation de l'état d'urgence et sur la question du retrait de la nationalité pour les binationaux", ajoutant: "le président Hollande nous a dit que c'était bien son intention".  Il n'a jamais été démenti. 
Sarkozy lui-même avait d'ailleurs tenté de faire passer la déchéance de nationalité en 2010 et avait du reculer. A l'époque le Parti socialiste et F. Hollande lui-même s'y étaient vivement opposés.

Le 15 juillet 2015, Hollande expliquait encore à des journalistes son refus de ces mesures:
  «La déchéance de nationalité, ou l’indignité nationale, vous savez toutes ces choses de droite qui sont de l’ordre du symbolique et qui n’apportent rien à la lutte contre le terrorisme.»

Quatre mois plus tard, jour pour jour, le 16 novembre 2015, il  proposera lui-même, devant les parlementaires réunis en congrès à Versailles, la déchéance de nationalité pour les binationaux, y compris pour ceux qui sont nés français, condamnés pour acte de terrorisme. Quatre mois et un traumatisme national pour qu'il vire totalement de bord et reprenne les mots et les idées de la droite et de l’extrême droite. Au nom du «rassemblement» de la nation dans la «guerre» contre la terreur. Valls concédait d'ailleurs à nouveau que la déchéance n’avait aucun effet pratique dans la lutte contre le terrorisme et qu'il s'agissait bien d'une mesure "symbolique"  

Face à cette trahison, on a assisté à une véritable levée de boucliers associative et syndicale et à de nombreuses condamnations d'institutions telles que la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), instance officielle chargée de défendre les droits de l'homme, qui à émis le 18 janvier à l'unanimité des ses membres, une déclaration très sévère
Le 30 janvier, des manifestations unitaires ont eu lieu dans 80 villes et ont rassemblé plus de 40000 personnes.

La crise a aussi été symbolisée au plan médiatique par la démission du gouvernement le 27 janvier de Christiane Taubira, qui avait condamné la mesure de déchéance en déclarant: «Cette déchéance de nationalité sur des personnes nées françaises, qui appartiennent depuis leur naissance à la communauté nationale, ça pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol, et qui est, dans l'histoire de la construction de la communauté française sur une base civique, un pilier fondamental".

La fronde contre cette loi inique provient donc d'une réaction de la gauche antiraciste scandalisée par la remise en cause du droit du sol et l'instauration d'une citoyenneté à deux vitesses.

Lors de l'ouverture du débat à l’Assemblée nationale le 5 février, les députés, notamment socialistes se sont donc retrouvés eux-mêmes sous pression des mobilisation et de la crise qu'elle entrainait. Nombre d'entre eux ont aussi manifesté personnellement leur révolte et leur désarroi telle la députée PS Chaynesse Khirouni déclarant avoir reçu le projet de déchéance des binationaux comme «une flèche en plein cœur»
Ainsi face à la fronde le gouvernement a lui-même du modifier son projet initial et en enlever la discriminations envers les binationaux, en généralisant la possibilité de déchéance à tous les citoyens. Il s'engageait d'ailleurs au passage dans une autre voie dangereuse consistant à créer des apatrides non protégés par les conventions internationales. Et comble de la confusion, afin de  ménager la droite, la menace de déchéance était élargie au delà des crimes, incluant y compris des « délits graves » non définis.

Dès lors malgré les très nombreuses pressions et menaces à l’encontre des députés contestant la mesure, celle-ci ne recueillit que 162 voix pour, 148 contre et 22 abstentions, même si le texte global de révision finit par obtenir une large majorité. Au sein des députés PS parti socialiste, 92 députés ont voté contre cet article , dix se sont abstenus et 119 ont voté pour le fameux article 2 comportant la déchéance de nationalité. Et le passage par le Sénat annonçait déjà l’impossibilité de mettre en œuvre le fameux et honteux accord Hollande –Sarkozy du 16 novembre.

Cette forte contestation d’une mesure discriminatoire symbolise une forme d’opposition à  la dérive d’un pouvoir qui se ralliait aux exigences de la droite et de l’extrême-droite alors qu’il avait auparavant promis le droit de vote des étrangers.
Le combat se poursuit maintenant contre l’état d’urgence et les autres mesures liberticides contenues notamment dans le projet de loi sur la réforme de la procédure pénale. Nous y nous engageons.

MEMORIAL 98

vendredi 19 juin 2015

Sarkozy escalade et imite Jean-Marie Le Pen.


Sarkozy escalade sans cesse, à un rythme vertigineux.
Après avoir lancé les duettistes Estrosi et Ciotti, puis Hortefeux et Eric Woerth sur les terrains de l'islamophobie et du droit du sol, le chef des "Républicains" apparaît directement sur le devant de la scène.
D'emblée, il se porte sur le terrain du Front National, à la fois sur le fond mais aussi dans la forme,  brutale et haineuse. Son attaque à sur "la fuite d'eau", à laquelle sont assimilés les migrants, représente un décalque des expressions de Jean-Marie Le Pen. D'ailleurs ce dernier s'en prenait il y a 2 mois, le 7 avril, dans Rivarol, au "torrent de l'immigration", après avoir invoqué le virus Ebola comme "solution". 
Alors que des migrants se noient dans les eaux de la Méditerranée et d'autres mers, cette situation évoque chez Sarkozy et dans l'extrême-droite des métaphores aquatiques violentes et vulgaires. C'est le retour du refoulé, comme en son temps chez Hortefeux.

  Une fois de plus, en préparation des prochaines échéances électorales,  Sarkozy se jette  à corps perdu dans une tentative de récupération des électeurs et des thématiques du Front National. Il se sent conforté par les nouveaux succès des partis xénophobes dans d'autres pays d'Europe, comme lors des législatives au Danemark le 18 juin. Ainsi se met en place, une fois de plus, le cercle vicieux: les politiciens attisent la haine xénophobe puis se déclarent obligés d'y répondre favorablement. Le Conseil de l'Europe a plusieurs fois dénoncé cet engrenage. 
  
Les contorsions de Sarkozy sur le respect et la compréhension qu’il porterait aux électeurs FN sont parfaitement calculées et perverses.
Dans le document ci-dessous, on constate que depuis 2006 et sans doute même avant, sa tactique est identique : étaler sa compassion envers cet électorat frontiste et le flatter en approuvant ses choix.
C'est ce que montre cet extrait du livre « Les hommes d’Etat » de  Bruno Le Maire (alors ministre),  qui retrace le déroulement de la période 2006/2007, vue de l'intérieur du gouvernement : 
« …13 juin 2006, Villepin, alors premier ministre, reçoit à déjeuner Nicolas Sarkozy qui fait le point sur la situation politique ; ce dernier commente :
« Le Pen (alors JMLP) , en ce moment, il engrange. Il engrange un maximum. Moi, je dis jamais du mal des électeurs de Le Pen, jamais. Les électeurs de Le Pen, je dis toujours que c'est des victimes. Des victimes de quoi? J'en sais rien. Mais c'est des victimes. Pour nous, l'élection de 2007 se jouera sur les électeurs de Le Pen. On les prend, on gagne. On les prend pas, on perd...»

De 2007 à 2012 puis à 2017, la stratégie se répète et se recycle, dans une spirale sans cesse plus violente.
Dans ce but, Sarkozy n'hésite aucunement à contredire toutes ses déclarations précédentes sur le droit du sol qu'il disait vouloir préserver, voire sur la place de l'Islam.

 Les protestations indignées des porte-parole du PS contre Sarkozy  ne nous font pas oublier la manière dont sont actuellement traités les migrants et les Roms ainsi que le rejet par Hollande et Valls des "quotas" de réfugiés proposés par l'Union Européenne. Il s'agit en réalité d’équilibrer l'accueil des réfugiés et d'inciter certains pays dont la France à en prendre leur part. Ici aussi la gauche au pouvoir  devrait méditer l'échec des sociaux-démocrates danois qui ont couru après la droite radicale sur le terrain du durcissement du droit d'asile et ont perdu comme Jospin en son temps qui suivit la ligne de Chevènement  et fut éliminé de la présidentielle de 2001.

Plus que jamais les batailles contre le racisme, pour l’Égalité des Droits, pour la solidarité avec les réfugiés, demeurent d'une actualité brûlante.