Ni oubli, ni pardon: en ce jour anniversaire de sa mort nous pensons à Malik Oussekine (ci-dessus), tué par les "pelotons voltigeurs" de la police parisienne dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, en pleine mobilisation étudiante contre les lois Devaquet.
mardi 6 décembre 2016
6 décembre: en mémoire de Malik Oussekine et Abdel Benyahia
Ni oubli, ni pardon: en ce jour anniversaire de sa mort nous pensons à Malik Oussekine (ci-dessus), tué par les "pelotons voltigeurs" de la police parisienne dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, en pleine mobilisation étudiante contre les lois Devaquet.
jeudi 25 août 2016
Sarkozy est l'ordonnateur direct des arrêtés anti-burkini
Plusieurs mises à jour à la suite de l'article dont une rappelle le rôle central de David Lisnard, maire de Cannes.
25 aout
C’est l’entrée en campagne de Sarkozy pour la primaire de la droite qui a déterminé la décision des maires de son parti de prendre des arrêtés dit « anti-burkini » et d’ouvrir ainsi un nouvel épisode de la stigmatisation des musulman.e.s de ce pays.
Son arrêté reprend exactement les termes de celui de Cannes
A cette période Sarkozy a évidemment déjà fixé le cadre de sa campagne qui sera lancée par son interview à Valeurs actuelles le 11 aout.
«Beaucoup d'électeurs FN ont constaté que Nicolas Sarkozy disait les mêmes choses que Le Pen, mais que lui avait une chance de les mettre un jour en application. Ils ont donc voté utile. Parce qu'ils ont cessé de croire à l'accession de Le Pen au pouvoir» ( in Le Canard enchaîné du 25 Avril 2007
Dès lors, quoi de plus facile et de plus pervers pour Sartkozy que de s’attaquer aux femmes musulmanes, accusées de "faire allégeance au terrorisme" ? Qu’importe que le burkini et la présence à la plage soient honnis par les fondamentalistes islamistes? Qu’importe que cette polémique génère une fracture chez de nombreux musulmans et puisse alimenter le discours djihadiste, comme l’explique le spécialiste David Thomson ?
Dès le 16 août, trois de ses soutiens annoncent l’interdiction du burkini sur leurs plages : Michel Py à Leucate, Natacha Bouchart à Calais, Daniel Fasquelle au Touquet. […] Dans les Alpes-Maritimes, après les arrêtés pris isolément par les maires de Cannes, Mandelieu et Villeneuve-Loubet, un mouvement bien plus organisé se prépare.
Pression sur les maires
Un homme joue le rôle de détonateur : Xavier Beck, maire de Cap-d’Ail, commune de 5.000 habitants collée à Monaco. Beck est un protégé d’Eric Ciotti, lieutenant de Sarkozy et homme fort du département. […] Le 16 août, il envoie son texte anti-burkini à la préfecture. […] Dans la foulée, quatre communes voisines de Cap-d’Ail prennent le même arrêté : Saint-Jean-Cap-Ferrat, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu-sur-Mer et Eze. […]
Le mouvement est lancé. Sur les maires du littoral qui n’ont pas pris d’arrêté, la pression est immense. […] Les édiles les plus réticents finissent par signer : Roquebrune, Théoule-sur-Mer, Saint-Laurent-du-Var.
"Je lisais que le burkini était interdit partout ailleurs et je me disais : ces femmes vont toutes venir chez moi", se souvient Joseph Ségura, maire de Saint-Laurent-du-Var.
A son tour, Christian Estrosi, le "vrai-faux maire" de Nice, signe un arrêté le 19 août. A contrecœur, tant il voit la main de son rival Ciotti derrière ce déferlement. Plus tard, il dira :
"C’est un non-sens d’avoir pris ces arrêtés."
Regrets similaires chez Stéphane Cherki, maire d’Eze : "J'ai peut-être fait une erreur."
Le mensonge se fissure
Dans les Alpes-Maritimes, une douzaine d’arrêtés sont pris en une semaine. Officiellement, pas un coup de fil, aucun mot d’ordre. Le maire de Menton, Jean-Claude Guibal, invoque des "fluides magnétiques" pour expliquer que tous aient senti la même urgence, au même moment, de signer le même arrêté, copié-collé de celui de Cannes.
Il nous faudra promettre l’anonymat pour que ce mensonge se fissure.
"Oui, les maires se sont parlé. On nous a réclamé un soutien moral, il fallait montrer notre solidarité", lâche un édile.
"Bien sûr qu’il y a eu un donneur d’ordres", témoigne un autre élu.Pour les sarkozystes, l’objectif est atteint : à la télévision, dans la presse, dans les dîners, on ne parle que du burkini…"
MEMORIAL 98
Actualisation du 5 octobre 2016
Le candidat à la primaire a semblé confirmer ce 5 octobre l'information selon laquelle son entourage planchait sur un texte interdisant le voile dans la rue, à l'exclusion de tous les autres signes religieux.
Les démentis diffusés par ses communicants, qui prétendent qu'il s'agissait uniquement de l'interdiction du burkini ou du voile intégral (déjà interdit par la loi) montrent que Sarkozy cherche en permanence à focaliser le débat sur ses provocations et manipulations islamophobes.
Actualisation du 6 septembre 2016
La vérité sur la manipulation de Sarkozy commence à se faire jour et confirme nôtre analyse, formulée ici dès le 25 aout.
Selon l'hebdomadaire l'Express, un maire LR et juppéiste d’une ville du Sud-Est a livré le témoignage suivant : « Nicolas Sarkozy a appelé lui-même certains maires pour qu’ils signent des arrêtés interdisant le burkini! Eric Ciotti [président du conseil général des Alpes-Maritimes, qui est l’un de ses porte-parole, NDLR] téléphonait et l’ancien chef de l’État passait derrière pour remettre un coup de pression. »
Sarkozy veut changer la Constitution.
A nouveau Sarkozy poursuit le plan de provocation raciste qu'il a initié par la promulgation des arrêtés anti-burkini.
Il réclame maintenant un changement de la Constitution en prétextant qu'on " ne peut pas laisser les maires seuls face à la situation".
Il veut ainsi imposer une loi d'interdiction du burkini, voire du voile.
L'incendiaire Sarkozy prétexte du feu qu'il a allumé afin de poursuivre à jeter de l'huile sur les flammes.
Cette campagne et le climat créé sont d'ores et déjà responsables du grave incident de Tremblay (93) au cours duquel un restaurateur a chassé des femmes musulmanes de son établissement.
Ceux et celles qui prêtent la main à l'entreprise sarkozyste, et au premier plan Manuel Valls, ou qui gardent le silence, prennent une lourde responsabilité. On favorise ainsi la diffusion des idées les plus toxiques. Le FN et Daech peuvent se frotter les mains.
Memorial 98
Actualisation du 26 aout 2016:
Le Conseil d’État a censuré et suspendu l'arrêté anti-burkini de Villeneuve-Loubet, mais la droite et ses alliés FN, ainsi que Manuel Valls, persistent et escaladent.
L’ordonnance du Conseil d’État précise fort bien que « l’arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle. »
Ces derniers ont d’ailleurs refusé d’annuler leurs arrêtés.
Les déclarations de Sarkozy à la télévision et lors de son premier meeting à Châteaurenard démontrent à nouveau qu’il met en œuvre un plan soigneusement prémédité, puisqu’il a immédiatement réclamé une loi permettant d’interdire le burkini.
Dans son sillage, la plupart des ténors de droite (sauf Juppé) et le FN ont appelé à modifier la loi actuelle.
La bataille va donc se poursuivre et même s’amplifier.
jeudi 31 mars 2016
Déchéance de nationalité: victoire de la mobilisation
On ne peut que se féliciter que ce projet soit retiré.
Les associations, dont Memorial 98, réunies dans le Collectif national « Nous ne céderons pas » y ont largement contribué, notamment lors de la journée de manifestations du 30 janvier qui a réuni des dizaines de milliers de personnes dans tout le pays.
F. Hollande tente de dissimuler sa déroute en mettant en cause le Sénat qui a voté une formulation différente de celle de l'Assemblée nationale et en rétablissant la déchéance exclusive des binationaux.
Mais la droite majoritaire au Sénat s'est en réalité conformée à l'accord honteux que F. Hollande lui-même avait passé avec Sarkozy au lendemain des attentats du 13 novembre et qu'il avait renouvelé en janvier au nom de l"unité nationale".
Le "piège" est en réalité celui que le gouvernement avait lui-même mis en place, au mépris des engagements antérieurs du PS lui-même.
En effet Nicolas Sarkozy avait déclaré en sortant de sa rencontre élyséenne le vendredi 22 janvier: " ... Nous avons dit très clairement que nous étions disposés à voter la réforme de la Constitution si cette réforme était clairement centrée sur la question de la constitutionnalisation de l'état d'urgence et sur la question du retrait de la nationalité pour les binationaux", ajoutant: "le président Hollande nous a dit que c'était bien son intention". Il n'a jamais été démenti.
Sarkozy lui-même avait d'ailleurs tenté de faire passer la déchéance de nationalité en 2010 et avait du reculer. A l'époque le Parti socialiste et F. Hollande lui-même s'y étaient vivement opposés.
Le 15 juillet 2015, Hollande expliquait encore à des journalistes son refus de ces mesures:
Quatre mois plus tard, jour pour jour, le 16 novembre 2015, il proposera lui-même, devant les parlementaires réunis en congrès à Versailles, la déchéance de nationalité pour les binationaux, y compris pour ceux qui sont nés français, condamnés pour acte de terrorisme. Quatre mois et un traumatisme national pour qu'il vire totalement de bord et reprenne les mots et les idées de la droite et de l’extrême droite. Au nom du « rassemblement » de la nation dans la « guerre » contre la terreur. Valls concédait d'ailleurs à nouveau que la déchéance n’avait aucun effet pratique dans la lutte contre le terrorisme et qu'il s'agissait bien d'une mesure "symbolique"
Le 30 janvier, des manifestations unitaires ont eu lieu dans 80 villes et ont rassemblé plus de 40000 personnes.
La crise a aussi été symbolisée au plan médiatique par la démission du gouvernement le 27 janvier de Christiane Taubira, qui avait condamné la mesure de déchéance en déclarant: «Cette déchéance de nationalité sur des personnes nées françaises, qui appartiennent depuis leur naissance à la communauté nationale, ça pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol, et qui est, dans l'histoire de la construction de la communauté française sur une base civique, un pilier fondamental".
La fronde contre cette loi inique provient donc d'une réaction de la gauche antiraciste scandalisée par la remise en cause du droit du sol et l'instauration d'une citoyenneté à deux vitesses.
Dès lors malgré les très nombreuses pressions et menaces à l’encontre des députés contestant la mesure, celle-ci ne recueillit que 162 voix pour, 148 contre et 22 abstentions, même si le texte global de révision finit par obtenir une large majorité. Au sein des députés PS parti socialiste, 92 députés ont voté contre cet article , dix se sont abstenus et 119 ont voté pour le fameux article 2 comportant la déchéance de nationalité. Et le passage par le Sénat annonçait déjà l’impossibilité de mettre en œuvre le fameux et honteux accord Hollande –Sarkozy du 16 novembre.
Cette forte contestation d’une mesure discriminatoire symbolise une forme d’opposition à la dérive d’un pouvoir qui se ralliait aux exigences de la droite et de l’extrême-droite alors qu’il avait auparavant promis le droit de vote des étrangers.
MEMORIAL 98
vendredi 19 juin 2015
Sarkozy escalade et imite Jean-Marie Le Pen.
Sarkozy escalade sans cesse, à un rythme vertigineux.
Après avoir lancé les duettistes Estrosi et Ciotti, puis Hortefeux et Eric Woerth sur les terrains de l'islamophobie et du droit du sol, le chef des "Républicains" apparaît directement sur le devant de la scène.
Alors que des migrants se noient dans les eaux de la Méditerranée et d'autres mers, cette situation évoque chez Sarkozy et dans l'extrême-droite des métaphores aquatiques violentes et vulgaires. C'est le retour du refoulé, comme en son temps chez Hortefeux.
Une fois de plus, en préparation des prochaines échéances électorales, Sarkozy se jette à corps perdu dans une tentative de récupération des électeurs et des thématiques du Front National. Il se sent conforté par les nouveaux succès des partis xénophobes dans d'autres pays d'Europe, comme lors des législatives au Danemark le 18 juin. Ainsi se met en place, une fois de plus, le cercle vicieux: les politiciens attisent la haine xénophobe puis se déclarent obligés d'y répondre favorablement. Le Conseil de l'Europe a plusieurs fois dénoncé cet engrenage.
Les protestations indignées des porte-parole du PS contre Sarkozy ne nous font pas oublier la manière dont sont actuellement traités les migrants et les Roms ainsi que le rejet par Hollande et Valls des "quotas" de réfugiés proposés par l'Union Européenne. Il s'agit en réalité d’équilibrer l'accueil des réfugiés et d'inciter certains pays dont la France à en prendre leur part. Ici aussi la gauche au pouvoir devrait méditer l'échec des sociaux-démocrates danois qui ont couru après la droite radicale sur le terrain du durcissement du droit d'asile et ont perdu comme Jospin en son temps qui suivit la ligne de Chevènement et fut éliminé de la présidentielle de 2001.
Plus que jamais les batailles contre le racisme, pour l’Égalité des Droits, pour la solidarité avec les réfugiés, demeurent d'une actualité brûlante.