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jeudi 25 août 2016

Sarkozy est l'ordonnateur direct des arrêtés anti-burkini





                                   A Nice, les policiers de Estrosi en action.







Plusieurs mises à jour à la suite de l'article dont une rappelle le rôle central de David Lisnard, maire de Cannes.

25 aout
C’est l’entrée en campagne de Sarkozy pour la primaire de la droite qui a déterminé la décision des maires de son parti de prendre des arrêtés dit « anti-burkini » et d’ouvrir ainsi un nouvel épisode de la stigmatisation des musulman.e.s de ce pays.

Nulle théorie du complot dans ce constat mais un examen de la chronologie des événements, des thèmes de campagne sarkozystes et du casting de ses responsables ( Hortefeux, Wauquiez, Ciotti) . 
On y ajoutera le mode de fonctionnement très centralisé des soutiens de Sarkozy, qui laisse fort peu de place aux initiatives locales  

Le 28 juillet, le maire LR de Cannes, David Lisnard,  relativement peu connu, prend le premier arrêté. C'est un proche de Ciotti.
Il est immédiatement suivi par le député-maire de Villeneuve-Loubet LR Lionnel Luca, qui se présente comme le représentant de la "garde de fer sarkozyste " adepte des références antisémites et nostalgique du fascisme roumain. 
Son arrêté reprend exactement les termes de celui de Cannes
Puis vient Estrosi, dont on sait qu'il est le petit télégraphiste habituel de Sarkozy, malgré quelques mises en scène de brouilles temporaires.

A cette période Sarkozy a  évidemment déjà fixé le cadre de sa campagne qui sera lancée par son interview à Valeurs actuelles le 11 aout.  
Son livre est bouclé, les ralliements de dirigeants LR sont en cours.

Peut-on penser un seul instant que les maires en question agissent alors de leur propre initiative ? C'est en coordination directe avec lui, voire à son initiative personnelle qu'ils publient leurs arrêtés identiques.
D'ailleurs, dans l’un des phrases clé de son interview au journal de la droite radicale, Sarkozy déclare à propos du FN :   

"Les Français ont vu que le FN avait atteint un plafond de verre aux dernières élections. Il nous faut les ramener vers nous en répondant à leurs attentes et en proposant des solutions concrètes." 

Sarkozy ne condamne donc pas la politique raciste du  FN sur le fond (il ne le fait jamais, comme le montre ce florilège)  mais lui reproche son inefficacité, laquelle contrasterait avec sa propre capacité à mettre en œuvre des politiques équivalentes. Dès lors, les arrêtés apparaissent comme un exemple de cette capacité


Sarkozy prolonge ainsi la ligne explicitée par son porte-parole l’ex-ministre Eric Woerth:
« Pour endiguer le FN, il faut montrer que la barrière est infranchissable en refusant toute alliance. A partir du moment où la digue est érigée, on peut aller très loin en s’approchant le plus possible de la frontière ».

Il s'agit  pour Sarkozy et LR  de capitaliser doublement, d'une part en légitimant les thèses racistes et islamophobes du FN afin de s'adresser à l'électorat de l'extrême-droite, tout en se proclamant les seul capables d'empêcher le désordre, notamment économique, que le FN apporterait selon eux.

Ou exprimé plus brutalement par Simonpieri (expert en la matière, maire de Marignane sous la bannière FN, intégré à l'UMP par Gaudin en 2004)  au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2007 qui sert de référence à la Sarkozie :
«Beaucoup d'électeurs FN ont constaté que Nicolas Sarkozy disait les mêmes choses que Le Pen, mais que lui avait une chance de les mettre un jour en application. Ils ont donc voté utile. Parce qu'ils ont cessé de croire à l'accession de Le Pen au pouvoir» ( in Le Canard enchaîné du 25 Avril 2007

On retrouve donc le fond de commerce habituel de Sarkozy lors de ses campagnes de 2007 et 2012 et même dès 1998 (avant toute menace islamiste)  lorsqu’il approuve explicitement avec Balladur la thèse lepéniste de la  « préférence nationale »  mais cette fois-ci  pour 2017, il joue plus gros.

D’une part il doit affronter une primaire alors qu’il traîne des casseroles judiciaires et le souvenir de son échec. D’autre part Marine Le Pen et son parti sont en ordre de bataille.

Sarkozy cherche donc une transgression majeure inaugurant sa campagne, comme celle du Ministère de l'Identité Nationale en 2007.
 Il ne se satisfait pas de la remise en cause du droit du sol et du regroupement familial. Il lui faut un thème plus explosif et de plus susceptible de créer un écho au sein des courants de gauche sensibles à la propagande islamophobe. 
Là aussi le modèle de 2007 le hante, qui avait vu le ralliement de responsables du PS dont Eric Besson puis Bernard Kouchner. 

Il a déjà constaté en 2015 que Valls et Hollande avaient été disposés à reprendre son idée (commune avec le FN) de déchéance de nationalité.
Sait-il que cette fois-ci, à nouveau, Manuel Valls approuvera les arrêtés des maires de droite et que nombreux seront ceux  et celles qui à sa suite danseront au son de la musique raciste et islamophobe en pensant (ou feignant de penser) qu’on défend ainsi la laïcité, voir le droit des femmes ? 
Devine-t-il que Valls ira jusqu'à blâmer en direct Najat Vallaud-Belkacem afin d'imposer à gauche la ligne ignoble de Sarkozy, comme dans le cas de la déchéance de nationalité?
La ministre de l’Éducation nationale a fort modérément affirmé que "la prolifération des arrêtés" n'était "pas la bienvenue" et a ajouté "Jusqu’où va-t-on pour vérifier qu’une tenue est conforme aux bonnes mœurs ?" puis a évoqué une "dérive politique dangereuse pour la cohésion nationale" qui "libère la parole raciste". 
Valls la désavoue en direct et réaffirme son soutien aux mesures des maires LR parrainées et initiés par Sarkozy .
Notons que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'oppose aussi aux arrêtés anti-burkini et à la stigmatisation du voile.

Dès lors, quoi de plus facile et de plus pervers pour Sartkozy que de s’attaquer aux femmes musulmanes, accusées de "faire allégeance au terrorisme" ? Qu’importe que le burkini et la présence à la plage soient honnis par les fondamentalistes islamistes? Qu’importe  que cette polémique génère une fracture chez de nombreux musulmans et puisse alimenter le discours djihadiste, comme l’explique le spécialiste David Thomson ? 

Sarkozy fait donc lancer par les maires LR la vague de l’attaque généralisée.
Dès sa première émission de télévision en tant que candidat, le 24 août il redouble ses coups et esquisse une interdiction généralisée du voile à l’Université, dans les entreprises, et sans doute demain dans la rue.

Sarkozy ne lâchera plus ce thème. 
Face à son offensive et à ses dangers, il ne doit plus être question de recul ou d’accommodement. C’est l’avenir du vivre-ensemble et même de la démocratie qui sont en jeu.

PS : Memorial 98, qui combat résolument la politique xénophobe de Sarkozy, avait en 2007 défendu ce dernier contre les attaques pétainistes de Jean-Marie Le Pen. Celui mettait en cause les " 3 grands-parents étrangers" de Sarkozy. Nous avions alors révélé qu’il s’agissait d’une référence directe au statut des Juifs de 1940. Au même moment Sarkozy faisait récolter par Nadine Morano des signatures d’élus en faveur du même Le Pen.   

  MISES A JOUR
 
 
17 Novembre 2021
David Lisnard élu président de l'Association des Maires de France: c'est lui qui a lancé la grande manipulation raciste du burkini sur ordre de Sarkozy qui débutait ainsi sa campagne pour la primaire de la droite
Un dossier de L'Obs  en rappelle le déroulement: 
"Mi-août 2016, Nicolas Sarkozy s’apprête à officialiser sa candidature à la primaire. Lui qui veut faire campagne sur l’identité française devine l’intérêt à exploiter l’affaire du burkini. Au cours du week-end, il félicite par téléphone David Lisnard et Lionnel Luca [les maires de Cannes et Villeneuve-Loubet, qui ont pris les premiers arrêtés anti-burkini]. Le fait savoir. […]

Dès le 16 août, trois de ses soutiens annoncent l’interdiction du burkini sur leurs plages : Michel Py à Leucate, Natacha Bouchart à Calais, Daniel Fasquelle au Touquet. […] Dans les Alpes-Maritimes, après les arrêtés pris isolément par les maires de Cannes, Mandelieu et Villeneuve-Loubet, un mouvement bien plus organisé se prépare.

Pression sur les maires

Un homme joue le rôle de détonateur : Xavier Beck, maire de Cap-d’Ail, commune de 5.000 habitants collée à Monaco. Beck est un protégé d’Eric Ciotti, lieutenant de Sarkozy et homme fort du département. […] Le 16 août, il envoie son texte anti-burkini à la préfecture. […] Dans la foulée, quatre communes voisines de Cap-d’Ail prennent le même arrêté : Saint-Jean-Cap-Ferrat, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu-sur-Mer et Eze. […]

Le mouvement est lancé. Sur les maires du littoral qui n’ont pas pris d’arrêté, la pression est immense. […] Les édiles les plus réticents finissent par signer : Roquebrune, Théoule-sur-Mer, Saint-Laurent-du-Var.

"Je lisais que le burkini était interdit partout ailleurs et je me disais : ces femmes vont toutes venir chez moi", se souvient Joseph Ségura, maire de Saint-Laurent-du-Var.

A son tour, Christian Estrosi, le "vrai-faux maire" de Nice, signe un arrêté le 19 août. A contrecœur, tant il voit la main de son rival Ciotti derrière ce déferlement. Plus tard, il dira :

"C’est un non-sens d’avoir pris ces arrêtés."

Regrets similaires chez Stéphane Cherki, maire d’Eze : "J'ai peut-être fait une erreur."

Le mensonge se fissure

Dans les Alpes-Maritimes, une douzaine d’arrêtés sont pris en une semaine. Officiellement, pas un coup de fil, aucun mot d’ordre. Le maire de Menton, Jean-Claude Guibal, invoque des "fluides magnétiques" pour expliquer que tous aient senti la même urgence, au même moment, de signer le même arrêté, copié-collé de celui de Cannes.

Il nous faudra promettre l’anonymat pour que ce mensonge se fissure.

"Oui, les maires se sont parlé. On nous a réclamé un soutien moral, il fallait montrer notre solidarité", lâche un édile. "Bien sûr qu’il y a eu un donneur d’ordres", témoigne un autre élu. Pour les sarkozystes, l’objectif est atteint : à la télévision, dans la presse, dans les dîners, on ne parle que du burkini…"

MEMORIAL 98






 
Actualisation du 5 octobre 2016
Sarkozy poursuit son escalade et confirme qu'il était bien à la manœuvre sur le burkini:
Le candidat à la primaire a semblé confirmer ce 5 octobre l'information selon laquelle son entourage planchait sur un texte interdisant le voile dans la rue, à l'exclusion de tous les autres signes religieux.
Ses conseillers  travailleraient sur un texte législatif qui interdirait  le port du voile dans l'espace public, rapportent plusieurs médias.
 "Pas de voile, pas de burkini, pas d'horaires spéciaux dans les piscines, c'est l'égalité", a lancé Sarkozy ce 5 octobre sur Radio Classique. 
"Préparez-vous un projet pour interdire le voile?", lui a demandé le journaliste Guillaume Durand. "Exactement", a répliqué l'ancien président de la République. "Oui ou non?", l'a relancé le journaliste. "Oui", a insisté Nicolas Sarkozy.
Après avoir directement organisé la vague d'arrêtés anti-burkini (voir ci-dessous) Sarkozy lancerait donc une nouvelle offensive, confirmant ainsi le commentaire de Jean-Marie Le Pen qui lui adresse ses félicitations et considère que l'ancien président se " Jean Marise".

Les démentis diffusés par ses communicants, qui prétendent qu'il s'agissait uniquement de l'interdiction du burkini ou du voile intégral (déjà interdit par la loi) montrent que Sarkozy cherche en permanence à focaliser le débat sur ses provocations et manipulations islamophobes. 

MEMORIAL 98 


Actualisation du 6 septembre 2016
La vérité sur la manipulation de Sarkozy commence à se faire jour et confirme nôtre analyse, formulée ici dès le 25 aout. 

Selon l'hebdomadaire l'Express, un maire LR et juppéiste d’une ville du Sud-Est a livré le témoignage suivant  : « Nicolas Sarkozy a appelé lui-même certains maires pour qu’ils signent des arrêtés interdisant le burkini! Eric Ciotti [président du conseil général des Alpes-Maritimes, qui est l’un de ses porte-parole, NDLR] téléphonait et l’ancien chef de l’État passait derrière pour remettre un coup de pression.  »



Actualisation du 29 aout

Sarkozy veut changer la Constitution.

A nouveau Sarkozy poursuit le plan de provocation raciste qu'il a initié par la promulgation des arrêtés anti-burkini. 
Il réclame maintenant un changement de la Constitution en prétextant qu'on " ne peut pas laisser les maires seuls face à la situation".
Il veut ainsi imposer une loi d'interdiction du burkini, voire du voile.
L'incendiaire Sarkozy prétexte  du feu qu'il a allumé afin de poursuivre à jeter de l'huile sur les flammes.
Cette campagne et le climat créé sont  d'ores et déjà responsables du grave incident de Tremblay (93) au cours duquel un restaurateur a chassé des femmes musulmanes de son établissement.

Ceux et celles qui prêtent la main à l'entreprise sarkozyste, et au premier plan Manuel Valls, ou qui gardent le silence, prennent une lourde responsabilité. On favorise ainsi la diffusion des idées les plus toxiques. Le FN et Daech peuvent se frotter les mains. 

Memorial 98 


 

Actualisation du 26 aout 2016:

Le Conseil d’État a censuré et suspendu l'arrêté anti-burkini de Villeneuve-Loubet, mais la droite et ses alliés FN, ainsi que Manuel Valls, persistent et escaladent.  

L’ordonnance du Conseil d’État précise fort bien que « l’arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle. »
C'est aussi un désaveu direct de Manuel Valls, soutien acharné de ces mesures discriminatoires, qui prétend parler au nom du gouvernement.
Malgré ce désaveu de la haute juridiction, Sarkozy, parrain de toute l’affaire, ne lâchera évidemment pas le plan diabolique qu'il a concocté avec les maires LR de sa garde rapprochée, dont Lionnel Luca de Villeneuve-Loubet  et Estrosi.  
Ces derniers ont d’ailleurs refusé d’annuler leurs arrêtés.
Les déclarations de Sarkozy  à la télévision et lors de son premier meeting à Châteaurenard démontrent à nouveau qu’il met en œuvre un plan soigneusement prémédité, puisqu’il a immédiatement réclamé une loi permettant d’interdire le burkini.
Dans son sillage, la plupart des ténors de droite (sauf Juppé) et le FN  ont appelé à modifier la loi actuelle.

La bataille va donc se poursuivre et même s’amplifier.
 

vendredi 22 janvier 2016

L'Observatoire de la Laïcité menacé




Il "fallait que ça pète", telle est l'étrange formule employée par Françoise Laborde, sénatrice du Parti Radical de Gauche (PRG) et membre de l'Observatoire de la Laïcité, à l'encontre du président de cette institution, Jean-Louis Bianco, dont elle conteste violemment l'action, notamment par le biais d'une pétition demandant sa démission.

Ça a "pété", en tout cas. Manuel Valls premier Ministre d'une majorité politique qui est à l'origine de l'installation effective de l'Observatoire de la Laïcité ET de la nomination de Jean-Louis Bianco par
l'ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault (qui le soutient d'ailleurs face à Valls)), l'a brusquement mis en cause avec une brutalité verbale voulue et marquée.
Au moment même ou le ministre de l'Intérieur annonce un triplement des actes anti-musulmans en 2015, en même temps qu'une très faible baisse des actes antisémites, après une hausse de 100% l'année précédente, Manuel Valls fait un choix dangereux et méprisable

Les motifs affichés: d'une part le président de l'Observatoire, l'ancien ministre Jena-Louis Bianco, a signé un appel initié par l'association Coexister et  intitulé " Nous sommes unis" au lendemain des attentats de Novembre avec de nombreuses personnalités dont certaines représentent des courants religieux très divers
Certains des signataires musulmans ne semblent pas convenir à Valls. Nul n'est évidemment obligé d'apprécier politiquement les organisations citées par le Premier Ministre, notamment le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), ni dans le mouvement antiraciste de leur épargner la critique politique. Mais Manuel Valls est premier ministre, pas militant de base et sa critique est particulièrement ridicule dans ce cadre. Car l'homme qui reproche à Jean-Louis Bianco un appel contre les attentats  est aussi le chef d'un gouvernement qui conclut des accords tant  avec la dictature iranienne qu'avec celle d'Arabie Saoudite, et pas seulement contre Daech. 
Et même en en restant à cette seule question du terrorisme, faut-il rappeler la longue liste des chefs d’État venus défiler à Paris le 11 janvier  et dont le respect des droits de l'Homme n'est pas la principale priorité ? Faut-il rappeler les poignées de main entre le boucher Poutine et nos gouvernants ? De plus vient Valls vient de se féliciter dans un tweet de collaborer lui-même contre le terrorisme  avec le gouvernement turc dirigé par l'AKP, qui fait partie du courant des Frères Musulmans.
Quand bien même certains signataires de cet appel extrêmement vaste seraient peu recommandables, que peut bien reprocher Manuel Valls à Jean-Louis Bianco qu'il ne fasse lui-même, en matière d'"unité" contre le terrorisme ?

D'autre part le délégué général de l'Observatoire, Nicolas Cadène a "osé" critiquer Elisabeth Badinter après la  déclaration de cette dernière  du 6 janvier dernier indiquant: «... Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe. A partir du moment où les gens auront compris que c’est une arme contre la laïcité, peut-être [qu’] ils pourront laisser leur peur de côté pour dire les choses. » 
Ce qui aurait été scandaleux, c'est que l'Observatoire de la laïcité ne parle pas de cette position politique, que Mme Badinter n'a malheureusement pas inventée. Cela fait bien longtemps en effet que l'extrême-droite tente d'imposer cette définition orientée de la laïcité, qui ne serait au fond qu'une lutte contre l'islam. Cela fait bien longtemps aussi, qu'en France, on n'a certes pas peur d'être islamophobe: à l'heure où des mosquées brûlent et sont profanées, où le port du foulard expose à des agressions physiques violentes, où pas un mois ne se passe depuis au moins 2007 sans qu'une polémique éclate contre les musulmans, où le Front National est omniprésent dans les médias et réalise des scores inédits au niveau électoral. Dans ce contexte,  le racisme anti-musulman, comme les autres racismes, s'exprime évidemment sans crainte. 
Il est donc naturel et salutaire que toute personne ayant une conception universaliste et non manipulatoire de la laïcité dénonce ces positions qui la dénaturent et la décrédibilisent. A fortiori, lorsque cette personne est responsable de l'Observatoire de la laïcité.  En effet, si la laïcité n'est que le nom d'une islamophobie consensuelle, elle n'existe pas. 

Ne reste que ce à quoi nous assistons depuis des années, l'absence de contenu positif, de politiques concrètes capables de faire émerger une société réellement laïque, avec des outils sociaux offensifs. L'école ne résorbe plus les inégalités sociales devant le savoir et les cultures, au contraire, la dégradation des moyens les perpétue. L'éducation populaire, les associations qui composent le tissu social, les services publics locaux sont soumis à d'énormes restrictions voire disparaissent. Tout ce qui rassemble autour de droits et d'ouverture des possibles est délaissé, ne reste qu'une course folle vers plus de discriminations, vers la recherche perpétuelle des mêmes boucs émissaires.

Or, contre toute attente, et en tout cas contre celle de Manuel Valls, l'Observatoire de la laïcité n'est pas allé dans cette direction. L'Observatoire n'a pas cautionné politiquement les nouvelles atteintes aux droits des femmes qu'une partie de la gauche politique souhaitait mettre en place. qu'il s'agisse de l'université, des crèches, ou de l'accompagnement des sorties scolaires. Les prétendus laïques, obsédés par l'exclusion progressives des femmes porteuses d'un voile de l'espace public, n'ont pas réussi à faire adopter leurs vues à la majorité des membres de l'Observatoire. Celui-ci reçoit d'ailleurs le soutien de la Ligue des Droits de l'Homme et d'autres associations engagées dans le combat laïque.

C'est cela qui se règle aujourd'hui, c'est la raison pour laquelle Mme Laborde, notamment, emploie des termes aussi violents, à propos de ce qui n'est pourtant, au fond, qu'un organe consultatif, sans pouvoir décisionnaire. Confortée par une puissante vague raciste, d'aucuns ne comprennent pas qu'il puisse y avoir  des digues qui tiennent encore et que d'aucuns osent raison garder.

Et la moindre résistance amène ces prétendus laïques à user d'arguments de plus en plus ignobles et de moins en moins rationnels, de surcroît. Dans ses dernières déclarations, Mme Laborde évoque par exemple le poncif rebattu de l'extrême-droite sur le "vote musulman" qui ferait peur aux politiques. Faut-il rappeler que la majorité politique à laquelle appartient Mme Laborde fut accusée par le Front National et l'ensemble des mouvements fascistes d'être le résultat de la soumission de François Hollande au "communautarisme musulman" ?

Manuel Valls reprend donc la campagne menée de puis quelques temps par l'hebdomadaire Marianne ainsi que par trois membres de l'Observatoire (l'ancien ministre socialiste Glavany, Françoise Laborde, Patrick Kessel) connus pour leur conceptions unilatérales de la laïcité et leur obsession anti-voile. Ainsi P. Kessel préside le Comité "Laïcité République" (CLR), une association qui s’est retrouvée au cœur d’une polémique nauséabonde.  Le 26 octobre dernier, quand, lors de la remise de son prix annuel à l’Hôtel de ville de Paris (en présence de Valls), plusieurs de ses membres ont réprimandé une journaliste franco-turque porteuse d'un foulard. A leurs yeux ce vêtement contrevenait à la laïcité. Le CLR cultive une obsession sur le foulard, qui bénéficie d’une rubrique à part entière sur son site, où l’on retrouve de nombreux articles du journal de la droite radicale Causeur et de  Marianne. Glavany quant à lui méprise une conception de la laïcité qui est celle de la majorité de l'Observatoire et  qu'il qualifie de "droit-de-l'hommiste et antiraciste"; sans surprise il soutient publiquement la déchéance de nationalité pour les binationaux. 
Ce trio est bien caractérisé par  Bianco: "... Ceux qui dénaturent la laïcité, ce sont précisément ceux qui en font un outil antireligieux, antimusulman, qui prétendent, ce qui est une monumentale erreur sur le principe même de laïcité, que l’espace public est totalement neutre, comme si nous n’avions plus le droit d’avoir des opinions".

Valls valide aussi  la ligne de celui qui fait office de  délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra), Gilles Clavreul. Ce dernier s'est notamment illustré lors de l'affaire dite du "bikini de Reims" en juillet dernier. Lors de ce qui constituait une grossière manipulation raciste, il avait jeté de l'huile sur le feu, dans la droite ligne de sa déclaration médiatique d'entrée en fonction, où sa priorité avait été d'indiquer qu'il ne reconnaissait pas l'islamophobie.

Cette ligne violente et absurde constitue à  bien des égards une lamentable fuite en avant, reprise au plus haut niveau de l’État, une tentative de moins en moins crédible de masquer le bilan désastreux de la mandature en matière de laïcité ET d'antiracisme. Car c'est le second point de la manipulation politique: n'avoir que l'islamophobie à proposer comme solution en matière de lutte contre l'antisémitisme.
Où sont donc les plans ambitieux annoncés autrefois par le gouvernement dans ce domaine ? Quels nouveaux outils ont été mis à la disposition de celles et ceux qui souhaitent combattre le fléau de l'antisémitisme ?
Depuis l'unique annulation d'un meeting de Dieudonné à Nantes en janvier 2014, accompagné par  la promesse de Manuel Valls de faire fermer les principaux sites antisémites français, de réguler enfin l'expression de la haine sur les réseaux sociaux, qu'est ce qui a été fait , concrètement ? Pas grand chose, le négationnisme en ligne notamment se porte toujours aussi bien, et les parquets ne sont même pas assez formés sur la question pour nous épargner la relaxe du négationniste Robert Faurisson lors de son dernier procès.

Association antiraciste, universaliste et laïque, Memorial 98 rejette et condamne les manipulations et divisions de M. Valls qui en est coutumier et appelle à défendre plus que jamais l'unité des combats antiracistes.
Memorial 98 appelle à soutenir et à signer la pétition de soutien à l'observatoire de la Laïcité, initiée par la Ligue des Droits de l'Homme, la Ligue de l'enseignement et la Fédération Nationale de la Libre Pensée.


Actualisation du 1er décembre 2016

Alors que Valls  annonce sa candidature à la primaire de la gauche, il est nécessaire de rappeler qu'il a notamment soutenu et participé récemment à la manipulation raciste et islamophobe de Sarkozy sur le burkin.

Ce dernier avait déjà constaté en 2015 que Valls et Hollande avaient été disposés à reprendre son idée (commune avec le FN) de déchéance de nationalité.

Sait-il que cette fois-ci, à nouveau, Manuel Valls approuvera les arrêtés des maires de droite et que nombreux seront ceux  et celles qui à sa suite danseront au son de la musique raciste et islamophobe en pensant (ou feignant de penser) qu’on défend ainsi la laïcité, voir le droit des femmes ? 
Devine-t-il que Valls ira jusqu'à blâmer en direct Najat Vallaud-Belkacem afin d'imposer à gauche la ligne ignoble de Sarkozy, comme dans le cas de la déchéance de nationalité?
La ministre de l’Éducation nationale a fort modérément affirmé que "la prolifération des arrêtés" n'était "pas la bienvenue" et a ajouté "Jusqu’où va-t-on pour vérifier qu’une tenue est conforme aux bonnes mœurs ?" puis a évoqué une "dérive politique dangereuse pour la cohésion nationale" qui "libère la parole raciste". 
Valls la désavoue en direct et réaffirme son soutien aux mesures des maires LR parrainées et initiés par Sarkozy .

MEMORIAL 98

jeudi 3 septembre 2015

RTL relaye une rumeur raciste et complotiste: la machination d'Olivier Mazerolle

Actualisation du 16 juin :

Mazerolle récidive; il relaye des rumeurs grotesques et alarmistes à propos des supporters de foot.
Ainsi le 14 juin sur RTL il a interpellé le ministre Le Foll en reprenant un photo-montage parodique :
« Sur les images on voit même un homme brandir une pelle, comment tout cela a-t-il pu rentrer dans le stade ? (…) Avec la palpation à l’entrée, on ne devrait pas avoir de fumigène ni de pelle. » 
Mazerolle n'a même pas pris la peine de vérifier cette pseudo-information et se déconsidère une fois de plus après avoir relayé une rumeur raciste contre Myriam El Khomri (voir ci-dessus)

Actualisation 28 avril 2016:

Nouvelle manipulation xénophobe autour de la loi travail: attention il ne s'agit pas ici du contenu réel de la loi et des débats et mobilisations qu'elle entraîne. Il est question  d'une manipulation complotiste  dans la continuité des attaques qui avaient accompagné la nomination de la ministre du Travail (voir ci-dessous). Un message totalement mensonger, qui a beaucoup circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux, affirme que cinq jours fériés chrétiens seraient menacés par la loi travail. L’Ascension, les lundis de Pâques et de Pentecôte, le 15 août ainsi que la Toussaint disparaîtraient, car « ces fêtes traditionnelles sont d’un autre temps et ne correspondent plus au principe de la laïcité ».
On voit bien les intentions racistes du site d’extrême droite Volontaires-France.fr qui a lancé cette rumeur.

Memorial 98

Actualisation du 10 février 2016:

Najat Vallaud-Belkacem s'attaque -à juste titre- aux rumeurs sexistes, racistes, complotistes, qui se répandent à son encontre, notamment à propos de la réforme de l'orthographe.

Au delà du débat (légitime) sur ces modifications conçues par l'Académie française, il s'agit pour la fachosphère de nier la légitimité d'une personne issue de l'immigration à se mêler de ce qui touche à la langue française. C'est un type d'attaque profondément ancrée dans la droite nationaliste et l'extrême-droite françaises. Elles ont déjà été utilisées contre des écrivains d'origine juive accusés d'être "incapables de comprendre l'enracinement de la langue française" et contre Jean Zay, ministre de l’Éducation sous le Front Populaire, harcelé par l'extrême-droite et assassiné par la Milice. On note ici le parallélisme de ce types de campagnes antisémites et xénophobes qui portent aussi sur le nom, prétendument modifié voire dissimulé (voir ci-dessous).

Memorial 98

En plein débat sur les réfugiés et les migrants, la propagande xénophobe ne faiblit pas.
Sur RTL ce matin (jeudi 3 septembre), le nouveau présentateur-vedette de la station, Olivier Mazerolle,  recevait  la fraîchement nommée ministre du Travail, Myriam El Khomri. Et il a attaqué d'emblée avec une question absurde : «Vous êtes marocaine par votre père, ça donne quel trait de caractère ?» .... Puis il passe a une question beaucoup plus perverse :  «Alors vous avez décidé de faire carrière avec votre nom de jeune fille, alors que vous auriez pu vous présenter sous le nom de femme mariée, votre mari est un Bordelais pur sucre, pourquoi, parce que c'est important de montrer qu'en France quand on s'appelle Khomri on peut aussi bien réussir que je sais pas moi, Marceline Dupont ?»

On se demande d'où sort ce patronyme étrange de "Marceline Dupont" ? En fait Mazerolle a simplement recyclé la rumeur d'extrême-droite qui a parcouru le Net lors de la nomination de Najat Vallaud-Belkacem comme ministre de l’Éducation Nationale, en aout 2014. Cette campagne, relayée par les complotistes, prétendait que la ministre s'appelait en réalité Claudine Dupont,  mais utilisait un nom "maghrébin" afin de se faire bien voir des populations d'origine immigrée et de la presse.  

"Claudine Dupont c'est moins vendeur que Najat Vallaud-Belkacem ?", écrivait ainsi un internaute, diffusant une carte d'identité pourtant barrée par le mot "fake" ( factice).

L'information était évidemment toute aussi fausse que la carte d'identité qui était censée l'étayer.
La fausse carte circule depuis 2013 et avait déjà été contredite par le site de référence Hoaxbuster.com. Ironie de l'histoire, l'image relayée par la plupart des faussaires a elle-même été créée pour démonter la rumeur.
La manipulation est d'autant plus vicieuse qu'il y a bien un lien entre le patronyme "Claudine Dupont" et la nouvelle ministre. Il fait allusion à une petite phrase attribuée par Le Point à Ségolène Royal en 2013 et démentie par celle-ci : "Elle s'appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là".

Afin de dissimuler l'origine de son forfait, Mazerolle a simplement remplacé "Claudine" par "Marcelline".
Nous interpellons d'ailleurs RTL sur ce nouveau dérapage à caractère raciste et sexiste de son présentateur -vedette.
On remarquera que les femmes en politique sont particulièrement mises en cause en raison de leurs origines. Myriam El Khomri avait déjà été la cible d'attaques racistes lors de sa première nomination à la politique de la Ville, tout comme Najat Vallaud-Belkacem. Cela a aussi été le cas de Rachida Dati attaquée par Le Pen en raison de sa double nationalité puis d'Eva Joly attaquée en tant qu'étrangère successivement par Marine Le Pen puis par François Fillion.

En colportant une rumeur sexiste, raciste et complotiste, Mazerolle est triplement condamnable. Nous attendons la réaction de la direction de RTL et du CSA.