samedi 18 juillet 2020

Colonialisme : que signifie la restitution par la France des restes de 24 combattants algériens ?



L’Algérie a enfin récupéré le 3 juillet  les restes de 24 de ses combattants tués au début de la colonisation française au XIXe siècle.
Ces crânes ont été restitués par la France après que pendant des décennies ils aient été entreposés au Musée de l’Homme à Paris.
C'est avec une grande émotion que le peuple algérien a vécu l'arrivée de l'avion militaire, encadré par trois avions de chasse, ramenant les restes humains de vingt-quatre résistants.
Il est vrai que le gouvernement avait mis le paquet en termes de communication : tapis rouge, honneurs militaires, diffusion sur toutes les chaines de télévision. 
De toute façon, n'importe quel gouvernement de ce pays continuera à réclamer, à exiger la restitution des autres restes humains retenus dans les musées et autres objets de valeur pillés durant la conquête et la colonisation. C'est une évidence.

Avant de raconter la tragédie de l'oasis de Zaatcha, lieu de provenance de ces restes humains, j'ai choisi deux exemples de colonialismes européens : l'allemand et le portugais, qui selon des clichés très anciens, seraient totalement différents.
Puis je montrerai comment la répression coloniale  et surtout les représailles s'inscrivent dans la déshumanisation des prisonniers vaincus, car racialement perçus comme appartenant à des " races très inférieures”.
D'autre part, comment comprendre  le comportement d'officiers d’élite, laissant leurs hommes commettre des horreurs indicibles, en faisant fi de leur enracinement et environnement intellectuel en métropole ?
C'est pourquoi, j'ai eu l'idée  de présenter rapidement les positions, les  évolutions, les cheminements de deux immenses personnages de notre Panthéon, à l'égard de la colonisation en Afrique: Victor Hugo et Jean Jaurès. Enfin il convient  dire quelques mots sur les administrateurs civils coloniaux français                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Commençons donc  par l'Allemagne coloniale en Afrique : 
                                                                                                                                       Pendant 35 ans, de 1884 à 1919, l'Allemagne fut un empire colonial d'envergure.
La conférence de Berlin de1884 à 1885 dépeça et partagea une grande partie de l’Afrique.
Le roi Léopold II de Belgique reçut à titre individuel le Congo et y mena une politique d’exploitation particulièrement sanglante et inhumaine.
L’Allemagne de Bismarck reçut d’une part le Togo, le Cameroun, l'Afrique du Sud Occidentale qui constitue aujourd’hui  la Namibie. 
Ses possessions en Afrique Orientale furent composées de la Tanzanie, du Rwanda, du Burundi.
Mais limitons nous à l'Afrique Occidentale. 
Entre 1885 et 1903, le colonialisme allemand vola un quart de leurs de terres aux populations Herero* et Nama* avec violence et brutalité en utilisant le travail forcé et la dispersion. Ici, l'idéologie de la " Herrenrasse" (race des seigneurs) prit racine et tout son sens.
Ces coloniaux n'arrivaient pas en Afrique pour y montrer le progrès européen, mais pour "faire et  construire des races inférieures”. 
Les autorités allemandes présentèrent des "villages indigènes"  dans la première exposition coloniale de Berlin en 1896.
Des zoos humains du même genre figurèrent dans l'exposition internationale de Gand en 1903 et à Paris en 1931. 
Ainsi la révolte des Herero, soutenue par leurs voisins Nama, fut-elle réprimée dans le sang  et vouée à la destruction totale de ses membres. 
Quatre-vingts des Herero, soit 65000 personnes, furent tués et la moitié du peuple Nama disparut soit 20 000 personnes.
Les coloniaux allemands mirent  en œuvre des camps de concentration  copiés des camps britanniques durant la guerre des Boers  (1899-1906). Ils pratiquèrent des expériences médicales  sur les êtres humains capturés et menèrent une  guerre de liquidation totale. 
En  1904, 100000 Herero furent assassinés. Ainsi le général Von Trotta, chef du corps expéditionnaire allemand,  a t-il pu déclarer: " je crois que cette nation doit être détruite en tant que telle ». 
Notons que ces crimes n'échappèrent pas à Rosa Luxembourg, qui s'opposa et batailla  contre le colonialisme, en opposition à la majorité des dirigeants de son parti social-démocrate allemand.

 La vision du monde colonial de L'Allemagne  impériale était semblable à celle de la France, de l’Angleterre, de l’Italie, de la Belgique, du Portugal. 
La soumission des Africains fut fondée sur le concept de "races inférieures", partagée par l'immense majorité des élites intellectuelles des pays colonisateurs. J'y reviendrai. 
L’Africain Noir occupait pour eux l'échelon le plus bas, le partage des taches était intangible: les missionnaires s'occupaient de l'éducation chrétienne. L'administration coloniale  allemande inculqua à coups de fouet, la ponctualité, l'ardeur au travail.  Le "bon" docteur Robert Koch, qui reçut le prix Nobel pour ses travaux en bactériologie expérimenta sur des Africains, ce qui était interdit  en métropole.
Pour en finir avec l'Allemagne coloniale, n'oublions pas que le président de la République allemande et  le ministre des affaires étrangères ont reconnu les destructions des peuples Herero et Nama comme un génocide mais rechignent à verser les réparations demandées.

 A présent bousculons un cliché: qu'en fut il du "petit" Portugal ? 
                                                                                                  
Dans son ouvrage :" Les campagnes coloniales du Portugal, 1844 -1941", l'historien René Pélissier montre comment la décision du gouvernement lusitanien de 1895 s'inscrit dans la vague d'interventions brutales des colonialismes européens.
Le Portugal, pays devenu très pauvre et  ayant déjà eu un passé colonial en Afrique, entend bien montrer les dents. On assiste à une augmentation du corps  des officiers, pour lesquels les campagnes d'Afrique font partie de l'imaginaire de la réussite et de l'ascension sociale. Paradoxalement, c'est pourtant pendant la courte période républicaine (1910-1926)  que l'armée recourt à des méthodes purement terroristes pour écraser les révoltes des peuples africains résistant à la colonisation.
Le Portugal utilise les bons vieux procédés britanniques et surtout français en recourant aux auxiliaires africains. Il s'appuie pour cela sur les antagonismes ethniques. Pour cet auteur, le temps des “liquidations" (1911-1926, 1936, 1940-41) sont des campagnes d'Afrique d'une intensité inconnue souvent absentes des  synthèses des grands manuels d’histoire.
Michel Cahen, biographe de René Pélissier, écrit  " Qui se souvient du grand Mousinho de Albuquerque et de ses coupeurs de têtes au Mozambique et dans le Sud Angola ?"
Selon ce même auteur, René Pélissier nous montre que nous sommes à mille lieues des mythes sur les " brandes costumes " (douces mœurs) du colonisateur portugais.
Il précise que la conquête portugaise n'a pas été plus violente que ses consœurs  anglaise, belge, française, allemande ou italienne. Michel Cahen note la phrase plaisante de fin de livre de René Pélissier: " Au moins la langue portugaise est plus franche que les autres, car c'est la seule langue ou' il n'y a qu'un seul mot pour traduire " explorer" et " exploiter" 

S'agissant de la France coloniale en Algérie, nul besoin de remonter aux premières années de la conquête.
 C’est, on les sait, le général Bugeaud qui parvint à terminer la « pacification » de l'Algérie en 1871, après une campagne de razzias  systématique, de destructions de récoltes, de villages pillés et brulés, des massacres planifiés de populations réfugiées dans les grottes par les sinistres "enfumades" (dont celles de Juin de 1845 à Dahra)   et les emmurements  d'êtres vivants. C’est à ce sujet que Zemmour a déclaré le 23 octobre dernier dans son émission quotidienne de CNews : "Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence par massacrer les musulmans, et même certains juifs. Et bien moi, je suis aujourd'hui du côté du général Bugeaud. C'est ça être Français",
 A travers ces massacres, il s'agissait d'atteindre des objectifs politiques précis visant, selon l’historien Charles-Robert Ageron, " à obtenir un effet de terreur destiné à dompter définitivement les indigènes, mais aussi à procurer terres et argent à la colonisation, et préparer l'installation de populations européennes, ce qui n'avait pas été envisagé en 1830".

Un autre grand historien de l'Algérie coloniale , Charles-André Julien , présente le  jeune officier supérieur Lamoricière comme " le plus inhumain de tous les grands chefs de l'armée française  d'Afrique "
 Nicola Schaub dans sa lettre n° 54 du séminaire de science Po " Du colonialisme français " nous alerte sur le fait que " l'histoire des tourments et supplices causés par ces razzias" n'apparait que dans la correspondance des ces officiers , ce sont des images de soi, des images littéraires
 "  Cette génération " poursuit il " assimile et recoupe une esthétique romantique qui se transforme et se subvertit pour exprimer une destruction systématique".  En lisant cette lettre n°54, je fus stupéfait d'apprendre que ces chefs comme Lamoricière, sont autonomes et se permettent de distribuer à leurs soldats des tapis, des bijoux, des armes, de l’argent, des mulets et même ... des chevaux. Nous sommes bien dans l’ordre du brigandage, de la flibusterie, du partage du butin.                                                                                                                                                                                                                                                     Que s'est il donc passé dans et autour de l'oasis de Zaatcha en 1849?

Révoltés par le comportement des institutions coloniales, soufrant économiquement en raison de la spoliation de leurs terres, de la dégradation des récoltes ainsi que d'une levée d'impôts féroce,  un groupe d'hommes et de femmes autour du  Cheikh Bouziane, décident  de préparer une solide insurrection avec réserves d'armes, de munitions et de vivres 
Les habitants se retranchent dans l'oasis de Zaatcha, derrière des enceintes fortifiées qui furent réhabilitées pour la circonstance.
Le 17 juillet 1849, les troupes de l'armée française entament un siège de 4 mois.
 C'est un échec cuisant. 
L'état major comprenant immédiatement le danger que constituerait ce point d’appui, envoie une colonne de 5000 hommes avec artillerie, officiers du génie, plusieurs régiments de la Légion étrangère et des régiments d'auxiliaires" indigènes". 
Deux décennies après la prise d'Alger, ce" type de résistance d'une ampleur et d'une efficacité exceptionnelles apparaissent intolérables et inacceptables et cette insurrection doit être réduite dans les plus brefs délais ». 
Le 26 Novembre, les assiégeants exaspérés par ce long siège , profitant d'un climat redevenu  favorable , considérant les nombreuses victimes tuées au combat ou terrassées par le choléra se lancent à l'assaut .
 Chaque fortin, chaque terrasse, chaque ruelle est défendue avec âpreté. Les troupes  françaises perdent officiers soldats et sous-officiers. 
Enfin la victoire des troupes coloniales est acquise . Deux ans  après, l'officier Bourseul déclare : " les maisons et les terrasses sont balayées par la mitraille, tous les Arabes sont fauchés et achevés à la baïonnette .Tout ce qui reste debout est passé par le fer ou le feu. Pas un seul défenseur, femme, enfant, homme ne fuit, ni implore pitié, tous succombent les armes à la main en vendant chèrement leur peau “. 
C'en est trop, les représailles seront terribles .Il s'en suivit une destruction méthodique. Dans son livre:" La guerre et le gouvernement d'Algérie “, Louis de Baudicour écrit : les soldats se précipitèrent sur les malheureuses créatures qui n'avaient pu s'enfuir, ici un soldat amputait un sein d'une femme qui demandait à être achevée, un autre prit par les jambes un petit enfant pour lui fracasser le crane contre la muraille (.) Ailleurs d'autres scènes ne peuvent être racontées "
Il continue :" il est très fâcheux que nos officiers  ne soient pas plus maitres de leurs troupes d'élite”.
 Pour finir le cheikh Bouriane fut fait prisonnier aux termes des combats avec  son fils de 15 ans et un groupe de dirigeants de l’insurrection. Le général Herbillon ordonna qu'ils soient fusillés sur place, puis décapités. Leurs têtes furent transportées au bout de piques au marché de Biskra.                   
Qui décida de conserver les têtes des combattants vaincus, pratique courante à l'époque? Quand a eu lieu  le sordide transfert en métropole? Mystère.
 On connait désormais la suite. Après les dénégations scandaleuses du directeur du musée de l'Homme, suite à la découverte  en 2011 de l'historien et ethnologue Ali Belkadi que des têtes coupées de révoltés étaient empilées dans ce musée , l'affaire est devenue politique .
 Une belle pétition réclamant la restitution à l'Algérie des restes humains (crânes)  fut lancée par un nombre important d'historien(e) s, de journalistes, d’écrivains, de dirigeants d'associations défendant  les droits humains.
 L'accord donné par Emmanuel Macron en Décembre 2017 en visite à Alger, puis la demande officielle du gouvernement algérien ont permis le rapatriement de seulement 24 cranes. Il y en a beaucoup d'autres encore dans les divers musées de France.  En Allemagne ce sont par milliers que des cranes de l'Afrique coloniale allemande sont entreposés dans les musées de ce pays
Peut on se borner à raconter les faits ? Comment comprendre une telle barbarie ? Se peut il que ces comportements ultra-violents de ces jeunes ou moins jeunes officiers soient  complètement désincarnés du monde dans lequel ils ont grandi, fait leurs formations militaires, et n'entrent pas en résonance avec ce que pense, écrit, diffuse, publie l'intelligentsia dans les métropoles? Évidemment non. 
                                                                                                                                                                                                                                                                                       Examinons les propos de Victor Hugo tenus le 18 Mai 1879 à l'occasion d'un banquet en l'honneur de l'abolition de l'esclavage : " la  Méditerranée  est un lac de civilisation (...) Sur l'un de ses bords, le vieil univers, sur l'autre l'univers ignoré, c'est à dire d'un coté toute la civilisation, de l'autre toute la barbarie (...) Déjà les deux peuples colonisateurs qui sont deux peuples libres: la France et l'Angleterre ont saisi l’Afrique. La France l'a saisie par l'ouest et le nord, l'Angleterre par l'est et le midi. Voici que l'Italie accepte sa part de ce  travail colossal”.
Il poursuit: "au 19eme siècle, le Blanc a fait du Noir un homme, au 20ème l'Europe fera de l'Afrique un monde, une Afrique maniable à la civilisation “. 
Son discours  largement applaudi se termina par une ode au colonialisme, solution pour régler les problèmes de l'Europe (nous sommes huit ans après la Commune de Paris). Il poursuit : " Allez peuples, emparez vous de cette terre; A qui ? A personne! "   e. L'historien Gilles Manceron pourra dire : " En face du fait colonial, son universalisme est pris en défaut "  On ne saurait dire mieux. 
  
Qu'en est il de Jean Jaurès ?                                                                                                                                                                                                                                              Gilles Manceron nous  donne à nouveau des clés d'explication dans son livre " Jean Jaurès, vers l’anticolonialisme. Du colonialisme vers l'universalisme ".
Dans cet ouvrage, l’historien a réuni 38 discours de Jaurès prononcés en 1884 et 1914. Le 14 Avril 1884, Jaurès affirme soutenir les entreprises coloniales humaines. Il dit :" Nous avons étendu aux hommes de couleur, la liberté des Blancs et aboli l'esclavage ».
Gilles Manceron ne nie pas ces positions colonialistes. Il montre l'évolution réfléchie et déterminée du parlementaire. Le point pivot de l'aversion pour les exactions du colonialisme sera l’affaire Dreyfus, pointe Manceron.
 Dés le début du 20e siècle note ce même historien, Jaurès se fait de plus en plus sévère à l'égard du fait colonial.
L'affaire Dreyfus lui ouvre les yeux sur l'infamie d'un racisme qu'il observe depuis son enfance. Jaurès s'oppose alors à un antisémitisme et autres formes de racisme qui "confinent à l'audace politique avant-gardiste ". Il déclare :" ce n'est pas l’antisémitisme, le racisme  là-bas en Algérie qui pourront résoudre les problèmes. Nous proposons pour rétablir l'équilibre électoral, non pas de supprimer les droits politiques des Juifs, mais de donner leurs droits politiques aux populations berbéro-arabes  "   
On peut  donc affirmer que le tribun était plus que minoritaire parmi les dirigeants de son parti.. C'est le moins que l'on puisse dire
En outre il ne se contentait pas des schémas mécanistes de certains socialistes adeptes de Jules Guesde qui ne s'intéressaient pas ou peu aux questions coloniales 
Jaurès  lancera cette magnifique phrase  :" L'asservissement d'une nation par une autre constitue une  affaire Dreyfus permanente"                                                                                                                                                                                      On  voit au travers de ces deux exemples  les limites de l'universalisme du vieil Hugo ( Il a 77 ans quand il fait le discours ci-dessus )
Il croit à un colonialisme par " la charrue " et non par le "fusil “. C'est bien sur une illusion. 
Jaurès évolue vers un véritable anticolonialisme dans le contexte démontré par l'historien Gilles Manceron. 

 La tradition coloniale française
La soldatesque, les corps d'officiers baignent en métropole  dans un univers intellectuel  furieusement  colonialiste. Il en résulte sur les théâtres d'opérations, par delà  les mers, une barbarie quasi indicible, commise par des hommes qui donnent libre cours à l'exaltation,  emportés par des sentiments de surpuissance. C'est le temps des " Herrenrasse”, le temps de la " race des seigneurs “.                                                                                           
Quelques mots sous forme de citation à propos de la (très mauvaise) école coloniale française : Un diplômé de cette école, raconte comment son père lui a enjoint de passer le concours d'entrée : "Tu as 18 ans et tu es bachelier. Il te fait choisir une profession et entreprendre une carrière. Je sais que tu voudrais être journaliste et entrer en politique. Mais ce ne sont de pas vraies professions. Tu es myope comme une taupe, ce qui t'interdit une carrière militaire. Tu n'aimerais ni la médecine, ni l'enseignement. Tu n'es ni assez bête, ni assez élégant pour être diplomate. Tu n'as aucune disposition pour les affaires. Les choses étant ce qu'elles sont, tes possibilités sont limitées. Il ne te reste plus que les colonies si tu veux ..."
Faute de candidats qualifiés, c'est avec résignation que l'administration coloniale à Paris acceptait l'irresponsabilité et la brutalité de fonctionnaires subalternes. 
Jacques Thobie dans son " histoire de la France coloniale relate cette histoire " démente" pour le coup : "Un administrateur du Congo avait dans les années 1890,  été jugé inapte par un médecin colonial  en raison de ses facultés mentales gravement altérées par les drogues et  l’alcool. Il avait en effet incendié deux villages et son sport favori était de tirer sur les gens qui se promenaient à proximité de son domicile. Et bien, il fut maintenu en service "

 Poursuivre
La restitution des restes humains du cheik  Bouziane et de ses compagnons est un pas significatif.  Apprécié comme tel par le peuple algérien. 
Il est encore insuffisant .De nombreux restes humains sont encore entreposés dans divers musées de France. Les restitutions de tout ordre doivent continuer. Que se serait il passé sans le travail et la vigilance de l'historien algérien Ali Belkadi ?  Quand des excuses publiques sur la colonisation  et ses drames seront elles prononcées  par un gouvernement français?
Contrairement aux clichés fortement répandus, les atrocités commises  par les colonialismes européens  à la fin du 19 me siècle et début du 20ème, auxquels il faut atteler celui d'Amérique du Nord (à l'égard des civilisations amérindiennes) sont sensiblement de la même intensité. 
La France, on l'a vu, y a pris une bonne part. L'Allemagne a pourtant commis un génocide, car l'intentionnalité de la destruction totale  des peuples qu'elle a soumis est historiquement attestée  et par surcroit  reconnue par les autorités officielles allemandes.
Comme l'a dit Gilles Manceron, " il ne s'agit pas de repentance mais de construction de faits historiques, il s'agit d’Histoire.  Il en va de même pour le  vieil Hugo.

 Philippe Chamek pour Memorial 98                                                                                                                                                                                        
PS : J'ai choisi l'acception universitaire pour écrire le nom des ethnies, c'est à dire sans pluriel et en italique. 

Bibliographie 
AGERON Charles-Robert, Histoire de l'Algérie coloniale, tome 2 : de l'insurrection de 1871 au déclenchement de la guerre de Libération à 1954, Paris, PUF, 1979. – L'Algérie algérienne de Napoléon III à De Gaulle, Paris, SINBAD, 1980.
 JULIEN Charles-André, Histoire de l'Algérie contemporaine, tome 1, la conquête et les débuts de la colonisation, 1827-1871, Paris, PUF, 1979. 
STORA Benjamin, Histoire de l'Algérie coloniale, 1830-1954, Repères, La Découverte, 1991.
THOBIE Jacques, MEYNIER Gilbert, COQUERY-VIDROVITCH Catherine, AGERON Charles Robert, Histoire de la France coloniale, 1914-1990, Paris, Armand Colin, 1990.
 SCHAUB Nicolas, Lettre du séminaire n°54, Sciences Po centre histoire, Arts et sociétés, Institut National de l'Histoire de l'Art / CTHS, 2015. Sous la direction de LORIN Amaury et TARAUD Christelle, Nouvelle histoire des colonisations européennes (XIXe-XXe siècles), Sociétés, cultures, politiques, Le Noeud Gordien, PUF, 2013
 PELISSIER René, Les campagnes coloniales du Portugal, 1844-1941, Paris, Pygmalion (Flammarion), 2004. 
CAHEN Michel, État des savoirs sur l'Afrique de colonisation portugaise en France, Paris, Rencontres RTP 2006.
 MICHEL Nicolas, Namibie : l'autre génocide perpétré par l'Allemagne, Jeune Afrique, décembre 2016. 
FABER-JONKER Leonor, Le premier génocide du XXe siècle, Herero et Nama dans le sud-ouest africain allemand, 1904-1908, livret de l'exposition, édition Mémorial de la Shoah, 2017. 
MANCERON Gilles, Jean Jaurès. Vers l'anticolonialisme. Du colonialisme à l'universalisme, Paris, Les Petits Matins, 2015. HUGO Victor, Discours sur l'Afrique, 1879. 
RIGOULOT Pierre, KOTEK Joel, Le siècle des camps, JC Lattès, 2000. 
http://www.memorial98.org/article-gueant-la-strategie-de-l-araignee-98679439.html avec la réponse de Georges Clemenceau   le 30 juillet 1885  à un Jules Ferry prétendant justifier la colonisation par la supériorité de la civilisation occidentale, en ces termes:
 : «… Regardez l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l'histoire de votre civilisation ! (...) Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l'Européen apporte avec lui : de l'alcool, de l'opium qu'il répand, qu'il impose s'il lui plaît. Et c'est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l'Homme !... »






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