8 mai: une mémoire actuelle, 76 ans après la chute du nazisme.
1945: la capitulation et la joie
Le 7 mai 1945, à 2h41 du matin,
l'Allemagne nazie capitule. C'est la fin des combats en Europe.
Le lendemain, une immense vague de joie déferle sur la planète, provoquant des
scènes de liesse dans toutes les capitales, à l’exception de Berlin et Tokyo.
Le régime
impérial japonais poursuit les combats dans le Pacifique, la Seconde Guerre
mondiale n’est pas encore terminée.
La joie est ternie par
la
découverte des camps de mise à mort , depuis quelques mois, au fur et à
mesure de la progression des armées alliées, notamment soviétiques. Le dernier
camp est "libéré" le 8 mai 1945; il s'agit de celui de Theresienstadt/Terezin, en
Tchécoslovaquie alors que Auschwitz l'a été le 27 janvier de la même année. .
Alors même que s'effondrait le
régime le plus réactionnaire que l'histoire ait connu, les peuples colonisés
exprimèrent leurs aspirations à l’égalité et à l'auto-détermination.
Ainsi
l’Algérie "française" connait, en ce jour du 8 mai 1945, des scènes
de répression coloniale d’une extrême violence. Les célébrations se terminent dans un
bain de sang à Sétif,
Guelma, et Kherrata, entraînant la mort d’environ 45 000 personnes.
Un passé toujours actuel
Le souvenir du 8 mai 1945 et plus
généralement de la période de Vichy et de la collaboration
avec les nazis demeure un sujet de débat et de clivage notamment dans
la droite, mais aussi dans une partie de la gauche.
Ainsi Giscard d'Estaing, alors président de la République, avait supprimé la
commémoration du 8 mai à partir de 1975, sous prétexte de construction européenne.
Elle fut rétablie en 1981 par
Mitterrand.
Mais ce dernier a maintenu la fiction
d'une non responsabilité des autorités françaises notamment dans
la déportation des Juifs de France.
Il a dans ce cadre mis en œuvre, de 1987 à 1992, un hommage à Pétain
auquel il ne mit fin qu'à la suite d'un important scandale face à la
persistance de cette révérence si choquante. Alors qu'on commémore cette
année le quarantième anniversaire de l'accession au pouvoir de
Mitterrand le 10 mai 1981, le respect organisé de la personne de Pétain
représente une des tâches de cette présidence.
L'implication de Mitterrand et de Hubert Védrine dans le
génocide des Tutsi de 1994, documentée certes encore incomplètement, dans le rapport
Duclert, en est une autre.
A droite, c'est Sarkozy qui lança,
dès sa campagne électorale de 2007, une offensive d'ampleur contre la
"repentance" et contre la reconnaissance de la participation des
autorités françaises à la Shoah. A peine élu, il a choisi de boycotter
la cérémonie du 8 mai 2007, pour ne pas se retrouver à côté de Chirac qui
avait reconnu les responsabilités françaises dans la déportation des Juifs.
A l'époque, Patrick
Devedjian, alors dirigeant de premier plan de l'UMP, décédé depuis, en résumait ainsi les enjeux (dans le journal
Le Monde du 10 avril 2007) : " La droite est sortie honteuse de la guerre.
Depuis la Libération, la gauche exerce un magistère moral sur l'histoire,
distribuant les bons et les mauvais points: à gauche le parti des fusillés, à
droite les collaborateurs. Même Chirac n'a jamais dit qu'il était de droite, et
Jospin n'a pas hésité à dire de la droite qu'elle était héritière d'un courant
anti-dreyfusard, antisémite et raciste. Il (Sarkozy) a sorti nos valeurs de la
réclusion, il redonne sa dignité à la la droitisation de la société
permet aujourd'hui ce réajustement idéologique qui anticipe la victoire
politique".
Son successeur, Laurent
Wauquiez, a poursuivi dans la même voie et accueilli en grande pompe Eric
Zemmour qui travaille à réhabiliter Pétain et son régime. La campagne électorale qui s'ouvre pour les élections régionales de juin prochain et la présidentielle 2022 montre à quel point la lâcheté et la complaisance à l'égard des idées racistes du FN/RN entraîne toute la société vers une possible catastrophe. On a encore vu récemment un des dirigeants de la droite LR, Eric Ciotti, réduire ses différences avec le RN à une prétendu "capacité à gouverner"
De son côté Macron multiplie les lois répressives. Ses ministres dénoncent sans cesse un "islamo-gauchisme" inventé par les courants les plus réactionnaires de la droite. Cette épouvantail a pour vocation de discréditer ceux et celles qui s'opposent
Emmanuel
Macron a aussi voulu rendre hommage à Pétain, lors du centenaire de la fin de la première guerre mondiale. Il a repris l’argumentation bien connue sur le « grand
soldat » qui aurait ensuite fait « des choix funestes ». Face au
scandale, il a du renoncer à cet hommage.
Nous en
appelons plus que jamais au
combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites quels que
soient leur prétexte, et pour l'avenir d'un monde débarrassé de la
menace fasciste.
Le soixante seizième anniversaire
de la victoire contre le nazisme est commémoré
cette année dans les conditions particulières de la pandémie du Covid.
L'insurrection du ghetto de Varsovie a donné lieu à une importante mobilisation avec pour la première fois l'organisation d'un hommage public sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris, à l'appel du Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes ( RAAR) et de nombreuses associations dont Memorial 98. La vidéo de cet événement se trouve ici
La
crise sanitaire du Covid donne lieu à un déferlement de propagande complotiste et antisémite et à des manifestations à tonalité d’extrême-droite dans plusieurs
pays.
Malgré la défaite retentissante de Trump et la catastrophe sanitaire provoquée par lle fasciste Bolsonaro au Brésil
En France on
assiste à des attaques contre des responsables de santé d’origine juive .
Soral, toujours
en liberté malgré ses condamnations à des peines de prison ferme, est évidemment au premier plan avec sa vidéo nommée Couillonavirus
Communauté organisée qui tient la France.
Il y stigmatise "le gang qui a en charge la médecine d’État :
Buzyn, Lévy, Bauer, Hirsch, Jacob, Guedj, Salomon… C’est la liste de Schindler. » il
éructe que les Juifs « veulent faire du pognon sur le dos des Français,
affaiblir le peuple français par le nombre de morts » .
Mais au delà
de sa propagande, de nombreuses « explications diaboliques »
envahissent les réseaux sociaux et les milieux déjà touchés par l’intervention
de réseaux complotistes d’extrême-droite, notamment lors du mouvement des Gilets jaunes.
Aux États-Unis les manifestations contre les mesures de protection sanitaire se
sont multipliées, notamment dans le États dirigés par les démocrates,initiées par une coalition de suprémacistes, d’intégristes et de lobbyistes des
armes à laquelle se sont joints les complotistes « anti-vaxxers », hostiles
aux vaccinations. De nombreux slogans antisémites ont été lancés lors de
ces manifestations,
s’ajoutant ainsi aux crimes des synagogues de Pittsburgh et
San Diego et à la manifestation meurtrière des suprémacistes blancs à Charlottesville en août 2018.
L'appel à la manifestation fasciste de Charlottesville
En Allemagne, une mobilisation du
même type se nomme « Résistance 2020 » et s’appuie sur le parti
d’extrême-droite AfD (Alternative pour l'Allemagne)
Le co-président de ce
parti Alexander Gauland décrit le jour de la fin de la Seconde
Guerre mondiale, comme étant un "jour de défaite absolue".
Il réagissait ainsi aux appels répétés en Allemagne pour faire du
8 mai un jour férié, ce qui n’est pas le cas actuellement sauf à Berlin.
Dans cette ville qui constitue aussi un État, le 8 mai a été fêté et
férié à titre exceptionnel en 2020 lors du 75e anniversaire, en tant que symbole de
libération du nazisme. Une pétition nationale demande la généralisation
de cette démarche.
"Le 8 mai n'a pas le potentiel
d'être un jour férié car c'est un jour ambivalent", a déclaré Gauland.
"Pour les détenus des camps de concentration, c'était une journée de
libération. Mais ce fut aussi un jour de défaite absolue, un jour de perte de
grandes parties de l'Allemagne ( à l'Est) et de la possibilité de façonner de nouvelles
choses".
En juin 2018, il
avait comparé la période nazie à “une
fiente d’oiseau” au regard de 6 000 ans d’histoire allemande. Une manière
de réduire le IIIe Reich à un détail, ce qui avait déjà provoqué une vague de
critiques. Il avait aussi vanté “les performances des soldats allemands durant
la Seconde Guerre mondiale”, en
septembre 2017.
La date du 8 mai rappelle à nouveau
que le fascisme et le nazisme ont finalement été vaincus mais que si on les
laisse prospérer, ils auront auparavant provoqué d'immenses drames et
nombreuses catastrophes humaines.C'est pourquoi nous les combattons sans relâche
MEMORIAL 98
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