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samedi 16 mai 2020

Génocide des Tutsi: son organisateur enfin arrêté tente d'échapper à la justice

 
Mise à jour du 12 novembre 2020: Kabuga devant le tribunal international de La Haye

Félicien Kabuga, a comparu pour la première fois à La Haye le mercredi 11 novembre.  Arrêté en France en mai dernier, il est poursuivi pour sept chefs d’inculpation dont génocide et complicité de génocide. Il a fait savoir par la voix de son avocat qu’il plaiderait non coupable. Il avait tenté d'éviter sa comparution devant ce tribunal mais la Cour de Cassation a rejeté son recours. Il aurait du être jugé à Arusha en Tanzanie, mais son état de santé a déterminé une localisation plus proche

Félicien Kabuga ne reconnaît pas les crimes qui lui sont reprochés. Ce n’est pas une surprise. Il plaidera donc non coupable. Il était présent à l’audience mais s’est seulement exprimé brièvement au tout début de son habituelle voix faible, et pour confirmer qu’il comprenait la langue utilisée à l’audience ou en tout cas sa traduction.

Cette audience initiale ne signifie pas l’ouverture d’un procès, car pour cela, il faudra encore attendre des mois.

 Le procureur Serge Brammertz et ses équipes travaillent encore à la mise à jour de l’acte d’accusation qui, tel qu’il a été lu à l’audience aujourd’hui, date de 2011, soit près de 10 ans. Une actualisation s’impose donc pour notamment tenir compte des témoins encore disponibles ou non, ou de nouveaux éléments qui auraient été découverts depuis.



 
 Mise à jour du 2 septembre 2020

Félicien Kabuga tente par tous les moyens d'échapper à la justice internationale.

Il a saisi a plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français, la Cour de Cassation, après le feu vert donné le 3 juin par la cour d'appel de Paris à sa remise au Mécanisme pour les tribunaux internationaux (MTPI). Cette structure est chargée d'achever les travaux du Tribunal international pour le Rwanda ( TPIR) et siège à Arusha en Tanzanie. Ses avocats mettent en avant son état de santé. La décision sera annoncée le 30 septembre.

Un autre génocidaire présumé de haut niveau est recherché, après avoir lui aussi trouvé refuge en France.
Un mandat d'arrêt international contre Aloys Ntiwiragabo a été émis par le Rwanda. Après sept mois d'enquête, le journal Mediapart avait en effet retrouvé celui qui était à la tête du renseignement militaire à l'époque du génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994. Le parquet antiterroriste français a ouvert une enquête préliminaire pour "crimes contre l'humanité".
A cette occasion on a découvert les errements de l'administration française qui semble avoir accordé le statut de réfugié à des génocidaires présumés.

Avec nos amis et partenaires de l'association de rescapés du génocide  Ibuka et le Collectif des parties civiles pour le Rwanda nous exigeons que les génocidaires présumés soient déférés devant la juridiction qui est mandatée pour cela. 

MEMORIAL 98



 

Grande et bonne nouvelle: Félicien Kabuga, considéré comme le financier du génocide des Tutsis et l’un des principaux accusés encore recherchés par la justice internationale, a été arrêté le 16 mai. Cette arrestation survient un mois après la 26e commémoration du début du génocide 
Agé de 84 ans, Félicien Kabuga, qui résidait à Asnières-sur-Seine (92) sous une fausse identité, est notamment accusé d’avoir créé les milices Interahamwe , principales structures armées du génocide de 1994.
Il est visé par un mandat d’arrêt du Mécanisme international, la structure chargée d’achever les travaux du Tribunal international pour le Rwanda (TPIR). 
Selon le communiqué des autorités françaises, il faisait partie des fugitifs les plus recherchés au monde.

Il a présidé la Radio génocidaire des Mille-Collines

Son arrestation montre que les responsables de génocide peuvent être contraints de rendre des comptes, même vingt-six ans après leurs crimes, a commenté le procureur du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI)
En 1994, Félicien Kabuga – dont une fille était mariée à un fils du président rwandais Juvénal Habyarimana – appartenait au cercle restreint de ce dernier, dont l’assassinat, le 6 avril 1994, allait déclencher le génocide.

Il présidait la Radio télévision  des Mille-collines (RTLM), qui diffusait des appels aux meurtres des Tutsi et dont le rôle toxique fut extrêmement important.
Dans les jours qui précèdent le début du génocide le 6 avril 1994, il est annoncé à l'antenne de cette radio que "Le 4 ou le 5, il va se passer un petit quelque chose (...) une petite chose est prévue. Cette petite chose va continuer les jours suivants… Hohoho !". 
Le génocide débute finalement le , immédiatement après que l'avion du président Habyarimana a été abattu, vers 20h30. 
Radio Mille Collines diffuse des listes de personnes à exécuter dès 21h, montrant la radio était un instrument de la planification du génocide.
Au cours du génocide, la RTLM encourage sans cesse les tueries en indiquant les endroits où des Tutsi se cachent, donnant des noms de personnes à abattre, galvanisant les miliciens pour qu'ils attrapent et découpent les inyenzi et "remplissent les fosses". Inyenzi, un mot dans la langue commune locale kinyarwanda qui signifie « cafard », « cancrelat », est alors utilisé pour désigner les Tutsi.

Kabuga dirigeait aussi le Fonds de défense nationale (FDN) qui collectait des fonds destinés à financer la logistique et les armes des miliciens hutu Interahamwe, selon l’acte d’accusation du TPIR.

Dans ce cadre, il est également accusé d’avoir ordonné aux employés de sa société […] d’importer un nombre impressionnant de machettes ( les armes du génocide) au Rwanda en 1993, avant de les faire distribuer en avril 1994 aux Interahamwe. 
Le document ci-dessous montre le bon de transport de 987 cartons de machettes ( matchets) commandés par Kabunga
 
Les machettes constituent l'arme atroce du génocide. Elles provoquent des souffrances terribles. De nombreux témoignages de survivant.e.s racontent comment les victimes des tueurs suppliaient d’échapper à la machette et d'être tuées par balles. Mais les génocidaires réclamaient alors d'être payés pour compenser "le prix de la balle". 

Réfugié en Suisse en juillet 1994 avant d’être expulsé, Félicien Kabuga avait ensuite temporairement rejoint Kinshasa en RDC. Il avait été signalé en juillet 1997 à Nairobi, où il avait échappé à une opération destinée à l’arrêter, puis à une autre en 2003,
Il doit désormais être rapidement présenté au parquet de Nanterre en vue de son incarcération puis au parquet général de Paris dans les prochains jours.

Graves interrogations sur le séjour de Kabuga en France: qui l'a protégé? 
Son arrestation, qui constitue une excellente nouvelle, pose également de nombreuses interrogations que formule Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda( CPCR) lequel combat pour que les génocidaires cachés en France soient extradés vers le Rwanda ou à défaut jugés en France.
« Le fait qu’il soit arrêté près de Paris sous une fausse identité soulève évidemment la question du niveau de protection dont il a pu bénéficier . Comment est-il parvenu à obtenir ses faux-papiers ? Comment est-il arrivé jusqu’ici ? J’espère que l’enquête et le procès permettront de le savoir. Cette arrestation très importante ne doit pas faire oublier qu’il reste d’autres génocidaires en liberté et que certains sont toujours recherchés par le TPIR..."  

L'arrestation de Kabunga constitue une victoire contre l'impunité; elle doit aussi permettre d'avance beaucoup plus fortement dans la recherche de la vérité concernant la responsabilité des autorités françaises dans le déroulement du génocide (voir ici nôtre dossier à ce sujet )

Voir d'autres articles de Memorial 98 à propos du génocide des Tutsi et du négationnisme qui poursuit son œuvre:







MEMORIAL 98

jeudi 19 septembre 2019

Soral condamné à nouveau pour antisémitisme : assez de protections, il doit exécuter ses peines.

    Mise à jour du 6 janvier 2021: bonne nouvelle judiciaire à Colmar 

Soral, relaxé en première instance( voir ci-dessous à la date du 12 janvier 2020), a été condamné mercredi par la Cour d’appel de Colmar à 150 jours-amende pour « injure publique » après avoir diffusé en 2019 sur internet un cliché de lui effectuant une « quenelle », selon l’arrêt  du tribunal

Infirmant partiellement le jugement prononcé le 10 janvier 2020 par le tribunal correctionnel de Colmar, la Cour l’a condamné pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion » après la diffusion sur son compte Twitter et son site « Égalité et Réconciliation » d’une photo prise le 5 mai 2019 le montrant réalisant une « quenelle » devant le tribunal de Colmar.

La Cour d’appel a en revanche confirmé la relaxe pour « provocation à la haine » prononcée en première instance, faits pour lesquels Alain Bonnet, dit Soral, était également poursuivi.

Il devra verser « 150 jours-amende d’un montant unitaire de 150 euros », indique la Cour. En cas de défaut total ou partiel de paiement, il sera incarcéré pour une durée correspondant au nombre de jours-amende impayés.

La « quenelle » (bras tendu vers le bas et main opposée posée sur l’épaule) a été popularisée par Dieudonné, condamné à plusieurs reprises pour des déclarations antisémites, geste qu’il qualifiait « d’anti système ».

Pourtant, il est « notoire » que ce geste est « parfois un faux nez de l’antisémitisme », relève la Cour, qui rappelle que M. Soral a été condamné pour l’avoir fait au milieu du Mémorial de la Shoah de Berlin.

Elle note que, « dans l’esprit » de M. Soral, elle revêt donc une « signification antisémite ». Dès lors, en diffusant une photo de lui faisant une « quenelle » devant le palais de justice de Colmar, M. Soral entendait « persister et signer dans une provocation antisémite ».

« Nous somme satisfaits » par cette décision, a réagi l’avocat de la Licra, partie civile avec le Consistoire israélite du Haut-Rhin et SOS Racisme. « L’acte avait pour finalité d’injurier la communauté juive », a-t-il saluant « un arrêt bien motivé ».

Alain Soral a été condamné à une vingtaine de reprises, le plus souvent pour des infractions similaires. La Cour d’appel de Colmar a d’ailleurs rappelé ces multiples condamnations, relevant que les faits pour lesquels elle l’a condamné mercredi constituaient une « énième injure publique à caractère raciste » témoignant « d’une volonté de persister dans cette voie »

Malgré ses nombreuses condamnations, Soral n'a toujours pas effectué une seule des peines de prison auxquelles il a été condamné (voir ci-dessous). 

 Memorial 98

Mise à jour du 12 janvier 2020 

Le tribunal correctionnel de Colmar a relaxé vendredi 10 janvier Alain Soral, jugé pour avoir diffusé sur Internet un cliché de lui effectuant une « quenelle » sur les marches de ce tribunal. Les juges ont estimé que ce geste pouvant être assimilé à un salut nazi déguisé n’était pas, « dans ce contexte », antisémite.
Soral, était poursuivi pour « injure » et « incitation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ». Six mois de prison avec sursis, assortis d’une mise à l’épreuve, avait été requis lors du procès le 28 novembre.
« Un lieu non mémoriel »
Il avait diffusé sur Twitter et sur son site Internet Egalité et Réconciliation un cliché pris le 5 mai le montrant faisant une « quenelle » devant le tribunal de grande instance de Colmar.
« Le tribunal a estimé que la diffusion (…) de la photographie (…) dans un lieu non mémoriel et sans lien avec la religion juive ne constitue pas les infractions » pour lesquelles M. Soral était poursuivi, a précisé la procureure de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard.
Il avait déjà été condamné pour une « quenelle » réalisée dans contexte différent : le 18 février 2016, la cour d’appel de Paris l’avait condamné à 5 000 euros d’amende pour avoir fait ce geste au Mémorial de la Shoah de Berlin.
Précédentes condamnations
Sur son site, Soral, venu en Alsace pour une conférence, avait accompagné la photo prise à Colmar d’un texte évoquant le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA).
Le tribunal a estimé que ces associations n’étaient « pas clairement citées ou visées à raison de leur engagement, mais davantage à raison de leur prise de position quant à l’exécution d’une décision de justice » passée concernant l’essayiste, poursuit la procureure qui ajoute qu’elle « va analyser » le jugement avant de décider d’un éventuel appel.
« Nous contestons cette décision et comptons sur un appel du parquet », a réagi  Me Thierry Cahn, l’avocat du Consistoire israélite du Haut-Rhin, l’une des parties civiles. « Compte tenu du personnage et de ses précédentes condamnations (…) la matérialité de l’infraction est constituée », a-t-il estimé.


2 octobre 2019: nouvelle condamnation
Soral de nouveau condamné à de la prison ferme, ce 2 octobre à Paris, cette fois à une peine d'un an pour avoir qualifié le Panthéon de «déchetterie casher» dans une vidéo sur son site. 
La même question revient : quand ce multi-récidiviste purgera-t-il enfin ses peines?

Soral a été reconnu coupable d'injure publique antisémite et de provocation à la discrimination, la haine ou à la violence envers les Juifs. Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet, dénonçant sa «haine obsessionnelle persistante» et «sans la moindre inhibition» envers les juifs. Alain Soral ne recule pas «devant le fait de salir et de poursuivre par-delà la mort» les victimes du nazisme, «par le choix de ses mots qui sont la prolongation d'actes de mort et qui sont en eux-mêmes actes de haine et de provocation», a estimé le tribunal dans sa décision. 
Les juges ont également dénoncé le fait qu'il cible un jeune public par le biais de son site «Égalité et réconciliation», cherchant «à en imposer sur la base d'un vernis de culture prétendument ''sérieuse'', et à recruter pour son officine du même nom.
«On a toute la famille Veil qui vient d'y rentrer, et puis là ils veulent peut-être presque nous mettre Lanzmann» (ancien résistant et réalisateur du documentaire Shoah), «c'est une véritable déchetterie casher», avait déclaré Soral dans une vidéo postée après l'inhumation de Simone Veil et de son époux Antoine au Panthéon, le 1er juillet 2018.
Le tribunal a également ordonné le retrait de la vidéo lorsque la condamnation sera définitive.
Lors de l'audience, son avocat Damien Viguier, lui-même déjà condamné pour complicité d' incitation à la haine ( voir ci-dessous) avait affirmé que «les propos de Soral sont de la provocation, pas des actes appelant à la violence».
MEMORIAL 98

Ce 19 septembre 2019 nouvelle condamnation de Soral à 18 mois de prison ferme. Exécutera-t-il enfin ses peines ou sera-t-il encore protégé par le procureur de Paris, comme pour sa peine précédente de un an ferme ?

Soral a été condamné ce jour à 18 mois de prison ferme et 6 mois avec sursis. Il s'agit cette fois d'un "rap antisémite" violent sous prétexte de "Gilets jaunes" 
Dans le clip de ce rap, une pancarte contenant le nom de Rothschild était jetée au feu. Des photos de Bernard-Henri Lévy, Jacques Attali ou encore Patrick Drahi étaient aussi envoyées au bûcher. Le rappeur appelait à « virer » Rothschild, Attali et BHL, les qualifiant de « parasites ».
Les associations qui avaient assigné ce néo-nazi se félicitent à juste tire du verdict. Elle évoquent également une "fin de l'impunité de Soral". ce n'est hélas pas le cas

En effet, à ce stade, malgré plusieurs condamnations à des peines fermes, dont une avec mandat de dépôt, il est toujours en liberté. C'est le résultat des manœuvres du procureur de Paris, Rémy Heitz, qui a rejeté et bloqué le mandat de dépôt décidé par le tribunal le 15 avril dernier ( voir ci dessous) .

L'actualité récente a montré à quel point l'activité antisémite et négationniste de Soral  joue depuis longtemps un rôle crucial dans l'élaboration et la diffusion de cette propagande haineuse. C'est le cas dans l'affaire Yann Moix, qui a longtemps coopéré avec lui ( voir ici )
                                              Soral avec Yann Moix et l'écrivain antisémite Nabe

C'est le cas également pour Tariq Ramadan qui ose comparer son propre sort à celui du capitaine Dreyfus ( voir ici) . Or il a coopéré avec Soral et Dieudonné et a même défendu leur quenelle néo-nazie
                                      Tariq Ramadan avec Dieudonné et Soral

Soral doit enfin exécuter sa peine. Son impunité de fait bafoue la justice et encourage les antisémites, racistes et négationnistes à poursuivre leurs méfaits.

MEMORIAL 98

Qui protège Soral? Qui craint de mettre en œuvre la loi contre la contestation des crimes contre l'humanité?
Le 15 avril dernier, Soral était condamné à un an de prison ferme pour contestation de la Shoah et le tribunal y ajoutait un mandat  de dépôt. 
On s’attendait donc à ce qu’il soit rapidement appréhendé et emprisonné, en conséquence du mandat de dépôt.
 Ce dernier est particulièrement justifié chez un multirécidiviste, déjà condamné à un an de prison ferme en janvier 2019. Il s’agissait alors de sanctionner ses propos suivants : "Entre le peuple juif et le reste de l'humanité, le combat ne peut être que génocidaire et total..." (voir ci-dessous pour ses différentes condamnations). Il a encore sévi récemment à propos des attentats dans les mosquées de Christchurch

Mais cela ne sera pas le cas tout de suite: le parquet de Paris a interjeté appel du mandat d’arrêt et refuse de l'exécuter, alors même que cet appel n'est pas suspensif.
Déjà lors du procès, le parquet avait réclamé seulement six mois de prison ferme. La 13chambre du tribunal de grande instance de Paris avait doublé cette peine, en raison de la gravité de la contestation de l’existence de la Shoah.

A l’origine de cette décision de justice, la publication sur  le site de  Soral « Égalité et réconciliation, » en novembre 2017, de la plaidoirie de son avocat, Damien Viguier – également condamné, ce lundi, à 5 000 euros d’amende pour complicité –, dans une autre affaire datant d’avril 2016. Viguier est également un conférencier du groupe de Soral

Soral avait alors mis en ligne sur son site un dessin représentant une fausse « une »  titrée « Chutzpah Hebdo » et illustrée par le visage de Charlie Chaplin posant une question, dans une bulle, « Shoah où t’es ? », en référence à la Une nauséabonde de Charlie Hebdo après les attentats de Bruxelles, « Papa où t’es ? » qui faisait référence au génocide des Tutsi et au chanteur Stromae.


En toile de fond, une étoile de David, une chaussure, une perruque, une lampe et un savon. Le terme Chutzpah (qui signifie « insolence » en hébreu et yiddish) est clairement antisémite dans ce contexte, car il induit que les Juifs ont l’insolence de mettre en avant le génocide dont ils ont été victimes.

« Propagande de guerre »

« Chaussure et cheveux (de Juifs exterminés NDLR) font référence aux lieux de mémoire organisés comme des lieux de pèlerinage. On y met en scène des amoncellements de ces objets, afin de frapper les imaginations », avait plaidé Me Viguier en 2017 faisant référence au camp d’Auschwitz. « La coupe des cheveux se pratique dans tous les lieux de concentration et s’explique par l’hygiène », avait-il ajouté avant de citer le négationniste Robert Faurisson. ».
Pour cette publication négationniste, Alain Soral a par ailleurs été définitivement condamné le 26 mars, après le rejet de son pourvoi en cassation, à payer une amende de 10 000 euros avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement.
Le site de Soral et toute son activité représentent un concentré de haine antisémite, de négationnisme, d'homophobie et de sexisme ( voir les références à la fin de l'article). 

Il faut rappeler l’horreur antisémite de ses gestes de profanation : il s'était fait photographier, en 2013, en train de faire le geste de la "quenelle", soit un salut nazi, au Mémorial de la Shoah à Berlin.

 

Le procureur de Paris, chef du Parquettente de justifier sa décision par l’argutie judiciaire suivante :
« Alain Soral a été condamné pour une infraction prévue par l’article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse à la peine d’un an de prison par le tribunal correctionnel qui a décerné mandat d’arrêt à son encontre sur le fondement de l’article 465 du code de procédure pénale. L’article 465 vise expressément les délits de droit commun et les délits d’ordre militaire. Le mandat d’arrêt décerné étant dépourvu de base légale, je vous confirme que le parquet a interjeté appel de la décision sur le mandat d’arrêt (appel limité à la délivrance par le tribunal du mandat d’arrêt et ne concernant pas la peine d’un an de prison) »,
Or le procureur n’a pas à décider si une décision de justice doit être appliquée ou non, surtout quand il s'agit de contestation de crime contre l'humanité, selon la loi . Ce procureur semble réticent à l'idée de mettre en application cette loi de 1990, dite loi Gayssot, qui pénalise la contestation de crimes contre l'humanité dont la Shoah. C'est une loi équivalente que demandent les associations arméniennes afin de combattre le négationnisme à propos du génocide de 1915.
Le négationnisme est mis en place par les génocidaires eux mêmes et constitue, avec l’impunité des bourreaux,  une incitation à de nouveaux massacres.
Le but des génocidaires, en tout temps et en tout lieu, ne consiste pas seulement à assassiner les vivants, mais aussi à nier à tout jamais leur existence.

C’est pour cette raison que les négationnismes sont consubstantiels aux génocides. En niant, il ne s’agit pas seulement d’une tentative faite par les assassins pour échapper aux conséquences de leurs crimes. Au même titre que les massacres physiques de masse, la négation est au service du but final : effacer de l’histoire et de l’humanité une partie des hommes et des femmes qui la constituent.

Dans un communiqué commun SOS Racisme, LICRA, MRAP, J’Accuse, UEJF déclarent à juste titre
« Le mandat d’arrêt contre Alain Soral doit être exécuté d’urgence !
Les associations antiracistes demandent de toute urgence au Procureur de la République de mettre à exécution le mandat d’arrêt décerné contre Alain SORAL pour contestation de crime contre l’humanité le 15 avril 2019.
Depuis 10 jours, l’antisémite Alain SORAL est sous le coup d’un mandat d’arrêt par décision de la 13ème chambre correctionnelle du TGI de Paris à la suite de sa condamnation pour contestation de crimes contre l’Humanité.
A ce jour, la justice n’a toujours pas exécuté la décision.
Pire encore, nous avons appris que le Parquet de Paris avait décidé de faire appel de ce mandat d’arrêt au motif qu’il ne respecterait pas les dispositions du code de procédure pénale sur le mandat d’arrêt.
Cette décision d’appel est un scandale inédit et renvoie à nos concitoyens l’idée que la condamnation de l’antisémitisme et du racisme en France n’est jamais appliquée dans les faits.
Ce d’autant que seuls les délits politiques sont exclus des dispositions relatives au mandat d’arrêt. La contestation de crime contre l’humanité n’est et ne pourra jamais être considérée comme un délit politique.
Nous demandons que soit mis fin à ce double scandale qui voit une décision de justice demeurée inappliquée et même contestée par l’autorité de poursuite qui se retrouve à défendre les intérêts de SORAL plutôt que la société.
Cet appel n’étant pas suspensif, nous demandons l’exécution immédiate de la décision de justice rendue contre Alain SORAL et le désistement de l’appel interjeté par le Parquet pour des raisons politiques.
Alain SORAL tiendra le 4 mai au vu et au su de tout le monde une conférence publique à Mulhouse. Nous demandons au Procureur de la République de Mulhouse de faire procéder à l’arrestation d’Alain SORAL conformément au jugement et à la Loi. »

Autres condamnations récentes de Soral:
 
17 janvier 2019 Le néo-nazi Soral enfin condamné à une peine de prison ferme d'un an pour ses insultes à l'encontre d'une magistrate et pour des propos appelant au génocide des Juifs; il avait ainsi écrit sur son site" Égalité et Réconciliation"  :
"Entre le peuple juif et le reste de l'humanité, le combat ne peut être que génocidaire et total..."
"Les Juifs sont dominateurs, manipulateurs et haineux..."  

Ceux qui soutiennent la "liberté d'expression" de ce propagateur multirécidiviste de haine homicide (voir ci-dessous) se rendent complices de ses appels aux meurtre. 

Ceux qui comme Étienne Chouard, justifient et excusent Soral se font avec lui propagateurs de l'antisémitisme exterminateur. La caution apportée à Chouard par le député LFI François Ruffin constitue une très lourde faute.

Alors que le néo-nazi prétend soutenir les Gilets Jaunes et organise un meeting de toute la racaille antisémite de ce pays le 19 janvier, nous répétons: la place de Soral est en prison.


Pour ce qui représente sans doute une des profanations les pires de sa carrière d'antisémite et de "national-socialiste" revendiqué, Soral a été condamné le 12 mai 2015 à une amende de 10000 Euros pour injures à caractère racial (amende réduite ensuite à 5000 Euros en appel) et 14.001 euros de dommages et intérêts au profit des sept associations qui s'étaient constituées parties civile.

Il faut rappeler l’horreur antisémite de son  geste: il s'était fait photographier, en 2013, en train de faire le geste de la "quenelle", soit un salut nazi, au Mémorial de la Shoah (ci-dessous) à Berlin.
La quenelle n'est pas seulement un "salut nazi inversé" ou pire encore d'un geste " contestataire”. Il s'agit en fait d'un salut néo­nazi tout court, la différence avec le salut nazi classique réside avant tout dans le regard de la société qui le reçoit. Or aujourd'hui, une partie de notre société ne perçoit plus l'antisémitisme comme tel. Il faut une croix gammée, un appel ouvert à mettre les gens dans les chambres à gaz, une référence appuyée au nazisme historique, pour avoir encore un minimum de réaction.
A l'audience le 12 mars dernier, Soral avait soutenu que cette photo n'était pas destinée à circuler "au-delà d'un cercle d'amis". 

Quant au geste de la quenelle, inventé par son ami Dieudonné, Alain Soral a soutenu l'avoir d'abord fait en signe de ralliement au "fist-fucking", car le Mémorial serait selon lui  devenu  un lieu de rendez-vous homosexuel. On retrouve les thématiques habituelles développées par le duo nazi, dont un exemple récent montre l’escalade dans l'abjection.

D'ailleurs Soral a été aussi condamné aujourd'hui à 4000 euros d'amende pour des propos tenus dans un livre dont il est co-auteur avec Eric Naulleau. Liant homosexualité et pédophilie, il avait cité le nom de Pierre Bergé. Connu pour son homosexualité, l'homme d'affaires l'avait fort justement fait citer en justice. Outre l'amende, le tribunal correctionnel a condamné Alain Soral a verser à Pierre Bergé 10.000 euros de dommages et intérêts pour" diffamation publique en raison de l'orientation sexuelle". Eric Naulleau, compère de Zemmour et  co-auteur de ce livre d'échanges, échappe à toute condamnation.

Au-delà de cette interprétation "privée", Soral avait ajouté à l'audience  une interprétation "publique". La "quenelle" constituerait '"un geste d'insoumission envers les manipulateurs sionistes de la Shoah". Il répétait ainsi la ligne de défense de tous les négationnistes, dont Robert Faurisson, invité d'honneur des meetings-spectacles de Dieudonné depuis 2008. 

Trois anciens déportés juifs, présents à l'audience et cités comme témoins, lui avaient opposé leur indignation. "Je n'aurais jamais pensé que quelqu'un dans ce lieu puisse faire autre chose que de penser, de se recueillir", avait notamment dit Isabelle Choko, 86 ans,  qui fut déportée au camp d'Auschwitz-Birkenau.

Le tribunal correctionnel donc a rejeté les arguties de Soral, en établissant le caractère antisémite de son geste selon les termes suivants:
«La personnalité même d'Alain Bonnet, dit Soral, telle que perceptible dans ses écrits ou prises de position publiques antérieurs, fragilise, pour ne pas dire prive de toute portée, ses dénégations réitérées quant aux accusations d'antisémitisme dont il ferait injustement l'objet... Dès lors, la photographie «ne peut être perçue que comme une injure visant la communauté juive dans un de ses lieux les plus symboliques et les plus sacrés».

Le prétendu "dissident" n'est qu'un vulgaire antisémite qui devra un jour rendre justice de ses actes, bien au delà des maigres condamnations financières.


Quelques jours après avoir été invité par Poutine, le néo-nazi est condamné par le tribunal de Paris aujourd'hui 14 juin 2016 à 6 mois de prison avec sursis. Le tribunal considère qu'il y a de sa part "apologie de crimes de guerre et contre l'humanité" pour des propos abjects visant Beate et Serge Klarsfeld, regrettant qu'ils n’aient pas été exterminés par les nazis.
Le tribunal est allé au delà des réquisitions du procureur qui avait réclamé trois mois de prison avec sursis, jugeant les propos poursuivis "outrageants, insultants, non seulement pour les époux Klarsfeld mais aussi pour les enfants des déportés et toutes les victimes de l'Allemagne nazie". "C'est un message clairement antisémite", avait dénoncé le procureur.
Soral échappe encore néanmoins à de la prison ferme. 

Soral, businessman de la haine et responsable d'actes antisémites

Comme son acolyte Dieudonné, Soral, démagogue enragé, est  un profiteur cupide prêt à tout pour faire prospérer son commerce de la haine. Mais il porte surtout un  très lourde responsabilité dans le développement des actes antisémites de ces dernières années dans le pays. Son incessante propagande haineuse crée le terreau d'où naissent les violences et profanations qui se multiplient dans une spirale constante.
Sa place est en prison.
Mise à jour 

MEMORIAL 98 

Articles et dossiers supplémentaires de Memorial 98 concernant Soral ( et Dieudonné) ci-dessous sur ce site et sur www.memorial98.org :

Face à la liste antisémite de Dieudonné, Soral et Gouasmi.

Dieudonné, Faurisson, Le Pen : décryptage. 

Dans ce dossier sur le "détail" des chambres à gaz http://www.memorial98.org/article-19187964.html 

extrait concernant la surenchère de Soral sur les propos de Jean-Marie Le Pen:

"Par contre Alain Soral, en posture d'idéologue, porte-parole du prétendu « lepénisme de gauche », ami et mentor de Dieudonné, en rajoute dans l'antisémitisme violent et déclare :

« ... Monsieur Le Pen a profondément tort, la chambre à gaz est tout sauf un point de détail, c'est même aujourd'hui, plus qu'hier encore, la religion, le dogme autour duquel tourne toute l'époque contemporaine. Dans l'ordre du sacrifice fondateur, la chambre à gaz a remplacé la croix du christ...
... Aujourd'hui, dans ce climat de judéomanie délirante - une judéomanie délirante et suspecte qui tient plus de l'esprit de la Collaboration que du combat pour le bien et l'amour des hommes - plus les souffrances de la guerre s'éloignent, plus c'est la seconde guerre mondiale toute entière qui devient un détail de la chambre à gaz !... »"

  
MEMORIAL 98

dimanche 14 mai 2017

Argentine: mobilisations contre l'impunité des tortionnaires de la dictature militaire


                              
                                        Immense mobilisation en Argentine




Mise à jour du 8 aout 2018 


La référente médiatique des opposants à la libéralisation de l'IVG en Argentine est Marianna Rodriguez Varela, militante ultra-catholique. Elle condamne l'IVG même en cas de viol ou de danger pour la vie de la femme enceinte. Elle est également la fille de d'Alberto Rodriguez Varela, ministre de la Justice durant la dictature militaire de 1976 à 1983 et ensuite avocat du chef de la junte militaire Videla lors du procès sur le vol des bébés pendant la dictature et leur remise à des proches du régime.
Le parcours de Mme Varela, qui reprend l'option catholique intégriste de la  dictature, est l'inverse de celle la fille du tortionnaire Miguel Etchecolatz (voir ci-dessous) 

Memorial 98


                      

 Mise à jour du 24 mai 2018 

Bonne nouvelle dans la lutte contre l'impunité: la cour de Cassation autorise enfin l'extradition de l'ex-policier argentin Sandoval, afin qu'il soit jugé en Argentine. Mais cet avis ne concerne qu'un seul dossier, celui de Hernan Abria (voir ci-dessous). De plus Sandoval va certainement contester à nouveau l'arrêté d'extradition. Le combat se poursuit donc

                           La mère de Hernan Abria, victime de Sandoval, manifeste

MEMORIAL 98

Mise à jour du 1er juin 2017




Mobilisation contre l'impunité d'un tortionnaire présumé réfugié en France; soutien de MEMORIaL 98

« LA JUSTICE FRANÇAISE DOIT EXTRADER L’EX-POLICIER ARGENTIN, MARIO SANDOVAL »


Paris, Buenos Aires – Le jeudi 1er juin, la Chambre de l’Instruction de la Cour d’appel de Versailles tiendra audience sur la demande, soumise il y a 5 ans par la République d’Argentine, d’extrader Mario Sandoval. Ancien officier de la police de Buenos Aires, il est poursuivi en Argentine pour crimes contre l’humanité commis durant la dictature (1976-1983). Pour nos organisations, il est temps que Mario Sandoval soit extradé et réponde de ses actes devant la justice argentine.
Cette audience fait suite à l’arrêt de la Cour de Cassation de février 2015 qui était revenue sur l’autorisation d’extradition donnée par la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de Paris, en mai 2014.
Mario Sandoval est poursuivi dans le cadre de l’enquête menée par le juge argentin Sergio Torres sur les crimes commis au sein de l’École supérieure de mécanique de la marine (ESMA) de Buenos Aires, le plus grand centre de détention et de torture clandestin, dans lequel plus de 5 000 détenus ont disparu durant la dictature. Mario Sandoval est mis en cause, alors qu’il était agent de la coordination fédérale de la police argentine, dans l’enlèvement et la disparition, en octobre 1976, d’Hernan Abriata, militant de la Jeunesse universitaire péroniste.
Mario Sandoval s’est installé en France en 1985, au retour de la démocratie en Argentine.
La famille Abriata, en particulier la mère d’Hernan, Beatriz, âgée de 90 ans et témoin impuissant de l’enlèvement de son fils par Mario Sandoval et son commando, réclament justice depuis plus de 40 ans.
Nos organisations appellent la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de Versailles à suivre l’exemple de la Cour d’Appel de Paris. Elle doit prendre la mesure de l’importance du jugement de Mario Sandoval par la justice argentine dans le cadre de la lutte contre l’impunité que mène ce pays, conformément aux obligations internationales de la France, en matière de poursuites des auteurs de disparition forcées.
Elle doit ainsi faire écho aux propos du Procureur général de la Cour d’Appel de Paris, François Falletti, qui au terme du procès devant la Cour d’Assises de Paris d’anciens responsables de la dictature chilienne, rappelait en 2010 : « Lorsque le sentiment de surpuissance passe par la torture, la dégradation, la négation de l’existence, le message doit être clair. Cela doit donner lieu à des sanctions quel que soit le temps, quel que soit l’espace » .


Audience le 1er juin à 9h00
Cour d’Appel de Versailles,
5 rue Carnot 78 000 Versailles
RER C Gare de Versailles Château / Rive Gauche

Co-signataires :

FIDH -Fédération internationale des ligues des droits de l’homme.
Son organisation membre en France :
LDH -Ligue des Droits de l’Homme
Ses organisations membres en Argentine :
CAJ – Comité de Acción Jurídica
CELS – Centro de Estudios Legales y Sociales
LADH – Liga Argentina por los derechos del hombre
Avec :
ACAT – Action des chrétiens pour l’abolition de la torture
FAL – France Amérique latine,
Assemblée de citoyens argentins en France

MEMORIAL 98

Paris, le 30 mai 2017

Immenses mobilisations contre un projet aboutissant à l'impunité des tortionnaires de la dictature.



Des centaines de milliers d’Argentin.e. s brandissant les symboliques foulards blancs des Mères et grands-mères de la place de Mai ont défilé le 10 mai à Buenos Aires, contre la décision de la Cour suprême d’alléger la peine d’un ancien tortionnaire de la dictature (1976-1983).

« On doit protester pour qu’ils n’osent pas relâcher les auteurs de génocides à nouveau », a ainsi déclaré une participante,  Alba Cervantes,  qui portait autour du cou la photo de son frère disparu le 20 septembre 1977, Miguel « Cacho » Cervantes. Des marches similaires ont eu lieu dans d’autres villes argentines.

Le 3 mai, la Cour Suprême,  plus haute juridiction du pays, avait accepté de raccourcir la peine d’un ex-agent paramilitaire, Luis Muiña, condamné à 13 ans de prison pour enlèvement et torture d’opposants sous le régime militaire. Il avait profité d’une loi connue sous le nom « Deux pour un », en vigueur de 1994 à 2001, permettant de compter comme double chaque jour passé en détention provisoire au moment d’appliquer la peine prononcée en jugement.





La loi visait à réduire la surpopulation carcérale et aucune limite n’était prévue, pouvant ainsi s’appliquer aux délits de droit commun comme aux crimes contre l’humanité. Dans le cas de Luis Muiña, le premier à en bénéficier, il avait passé  de neuf ans en prison avant d’être jugé. Mardi 2 mai, un tribunal fédéral avait  déclaré la loi « inconstitutionnelle » tandis que deux autres anciens bourreaux se sont empressés de demander à bénéficier de la même mesure, provoquant un tollé dans le pays, profondément marqué par cette page  terrible de son histoire.
 En effet  pendant la dictature militaire de 1976 à 1983, 30 000 opposants au régime ont disparu ou ont été tués par les militaires, selon les chiffres des associations de défense des droits de l'homme

Recul de l'impunité

Signe de l’émotion, les députés, puis les sénateurs ont adopté en urgence, dans la journée du 10 mai et à l’unanimité, une loi limitant la portée de la décision de la Cour Suprême. Les auteurs de crimes contre l’humanité ne pourront plus bénéficier de réductions de peines. 

Le combat des "Mères de la place de Mai",

C'est l'occasion aussi de saluer et faire connaître l'extraordinaire combat des "Mères de la place de Mai",  organisation fondée en 1977, en pleine dictature militaire . Ces femmes se rassemblaient tous les jeudis après-midi depuis le 30 avril de cette année, en plein centre de la capitale argentine, afin de réclamer des informations sur leurs enfants et petits-enfants "disparus".

Pendant la dictature argentine. 500 nourrissons ont été volés à leurs parents, selon les associations. Les prisonnières enceintes étaient gardées jusqu'à l'accouchement puis leur bébé leur était enlevé. Et "parfois les enfants de moins d'un an aussi ont été volés »,. Les nourrissons étaient remis à des proches du régime, qui dissimulaient tout de son origine à l'enfant adopté.

Les militaires leur ayant ordonné de « circuler » en raison de l’état de siège qu'ils avaient décrété, les mères et grands-mères  décidèrent de tourner en rond sur la place sur la place de Mai (Plaza de Mayo) en face du palais présidentiel de la Casa Rosada. Elles marchaient pendant une demi-heure, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, remontant ainsi symboliquement le temps et critiquant l’impunité des militaires responsables des massacres et des tortures.
En signe de protestation, les Mères portaient des foulards blancs (symbolisant les langes en tissu de leurs bébés) pour commémorer la disparition de leurs enfants.
Plusieurs des fondatrices ont été assassinées en décembre 1977 par le colonel Astiz, en même temps que des religieuses françaises engagées à leur côté.
Leur travail avait déjà permis d’identifier 97 des 500 enfants enlevés ou nés en détention durant la période militaire et clandestinement adoptés par les familles des militaires, policiers ou de proches du pouvoir.


                              Manifestation des mères et grand-mères sur la place de Mai

La lutte contre l'impunité et pour le retour des disparu(e)s constitue un de nos engagements majeurs, dans le cadre du combat contre le négationnisme.

De Buenos-Aires à Alger, de Mexico à Santiago du Chili, ce combat se poursuit jusqu' à soit retrouvée la trace de ceux et celles qui ont été enlevé(e)s et qu'en soient punis les responsables.

Mise à jour du 2 juin 2017

L’immense mobilisation contre l’impunité bouleverse les enfants des tortionnaires, qui sortent du silence.
 « C’est un monstre, je le répudie. ».  Celle qui parle en ces termes de son propre père est la fille d’un des plus sordides symboles de la dictature argentine (1976-1983), Miguel Etchecolatz. Aujourd’hui âgé de 88 ans, l’ancien policier est en prison, quatre fois condamné à la réclusion à vie, reconnu coupable de près d’une centaine d’homicides, enlèvements et tortures, commises à l’époque où il était le chef des 21 centres de détention illégale mis en place par le régime militaire dans la province de Buenos Aires.
Depuis le retour de la démocratie, le travail de mémoire avait été porté par les familles des quelque 30 000 disparus, notamment les Mères et les Grands-Mères de la place de Mai. Mais aujourd’hui, c’est au tour des enfants des tortionnaires de faire entendre leur voix.
Mariana D, la fille de Miguel Etchecolatz, a raconté son histoire à une revue numérique argentine « Anfibia ». Dans une longue interview, publiée récemment, elle décrit son enfance aux côtés du tortionnaire, qui signifiait, dit-elle, vivre avec « un être infâme » et « sans scrupule » qui provoquait en elle de la « terreur ». Si elle se présente comme Mariana D., c’est parce qu’elle a obtenu de la justice, en 2016, de pouvoir changer son nom de famille, synonyme, pour elle, « d’horreur, de honte et de douleur ». Elle se dit aujourd’hui « entière, libérée », mais préfère ne pas dévoiler sa nouvelle identité.
A la suite de ce témoignage, et sans la connaître personnellement, d’autres filles de tortionnaires ont osé à leur tour briser le sceau du silence qui pèse sur leurs familles. Elles ont créé une page Facebook, « Histoires de désobéissance, fils et filles de génocidaires pour la mémoire, la vérité et la justice », pour témoigner et partager leur expérience.
« Nous nous sommes réuni.e.s pour (…) prendre position, parce que nous ne nous sentions pas représentés par les voix des familles de tortionnaires qui s’exprimaient jusqu’à présent », expliquent-elles sur la présentation de la page. Les familles des militaires concernés ont, en effet,  toujours soutenu publiquement leurs parents, accusés de crimes contre l’humanité.
« Lutte pour la mémoire, la vérité et la justice »
« Ce dont nous sommes en train d’accoucher nous donne la force de participer à la lutte pour la mémoire, la vérité et la justice », a ainsi posté sur Facebook Liliana Furio, dont le père a été lui aussi condamné à perpétuité.
 « Je ne ressentais pas de la haine, mais de la tristesse, parce que je voulais qu’il change », a confié pour sa part Erika Lederer, fille d’un obstétricien de la maternité clandestine de Campo de Mayo, à Buenos Aires, où sont nés de nombreux enfants d’opposantes éliminées après leur accouchement puis donnés en « adoption » à des militaires, parfois même aux assassins de leurs parents.
Un des principaux détonateurs de ces témoignages a été la sentence rendue le 2 mai par la Cour suprême, ouvrant la voie à une réduction des peines de prison des anciens tortionnaires ( voir ci-dessous). Miguel Etchecolatz, entre autres, avait demandé à en bénéficier. Mais ce verdict avait soulevé une telle indignation que, quarante-huit heures plus tard, le Congrès avait approuvé à l’unanimité une loi pour freiner cette mesure, et des centaines de milliers de citoyens avaient manifesté à Buenos Aires.
Ce jour-là, au milieu de la multitude de manifestant-e-s se trouvait Mariana D.. Elle descendait dans la rue pour la première fois. C’est alors qu’elle a décidé de raconter son histoire. Avec d’autres filles de tortionnaires, elle a aussi décidé de participer, le 3 juin, à la nouvelle manifestation du collectif féministe Ni Una Menos (« Pas une [femme] de moins »), créé en 2015 pour lutter contre les violences sexistes qualifiées en Amérique latine de « féminicide ».
Aujourd’hui psychologue et professeure dans une université privée, Mariana, elle-même victime de la violence de son père, qui frappait ses trois enfants, est convaincue qu’Etchecolatz, auquel sa famille ne rend plus visite depuis plusieurs années, « mérite de mourir en prison ».

La lutte contre l'impunité des tortionnaires et des auteurs de violences contre les femmes nécessite notre solidarité, d'autant que certains des bourreaux sont réfugiés en France 

MEMORIAL 98