mercredi 13 mai 2015

Burundi: pour la démocratie et contre le risque de génocide.

Mise à jour du 2 janvier 2017

Le président burundais avait été un des premiers à applaudir la victoire de Donald Trump. Comme beaucoup d'autres tyrans, il estime que la prise de pouvoir de l'extrême-droite aux Etats Unis lui laissera les mains libres. 
En ce début 2017, l'assassinat d'un Ministre de son gouvernement, le 30 décembre est un nouveau prétexte pour accentuer la propagande génocidaire et la répression: de nombreux éléments extrêmement inquiétants confirment les risques de génocide.
Le président a ainsi mis en application une loi qui lui permettra d'écarter les ONG internationales du sol burundais. Désormais celles-ci sont soumises à une procédure d'autorisation préalable pour la poursuite de leurs activités. L'entrée en vigueur de cette mesure a été accompagnée de déclarations racistes et conspirationnistes sur les ONG qui n'emploieraient que des personnes désignées comme "Tutsi". 
Dans le même temps, alors que les mesures anti-sociales pleuvent sur la population, des syndicalistes du secteur de la production de thé ont été également arrêtés le 30 décembre alors qu'ils se rendaient à un congrès de leur organisation .
L'intensification d'une répression arbitraire contre tous les secteurs de la société civile, comme l'intensification de la haine raciste propagée au plus haut sommet de l'Etat, et l'indifférence de la communauté internationale peuvent créer le pire. 



MEMORIAL 98  
Mise à jour  du 18 novembre  2016
Cri d'alerte de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et de l'ONG burundaise ligue ITEKA après celui de l'ONU (voir ci-dessous).
 Les éléments recueillis confirment la radicalisation et les dérives extrêmement inquiétantes du régime: l’ethnicisation de la crise ; le recours à une propagande fondée sur une idéologie ethnique, qui assimile les opposants, les membres de la société civile, les journalistes, et les Tutsi à des ennemis du régime qu’il faut éliminer ; la poursuite des crimes de masse à huis clos ; l’utilisation d’unités d’élite et de milices pour réprimer les opposants ; la rupture de la coopération avec les Nations unies et le retrait du Burundi de la Cour pénale internationale (CPI). Le rapport détaillé se trouve ici. 
La conclusion est claire  « ... Les crimes du régime sont devenus systématiques et l’appareil d’État est au service de cette répression de masse. Des crimes contre l’humanité sont en cours et il existe un risque de génocide. En l’absence d’une justice burundaise indépendante, la Cour pénale internationale doit se saisir de la situation et enquêter sur les crimes et leurs responsables » 



Mise à jour du 20 septembre 2016

Nouvelle alerte au risque de génocide au Burundi.


L’ONU dénonce à nouveau, ce 20 septembre, les exactions commises par le gouvernement burundais .
Le dernier rapport d’une mission d’enquête des Nations unies a dévoilé « des violations graves des droits de l’homme (...) commises principalement par des agents de l’État et ceux qui sont liés à eux », mettant en garde contre de possibles « crimes contre l’humanité » et un « grand danger de génocide ». « Ces violations graves sont systématiques et constantes, et l’impunité est omniprésente », déplore le rapport.
Le Burundi vit une grave crise émaillée de violences et de nombreux cas de torture depuis que, contrairement aux dispositions constitutionnelles qui limitent à deux mandats, le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat, avant d’être réélu en juillet de la même année dans des conditions plus que douteuses.
Le rapport des enquêteurs de l’ONU, qui sont mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, porte sur les violations et les abus des droits de l’homme commis du 15 avril 2015 au 30 juin 2016.
Les enquêteurs indiquent ne pas pouvoir exclure que certaines de ces violations graves constituent des crimes contre l’humanité, et demandent des procédures judiciaires internationales indépendantes pour traduire les auteurs présumés en justice.
Le risque de génocide mentionné dans ce rapport fait référence à l'orientation de la répression étatique qui cible particulièrement les Tutsi (voir ci-dessous)

Memorial 98


Mise à jour du 8 mai 2016:

Un nazi auprès du président du Burundi: inquiétude.

Alors que les crimes à composante anti-Tutsi se multiplient dans ce pays limitrophe du Rwanda, on apprend qu'un vétéran néo-nazi belge, Luc Michel, est nommé conseiller du président élu frauduleusement Pierre Nkurunziza.
Michel a trempé dans bon nombre de groupes fascistes, dont la tristement célèbre FANE, ouvertement nazie.

Auparavant impliqué avec le régime Khadafi, il a collaboré avec d'autres de son acabit à la supervision pour le compte de Poutine des "élections" de novembre 2014 dans les "républiques" séparatistes de Donetsk et de Louhansk en Ukraine.

Son arrivée au Burundi signifie un durcissement du régime, déjà impliqué dans de nombreux assassinats, comme Memorial 98 l'avait indiqué ci-dessous.

Une intervention de l'ONU et de l'Union africaine deviennent urgentes, avant que réapparaissent les massacres et le spectre d'un génocide qui s’ajouterait à celui commis au Rwanda en 1994.

Memorial 98

Alors que la situation est extrêmement tendue au Burundi, après des manifestations violemment réprimées et un "coup d’État", nous voulons alerter sur les graves risques qui règnent sur ce pays et sur le Rwanda.


Le Burundi, pays d'Afrique de la région des Grands Lacs, voisin donc du Rwanda, a prévu le 26 mai des élections législatives et locales, suivies le 26 juin par une élection présidentielle. Le président actuel, Pierre Nkurunziza , déjà élu en 2005 et 2010, a été désigné candidat à la présidentielle par son parti, le Cndd-FDD. Les opposants jugent, à juste titre, qu'un troisième mandat est contraire à la Constitution du pays qui prévoit un maximum de 2 mandats. On retrouve ici la protestation démocratique qui a lieu dans plusieurs pays d'Afrique sub-sahrienne contre le "3e mandat", comme récemment au Burkina-Faso avec le renversement de Blaise Compraoré.

Mais il y a une dimension particulière et lourde de dangers au Burundi. La candidature de  Nkurunziza est en effet contraire aux accords d'Arusha (Tanzanie) de 2000, qui avaient permis de clore la guerre civile burundaise, dans un contexte régional marqué par le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.

Cet accord avait ramené la paix au Burundi en consacrant un partage du pouvoir entre Hutus et Tutsi après une guerre civile qui se prolongeait. En particulier, la population Tutsi se voyait attribuer certaines garanties démocratiques. Elle n'ont pas été respectées par le pouvoir en place, celui du parti présidentiel en cause.  
La répression de l'opposition burundaiseburundi
Un manifestant arrêté à Bujumbura, capitale du Burundi
Depuis des années, et de plus en plus, ce gouvernement  harcèle ses opposants. En première ligne de cette répression: la société civile, principal contre-pouvoir depuis les élections de 2010 boycottées par l'opposition. Les figures de cette société civile, en pointe dans la campagne anti-troisième mandat présidentiel, craignent pour leur vie. Plusieurs font l'objet de procédures judiciaires abusives. Certaines font l'objet de mandats d'arrêt depuis le début des manifestations.

Les médias, qui relaient largement les critiques de la société civile, sont aussi dans le collimateur des autorités. La principale radio du pays a été fermée peu après le début des manifestations. Les émetteurs des deux autres radios indépendantes ont été coupés en province.
La police burundaise est accusée de dizaines d'exécutions " extra-judiciaires", notamment d'opposants politiques. Elle est également accusée de travailler main dans la main avec les jeunes du parti au pouvoir, les "Imbonerakure", qualifiés de "milices" par l'ONU et que la population accuse de se livrer à des campagnes d'intimidation contre les opposants à Pierre Nkurunziza, à l'approche des élections.
Le gouvernement nie ces accusations, reprochant en retour à la société civile et aux médias privés de sortir de leur rôle et de violer la loi. Il qualifie les manifestants de "terroristes" et a promis de les traiter comme tels.

Les autorités burundaises actuelles ont sommé samedi 9 mai les manifestants de cesser « immédiatement » et « sans condition » leur mouvement et demandé aux forces de sécurité de « déblayer » toutes les barricades sous 48 heures. Lundi 11, les manifestations se sont cependant poursuivies dans les quartiers populaires de la capitale Bujumbura.

La crise s’aggrave donc au Burundi et les instances internationales sont amenées à prendre position. L’Union africaine a estimé que les conditions n’étaient pas propices à de nouvelles élections tandis que la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH)  a publié un rapport très alarmiste, dénonçant le durcissement du pouvoir en place  qui n’hésite pas à ouvrir le feu sur les manifestants et à assimiler les opposants à des « terroristes ».

Plusieurs reportages de journalistes et témoignages d'anciens proches du pouvoir ont livré des informations inquiétantes sur la stratégie déployée par le parti Cndd-Fdd pour demeurer au pouvoir. 
 Selon eux, les miliciens Imbonerakure,  auraient été dotés d’armes et auraient établi leur jonction avec des groupes d’Interhahamwe, issus des génocidaires Hutu du Rwanda  aujourd’hui appelés FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui seraient venus du Congo voisin.
Ces informateurs auraient révélé l’existence et l’emplacement de caches d’armes, expliqué comment fusils et munitions allaient être distribués, sur quelles bases des listes d’opposants allaient être établies. ,
Par ailleurs, alors que des images ont montré que le président Nkurunziza se trouvait dans le nord du pays, où on le voit chanter et danser avec des militants de son parti, la traduction du bref discours tenu à cette occasion est plus qu'alarmante . S’adressant aux jeunes miliciens dits  Imbonerakure, le chef de l’État aurait déclaré : « … le moment fatidique est arrivé. Vous avez entendu hier ce qui a été dit par les antagonistes qui ont déclaré qu’ils allaient nous imiter en envahissant les rues. On doit donc sortir les houes que nous vous avons données, je suis sûr que vous vous êtes organisés en conséquence"

 Ces témoignages tendraient à démontrer que le pire demeure possible au Burundi. Cette crainte d’un nouveau génocide, ou de massacres à grande échelle ne peut laisser indifférents les pays voisins, dont le Rwanda au premier chef, ni la "communauté internationale" placée devant ses responsabilités. Surtout la solidarité internationale doit contraindre les gouvernements, l'ONU et l'Union Africaine à ne pas laisser se commettre de nouveaux massacres, voire un nouveau génocide contre les Tutsi, assimilés à l'opposition et à la société civile. En France et en Belgique, dont les autorités de l'époque portent une si lourde responsabilité dans le génocide de 1994, l'enjeu est particulièrement important.

Memorial 98


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