dimanche 12 octobre 2014

Contre la traque des migrants en Europe !

Du 13 au 26 octobre 2014, tout juste un an après le drame de Lampedusa, différentes polices des États de l’Union Européenne procèderont à des contrôles massifs dans l’espace Schengen, jusqu'aux frontières extérieures.
Nous reproduisons ci-dessous en fin d'article la déclaration commune des organisations de défenses des droits de l'homme regroupées dans le collectif Frontexit.

Cette opération s'intitule "Mos maiorum", d'une expression latine signifiant "coutume des ancêtres", et  désigne dans l'antiquité romaine le mode de vie et le système des valeurs ancestrales, par opposition à un présent jugé décadent.

Selon le site allemand Heise, l'opération concernera principalement les transports : gares, autoroutes, aéroports... La note du Conseil de l'Europe sur la mission est reproduite en anglais sur le site Statewatch.

Les opérations de contrôle des migrants sont devenues courantes au sein de l'Union Européenne. Elles se déroulent environ tous les 6 mois, sous la houlette des Etats qui tiennent la présidence du Conseil Européen.
Les opérations précédentes se nomment Aerodromos (pilotée par la Grèce, elle a visé 39 aéroports européens et conduit à l'arrestation de 139 personnes), Perkunas (sous la présidence lituanienne, elle visait à établir les liens entre le passage des frontières externes de l'Europe et les "mouvements secondaires", entre pays membres de l'UE. Dans le cadre de cette opération 10 459 sans papiers ont été interpelés).
 
Comme le rappelle le communiqué ci-dessous, ce sont les restrictions de la libre circulation des personnes et la fermeture des frontières qui créent des situations de clandestinité et le recours à des voies d'entrée en Europe dangereuses et même meurtrières. Ce sont plus de 3000 migrants qui ont perdu la vie en cherchant à traverser la Méditerranée depuis janvier 2014, un triste record... Les frontières terrestres étant de plus en plus sécurisées (notamment celles avec la Turquie), les migrants n'ont plus d'autres choix que la voie maritime.

Malgré la montée des discours xénophobes et racistes, malgré les manifestations de groupes d'extrême-droite, malgré des politiques de répression des migrants et de ceux qui les soutiennent et défendent leurs droits, la solidarité existe. Quelques exemples.

Le 12 juillet 2014, à Calais, en période estivale, dix jours à peine après une expulsion policière violente d'un lieu occupé, l'arrestation et la dispersion des migrants à travers la France entière, la destruction des lieux de vie, la manifestation de solidarité avec les migrants organisée dans l'urgence , par des militantEs débordées avait réuni 450 personnes selon la presse.Voir un diaporama : http://www.humanite.fr/diaporamas/societe/solidarite-amenagement-dun-squat-pour-les-migrants-de-calais-547273
Le 7 septembre, la manifestation des fascistes de Sauvons Calais, qui s'était transformée en manifestation nationale de l'extrême-droite avec la participation de groupes activistes comme les ex des Jeunesses Nationalistes venus de toute la France aura réuni trois cent personnes au maximum.
En cette période, où l'on nous présente l'extrême-droite comme toute-puissante, et les réseaux progressistes en pleine déliquescence, où le pessimisme est parfois plus mortifère que les mauvaises nouvelles réelles, il n'est pas inutile de regarder le terrain, et ce que parviennent à construire, envers et contre tous les discours xénophobe, des collectifs locaux fondés sur la solidarité et l'universalisme.

Un marin français, Philippe Martinez, en concertation avec son équipage, a sauvé près de 2000 migrants en Méditerranée. Tout simplement en les recueillant lorsque son navire passe à proximité des embarcations de fortune que les migrants sont contraints d'utiliser...

Un prêtre retraité de Saint Etienne a ouvert depuis plusieurs années un centre paroissial afin d'héberger des sans papiers à la rue. Un arrêté municipal l'enjoint de procéder à « la fermeture au public de toute activité d’hébergement ». Assigné en justice, le prêtre a été relaxé le 10 septembre 2014... mais le parquet a immédiatement fait appel. 


Déclaration commune des organisations de défense de droits de l'homme en Europe, regroupées dans le collectif Frontex Exit (voir le site www.frontexit.org)
Opération « Mos Maiorum» : la traque aux migrants sans-papiers en Europe


10 octobre 2014

« Mos Maiorum» est un énième exemple de la guerre menée par l'UE contre un ennemi imaginaire.

Du 13 au 26 octobre 2014, les forces de police des États de l'Union Européenne (UE) procèderont à des contrôles massifs de personnes dans l'espace Schengen et aux frontières extérieures.

Une semaine après la commémoration du drame de Lampedusa d’octobre 2013, une « chasse aux migrants » nommée Mos Maiorum sera lancée, coordonnée par le ministère italien de l’Immigration avec le soutien de Frontex et d’Europol. Cette opération de grande envergure vise à intercepter et collecter des données personnelles sur les détenteurs de faux documents, les demandeurs d'asile déboutés et les passeurs.

Outre le fait grave que le Parlement européen ne semble pas avoir été averti de ce projet, le manque de clarté sur la base légale et la mise en œuvre de l’opération pose problème. Aucune information n’a été donnée sur les suites qui seront données à ces interpellations et si des opérations de retours conjoints seront prévues.

Une fois de plus, le séjour irrégulier est assimilé à un délit criminel, au mépris de la jurisprudence de la Cour de Justice de l’UE (arrêt El Dridi qui condamne la pénalisation du séjour irrégulier). Une fois de plus, les demandeurs d'asile sont perçus comme de potentiels fraudeurs. Une fois de plus, la collecte de données personnelles sert une véritable chasse aux « sans-papiers ».

À travers de telles opérations, les institutions européennes nourrissent le fantasme d'une invasion criminelle en Europe. Adjuvant d'une politique discriminatoire, l’agence Frontex entrave les droits des migrants et des réfugiés comme l'a démontré le bilan de la campagne inter-associative Frontexit.

Alors que la société civile, l’ONU et le Conseil de l'Europe appellent à cesser l'hécatombe en facilitant l'accès au territoire européen, les annonces par la Commission de mesures énergiques pour mettre fin aux "drames de la migration" sont restées lettre morte. L'absence de mécanismes communs de sauvetage en mer et d'accueil des migrants et des réfugiés contraste avec cette frénésie sécuritaire.

Les réseaux mafieux et criminels n’existeraient pas si des voies d’entrées dites légales étaient accessibles pour les personnes migrantes et réfugiées.

Depuis le début de l’année 2014, plus de 3000 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée. Le dialogue de sourds atteint son paroxysme.

La migration n'est pas un crime. Les migrants ne constituent pas une menace. Les réfugiés ont droit à une protection internationale. L'Europe doit cesser cette guerre meurtrière, dont Frontex est le symbole.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.