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jeudi 21 février 2019

Unis contre l'antisémitisme: récit d'une mobilisation.



L'initiative d'un rassemblement "Tous unis contre l'antisémitisme" le dimanche 17 février à Paris a constitué la première riposte à la vague d'actes antisémites de ces dernières semaines.
Memorial 98 avait décidé de soutenir cette initiative, sur la base de son texte d'appel et de l'esprit d'ouverture dont il témoignait.
Cela a été un succès. Plusieurs centaines de personnes de différents horizons y ont participé dans une atmosphère de solidarité et de témoignage.
 Les amis de Memorial 98 ont insisté sur la responsabilité des propagandistes de l'antisémitisme, tels Dieudonné et Soral , contre qui des mesures fermes et contraignantes doivent enfin être prises.
Nous en présentons ici deux comptes-rendus:
d'une part la vidéo qui documente le rassemblement et les différentes prises de positions visible ici en cliquant sur le lien
Nous avions sollicité Bernard Henry-Beccarelli qui a déjà filmé la conférence sur le pogrom nazi de la Nuit de Cristal le 7 novembre dernier ainsi que la commémoration du 9 novembre devant le gymnase Japy, à voir ici et ici
Nous le remercions chaleureusement pour la qualité de son travail de captation, regardez et écoutez.
Le compte-rendu écrit ci-dessous est l’œuvre de Thiebaud Radjef qui a participé au rassemblement et y a pris la parole. Il avait d'abord rédigé ce récit sous forme de tweets que nous avons repéré et il a bien voulu le retravailler et nous le confier.
Merci à eux ainsi qu'à Rebecca Narewski.

Ce premier rassemblement réussi doit se poursuivre par d'autres initiatives. Nous appelons à intensifier et à élargir le combat contre l'antisémitisme et tous les racismes, dans l'esprit de nos engagements qu'on peut suivre ici-même, mais également ici, sur notre groupe Facebook et sur notre compte Twitter .
Memorial 98

  

J'aimerais faire un petit retour sur le rassemblement contre l'antisémitisme qui a eu lieu place Simone Veil ce 17 février 2019  "Tous unis contre l'antisémitisme".

J'écris ce texte de mémoire et c'est un témoignage personnel.

Le temps était au beau fixe et il y avait quelques 300 personnes présentes sur la Place, au dessus de la gare St Lazare.

Il y avait une vraie envie d'être dans le respect de chacun et de respecter les différences.

C'était un beau rassemblement et différentes personnes y ont pris la parole.

L'iniatrice, Rebecca Narewski, soutenue par Memorial 98, tenait à ce que cela reste "apolitique",  même si c'est bien sûr impossible.
Chaque intervenant prévu a veillé à ce que la dénonciation de l'antisémitisme ne se fasse pas en attisant d'autres haines.

La première personne à parler fut l'organisatrice, "citoyenne" qui a créé l'événement sur Facebook.

Son texte était un appel à la "paix entre les peuples et la paix sociale".

Avec beaucoup d'émotion, elle a parlé de sa famille et de son histoire personnelle très poignante :"je me suis dit que j'étais contente que mes parents n'aient pas à voir ça, c'est triste de se dire ça."

Ensuite le rabbin " républicain" Daniel Farhi a pris la parole pour faire un historique de l'antisémitisme et rappeler le rôle actif, historique et contemporain de l'extrême-droite "traditionnelle" malgré ses tentatives récentes et grossières de dédiabolisation



Ensuite c'est Albert Herszkowicz de Memorial 98 qui a pris la parole.
Il a fait un retour sur l'état de l’antisémitisme dans le monde actuellement.
Il a rappelé les atrocités qui ont eu lieu récemment aux États Unis où certains "croient que cela va mieux".
Il a indiqué  "L'antisémitisme ne se répand pas tout seul, il est répandu".

Il a rappelé son histoire familiale personnelle au sujet des tueries de la synagogue aux États Unis - il y avait des liens historiques entre sa famille et l'organisation HIAS visée pour son appui aux réfugiés.
Il a souligné que les campagnes et actes antisémites étaient le fait de personnes "qui savent ce qu'elles font"  qu'il s'agit de stratèges de la haine et de l'antisémitisme et pas d'illuminés, de personnes isolées, comme on a pu le lire ou l'entendre, notamment ces derniers jours...
Il a beaucoup insisté sur l'impact de Dieudonné et de Soral, ici, en  France, depuis une bonne quinzaine d'années.
Une dame de l'association d'amitié judéo-musulmane de France ( AJMF) a  ensuite pris le mégaphone   pour défendre l'entente entre les peuples. "Le respect de toutes les personnes quelque soit leur confession...". Elle termina par un joli "Shalom, Salam".

Un appel à prise de parole et témoignages "même pour les personnes non juives" a été proposé et de nombreuses prises de paroles ont eu lieu :

Mélodie, une ancienne Miss France, à apporté son soutien "même si je ne suis pas juive les actes antisémites des ces dernières semaines me soulèvent le cœur"


Une prof de "quartier difficile" non juive qui a dérapé sur les "jeunes des quartiers", les mosquées et les Colibris s'est aussi exprimée ... ça n'a pas fait l'unanimité....

Ensuite une dame juive très âgée à voulu parler du méchant  "drapeau palestinien" mais elle a été vite invitée à rendre le micro, et a quitté l'assemblée en vociférant.

Une femme a pris la parole pour rendre hommage à son grand père juif, déporté pendant la guerre et évadé. Elle a évoqué son rapport à son identité juive : du fait que même si elle n'avait pas toujours eu une conscience forte d'être juive, face à tant de haine et à sa résurgence, elle se sentait le besoin d'exprimer toute son indignation et sa solidarité, rappelant qu'on pouvait se sentir concerné étant juif ou non juif, et qu'il était nécessaire de combattre toute forme d'oppression.

Ensuite une femme d'origine Algérienne non juive a raconté l'effroi avec lequel elle a découvert l'antisémitisme en France. Elle rapporta les paroles de son père : "méfies toi, ceux qui n'aiment pas les juifs, ils n’aiment pas non plus les musulmans "
La foule l'a applaudi et l'émotion était palpable.

A mon tour j'ai pris la parole.
J'en ai ressenti le besoin et bien que non-juif j'ai souhaité accepter l'invitation à m'exprimer.
J'ai eu envie de donner à entendre un autre son de cloche que celui de l'amour de la France, de la patrie et de la République qui étaient très présents dans les prises de paroles.
Le début de ma prise de parole en ces termes a créé un léger moment de stupeur mais quand j'ai rappelé que c'est bien Emmanuel Macron qui a voulu rendre hommage à Pétain et ce gouvernement à Maurras et que même si Dieudonné et Soral représentent la nouvelle droite et une forme d'antisémitisme "de terrain", les instances politiques et gouvernementales de tout bord avaient toujours leur part de responsabilité, hier comme aujourd'hui, cela a été très bien reçu.
J'ai évoqué la régularité inquiétante avec laquelle chaque semaine depuis le début du mouvement, la colère des Gilets Jaunes avait charrié avec elle des horreurs racistes, sexistes, homophobes et antisémites ainsi que le fait qu'à gauche (rouge brune) on passait son temps à minimiser et se déresponsabiliser face à cela. Que préserver leur présence dans ce moment de colère sociale semblait leur être  prioritaire par rapport à la lutte contre les oppressions systémiques et particulièrement l'antisémitisme.

Le dernier témoignage que j'ai entendu a été celui d'un monsieur issu d'une famille musulmane qui nous a raconté avec beaucoup de tendresse et d'humour la vie de quartier, de son enfance avec la famille juive d'à côté, chez qui il fallait qu'il aille allumer le gaz lors du Shabbat, sinon ses propres parents étaient furieux.

Pour moi ce rassemblement a été vraiment réussi car il a réussi à concilier des rapports au monde différents, de personnes très différentes mais avec un seul vrai objectif affiché clairement et sans concession : lutter contre l'antisémitisme et la haine raciste, ensemble, au delà des différences et des appartenances.

Moi qui suis d'habitude très anxieux et peu enclin à lutter avec des gens qui ne sont pas de mon bord politique, je ne suis pas près d'oublier la leçon.

A ce moment là, ce jour là et avec ces personnes là, ça a été possible.


Thiebaud Radjef




mercredi 27 janvier 2016

30 janvier: mobilisation générale contre la déchéance de nationalité et l'état d'urgence



Contre la constitutionnalisation de l’état d’urgence et la déchéance de nationalité

Actualisation 10 février: 

Succès des manifestations du 30 janvier, dans plusieurs dizaines de villes; ci dessous Memorial  98 dans la manifestation parisienne  


Déchéance de nationalité, état d'urgence, révision de la Constitution: on ne lâche pas: action URGENTE en direction des députés afin qu'ils ne votent pas le projet gouvernemental ce mercredi 10 février après-midi: contactez les députés par téléphone, c'est simple et gratuit et par mail; les outils du collectif sont ici https://piphone.lqdn.fr/campaign/call2/Etat_urgence; cliquez et vous êtes directement à l'action

Actualisation 27 janvier 15h: 

1) Le départ, sans doute contraint, de C. Taubira nous remet en mémoire sa déclaration du 23 décembre quand elle avait cru pouvoir annoncer l’abandon de la déchéance de nationalité, avant d'être immédiatement démentie: «...Cette déchéance de nationalité sur des personnes nées françaises, qui appartiennent depuis leur naissance à la communauté nationale, ça pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol, et qui est, dans l'histoire de la construction de la communauté française sur une base civique, un pilier fondamental".

2) Les "nouvelles" propositions de Valls ce jour concernant le texte de loi sur la déchéance constituent une double entourloupe; d'une part celle-ci concernera bien exclusivement les bi-nationaux  et seront bien inclus dans ce projet des "délits graves" et non seulement des crimes, ce qui correspond à nouveau à une revendication de Sarkozy. 
  
Le 5 février prochain, l'Assemblée nationale examinera la loi proposée par le gouvernement . D'ores et déjà, Manuel Valls a annoncé qu'il voulait une prolongation de l'état d'urgence « Jusqu'à ce qu'on puisse se débarrasser de Daech », autant dire pour des mois ou des années. 

Memorial 98 appelle, avec de nombreuses organisations au sein du collectif " Nous ne céderons pas", initié par la Ligue des Droits de l'Homme, à refuser cette banalisation de l'état d'exception et à se mobiliser massivement contre la violation de nos libertés et de l'état de droit, notamment en manifestant le 30 janvier et en interpellant les députés. Des outils simples d'utilisation et  performants sont mis à disposition dans le cadre de ce collectif afin de contacter les élus.

Deux mois après le début de l'état d'urgence, et avant qu'il ne soit renouvelé ou inscrit dans la Constitution française, puis décliné dans les lois de réforme pénale, de plus en plus d'associations, de collectifs, de syndicats et de personnes ouvrent en effet les yeux sur le danger que fait peser l'état d'urgence sur les fondements de nos institutions et sur nos libertés. De très nombreuses instances nationales et internationales, dont les experts de l'ONU, dans une démarche exceptionnelle, appellent à la la levée de l'état d'urgence. Il ne s'agit pas de "laxisme" ou de négligence face aux menaces terroristes mais du constat que ce n'est pas par l'atteinte aux libertés et le développement de l'arbitraire qu'on peut combattre les attentats.


En France la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), instance officielle chargée de défendre les droits de l'homme, à émis le 18 janvier à l'unanimité des ses membres,  une déclaration très sévère envers l'état d'urgence et la décision d'inscrire la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour faits de terrorisme dans la Constitution. 

La mesure de déchéance, quelle que soit son nom et sa forme, contribuerait à fragiliser davantage encore des populations issues de l'immigration, puisqu’elles constitueraient évidemment sa principale cible. Près du tiers des descendants d’immigrés déclarent une double nationalité. Cela représente environ 5 millions de personnes. Celles-ci sont aujourd’hui françaises à part entière. Demain, si cette réforme était validée et adoptée, ces personnes entreraient dans l’ère du soupçon. La naissance sur le sol français "protège" à ce jour les binationaux contre la possibilité de déchéance de leur nationalité française; cela ne serait plus le cas si le projet Hollande est adopté. Cela constitue donc une remise en cause de droit du sol protecteur. C'est d'ailleurs  au nom de ces arguments que le PS avait rejeté en 2010 la tentative de Sarkozy visant à instaurer la déchéance.

La CNCDH analyse ensuite "... la fin de l'état d'urgence ne saurait faire l'objet d'une réforme législative, à plus forte raison constitutionnelle», 
Elle relève que l'application de l'état d'urgence s'est accompagnée «de nombreux abus», accompagnés d'«effets collatéraux dévastateurs». D'ailleurs même le Conseil d’État a été amené à mettre le holà à la manipulation dans le cadre des assignations à résidence.
 
Malgré l'immense vague de protestations portant notamment sur la déchéance de nationalité, F. Hollande et M. Valls semblent avant tout préoccupés de leurs accords avec la droite sarkozyste. En effet Sarkozy a déclaré en sortant de sa rencontre élyséenne le vendredi 22 janvier: " ... Nous avons dit très clairement que nous étions disposés à voter la réforme de la Constitution si cette réforme était clairement centrée sur la question de la constitutionnalisation de l'état d'urgence et sur la question du retrait de la nationalité pour les binationaux", ajoutant: "le président Hollande nous a dit que c'était bien son intention". 

Ainsi donc, seule une grande mobilisation démocratique peut faire échouer ces mesures qui augmenteraient les divisions et la stigmatisation d'une partie de la population du pays 

Le débat au Parlement sera grandement influencé par la force des manifestations du 30 janvier ainsi que par l'interpellation directe des députés et sénateurs.

Il faut donc assurer le succès de cette mobilisation unitaire et la prolonger tout au long des semaines  à venir. Nous pouvons faire reculer ces projets iniques. 

Des outils de mobilisation et d'interpellation sont à votre disposition: 

Des informations quotidiennes ici  et ici
 

 




lundi 25 janvier 2016

Radicalisation : les néo-nazis armés désormais présentés comme des victimes.

La banalisation du néo-nazi ordinaire vient de passer un nouveau cap ce week-end: le voici devenu dans les médias " riverain excédés" .

Gaël et David sont deux militants calaisiens de l'extrême-droite la plus fanatique et la plus assumée: sur le profil Facebook du père et du fils que des militants antifascistes ont trouvé en quelques clicks, les deux compères affichent leurs tatouages "runiques" et leurs drapeaux nazis ( photo du fils ci-jointe).Comme le dit benoîtement l'un des deux aux journalistes, "ils sont de toutes les manifs". Avec leur Kamarade Kevin Rèche, fondateur du groupe fasciste " Sauvons Calais", et lui même tatoué de symboles nazis.
Ce sont aussi des militants armés. Qui, samedi ont sorti leur fusil et visé ostensiblement des migrants et leurs soutiens qui manifestaient. S'ils n'étaient pas néo-nazis, on les eût facilement, en cette période d'état d'urgence, qualifiés de terroristes. Ils auraient sans nul doute passé les dernières quarante-huit heures en garde à vue et les mois suivants en prison.

En lieu et place, ils se répandent comme "victimes" dans les médias, qui font la publicité de leur page de soutien , relayée sur le site de Soral "Égalité et Réconciliation" et sur Fdesouche. Page, qui pour d'autres que des néo-nazis aurait sans doute valu une inculpation pour "apologie du terrorisme" à ses auteurs et aurait été fermée sur ordre du Ministère de l'Intérieur. On notera d'ailleurs que parmi les premiers et actifs soutiens des néo-nazis au fusil, l'on trouve Damien Rieu, de "Génération Identitaire", jamais condamné à ce jour pour l'attaque contre la mosquée de Poitiers, et dont les troupes ont attaqué un centre d'accueil des réfugiés l'automne dernier, en région parisienne.

Mais que les antiracistes s'estiment heureux, la police a tout de même confisqué l'arme.

Cela ne chagrinera pas la mouvance calaisienne néo-nazie outre mesure. Il suffit de compter le nombre d'opérations commando menées par des hommes cagoulés contre les migrants, ces ratonnades de nuit qui durent depuis des mois, sans que jamais on n'en retrouve les auteurs. Il suffit de regarder ces vidéos diffusées par des militants antiracistes, qui montrent les milices d'extrême-droite intervenir aux côtés de la police lors d'opérations répressives dans les bidonvilles où survivent des femmes, des hommes, des enfants traités comme des sous-hommes. Un fusil de plus ou de moins, ce n'est pas grand-chose pour cette mouvance là.

Surtout quand exhiber ce fusil aura permis de susciter la compassion médiatique, et donc une immense victoire politique: lorsque le néo-nazi devient voisin légitimement exaspéré, il sait que ses cibles peuvent trembler, car elles sont désormais laissées à sa vindicte, en toute impunité.

Et puis les armes, elles tournent, dans cette mouvance là, à peu près tranquillement. Quelques affaires émergent parfois, comme des exceptions qui confirment la règle de l'impunité. Ainsi, pour donner une caution de gauche à l'état d'urgence, le Ministère de l'Intérieur a-t-il fait bruyamment et administrativement Christophe Lavigne et son père, deux autres néo-nazis, qui avaient à leur domicile 200 Kilos de munitions. Mais ces munitions, Lavigne n'aurait jamais du pouvoir les collecter en paix, et si les services de renseignement ont besoin de l'état d'urgence pour les confisquer, c'est bien, qu'en temps ordinaire, rien n'est fait contre les terroristes d'extrême-droite: car Lavigne était parfaitement connu. Interpellé pour un projet d'attentat contre la mosquée de Vénissieux, la veille de passer à l'acte, il a obtenu une relaxe, bien qu'il ait été reconnu coupable de l'incendie de la mosquée de Libourne. Ce qui attestait de sa capacité d'aller jusqu'au bout de ses idées.

Quant à Claude Hermant, compagnon de route de Serge Ayoub, militant historique de l'extrême-droite extra-parlementaire, il aura manifestement pu trafiquer des armes en toute impunité pendant des années avant d'être enfin interpellé. Un de ses derniers marchés a consisté à procurer les armes qui ont servi à Amedi Coulibaly pour les attentats de l'Hypercacher et de Montrouge.

A Reims, c'est un trafic d'armes animé par des notables locaux et un ancien candidat du FN qui a été mis à jour

De même, juste après les attentats de novembre, Enis se faisait tirer dessus par trois individus, à la sortie d'un kebab à Cambrai, dont l'un se suicidera après son acte: des néo-nazis, encore, et une tentative d'assassinat qui n'a pas fait couler beaucoup d'encre.

Toutes ces affaires jusqu'ici étaient évoquées par les médias en mode "fait divers": jamais d'enquête fouillée sur les liens entre elle et leurs auteurs, jamais de détails sur la mouvance auquels il appartiennent et leur degré d'engagement. Jamais d'interrogations sociologiques, jamais de mise en cause de l'extrême-droite parlementaire et du FN. Pourtant, il ne faut pas chercher bien loin les amis des néo-nazis: un des assistants parlementaires de Marion Maréchal Le Pen a du reconnaître récemment avoir aidé l'un d'eux en fuite après des tabassages il y a quelques années. Imagine-t-on le scandale qu'aurait déclenché le soutien de n'importe quel député à un militant même peu actif de l'intégrisme musulman ?

Avec l'affaire de Calais, la banalisation vient de franchir un nouveau cap, puisque désormais des néo-nazis armés sont présentés comme des victimes.

Ce n'est pas autre chose qu'un encouragement à aller plus loin,très vite. D'ailleurs , les néo-nazis ne s'y trompent pas qui, dressent des listes de militants antifascistes à attaquer sur leurs forums. En toute quiétude une fois encore.

Ils ont bien raison: il y a quelques temps, Memorial 98 avait écrit au Délégué Interministériel au Racisme et à l'antisémitisme, pour lui signaler une page ouverte contre l'accueil des migrants à Sernent. Sur cette page, des commentaires négationnistes, des appels au meurtre et au tabassage cohabitaient avec la dénonciation nominative d'habitants du village soutenant le projet d'accueil des migrants. Parmi les néo-nazis qui s'exprimaient sur ce forum, ceux d'ADSAV, : ceux-là même qui avaient été autorisés à manifester en Bretagne le lendemain de la proclamation de l'état d'urgence , et avaient à cette occasion paisiblement ratonné dans les rues. Ils ont recommencé à Quimper ce week-end, s'attaquant en bande à des militants antiracistes. Ils auraient eu tort de se priver puisque personne ne les en empêche.

On pourrait conclure en disant que les politiques et les médias regretteront leur passivité le jour où il y aura des morts. Mais Clément Méric a été tué par des néo-nazis qui sont aujourd'hui en liberté dans l'attente d'un procès dont plus personne ne parle et des torrents de boue ont été déversés sur sa mémoire dès le lendemain de sa mort, où les chaînes d'info ont invité Serge Ayoub en direct pour déverser sa haine.

Finalement, il y aura bien eu un procès aujourd'hui à Calais: celui des migrants et de leurs soutiens arrêtés pour avoir symboliquement occupé un ferry.

Et sans doute la seule note d'espoir est-elle l'existence de ces militantEs extraordinaires, migrants des bidonvilles et leurs soutiens qui agissent sans trève depuis des années, malgré l'effroyable répression dont ils sont victimes, malgré les tonnes de boue que les médias et les politiques déversent à leur encontre.

"No border", disent-ils , et simplement le dire expose à tous les dangers dans un pays où les apprentis-terroristes néo-nazis agissent en toute liberté, tandis que le gouvernement frappe ceux qui les combattent et défendent des valeurs de gauche.

Contre le terrorisme d'extrême-droite, la voix antiraciste est bien seule, mais elle est là, en actes, à soutenir et à relayer.