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mercredi 5 février 2020

Allemagne: l'extrême-droite tente une alliance avec la droite et échoue.



                                         




4 mars: le pacte avec l'AfD balayé.

                      Bodo Ramelow (à gauche cravate bleue) refuse de serrer la main de Hoecke

Bodo Ramelow, candidat du parti de gauche Die Linke, soutenu par les sociaux-démocrates et les Verts, a été réélu président du Land de Thuringe ce 4 mars.
Les élus de la CDU ont été contraints de s'abstenir après leur faute, ce qui a permis l'élection au troisième tour de scrutin.
Les libéraux du FDP, qui avaient exécuté la manœuvre avec l'AFD, ont choisi de boycotter le scrutin .
A noter le geste fort de Ramelow qui a refusé de serrer la main tendue par Björn Hoecke ( ci-dessus), leader local de l'AfD et dirigeant de son aile nostalgique du nazisme 

Memorial 98


                                       
                                         Manifestation à Erfurt " Contre la haine "





15 février: manifestation en Thuringe contre le pacte avec l'AfD

Des milliers de personnes ont manifesté samedi 15 février à Erfurt, capitale de la Thuringe.
Quelque 18.000 personnes ont manifesté, selon les organisateurs, des ONG, artistes, syndicalistes et responsables politiques, unis dans le front #Unteilbar («indivisible» en français).
Les manifestants se sont retrouvés à la mi-journée dans le centre de la ville sous le mot d’ordre: «pas avec nous, pas de pacte avec les fascistes: jamais et nulle part!». Des banderoles proclamaient: «nous ne voulons pas de IVe Reich» ou encore «nous ne voulons pas le pouvoir à n’importe quel prix».
L’élection surprise le 5 février du "libéral" Kemmerich, grâce aux voix coalisées de la droite conservatrice et de l’extrême droite, avait déjà provoqué nombre de rassemblements spontanés dans toute l’Allemagne.
Signe de la tension dans tout le pays, plusieurs locaux du parti libéral FDP sont devenus la cible d’attaques dans toute l’Allemagne.
D’autant que l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti d’extrême droite  compte bien continuer à dynamiter le jeu politique allemand. En Thuringe, les institutions restent ainsi paralysées depuis plus d’une semaine.
L’extrême droite menace désormais de porter ses suffrages, en cas de nouvelle élection à la tête de cette région enclavée, sur Bodo Ramelow. Cette personnalité de la gauche radicale était à la tête de la région jusqu’en 2019. Il refuse catégoriquement tout apport de voix de l’AfD.
Les partis hors AfD doivent se réunir lundi à Erfurt pour trouver une solution permettant de gouverner cette région.
 En Thuringe aussi, le dirigeant de la CDU, Mike Mohring ( voir ci-dessous), a annoncé vendredi son départ pour permettre une «pacification» du parti conservateur.
Certains responsables  de la CDU, en particulier dans les régions d’ex-Allemagne de l’Est, sont tentés par un rapprochement avec l’extrême droite, particulièrement puissante dans ces régions. 
Dresde
Cette mobilisation contre l’extrême droite intervient aussi en pleine commémoration de la libération des camps nazis et du bombardement par les Alliés de la ville de Dresde il y a 75 ans. Ce bombardement est commémoré chaque année par l'extrême-droite qui oppose cette mémoire à celle du génocide nazi.
Environ 1.500 militants néonazis, et autant de contre-manifestants, sont descendus dans la rue samedi, sous étroite surveillance policière, dans cette ville de Saxe pour une «marche funèbre» cultivant le mythe d’une «ville martyre», injustement sacrifiée par les Alliés.

Memorial 98

Mise à jour du 10 février: le séisme se poursuit, la présidente de la CDU contrainte à son tour de démissionner

Juste sanction: après le scandale de Thuringe, Annegret Kramp Karrenbauer (ci-dessus), cheffe de la CDU et "dauphine" d'Angela Merkel, est contrainte de démissionner de son poste à la tête du parti et ne sera pas candidate en 2021 pour devenir chancelière, comme il était prévu.
Elle n'a pas empêché la collaboration des élus CDU  de Thuringe avec les néonazis  de l' AfD.
Un membre du gouvernement nommé Christian Hirte a aussi été poussé vers la sortie après s’être ostensiblement félicité, dans un message publié sur Twitter, de l’élection de Thuringe
« La chancelière a proposé aujourd’hui au président fédéral le renvoi du secrétaire d’Etat Christian Hirte », a indiqué dans un communiqué le porte-parole d’Angela Merkel. Hirte était jusqu’ici secrétaire d’état au ministère de l' Economie et de l’Energie et, à ce titre, également commissaire du gouvernement aux États régionaux de l’est de l’Allemagne, chargé de coordonner la politique fédérale pour soutenir ces territoires toujours en retard économiquement sur l’ouest du pays.
Ce nettoyage doit se poursuivre, afin d'éradiquer toute velléité de collaboration avec l'AfD et ses idées. 
Cela n'a pas été fait en France. Ainsi Eric Woerth, ancien ministre et actuel  député dirigeant de LR, n'a jamais été inquiété pour sa collaboration prolongée avec le FN en Picardie lors des élections régionales de 1998 ( voir ici

MEMORIAL 98

 
Mise à jour du 6 février: le président de Thuringe contraint à la démission au bout de 24 H mais la crise demeure

Le mandat du président de l'état de Thuringe a duré à peine 24 h et 34 minutes. 


               Le 5 février, Kemmerich et Höcke (à droite) se congratulent après l'élection

Tout juste élu avec les voix des fascistes AfD , le " libéral" Kemmerich est contraint de démissionner face au scandale. Le développement des protestations et manifestations dans toute l'Allemagne a obligé le chef de son parti libéral à changer d'avis et à rétro-pédaler. Alors que celui-ci, nommé Lindner,  avait refusé hier de condamner l'élection, il s'est déplacé ce jour en Thuringe pour annoncer la fin de la présidence. Merkel avait également condamné l'élection " impardonnable" et appelé à de nouvelles élections. Le parti SPD commençait à agiter la menace d'une rupture de la coalition au pouvoir. 
La honte de Kemmerich, de son parti et des conseillers régionaux CDU de Thuringe qui ont voté pour lui  demeurent, pour avoir collaboré avec les néonazis. 

Ceux-ci vont maintenant pouvoir se présenter comme des victimes des "politiciens de l'Ouest" de l'Europe, des Juifs...




                          Sur la pancarte ci-dessus ces mots " Honte à vous"

 MEMORIAL  98

Un événement politique catastrophique se déroule en Thuringe: de nombreuses réactions et manifestations commencent à se dérouler sur place et dans toute l’Allemagne, notamment devant le siège du parti libéral FdP, qui bénéficie des votes de l'AfD.



    Manifestation devant le siège du Parlement régional à Erfurt ( sur la pancarte " Trahison des électeurs")

La direction de la CDU est contrainte de demander des nouvelles élections. Même le journal Bild  titre sur la poignée de main de la honte entre le nouveau président et le "nazi Hoecke"




De son côté, le dirigeant du parti libéral Christian Lindner refuse de se distancier de son représentant en Thuringe. Il utilise le prétexte habituel de ces alliances honteuses selon laquelle dans un tel vote à bulletins secret, c'est le résultat qui compte. Ce parti siège au Parlement européen dans le même groupe que le parti macroniste LREM intitulé " Renew Europe". Il est donc attendu que LREM exige le retrait du président de Thuringe élu par l'AfD et en cas de refus, l'exclusion de ce parti qui pactise ouvertement avec l'extrême-droite nazifiante.
Höcke et les autres dirigeants de l'AfD se réjouissent ouvertement de la réussite de leur manœuvre et appellent à un bloc de la droite dans toute l’Allemagne.

Un tremblement de terre politique et une digue qui se brise

Pour la première fois depuis l’après-guerre et la chute du nazisme, le président d’un des Lands (états fédéraux), la Thuringe, a été élu mercredi 5 février grâce aux voix de l’extrême droite.
Le candidat du Parti libéral-démocrate (FDP), Thomas Kemmerich, a été élu au troisième tour de scrutin par l’assemblée régionale de cet État de l’est de l’Allemagne. 
Son infime majorité est de 45 voix contre 44 mais elle lui donne la présidence. Il a bénéficié des voix de tous les élus du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), et de celles de la plupart des membres de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti de la chancelière Angela Merkel.
 Il a devancé d’une voix le ministre-président sortant de Thuringe, Bodo Ramelow, membre du parti de gauche  Die Linke, qui était, lui, soutenu par les sociaux-démocrates et les Verts.

Bodo Ramelow dont le parti de gauche  Die Linke est arrivé en tête des élections régionales avec 31% des suffrages, comptait se faire réélire à la tête d’un gouvernement minoritaire de gauche, pensant que les partis de la droite traditionnelle n’accepteraient jamais de s’allier à l’extrême droite. Jusqu’ici les partis de droite et de centre droit en Allemagne, comme la CDU ou le FDP,  ont en effet toujours refusé toute coopération ou alliance avec l’extrême droite.    
Mais les élus régionaux du parti libéral et de la CDU ont choisi de s’allier avec une délégation AfD ouvertement dominée par des éléments fascistes.
 
En effet le chef de file de l’AfD en Thuringe, Björn Höcke,  est le chef de la tendance la plus droitière du mouvement baptisée "l'aile" ( Flügel en allemand)
Ce courant a été « mis sous surveillance » par l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), le service chargé du renseignement intérieur en Allemagne, ce dernier reprochant notamment aux partisans de Björn Höcke de « relativiser le national-socialisme dans sa dimension historique ».
Hoecke a été accusé, à juste titre, d’avoir préparé le terrain idéologique pour l’attentat antisémite de Halle le 9 octobre dernier, où un immense massacre dans un synagogue prévu par le terroriste néo-nazi  a été évité de peu, tout en faisant 2 morts. Ses déclarations contre la "repentance" des crimes nazis ont pavé la voie de cet acte terroriste.
Il a par exemple qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de « monument de la honte »
 en déclarant « Jusqu’à ce jour, notre état d’esprit est celui d’un peuple totalement vaincu (…) nous Allemands, notre peuple, est le seul peuple au monde qui a planté au cœur de sa capitale un monument de la honte »
Il avait ensuite déclaré au Wall Street Journal : « C’est un grand problème de décrire Hitler comme le mal absolu, alors que nous savons que l’histoire ne s’écrit pas en noir et blanc." 
 « Pour moi, Höcke est un nazi », avait d’ailleurs déclaré lors de la campagne des régionales Mike Mohring,  tête de liste de la CDU  en Thuringe.  Il avait lui-même été menacé de mort par un mystérieux groupe de « musiciens de l’orchestre du Reich » dont l’e-mail se concluait par la formule « Sieg Heil und Heil Hitler ». Pour autant Mohring joue un rôle trouble dans cette crise. Il a organisé le vote des élus CDU avec l'AFD,  pour la candidat FdP après avoir rejeté catégoriquement l'installation d'un gouvernement minoritaire de gauche. 
Les autres thèmes de campagne de Björn Höcke  reprenaient les thèmes racistes chers à l’AfD, que ce soit pour dénoncer « l’africanisation et l’orientalisation qui menacent l’Allemagne » ou expliquer que « le multiculturalisme conduit au multicriminalisme », »



 Le choc de Thuringe se déroule six jours après l’anniversaire de l’accession d’Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933 et dix jours après le soixante-quinzième anniversaire de la découverte et libération du camp d’Auschwitz le 27 janvier 1945. 
 
                                     Hitler est nommé chancelier le 30 janvier 1933
A cette occasion les dirigeants allemands avaient réaffirmé leur engagement dans la lutte contre la résurgence du racisme et de l’antisémitisme.
De plus c’est en Thuringe que pour la première fois le parti nazi (NSDAP)  a participé à une coalition gouvernementale au niveau régional en 1929, avant d’accéder au pouvoir en 1933.
Ces références historiques donnent la mesure de la gravité de ce qui se passe en Allemagne.

Il y a aussi une dimension particulière en France : en 1998, lors d’élections régionales, une partie de la droite a choisi de s’allier avec le Front national de Jean-Marie Le Pen et  Bruno Gollnish. Cela fut notamment le cas en Rhône-Alpes avec Charles Millon et en Picardie avec Charles Baur et Eric Woerth, encore dirigeant de LR. La voie avait été ouverte par Gaudin en région Paca dès 1986
Description : https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2FMrZboBMPpstz9aNUh-suSa8lpX_xaQKfhy-NuSN6NNMAGOX8PVY2dMGuNMOx-pOlPOMVM0FEGfKUX0XsYPgjy2d0IUJySpCqpwjcwB66EIe_GTC5CWuu8AquP9eGvq619u4xtq3bS8/s320/MILLON-GOLLNISCH.jpg


Une importante bataille politique vint à bout de ces alliances sauf en Languedoc-Roussillon. Charles Millon fut hué et expulsé d' une commémoration de la mémoire des enfants juifs d'Izieu 
Vingt ans plus tard il est évident que la légitimation du FN par une partie de la droite renforça considérablement la crédibilité du parti d’extrême-droite. Les mêmes tentatives se déroulent d'ailleurs actuellement sous les auspices de Zemmour, Robert Ménard et Marion Maréchal.

D’autres exemples se sont produits en Autriche (Sträche) en Italie (Salvini), en Espagne avec Vox et montrent à quel point la droite radicale et l’extrême aspirent à trouver les moyens de gouverner ensemble.

Il est donc crucial qu’une mobilisation démocratique et antifasciste s’organise dans toute l’Europe afin de combattre la catastrophe de Thuringe. 

Memorial 98

voir de nombreux textes et articles de Memorial 98, notamment:


















  


lundi 25 janvier 2016

Radicalisation : les néo-nazis armés désormais présentés comme des victimes.

La banalisation du néo-nazi ordinaire vient de passer un nouveau cap ce week-end: le voici devenu dans les médias " riverain excédés" .

Gaël et David sont deux militants calaisiens de l'extrême-droite la plus fanatique et la plus assumée: sur le profil Facebook du père et du fils que des militants antifascistes ont trouvé en quelques clicks, les deux compères affichent leurs tatouages "runiques" et leurs drapeaux nazis ( photo du fils ci-jointe).Comme le dit benoîtement l'un des deux aux journalistes, "ils sont de toutes les manifs". Avec leur Kamarade Kevin Rèche, fondateur du groupe fasciste " Sauvons Calais", et lui même tatoué de symboles nazis.
Ce sont aussi des militants armés. Qui, samedi ont sorti leur fusil et visé ostensiblement des migrants et leurs soutiens qui manifestaient. S'ils n'étaient pas néo-nazis, on les eût facilement, en cette période d'état d'urgence, qualifiés de terroristes. Ils auraient sans nul doute passé les dernières quarante-huit heures en garde à vue et les mois suivants en prison.

En lieu et place, ils se répandent comme "victimes" dans les médias, qui font la publicité de leur page de soutien , relayée sur le site de Soral "Égalité et Réconciliation" et sur Fdesouche. Page, qui pour d'autres que des néo-nazis aurait sans doute valu une inculpation pour "apologie du terrorisme" à ses auteurs et aurait été fermée sur ordre du Ministère de l'Intérieur. On notera d'ailleurs que parmi les premiers et actifs soutiens des néo-nazis au fusil, l'on trouve Damien Rieu, de "Génération Identitaire", jamais condamné à ce jour pour l'attaque contre la mosquée de Poitiers, et dont les troupes ont attaqué un centre d'accueil des réfugiés l'automne dernier, en région parisienne.

Mais que les antiracistes s'estiment heureux, la police a tout de même confisqué l'arme.

Cela ne chagrinera pas la mouvance calaisienne néo-nazie outre mesure. Il suffit de compter le nombre d'opérations commando menées par des hommes cagoulés contre les migrants, ces ratonnades de nuit qui durent depuis des mois, sans que jamais on n'en retrouve les auteurs. Il suffit de regarder ces vidéos diffusées par des militants antiracistes, qui montrent les milices d'extrême-droite intervenir aux côtés de la police lors d'opérations répressives dans les bidonvilles où survivent des femmes, des hommes, des enfants traités comme des sous-hommes. Un fusil de plus ou de moins, ce n'est pas grand-chose pour cette mouvance là.

Surtout quand exhiber ce fusil aura permis de susciter la compassion médiatique, et donc une immense victoire politique: lorsque le néo-nazi devient voisin légitimement exaspéré, il sait que ses cibles peuvent trembler, car elles sont désormais laissées à sa vindicte, en toute impunité.

Et puis les armes, elles tournent, dans cette mouvance là, à peu près tranquillement. Quelques affaires émergent parfois, comme des exceptions qui confirment la règle de l'impunité. Ainsi, pour donner une caution de gauche à l'état d'urgence, le Ministère de l'Intérieur a-t-il fait bruyamment et administrativement Christophe Lavigne et son père, deux autres néo-nazis, qui avaient à leur domicile 200 Kilos de munitions. Mais ces munitions, Lavigne n'aurait jamais du pouvoir les collecter en paix, et si les services de renseignement ont besoin de l'état d'urgence pour les confisquer, c'est bien, qu'en temps ordinaire, rien n'est fait contre les terroristes d'extrême-droite: car Lavigne était parfaitement connu. Interpellé pour un projet d'attentat contre la mosquée de Vénissieux, la veille de passer à l'acte, il a obtenu une relaxe, bien qu'il ait été reconnu coupable de l'incendie de la mosquée de Libourne. Ce qui attestait de sa capacité d'aller jusqu'au bout de ses idées.

Quant à Claude Hermant, compagnon de route de Serge Ayoub, militant historique de l'extrême-droite extra-parlementaire, il aura manifestement pu trafiquer des armes en toute impunité pendant des années avant d'être enfin interpellé. Un de ses derniers marchés a consisté à procurer les armes qui ont servi à Amedi Coulibaly pour les attentats de l'Hypercacher et de Montrouge.

A Reims, c'est un trafic d'armes animé par des notables locaux et un ancien candidat du FN qui a été mis à jour

De même, juste après les attentats de novembre, Enis se faisait tirer dessus par trois individus, à la sortie d'un kebab à Cambrai, dont l'un se suicidera après son acte: des néo-nazis, encore, et une tentative d'assassinat qui n'a pas fait couler beaucoup d'encre.

Toutes ces affaires jusqu'ici étaient évoquées par les médias en mode "fait divers": jamais d'enquête fouillée sur les liens entre elle et leurs auteurs, jamais de détails sur la mouvance auquels il appartiennent et leur degré d'engagement. Jamais d'interrogations sociologiques, jamais de mise en cause de l'extrême-droite parlementaire et du FN. Pourtant, il ne faut pas chercher bien loin les amis des néo-nazis: un des assistants parlementaires de Marion Maréchal Le Pen a du reconnaître récemment avoir aidé l'un d'eux en fuite après des tabassages il y a quelques années. Imagine-t-on le scandale qu'aurait déclenché le soutien de n'importe quel député à un militant même peu actif de l'intégrisme musulman ?

Avec l'affaire de Calais, la banalisation vient de franchir un nouveau cap, puisque désormais des néo-nazis armés sont présentés comme des victimes.

Ce n'est pas autre chose qu'un encouragement à aller plus loin,très vite. D'ailleurs , les néo-nazis ne s'y trompent pas qui, dressent des listes de militants antifascistes à attaquer sur leurs forums. En toute quiétude une fois encore.

Ils ont bien raison: il y a quelques temps, Memorial 98 avait écrit au Délégué Interministériel au Racisme et à l'antisémitisme, pour lui signaler une page ouverte contre l'accueil des migrants à Sernent. Sur cette page, des commentaires négationnistes, des appels au meurtre et au tabassage cohabitaient avec la dénonciation nominative d'habitants du village soutenant le projet d'accueil des migrants. Parmi les néo-nazis qui s'exprimaient sur ce forum, ceux d'ADSAV, : ceux-là même qui avaient été autorisés à manifester en Bretagne le lendemain de la proclamation de l'état d'urgence , et avaient à cette occasion paisiblement ratonné dans les rues. Ils ont recommencé à Quimper ce week-end, s'attaquant en bande à des militants antiracistes. Ils auraient eu tort de se priver puisque personne ne les en empêche.

On pourrait conclure en disant que les politiques et les médias regretteront leur passivité le jour où il y aura des morts. Mais Clément Méric a été tué par des néo-nazis qui sont aujourd'hui en liberté dans l'attente d'un procès dont plus personne ne parle et des torrents de boue ont été déversés sur sa mémoire dès le lendemain de sa mort, où les chaînes d'info ont invité Serge Ayoub en direct pour déverser sa haine.

Finalement, il y aura bien eu un procès aujourd'hui à Calais: celui des migrants et de leurs soutiens arrêtés pour avoir symboliquement occupé un ferry.

Et sans doute la seule note d'espoir est-elle l'existence de ces militantEs extraordinaires, migrants des bidonvilles et leurs soutiens qui agissent sans trève depuis des années, malgré l'effroyable répression dont ils sont victimes, malgré les tonnes de boue que les médias et les politiques déversent à leur encontre.

"No border", disent-ils , et simplement le dire expose à tous les dangers dans un pays où les apprentis-terroristes néo-nazis agissent en toute liberté, tandis que le gouvernement frappe ceux qui les combattent et défendent des valeurs de gauche.

Contre le terrorisme d'extrême-droite, la voix antiraciste est bien seule, mais elle est là, en actes, à soutenir et à relayer.

mardi 16 juin 2015

Reims: notables néo-nazis, champagne et trafic d'armes à l'ombre du FN

Lors des dernières élections municipales de 2014 à Reims, Thierry Maillard, candidat d'extrême-droite et libraire, proposait dans son programme de multiplier par cinq les effectifs de la police municipale locale et même de créer une brigade équestre contre l'"insécurité galopante".

Un an plus tard, c'est lui qui est interpellé pour trafic d'armes avec cinq de ses kamarades. Les dits camarades ne sont pas de jeunes chômeurs mais des notables de la région, vignerons et commerçants.

Thierry Maillard est en effet une figure assez intéressante du fascisme ordinaire, qui rompt avec les clichés médiatiques sur les néo-nazis qui ne seraient que de "jeunes paumés marginalisés". Certes il a sa petite troupe de jeunes nervis avec lesquels il défile parfois dans les rues de Reims, avec des drapeaux à l'effigie de la croix celtique. Certes, c'est un proche de Serge Ayoub, comme lui pro-Poutine. 

Mais c'est aussi un homme très bien intégré dans le tissu de la bourgeoisie locale. A l'aune des révélations faites aujourd'hui sur le trafic d'armes, on relira avec intérêt un article de Libération daté de 2010, à une époque où le FN se préparait à élire Marine Le Pen comme présidente. Les médias présentaient alors cette élection comme une profonde mutation. Dans la brasserie où il est interrogé par le journal, Maillard est mis en scène avec toutes sortes de rémois respectables: négociants en vins, pimpants représentants de divers commerces de bouche, patrons de PME locales, la plupart se présentant comme d'ex-sarkozystes. Aux cantonales suivantes de 2011, porté par son réseau de la bourgeoisie locale, Maillard arrive en tête au 1er tour et fait 45% au second tour.

La presse le présente aujourd'hui comme "exclu" du FN pour avoir en 2011 toujours, pour avoir publié une affiche reprenant de la propagande visuelle des Jeunesses Hitlériennes. Mais la réalité est un peu plus complexe que cela.

En effet, à la suite de la polémique suscitée par cette affiche, Maillard a bien été exclu du Front National... mais pour quatre mois seulement, comme le rappelle un article de 2012 de la presse locale. Cette exclusion minimale éclaire la stratégie de prétendue dédiabolisation de l'époque: dans ces années là, à chaque fois qu'un membre du FN est mis en cause pour ses sympathies néo-nazies, Marine Le Pen condamne et gesticule devant les médias ravis, qui constatent que le FN "rompt avec ses vieux démons". En réalité les exclusions sont temporaires, mais suffisantes médiatiquement, puisque l'immédiateté de l'actualité l'emporte sur le suivi et les enquêtes de fond.

En réalité, Maillard a quitté le FN de son propre chef et dans des circonstances qui démontrent qu'il n'y a pas les vilains néo-nazis d'un côté et le respectable FN de l'autre. En effet, c'est avant les législatives de 2012, que Maillard et ses amis officialisent la rupture. Ils estiment alors  que les investitures locales sont tronquées, et qu'il est suicidaire pour le FN de présenter Pascal Erre, dont le fils a fait les gros titres de la presse locale.....pour ses tatouages à la gloire du national-socialisme. Ce sont donc des affrontements de pouvoir qui opposent Maillard, longtemps membre de l'Oeuvre Française et la famille Erre et son rejeton néo-nazi, pas des questions de fond. 

 C'est à la suite de cet affrontement que Maillard, n'ayant pas obtenu l'investiture aux législatives, quitte le FN de son propre chef pour monter son propre groupe "Reims fait Front". 

Il n'en reste pas moins un représentant assez typique de l'extrême-droite française avec son réseau de commerçants et de chefs d'entreprise, et sa violence assumée. Au fil des dépêches de presse locales, on entend parler de Maillard lorsqu'il met son poing dans la figure d'un élu PS en le traitant de "sale PD", ou lorsqu'il comparaît pour outrage après avoir traité une fonctionnaire de la sous-préfecture de "grosse pute". 

Après l'interpellation et l'incarcération dans le Nord de Claude Hermant, ancien membre du DPS ( le service d'ordre du FN) et probable indicateur de police, les arrestations de Maillard et de ses amis , de nouveau pour trafic d'armes dessinent  l'ombre inquiétante d'une active mouvance néo-nazie. Celle-ci, loin de la marginalité souvent mise en avant est plutôt bien intégrée, non seulement dans la sphère de l'extrême-droite parlementaire, mais également dans la société.

Car Thierry Maillard n'était pas un marginal conspué et ostracisé, mais un homme qui il y a à peine cinq ans a manqué de 5% la victoire à une élection locale, en tant que  candidat d'un parti (le FN) désormais intégré dans le jeu démocratique.

MEMORIAL 98

mercredi 27 mai 2015

Laurent Ozon, ancien du FN co-organise une attaque contre les sans-papiers avec les néo-nazis (vidéos)

Laurent Ozon faisait partie de la première génération du "nouveau FN" de Marine Le Pen. Ce théoricien, proche du Bloc Identitaire, racialiste ou "susbtantialiste" selon ses propres termes, avait été propulsé directement au bureau politique du Front, avant de démissionner brutalement en août 2011. Il avait alors publié un texte de soutien à peine déguisé au tueur de masse néo-nazi Andreas Breivik, accusant les immigrés en "surnombre" d'être la cause d'actes dont il sous-entendait de manière très transparente la légitimité.

On le retrouve aujourd'hui très logiquement activiste de la haine en compagnie des néo-nazis du groupe belge "Nation".  Alors que des sans-papiers manifestaient devant le Parlement de Bruxelles, Laurent Ozon s'est infiltré au cœur du rassemblement pour proférer des insultes racistes envers lesmanifestants, très vite rejoint par des membres de la milice néo-nazie.

Beaucoup de questions se posent sur ce qui a rendu possible cette provocation. Les autorités belges étaient forcément au courant de l'organisation de cette action raciste puisque dès le 22 mai, Laurent Ozon appelait sur son compte Twitter à venir perturber physiquement la manifestation. Or bien loin d'intervenir pour l'en empêcher, la police a au contraire protégé les néo-nazis et encerclé les sans-papiers afin de permettre aux agresseurs de partir tranquillement .


Voici la vidéo de l'incident d'hier Place Du Luxembourg. On peut y voir Laurent Ozon qui termine son discours provocateur et raciste en plein milieu de la manifestation des #SansPapiers.On y voit également qu'il avait organisé sa milice (les membres du parti néo-nazi : Nation) pour intervenir dès qu'il aurait provoqué une bagarre. L'attitude de la police pose question également. Pourquoi s'est elle retournée contre les sans-papiers, qui voulaient faire dégager les provocateurs (qui n'avaient aucune autorisation pour leur manifestation, contrairement aux sans-papiers) ? Pourquoi les boucliers et les casques des policiers étaient face à nous pendant que Laurent Ozon et sa milice de Nation défilait tranquillement sur la place tout en continuant à nous provoquer ? Pourquoi les avoir protégé eux et pas nous ?#Antifascisme #NoBorder
Posted by LCR / SAP on mercredi 27 mai 2015


Aujoud'hui devant le parlement European https://twitter.com/Dylan_Klass/status/603163854428905472 #extrêmedroite #manif #Bruxelles #sanspapier
Posted by PhotoAhsii on mardi 26 mai 2015


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