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mercredi 27 janvier 2016

30 janvier: mobilisation générale contre la déchéance de nationalité et l'état d'urgence



Contre la constitutionnalisation de l’état d’urgence et la déchéance de nationalité

Actualisation 10 février: 

Succès des manifestations du 30 janvier, dans plusieurs dizaines de villes; ci dessous Memorial  98 dans la manifestation parisienne  


Déchéance de nationalité, état d'urgence, révision de la Constitution: on ne lâche pas: action URGENTE en direction des députés afin qu'ils ne votent pas le projet gouvernemental ce mercredi 10 février après-midi: contactez les députés par téléphone, c'est simple et gratuit et par mail; les outils du collectif sont ici https://piphone.lqdn.fr/campaign/call2/Etat_urgence; cliquez et vous êtes directement à l'action

Actualisation 27 janvier 15h: 

1) Le départ, sans doute contraint, de C. Taubira nous remet en mémoire sa déclaration du 23 décembre quand elle avait cru pouvoir annoncer l’abandon de la déchéance de nationalité, avant d'être immédiatement démentie: «...Cette déchéance de nationalité sur des personnes nées françaises, qui appartiennent depuis leur naissance à la communauté nationale, ça pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol, et qui est, dans l'histoire de la construction de la communauté française sur une base civique, un pilier fondamental".

2) Les "nouvelles" propositions de Valls ce jour concernant le texte de loi sur la déchéance constituent une double entourloupe; d'une part celle-ci concernera bien exclusivement les bi-nationaux  et seront bien inclus dans ce projet des "délits graves" et non seulement des crimes, ce qui correspond à nouveau à une revendication de Sarkozy. 
  
Le 5 février prochain, l'Assemblée nationale examinera la loi proposée par le gouvernement . D'ores et déjà, Manuel Valls a annoncé qu'il voulait une prolongation de l'état d'urgence « Jusqu'à ce qu'on puisse se débarrasser de Daech », autant dire pour des mois ou des années. 

Memorial 98 appelle, avec de nombreuses organisations au sein du collectif " Nous ne céderons pas", initié par la Ligue des Droits de l'Homme, à refuser cette banalisation de l'état d'exception et à se mobiliser massivement contre la violation de nos libertés et de l'état de droit, notamment en manifestant le 30 janvier et en interpellant les députés. Des outils simples d'utilisation et  performants sont mis à disposition dans le cadre de ce collectif afin de contacter les élus.

Deux mois après le début de l'état d'urgence, et avant qu'il ne soit renouvelé ou inscrit dans la Constitution française, puis décliné dans les lois de réforme pénale, de plus en plus d'associations, de collectifs, de syndicats et de personnes ouvrent en effet les yeux sur le danger que fait peser l'état d'urgence sur les fondements de nos institutions et sur nos libertés. De très nombreuses instances nationales et internationales, dont les experts de l'ONU, dans une démarche exceptionnelle, appellent à la la levée de l'état d'urgence. Il ne s'agit pas de "laxisme" ou de négligence face aux menaces terroristes mais du constat que ce n'est pas par l'atteinte aux libertés et le développement de l'arbitraire qu'on peut combattre les attentats.


En France la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), instance officielle chargée de défendre les droits de l'homme, à émis le 18 janvier à l'unanimité des ses membres,  une déclaration très sévère envers l'état d'urgence et la décision d'inscrire la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour faits de terrorisme dans la Constitution. 

La mesure de déchéance, quelle que soit son nom et sa forme, contribuerait à fragiliser davantage encore des populations issues de l'immigration, puisqu’elles constitueraient évidemment sa principale cible. Près du tiers des descendants d’immigrés déclarent une double nationalité. Cela représente environ 5 millions de personnes. Celles-ci sont aujourd’hui françaises à part entière. Demain, si cette réforme était validée et adoptée, ces personnes entreraient dans l’ère du soupçon. La naissance sur le sol français "protège" à ce jour les binationaux contre la possibilité de déchéance de leur nationalité française; cela ne serait plus le cas si le projet Hollande est adopté. Cela constitue donc une remise en cause de droit du sol protecteur. C'est d'ailleurs  au nom de ces arguments que le PS avait rejeté en 2010 la tentative de Sarkozy visant à instaurer la déchéance.

La CNCDH analyse ensuite "... la fin de l'état d'urgence ne saurait faire l'objet d'une réforme législative, à plus forte raison constitutionnelle», 
Elle relève que l'application de l'état d'urgence s'est accompagnée «de nombreux abus», accompagnés d'«effets collatéraux dévastateurs». D'ailleurs même le Conseil d’État a été amené à mettre le holà à la manipulation dans le cadre des assignations à résidence.
 
Malgré l'immense vague de protestations portant notamment sur la déchéance de nationalité, F. Hollande et M. Valls semblent avant tout préoccupés de leurs accords avec la droite sarkozyste. En effet Sarkozy a déclaré en sortant de sa rencontre élyséenne le vendredi 22 janvier: " ... Nous avons dit très clairement que nous étions disposés à voter la réforme de la Constitution si cette réforme était clairement centrée sur la question de la constitutionnalisation de l'état d'urgence et sur la question du retrait de la nationalité pour les binationaux", ajoutant: "le président Hollande nous a dit que c'était bien son intention". 

Ainsi donc, seule une grande mobilisation démocratique peut faire échouer ces mesures qui augmenteraient les divisions et la stigmatisation d'une partie de la population du pays 

Le débat au Parlement sera grandement influencé par la force des manifestations du 30 janvier ainsi que par l'interpellation directe des députés et sénateurs.

Il faut donc assurer le succès de cette mobilisation unitaire et la prolonger tout au long des semaines  à venir. Nous pouvons faire reculer ces projets iniques. 

Des outils de mobilisation et d'interpellation sont à votre disposition: 

Des informations quotidiennes ici  et ici
 

 




vendredi 22 janvier 2016

L'Observatoire de la Laïcité menacé




Il "fallait que ça pète", telle est l'étrange formule employée par Françoise Laborde, sénatrice du Parti Radical de Gauche (PRG) et membre de l'Observatoire de la Laïcité, à l'encontre du président de cette institution, Jean-Louis Bianco, dont elle conteste violemment l'action, notamment par le biais d'une pétition demandant sa démission.

Ça a "pété", en tout cas. Manuel Valls premier Ministre d'une majorité politique qui est à l'origine de l'installation effective de l'Observatoire de la Laïcité ET de la nomination de Jean-Louis Bianco par
l'ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault (qui le soutient d'ailleurs face à Valls)), l'a brusquement mis en cause avec une brutalité verbale voulue et marquée.
Au moment même ou le ministre de l'Intérieur annonce un triplement des actes anti-musulmans en 2015, en même temps qu'une très faible baisse des actes antisémites, après une hausse de 100% l'année précédente, Manuel Valls fait un choix dangereux et méprisable

Les motifs affichés: d'une part le président de l'Observatoire, l'ancien ministre Jena-Louis Bianco, a signé un appel initié par l'association Coexister et  intitulé " Nous sommes unis" au lendemain des attentats de Novembre avec de nombreuses personnalités dont certaines représentent des courants religieux très divers
Certains des signataires musulmans ne semblent pas convenir à Valls. Nul n'est évidemment obligé d'apprécier politiquement les organisations citées par le Premier Ministre, notamment le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), ni dans le mouvement antiraciste de leur épargner la critique politique. Mais Manuel Valls est premier ministre, pas militant de base et sa critique est particulièrement ridicule dans ce cadre. Car l'homme qui reproche à Jean-Louis Bianco un appel contre les attentats  est aussi le chef d'un gouvernement qui conclut des accords tant  avec la dictature iranienne qu'avec celle d'Arabie Saoudite, et pas seulement contre Daech. 
Et même en en restant à cette seule question du terrorisme, faut-il rappeler la longue liste des chefs d’État venus défiler à Paris le 11 janvier  et dont le respect des droits de l'Homme n'est pas la principale priorité ? Faut-il rappeler les poignées de main entre le boucher Poutine et nos gouvernants ? De plus vient Valls vient de se féliciter dans un tweet de collaborer lui-même contre le terrorisme  avec le gouvernement turc dirigé par l'AKP, qui fait partie du courant des Frères Musulmans.
Quand bien même certains signataires de cet appel extrêmement vaste seraient peu recommandables, que peut bien reprocher Manuel Valls à Jean-Louis Bianco qu'il ne fasse lui-même, en matière d'"unité" contre le terrorisme ?

D'autre part le délégué général de l'Observatoire, Nicolas Cadène a "osé" critiquer Elisabeth Badinter après la  déclaration de cette dernière  du 6 janvier dernier indiquant: «... Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe. A partir du moment où les gens auront compris que c’est une arme contre la laïcité, peut-être [qu’] ils pourront laisser leur peur de côté pour dire les choses. » 
Ce qui aurait été scandaleux, c'est que l'Observatoire de la laïcité ne parle pas de cette position politique, que Mme Badinter n'a malheureusement pas inventée. Cela fait bien longtemps en effet que l'extrême-droite tente d'imposer cette définition orientée de la laïcité, qui ne serait au fond qu'une lutte contre l'islam. Cela fait bien longtemps aussi, qu'en France, on n'a certes pas peur d'être islamophobe: à l'heure où des mosquées brûlent et sont profanées, où le port du foulard expose à des agressions physiques violentes, où pas un mois ne se passe depuis au moins 2007 sans qu'une polémique éclate contre les musulmans, où le Front National est omniprésent dans les médias et réalise des scores inédits au niveau électoral. Dans ce contexte,  le racisme anti-musulman, comme les autres racismes, s'exprime évidemment sans crainte. 
Il est donc naturel et salutaire que toute personne ayant une conception universaliste et non manipulatoire de la laïcité dénonce ces positions qui la dénaturent et la décrédibilisent. A fortiori, lorsque cette personne est responsable de l'Observatoire de la laïcité.  En effet, si la laïcité n'est que le nom d'une islamophobie consensuelle, elle n'existe pas. 

Ne reste que ce à quoi nous assistons depuis des années, l'absence de contenu positif, de politiques concrètes capables de faire émerger une société réellement laïque, avec des outils sociaux offensifs. L'école ne résorbe plus les inégalités sociales devant le savoir et les cultures, au contraire, la dégradation des moyens les perpétue. L'éducation populaire, les associations qui composent le tissu social, les services publics locaux sont soumis à d'énormes restrictions voire disparaissent. Tout ce qui rassemble autour de droits et d'ouverture des possibles est délaissé, ne reste qu'une course folle vers plus de discriminations, vers la recherche perpétuelle des mêmes boucs émissaires.

Or, contre toute attente, et en tout cas contre celle de Manuel Valls, l'Observatoire de la laïcité n'est pas allé dans cette direction. L'Observatoire n'a pas cautionné politiquement les nouvelles atteintes aux droits des femmes qu'une partie de la gauche politique souhaitait mettre en place. qu'il s'agisse de l'université, des crèches, ou de l'accompagnement des sorties scolaires. Les prétendus laïques, obsédés par l'exclusion progressives des femmes porteuses d'un voile de l'espace public, n'ont pas réussi à faire adopter leurs vues à la majorité des membres de l'Observatoire. Celui-ci reçoit d'ailleurs le soutien de la Ligue des Droits de l'Homme et d'autres associations engagées dans le combat laïque.

C'est cela qui se règle aujourd'hui, c'est la raison pour laquelle Mme Laborde, notamment, emploie des termes aussi violents, à propos de ce qui n'est pourtant, au fond, qu'un organe consultatif, sans pouvoir décisionnaire. Confortée par une puissante vague raciste, d'aucuns ne comprennent pas qu'il puisse y avoir  des digues qui tiennent encore et que d'aucuns osent raison garder.

Et la moindre résistance amène ces prétendus laïques à user d'arguments de plus en plus ignobles et de moins en moins rationnels, de surcroît. Dans ses dernières déclarations, Mme Laborde évoque par exemple le poncif rebattu de l'extrême-droite sur le "vote musulman" qui ferait peur aux politiques. Faut-il rappeler que la majorité politique à laquelle appartient Mme Laborde fut accusée par le Front National et l'ensemble des mouvements fascistes d'être le résultat de la soumission de François Hollande au "communautarisme musulman" ?

Manuel Valls reprend donc la campagne menée de puis quelques temps par l'hebdomadaire Marianne ainsi que par trois membres de l'Observatoire (l'ancien ministre socialiste Glavany, Françoise Laborde, Patrick Kessel) connus pour leur conceptions unilatérales de la laïcité et leur obsession anti-voile. Ainsi P. Kessel préside le Comité "Laïcité République" (CLR), une association qui s’est retrouvée au cœur d’une polémique nauséabonde.  Le 26 octobre dernier, quand, lors de la remise de son prix annuel à l’Hôtel de ville de Paris (en présence de Valls), plusieurs de ses membres ont réprimandé une journaliste franco-turque porteuse d'un foulard. A leurs yeux ce vêtement contrevenait à la laïcité. Le CLR cultive une obsession sur le foulard, qui bénéficie d’une rubrique à part entière sur son site, où l’on retrouve de nombreux articles du journal de la droite radicale Causeur et de  Marianne. Glavany quant à lui méprise une conception de la laïcité qui est celle de la majorité de l'Observatoire et  qu'il qualifie de "droit-de-l'hommiste et antiraciste"; sans surprise il soutient publiquement la déchéance de nationalité pour les binationaux. 
Ce trio est bien caractérisé par  Bianco: "... Ceux qui dénaturent la laïcité, ce sont précisément ceux qui en font un outil antireligieux, antimusulman, qui prétendent, ce qui est une monumentale erreur sur le principe même de laïcité, que l’espace public est totalement neutre, comme si nous n’avions plus le droit d’avoir des opinions".

Valls valide aussi  la ligne de celui qui fait office de  délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra), Gilles Clavreul. Ce dernier s'est notamment illustré lors de l'affaire dite du "bikini de Reims" en juillet dernier. Lors de ce qui constituait une grossière manipulation raciste, il avait jeté de l'huile sur le feu, dans la droite ligne de sa déclaration médiatique d'entrée en fonction, où sa priorité avait été d'indiquer qu'il ne reconnaissait pas l'islamophobie.

Cette ligne violente et absurde constitue à  bien des égards une lamentable fuite en avant, reprise au plus haut niveau de l’État, une tentative de moins en moins crédible de masquer le bilan désastreux de la mandature en matière de laïcité ET d'antiracisme. Car c'est le second point de la manipulation politique: n'avoir que l'islamophobie à proposer comme solution en matière de lutte contre l'antisémitisme.
Où sont donc les plans ambitieux annoncés autrefois par le gouvernement dans ce domaine ? Quels nouveaux outils ont été mis à la disposition de celles et ceux qui souhaitent combattre le fléau de l'antisémitisme ?
Depuis l'unique annulation d'un meeting de Dieudonné à Nantes en janvier 2014, accompagné par  la promesse de Manuel Valls de faire fermer les principaux sites antisémites français, de réguler enfin l'expression de la haine sur les réseaux sociaux, qu'est ce qui a été fait , concrètement ? Pas grand chose, le négationnisme en ligne notamment se porte toujours aussi bien, et les parquets ne sont même pas assez formés sur la question pour nous épargner la relaxe du négationniste Robert Faurisson lors de son dernier procès.

Association antiraciste, universaliste et laïque, Memorial 98 rejette et condamne les manipulations et divisions de M. Valls qui en est coutumier et appelle à défendre plus que jamais l'unité des combats antiracistes.
Memorial 98 appelle à soutenir et à signer la pétition de soutien à l'observatoire de la Laïcité, initiée par la Ligue des Droits de l'Homme, la Ligue de l'enseignement et la Fédération Nationale de la Libre Pensée.


Actualisation du 1er décembre 2016

Alors que Valls  annonce sa candidature à la primaire de la gauche, il est nécessaire de rappeler qu'il a notamment soutenu et participé récemment à la manipulation raciste et islamophobe de Sarkozy sur le burkin.

Ce dernier avait déjà constaté en 2015 que Valls et Hollande avaient été disposés à reprendre son idée (commune avec le FN) de déchéance de nationalité.

Sait-il que cette fois-ci, à nouveau, Manuel Valls approuvera les arrêtés des maires de droite et que nombreux seront ceux  et celles qui à sa suite danseront au son de la musique raciste et islamophobe en pensant (ou feignant de penser) qu’on défend ainsi la laïcité, voir le droit des femmes ? 
Devine-t-il que Valls ira jusqu'à blâmer en direct Najat Vallaud-Belkacem afin d'imposer à gauche la ligne ignoble de Sarkozy, comme dans le cas de la déchéance de nationalité?
La ministre de l’Éducation nationale a fort modérément affirmé que "la prolifération des arrêtés" n'était "pas la bienvenue" et a ajouté "Jusqu’où va-t-on pour vérifier qu’une tenue est conforme aux bonnes mœurs ?" puis a évoqué une "dérive politique dangereuse pour la cohésion nationale" qui "libère la parole raciste". 
Valls la désavoue en direct et réaffirme son soutien aux mesures des maires LR parrainées et initiés par Sarkozy .

MEMORIAL 98

lundi 18 janvier 2016

Commémoration de la tuerie de l'Hyper cacher avec Memorial 98




Les amis parisiens de Memorial 98 ont décidé de commémorer les victimes de l'Hyper cacher en dehors des cérémonies officielles. Il s'agissait de rendre hommage aux victimes de cette tuerie antisémite ainsi qu'à toutes les victimes de 2015, dans l'esprit de l'antiracisme universaliste que nous nous efforçons de défendre. 
En voici un compte-rendu:
    

Samedi 9 janvier 2016
Nous nous sommes donné rendez-vous en début d’après-midi  au métro St Mandé Tourelle

La façade du magasin Hyper cacher  est repeinte en blanc, soumise à tous les vents, entre la Porte de Vincennes et le périphérique. Le silence règne, hormis les automobilistes qui défilent sur la grande avenue. Ils se succèdent, stoppent au feu tricolore et repartent, insensibles à cette devanture clôturée.
Des rubans blancs et rouges accrochés aux barrières de métal ondulent dans le vent.
Ces barrières balisent un périmètre de sécurité déserté qui, pour l'heure, ne semble pas convier au recueillement.
A l'intérieur, les photos placardées des 4 victimes avec leur nom; le temps les a froissées.
A leur pied, des fleurs fraîchement déposées.
Au dehors, des personnes filment.  
Des cars de police longent le trottoir de la station service. Des policiers armés vont et viennent.
Une voiture s'arrête côté Hyper cacher. Une personne en descend. Elle tient une grande banderole qu’elle voudrait installer et  parlemente avec un policier. Les pourparlers n‘aboutissent pas. Elle abandonne et repart.
Quelques instants plus tard, un homme obtient l'autorisation de pénétrer dans l'enceinte. Il ne s'attarde pas, tandis qu'une femme va déposer rapidement un pot de petites fleurs blanches sous l'affichage.

A la sortie du métro, les personnes de Memorial 98 se sont regroupées pour aller déposer une gerbe en mémoire des victimes de ce 9 janvier 2015.
Nous nous dirigeons vers l'Hyper cacher. Les tractations avec la police s'avèrent inutiles. Un des policiers manifeste de la bonne volonté en téléphonant à sa hiérarchie.
Il aurait fallu demander l'autorisation avant, afin de pouvoir pénétrer avec notre bouquet dans l'espace de mémoire.

Où installer cette gerbe ?
Après repérage, nous décidons que ce sera de l'autre côté de l'avenue, face à l'Hyper cacher. La gerbe est fixée à un tronc d'arbre aux branches frêles et dénudées.
Un membre de Memorial 98 rappelle le nom des 4 victimes. C'est un instant solennel.
Des photos, des vidéos même !



Une grande tablée chaleureuse. Nous sommes là devant un café; nous partageons la même tristesse et les mêmes convictions face à ces actes répétitifs .
Avant de nous séparer, nous revenons vers l'arbre du souvenir. Quelqu'un a joint au nôtre un bouquet de petites tulipes violettes.

Nous repassons devant l'Hyper cacher. Une tente a été érigée pour la cérémonie du soir.
Des officiels vont venir commémorer ce cruel événement et tous les autres survenus depuis.
Des représentants des divers cultes ainsi que des sommités du gouvernement et de la région sont debout sur une estrade[1]. Chacun a prononcé un discours avant d'allumer une des 19 bougies à la mémoire des victimes des attentats. M. Valls a prononcé un discours grandiloquent sur les « Juifs de France » et les « Français juifs ». Il s’est aussi fourvoyé dans un amalgame entre explication et justification des actes terroristes.
Les spectateurs se sont recueillis dans le silence pendant une minute …
 D'autres officiels reviendront l'an prochain.
Les victimes, elles, ne reviendront pas … 

Evelyne L. 

MEMORIAL 98






[1] Reportage  télévisé

dimanche 2 août 2015

Les Roms victimes des nazis et de leurs héritiers

                                         
                                                        Des Roms déportés




Dans la nuit du 2 au 3 août 1944, 2897 Roms survivants dans le camp furent assassinés dans les chambres à gaz lors la liquidation du « Zigeunerlager » (« le camp des tsiganes ») d’Auschwitz-Birkenau. 

Le « Zigeunerlager » avait été établi par un décret de Himmler en décembre 1942. Le 29 janvier 1943, son administration, le RHSA, ordonne la déportation de tous les Roms d'Allemagne et des pays occupés vers Auschwitz ( ci-dessous)


Déjà le 8 décembre 1938, dans le décret sur « la lutte contre le fléau tsigane » Himmler  avait ordonné le recensement "intégral" des Tsiganes. A partir de 1940, ils furent déportés par milliers dans des camps de travail et des ghettos en Pologne, en application de l’ordonnance nazie du 27 avril 1940 dite de « transplantation » ( Umsiedlungserlass ) .
Au total, 20.000 Roms sur les 23.000 détenus dans le "Zigeunerlager" à Auschwitz-Birkenau y ont trouvé la mort  à partir du début de 1943. 13.000 d’entre eux étaient originaires d’Allemagne et d’Autriche, les autres venant de pays soumis au Troisième Reich ou collaborant avec lui.
Entre avril et juillet 1944, environ 3.500 Roms et Sinti ont été transférés vers d’autres camps. Certains d’entre eux ont survécu aux épreuves de la persécution, mais 85 % de ceux qui ont été transportés initialement  à Auschwitz Birkenau ont été exterminés.

Les historiens estiment que les nazis et leurs alliés auraient exterminé environ 25% des Tsiganes européens. Sur un peu moins d'un million de Roms vivant en Europe avant la guerre, jusqu'à 220 000 auraient ainsi été tués par le nazisme. Un exemple particulier est celui du lieu de mise à mort de Babi-Yar en Ukraine( voir ici)

 

 
                                               Commémoration Rom à Auschwitz-Birkenau

Pendant des décennies, les Roms et Sinti qui avaient survécu aux persécutions nazies ont été réduits au silence. Après 1945, de nombreux pays n’ont ni reconnu ni condamné leurs persécutions raciales, et ils ont en outre continué leurs pratiques discriminatoires à l’égard des Roms et des Sinti, y compris dans le processus de restitution des biens pillés par les nazis.  Du fait que la commémoration dépend  de la reconnaissance officielle ainsi que de la recherche et de l’historiographie, les souffrances des Roms et des Sinti ont très peu attiré l’attention.

Face à cette situation, les Roms et les Sinti ont lutté pour être reconnus et occuper la place qui est la leur parmi les victimes du régime nazi.

C'est en 1979 seulement que l’Allemagne a reconnu officiellement que l’extermination des Roms et des Sinti était fondée sur des raisons raciales, par décisions du Parlement de RFA.

C'est à partir de 1984 que les Roms et les Sinti eux-mêmes ont commencé à commémorer leur génocide à Auschwitz, le 2 août, date de la liquidation du  « Zigeunerlager », avec la participation des représentants des États et de la communauté internationale (voir la photo en Une de l'article).

C'est en 2001 seulement que le musée national d’Auschwitz a ouvert une exposition permanente sur le génocide des Roms et des Sinti.  Ce pavillon  représente maintenant un lieu de mémoire important qui documente l'ensemble du processus de persécution mis en œuvre par les nazis et leurs alliés, dont la France de Pétain


On connaît le sort de discrimination et de racisme qui continue à accompagner la vie des populations Roms en Europe.
Elles sont la cible de multiples attaques venant de tous les bords; certains responsables de l'UMP se sont spécialisés dans la dénonciation haineuse des Roms à la suite de Sarkozy et de Le Pen.

Mais à gauche aussi,  les propos et les actes discriminatoires à leur égard perpétuent l'oppression dont sont victimes ceux qui ont payé un si lourd tribut au nazisme. 


MEMORIAL 98 

Mise à jour du 28 juin 2019
Bonne nouvelle judiciaire: la Cour d'appel a confirmé la condamnation de Franck Sinisi conseiller municipal de Fontaine (Isère) . Cet alors responsable local du FN, conseiller municipal, avait proposé en Mars 2017 de "récupérer les dents en or" des Roms pour financer leur hébergement . 
C’est un retour du refoulé génocidaire: les nazis "récupéraient les dents en or" de ceux qu'ils exterminaient, y compris les Roms. Déjà condamné en première instance en novembre 2017, il avait fait appel.
Mais il reste encore conseiller municipal car le préfet ne l'a pas démis de son mandat comme il peut et doit le faire (  voir ci-dessous aux dates du 17 mars et 8 décembre 2017)
Memorial 98


Mise à jour du 2 aout 2018
L'actualité rappelle que les Roms demeurent menacés en Europe: d'une part en Ukraine avec l'attaque meurtrière d'un camp par une milice d'extrême-droite et d’autre part en Italie avec les mesures de fichage et d'expulsion annoncées par le fasciste Salvini, ministre de l'Intérieur.
Les héritiers des nazis poursuivent leur œuvre de haine.
Memorial 98


Mise à jour du 8 décembre 2017

Dans l'affaire du responsable local du FN et conseiller municipal qui a proposer de financer des logements d'accueil pour les Roms en récupérant "leurs dents en or" (voir ci-dessous) , le tribunal a donc qualifié son qualifié son propos d'"incitation à la haine raciale"
Il a été condamné le 28 novembre 2017 à deux mois de prison avec sursis, 2.000 euros d'amende ainsi qu'une peine d'inéligibilité sur une période de quatre ans. Devant le tribunal, le prévenu avait prétendu qu'il s'agissait d'un trait d'humour. Et avait ajouté ne pas savoir "ce qui s'était passé pendant la Seconde Guerre mondiale avec les juifs".  Par ailleurs, il assurait ne rien avoir "contre les étrangers", étant lui-même "d'origine italienne".
Après la polémique, le FN a été contraint d’exclure Franck Sinisi . Celui-ci a immédiatement  rejoint le parti fasciste et intégriste-catholique Civitas.  Il est défendu par un avocat, Damien Viguier, intervenant régulier sur le site de Soral et très proche de ce dernier



Mise à jour du 17 Mars 2017: un élu FN "veut arracher les dents en or" des Roms.


Horreur au conseil municipal de Fontaine (Isère) dans la banlieue résidentielle de Grenoble: un responsable local du FN, conseiller municipal, propose de "récupérer les dents en or" des Roms pour financer leur accueil . C’est un retour du refoulé génocidaire: les nazis "récupéraient les dents en or" de ceux qu'ils exterminaient, y compris les Roms:

« Au regard des difficultés liées à l’accueil des Roms sur l’agglomération, la Ville de Fontaine est favorable à l’implication de la Métropole aux côtés de l’Etat et du Département dans l’hébergement ». Lorsqu’il a prononcé ces mots, le maire Jean-Paul Trovero ne pouvait imaginer le commentaire qui suivrait de Franck Sinisi, élu d’opposition FN : « Pour loger les Roms, je pense qu’il pourrait y avoir un auto-financement. La Métropole devrait leur payer le dentiste… afin de récupérer leurs dents en or ». 
Cette déclaration a lieu au moment ou Jean-Marie le Pen, père de Marine, parraine et finance la campagne présidentielle de la cheffe du FN. Il a été condamné récemment pour ses propos de haine contre les Roms et sa menace d'une "fournée" contre les Juifs

MEMORIAL 98 


Actualisation du 25 juin 2016

Une première bienvenue en France: inauguration dans le Lot et Garonne d'un monument qui commémore le massacre de 14 tziganes le 23 juin 1944 par les Waffen SS; la même unité pendra 12 personnes dans le village voisin de Dunes.
Il aura fallu attendre 72 ans pour cette reconnaissance, qui doit maintenant être suivie d'autres initiatives de mémoire.

MEMORIAL 98