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jeudi 10 décembre 2015

Sarkozy légitime à nouveau le Front National









Mise à jour décembre 2017
Sarkozy a poursuivi sa ligne dans l'affaire du burkini qu'il a initiée et manipulée de bout en bout.
Battu à la primaire de la droite, il s'est rangé derrière Fillon. Il a ensuite soutenu la candidature du facho Wauquiez pour la direction de son parti LR.  

Mise à jour 9 juin 2016:

Sarkozy ressort toute la gamme identitaire et anti-laïque et annonce le contenu de sa campagne. 
Alors qu'il n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature à la primaire à droite, l'ex-président définit un , « pays chrétien dans sa culture et dans ses mœurs, ... un pays que doivent respecter ceux qui veulent y vivre ».
Nommer le réel. Dire que la France est un pays d’empreinte et de tradition chrétiennes. (…) L’immigration massive et le communautarisme ont créé une prise de conscience du fait qu’il y avait quelque chose qui ne tournait plus rond en France » et si « cela ne gêne pas nos prétendus progressistes, cela gêne le peuple ». Notons que lors de ce discours fondateur du 8 juin près de Lille, Sarkozy n'a pas dit un seul mot sur ses propositions économiques. Cela promet.
Memorial 98 

Actualisation du 17 mai 2016:

Sarkozy soutient le régime de Orban en Hongrie et le gouvernement du PiS en Pologne et leur décerne des brevets de démocratie (voir ci-dessous). Au passage il invente une "pression migratoire extrêmement forte" sur ces deux pays, ce qui représente un mensonge flagrant. Le gouvernement polonais refuse d'admettre le moindre migrant et la Hongrie de Orban poursuit et persécute les réfugiés. Après le soutien à Trump, l’ancien président et futur candidat élargit ses références vers la droite radicale et xénophobe.

" ... On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de démocratie en Hongrie. C’est le travers des élites françaises que de vouloir donner des leçons au monde entier. Quant à la Pologne, j’ai vu les frères Kaczynski au pouvoir. Ils ont respecté les règles européennes et, quand ils ont été battus, ils sont partis. Après 50 ans de joug communiste, ces pays sont des démocraties qui fonctionnent. Ils ont aussi à faire face à un problème majeur, parce qu’étant aux frontières de l’Europe, ils subissent une pression migratoire extrêmement forte. La faillite de Schengen pèse d’abord sur eux..."



Actualisation du 19 décembre:
Après que Marine Le Pen ait utilisé les images de Daech dans un but de propagande, Sarkozy maintient-il que le FN n'est pas "immoral" et pas "anti-républicain"? On ne l'a guère entendu à ce sujet, occupé qu'il était à virer les anti-FN de la direction de LR.

Actualisation du 15 décembre: au lendemain des régionales, évince NKM et propulse Wauquiez qui est, à droite, un des pires réactionnaires. Même Estrosi (épinglé ci-dessous) critique la dérive droitière et déclare "Plus on va à droite, plus on fait monter le FN"

Sarkozy se range à nouveau du côté du  vote FN. Le chef des LR reprend sa politique de 2007 et 2012 et en rajoute, à la mesure de la progression d'un vote qu'il a déjà plusieurs fois légitimé par le passé.

Lors du meeting de soutien à la candidate LR à Rochefort le 8 décembre, Sarkozy a ainsi déclaré : « Il y a 7 millions de Français qui ont voté pour le Front national (on notera que Sarkozy ajoute au passage 1 million de votants au FN qui a obtenu en fait seulement 6 millions de voix aux régionales ) ... Je veux leur dire une chose : le vote pour le FN n’est pas un vote contre la République car si c’est un vote contre la République, pourquoi la République autorise-t-elle depuis trente ans des candidats du FN à se présenter ? »
Affirmer que le vote FN « n’est pas contre la République » rappelle une précédente phrase de N. Sarkozy lors de la campagne de 2012, quand il avait déclaré: « Le Pen est compatible avec la République. ». 
Le président LR a ajouté  : « Le vote pour le FN n’est pas immoral car si ce n’est pas moral, pourquoi la République accepte-t-elle depuis trente ans qu’autant de citoyens français fassent ce choix ? »

Au delà de la mauvaise foi de ces arguments dans lesquels Sarkozy prétend parler "au nom de la République" et de la morale, on notera que le chef LR délivre ainsi un certificat de correction politique non pas aux électeurs FN, mais bien aux idées de l'extrême-droite.  

Dans le même meeting il a d'ailleurs aussi décliné les prises de position reprenant les thèmes traditionnels du FN. Et même les accents frontistes. L’immigration ? « Trop, c’est trop !, . On ne pourra pas continuer à accueillir tous ceux qui veulent venir sur le territoire de la République alors que nous n’avons plus d’argent, plus d’emplois, plus de logements… » Et il a conclu sur la défense de la "France de toujours" afin de savoir "si elle "restera la France". Et ce prétendu "Républicain" a terminé ainsi: "Ce débat-là, on ne nous le volera plus, nous allons l'imposer à la République Française",

Cette complaisance à l'égard du FN et de ses idées ne constitue pas une surprise car elle structure la politique de Sarkozy depuis au moins 10 ans et en fait depuis 1998, comme le montrent les exemples précis cités ci-dessous (cliquez sur chacun des exemples appuyés par des références documentées) . Néanmoins, la légitimation explicite du vote d'extrême-droite montre dans quel sens il entend entraîner son parti au lendemain du 2e tour.

Le mélange d’opportunisme, de paternalisme et de complaisance de Sarkozy est particulièrement perceptible dans cet dialogue du 13 juin 2006 face à Villepin, alors premier ministre; Sarkozy s'exprime ainsi:  
« Le Pen ( il s'agissait alors de JMLP) , en ce moment, il engrange. Il engrange un maximum. Moi, je dis jamais du mal des électeurs de Le Pen, jamais. Les électeurs de Le Pen, je dis toujours que c'est des victimes. Des victimes de quoi? J'en sais rien. Mais c'est des victimes. Pour nous, l'élection de 2007 se jouera sur les électeurs de Le Pen. On les prend, on gagne. On les prend pas, on perd...» (in « Les hommes d’Etat » de  Bruno Le Maire, alors ministre de Villepin).

Le rappel des prises de position de l'ancien président trace une des causes majeures de la progression du vote frontiste:

C'est Sarkozy qui s'est prononcé dès 1998 en faveur de la "préférence nationale", cœur de l'idéologie frontiste.

C'est Sarkozy qui a mené deux campagnes présidentielles dominées par les thèmes et les idées du Front National en 2007 et 2012 et qui en prépare une troisième encore plus raciste en 2017 remettant notamment en cause le droit du sol.

C'est Sarkozy qui, au nom du refus de la "repentance", a boycotté des commémorations concernant le rôle de Vichy dans la déportation et l'entrée de résistantEs au Panthéon

C'est Sarkozy qui a créé un ministère de l"Identité nationale" et lancé un "débat" sur ce thème.

C'est Sarkozy qui a stigmatisé les Africains "pas assez entrés dans l'Histoire"  

C'est Sarkozy qui a prononcé en juillet 2010 l'infâme discours de Grenoble, rempli de haine raciste à l'égard des Roms et brandissant la menace de déchéances massives de nationalité. Il est d'ailleurs particulièrement catastrophique et toxique que F. Hollande et Valls envisagent de reprendre cette politique des déchéances de nationalité, issue des bas-fonds du FN et de la droite radicale, voire du régime de Vichy.    

C'est Sarkozy qui a traité les réfugiés de "fuite d'eau" au moment même où des centaines d'entre eux se noyaient dans la Méditerranée

C'est Sarkozy qui s'est porté à la tête d'une campagne mensongère selon laquelle les musulmans menaceraient les Églises françaises 

C'est Hortefeux, proche conseiller de Sarkozy et à la manœuvre ces dernières semaines, qui a prononcé ces paroles immondes à propos des personnes d'origine arabe: "Quand il y a en a un, ça va... C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes!"

Aucun accord, compromis ou union n'est évidemment possible avec celui qui est directement responsable de la banalisation et de la diffusion des idées d'extrême-droite. Toute concession à son égard n'a pour seul effet que de le renforcer. Il en est de même pour ceux qui ont répercuté et amplifié ses positions les plus détestables, tel Estrosi.


mercredi 27 mai 2015

Sarkozy, absent du Panthéon, boycotte l'hommage aux résistants


Le président de l'UMP et futur chef des Républicains était "trop occupé" ce 27 mai pour daigner se joindre à l'hommage aux quatre résistants ( Germaine Tillon, Genviève De Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Jean Zay)  entrant au Panthéon. C'est en tout cas le prétexte qu'il a fourni pour justifier son absence.

Or, parmi les résistants honorés, figure notamment Jean Zay, victime emblématique du régime de Vichy et de la Milice qui l’assassiné en juin 1944 , en tant que Juif (par son père), protestant (par sa mère) et franc-maçon.
Avant-guerre, il avait subi des campagnes extrêmement violentes de l’"Action française" qui le traitait de 'Juif corrupteur de la jeunesse'.
Dans son pamphlet antisémite, " L’École des cadavres [1938]" Céline utilisait le nom de famille de Jean Zay pour en faire un verbe sale. Dans un flot d’ordures, il écrivait  : "Je vous Zay."  ("je vous hais")

Jean Zay est encore à ce jour la cible de l'extrême-droite en raison d'un poème pacifiste et anti-militariste qu'il avait publié dans sa jeunesse. Des associations de militaires, proches de la droite nationaliste, avaient protesté en 2014 contre sa désignation pour entrer au Panthéon.
Le site du néo-nazi Soral titrait le jour de la cérémonie: "Jean Zay au Panthéon : Hollande choisit d’insulter la Nation" 

Le choix de boycott de la part de Sarkozy prolonge en fait une attitude constante de sa part à propos de la 2e guerre mondiale.
En mai 2007, à peine élu, il  avait inauguré son quinquennat en boycottant les cérémonies du 8 mai célébrant la défaite du nazisme. Il voulait ainsi marquer son refus de la "repentance", à savoir la reconnaissance de la responsabilité de l’État Français dans la collaboration avec le nazisme. Dans son discours de victoire du 6 mai 2007, il avait comme durant toute sa campagne électorale, attaqué la "repentance" qui conduit à "la haine de soi". Cette tirade récurrente témoignait  de la volonté de réécrire l’histoire dans le sens d' une exaltation nationaliste. Il s'agissait pour lui  de réviser l'histoire de la colonisation et de la coopération  des autorités françaises avec l’occupation nazie. Dans ce but, il avait d'ailleurs tenté de manipuler les résistants des Glières, la figure de Guy Môquet et même le sort des enfants juifs tués dans la Shoah 

Sarkozy prétend représenter les "Républicains", selon le nom qu'il veut faire adopter par l'UMP.  Il inaugure cette dénomination en boycottant une grande commémoration résistante et en adressant un signe supplémentaire de connivence à l'extrême-droite

MEMORIAL 98

lundi 20 avril 2015

Sétif: massacre colonial le jour de la victoire contre le nazisme

70 ans après, les autorités françaises reconnaissent enfin le massacre de Sétif du 8 mai 1945 et la responsabilité de la répression coloniale dans cette tuerie.

Pour mémoire, en ce jour fêtant la victoire contre les nazis, les Algériens réclamaient la reconnaissance de leurs droits. Nombre d'entre eux avaient combattu dans l'armée française et ainsi participé à la défaite nazie.

À Sétif, le mardi 8 mai, la ville est pavoisée. C’est le jour de la capitulation allemande,  les Algériens sont autorisés à célébrer la victoire des Alliés.

La manifestation, autorisée,  commence à se déployer dans les les rues dès 8 heures. Estimée à plus de 10 000 personnes, elle défile avec des drapeaux des pays alliés vainqueurs et des pancartes  « Nous voulons être vos égaux » « ou « À bas le colonialisme ».

Le PPA (Parti du Peuple algérien) avait créé un drapeau qui servira de modèle pour celui de l’Algérie future. Les militants le mêlent à ceux des Alliés.

Vers 8h45 surgissent des pancartes « Vive l’Algérie libre et indépendante » et en tête de la manifestation, Aïssa Cheraga, chef d’une patrouille de scouts, arbore le drapeau algérien. Les policiers tirent des coups de feu sur la foule. Le jeune porteur de drapeau touché une première fois à l'épaule se relève avant de s’effondrer une seconde fois, touché par une balle en pleine tête. C'est devant sa tombe qu'a eu lieu la cérémonie d'aujourd'hui

La nouvelle de l’émeute gagne rapidement la région. La révolte gagne les villes voisines. La répression qui s’ensuivra sera d’une brutalité extrême, faisant des milliers de morts parmi les manifestants.  Le gouverneur Chataigneau décrète l’état de siège. Il donne pleins pouvoirs au général Henri Martin, patron de l’armée en Afrique du Nord pour « rétablir l’ordre d’urgence ». La France coloniale ne lésine pas : 40 000 soldats entrent en action. Les villages « rebelles » sont bombardés. La marine de guerre pilonne les côtes.

Le geste concernant Sétif fait suite à la reconnaissance officielle en 2012 de la répression meurtrière contre la manifestation des Algériens de Paris le 17 octobre 1961.  A noter la réaction nauséabonde du dirigeant de l'UMP Laurent Wauquiez qui considère qu'il s'agit d'une "repentance à sens unique ". Il s'inscrit dans la lignée des diatribes bien connues de Sarkozy contre la "repentance" lors de sa campagne électorale de 2007. Il converge aussi avec Robert Ménard, maire FN de Béziers et apologiste de l'Algérie coloniale.

Après le geste concernant Sétif, c'est à une démarche concernant l'histoire de l'ensemble de la colonisation et de la guerre d'Algérie qu'il faut maintenant se confronter.
La justice et la capacité de vivre ensemble en représentent l'enjeu.

MEMORIAL 98