jeudi 3 septembre 2015

RTL relaye une rumeur raciste et complotiste: la machination d'Olivier Mazerolle

Actualisation du 16 juin :

Mazerolle récidive; il relaye des rumeurs grotesques et alarmistes à propos des supporters de foot.
Ainsi le 14 juin sur RTL il a interpellé le ministre Le Foll en reprenant un photo-montage parodique :
« Sur les images on voit même un homme brandir une pelle, comment tout cela a-t-il pu rentrer dans le stade ? (…) Avec la palpation à l’entrée, on ne devrait pas avoir de fumigène ni de pelle. » 
Mazerolle n'a même pas pris la peine de vérifier cette pseudo-information et se déconsidère une fois de plus après avoir relayé une rumeur raciste contre Myriam El Khomri (voir ci-dessus)

Actualisation 28 avril 2016:

Nouvelle manipulation xénophobe autour de la loi travail: attention il ne s'agit pas ici du contenu réel de la loi et des débats et mobilisations qu'elle entraîne. Il est question  d'une manipulation complotiste  dans la continuité des attaques qui avaient accompagné la nomination de la ministre du Travail (voir ci-dessous). Un message totalement mensonger, qui a beaucoup circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux, affirme que cinq jours fériés chrétiens seraient menacés par la loi travail. L’Ascension, les lundis de Pâques et de Pentecôte, le 15 août ainsi que la Toussaint disparaîtraient, car « ces fêtes traditionnelles sont d’un autre temps et ne correspondent plus au principe de la laïcité ».
On voit bien les intentions racistes du site d’extrême droite Volontaires-France.fr qui a lancé cette rumeur.

Memorial 98

Actualisation du 10 février 2016:

Najat Vallaud-Belkacem s'attaque -à juste titre- aux rumeurs sexistes, racistes, complotistes, qui se répandent à son encontre, notamment à propos de la réforme de l'orthographe.

Au delà du débat (légitime) sur ces modifications conçues par l'Académie française, il s'agit pour la fachosphère de nier la légitimité d'une personne issue de l'immigration à se mêler de ce qui touche à la langue française. C'est un type d'attaque profondément ancrée dans la droite nationaliste et l'extrême-droite françaises. Elles ont déjà été utilisées contre des écrivains d'origine juive accusés d'être "incapables de comprendre l'enracinement de la langue française" et contre Jean Zay, ministre de l’Éducation sous le Front Populaire, harcelé par l'extrême-droite et assassiné par la Milice. On note ici le parallélisme de ce types de campagnes antisémites et xénophobes qui portent aussi sur le nom, prétendument modifié voire dissimulé (voir ci-dessous).

Memorial 98

En plein débat sur les réfugiés et les migrants, la propagande xénophobe ne faiblit pas.
Sur RTL ce matin (jeudi 3 septembre), le nouveau présentateur-vedette de la station, Olivier Mazerolle,  recevait  la fraîchement nommée ministre du Travail, Myriam El Khomri. Et il a attaqué d'emblée avec une question absurde : «Vous êtes marocaine par votre père, ça donne quel trait de caractère ?» .... Puis il passe a une question beaucoup plus perverse :  «Alors vous avez décidé de faire carrière avec votre nom de jeune fille, alors que vous auriez pu vous présenter sous le nom de femme mariée, votre mari est un Bordelais pur sucre, pourquoi, parce que c'est important de montrer qu'en France quand on s'appelle Khomri on peut aussi bien réussir que je sais pas moi, Marceline Dupont ?»

On se demande d'où sort ce patronyme étrange de "Marceline Dupont" ? En fait Mazerolle a simplement recyclé la rumeur d'extrême-droite qui a parcouru le Net lors de la nomination de Najat Vallaud-Belkacem comme ministre de l’Éducation Nationale, en aout 2014. Cette campagne, relayée par les complotistes, prétendait que la ministre s'appelait en réalité Claudine Dupont,  mais utilisait un nom "maghrébin" afin de se faire bien voir des populations d'origine immigrée et de la presse.  

"Claudine Dupont c'est moins vendeur que Najat Vallaud-Belkacem ?", écrivait ainsi un internaute, diffusant une carte d'identité pourtant barrée par le mot "fake" ( factice).

L'information était évidemment toute aussi fausse que la carte d'identité qui était censée l'étayer.
La fausse carte circule depuis 2013 et avait déjà été contredite par le site de référence Hoaxbuster.com. Ironie de l'histoire, l'image relayée par la plupart des faussaires a elle-même été créée pour démonter la rumeur.
La manipulation est d'autant plus vicieuse qu'il y a bien un lien entre le patronyme "Claudine Dupont" et la nouvelle ministre. Il fait allusion à une petite phrase attribuée par Le Point à Ségolène Royal en 2013 et démentie par celle-ci : "Elle s'appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là".

Afin de dissimuler l'origine de son forfait, Mazerolle a simplement remplacé "Claudine" par "Marcelline".
Nous interpellons d'ailleurs RTL sur ce nouveau dérapage à caractère raciste et sexiste de son présentateur -vedette.
On remarquera que les femmes en politique sont particulièrement mises en cause en raison de leurs origines. Myriam El Khomri avait déjà été la cible d'attaques racistes lors de sa première nomination à la politique de la Ville, tout comme Najat Vallaud-Belkacem. Cela a aussi été le cas de Rachida Dati attaquée par Le Pen en raison de sa double nationalité puis d'Eva Joly attaquée en tant qu'étrangère successivement par Marine Le Pen puis par François Fillion.

En colportant une rumeur sexiste, raciste et complotiste, Mazerolle est triplement condamnable. Nous attendons la réaction de la direction de RTL et du CSA.
  

mardi 1 septembre 2015

Pour une grande mobilisation de soutien aux réfugiés, migrants et sans papiers.

Dans plusieurs pays d'Europe se déroulent d'importantes manifestations de soutien aux réfugiés et migrants.
 A Vienne en Autriche, le  lundi 31 août  20 000 personnes ont manifesté. 
En Allemagne, des centaines d’initiatives de soutien aux réfugiés se déroulent un peu partout dans le pays dont les manifestations dans les stades, à Dresde (place forte du mouvement xénophobe Pegida), dans les journaux, par des initiatives concrètes d'accueil. 
Sous la pression, Angela Merkel est amenée à faire des déclarations comme celle-ci: "Quelle honte que des réfugiés syriens fuyant la guerre et l'oppression soient accueillis chez nous par les cris racistes de braillards ivres". 
Les médias manifestent leur surprise face à cette mobilisation en Allemagne. Ils ont déjà oublié les grandes chaines humaines qui avaient mobilisé des centaines de milliers de personnes dans ce pays contre les crimes racistes des années 90.
 Ils méconnaissent le travail quotidien d’associations de défense des réfugiés comme Pro-Asyl. Ils ignorent que parmi les supporters des clubs de foot existe aussi une forte tradition anti-fasciste.

Malgré les politiques répressives des gouvernements et le matraquage médiatique sur la "submersion" par les réfugiés c'est dans toute l'Europe que des collectifs locaux, des associations mettent en œuvre des actions de solidarité pratique et modifient les rapports de force.  Dans un petit pays comme l'Islande (330000 habitants), le gouvernement a indiqué qu'il recevrait uniquement une "poignée" de réfugiés au titre des quotas, mais plus de 10000 personnes se sont déjà engagées à accueillir des réfugiés. 

Il faut maintenant que s'exprime ouvertement en France, dans toutes les villes, un large mouvement de soutien aux migrants, réfugiés, exilés, sans-papiers. 
Oui, toutes ces catégories et toutes ces dénominations car l'égalité ne se divise pas. On ne peut pas d'un côté, proclamer une ouverture aux réfugiés et d'autre part laisser dans la totale précarité des sans-papiers présents ici depuis des années.  
Il y a quelques semaines s'est exprimé le soutien aux exilés de La Chapelle à Paris et on a pu y constater une grande détermination et l'apparition d'une nouvelle génération de personnes mobilisées. Maintenant une autre situation nouvelle s'est créée à l'échelle de l'Europe et la mobilisation est donc d'un autre niveau. 
De très nombreuses personnes désirent manifester leur opposition au racisme et à la manière dont sont (mal)traités en France les migrants et réfugiés et exprimer leur solidarité envers ces derniers.

Une grande mobilisation est donc à l'ordre du jour dans tous le pays avec tous les groupes, collectifs, associations, organisations de soutiens et tous ceux et celles qui en ont assez de voir parader dans les médias le FN et Les Républicains, les Sarkozy, Estrosi et Bruno Le Maire,  ceux et celles qui veulent voir enfin les partis qui se réclament de la gauche mettre en œuvre une réelle politique d'ouverture et d'accueil. 
A Paris, à Calais, à la Courneuve , à Vintimille et dans toutes ces villes et bourgades où au quotidien on attend que s'affirme un rapport de forces. C'est dans la rue  que doit s'exprimer la participation au grand mouvement européen de solidarité. Le temps presse.




Ci-dessous quelques-unes des images venues d'Allemagne et qui se diffusent massivement " Les réfugiés sont les bienvenus" ainsi que l'appel du  journal allemand à très grande diffusion "Bild", qui s'est illustré dans le passé par des articles xénophobes. Il lance cette fois-ci une campagne "Wir Helfen" (nous aidons), de soutien aux réfugiés et reprend même le sigle "Refugees Welcome". Un témoignage supplémentaire de la situation dans ce pays.


MEMORIAL 98


lundi 31 août 2015

Islamophobie: après la plage, le maire de Wissous sévit à la cantine.

A Wissous (Essonne), l'été dernier , le maire Richard Trinquier ( Les Républicains) s'était illustré, à peine élu, par une offensive raciste virulente. Non content d'avoir tenté d'interdire "Wissous Plage" à des femmes portant un voile, l'élu avait ensuite diffusé sur des affiches le nom des courageuses qui avaient osé porter l'affaire en justice et gagné. Sur les murs Facebook des élus de la majorité municipale, les menaces et les insultes contre les habitants musulmans de la commune avaient atteint un niveau de violence extrêmement élevé, tandis que certains de ses habitantEs témoignaient aussi de prises à parti dans leur quotidien. 

A l'époque, l'UMP avait "suspendu" Trinquier, et l'exclusion était promise par certains responsables. Mais à la finale, Trinquier s'est contenté d'enlever une délégation à une de ses adjointes; il est toujours aux Républicains. Rien d'étonnant dans un contexte de course à l'échalote raciste entre ce parti et le FN: les positions islamophobes de Trinquier sont désormais tout à fait celles de Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, dès l'été dernier l'initiative démagogue de Trinquier avait inspiré immédiatement Nadine Morano, qui s'était empressée de livrer à la vindicte publique une femme musulmane croisée sur une plage et photographiée par ses soins.

C'est donc très logiquement, qu'en cette rentrée, Trinquier, qui bon gré mal gré a du renoncer à la discrimination à la plage, se venge à la cantine scolaire. A son tour, il annonce en effet la "suppression de menus de substitution", comme l'ont fait avant lui, d'autres maires Les Républicains , comme celui de Châlons sur Saône. Trinquier traduit d'ailleurs très bien l'objectif de ces mesures, en évoquant dans la presse uniquement "les enfants qui ne mangent pas de porc". La consommation de cochon comme obligation laïque est évidemment parfaitement ridicule, mais cela témoigne d'un dévoiement très courant de la notion de laïcité, qui devient une simple défense des pires lubies identitaires. 

Traduites en actes concrets au quotidien, ces lubies identitaires n'ont pas comme seul effet la complication du quotidien pour les personnes discriminées: elles créent une inégalité profonde au sein de la population, faisant des gens concernés d'éternels étrangers de l'intérieur, surveillés, pointés du doigt, et humiliés en permanence. Des portions grandissantes de l'espace public sont désormais le lieu de la chasse et de l'exclusion dès le plus jeune âge : l'école, les sorties scolaires, les espaces de loisir, la cantine. Dans le même mouvement, les  victimes de ce racisme ordinaire et local se voient imposer une stigmatisation et règlementation de tous leurs comportements les plus banals, de l'habillement jusqu'à la nourriture

D'ailleurs à Wissous, Trinquier a fait un pas de plus dans la désignation raciste institutionnalisée de "l'ennemi intérieur"; en juillet dernier, il a créé une "commission extra-municipale des cultures et de la diversité." Dans la présentation de cette commission, il en évoque les cibles, en mélangeant volontairement et allègrement , origine, culture et religion. Dans le Parisien il évoque ainsi "des gens d'origine juive, musulmane et catholique", avant d'évoquer plus loin "l'étude de l'histoire de ces peuples afin de les aider à s'intégrer". De quels peuples s'agit-il dans son projet ? Les musulmans et les Roms, puisqu'il évoque immédiatement l'affaire de Wissous Plage, et les habitants Roms d'un bidonville de la commune. La création de la fameuse commission fait en effet suite à une autre initiative de Trinquier: en juin dernier, il a "accompagné" des "riverains " venus menacer les résidents du bidonville, et à a cette occasion, flirté avec la violence physique

La religion, comme la misère du bidonville créent donc des "peuples"  selon Trinquier , des "minorités " dont "il est hors de question qu'elles imposent à l'autre "leur point de vue". 

Wissous est une petite commune de quelques milliers d'habitants: le racisme municipal de Trinquier y a crée en miniature ce dont l'extrême-droite et la droite extrême rêvent au niveau national, une discrimination banalisée, prise au travers de mesures de proximité, étayées par une propagande excluante et anxiogène de tous les instants. 

Les laboratoires du racisme ne se cantonnent pas aux villes FN, et malheureusement, la création de ces petites féodalités discriminatoires n'est pour l'instant pas combattue de manière nationale. Certes certains ministres du gouvernement condamnent, par exemple, la suppression de menus de substitution. Mais il suffirait de rendre obligatoire l'alternative végétarienne pour stopper définitivement les initiatives locales. De même, la persécution contre les Roms ne risque pas de s'arrêter à droite si elle est pratiquée aussi à gauche, ce qui est le cas actuellement, comme vient de le montrer l'exemple de la Courneuve.

dimanche 30 août 2015

Syrie, réfugiés, crimes de guerre : quand les complotistes manipulent les images.



L'affiche ci-dessus est diffusée sur les réseaux sociaux par des sites conspirationnistes prétendument anti-impérialistes, comme celui de Michel Collon. Elle surfe, d'une manière grinçante d'ailleurs, sur l'émotion liée au drame des réfugiés, puisqu'elle censée s'adresser à ceux que les réfugiés "dérangent". 

 Mais  elle comprend surtout un message puissamment manipulateur en utilisant un cliché très connu qui représente une personne fuyant la Syrie (ci dessous). Il s'agit ainsi de présenter la guerre que mène Assad contre son peuple comme le résultat d' interventions extérieures, comme le soutient en permanence le régime syrien. Dans ce but, l'affiche aligne les portraits  de Bush (confusion volontaire avec la sale guerre d'Irak de 2003) mais aussi d' Obama, Hollande, Sarkozy et Bernard-Henry Lévy au centre, pour la touche antisémite. 

L'amalgame est pervers et vise à préserver les régimes dictatoriaux présents et passés dont celui d'Assad et celui de Khadafi qui avait mis en place  une défense des  accords avec l'Union européenne qui permettaient effectivement de maintenir les migrants à distance, avec une répression effroyable de ces derniers par le régime de Kadhafi 

Il y a donc d'une part Sarkozy qui avait invité Khadafi à Paris en 2007 et Assad le 14 juillet 2008  et dont des acolytes courtisent le bourreau de Damas  et  d'autre part Obama/Hollande à qui on doit  reprocher leur passivité face aux massacres, y compris lors de l'utilisation par Assad des armes chimiques sur la population civile de la Ghouta, en août 2013.


Surtout  il  manque pas mal de monde sur la photo,  notamment Poutine et  l’ayatollah Khamenei, soutiens inconditionnels et pourvoyeurs des outils de massacre du régime syrien d'Assad, bourreau de son peuple révolté depuis mars 2011. 

La répression et les massacres en Syrie ont débuté quand le peuple syrien s'est révolté en Mars 2011, suite aux Tunisiens et aux Égyptiens, dans le cadre de qu'on a appelé le "printemps arabe". Cet "oubli" calculé des principaux complices et fournisseurs d'armements de la dictature syrienne classe la manipulation du côté de l'extrême-droite, qui soutient partout le régime Assad

Cette opération sophistiquée de propagande nous rappelle la vigilance nécessaire face aux tentatives qui pullulent, notamment sur Internet,  dans le but  de jeter la confusion.


Pour nôtre part, nous appelons plus que jamais à soutenir les réfugiés , notamment dans nôtre pays qui accueille si peu de réfugiés syriens, mais aussi tous les peuples qui aspirent à se débarrasser des dictatures qui les oppriment. Le peuple syrien, qui subit à la fois  Assad et Daech a plus que jamais besoin de ce soutien.


 

samedi 29 août 2015

Génération identitaire: la troupe de choc du FN

                                          En 2012 les fascistes sur le toit de la mosquée


Mise à jour 7 décembre 2017

Cinq militants Identitaires ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Poitiers à un an de prison avec sursis. Quatre d'entre eux ont été jugés coupable de «provocation à la haine raciale ou religieuse et dégradation de biens appartenant à autrui». Ils font également l'objet d'une mise à l'épreuve de deux ans avec obligation d'indemniser les victimes parmi lesquelles des associations musulmanes. 
Le cinquième prévenu n'a été condamné que pour «complicité de provocation à la haine raciale».
L'association "Génération identitaire" elle-même a été reconnue coupable de «dégradations volontaires commises en réunion» et devra payer une amende de 10.000 euros

MEMORIAL 98



C'était le 20 octobre 2012: Génération Identitaire fait venir des militants de toute la France pour attaquer la mosquée de Poitiers . L'un de leurs porte-parole se rend même au commissariat local pour avertir de leur présence. Sur place, les militants braillent des slogans racistes pendant des heures, avant de sortir d'eux-même.

Quatre d'entre eux sont mis en examen pour incitation à la haine raciale, dégradation et vol en réunion. Deux autres le seront en juillet 2014, dont Damien Rieu, porte-parole , devenu depuis directeur de la communication de la ville de Beaucaire, promu par le maire Front National de cette commune. 

Trois ans plus tard, les mêmes font aujourd'hui leur action de rentrée avec une banderole raciste sur le toit de la gare d'Arras, récupérant, comme de bons vautours, l'émotion suscitée par la tentative d'attentat de la semaine dernière dans le Thalys. Pour l'affaire de Poitiers, toujours pas de procès: or, on voit mal ce qui pourrait nécessiter une si longue instruction. Les militants sont connus, et ont agi face caméra, que reste-t-il à chercher ? Rien, mais avec l'extrême-droite, la justice prend toujours ou presque le temps de ne rien faire, même dans les cas les plus graves.

Les jeunes fascistes profitent largement de cette impunité : le plan de la banderole la plus grande possible avec des slogans racistes ou homophobes dessus a été réitéré pendant les manifestations contre le mariage pour tous, contre les migrants et aujourd'hui sur le toit de la gare d'Arras. Depuis quelque temps d'ailleurs, le Bloc Identitaire est devenu un "Front National Jeunes" de choc, jouant systématiquement sur le terrain, la carte du happening raciste  en reprenant les thèmes développés par les caciques du FN quelques jours avant. Le mot d'ordre " Expulsion des islamistes " est très exactement celui de Marine Le Pen pour la rentrée. Évidemment, quand le Bloc Identitaire dit "islamistes", la base comprend "musulmans". 

Rien d'étonnant, puisqu'en PACA, Marion Maréchal Le Pen a officiellement intégré la mouvance identitaire sur sa liste aux régionales, et ce, alors que de nombreux cadres du mouvement travaillent déjà dans les mairies FN...tandis que d'autres mènent des opérations de propagande pour soutenir les initiatives de certains élus. C'est le cas à Mantes la Ville, où une "section" du Bloc Identitaire a surgi du néant pour diffuser des tracts contre la distribution d'une mosquée ...pile au moment où le maire était un peu en difficulté dans son offensive islamophobe.  Il serait d'ailleurs intéressant de connaître la source des financements de Génération Identitaire et du Bloc: rarement plus d'une vingtaine par actions, les jeunes fascistes disposent pourtant toujours d'un matériel de communication énorme, des banderoles pro, aux T-shirts en passant par les blousons et des sites internet impeccables. Évidemment, être salarié et bientôt peut-être élus du FN enlève déjà bien des problèmes matériels à ces militants...

D'aucuns contesteront la dangerosité du Bloc Identitaire, au motif que ses actions sont purement symboliques: après tout, personne n'a été tabassé lors de leurs patrouilles dans le métro, personne n'est obligé de manger leur soupe au cochon assortie d'un discours anti-réfugiés et anti-sans-papiers, et leurs actions islamophobes restent de l'ordre du jeu de rôle , même lorsqu'ils occupent une mosquée en construction en prétendant refaire la bataille de Poitiers.

Seulement en France, des bidonvilles Roms font l'objet d'incendies, des mosquées également, et des femmes voilées sont tabassées en pleine rue. Les jeunes bourgeois du Bloc Identitaire, persuadés qu'une grande carrière politique les attend avec la montée de l'extrême-droite parlementaire ne se salissent pas les mains. Ils savent que leur discours viriliste, paranoïaque et d'une violence symbolique énorme jouera son rôle et que d'autres passeront à l'acte à leur place. D'ailleurs la mosquée de Poitiers, cible du Bloc en 2012 a été incendiée en janvier 2015 , sans que cela incite la justice à accélérer pour juger l'action commise trois ans auparavant

La plupart des rares incendiaires ou agresseurs interpellés après un acte islamophobe recrachent tous la prose du Bloc sur le "Grand Remplacement" et l'islamisation de l'Europe. Et si le Bloc n'a jamais vraiment cherché à devenir une organisation de masse, c'est parce qu'il sait qu'il n'en a pas besoin pour que ses mots d'ordre soient suivis d'effet. 

Quant à ceux qui haussaient les épaules lorsque les suivistes se contentaient de jeter des morceaux de porc sur les mosquées, ils ne peuvent que constater aujourd'hui qu'aux morceaux de porc ont succédé les incendies comme à Mérignac ou à Auch cet été. 

Et tant que les petits chefs fascistes pourront hurler leurs appels à la haine en toute impunité judiciaire, les incendiaires répondront toujours plus nombreux à l'appel. 

A l'heure où, en Allemagne, on ose enfin interdire les manifestations néo-nazies, l'inaction en France devient de plus en plus criante. 

MEMORIAL 98

Marion Maréchal Le Pen chez les catholiques: le retour de l' Action Française?


                              L'évêque Rey qui invite Marion Maréchal
L'invitation de la députée du Front national  Marion Maréchal-Le Pen (MMLP)  à une université d'été catholique officielle  représente déjà un succès pour le parti frontiste. Elle doit participer samedi à Plan-d'Aups-Sainte-Baume à une table ronde sur le thème "Politique et médias".

Il ne s'agit pas d'un hasard ou d'une "recherche de pluralisme" mais bien de relations politiques entre un clergé local d'orientation fondamentaliste et une dirigeante frontiste qui se vante de sa proximité avec ce milieu. En effet MMLP  est proche des organisations intégristes, adepte du pèlerinage de Chartres avec le groupe Notre-Dame de Chrétienté, soutien des militants de la Manif pour tous et de son aile extrême des " Veilleurs", qu'elle avait rencontré officiellement à Versailles le 21 mai dernier pour «dénoncer le rôle de l'Union européenne dans la GPA ». Elle vient aussi de se livrer à une attaque contre la religion protestante, en déclarant:  « La Provence est une terre d’identité et de résistance. Résistance des princes provençaux face à l’invasion sarrasine, résistance face à la terreur révolutionnaire, face à la réforme protestante, face à l’occupant allemand, face au funeste projet de l’Union européenne en 2005. »

Cette université d'été a été initiée par l'évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, Dominique Rey, figure très conservatrice et "identitaire " de l'épiscopat français, qui assume son choix d'inviter Marion Maréchal-Le Pen au motif que le Front national "fait partie du paysage politique français, surtout dans le sud de la France".  Le journal local Le Ravi  avait déjà décrit les inclinaisons intégristes et homophobes de cet évêque. Le site  Internet de l'évêché en question comportait d'ailleurs un texte particulièrement obscurantiste à propos des risques sataniques qui seraient transmis notamment par la participation à la franc-maçonnerie et l'homosexualité active mais aussi par la pratique du yoga; la médiatisation récente de la présence de MMLP a conduit a un retrait de ce texte.
   

Au delà de cet évêque, la hiérarchie catholique de cette région est marquée par l'influence de l'extrême-droite. L'évêque d'Avignon Mgr Cattenoz se répand en propos complotistes et antisémites codés dans la presse d'extrême-droite. Il y déclare: " je pense qu’il serait bon regarder de plus près les financeurs du PS. C’est-à-dire ? Je ne peux, hélas, pas me prononcer publiquement mais je pose la question et je me demande quels peuvent être les lobbies qui font pression sur le PS pour qu’une loi qui vient bouleverser l’équilibre de la société (concernant les écoles privées NDLR) soit votée aussi précipitamment..."
En juin dernier, comme le rapporte le Canard Enchainé il a fait venir le maire FN de Camaret-sur-Aigues ( Vaucluse) dans l’Église locale pour y placer la bourgade "sous la protection du Sacré-Coeur de Jésus en s'engageant à prendre des décisions conformes à l'enseignement de l’Église..." Cette violation flagrante de la laïcité a provoqué de nombreux remous et la révolte du mouvement "Chrétiens en Vaucluse" qui demandent son départ. Dans le même département se trouve l'abbaye du Barroux, dont le chef Dom Gérard Calvet soutient le FN.

Par delà  ce climat local dans une région de forte implantation FN, c'est l'influence de la fraction conservatrice de l’Église catholique qui se trouve mise en lumière. Pendant le pontificat de Benoît XVI (2005-2013) les intégristes catholiques ont été encouragés dans leur offensive réactionnaire.   

Symboliquement, lors de sa visite en France en 2009, ce pape avait exigé de porter  des vêtements et objets liturgiques provenant de l'abbaye du Barroux que nous avons mentionnée plus haut. Il était d'ailleurs prêt à réintégrer dans l’Église l’évêque négationniste Williamson. On a pu parler au sujet de Benoît XVI de pape "révisionniste".

Son retrait et l'arrivée de François a modifié la donne mais les forces réactionnaires et intégristes demeurent très puissantes. Elle le sont particulièrement dans l’Église de France, qui a été marquée dans le passé par l'antisémitisme anti-dreyfusard, l'influence des royalistes de l'Action française dirigée par Charles Maurras (dont MMLP est une bonne disciple) et la soumission au régime de Vichy. On a aussi pu le constater dans l'organisation de la mobilisation contre le droit au mariage pour tous; la hiérarchie catholique y a joué un rôle capital.

Mais une autre tradition  existe aussi au sein de l’Église, notamment dans le domaine de la lutte contre le racisme et pour l'accueil des migrants. Or MMLP mène une campagne particulièrement violente dans ce domaine en déclarant notamment: " "Nous ne voulons pas de la Paca black-blanc-beur, mais de la Paca bleu-blanc-rouge ... Il est hors de question que notre région passe de la Riviera à la favela... "

C'est ce qui a conduit le porte-parole de l'épiscopat, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, a préciser que "la ligne des évêques de France par rapport à la doctrine du FN n'a pas changé" depuis les condamnations fermes de ses thèses dans les années 80.
Le prélat a cité comme "premières", parmi les "valeurs de l’Évangile", "l'accueil de l'autre, le respect de l'étranger, la conception d'une société qui n'a pas peur". " Ces idées ne sont pas vraiment conformes à ce que prône aujourd'hui le Front national. Si le Front national pense qu'il a changé, il faut qu'il le montre", a-t-il estimé.
Les responsables du journal "catho de gauche", "Témoignage chrétien",  sont eux vent debout contre l'initiative de Mgr Rey.
"Nous appelons les responsables catholiques et les catholiques responsables qui aujourd'hui sont une majorité stupéfaite et muette à rompre le silence, et à s'élever contre cette banalisation dangereuse d'un parti qui fait de la haine de l'étranger son fonds de commerce", ont-ils écrit dans un communiqué.

Accompagner la progression du  FN ou la combattre, tel est en effet l'enjeu. 


 





vendredi 28 août 2015

Sciences Po Paris: du Front de Gauche au Front National, en passant par le nationalisme.

Le Front National exhibe à nouveau une prise de guerre venue du Parti de Gauche, un étudiant parisien, Davy Rodriguez. Comme souvent la gauche radicale observe un silence gêné sur ce transfuge, et sur le parcours politique qui a précédé ce ralliement. 

Pourtant, Davy Rodriguez n'est pas juste un sympathisant, ou un encarté distrait qui serait passé brièvement par la gauche sans vraiment y accorder d'importance. On trouve trace de son investissement dans la vie du Parti de Gauche dès 2011, où il publie notamment un article sur une réunion portant sur la convergence des luttes des salariés face aux licenciements.

Surtout en 2013, c'est bien en tant que militant du Parti de Gauche qu'il va participer à une convergence politique d'un tout autre genre: il fait en effet partie des fondateurs du "CRE Sciences PO". Critique de la Raison Européenne se présente comme une initiative " trans-courants", regroupant droite et gauche autour du patriotisme et de la lutte contre l'Europe actuelle. L'organisation se positionne bien entendu autour de la défense de l"Europe des Nations". 

Aux côtés de Davy Rodriguez, on trouve des chevènementistes, et également le responsable de Debout les Jeunes, l'organisation de jeunesse de "Debout la France',  le parti de Nicolas Dupont-Aignan. 

Les positions de ce parti contre les immigrés sont connues de tous: la ligne dure de Dupont-Aignan n'a absolument rien à envier à celle du FN, et ce n'est pas pour rien que Debout La France a tissé de alliances européennes avec l'UKIP anglaise, le parti d'extrême-droite de Nigel Farage. Dupont-Aignan déclarait encore récemment, comme Estrosi qu'il y "avait des terroristes parmi les migrants", contribuant ainsi à la déshumanisation de ceux qui meurent par milliers en mer et aux frontières. 

Le CRE Sciences Po se consacre essentiellement à l'organisation de conférences : on y verra Jean-Pierre Chevènement, Jacques Sapir, qui vient de faire un coming-out définitif sur son rêve d'alliance avec le FN.... mais également Henri Guaino, très proche de Nicolas Sarkozy.

Mais sa " convergence nationale" va bien plus loin: ainsi en avril dernier, c'est le CRE qui organise, à Sciences Po, un débat avec Gaetant Dussaussaye , directeur du Front National de la Jeunesse (FNJ). 

Passer de la collaboration avec Debout La France à l'adhésion au FN relève d'un parcours qui n'a absolument rien d'anormal ou d'exceptionnel, les deux partis étant très proches: Nicolas Dupont- Aignan a ainsi déclaré qu'il prendrait volontiers Marine Le Pen comme Premier Ministre. 

Par contre, collaborer avec Debout la France en tant que membre du Parti de Gauche pose une question simple: comment le Parti de Gauche et le Front de Gauche ont-il pu tolérer une telle initiative dans leurs rangs ? Comment a-t-il été possible qu'un regroupement public avec un parti qui défend des positions racistes et anti-immigrés comme Debout la France puisse se faire et perdurer pendant plusieurs années, sans qu'à aucun moment, aucun responsable , aucune instance n'ait réagi devant cette cohabitation d'un de leurs militants ? 

C'est bien cette complaisance et cette impasse totale sur la question antiraciste qui pose problème, une nouvelle fois: la cohérence politique et l'attachement aux valeurs antiracistes aurait du amener à l'exclusion immédiate du Parti de Gauche de Davy Rodriguez, dès lors qu'il décidait de s'allier à des membres de Debout la France, et évidemment d'autant plus lorsqu'il invitait le directeur du FNJ au FN. 

Cela n'a pas été fait et l'histoire se termine comme toutes les précédentes ayant impliqué des militants de gauche radicale  dont les positions racistes ou antisémites ont été tolérées dans leurs formations politiques. Davy Rodriguez est allé jusqu'au bout de sa pensée et a rejoint le FN. Il l'aurait sans doute fait, s'il avait exclu publiquement du Parti de Gauche auparavant, mais au moins, la honte eut-elle été évitée à son ancien parti et plus globalement à cette partie de la gauche radicale qui refuse de considérer la lutte antiraciste dans toutes ses composantes comme un combat essentiel, fondateur de son histoire et de son futur.