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vendredi 20 août 2021

80 ans après, le camp de concentration de Drancy symbolise la Shoah et la collaboration

Le quatre-vingtième anniversaire de l’ouverture du camp de Drancy (20 aout 1941-20 août 2021) a lieu alors qu’une grande vague de propagande antisémite déferle sur le pays.

                                              Le camp de Drancy 

La pandémie actuelle du Covid donne lieu à une déferlante de propagande antisémite et complotiste sous la forme la plus violente.

Dans la dernière période, cela a pris la forme de l'assimilation de la vaccination et du pass sanitaire à la Shoah

Des étoiles jaunes sont brandies par les opposants organisés à la vaccination. On condamne un "pass nazitaire" et compare ce pass à l'inscription sinistre du portail d'Auschwitz ). Des listes de personnes juives sont brandies. Les propos et actes antisémites ont explosé dans et hors des manifestations, notamment celles désignant des personnalités juives comme responsables de la situation sanitaire, sous forme directe et explicite, ou par l’utilisation du terme antisémite codé « Qui ? ». 

Une stèle en mémoire de Simone Veil est profanée à plusieurs reprises à Perros-Guirec (Côtes d'Armor)      

 

La grande rafle du 20 août 1941 à Paris

Le matin du 20 août 1941, des policiers français, accompagnés par des Allemands en uniforme, envahissent les rues du XIe arrondissement de Paris.

Ce jour-là, en plein Paris, ces policiers français soutenus par les militaires allemands, arrêtent 4232 Juifs afin de les envoyer vers le camp de Drancy, qui vient d’ouvrir ses portes.

Tous les hommes, français ou étrangers, sont contrôlés et les Juifs envoyés vers la place Voltaire. Toutes les entrées des stations de métro entre République et Nation sont bouclées.

Ceux des Juifs qui étaient allés s’enregistrer dans les commissariats, conformément à l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940 publiée en zone occupée, ont déjà été appréhendés directement chez eux.

L'ordre stipulait que « toute personne juive devra se présenter jusqu’au 20 octobre auprès du sous-préfet de l’arrondissement dans lequel elle a son domicile habituel pour se faire inscrire sur un registre spécial » 

Même sort pour ceux qui étaient « connus » comme faisant partie des familles juives du quartier, même non répertoriées. Les femmes sont épargnées. Personne ne sait vers où les Juifs sont emmenés.

Cette rafle « surprise » utilise comme prétexte un simple contrôle d’identité à la préfecture de Police, contrairement à celle qui l’a déjà précédée le 14 mai et qu'on a nommée " rafle du billet vertes.

4232 personnes arrêtées sont toutes conduites dans des autobus de la régie des transports parisiens à partir de la place Voltaire, en direction du camp de Drancy, « inauguré » à cette occasion.

Aucune différence n'est faite entre citoyens français et étrangers.

Ces premières rafles avaient sans doute pour but de fournir de la main d’œuvre aux nazis. C’est ce qui explique que beaucoup des Juifs qui en ont fait partie furent libérés. En effet, la rafle ayant été faite de manière systématique, une majorité des personnes raflées était inadaptée aux travaux que les nazis prévoyaient, en raison de la malnutrition subie et des maladies. Certains furent donc libérés assez rapidement (malades, handicapés, vieillards)

Cette rafle d’août 1941 a eu lieu onze mois avant celle du Vel' d’Hiv' de Juillet 1942

Souvent absente des manuels d’histoire, elle est le résultat du zèle du gouvernement de l’État français, dirigé par le maréchal Pétain.

En effet, le gouvernement de Pétain est allé au-delà des directives de l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940; il a  promulgué le premier "Statut des Juifs" dès le 4 octobre 1940 (voir Antisémitisme: le double anniversaire du 3 Octobre)

Drancy-Cité de la Muette


 

Du jour de son ouverture le 20 août 1941 jusqu'à sa libération le 17 août 1944, plus de 70.000 Juifs, dont 11.000 enfants (le plus jeune est un bébé de 15 jours) sont passés par le camp de Drancy en banlieue immédiate de Paris, avant d'être déportés à Auschwitz.  En effet à partir de Mars 1942, le camp de Drancy devient un camp de transit dont la population est tout simplement redirigée vers les camps, afin d’y être exterminée.

Le 27 Mars 1942, des détenus juifs sont déportés à Auschwitz : il s'agit du premier convoi de déportation entre Drancy et Auschwitz

Arrivée des Juifs au Camp de Drancy  (Bundesarchiv Bild 183-B10920).

Lors de la rafle du Vel'd'Hiv', les couples sans enfants et les célibataires sont amenés à Drancy.

Après leur arrestation par la  le , les enfants d'Izieu furent envoyés à Drancy avant d'être déportés et assassinés à Auschwitz.

Au total, de 1942 à 1944, une soixantaine de convois français de déportés juifs sont partis de Drancy.  

Ce sont au total entre 70000 et 80000 Juifs qui sont internés au camp de Drancy, pour une durée plus ou moins longue qui varie de quelques heures à quelques jours, de l’été 1941 à l’été 1944. Environ 63000 Juifs sont déportés depuis le camp de Drancy, de la gare du Bourget-Drancy puis de la gare de Bobigny, à destination d’Auschwitz-Birkenau principalement

Seuls 2000 d'entre eux ont survécu.

17 AOÛT 1944 : la libération

 

Alors que les Alliés débarquent en Normandie le 6 juin 1944 et que les combats pour la libération du territoire français font rage, Aloïs Brunner, commandant nazi du camp de Drancy et adjoint zélé de Eichmann continue la « chasse aux Juifs ». Il poursuivra ensuite sa carrière au service de la dictature du régime des Assad en Syrie

 

                     Beate et Serge Klarsfeld manifestent contre la présence de Brunner en Syrie
 

 

Environ un millier d’internés arrivent au camp de Drancy en juin, mille autres en juillet , parmi lesquels 250 enfants raflés entre le 21 et le 25 juillet 1944 dans les maisons d’enfants de l’UGIF en région parisienne.

 Le 31 juillet, soit 17 jours avant la libération du camp de Drancy, 1300 internés dont 330 enfants sont déportés au camp d’Auschwitz.

Dans le camp règne une atmosphère de terreur. Certains signes annoncent le départ imminent des nazis. Ces derniers donnent l’ordre de détruire les archives du camp, mais des internés parviennent à sauver le fichier nominatif du camp de Drancy.

Malgré les efforts de Brunner pour déporter le millier d’internés restants, la grève des cheminots lancée par la Résistance paralyse le réseau ferré.

Finalement Brunner obtient la mise à disposition de trois wagons grâce auxquels il est en mesure de quitter le camp le 17 aout 1944, à destination du camp de Buchenwald, déportant encore 51 internés, principalement des résistants. Au moins 21 déportés parviendront à s’évader durant le transport de ce convoi.

Après plusieurs heures d’incertitude, les internés réalisent que les nazis ont définitivement quitté le camp et que pour eux le cauchemar s'est arrêté.

Le camp de Drancy est alors remis à ceux qui représentent la Résistance . Les internés quittent le camp en quelques jours.

 

Dans nos combats contre contre tous les génocides et contre tous les racismes dont , les dates du 20 aout 1941 et du 17 aout 1944 représentent des échéances importantes au cours de laquelle nous honorons la mémoire des victimes et renouvelons notre engagement à lutter contre toutes les formes de racisme,  d'antisémitisme et de négationnisme.


Lors de cette journée nous rappelons aussi les autres victimes de génocides plus récents ou  plus anciens afin que justice leur soit rendue et pour éviter de nouveaux crimes du même type.

En effet, l'impunité des auteurs de génocides et massacres représente un facteur évident de récidive et de perpétuation de ces actes criminels. C'est pourquoi, plus que jamais et en permanence,  la mémoire des génocides nourrit nos combats. 


Articles de Memorial 98 en rapport: 

http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/08/appel-laction-contre-la-vague-de.html 

 http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/07/shoah-etoile-jaune-rafle-du-vel-dhiv.html

http://www.memorial98.org/article-memoire-la-rafle-meconnue-du-20-aout-1941-82199443.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/01/vichy-contre-les-juifs-entretien-avec.html

http://www.memorial98.org/article-syrie-2-ans-deja-manifestons-avec-eux-le-16-mars-116168597.html

vendredi 22 janvier 2021

Vichy contre les Juifs: combattre Zemmour, entretien avec Laurent Joly

A l'occasion de la parution en poche du livre L’État contre les juifs. Vichy, les nazis et la persécution antisémite (1940-1944), édition revue et mise à jour, Paris, Flammarion/Champs histoire, 372 p., 10 €.

A la veille du 27 janvier, qui marque la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah et de prévention des crimes contre l'humanité, entretien avec Laurent Joly sur des points clés de la politique pétainiste contre les Juifs de France.

Laurent Joly a aussi coordonné l'important numéro de la Revue d'histoire de la Shoah d'octobre 2020 consacré à "Vichy, les Français et la Shoah : un état de la connaissance scientifique"

Il a également témoigné récemment lors du procès intenté à Zemmour par plusieurs associations pour contestation de crimes contre l'humanité en raison de ses déclarations sur le sauvetage des Juifs par Pétain.

Le parquet y a réclamé 10000 Euros d'amende contre Zemmour.

Laurent Joly est l'auteur de plusieurs livres et films documentaires ( voir ci-dessous). Nous le remercions d'avoir accepté de répondre à nos questions.

 

Memorial 98 


L'État contre les juifs

Le premier chapitre de l’ouvrage est consacré à la genèse du statut des Juifs de Vichy promulgué en octobre 1940.

En quoi le statut s’inscrit-il dans le contexte de la politique nazie de la fin des années 30, marquée par les étapes suivantes:  « Nuit de Cristal » du 9 novembre 1938, déclaration "prophétique" d’Hitler au Reichstag le 30 janvier 1939: “ si le judaïsme financier international en et hors d’Europe devait réussir à pousser les peuples une fois encore dans une guerre mondiale, alors le résultat ne sera pas la bolchévisation de la Terre et par là la victoire du judaïsme, mais l’anéantissement de la race juive en Europe”, invasion de la Pologne en septembre 1939?

L’interprétation que je défends inscrit en effet l’adoption du statut des Juifs par Vichy, régime né du désastre de 1940, dans ce contexte. 

Depuis la fin de 1938 et le début de 1939, le projet et la formule même de « statut des Juifs » (laquelle est venue sous la plume de Charles Maurras en 1911) ont de plus en plus d’audience dans la propagande antisémite française : articles dans la presse d’extrême droite, brochures, papillons, etc.

Ceux qui en parlent le plus fort, le conseiller municipal de Paris Darquier de Pellepoix (futur commissaire général aux Questions juives), l’activiste ultra-nationaliste Marcel Bucard, le quotidien royaliste L’Action française, l’hebdomadaire fasciste Je suis partout, Céline dans ses pamphlets (Bagatelles pour un massacre en 1937 et  l’École des Cadavres en 1938)  font beaucoup de bruit.

Assurément, la politique antijuive nazie, codifiée en 1935 dans les lois raciales de Nuremberg, imitée par l’Italie de Mussolini en 1938, marque les esprits. Elle résonne avec le facteur national qui inclut la tradition antidreyfusarde, la théorie maurrassienne de l’antisémitisme d’État, la haine homicide à l’encontre de Léon Blum et la stigmatisation des responsables (juifs) de la défaite 

L’idée selon laquelle la France doit, elle aussi, résoudre le « problème juif » a de plus en plus de partisans, avant même le choc de la déroute militaire.

En outre, le régime pétainiste ambitionne de s’insérer dans l’« ordre nouveau » hitlérien, dont on pense à Vichy qu’il dominera durablement l’Europe. 

La loi raciale, qu’ont adoptée l’État hongrois (avril 1938), l’Italie fasciste (septembre 1938), la Slovaquie (avril 1939) puis la Roumanie (août 1940), apparaît dès lors comme un passage obligé. 

Ce facteur de dynamique européenne est au moins aussi important que le facteur national propre, pour comprendre pourquoi Vichy a promulgué si rapidement un statut des Juifs, qui a mis au ban de la nation des dizaines de milliers de Français « regardés » par le législateur comme de « race juive »...

 

Ton chapitre 4 « Sacrifier les juifs étrangers pour sauver les français ? » fait écho aux polémiques suscitées par Éric Zemmour. N’y a-t-il pas une difficulté éthique à polémiquer avec Zemmour sur le sort des Juifs français et étrangers?  Pour contrer son discours, on veut démontrer que les Juifs français ont aussi été touchés, comme si la déportation des seuls Juifs étrangers pouvait être acceptée ?

  

On peut d’abord rappeler qu’il y a chez Zemmour un déni de l’éthique parfaitement anachronique.

« Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangers sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux ». Ces paroles de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, dans sa lettre pastorale du 23 août 1942, qui constitue la première protestation publique contre la livraison des juifs apatrides par la police de Vichy à cette période, ont eu un impact exceptionnel dans l’opinion. 

Le fait est que ce qui a choqué, ému, les gens n’était pas qu’on arrêtait  plutôt des étrangers ou des Français, mais qu’on s’en prenait à des femmes, des enfants, des invalides, pour les envoyer on ne sait où à l’Est, pour y travailler dur, y être maltraités et certainement y périr. 

Sur le coup, une grande partie de la population a eu conscience de cela, a compris que ce que faisait Vichy était une transgression inacceptable des normes morales de base. C’était un réflexe d’humanité.

Pour justifier l’injustifiable, les dirigeants de l’État français ont inventé l’argument du « moindre mal ». Ce serait en effet une difficulté éthique pour l’historien si cet argument était fondé, si effectivement Vichy avait livré les Juifs apatrides pour protéger les français, si effectivement Vichy n’avait pas eu d’autre choix que celui de livrer telle catégorie pour en épargner une autre. Mais ce n’est pas le cas. Je le démontre dans mon chapitre 4 du livre, à la suite des travaux fondateurs de Joseph Billig, Georges Wellers, Robert Paxton ou Serge Klarsfeld.

Et c’est ce qui rend l’argumentaire vichyste, développé au moment de la Libération par les avocats de Pétain, par Laval et Bousquet eux-mêmes, et mis au goût du jour par Zemmour, avec le soutien de certains historiens, irrecevable sur le plan scientifique.

On n’est donc pas face à un problème éthique, mais tout simplement face à un problème de respect ou non des faits. Le régime pétainiste avait les moyens de dire « non » grâce aux outils de protection que représentaient  la convention d’armistice franco-allemande , la convention de La Haye, la zone libre.

C’est ce qu’il fera d’ailleurs un an plus tard avec le refus de la dénaturalisation collective des Juifs devenus français depuis 1927. Mais auparavant, en mettant à l’été 1942 toute la puissance de sa police au service des nazis, aboutissant à 42 000 juifs déportés sur les quelque 40 000 initialement programmés par la SS, il ne s’est absolument pas mis en situation de protéger les Juifs français.

Ainsi trois sur quatre des enfants Juifs arrêtés à Paris en juillet 1942 étaient français – 3 000 petits Français à titre définitif, en vertu de la loi de 1927, nés en France, scolarisés. 

Il faut donc le rappeler, non pas pour signifier que déporter des enfants étrangers aurait été moins « grave », mais pour souligner le caractère mensonger de l’argumentaire vichyste.

 

À quel moment les dirigeants de Vichy ont-ils su que le sort des juifs conduisait à leur mise à mort  ?

À l’été 1942, qui correspond notamment à la rafle du Vel D'hiv' à Paris, Laval ou Bousquet ne peuvent pas ne pas avoir compris que la mort était au bout du voyage. Ils ont fait le choix du déni, sur fond de mauvaise conscience agressive et hâbleuse. La récente publication du Journal de guerre de Paul Morand, dont j’ai pu intégrer les principaux apports dans la nouvelle édition de mon livre, m’a permis plus particulièrement d’étayer le chapitre du livre intitulé « Que savait-on de l’extermination des Juifs ? ». 

Bousquet se vante d’avoir « liquidé 13 000 » Juifs ; Laval refuse de lire les preuves de l’extermination systématique des Juifs qu’on lui apporte, fait des blagues douteuses et demande à ses interlocuteurs de la SS des éléments de langage… 

L’époque où l’on pouvait penser de bonne foi, comme l’historien Léon Poliakov, que Laval était un politicien naïf et désireux de faire au mieux, est révolue. La recherche historique, couronnée par la récente et magistrale biographie de Laval par Renaud Meltz, dont j’ai pu aussi intégrer les principaux apports dans cette nouvelle édition, est maintenant au clair sur qui était Laval et sur sa politique.

Le dernier chapitre de ton livre porte sur l’épuration. Au sujet des policiers et administrateurs impliqués dans la Shoah, tu estimes que la punition par l'institution policière était pour eux plus grave que celle par la justice. Est-ce comparable?

Si l’on s’arrête aux résultats de l’épuration judiciaire concernant les cadres de l’appareil d’État impliqués dans la politique antijuive, des responsables du « fichier juif » à la préfecture de Police de Paris jusqu’aux commissaires ayant exécuté les rafles en passant par les préfets et les chefs de la police les ayant organisées, on peut se dire qu’il n’y a pas eu d’épuration.

En effet on ne compte plus  les acquittements, ainsi celui de Bousquet, en 1949, par la Haute Cour de Justice ou de classements révoltants.

Mais c’est oublier l’impact de l’épuration dite administrative. Pour un préfet, pour un policier, être révoqué, c’est perdre tout ce qui donne sens à sa vie. C’est une sanction terrible. Même un Bousquet a vu sa carrière et ses ambitions brisées. Ce n’est pas rien. Sans parler du fait que la plupart de ces acquittements et classements étaient précédés de longs mois, parfois plusieurs années, en prison. Le bilan que je fais de l’épuration face au sort des juifs est donc nuancé. Malgré de nombreux ratés, les comités et tribunaux de l’épuration n’ont pas chômé : des centaines de policiers anti juifs, de fonctionnaires antisémites, de délateurs de Juifs ont été sanctionnés.

Memorial 98

 

Parmi les autres livres de Laurent Joly: 

 




 

 



 


 

Articles de Memorial 98 en rapport avec cet entretien:

http://www.memorial98.org/article-zemmour-rehabilite-petain-pour-qui-pourquoi-124774288.html

 

http://www.memorial98.org/article-memoire-la-rafle-meconnue-du-20-aout-1941-82199443.html


http://www.memorial98.org/article-collaboration-avec-les-nazis-une-exposition-d-actualite-125314945.html 


http://www.memorial98.org/2019/04/75-ans-apres-la-rafle-d-izieu-symbole-du-sort-des-enfants-juifs-face-au-nazisme.html


http://www.memorial98.org/article-30-janvier-1933-le-desastre-114868033.html

 

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/10/il-ya-80-ans-petain-lancait-la.html 

 

http://www.memorial98.org/article-antisemitisme-le-double-anniversaire-du-3-octobre-58213369.html 


http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/04/celine-en-vedette-propos-du-covid19-une.html


http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/11/nuit-de-cristal-commemoration-2020-en.html




samedi 24 octobre 2020

24 Octobre 1940: Pétain lance la collaboration avec le nazisme.





Mise à jour du 24 octobre 2021
Zemmour défend sans cesse la politique de Pétain qui selon lui "aurait donné les Juifs étrangers afin de sauver les Juifs français" . Il reçoit pour cela l'appui de Jean Marie Le Pen, qui déclare à ce sujet  « C’était pas Pétain le patron, il a défendu les juifs français et livré les étrangers. La police française procédait à une formalité de manière plus humaine, il est facile de dire soixante ans après “y a qu’à faut qu’on”. » Et ajoute « La seule différence entre Eric et moi, c’est qu’il est juif. Il est difficile de le qualifier de nazi ou de fasciste. Cela lui donne une plus grande liberté. » La judéité de Zemmour ne nous empêche évidemment pas de le qualifier pour ce qu'il est : un fasciste qui a recours aux thèmes traditionnels de l'extrême-droite, déclinisme, racisme, sexisme, antisémitisme, appel répétés à la guerre civile et raciale... Memorial 98 écrivait déjà le 28 mars 2010: " Loin d'être un néophyte en politique , Zemmour a derrière lui une longue carrière à la droite de la droite; il a beaucoup fréquenté Pasqua et ses acolytes.
Il fut particulièrement proche de William Abitbol, conseiller politique et rédacteur des discours de Pasqua et aussi ancien militant du groupe fasciste Occident comme Longuet, Devedjian, Hervé Novelli... La judéité de ces deux compères ne les empêche d’ailleurs pas de nager dans les eaux de la droite la plus radicale, celle qui brandit la xénophobie comme étendard."
Pour Zemmour  il s'agit d'aboutir à un abaissement de l'Etat de droit et des libertés publiques,  d'imposer une "remigration" forcée de nombreux étranger et d' aller vers une stigmatisation systématique des Français de confession musulmane, etc. Sa réhabilitation de Vichy et du maréchal Pétain n'a pas d'autre dessein : accoutumer les esprits à une politique radicale contre les étrangers, les "ennemis de l'intérieur" et les "mauvais Français"
 
Cette causalité entre la réhabilitation de Vichy et une politique radicale contre les étrangers, les "ennemis de l'intérieur" et les "mauvais Français" a été lancée par 
le lepénisme le plus dur. Dans le numéro de National-Hebdo du 15 au 22 janvier 1998, soit cent ans jour pour jour après la parution du "J’accuse" de Zola, l’éditorialiste et directeur du journal ( Martin Peltier) résume ainsi l’identité antisémite de son parti et la place cruciale qu’il attribue à cet engagement; il dénonce “ la tétrade satanique racisme-xénophobie-antisémitisme-négationnisme… ” : et ajoute "c’est le préjugé antiraciste qui empêche de rétablir l’ordre et de résoudre le problème de l’immigration…nous devons expliquer aux Français que tant que l’on n’aura pas débloqué l’affaire du “ détail ” les banlieues continueront à flamber et la France à sombrer… ." 
C'est ce  sillon sanglant que creuse sans cesse Zemmour  qui appelle à la guerre raciale et religieuse.
 
Le 24 octobre 1940, Pétain rencontrait Hitler à Montoire-sur-le-Loir. Leur poignée de main lançait la collaboration

C'est lors du discours de Pétain du 30 Octobre 1940, après cette rencontre avec Hitler, qu'est annoncée pour la première fois explicitement cette collaboration, qui se déploiera dans de très nombreux aspects, au plus grand profit du Reich nazi et de ses acolytes français.
On notera que dans ce discours, Pétain indique qu'il s'est rendu librement à la rencontre avec Hitler, sans aucune pression allemande et qu'il utilise le terme nazi de « Führer » quand il mentionne ce dernier. 

A cette date du 30 octobre, le régime de Vichy a déjà promulgué plusieurs lois racistes très orientées.
Il s’agit de la possibilité de déchoir de sa nationalité un Français naturalisé (16 juillet 1940), de l’abrogation du décret Marchandeau du 21 avril 1939 pénalisant le délit d’injure ou de diffamation raciale et l'amnistie des faits commis de ce type depuis cette date ( 27 août ) le premier statut discriminatoire des Juifs du 3 octobre (publié le 18 octobre ), l’abrogation du décret Crémieux de 1870 (qui accordait la nationalité française aux Juifs d’Algérie) le 7 octobre. 

On sait maintenant que Pétain a lui-même durci les dispositions du statut des Juifs, comme le montrent ses mentions manuscrites sur ce document, mises à jour par le Mémorial de la Shoah
 

Il n’a en rien constitué un « bouclier » contre les nazis comme le prétendait une partie de l’historiographie de la droite et comme le proclame l’extrême-droite et surtout son défenseur Eric Zemmour.

La parution d'une version actualisée du livre des historiens Paxton et Marrus "Vichy et les Juifs" (première parution en 1981) qui révéla l'ampleur de l'implication pétainiste dans la déportation des Juifs de France, permet de rappeler à quel point l'antisémitisme actif de ce régime permit aux nazis de mener leur œuvre de mort. 
 
Deux autres ouvrages importants abordent la même période. Il s'agit de la réédition en poche du livre de Laurent Joly et d'un numéro de la Revue d'Histoire de la Shoah ( éditée par le Mémorial de la Shoah) avec le même et d’autres  historiens spécialisés, dont Tal Bruttmann.
Ils sont tous les deux intervenus lors de la conférence organisée par Memorial 98 lors du 80e anniversaire de la Nuit de Cristal, à voir ici https://www.youtube.com/watch?v=LktMd-0B7uI&fbclid=IwAR25sTpjRMgzodzh1flevehe8tNfvH4WS4iTSNl_y2rdjTlGKLxAmL )
 
Dans sa préface à la réédition en poche, Laurent Joly insiste à juste titre sur la nécessité de combattre la "révision zemmourienne" qui présente Pétain en sauveteur de Juifs.




Nous n’oublions pas que François Mitterrand alors président de la République, a fait déposer chaque année de 1987 à 1992 lors du 11 novembre, une gerbe de fleurs présidentielle sur la tombe du Maréchal Pétain, à l’île d’Yeu, au prétexte du rôle de ce dernier lors la première guerre mondiale ( au cours de laquelle il fut d'ailleurs particulièrement actif dans le massacre des soldats révoltés )
François Mitterrand ayant déclaré qu’il honorait simplement la mémoire de l’homme de Verdun et nullement celle du chef de l’État français. Pour l'historien André Kaspi, une telle distinction est artificielle : « Le Pétain collaborateur de 1940-1944 n'a pu égarer les Français et en convaincre bon nombre de le suivre que parce qu'il bénéficiait du prestige du Pétain de 1914-1918. L'un n'aurait pas existé sans l'autre" ( in Chronologie commentée de la Deuxième Guerre mondiale)
 
Les associations de résistants et de victimes du nazisme avaient beau protester unanimement, rien n'y faisait. En 1992 le scandale fut plus important, car une large campagne publique se déroulait contre ce geste de révérence à l'égard du chef de la collaboration.  
Du coup, le préfet de la Vendée, chargé par la présidence de la République de fleurir la tombe  le 11 novembre, dut attendre cette année-là 17 h 15 pour se rendre en hélicoptère sur l'île d'Yeu, lieu de sépulture de Pétain. Il craignait  d'être confronté aux manifestants présents sur place. C'était juste après que Serge Klarsfeld et la quarantaine de personnes l'accompagnant eurent pris le dernier bateau régulier de retour de l'île. Ils étaient venus «s'assurer qu'une gerbe ne sera plus déposée sur la tombe de Pétain par le président de la République». Au bout du compte, la gerbe du préfet côtoyait celles déposées dans les heures précédentes par Jean-Marie Le Pen et par "l'Association nationale Pétain Verdun" (ANPV, émanation des nostalgiques de Vichy).  Devant l’ampleur du scandale, Mitterrand fut contraint de suspendre l'hommage à Pétain à partir de 1993, c'est à dire à la toute fin de son deuxième septennat.

En 2018, c'est Emmanuel Macron qui a voulu rendre hommage à Pétain lors du centenaire de l'armistice, avant d'être contraint de reculer.  

On notera  que Pétain avait déjà manifesté son antisémitisme lors du pogrom nazi de la Nuit de Cristal en novembre 1938

Saisi d'un texte de protestation contre ce pogrom, il avait rayé de sa main la formulation mentionnant la condamnation des "violences antijuives" au profit d'une formule plus neutre "persécution religieuses ou racistes". Ses autres modifications vont dans le même sens d'atténuation de cette déclaration (voir ci-dessous le fac-similé de ses modifications). 
   



Il y a une continuité entre le programme antisémite des nazis qui envisageaient ouvertement l'exclusion et l'élimination des Juifs, la mise en pratique de cette politique lors de la Nuit de Cristal, puis le discours d'Hitler du 30 janvier 1939, à Berlin, devant le Reichstag, annonçant la Shoah en déclarant:
« Aujourd'hui, je serai encore un prophète : si la finance juive internationale en Europe et hors d'Europe devait parvenir encore une fois à précipiter les peuples dans une guerre mondiale, alors le résultat ne serait pas la Bolchevisation du monde, donc la victoire de la juiverie, au contraire, ce serait l'anéantissement de la race juive en Europe. ».
 
MEMORIAL 98


 
Articles et dossiers de Memorial 98 en lien

http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/10/3-octobre-1940-petain-heros-de-zemmour.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/01/vichy-contre-les-juifs-entretien-avec.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/01/zemmour-recidive-et-escalade-agissons.html

 

http://www.memorial98.org/article-zemmour-rehabilite-petain-pour-qui-pourquoi-124774288.html

 

http://www.memorial98.org/article-memoire-la-rafle-meconnue-du-20-aout-1941-82199443.html


http://www.memorial98.org/article-collaboration-avec-les-nazis-une-exposition-d-actualite-125314945.html 


http://www.memorial98.org/2019/04/75-ans-apres-la-rafle-d-izieu-symbole-du-sort-des-enfants-juifs-face-au-nazisme.html


http://www.memorial98.org/article-30-janvier-1933-le-desastre-114868033.html

 

http://www.memorial98.org/article-antisemitisme-le-double-anniversaire-du-3-octobre-58213369.html 


http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/04/celine-en-vedette-propos-du-covid19-une.html


http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/11/nuit-de-cristal-commemoration-2020-en.html
 

vendredi 3 juillet 2020

Marseille: issue heureuse malgré les manoeuvres entre la droite et le RN.



Mise à jour du 4 juillet: 
Issue heureuse à Marseille

Le projet d'accord de la droite avec le RN (voir ci-dessous) a capoté car sa révélation a provoqué des divisions en son sein, avec la candidature de l'élu LR Lionel Royer-Perreaut, qui dénonçait explicitement ce projet. Il s'est ensuite retiré suite à un engagement de Vassal et Teissier de ne pas faire d'accord avec le RN de Ravier. La rage de ce dernier qui a boycotté les deux tours de scrutin, constitue un indice supplémentaire des manœuvres d'alliance qui se concoctaient.
Guy Tessier, candidat LR, ancien dirigeant d'un parti d'extrême-droite, est battu. C'est un signe pour le combat contre le RN et le racisme. 

Pour autant nous n'oublions pas les déclarations et actes plus que douteux de la sénatrice Samia Ghali, désormais deuxième adjointe de la maire Michèle Rubirola, notamment contre les Roms.

Memorial 98


Marseille: Grandes manœuvres entre la droite et le RN à la veille de l'élection d'un(e) maire.




                                 Martine Vassal avec la députée pro-Assad Valérie Boyer      

A Marseille, se joue une nouvelle tentative d’alliance entre la droite et le RN.

Le prétexte est que l'âge avancé de ce dernier lui garantirait l'élection en cas d'égalité des suffrage avec la candidate de la gauche et dirigeante du Printemps marseillais, Michèle Rubirola.
Mais en réalité il s'agit de créer les conditions d'un accord avec le RN, sous la dénomination d'un "pacte marseillais" que propose l'extrême-droite par la bouche de l'ultra-raciste Stéphane Ravier.
Un élu LR, Lionel Royer-Perreaut, maire d'arrondissement, a d'ailleurs mentionné ce risque  en annonçant  sa candidature au poste de maire et son refus de soutenir Guy Teissier. « Je sais qu’il y a des ententes en cours avec le Front national, et je ne peux pas m’inscrire dans une stratégie d’alliance avec le Front national », déclare-t-il .

Teissier est en effet bien placé pour réaliser un tel accord.
Il se situe dans l'aile la plus dure de LR et il a fait partie de la direction du Parti des Forces Nouvelles ( PFN) parti d'extrême-droite concurrent du FN.
En 1976, Teissier était même membre du comité central de ce parti, alors dirigé par François Brigneau, ex-milicien( corps des terroristes et des assassins de Vichy) , négationniste et antisémite parmi les plus violents , et un autre collabo nommé Roland Gaucher. Ce dernier était membre pendant la guerre du parti fasciste de Déat nommé Rassemblement national populaire Le 22 avril 1944, Gaucher  demande au gouvernement de Vichy de « dresser des listes d'otages et des poteaux d'exécution » à un rythme plus soutenu.  A la Libération, il est condamné pour intelligence avec l'ennemi.
 
Teissier "facho-LR" poursuit la voie qu'avait déjà emprunté Jean-Claude Gaudin, maire sortant de Marseille.
Dès 1986, Jean-Claude Gaudin a constitué une alliance politique avec le Front National dirigé par Jean-Marie Le Pen afin d’être élu à la tête de la région PACA. Il a géré de concert la région avec le parti d’extrême-droite jusqu'en 1992, à coup de nominations et de désistements réciproques lors des échéances électorales.
Cette gestion commune a servi de laboratoire et de "modèle" à d’autres dirigeants régionaux de la droite qui ont finalisé leurs accords avec le FN lors des élections régionales d’avril 1998
Gaudin a ensuite récupéré de nombreux cadres et élus FN locaux de sa région, rebaptisés par lui « droite républicaine » sans qu’ils aient rien changé de leurs idées et de leurs pratiques. 

La mise en place d'un pacte diabolique entre LR et le FN afin de barrer la route à la gauche constituerait la récidive exacte de ce qui s'est passé en 1998 dans plusieurs conseils régionaux. Le prétexte à l'époque était la "menace communiste" ou "trotskyste" ( en Picardie avec Eric Woerth, toujours dirigeant de LR).

Cette fois-ci les termes ont changé et il s'agirait de l"ultra-gauche" voire même des "gilets jaunes" Néanmoins il s'agit bien de la même doctrine formulée par Charles Pasqua  à la veille de la présidentielle de 1988, dans le magazine Valeurs actuelles du 2 mai 1988: « Sur l'essentiel, le Front national se réclame des mêmes préoccupations, des mêmes valeurs que la majorité (la droite)  »
Depuis Sarkozy a sans cesse appliqué cette doctrine en légitimant l'extrême-droite et en recherchant ses électeurs lors des présidentielles de 2007 et 2012

Une telle forfaiture à Marseille, où s'agite également la députée LR raciste et islamophobe  Valérie Boyer, lobbyiste d'Assad et Poutine avec le rallié RN Thierry Mariani, représenterait un indice significatif dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.




MEMORIAL 98