lundi 22 juillet 2019

Septembre 1939: l'invasion de la Pologne annonce le début de la Shoah



                                          La muraille isolant le ghetto de Varsovie
 
Le 1er septembre marque l'anniversaire de l'invasion de la Pologne par les troupes nazies et du début de la seconde guerre mondiale.
Les troupes de Staline envahirent la Pologne orientale deux semaines plus tard le 17 septembre, dans le cadre du pacte germano-soviétique, dit Molotov-Ribbentrop, signé en août 1939, qui est maintenant réhabilité par Poutine.
Le 1er septembre 2019, lors du 80e anniversaire du début de l'invasion, le président allemand a présenté des excuses pour les six millions de victimes polonaises du nazisme, dont trois millions de Juifs. 
 
Le même jour, le parti d'extrême-droite AfD a connu un nouveau succès dans deux élections régionales. Or ce parti est maintenant dominé dans l'est de l'Allemagne par des dirigeants négationnistes comme Bjoern Hocke et Alexander Kalbitz (suspendu depuis pour avoir dissimulé son ancienne appartenance à un groupe néo-nazi). Mais la tentative d'alliance entre la droite et l'extrême-droite dans l'état de Thuringe a échoué face au scandale et à la mobilisation anti-fasciste.

L'invasion nazie de la Pologne a débuté par le bombardement des civils de la ville de Wielun, choisie par les nazis en raison de son importante population juive.
Elle a été surnommée Guernica polono-juive car l'ordre de la bombarder a été donné par le général Von Richthofen, ancien chef de la légion nazie Condor, dont les avions avaient rasé la ville basque de Guernica en 1937. 
Un an après le début de l'invasion, le ghetto de Varsovie a été instauré le 12 octobre 1940,  date qui correspondait cette année-là à la fête juive de Yom Kippour. Le 16 novembre suivant, on y transfèra de force les Juifs, soit un tiers de la population de la ville, concentrées sur 2,4 % de sa superficie : 450 000 personnes furent alors coupées du reste du monde.
 
Ni oubli ni pardon
 
Memorial 98 


Juillet 2109
A Varsovie, le 22 juillet marque le début de la  grande déportation des Juifs du ghetto en juillet 1942, six jours après la rafle du Vel d'Hiv' à Paris et quatre mois après la liquidation du ghetto de Cracovie .

Alors que le gouvernement polonais actuel multiplie les déclarations et actes à caractère antisémite,en s'attaquant notamment à l'histoire de la Shoah, cette date revêt une signification particulière.

Elle se produit au lendemain de l’agression par des fascistes d’une manifestation de défense des droits des LGBT à Bialystok dans la partie orientale de la Pologne. Il y a quelques semaines, c’est à Paris qu’un colloque sur la Shoah en Pologne a été perturbé par des militants antisémites et nationalistes polonais.


                           Le général SS Stroop sur l'Umschlagplatz en 1943

Chaque 22 juillet, une marche démarre du monument de l'"Umschlagplatz" lieu d'où partaient les convois de déportés, parcourt l'ancien espace du ghetto, dont il ne subsiste strictement rien et termine devant le centre culturel et de mémoire dédié à Emmanuel Ringelblum, héroïque historien du ghetto et animateur du réseau "Oneg Shabbat" qui en préserva la mémoire. 

Le ghetto de Varsovie a été instauré le 12 octobre 1940, qui correspondait cette année-là à la fête juive de Yom Kippour. Les nazis annoncèrent à la population juive qu'elle devait déménager dans ce "quartier juif" exigu qui fut ceint de barbelés.    


L"Aktion" de déportation vers la mort, comme l’appelaient les nazis, débuta le 22 juillet 1942.

Elle s’inscrivait dans le cadre de la plus vaste "Aktion Reinhardt", organisée par les nazis en Pologne occupée; celle-ci inclut la construction des camps d'extermination de Belzec (mars 1942) Sobibor (mai 1942) et Treblinka (juillet 1942). 

Ce dernier camp joue un rôle particulier dans l'extermination des Juifs de Varsovie. 280 000 Juifs déportés de la capitale polonaise y furent assassinés. 

L'Aktion de Varsovie prit fin temporairement le 21 septembre suivant, à nouveau durant le jour de la plus importante fête juive, Yom Kippour. Elle avait débuté le jour de Tish'a Beav, qui commémore par le deuil et le jeûne la destruction du Temple juif de Jérusalem par l'armée romaine en l'an 70 de notre ère.

Les nazis, dans leur rage antisémite, utilisaient souvent les dates des fêtes religieuses juives afin de procéder à des persécutions particulières ou de marquer leur "connaissance" du judaïsme.

Après cette grande déportation, le ghetto de Varsovie était réduit à  un camp de travail où 36 000 Juifs survivaient officiellement et où 20 à 25 000 clandestins se cachaient. Son sursis tenait d’une part à la pénurie de main-d’œuvre gratuite dont l'administration nazie voulait disposer, et d'autre part à la nécessité d’une pause afin de recenser et d’expédier vers le Reich les biens volés dans le ghetto. 

Quelques jours après le début de la déportation de juillet, la résistance juive s’unifie dans un « Bloc antifasciste » et se dote d’une branche armée, l’Organisation juive de combat (OJC), fondée le 28 juillet 1942. Cette démarche déboucha plusieurs mois plus tard sur la révolte du ghetto de Varsovie
Les premières opérations de l'OJC étaient dirigées contre les responsables de la "police juive" et autres collaborateurs.

En janvier 1943, une seconde Aktion visant à liquider le reste du ghetto est interrompue par les nazis eux-mêmes, face à la résistance et au fait que la population se cachait dans un réseau souterrain creusé durant des mois.
Himmler, en déplacement à Varsovie, ordonna alors la destruction du ghetto et de ses habitants. 

Le 19 avril 1943, les unités SS chargées de la mise en œuvre de cet ordre furent repoussées par des centaines de combattants ne disposant que de quelques revolvers et grenades.
C'est le début du soulèvement du Ghetto

Le commandant allemand est relevé de ses fonctions, le général SS Jürgen Stroop lui succède. Plus de 2000 SS, soutenus par de l‘artillerie et des blindés incendient maison après maison. Les Juifs sont asphyxiés, carbonisés, enterrés vivants dans les abris où ils sont retranchés. Le 16 mai 1943, Stroop fait dynamiter la grande synagogue. Il câble à Himmler : « Il n’existe plus de quartier juif à Varsovie. ». 

Le principal dirigeant de l’insurrection et de l’Organisation Juive de Combat (OJC), Mordehaï Anilewicz, se suicida le 8 mai, suivi quelques jours plus tard par Szmuel Zygielbojm, représentant du mouvement ouvrier juif Bund dans le gouvernement polonais en exil à Londres.

Nos pensées vont vers les victimes de cette extermination et vers ceux qui au cœur des ténèbres, entamèrent la préparation de leurs actes héroïques qui apparurent au grand jour dans les mois qui suivirent. 
Le nazisme fut défait mais son héritage reste plus que jamais  à combattre .
 Ses héritiers  rêvent toujours de massacrer des Juifs comme le montrent les attentats  dans les synagogues de San Diego, Pittsburgh et Halle
La pandémie du Covid donne lieu à un déluge de propagande complotiste et antisémite . Elle reprend les accusations les plus nauséabondes qui ont marqué l'Histoire des persécutions contre les Juifs.   
Des propagandistes de la haine déversent des flots de propos complotistes et racistes, grâce à la complaisance des grandes plates-formes et à l'indulgence de juges qui les protègent en reculant devant l’application des lois limitant le négationnisme, comme dans le cas de Soral et Dieudonné
L'extrême-droite parrainée et soutenue par Trump et Poutine, pèse lourdement dans de nombreux pays d’Europe, comme on peut le constater à l’occasion des élections européennes du mois de mai 2019. 
En France, Allemagne, Autriche, Hongrie, Pologne, Italie, Grande-Bretagne, Estonie, les nostalgiques et racistes de tout poil sont à l'offensive et pour certains déjà installés au pouvoir . 
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites  quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité (à voir ici et ici  )

MEMORIAL 98

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