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vendredi 20 août 2021

80 ans après, le camp de concentration de Drancy symbolise la Shoah et la collaboration

Le quatre-vingtième anniversaire de l’ouverture du camp de Drancy (20 aout 1941-20 août 2021) a lieu alors qu’une grande vague de propagande antisémite déferle sur le pays.

                                              Le camp de Drancy 

La pandémie actuelle du Covid donne lieu à une déferlante de propagande antisémite et complotiste sous la forme la plus violente.

Dans la dernière période, cela a pris la forme de l'assimilation de la vaccination et du pass sanitaire à la Shoah

Des étoiles jaunes sont brandies par les opposants organisés à la vaccination. On condamne un "pass nazitaire" et compare ce pass à l'inscription sinistre du portail d'Auschwitz ). Des listes de personnes juives sont brandies. Les propos et actes antisémites ont explosé dans et hors des manifestations, notamment celles désignant des personnalités juives comme responsables de la situation sanitaire, sous forme directe et explicite, ou par l’utilisation du terme antisémite codé « Qui ? ». 

Une stèle en mémoire de Simone Veil est profanée à plusieurs reprises à Perros-Guirec (Côtes d'Armor)      

 

La grande rafle du 20 août 1941 à Paris

Le matin du 20 août 1941, des policiers français, accompagnés par des Allemands en uniforme, envahissent les rues du XIe arrondissement de Paris.

Ce jour-là, en plein Paris, ces policiers français soutenus par les militaires allemands, arrêtent 4232 Juifs afin de les envoyer vers le camp de Drancy, qui vient d’ouvrir ses portes.

Tous les hommes, français ou étrangers, sont contrôlés et les Juifs envoyés vers la place Voltaire. Toutes les entrées des stations de métro entre République et Nation sont bouclées.

Ceux des Juifs qui étaient allés s’enregistrer dans les commissariats, conformément à l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940 publiée en zone occupée, ont déjà été appréhendés directement chez eux.

L'ordre stipulait que « toute personne juive devra se présenter jusqu’au 20 octobre auprès du sous-préfet de l’arrondissement dans lequel elle a son domicile habituel pour se faire inscrire sur un registre spécial » 

Même sort pour ceux qui étaient « connus » comme faisant partie des familles juives du quartier, même non répertoriées. Les femmes sont épargnées. Personne ne sait vers où les Juifs sont emmenés.

Cette rafle « surprise » utilise comme prétexte un simple contrôle d’identité à la préfecture de Police, contrairement à celle qui l’a déjà précédée le 14 mai et qu'on a nommée " rafle du billet vertes.

4232 personnes arrêtées sont toutes conduites dans des autobus de la régie des transports parisiens à partir de la place Voltaire, en direction du camp de Drancy, « inauguré » à cette occasion.

Aucune différence n'est faite entre citoyens français et étrangers.

Ces premières rafles avaient sans doute pour but de fournir de la main d’œuvre aux nazis. C’est ce qui explique que beaucoup des Juifs qui en ont fait partie furent libérés. En effet, la rafle ayant été faite de manière systématique, une majorité des personnes raflées était inadaptée aux travaux que les nazis prévoyaient, en raison de la malnutrition subie et des maladies. Certains furent donc libérés assez rapidement (malades, handicapés, vieillards)

Cette rafle d’août 1941 a eu lieu onze mois avant celle du Vel' d’Hiv' de Juillet 1942

Souvent absente des manuels d’histoire, elle est le résultat du zèle du gouvernement de l’État français, dirigé par le maréchal Pétain.

En effet, le gouvernement de Pétain est allé au-delà des directives de l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940; il a  promulgué le premier "Statut des Juifs" dès le 4 octobre 1940 (voir Antisémitisme: le double anniversaire du 3 Octobre)

Drancy-Cité de la Muette


 

Du jour de son ouverture le 20 août 1941 jusqu'à sa libération le 17 août 1944, plus de 70.000 Juifs, dont 11.000 enfants (le plus jeune est un bébé de 15 jours) sont passés par le camp de Drancy en banlieue immédiate de Paris, avant d'être déportés à Auschwitz.  En effet à partir de Mars 1942, le camp de Drancy devient un camp de transit dont la population est tout simplement redirigée vers les camps, afin d’y être exterminée.

Le 27 Mars 1942, des détenus juifs sont déportés à Auschwitz : il s'agit du premier convoi de déportation entre Drancy et Auschwitz

Arrivée des Juifs au Camp de Drancy  (Bundesarchiv Bild 183-B10920).

Lors de la rafle du Vel'd'Hiv', les couples sans enfants et les célibataires sont amenés à Drancy.

Après leur arrestation par la  le , les enfants d'Izieu furent envoyés à Drancy avant d'être déportés et assassinés à Auschwitz.

Au total, de 1942 à 1944, une soixantaine de convois français de déportés juifs sont partis de Drancy.  

Ce sont au total entre 70000 et 80000 Juifs qui sont internés au camp de Drancy, pour une durée plus ou moins longue qui varie de quelques heures à quelques jours, de l’été 1941 à l’été 1944. Environ 63000 Juifs sont déportés depuis le camp de Drancy, de la gare du Bourget-Drancy puis de la gare de Bobigny, à destination d’Auschwitz-Birkenau principalement

Seuls 2000 d'entre eux ont survécu.

17 AOÛT 1944 : la libération

 

Alors que les Alliés débarquent en Normandie le 6 juin 1944 et que les combats pour la libération du territoire français font rage, Aloïs Brunner, commandant nazi du camp de Drancy et adjoint zélé de Eichmann continue la « chasse aux Juifs ». Il poursuivra ensuite sa carrière au service de la dictature du régime des Assad en Syrie

 

                     Beate et Serge Klarsfeld manifestent contre la présence de Brunner en Syrie
 

 

Environ un millier d’internés arrivent au camp de Drancy en juin, mille autres en juillet , parmi lesquels 250 enfants raflés entre le 21 et le 25 juillet 1944 dans les maisons d’enfants de l’UGIF en région parisienne.

 Le 31 juillet, soit 17 jours avant la libération du camp de Drancy, 1300 internés dont 330 enfants sont déportés au camp d’Auschwitz.

Dans le camp règne une atmosphère de terreur. Certains signes annoncent le départ imminent des nazis. Ces derniers donnent l’ordre de détruire les archives du camp, mais des internés parviennent à sauver le fichier nominatif du camp de Drancy.

Malgré les efforts de Brunner pour déporter le millier d’internés restants, la grève des cheminots lancée par la Résistance paralyse le réseau ferré.

Finalement Brunner obtient la mise à disposition de trois wagons grâce auxquels il est en mesure de quitter le camp le 17 aout 1944, à destination du camp de Buchenwald, déportant encore 51 internés, principalement des résistants. Au moins 21 déportés parviendront à s’évader durant le transport de ce convoi.

Après plusieurs heures d’incertitude, les internés réalisent que les nazis ont définitivement quitté le camp et que pour eux le cauchemar s'est arrêté.

Le camp de Drancy est alors remis à ceux qui représentent la Résistance . Les internés quittent le camp en quelques jours.

 

Dans nos combats contre contre tous les génocides et contre tous les racismes dont , les dates du 20 aout 1941 et du 17 aout 1944 représentent des échéances importantes au cours de laquelle nous honorons la mémoire des victimes et renouvelons notre engagement à lutter contre toutes les formes de racisme,  d'antisémitisme et de négationnisme.


Lors de cette journée nous rappelons aussi les autres victimes de génocides plus récents ou  plus anciens afin que justice leur soit rendue et pour éviter de nouveaux crimes du même type.

En effet, l'impunité des auteurs de génocides et massacres représente un facteur évident de récidive et de perpétuation de ces actes criminels. C'est pourquoi, plus que jamais et en permanence,  la mémoire des génocides nourrit nos combats. 


Articles de Memorial 98 en rapport: 

http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/08/appel-laction-contre-la-vague-de.html 

 http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/07/shoah-etoile-jaune-rafle-du-vel-dhiv.html

http://www.memorial98.org/article-memoire-la-rafle-meconnue-du-20-aout-1941-82199443.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/01/vichy-contre-les-juifs-entretien-avec.html

http://www.memorial98.org/article-syrie-2-ans-deja-manifestons-avec-eux-le-16-mars-116168597.html

dimanche 16 juillet 2017

Rafle du Vel' d'Hiv': en mémoire du combat contre le nazisme.


       
                                       Les autobus de la rafle devant le Vel' d'Hiv'
  






«Vent printanier»: ce fut le nom de code imaginé pour la plus vaste opération d'arrestations de Juifs pendant la Seconde guerre mondiale en France et pour laquelle le régime de Vichy avait mobilisé la police française.

D'autres rafles avaient précédé celle-ci, dont celle du 20 août 1941. 

Puis le 7 juin 1942, le port de l'étoile jaune entre en vigueur pour les Juifs de la zone occupée et ce dès l'âge de 6 ans. Il s'agit ainsi pour les nazis de désigner et stigmatiser la population juive.





  
Les 16 et 17 juillet 1942, à Paris 12884 Juifs sont arrêtés par la police française jusqu'à la fin de l’opération le 17 juillet à 13 h. Les fiches des « absents » lors de la rafle restent dans les commissariats et des équipes spéciales font des visites régulières pendant plusieurs semaines, comme l'indique l'historien Laurent Joly dans son livre " L' État contre les Juifs" 
  
Au total le nombre de raflé.e.s jusqu'au 20 juillet est de 13152.  Cette rafle se fait à la demande des nazis, avec l'accord du gouvernement de Pétain et Laval.

                                 Le terrible bilan de la Préfecture de Police de Paris



1129 hommes, 2916 femmes et 4115 enfants sont enfermés dans l’enceinte sportive du Vélodrome d’Hiver. Les conditions sont effroyables, comme en témoignent les rescapé.e.s

Dans ce qui fut un enfer et une antichambre de la mort, il faut rendre hommage à des personnes qui ont montré leur humanité et leur détermination dans l'enceinte du Vel d'Hiv. Il s’agit bien sûr des infirmières et assistantes sociales qui se sont engagées dans l’aide  aux internés, mais aussi des pompiers du capitaine Pierret.
Ils étaient une demi-douzaine de pompiers a peine ; ils ont passé des heures à distribuer de l’eau et recueilli à eux seuls des centaines de messages qu’ils sont allés poster incognito le lendemain depuis des points différents de Paris pour ne pas éveiller les soupçons de l’administration. Pierret est aussi entré en résistance, fournissant les plans des installations militaires allemandes de Paris aux alliés.

Les raflés du Vel d'Hiv' prennent la route de l'extermination

A partir du Vel d'Hiv', les couples sans enfants et les célibataires (1989 hommes et 3003 femmes) sont internés au camp de Drancy.  
Du 19 au 22 juillet, les familles du Vél’ d’Hiv’ sont quant à elles transportées dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret) gérés par l’administration française. Adultes et adolescents sont alors déportés en premier, par 4 convois entre le 31 juillet et le 7 août 1942.

Le sort des enfants 

Brutalement séparés de leurs parents, environ 3000 enfants en bas-âge sont laissés sur place dans une affreuse détresse. Les parents ont été rapidement déportés vers Auschwitz, alors que les nazis n’ont pas encore donné leur réponse quant au sort des enfants. 
La période durant laquelle les enfants internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande ont vécu séparés de leurs parents déjà déportés est décrite par les témoins comme un des moments les plus insupportables. Âgés de 2 à 15 ans, ceux-ci restent seuls durant plusieurs semaines.Désorientés par l’absence de leurs parents et vivant dans des baraques inadaptées à la présence d’enfants, ils vivent dans des conditions d’hygiène catastrophiques. Huit d'entre eux meurent durant cette période.
 
Le 13 août 1942, les services d’Eichmann décident que les enfants doivent également être déportés: ils sont alors transférés vers Drancy et, de là, embarqués dans les convois partant pour Auschwitz entre le 17 et 31 août 1942. Aucun d’entre eux n’est revenu.

La responsabilité écrasante du régime de Vichy dans les déportations des Juifs est restée longtemps un sujet tabou, y compris sous la présidence de François Mitterrand qui faisait fleurir chaque année la tombe de Pétain à l’Ile d’Yeu.
Enfin, lors de la cérémonie commémorative de la rafle du Vel d'Hiv en juillet 1995, Jacques Chirac reconnut publiquement que les autorités françaises avaient accompli l’irréparable en déclarant notamment : «Manquant à sa parole, elle (la France) livrait ses protégés à leurs bourreaux.»
Une partie de la droite a rejeté cette prise de position, soit ouvertement , soit en attaquant la « repentance » comme Sarkozy à plusieurs reprises, soit en défendant ouvertement Pétain comme Eric Zemmour
 
Marine Le Pen a été bien au delà, en déclarant à deux semaines du premier tour de la présidentielle de 2017 : « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv’ ». Il s’agissait manifestement d'un choix stratégique, car elle redoublait ainsi le propos identique de Florian Philippot tenu quelques jours auparavant

Dans l’émission « Le Grand Jury RTL-LeFigaro-LCI » du 9 avril, le journaliste Olivier Mazerolle l’a interrogée sur son programme prônant « la promotion du roman national et le refus de repentance ». Il lui a demandé si Jacques Chirac avait eu tort de prononcer son discours de 1995 sur le Vél’ d’Hiv, dans lequel il avait reconnu la responsabilité de la France.  « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél d’Hiv' », a-t-elle répondu, se plaçant ainsi en opposition à cette reconnaissance. 

La justification de la chef frontiste se dévoila ensuite, lorsqu’elle poursuivit dans une argumentation manifestement très  préparée:  « …  La France a été malmenée dans les esprits depuis des années. En réalité, on a appris à nos enfants qu’ils avaient toutes les raisons de la critiquer. De n’en voir que peut-être que les aspects historiques les plus sombres. Je veux qu’ils soient à nouveau fiers d’être Français. »

La diatribe de la chef frontiste a fait ressurgir en pleine lumière non seulement la continuité antisémite du FN mais également l’histoire originelle de ce parti, dont nombre de fondateurs étaient issus de la collaboration avec les nazis. Or, lors de la rafle du Vel d’Hiv’, le parti  collaborationniste de Doriot, le PPF, a fourni plusieurs centaines de militants comme auxiliaires de la police française, afin de procéder au rafles. Le numéro 2 du PPF, Victor Barthélémy, fut un des fondateurs du FN.

16 juillet 2019

Le 77e anniversaire de la rafle du Vel' d Hiv' se déroule cette année alors quand dans de nombreux pays les antisémites et les nostalgiques du nazisme multiplient les crimes et les provocations. 

                                     Croix gammées sur le visage de Simone Veil

C'est notamment le cas aux États-Unis qui ont connu deux attentats contre des synagogues perpétrés par des suprémacistes blancs, à Pittsburgh et à San Diego. Ici même les nombreuses inscriptions et profanations antisémites se produisent alors même que les propagandistes nazis Soral et Dieudonné échappent aux peines de prison ferme auxquelles ils ont été condamnés par les tribunaux. Les parquets et procureurs les protègent. 


Les récentes campagnes du Rassemblement national/FN ont été marquées par la présence renouvelée de propos antisémites qui prolongent la longue histoire de ce parti en la matière (voir ci-dessous)
                             Imagerie antisémite diffusée par l’assistant du dirigeant RN Nicolas Bay

Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes antisémites et racistes quels que soient leurs motivations et prétextes, ainsi que pour la mémoire de de tous les génocides ( voir ici et ici ) et crimes contre l'humanité.
                                     Rassemblement contre l'antisémitisme en Février 2019
   

 MEMORIAL 98


Mise à jour du 16 mai 2019: profanation au Vel' d'Hiv' d'une stèle en mémoire des enfants juifs déportés


La stèle du jardin mémorial des enfants du Vél' d’Hiv' ( ci-dessous), rue Nélaton à Paris a été vandalisée, comme l'ont découvert des habitants du quartier.

 




Des mots badigeonnés à la peinture noire

Les mots badigeonnés à la peinture noire ont été choisis avec une très grande précision et attention. Il y a le chiffre « 4 115 » des enfants exterminés qui disparaît, mais aussi le mot « extermination » dans camp d’extermination, l’adverbe « abominablement » dans « mise à mort dans des conditions abominablement cruelles », la phrase « ils furent tués en totalité ».
Le Jardin mémorial des enfants du Vél' d’Hiv', inauguré en juillet 2017, est un lieu  de souvenir dédié aux 4 115 enfants raflés par la police française de Vichy, les 16 et 17 juillet 1942, séparés de leurs parents, déportés et exterminés à Auschwitz-Birkenau.
Cette profanation suit de multiples autres graffitis et inscriptions antisémites, notamment en Alsace et quelques mois après les croix gammées tracées sur des portraits de Simone Veil.  Elle suit aussi de quelques semaines la commémoration du 75e anniversaire de la rafle des enfants juifs d'Izieu le 6 avril 1944  . 

Nos pensées pour ces enfants victimes des nazis et de leurs héritiers. 


 En 2017 la commémoration de la Rafle du Vel' d’Hiv’ avait revêtu une importance particulière :

D’une part il s’agisait du 75e anniversaire de cet événement tragique; d’autre part, en raison des déclarations scandaleuses de Marine Le Pen critiquant la reconnaissance des responsabilités françaises en la matière et enfin en raison de la polémique qui entoure la présence du premier ministre israélien Netanyahu.
        

La polémique Netanayahu
L’invitation faite au premier ministre israélien a entraîné de nombreuses réactions, y compris de la part de courants qui habituellement n’accordent aucune attention à la Shoah et à cette commémoration. Pour notre part nous considérons que Netanyahu manipule la Shoah au profit de ses intérêts politiques, comme le montre sa conduite récente à l’égard de la campagne antisémite en cours du premier ministre hongrois d’extrême-droite Orban.
Cette  campagne met  en cause George Soros, philanthrope américain d’origine hongroise et juive, l’accusant de vouloir utiliser sa fortune et les ONG qu’il soutient pour « installer un million de migrants » en Hongrie et dans l’Union européenne. 
  
Soros est la cible de tous les fascistes, complotistes et antisémites à travers le monde, en raison de son appui matériel à des ONG de défense de la démocratie, de défense des migrants, des Roms et d’autres causes du même ordre.
Le pouvoir hongrois de Viktor Orban est particulièrement violent à son égard, ainsi que l’indique le quotidien pro-gouvernemental hongrois « Magyar Idők », selon lequel George Soros serait à l’origine de tous les maux liés à l’Union européenne :  :«Il faut voir les choses en face : Le véritable président de la Commission européenne n'est autre que George Soros. Ce dernier a véritablement phagocyté l'Union européenne. Jean-Claude Juncker n’est qu’une marionnette de cette sombre figure qui tire les ficelles en coulisses. Les décisions prises par l’Union européenne et toutes les institutions doivent désormais plaire à ce vieillard infiniment malveillant, richissime et hargneux … »   
A l’initiative du gouvernement des affiches ont été collées un peu partout dans le pays avec la mention : « Ne laissez pas Soros rire et avoir le dernier mot »

Certaines sont collées sur le sol des trams et des trains, pour que les passagers le piétinent. Les responsables du judaïsme hongrois considèrent qu’il s’agit là d’une  campagne antisémite. Sur certaines photos on trouve des graffitis: « sale juif »
Andras Heisler,  président de la principale organisation juive de Hongrie, Mazsihisz, a exigé le retrait immédiat  de ces affiches car « elles attisent l’antisémitisme ». A sa demande l’ambassadeur d’Israël, Yossi Amrani a publié dans un premier temps un communiqué validé par le ministère israélien des Affaires étrangères et  déclarant notamment  « . En ce moment, au-delà de la critique politique d’une certaine personne, la campagne évoque non seulement de tristes souvenirs mais aussi la haine et la peur. » la réponse d’Orban a été négative.
Contredisant la déclaration de l’ambassadeur Netanyahu a fait publier un nouveau communiqué annulant de fait  le texte: « Israël déplore toute expression d’antisémitisme dans un pays quel qu’il soit et soutient les communautés juives partout où elles confrontent la haine. C’était le seul but du communiqué publié par l’ambassadeur d’Israël en Hongrie. Ce texte n’était nullement destiné à délégitimer les critiques formulées à l’encontre de Georges Soros, qui continuellement sape le gouvernement démocratiquement élu d’Israël en finançant des organisations qui diffament l’état juif et cherchent à lui nier le droit de se défendre »
En effet Soros finance également des ONG de défense des droits de l’homme,  qui critiquent les conséquences de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Il y a donc complaisance coupable de Netanayahu à l'égard d'Orban, alors que  ce dernier favorise les campagnes antisémites et compte dans son entourage de nombreux négationnistes, dans un pays qui a vu sa population juive exterminée en quelques mois en 1944
 Netanayahu est un récidiviste : il avait déjà commis des déclarations mensongères atténuant la responsabilité des nazis dans la Shoah et la reportant sur le Mufti de Jérusalem.

En revanche l'argument contre la venue de Netanayahu ne peut pas être qu’il est "étranger à une histoire française", selon l’argument nationaliste, qu'on retrouve étrangement dans des déclarations de la gauche radicale reproduisant celle de  l'UJFP.

La rafle du Vel d'Hiv n'est pas un événement "franco-français": la rafle visait à fournir des déportés pour l'extermination nazie et ceci constitue un phénomène ô combien international, de la Norvège à Rhodes et Salonique. Il y a certes a en plus une spécificité française de la collaboration de Vichy et sa reconnaissance mais il s'agit bien du  génocide  de l'ensemble des Juifs.




Dans nos combats contre contre tous les génocides et contre tous les racismes, la date du 16 et 17 juillet 1942 représente une date cruciale au cours de laquelle nous honorons la mémoire des victimes.

Lors de cette journée nous rappelons aussi les autres victimes de génocides plus récents ou plus anciens   afin que justice leur soit rendue et pour éviter de nouveaux crimes du même type.

En effet, l'impunité des auteurs de génocides et massacres représente un facteur évident de récidive et de perpétuation de ces actes criminels. C'est pourquoi, plus que jamais et en permanence,  la mémoire des génocides nourrit nos combats. 

AH


MEMORIAL 98

 






mercredi 29 octobre 2014

Commémoration du 76ème anniversaire de la Nuit de Cristal

Il y a 77 ans, le 9 novembre 1938, débutait dans toute l’Allemagne et en Autriche la « Nuit de Cristal ».  Durant cette attaque antisémite décidée par les chefs du parti nazi et perpétrée par leurs milices, entre 2000 et 2500 personnes allaient être assassinées, soit durant le pogrom lui-même, soit par la suite dans les camps de concentration où furent envoyés des milliers de Juifs arrêtés.  Des dizaines de synagogues furent profanées et incendiées.

 
Ce dimanche 9 novembre 2014, Memorial 98 vous propose de commémorer ce massacre planifié par les dirigeants nazis au plus haut sommet de l’État. Un massacre que les autorités françaises refusèrent  alors de condamner, au nom de leurs négociations avec l’Allemagne hitlérienne. La France fut ainsi  la seule grande démocratie à ne pas dénoncer à l'époque cette barbarie, malgré le rapport accablant de son ambassadeur à Berlin.

Nous nous rassemblerons à Paris devant le gymnase Japy, lieu où furent enfermés des Juifs arrêtés lors des rafles parisiennes entre 1941 et 1943, avant d'être envoyés vers les camps d'internement de Drancy, de Pithiviers et de Beaune la Rolande, puis vers Auschwitz. Au gymnase Japy, la garde des raflés était assurée par  des gendarmes et des policiers français.
 
Déposer quelques fleurs et quelques bougies, se souvenir ensemble, représente un acte symbolique face à l'offensive raciste et antisémite en cours en France.
Des millions de personnes peuvent désormais entendre un triste provocateur comme Zemmour réhabiliter Pétain et Vichy à la radio et à la télé. A proximité du gymnase Japy, ce soir là comme tous les autres, au théâtre de la Main d'Or, des centaines de personnes riront d'un génocide, à l'invitation de Dieudonné, un néo-nazi comme un autre, que l'on qualifie pourtant d'humoriste.
 
Pourtant, si nous abandonnons nos mémoires, alors, il ne faudra pas nous étonner que les héritiers des assassins puissent refaire l’Histoire, la nier et la travestir. On ne peut pas se contenter d’être horrifié devant les croix gammées qui sont tracées sur des synagogues ou des mosquées. On ne peut pas se contenter d’espérer que l’Etat réprime les fascistes, les racistes et les antisémites. La  démocratie ne se confond pas avec l’Etat ; elle est l’œuvre de ceux et celles qui sont mobilisées. On ne peut pas se contenter  d’en appeler à la République parce que celle-ci n’a jamais constitué à elle seule un barrage infaillible contre les idéologies de la haine.
 
Nous ne sommes pas dans les années 1930.
Mais la banalisation du Front National, le succès des tribuns racistes et antisémites, et surtout l’indifférence et la démobilisation devant ces phénomènes sont aussi liés à l’oubli et à la minimisation de ce que furent les fascismes originels.
Aujourd’hui, de nouveau, des femmes musulmanes, des Juifs sont attaqués dans nos rues. Aujourd’hui de nouveau, des commerces Juifs ou arabes sont incendiés.  L’extrême-droite légale, les Marine Le Pen et les Soral parlent. Leurs troupes répondent à l’appel en répandant la violence partout. Il n’y a qu’un seul fascisme.
Les violences racistes, antisémites ou homophobes loin de se résumer à des faits divers constituent des faits politiques constitutifs de ce fascisme.
La mémoire du nazisme et de ses crimes ne représente pas un « devoir », dont on pourrait alors se décharger sur l’Etat ou sur des associations dédiées.
La mémoire est une arme  notamment en ce qui concerne l’antisémitisme. Celui-ci ne constitue pas seulement un  racisme spécifique dirigé contre les Juifs. Il est présent et  enraciné au cœur des idéologies européennes de la haine, un laboratoire plusieurs fois centenaire d’élaboration des discours et des logiques de stigmatisation et d’oppression. Ces idéologies sont aujourd’hui recyclées pour frapper toutes les minorités et désarmer les progressistes, en développant les peurs et l’irrationnel.
 
 Nous vous appelons à participer à ce
 
rassemblement le dimanche 9 novembre 2014, à 17h 
devant le gymnase Japy, 2, rue Japy, métro Voltaire.

Ensemble, se souvenir et s’armer de détermination à combattre l’extrême-droite, le racisme et l’antisémitisme.
 
Memorial98
 www. memorial98.org