mercredi 27 janvier 2016

30 janvier: mobilisation générale contre la déchéance de nationalité et l'état d'urgence



Contre la constitutionnalisation de l’état d’urgence et la déchéance de nationalité

Actualisation 10 février: 

Succès des manifestations du 30 janvier, dans plusieurs dizaines de villes; ci dessous Memorial  98 dans la manifestation parisienne  


Déchéance de nationalité, état d'urgence, révision de la Constitution: on ne lâche pas: action URGENTE en direction des députés afin qu'ils ne votent pas le projet gouvernemental ce mercredi 10 février après-midi: contactez les députés par téléphone, c'est simple et gratuit et par mail; les outils du collectif sont ici https://piphone.lqdn.fr/campaign/call2/Etat_urgence; cliquez et vous êtes directement à l'action

Actualisation 27 janvier 15h: 

1) Le départ, sans doute contraint, de C. Taubira nous remet en mémoire sa déclaration du 23 décembre quand elle avait cru pouvoir annoncer l’abandon de la déchéance de nationalité, avant d'être immédiatement démentie: «...Cette déchéance de nationalité sur des personnes nées françaises, qui appartiennent depuis leur naissance à la communauté nationale, ça pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol, et qui est, dans l'histoire de la construction de la communauté française sur une base civique, un pilier fondamental".

2) Les "nouvelles" propositions de Valls ce jour concernant le texte de loi sur la déchéance constituent une double entourloupe; d'une part celle-ci concernera bien exclusivement les bi-nationaux  et seront bien inclus dans ce projet des "délits graves" et non seulement des crimes, ce qui correspond à nouveau à une revendication de Sarkozy. 
  
Le 5 février prochain, l'Assemblée nationale examinera la loi proposée par le gouvernement . D'ores et déjà, Manuel Valls a annoncé qu'il voulait une prolongation de l'état d'urgence « Jusqu'à ce qu'on puisse se débarrasser de Daech », autant dire pour des mois ou des années. 

Memorial 98 appelle, avec de nombreuses organisations au sein du collectif " Nous ne céderons pas", initié par la Ligue des Droits de l'Homme, à refuser cette banalisation de l'état d'exception et à se mobiliser massivement contre la violation de nos libertés et de l'état de droit, notamment en manifestant le 30 janvier et en interpellant les députés. Des outils simples d'utilisation et  performants sont mis à disposition dans le cadre de ce collectif afin de contacter les élus.

Deux mois après le début de l'état d'urgence, et avant qu'il ne soit renouvelé ou inscrit dans la Constitution française, puis décliné dans les lois de réforme pénale, de plus en plus d'associations, de collectifs, de syndicats et de personnes ouvrent en effet les yeux sur le danger que fait peser l'état d'urgence sur les fondements de nos institutions et sur nos libertés. De très nombreuses instances nationales et internationales, dont les experts de l'ONU, dans une démarche exceptionnelle, appellent à la la levée de l'état d'urgence. Il ne s'agit pas de "laxisme" ou de négligence face aux menaces terroristes mais du constat que ce n'est pas par l'atteinte aux libertés et le développement de l'arbitraire qu'on peut combattre les attentats.


En France la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), instance officielle chargée de défendre les droits de l'homme, à émis le 18 janvier à l'unanimité des ses membres,  une déclaration très sévère envers l'état d'urgence et la décision d'inscrire la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour faits de terrorisme dans la Constitution. 

La mesure de déchéance, quelle que soit son nom et sa forme, contribuerait à fragiliser davantage encore des populations issues de l'immigration, puisqu’elles constitueraient évidemment sa principale cible. Près du tiers des descendants d’immigrés déclarent une double nationalité. Cela représente environ 5 millions de personnes. Celles-ci sont aujourd’hui françaises à part entière. Demain, si cette réforme était validée et adoptée, ces personnes entreraient dans l’ère du soupçon. La naissance sur le sol français "protège" à ce jour les binationaux contre la possibilité de déchéance de leur nationalité française; cela ne serait plus le cas si le projet Hollande est adopté. Cela constitue donc une remise en cause de droit du sol protecteur. C'est d'ailleurs  au nom de ces arguments que le PS avait rejeté en 2010 la tentative de Sarkozy visant à instaurer la déchéance.

La CNCDH analyse ensuite "... la fin de l'état d'urgence ne saurait faire l'objet d'une réforme législative, à plus forte raison constitutionnelle», 
Elle relève que l'application de l'état d'urgence s'est accompagnée «de nombreux abus», accompagnés d'«effets collatéraux dévastateurs». D'ailleurs même le Conseil d’État a été amené à mettre le holà à la manipulation dans le cadre des assignations à résidence.
 
Malgré l'immense vague de protestations portant notamment sur la déchéance de nationalité, F. Hollande et M. Valls semblent avant tout préoccupés de leurs accords avec la droite sarkozyste. En effet Sarkozy a déclaré en sortant de sa rencontre élyséenne le vendredi 22 janvier: " ... Nous avons dit très clairement que nous étions disposés à voter la réforme de la Constitution si cette réforme était clairement centrée sur la question de la constitutionnalisation de l'état d'urgence et sur la question du retrait de la nationalité pour les binationaux", ajoutant: "le président Hollande nous a dit que c'était bien son intention". 

Ainsi donc, seule une grande mobilisation démocratique peut faire échouer ces mesures qui augmenteraient les divisions et la stigmatisation d'une partie de la population du pays 

Le débat au Parlement sera grandement influencé par la force des manifestations du 30 janvier ainsi que par l'interpellation directe des députés et sénateurs.

Il faut donc assurer le succès de cette mobilisation unitaire et la prolonger tout au long des semaines  à venir. Nous pouvons faire reculer ces projets iniques. 

Des outils de mobilisation et d'interpellation sont à votre disposition: 

Des informations quotidiennes ici  et ici
 

 




lundi 25 janvier 2016

Radicalisation : les néo-nazis armés désormais présentés comme des victimes.

La banalisation du néo-nazi ordinaire vient de passer un nouveau cap ce week-end: le voici devenu dans les médias " riverain excédés" .

Gaël et David sont deux militants calaisiens de l'extrême-droite la plus fanatique et la plus assumée: sur le profil Facebook du père et du fils que des militants antifascistes ont trouvé en quelques clicks, les deux compères affichent leurs tatouages "runiques" et leurs drapeaux nazis ( photo du fils ci-jointe).Comme le dit benoîtement l'un des deux aux journalistes, "ils sont de toutes les manifs". Avec leur Kamarade Kevin Rèche, fondateur du groupe fasciste " Sauvons Calais", et lui même tatoué de symboles nazis.
Ce sont aussi des militants armés. Qui, samedi ont sorti leur fusil et visé ostensiblement des migrants et leurs soutiens qui manifestaient. S'ils n'étaient pas néo-nazis, on les eût facilement, en cette période d'état d'urgence, qualifiés de terroristes. Ils auraient sans nul doute passé les dernières quarante-huit heures en garde à vue et les mois suivants en prison.

En lieu et place, ils se répandent comme "victimes" dans les médias, qui font la publicité de leur page de soutien , relayée sur le site de Soral "Égalité et Réconciliation" et sur Fdesouche. Page, qui pour d'autres que des néo-nazis aurait sans doute valu une inculpation pour "apologie du terrorisme" à ses auteurs et aurait été fermée sur ordre du Ministère de l'Intérieur. On notera d'ailleurs que parmi les premiers et actifs soutiens des néo-nazis au fusil, l'on trouve Damien Rieu, de "Génération Identitaire", jamais condamné à ce jour pour l'attaque contre la mosquée de Poitiers, et dont les troupes ont attaqué un centre d'accueil des réfugiés l'automne dernier, en région parisienne.

Mais que les antiracistes s'estiment heureux, la police a tout de même confisqué l'arme.

Cela ne chagrinera pas la mouvance calaisienne néo-nazie outre mesure. Il suffit de compter le nombre d'opérations commando menées par des hommes cagoulés contre les migrants, ces ratonnades de nuit qui durent depuis des mois, sans que jamais on n'en retrouve les auteurs. Il suffit de regarder ces vidéos diffusées par des militants antiracistes, qui montrent les milices d'extrême-droite intervenir aux côtés de la police lors d'opérations répressives dans les bidonvilles où survivent des femmes, des hommes, des enfants traités comme des sous-hommes. Un fusil de plus ou de moins, ce n'est pas grand-chose pour cette mouvance là.

Surtout quand exhiber ce fusil aura permis de susciter la compassion médiatique, et donc une immense victoire politique: lorsque le néo-nazi devient voisin légitimement exaspéré, il sait que ses cibles peuvent trembler, car elles sont désormais laissées à sa vindicte, en toute impunité.

Et puis les armes, elles tournent, dans cette mouvance là, à peu près tranquillement. Quelques affaires émergent parfois, comme des exceptions qui confirment la règle de l'impunité. Ainsi, pour donner une caution de gauche à l'état d'urgence, le Ministère de l'Intérieur a-t-il fait bruyamment et administrativement Christophe Lavigne et son père, deux autres néo-nazis, qui avaient à leur domicile 200 Kilos de munitions. Mais ces munitions, Lavigne n'aurait jamais du pouvoir les collecter en paix, et si les services de renseignement ont besoin de l'état d'urgence pour les confisquer, c'est bien, qu'en temps ordinaire, rien n'est fait contre les terroristes d'extrême-droite: car Lavigne était parfaitement connu. Interpellé pour un projet d'attentat contre la mosquée de Vénissieux, la veille de passer à l'acte, il a obtenu une relaxe, bien qu'il ait été reconnu coupable de l'incendie de la mosquée de Libourne. Ce qui attestait de sa capacité d'aller jusqu'au bout de ses idées.

Quant à Claude Hermant, compagnon de route de Serge Ayoub, militant historique de l'extrême-droite extra-parlementaire, il aura manifestement pu trafiquer des armes en toute impunité pendant des années avant d'être enfin interpellé. Un de ses derniers marchés a consisté à procurer les armes qui ont servi à Amedi Coulibaly pour les attentats de l'Hypercacher et de Montrouge.

A Reims, c'est un trafic d'armes animé par des notables locaux et un ancien candidat du FN qui a été mis à jour

De même, juste après les attentats de novembre, Enis se faisait tirer dessus par trois individus, à la sortie d'un kebab à Cambrai, dont l'un se suicidera après son acte: des néo-nazis, encore, et une tentative d'assassinat qui n'a pas fait couler beaucoup d'encre.

Toutes ces affaires jusqu'ici étaient évoquées par les médias en mode "fait divers": jamais d'enquête fouillée sur les liens entre elle et leurs auteurs, jamais de détails sur la mouvance auquels il appartiennent et leur degré d'engagement. Jamais d'interrogations sociologiques, jamais de mise en cause de l'extrême-droite parlementaire et du FN. Pourtant, il ne faut pas chercher bien loin les amis des néo-nazis: un des assistants parlementaires de Marion Maréchal Le Pen a du reconnaître récemment avoir aidé l'un d'eux en fuite après des tabassages il y a quelques années. Imagine-t-on le scandale qu'aurait déclenché le soutien de n'importe quel député à un militant même peu actif de l'intégrisme musulman ?

Avec l'affaire de Calais, la banalisation vient de franchir un nouveau cap, puisque désormais des néo-nazis armés sont présentés comme des victimes.

Ce n'est pas autre chose qu'un encouragement à aller plus loin,très vite. D'ailleurs , les néo-nazis ne s'y trompent pas qui, dressent des listes de militants antifascistes à attaquer sur leurs forums. En toute quiétude une fois encore.

Ils ont bien raison: il y a quelques temps, Memorial 98 avait écrit au Délégué Interministériel au Racisme et à l'antisémitisme, pour lui signaler une page ouverte contre l'accueil des migrants à Sernent. Sur cette page, des commentaires négationnistes, des appels au meurtre et au tabassage cohabitaient avec la dénonciation nominative d'habitants du village soutenant le projet d'accueil des migrants. Parmi les néo-nazis qui s'exprimaient sur ce forum, ceux d'ADSAV, : ceux-là même qui avaient été autorisés à manifester en Bretagne le lendemain de la proclamation de l'état d'urgence , et avaient à cette occasion paisiblement ratonné dans les rues. Ils ont recommencé à Quimper ce week-end, s'attaquant en bande à des militants antiracistes. Ils auraient eu tort de se priver puisque personne ne les en empêche.

On pourrait conclure en disant que les politiques et les médias regretteront leur passivité le jour où il y aura des morts. Mais Clément Méric a été tué par des néo-nazis qui sont aujourd'hui en liberté dans l'attente d'un procès dont plus personne ne parle et des torrents de boue ont été déversés sur sa mémoire dès le lendemain de sa mort, où les chaînes d'info ont invité Serge Ayoub en direct pour déverser sa haine.

Finalement, il y aura bien eu un procès aujourd'hui à Calais: celui des migrants et de leurs soutiens arrêtés pour avoir symboliquement occupé un ferry.

Et sans doute la seule note d'espoir est-elle l'existence de ces militantEs extraordinaires, migrants des bidonvilles et leurs soutiens qui agissent sans trève depuis des années, malgré l'effroyable répression dont ils sont victimes, malgré les tonnes de boue que les médias et les politiques déversent à leur encontre.

"No border", disent-ils , et simplement le dire expose à tous les dangers dans un pays où les apprentis-terroristes néo-nazis agissent en toute liberté, tandis que le gouvernement frappe ceux qui les combattent et défendent des valeurs de gauche.

Contre le terrorisme d'extrême-droite, la voix antiraciste est bien seule, mais elle est là, en actes, à soutenir et à relayer.

vendredi 22 janvier 2016

L'Observatoire de la Laïcité menacé




Il "fallait que ça pète", telle est l'étrange formule employée par Françoise Laborde, sénatrice du Parti Radical de Gauche (PRG) et membre de l'Observatoire de la Laïcité, à l'encontre du président de cette institution, Jean-Louis Bianco, dont elle conteste violemment l'action, notamment par le biais d'une pétition demandant sa démission.

Ça a "pété", en tout cas. Manuel Valls premier Ministre d'une majorité politique qui est à l'origine de l'installation effective de l'Observatoire de la Laïcité ET de la nomination de Jean-Louis Bianco par
l'ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault (qui le soutient d'ailleurs face à Valls)), l'a brusquement mis en cause avec une brutalité verbale voulue et marquée.
Au moment même ou le ministre de l'Intérieur annonce un triplement des actes anti-musulmans en 2015, en même temps qu'une très faible baisse des actes antisémites, après une hausse de 100% l'année précédente, Manuel Valls fait un choix dangereux et méprisable

Les motifs affichés: d'une part le président de l'Observatoire, l'ancien ministre Jena-Louis Bianco, a signé un appel initié par l'association Coexister et  intitulé " Nous sommes unis" au lendemain des attentats de Novembre avec de nombreuses personnalités dont certaines représentent des courants religieux très divers
Certains des signataires musulmans ne semblent pas convenir à Valls. Nul n'est évidemment obligé d'apprécier politiquement les organisations citées par le Premier Ministre, notamment le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), ni dans le mouvement antiraciste de leur épargner la critique politique. Mais Manuel Valls est premier ministre, pas militant de base et sa critique est particulièrement ridicule dans ce cadre. Car l'homme qui reproche à Jean-Louis Bianco un appel contre les attentats  est aussi le chef d'un gouvernement qui conclut des accords tant  avec la dictature iranienne qu'avec celle d'Arabie Saoudite, et pas seulement contre Daech. 
Et même en en restant à cette seule question du terrorisme, faut-il rappeler la longue liste des chefs d’État venus défiler à Paris le 11 janvier  et dont le respect des droits de l'Homme n'est pas la principale priorité ? Faut-il rappeler les poignées de main entre le boucher Poutine et nos gouvernants ? De plus vient Valls vient de se féliciter dans un tweet de collaborer lui-même contre le terrorisme  avec le gouvernement turc dirigé par l'AKP, qui fait partie du courant des Frères Musulmans.
Quand bien même certains signataires de cet appel extrêmement vaste seraient peu recommandables, que peut bien reprocher Manuel Valls à Jean-Louis Bianco qu'il ne fasse lui-même, en matière d'"unité" contre le terrorisme ?

D'autre part le délégué général de l'Observatoire, Nicolas Cadène a "osé" critiquer Elisabeth Badinter après la  déclaration de cette dernière  du 6 janvier dernier indiquant: «... Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe. A partir du moment où les gens auront compris que c’est une arme contre la laïcité, peut-être [qu’] ils pourront laisser leur peur de côté pour dire les choses. » 
Ce qui aurait été scandaleux, c'est que l'Observatoire de la laïcité ne parle pas de cette position politique, que Mme Badinter n'a malheureusement pas inventée. Cela fait bien longtemps en effet que l'extrême-droite tente d'imposer cette définition orientée de la laïcité, qui ne serait au fond qu'une lutte contre l'islam. Cela fait bien longtemps aussi, qu'en France, on n'a certes pas peur d'être islamophobe: à l'heure où des mosquées brûlent et sont profanées, où le port du foulard expose à des agressions physiques violentes, où pas un mois ne se passe depuis au moins 2007 sans qu'une polémique éclate contre les musulmans, où le Front National est omniprésent dans les médias et réalise des scores inédits au niveau électoral. Dans ce contexte,  le racisme anti-musulman, comme les autres racismes, s'exprime évidemment sans crainte. 
Il est donc naturel et salutaire que toute personne ayant une conception universaliste et non manipulatoire de la laïcité dénonce ces positions qui la dénaturent et la décrédibilisent. A fortiori, lorsque cette personne est responsable de l'Observatoire de la laïcité.  En effet, si la laïcité n'est que le nom d'une islamophobie consensuelle, elle n'existe pas. 

Ne reste que ce à quoi nous assistons depuis des années, l'absence de contenu positif, de politiques concrètes capables de faire émerger une société réellement laïque, avec des outils sociaux offensifs. L'école ne résorbe plus les inégalités sociales devant le savoir et les cultures, au contraire, la dégradation des moyens les perpétue. L'éducation populaire, les associations qui composent le tissu social, les services publics locaux sont soumis à d'énormes restrictions voire disparaissent. Tout ce qui rassemble autour de droits et d'ouverture des possibles est délaissé, ne reste qu'une course folle vers plus de discriminations, vers la recherche perpétuelle des mêmes boucs émissaires.

Or, contre toute attente, et en tout cas contre celle de Manuel Valls, l'Observatoire de la laïcité n'est pas allé dans cette direction. L'Observatoire n'a pas cautionné politiquement les nouvelles atteintes aux droits des femmes qu'une partie de la gauche politique souhaitait mettre en place. qu'il s'agisse de l'université, des crèches, ou de l'accompagnement des sorties scolaires. Les prétendus laïques, obsédés par l'exclusion progressives des femmes porteuses d'un voile de l'espace public, n'ont pas réussi à faire adopter leurs vues à la majorité des membres de l'Observatoire. Celui-ci reçoit d'ailleurs le soutien de la Ligue des Droits de l'Homme et d'autres associations engagées dans le combat laïque.

C'est cela qui se règle aujourd'hui, c'est la raison pour laquelle Mme Laborde, notamment, emploie des termes aussi violents, à propos de ce qui n'est pourtant, au fond, qu'un organe consultatif, sans pouvoir décisionnaire. Confortée par une puissante vague raciste, d'aucuns ne comprennent pas qu'il puisse y avoir  des digues qui tiennent encore et que d'aucuns osent raison garder.

Et la moindre résistance amène ces prétendus laïques à user d'arguments de plus en plus ignobles et de moins en moins rationnels, de surcroît. Dans ses dernières déclarations, Mme Laborde évoque par exemple le poncif rebattu de l'extrême-droite sur le "vote musulman" qui ferait peur aux politiques. Faut-il rappeler que la majorité politique à laquelle appartient Mme Laborde fut accusée par le Front National et l'ensemble des mouvements fascistes d'être le résultat de la soumission de François Hollande au "communautarisme musulman" ?

Manuel Valls reprend donc la campagne menée de puis quelques temps par l'hebdomadaire Marianne ainsi que par trois membres de l'Observatoire (l'ancien ministre socialiste Glavany, Françoise Laborde, Patrick Kessel) connus pour leur conceptions unilatérales de la laïcité et leur obsession anti-voile. Ainsi P. Kessel préside le Comité "Laïcité République" (CLR), une association qui s’est retrouvée au cœur d’une polémique nauséabonde.  Le 26 octobre dernier, quand, lors de la remise de son prix annuel à l’Hôtel de ville de Paris (en présence de Valls), plusieurs de ses membres ont réprimandé une journaliste franco-turque porteuse d'un foulard. A leurs yeux ce vêtement contrevenait à la laïcité. Le CLR cultive une obsession sur le foulard, qui bénéficie d’une rubrique à part entière sur son site, où l’on retrouve de nombreux articles du journal de la droite radicale Causeur et de  Marianne. Glavany quant à lui méprise une conception de la laïcité qui est celle de la majorité de l'Observatoire et  qu'il qualifie de "droit-de-l'hommiste et antiraciste"; sans surprise il soutient publiquement la déchéance de nationalité pour les binationaux. 
Ce trio est bien caractérisé par  Bianco: "... Ceux qui dénaturent la laïcité, ce sont précisément ceux qui en font un outil antireligieux, antimusulman, qui prétendent, ce qui est une monumentale erreur sur le principe même de laïcité, que l’espace public est totalement neutre, comme si nous n’avions plus le droit d’avoir des opinions".

Valls valide aussi  la ligne de celui qui fait office de  délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra), Gilles Clavreul. Ce dernier s'est notamment illustré lors de l'affaire dite du "bikini de Reims" en juillet dernier. Lors de ce qui constituait une grossière manipulation raciste, il avait jeté de l'huile sur le feu, dans la droite ligne de sa déclaration médiatique d'entrée en fonction, où sa priorité avait été d'indiquer qu'il ne reconnaissait pas l'islamophobie.

Cette ligne violente et absurde constitue à  bien des égards une lamentable fuite en avant, reprise au plus haut niveau de l’État, une tentative de moins en moins crédible de masquer le bilan désastreux de la mandature en matière de laïcité ET d'antiracisme. Car c'est le second point de la manipulation politique: n'avoir que l'islamophobie à proposer comme solution en matière de lutte contre l'antisémitisme.
Où sont donc les plans ambitieux annoncés autrefois par le gouvernement dans ce domaine ? Quels nouveaux outils ont été mis à la disposition de celles et ceux qui souhaitent combattre le fléau de l'antisémitisme ?
Depuis l'unique annulation d'un meeting de Dieudonné à Nantes en janvier 2014, accompagné par  la promesse de Manuel Valls de faire fermer les principaux sites antisémites français, de réguler enfin l'expression de la haine sur les réseaux sociaux, qu'est ce qui a été fait , concrètement ? Pas grand chose, le négationnisme en ligne notamment se porte toujours aussi bien, et les parquets ne sont même pas assez formés sur la question pour nous épargner la relaxe du négationniste Robert Faurisson lors de son dernier procès.

Association antiraciste, universaliste et laïque, Memorial 98 rejette et condamne les manipulations et divisions de M. Valls qui en est coutumier et appelle à défendre plus que jamais l'unité des combats antiracistes.
Memorial 98 appelle à soutenir et à signer la pétition de soutien à l'observatoire de la Laïcité, initiée par la Ligue des Droits de l'Homme, la Ligue de l'enseignement et la Fédération Nationale de la Libre Pensée.


Actualisation du 1er décembre 2016

Alors que Valls  annonce sa candidature à la primaire de la gauche, il est nécessaire de rappeler qu'il a notamment soutenu et participé récemment à la manipulation raciste et islamophobe de Sarkozy sur le burkin.

Ce dernier avait déjà constaté en 2015 que Valls et Hollande avaient été disposés à reprendre son idée (commune avec le FN) de déchéance de nationalité.

Sait-il que cette fois-ci, à nouveau, Manuel Valls approuvera les arrêtés des maires de droite et que nombreux seront ceux  et celles qui à sa suite danseront au son de la musique raciste et islamophobe en pensant (ou feignant de penser) qu’on défend ainsi la laïcité, voir le droit des femmes ? 
Devine-t-il que Valls ira jusqu'à blâmer en direct Najat Vallaud-Belkacem afin d'imposer à gauche la ligne ignoble de Sarkozy, comme dans le cas de la déchéance de nationalité?
La ministre de l’Éducation nationale a fort modérément affirmé que "la prolifération des arrêtés" n'était "pas la bienvenue" et a ajouté "Jusqu’où va-t-on pour vérifier qu’une tenue est conforme aux bonnes mœurs ?" puis a évoqué une "dérive politique dangereuse pour la cohésion nationale" qui "libère la parole raciste". 
Valls la désavoue en direct et réaffirme son soutien aux mesures des maires LR parrainées et initiés par Sarkozy .

MEMORIAL 98

lundi 18 janvier 2016

Commémoration de la tuerie de l'Hyper cacher avec Memorial 98




Les amis parisiens de Memorial 98 ont décidé de commémorer les victimes de l'Hyper cacher en dehors des cérémonies officielles. Il s'agissait de rendre hommage aux victimes de cette tuerie antisémite ainsi qu'à toutes les victimes de 2015, dans l'esprit de l'antiracisme universaliste que nous nous efforçons de défendre. 
En voici un compte-rendu:
    

Samedi 9 janvier 2016
Nous nous sommes donné rendez-vous en début d’après-midi  au métro St Mandé Tourelle

La façade du magasin Hyper cacher  est repeinte en blanc, soumise à tous les vents, entre la Porte de Vincennes et le périphérique. Le silence règne, hormis les automobilistes qui défilent sur la grande avenue. Ils se succèdent, stoppent au feu tricolore et repartent, insensibles à cette devanture clôturée.
Des rubans blancs et rouges accrochés aux barrières de métal ondulent dans le vent.
Ces barrières balisent un périmètre de sécurité déserté qui, pour l'heure, ne semble pas convier au recueillement.
A l'intérieur, les photos placardées des 4 victimes avec leur nom; le temps les a froissées.
A leur pied, des fleurs fraîchement déposées.
Au dehors, des personnes filment.  
Des cars de police longent le trottoir de la station service. Des policiers armés vont et viennent.
Une voiture s'arrête côté Hyper cacher. Une personne en descend. Elle tient une grande banderole qu’elle voudrait installer et  parlemente avec un policier. Les pourparlers n‘aboutissent pas. Elle abandonne et repart.
Quelques instants plus tard, un homme obtient l'autorisation de pénétrer dans l'enceinte. Il ne s'attarde pas, tandis qu'une femme va déposer rapidement un pot de petites fleurs blanches sous l'affichage.

A la sortie du métro, les personnes de Memorial 98 se sont regroupées pour aller déposer une gerbe en mémoire des victimes de ce 9 janvier 2015.
Nous nous dirigeons vers l'Hyper cacher. Les tractations avec la police s'avèrent inutiles. Un des policiers manifeste de la bonne volonté en téléphonant à sa hiérarchie.
Il aurait fallu demander l'autorisation avant, afin de pouvoir pénétrer avec notre bouquet dans l'espace de mémoire.

Où installer cette gerbe ?
Après repérage, nous décidons que ce sera de l'autre côté de l'avenue, face à l'Hyper cacher. La gerbe est fixée à un tronc d'arbre aux branches frêles et dénudées.
Un membre de Memorial 98 rappelle le nom des 4 victimes. C'est un instant solennel.
Des photos, des vidéos même !



Une grande tablée chaleureuse. Nous sommes là devant un café; nous partageons la même tristesse et les mêmes convictions face à ces actes répétitifs .
Avant de nous séparer, nous revenons vers l'arbre du souvenir. Quelqu'un a joint au nôtre un bouquet de petites tulipes violettes.

Nous repassons devant l'Hyper cacher. Une tente a été érigée pour la cérémonie du soir.
Des officiels vont venir commémorer ce cruel événement et tous les autres survenus depuis.
Des représentants des divers cultes ainsi que des sommités du gouvernement et de la région sont debout sur une estrade[1]. Chacun a prononcé un discours avant d'allumer une des 19 bougies à la mémoire des victimes des attentats. M. Valls a prononcé un discours grandiloquent sur les « Juifs de France » et les « Français juifs ». Il s’est aussi fourvoyé dans un amalgame entre explication et justification des actes terroristes.
Les spectateurs se sont recueillis dans le silence pendant une minute …
 D'autres officiels reviendront l'an prochain.
Les victimes, elles, ne reviendront pas … 

Evelyne L. 

MEMORIAL 98






[1] Reportage  télévisé

mardi 29 décembre 2015

Négationnisme au Japon: le long combat des " Femmes de réconfort":


Statue symbole des "femmes de réconfort" devant l'ambassade du Japon à Séoul. Depuis 1992, les dernières survivantes de ces abus sexuels se réunissent à cet endroit, chaque mercredi, avec le soutien d'associations.


Mise à jour du 1er février 2019: Hommage éternel à Kim Bok-dong, combattante de la justice


Hommage à la mémoire de Kim Bok-dong, ancienne esclave sexuelle de l'armée japonaise et combattante de la mémoire de ce crime, décédée le 28 janvier.
Ses obsèques ont donné lieu à une mobilisation importante, le cortège funéraire est passé devant l'ambassade du Japon afin de protester contre le refus des autorités de ce pays de présenter des excuses circonstanciées, de reconnaître l'esclavage sexuel qui a été imposé à ces femmes et de verser de réelles réparations.
Kim a souvent participé à ces manifestations et n'a jamais cessé de s'engager pour la justice à l'égard des victimes, dont elle faisait partie. Elle a subi une véritable calvaire à partir de 14 ans quand elle fut "réquisitionnée" au domicile de ses parents. Elle a également souffert cruellement après la guerre de ne pas pouvoir raconter ce qu'elle avait subi.

Nous avions déjà mentionné son nom car elle symbolisait la lutte des anciennes " femmes de réconfort" pour la justice et la dignité ( voir ci-dessous) . 
L'exigence demeure: le gouvernement japonais doit reconnaître la gravité du viol et de l'esclavage de ces femmes, s'en excuser  et verser des indemnités adéquates, comme le réclame l'ONU

 

MEMORIAL 98  




Japon et Corée:  un accord limité et ambigu à propos des " Femmes de réconfort".

Rappelons d'abord que ce terme constitue un euphémisme employé au Japon à propos des victimes du système d'esclavage sexuel de masse organisé à travers l'Asie par  l'armée et la marine impériales japonaises, durant la Seconde Guerre mondiale. L'emploi de ce terme est fortement contesté par les associations de victimes coréennes et féminines qui exigent du gouvernement japonais des excuses formelles et des réparations, et préfèrent le terme clair d'esclavage sexuel. Le nombre de femmes victimes de ces viols répétés et de l'enfermement dans des maisons closes est estimé à  à  plus de  200 000 au total, en comptant les Coréennes qui fournirent le contingent forcé le plus important, les Chinoises, les Japonaises, les Philippines, les Taïwanaises, les Birmanes, les Indonésiennes, les Néerlandaises et les Australiennes.
On nous annonce donc un accord comprenant des excuses officielles du Japon et une indemnisation pour les 46 femmes coréennes survivantes. Mais ces survivantes ne demandent pas forcément de l’argent, elles veulent surtout des excuses claires et nettes du gouvernement japonais, qu'elles n'ont toujours pas reçu.
On pourrait penser que c’est aujourd’hui le cas. Le problème c’est que par le passé, il y a déjà eu des excuses japonaises, toujours plus ou moins floues, elles étaient ensuite affaiblies par les déclarations de politiciens japonais. Ceux-ci remettent en question le caractère forcé de ces viols ou même l’existence d’esclaves sexuelles : c’est ce qu’avait dit par le passé celui qui est aujourd’hui le Premier ministre du Japon et signataire de l'accord, Shinzo Abe. 
                                         manifestation de soutien aux "femmes de réconfort" à Séoul en juillet 2015

D'ailleurs l’argent que vont recevoir ces femmes ne leur sera pas versé directement par l’État japonais mais via une fondation que Séoul va créer. De l’argent versé directement constituerait une « réparation » et donc une reconnaissance officielle. Or, le Japon a encore insisté aujourd’hui : il ne s’agit pas d’une « réparation » mais d’une « aide ». 
 Kim Bok-dong, 87 ans et ex-«femme de réconfort», attend des excuses officielles du Japon


Au total cet accord à caractère diplomatique ne constitue pas une reconnaissance franche et définitive de ce qui a constitué une des facettes du fascisme japonais. On notera que l'accord est signée par une présidente sud-coréenne, Park Geun-Hye , qui cherche à récrire les livres scolaires d'histoire afin de glorifier le régime dictatorial de son père. De nombreuses mobilisations ont lieu récemment à ce sujet en Corée du Sud. De l'autre côté le premier ministre japonais Abe est connu pour sa proximité avec les milieux négationnistes ,qui dans son pays nient les crimes de guerre commis à l'encontre des populations de la région. Il met en cause  la repentance. Il a d'ailleurs déclaré  plusieurs fois que les femmes contraintes à se prostituer pour l'armée impériale au cours de la seconde guerre mondiale "n'avaient pas été victimes de coercition" comme nous l'avions relevé dès 2007.
Le combat héroïque des survivantes et de ceux qui  se mobilisent à leurs côtés se poursuit afin d'obtenir une reconnaissance pleine et complète et une réparation des crimes commis à leur encontre. Nous leur rendons hommage et leur apportons notre soutien, contre l'impunité et le négationnisme.

MEMORIAL 98 

Mise à jour spéciale du 27 décembre 2017 ( voir aussi les autres mises à jour )

                                 Protestation en solidarité avec les femmes de réconfort

 

C’est une victoire de la mobilisation des femmes et associations de Corée. Le gouvernement revient sur l’accord honteux conclu avec le Japon, il y a deux ans jour pour jour. Il a pointé le 27 décembre les lacunes de l'accord conclu en 2015 avec Tokyo sur les "femmes de réconfort", les esclaves sexuelles de l'armée impériale nippone.

En décembre 2015, la Corée du Sud et le Japon avaient conclu un accord "définitif et irréversible" aux termes duquel le Japon offrait ses "excuses sincères" et versait 7,5 millions d'euros de dédommagements à une fondation afin d'aider les "femmes de réconfort" sud-coréennes toujours en vie (voir ci-dessous). 
Mais cet accord, conclu par le gouvernement conservateur de l'ex-présidente Park Geun-Hye depuis destituée suite à d’importantes manifestations, avait été critiqué par l'opinion sud-coréenne.  L'actuel président de centre-gauche Moon Jae-In s'était engagé lors de sa campagne électorale  à le réévaluer. 
L'équipe spéciale chargée de l'étudier a conclu mercredi que l'accord avait été précipité. 
"L'accord a été finalisé (...) sans prendre suffisamment en compte l'opinion des victimes dans le processus de négociations", peut-on lire dans le rapport de cette équipe. 
La ministre sud-coréenne des Affaires étrangères, Kang Kyung-wha, a présenté ses excuses au sujet de cet accord, le jugeant "blessant" pour les victimes car  il ne "reflétait pas" leur opinion (voir ci-dessous sur le rejet de cet accord)
La ministre a ajouté que Séoul "prendrait en compte les éventuelles conséquences sur les relations avec le Japon en déterminant avec prudence sa position", mais elle n'a pas dit que son pays allait sortir de cet accord. 
Le Japon a exhorté la Corée du Sud à respecter l'accord de 2015. 
"La position japonaise demeure inchangée, et nous demandons que le gouvernement sud-coréen respecte l'accord", a déclaré à l'AFP le ministère japonais des Affaires étrangères. 
Ce négationnisme maintenu des autorités japonaises  sur les crimes sexuels de l'armée se traduit également dans la difficulté des femmes japonaises à faire reconnaître des viols à leur encontre. L'affaire de la journaliste Shiori Ito est révélatrice: elle se bat pour la reconnaissance du viol dont elle a été victime de la part d'un proche du Premier ministre. Elle alerte sur la complaisance des autorités et de la police à l'égard de ces crimes. L'impunité représente un encouragement à commettre de nouvelles violences.


Mise à jour du 14 juillet 2017
 
Le 5 juillet, la Corée du Sud a rendu publique une vidéo qui pourrait être la première montrant celles que l’on a longtemps appelées par euphémisme « les femmes de réconfort » . Seules des photographies de cet épisode étaient connues jusqu’à aujourd’hui. L’extrait vidéo, qui aurait été tourné par un soldat américain en 1944, a été découvert par des universitaires coréens après deux ans de recherche dans les archives américaines.


Actualisation du 8 janvier 2017


Un moine bouddhiste sud-coréen s'est immolé par le feu afin de protester contre les agissements de la président coréenne; il a qualifié Mme Park de «traître» pour avoir conclu en 2015 un accord avec le Japon en 2015 sur les «femmes de réconfort» (voir ci-dessous)
Nombre de Sud-Coréens voient dans cette question le symbole des abus et violences commis par le Japon durant sa domination coloniale, de 1910 à 1945. Ceux qui sont hostiles à l'accord estiment qu'il ne va pas assez loin et que Tokyo n'assume pas suffisamment ses responsabilités.


Actualisation du 6 janvier 2017 
Nouvelle provocation du gouvernement japonais contre la mémoire des "femmes de réconfort"

Quelques jours après la cérémonie avec Obama à Pearl Harbor, organisées pour les victimes de l’attaque surprise japonaise en 1941, le Premier ministre Shinzo Abe provoque un incident diplomatique en rappelant son ambassadeur en Corée. Il manifeste ainsi son mépris du sort des "femmes de réconfort" . 
Abe prend pour prétexte qu’une statue à la mémoire des esclaves sexuelles de l’armée impériale japonaise a été réinstallée devant le consulat japonais de Busan en Corée du Sud.

Cette réinstallation de la statue est une protestation coréenne qui s’explique par la visite récente de la ministre japonaise de la Défense Tomomi Inada au sanctuaire de Yasukuni à Tokyo où sont honorés, parmi les morts, des criminels de guerre japonais.
Cette ministre, connue pour son négationnisme à l'égard des responsabilités de son pays  et protégée de Shinzo Abe, s’était rendue à Yasukuni à son retour de la cérémonie Pearl Harbour, montrant ainsi que cette cérémonie représentait une démarche formelle et hypocrite.
Le gouvernement Abe estime que la page de la mémoire des crimes de guerre japonais  est  tournée et ne comprend pas pourquoi une nouvelle statue a été érigée à Busan.
Mais comme nous l'avons expliqué, l’accord signée avec la Corée avait été mal perçu par les survivantes, qui n’avaient pas apprécié que le Japon parle, au sujet de la somme, versée d’ « aide » et non de « réparation ». Et la visite de la ministre japonaise de la Défense au sanctuaire Yazukuni a décidé  le gouvernement coréen à autoriser la statue de Busan, qu'elle avait d'abord fait enlever, dans le contexte de la destitution de la présidente corrompue Park Geun-hye .
Ainsi il ne s'agit donc pas de "bisbilles diplomatiques" ainsi que l'explique la presse française, mais bien d'une exigence fondamentale de justice des femmes victimes de tortures terribles dans le cadre de la 2e guerre mondiale. 
Nous renouvelons notre soutien à leur combat.

MEMORIAL 98
 



Mises à jour et actualisations


Actualisation du 9 décembre 2016

Lors des immenses manifestations réclamant le départ de Park Geun-hye, l'accord humiliant signé par cette dernière avec le Japon a été mis en cause.
La déchéance votée par le Parlement contre la présidente va donc conduire à rouvrir ce dossier et, espérons-le, à imposer les revendications des "femmes de réconfort " et de ceux qui les soutiennent.

Memorial 98 



Actualisation 27 mai 2016:

A l'occasion de la visite de Barack Obama à Hiroshima:
Le bombardement nucléaire qui a frappé cette ville ainsi que Nagasaki a été une horreur et des excuses seraient bienvenues. De même que des excuses du gouvernement japonais à l'égard des atrocités commises contre les "femmes de réconfort" 

Memorial 98




Actualisation du 30 décembre:
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté ce mercredi 30 décembre devant l'ambassade du Japon à Séoul. Elles comptaient dénoncer l'accord conclu entre les gouvernements coréen et japonais et qu'elles considèrent "humiliant".
Parmi les manifestants figuraient plusieurs de ces Sud-Coréennes qui furent les esclaves sexuelles de l'armée impériale  pendant la Seconde Guerre mondiale et qui ont promis de continuer à se battre pour obtenir justice.
L'accord a outré nombre de ces "femmes de réconfort" notamment parce que le Japon n'a pas endossé la responsabilité officielle des atrocités commises par son armée. Tokyo a présenté en outre le versement d'un milliard de yens comme une "aide", et non comme une" réparation formelle"  formelle.

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"Le combat continue", a déclaré Lee Yong-Soo, victime et combattante dont nous avions salué la lutte dès 2007, lors de la manifestation en face de l'ambassade du Japon à Séoul, qui est le théâtre depuis des années de rassemblements hebdomadaires sur ce thème. "Nous continuerons de nous battre pour que le Japon endosse la responsabilité juridique afin de rendre justice aux victimes déjà décédées", a ajouté Mme Lee, 88 ans.
Le rassemblement de mercredi a débuté par un hommage très solennel aux neuf "femmes de réconfort" décédées cette année, avant que les manifestants ne scandent des slogans hostiles au Premier ministre japonais Shinzo Abe. Certains brandissaient des pancartes dénonçant l'engagement pris par Séoul de déplacer la statue symbolisant le combat des "femmes de réconfort" et installée juste en face de l'ambassade. Selon un récent sondage, 66% des Sud-Coréens étaient hostiles au déplacement de la statue qui symbolise ce combat.
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