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lundi 26 avril 2021

Sarah Halimi: combattre l'antisémitisme, refuser les manipulations

 


L’ampleur des mobilisations du dimanche 25 avril à Paris et dans de nombreuses autres villes témoigne d'une inquiétude et d'une colère forte, profonde et légitime, face aux nombreux crimes antisémites commis ces dernières années en France. 

Les Juifs de France, qui représentent moins de 1 % de la population, sont, selon les statistiques officielles, la cible d’un tiers des actes haineux recensés dans le pays.

De plus la minimisation récurrente de la dimension antisémite de ces crimes a renforcé la colère

Cela a été le cas pour le meurtre de Ilan Halimi, celui de Mireille Knoll et celui justement de Sarah Halimi.

Alors que Kobili Traoré était mis en examen depuis juillet 2017 pour « homicide volontaire » il avait fallu attendre la fin du mois de février 2018, après une seconde audition du suspect par la juge d’instruction, pour que le caractère antisémite de son acte soit retenu.  Or cette qualification était demandée depuis le début par  les parties civiles et le parquet.

 

Nous partageons au plus profond de nous-même la peine immense ressentie face à la mort de Sarah Halimi. Nous sommes ulcérés par l’attitude de la force de police alertée et présente sur place ce jour là et qui a fait preuve de passivité en laissant se dérouler les évènements tragiques.     

Mais il y a aussi d'autres aspects qu'il faut exposer. La colère de nombreux Juifs a été détournée et manipulée,  en partant d’une protestation contre les crimes antisémites et d’une volonté de solidarité avec Sarah Halimi, vers une mise en cause des décisions de justice, une stigmatisation des experts psychiatriques, des accusations graves contre les juges de la Cour de Cassation et des affirmations confuses et mensongères sur la consommation de drogues. 

Le président du Consistoire central israélite, Jöel Mergui, organisateur des rassemblements, écrit ainsi dans sa tribune du Monde le 23 avril  « La Cour de cassation en a jugé autrement, elle a fait prévaloir une lecture de la notion d’« irresponsabilité pénale » qui dispense l’assassin pétri d’idéologie islamiste d’un procès"

Oui, il est nécessaire de réagir mais ne laissons pas croire qu'il s'agissait d'un rassemblement organisé "à la mémoire de Sarah Halimi" Il s'agissait en réalité de contester la décision de justice en prétendant qu'elle avait dédouané un assassin par laxisme à l'égard d'un "salafiste" ayant tué une Juive.

En soi, contester les décisions de justice représente un droit démocratique. L'état de droit inclut le droit de contester la justice. Nous avons d'ailleurs souvent l'occasion de contester telle ou telle décision. Nous contestons les décisions d'expulsion de telle ou tel migrant, des décisions que nous estimons arbitraires contre un-e syndicaliste, un-e manifestant-e mais aussi la faiblesse des peines contre Soral et Dieudonné, ainsi que la non-exécution de ces peines.  Il en est de même en ce qui concerne le contenu des expertises médicales ordonnées par le justice  

Ainsi Maurice Papon fut condamné le 2 avril 1998 à une peine de dix ans de réclusion criminelle, d'interdiction des droits civiques, civils et de famille pour complicité de crimes contre l'humanité par la cour d'assises. Mais ses amis veillent et il n’exécutera pas la peine à laquelle il a été condamné pour son rôle dans la déportation des Juifs de Bordeaux. 

C’est grâce à une loi de 2002 sur les détenus malades et à une expertise médicale mensongère que Papon sortit rapidement de prison dès le 18 septembre 2002. Il est libéré sur la base d'une "expertise " de médecins complaisants mandatés par la justice. Ces experts l'ont déclaré "grabataire"  et ont estimé que le « pronostic vital » du prisonnier était posé. Cette expertise a permis à "Papon-le-grabataire" de sortir seul et à pied de la prison, de rentrer sans encombre chez lui et d’y vivre tranquillement pendant près de 5 ans, jusqu’en Février 2007.

Plus près de nous la famille d’Adama Traoré tué en 2016 mène un combat déterminé contre des expertises visant à exonérer les gendarmes impliqués dans sa mort et a obtenu des résultats concrets

Mais ici il s’agit ici de bien autre chose : face à l’avis unanime de deux collèges successifs de psychiatres, la campagne en cours vise à faire croire à un double laxisme :

  -à l’égard de la consommation de cannabis : «  Il suffit de fumer un joint pour être exonéré de toute responsabilité ».  Ce mensonge est repris sans fin, y compris par Joan Sfar, sous la forme d'une pseudo-question naïve.

- à l’égard des états délirants. C’est le grand-rabbin de France lui-même, Haïm Korsia, qui se fait juriste et psychiatre en inventant une prétendue contradiction entre la reconnaissance du caractère antisémite du crime et l’abolition du discernement. Or les experts psychiatres ont répondu par avance à cette « énigme » en utilisant une image pertinente  « Nous dirions en résumé que Monsieur Traoré était au moment des faits, du fait de la prégnance du délire, un baril de poudre. Mais que la conscience du judaïsme de Madame Attali a joué le rôle de l’étincelle. » 

Notons que le rabbin Korsia avait déjà choqué en signant l’appel calamiteux contre le « nouvel antisémitisme » de Philippe Val.

 Suite au crime monstrueux qui a frappé Mme Sarah Halimi, et meurtri sa famille ainsi que toutes celles et ceux qui s'inquiètent crimes antisémites en France, de nombreux récupérateurs sont à l’œuvre et orientent la colère dans un sens délétère.

Ils tentent d'instrumentaliser les douleurs et les peurs légitimes afin de la dresser contre la décision judiciaire qui estime que le meurtrier relève de l’"abolition du discernement" en raison de son état délirant et qu'il ne peut donc pas être jugé.  

Car heureusement on ne juge pas les personnes relevant de la folie.

 A la manœuvre on retrouve des manipulateurs habituels :

- Gilles-William Goldnadel, éternel sous-marin du FN au sein de la population juive, avocat et défenseur officiel des fascistes de Génération Identitaire et propagandiste de Bachar El Assad 

- Meyer Habib, député des français de l'étranger et en même temps représentant quasi officiel de Netanyahou (Il ne s'agit pas ici d'une accusation de double loyauté, mais du positionnement politique explicite de ce député)

-Francis Szpiner, avocat, maire du 16e arrondissement de Paris et dirigeant LR, mêlé à toutes les combines judiciaires de la droite et qui lors du procès des assassins d'Ilan Halimi a empêché les organisations antiracistes de se constituer parties civiles.

Depuis des mois ils martèlent leurs accusations contre les juges et multiplient les contre-vérités.

Ils proposent maintenant d'organiser un procès par contumace du meurtrier délirant de Mme Halimi en Israël, comme s’il s’agissait d’un Adolf Eichmann, dont on vient tout juste de marquer le 60e anniversaire de l’ouverture du procès .

Et d’appeler à manifester contre la dernière décision judiciaire dans l’affaire Halimi, en prétendant qu'elle constitue une permission à "tuer des Juifs" ...

ll faut donc en revenir aux expertises successives.

Nous analysions déjà cet enchaînement en juillet 2018 :

 « Une nouvelle expertise psychiatrique a eu lieu dans le cas de Mme Sarah Halimi et entraîne de nombreuses interrogations et réactions.

Un des avocats de la famille proteste contre le principe même de cette nouvelle expertise. Or cette expertise collégiale ne remet pas en cause le caractère antisémite du crime mais considère que le coupable présumé présentait un état psychotique (c'est à dire délirant) au moment des faits. Dans ce cas, selon la loi, son discernement est considéré comme aboli et il ne peut pas être jugé. C'est un principe permanent qui a résisté aux nombreuses tentatives venues de la droite dure et de l'extrême-droite afin de le remettre en cause, au nom de la défense des victimes et de leurs familles.

Il est donc nécessaire de tenter de comprendre les analyses et appréciations des différents experts et d'éviter la confusion avec la détermination du caractère antisémite.

Par une ordonnance datée du 4 avril 2018 – date anniversaire du meurtre – les trois experts psychiatres ont été chargés de répondre notamment aux questions suivantes : « Dire si le sujet présente des anomalies mentales ou psychiques et dans l’affirmative, les décrire » et « préciser si l’intéressé était atteint au moment des faits d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli/altéré son discernement ou le contrôle de ses actes ».

« Oui », ont-ils répondu à la première question dans le rapport d’expertise psychiatrique de vingt-neuf pages que Le Monde a pu consulter dans son intégralité : « Kobili Traoré souffre d’un trouble psychotique chronique, vraisemblablement de nature schizophrénique, faisant suite à un épisode délirant aigu inaugural. Il souffre par ailleurs d’une addiction ancienne au cannabis ». Il dispose également d’une « personnalité pathologique antisociale » (incapacité à se conformer aux normes sociales, impulsivité, irritabilité, agressivité, irresponsabilité...) et d’une propension à la violence.

« Oui », ont-ils également tranché à propos de son discernement : il était « aboli ». Kobili Traoré est « inaccessible à une sanction pénale », affirment-ils, précisant que les soins seront « longs et difficiles » : « On ne peut que constater l’extrême dangerosité de ce patient que nous considérons, hélas, comme durable en dehors d’un milieu psychiatrique ».

Interné en hôpital psychiatrique depuis la nuit du drame,  Traoré est, depuis juillet 2017, mis en examen pour « homicide volontaire ». Mais il avait fallu attendre la fin du mois de février 2018, après une seconde audition du suspect par la juge d’instruction Ihuellou, pour que le caractère antisémite soit retenu. Ce que les parties civiles et le parquet réclamaient depuis des mois.

« Un préjugé se mue en haine délirante »

La première expertise, réalisée par le psychiatre Daniel Zagury, avait conclu que Kobili Traoré, sans antécédent psychiatrique, était atteint, au moment des faits, d’une « bouffée délirante aiguë » provoquée par une forte consommation de cannabis – une quinzaine de joints par jour, selon les déclarations du suspect. Selon Daniel Zagury, son discernement était « altéré » mais pas « aboli », un avis qui le rendait passible de poursuites pénales.

Le psychiatre avait également conclu que le crime de M. Traoré était un « acte délirant et antisémite ». Il indiquait dans une formule particulièrement problématique : « Aujourd’hui, il est fréquent d’observer, lors d’efflorescences [en psychiatrie, perte de contrôle lors d’une phase délirante] délirantes, chez  les sujets de religion musulmane (généralisation problématique sans aucune base scientifique NDLR) , une thématique antisémite : le juif est du côté du mal, du diabolique. Ce qui est habituellement un préjugé se mue en haine délirante. (…) Dans son bouleversement délirant, c’est l’incarnation du diable qu’il terrassait. »

Sur ces conclusions du Docteur Zagury, le collège de trois "nouveaux" experts déclare : « Nous sommes en plein accord avec le diagnostic d’état psychotique aigu et avec l’analyse qui est faite de la dimension antisémite du geste », même si, indiquent-ils, « nous ne pensons pas qu’elle a été déterminante dans le processus psychopathologique du passage à l’acte » : « Nous dirions en résumé que Monsieur Traoré était au moment des faits, du fait de la prégnance du délire, un baril de poudre. Mais que la conscience du judaïsme de Madame Attal a joué le rôle de l’étincelle. »

 Le seul  désaccord entre les deux expertises porte sur « les conséquences médico-légales de la consommation de cannabis » : « La particularité du délire aigu de Monsieur Traoré est le rôle possiblement déclencheur du cannabis. La question se posant donc de savoir s’il s’agit d’un trouble induit par le cannabis ou si le cannabis n’a joué qu’un rôle précipitant d’un délire. » Le docteur Zagury avait estimé que sa consommation excessive de cannabis était « consciente et volontaire ». Pour les trois psychiatres, ce n’était pas le cas. L’existence de délires induits surviennent à des doses importantes et « s’amendent (stoppent) dès l’arrêt de l’intoxication ».Or, soulignent-ils, les taux de THC (le principe actif du cannabis) relevés dans le sang du suspect étaient modérés – ce qui ne correspond pas à la consommation alléguée le jour du drame – et ses idées délirantes ont persisté « longtemps après l’arrêt de l’intoxication ». Pour les  deux collèges  composés chacun de trois experts, la prise de cannabis n’a pas donc pas induit une crise aigüe mais n’a fait qu’aggraver un processus psychotique déjà amorcé. C'est en conséquence de ce raisonnement médical et médico-légal que le discernement est considéré comme aboli. » 

Les psychiatres membres des deux collèges d'experts rappellent que contrairement aux affirmations répandues, il n'y a pas de "non-lieu" mais une culpabilité établie accompagnée d'une irresponsabilité pénale. Ils déclarent dans une tribune:   

"Nous comprenons que l’absence de procès d’assises puisse choquer, mais avec les réserves suivantes : depuis la loi du 25 février 2008, les familles de victimes d’un malade mental criminel ne sont plus privées du débat comme c’était auparavant le cas, avec le non-lieu prononcé sans audience. Il y en a désormais une, devant la chambre de l’instruction, en cas d’éventuelle irresponsabilité pénale : les débats ne portent alors que sur cette question essentielle. Cette audience a eu lieu le 27 novembre 2019 pour Kobili Traoré ; y assistèrent les parties civiles, les avocats, les experts et même la presse. Les experts furent entendus et ont répondu aux avocats. À l’issue d’une telle audience, la chambre de l’instruction peut soit renvoyer devant la cour d’assises, si les arguments en faveur de l’irresponsabilité pénale lui paraissent insuffisants, soit rendre un arrêt de déclaration de culpabilité et d’« irresponsabilité pénale pour trouble mental ». Le crime reproché au sujet est alors inscrit à son casier judiciaire, la culpabilité est définitivement établie, même s’il est pénalement irresponsable. Le « non-lieu » qui révoltait autrefois, à raison, les familles comme l’opinion a bien disparu. Cette évolution législative concilie, au terme d’un débat contradictoire, une reconnaissance de culpabilité et une irresponsabilité pénale. Ce qui est conforme au principe éthique de toutes les démocraties judiciaires, remontant au droit romain, selon lequel les malades mentaux ne peuvent être condamnés. On ne juge pas les fous, c’est ainsi, et c’est l’honneur de la justice comme de la psychiatrie."

 

Nous combattons fermement l'antisémitisme d'où qu'il vienne et  poursuivrons ce combat notamment dans le cadre du Réseau d'Actions contre l'antisémitisme et tous les racismes ( RAAR),  mais dans ce cas la campagne qui a précédé les manifestation du 25 avril  est le produit d'une manœuvre politique à laquelle nous ne participons pas.

La nouvelle loi déjà annoncée par Macron et Dupont-Moretti devrait restreindre les modalités de la reconnaissance de l’abolition du discernement en cas de prise de produits stupéfiants. Elle sera votée dans la précipitation et dans un contexte pré-électoral propre à toutes les escalades répressives.

C'est dans ce contexte que nous interpellons les pouvoirs publics: où sont donc les plans ambitieux de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, annoncés successivement par les différents gouvernements dans ce domaine ? Quels nouveaux outils ont été mis à la disposition de celles et ceux qui souhaitent combattre le fléau de l'antisémitisme ? Où est l’effort d’éducation et de solidarité nécessaire ?


Nos pensées vont plus que jamais à Sarah Halimi et à toutes les victimes de crimes antisémites et racistes.

Mise à jour du 30 avril 2021

Paul Bensussan, un des experts psychiatres qui a examiné Kobili Traoré, rappelle dans différents entretiens que « six experts en deux collèges ont conclu de façon absolument unanime » sur la « bouffée délirante aiguë » du meurtrier.

Le psychiatre a également rappelé que Kobili Traoré était consommateur chronique de stupéfiants depuis l’adolescence : « Il consommait quotidiennement du cannabis depuis une quinzaine d’années, au moment où il est passé à l’acte. Je dénonce déjà un premier raccourci, qui est de postuler que le cannabis était la seule cause de son trouble psychotique. Nous avons conclu unanimement à une bouffée délirante aigüe chez un sujet qui n’était pas délirant auparavant. »

« Il consommait du shit pour s’abrutir ou s’endormir, il n’avait jamais fait d’expérience délirante dans sa vie. Cette expérience délirante a commencé 48 heures avant les faits. Il entendait des voix, croyait qu’il était possédé et poursuivi par des démons. Peu avant les faits, il a séquestré ses voisins musulmans qui se sont barricadés et ont appelé la police, et c’est par le balcon, en fuyant les démons, (et pas dans un état de parfaite lucidité comme je l’ai entendu de manière très choquante) qu’il est rentré dans l’appartement de Sarah Halimi », a expliqué Paul Bensussan.

Sur BFMTV, il a évoqué « l’insomnie totale, l’agitation anxieuse, les thèmes délirants, les hallucinations auditives » également rencontrés par Traoré jusque 48 heures avant le crime. L’homme « se croit marabouté, il est persuadé que son beau-père veut l’empoisonner, que l’auxiliaire de vie de sa mère pratique sur lui des rituels vaudous, son agitation monte comme cela »

Alors que, parmi les Français, qui sont des consommateurs très réguliers de cannabis, « il y a extrêmement peu de troubles psychotiques, les effets attendus du cannabis n’étaient évidemment pas ceux là [par le meurtrier], ce n’est pas comme s’il avait pris du LSD. Ça fait 15 ans que cet homme fumait, essentiellement pour s’abrutir, ou s’endormir. Là il ne trouvait pas l’apaisement parce qu’il a démarré un trouble psychotique ».

« On s’imagine qu’il a fumé un peu ou beaucoup de cannabis et qu’il a démarré un état délirant, ce n’est pas du tout cela », a-t-il dit.


Couverture nauséabonde de Charlie-Hebdo



Albert Herszkowicz pour Memorial 98 

Articles et dossiers de Memorial 98 en lien avec ce texte (sur ce site et sur www.memorial98.org )

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/09/hyper-cacher-une-tuerie-antisemite-en.html

 http://www.memorial98.org/article-33829718.html  Ilan Halimi

http://www.memorial98.org/article-33829718.html (procès des assassins d'Ilan)

http://www.memorial98.org/article-32128459.html  (procès)

http://info-antiraciste.blogspot.com/2018/03/contre-lantisemitisme-et-tous-les.html

 http://info-antiraciste.blogspot.com/2018/10/terrorisme-antisemite-pittsburgh-le.html

 http://www.memorial98.org/article-vagues-d-attaques-neo-nazies-125553047.html

https://info-antiraciste.blogspot.com/2018/03/contre-lantisemitisme-et-tous-les.html

https://info-antiraciste.blogspot.com/2018/03/lassassinat-de-mme-mireille-knoll.html 

http://www.memorial98.org/2021/02/ilan-halimi-15-ans-depuis-sa-mort-mobilisation-contre-l-antisemitisme-et-tous-les-crimes-racistes.html


 

 

 

dimanche 21 février 2021

Ibrahim Ali: 26 ans après, le crime raciste enfin reconnu à Marseille

 


Chaque 21 février depuis vingt-cinq ans,  la famille et les amis d’Ibrahim Ali, jeune d’origine comorienne assassiné par des militants du Front National, se réunissent pour honorer sa mémoire. L’habitude avait été prise ce jour-là de fabriquer des plaques de rue à son nom et de les accrocher avenue des Aygalades, un axe du 15e arrondissement de Marseille où il vivait et où il a été tué d’une balle dans le dos alors qu’il courrait pour attraper son bus le 21 février 1995.

 


Ce dimanche 21 février 2021, c’est chose faite officiellement, en présence du nouveau maire maire de Marseille élu en juin dernier et après une longue bataille: l’avenue des Aygalades devient l’avenue Ibrahim Ali. C’est le dénouement du combat, entamé par la famille et les proches de la victime dès le lendemain de son assassinat. "Depuis c’est notre combat, rappeler qu’un minot a perdu la vie parce qu’il était noir", rappelle son ami "Soly" Mbaé.

 

Le 21 février 1995, en pleine campagne présidentielle, trois militants du Front national collent des affiches pour le candidat Jean-Marie Le Pen : Robert Lagier, Mario d’Ambrosio et Pierre Giglio. Deux des colleurs sont armés. L’un d’eux fait feu sur un jeune qui court pour attraper un bus. C’était Ibrahim Ali, un lycéen qui sortait d’une répétition de son groupe de rap, B.Vice. Le tireur sera puni de 15 ans de prison, alors que le parquet en avait réclamé 20. Deux jours après les faits, Bruno Mégret, alors dirigeant du FN affirme que le meurtrier a été « violemment agressé » : « si nos colleurs n’avaient pas été armés, ils seraient probablement morts » ; il en conclut que c'était « la faute de l’immigration massive et incontrôlée ». Jean-Marie Le Pen commente auprès de ses militants en ces termes : « Au moins, ce malheureux incident a attiré l'attention générale sur la présence à Marseille de 50 000 Comoriens. Que font-ils là ? ». A sa sortie de prison, dès 2002, D'Ambrosio devient employé de la mairie de Vitrolles, encore dirigée par le FN en la personne de Catherine Mégret jusqu’à sa défaite en octobre 2002

Pendant 26 ans la mairie de Marseille fait la sourde oreille à toute commémoration et à toute nomination d’une rue en mémoire d’Ibrahim Ali. Jean-Claude Gaudin, maire (LR) de 1995 à 2020, ne répond a aucune des lettres des proches. 

Il a lui même dirigé la région PACA avec le FN  de Jean Marie Le Pen de 1986 à 1992. Il a en effet, dès 1986 et avant tous les autres, fait alliance avec le Front National pour être élu à la tête de la région PACA. Il a géré ensemble  la région avec le parti d’extrême-droite jusqu'en 1992, à coup de nominations et de désistements réciproques lors des échéances électorales.  Cette gestion commune a servi de laboratoire et de "modèle" à d’autres  dirigeants régionaux de la droite qui ont finalisé leurs accords avec le FN lors des élections régionales d’avril 1998. 

Il faut attendre 2015, pour qu’une plaque soit finalement posée à l’endroit de l’assassinat, mais la mairie n’organise alors aucune cérémonie. Le lycée de l'Estaque, ancien établissement scolaire de l'adolescent, a également dévoilé une plaque d’hommage en 2018. 

 

En 2020, la mairie de Marseille est passée de à gauche, mais le Rassemblement national a tout de même obtenu 26% des voix aux municipales de 2020 dans le 15e arrondissement. Quant à l’avocat de la famille d’Ali, Gilbert Collard, il s’est engagé par la suite au Front National ! Il est aujourd’hui eurodéputé RN. Finalement, le 8 février 2021, le conseil municipal de Marseille vote le changement de nom de l’avenue.  Les élus LR se sont résignés à voter la motion avec la gauche, Le RN, l’héritier du FN qui continue à coller ses affiches dans le quartier sans se poser de question a voté contre. Son représentant Stéphane Ravier vitupère et se réfugie derrière les «  responsabilités individuelles » des tueurs  

 

Hommage est enfin rendu à un adolescent de 17 ans, victime d’un crime raciste, dans un cadre de violence fasciste. Nos pensées se dirigent vers lui et ses proches. Ni oubli, ni pardon.

Le 14 février 2021, le nom de Ibrahim Ali a été lu lors de la cérémonie d'hommage à Ilan Halimi, avec dix-neuf autres noms de victimes du racisme voir ici https://vimeo.com/512317434

 

MEMORIAL 98

 

 

 

vendredi 5 février 2021

Ilan Halimi 15 ans : mobilisation contre l'antisémitisme et tous les crimes racistes.

 



 Appel unitaire: 

"Rassemblement contre les crimes antisémites et tous les actes racistes.
Dimanche 14 Février 14h - Jardin Ilan Halimi, 54 rue de Fécamp, Paris 12e

Il y a 15 ans jour pour jour, Ilan Halimi était kidnappé, séquestré, torturé et assassiné parce que Juif.

Il était retrouvé le 13 février agonisant sur les rails du RER C. Ilan manque à sa famille et à ses proches. Et nous ne l'oublierons jamais.

Ce sont les stéréotypes antisémites les plus anciens qui ont mené à son assassinat: les Juifs seraient riches et maniganceraient dans l'ombre.

Depuis 2006, de l'école Ozar Hatorah à Toulouse jusqu'à l'Hypercacher de la Porte de Vincennes, onze hommes, femmes, enfants ou personnes âgées ont été tuées en France parce que Juives.
Les actes antisémites et les violences racistes sont en augmentation, ici et ailleurs dans le monde. 

Les vingt-quatre jours qui ont amené à la mort tragique d'Ilan Halimi nous obligent à une détermination sans faille contre l'antisémitisme et contre toute forme de racisme.

C'est pourquoi le dimanche 14 février à 14h nous appelons, en sa mémoire, ainsi qu'à celle de toutes les victimes de crimes antisémites et racistes, à un rassemblement au jardin Ilan Halimi, 54 rue de Fécamp.
Nous demandons explicitement qu'aucun drapeau national ne soit brandi, afin de ne pas détourner le sens de cette commémoration.

A l'appel de :
Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR), Juives et Juifs révolutionnaires, Memorial 98, Collectif des Juifves VNR

Avec le soutien d'organisations juives, de lutte contre l'antisémitisme et d'organisations antiracistes:

Ayeka, Beit Haverim, Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE), Comité Adama Traoré, Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT), Collectif Nta Rajel, Collectif Golema, Ligue des Droits de l'Homme (LDH), Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP), QTPOC autonomes, Une Autre Voix Juive (UAJV)

Confédération Générale du Travail (CGT), Union syndicale Solidaires, Solidaires Étudiant-e-s, Union Départementale des Syndicats CGT de Paris, Vigilance Informations Syndicales Antifascistes (VISA)

Ensemble,Génération.s, Fédération Anarchiste (FA), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Union Communiste Libertaire (UCL),

Action révolutionaire LGBQTI, Collectif Ecolo-Libertaire Anti-fasciste & Féministe (ELAfF), Collectif Irrécupérables, Editions syndicalistes, IPAM/CEDETIM, Jeune Garde, La Horde, Les Amis de La Révolution Prolétarienne (Revue), SIAMO, Séminaire ETAPE, Transgrrrls, RESOME

Événement Facebook à rejoindre et partager https://www.facebook.com/events/1227439174320787

Pour rejoindre la liste des signataires, contacter raar@riseup.net "

Ce rassemblement du 14 février représente une avancée importante dans la mobilisation de la gauche anti-raciste autour de la lutte contre l'antisémitisme. 

Elle contraste heureusement avec une sous-estimation prolongée de cette question, sous divers prétextes, comme nous le retraçons dans différents dossiers et articles ci-dessous.

L'arc unitaire, qui se regroupe afin de mobiliser le 14 février contre l'antisémitisme et tous les racismes, est le résultat d'un effort de conviction et de dialogue prolongé.

La multiplication des actes et crimes antisémites en France et dans le monde  est un facteur important de cette évolution. Personne à gauche ne peut plus honnêtement nier l'importance et la permanence de ce racisme, qui est spécifique comme tous le sont.

Un autre élément tout aussi crucial  est le combat obstiné de collectifs, dont Memorial 98, afin que la gauche et les anti-racistes cessent de minimiser la gravité de l'antisémitisme, des négationnismes et du complotisme.

La création récente du Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes ( RAAR) qui regroupe des collectifs et individu.e.s de différentes sensibilités à gauche, en témoigne positivement, de même que la parution de la revue d'analyse et de recherches Golema.  Memorial 98 soutient ces démarches et s'y engage activement.

L'échéance du 14 février représente donc un jalon important dans un combat qui ne s'arrêtera pas, tant que subsistent les haines racistes manipulées par des forces destructrices.

MEMORIAL 98

Sélection d'articles de Memorial 98 en lien avec la mobilisation du 14, la mémoire de l'assassinat d'Ilan Halimi et des autres crimes racistes et antisémites de ces dernières années:

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/09/hyper-cacher-une-tuerie-antisemite-en.html

 http://www.memorial98.org/article-33829718.html  Ilan Halimi

 http://www.memorial98.org/article-33829718.html (procès des assassins d'Ilan)

http://www.memorial98.org/article-32128459.html  (procès)

http://info-antiraciste.blogspot.com/2018/03/contre-lantisemitisme-et-tous-les.html

 http://info-antiraciste.blogspot.com/2018/10/terrorisme-antisemite-pittsburgh-le.html

 http://www.memorial98.org/article-vagues-d-attaques-neo-nazies-125553047.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/12/nouvelle-diatribe-antisemite-de-houria.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2019/12/melenchon-diffuse-le-poison-de.html

 

 

 



lundi 22 juillet 2019

Septembre 1939: l'invasion de la Pologne annonce le début de la Shoah



                                          La muraille isolant le ghetto de Varsovie
 
Le 1er septembre marque l'anniversaire de l'invasion de la Pologne par les troupes nazies et du début de la seconde guerre mondiale.
Les troupes de Staline envahirent la Pologne orientale deux semaines plus tard le 17 septembre, dans le cadre du pacte germano-soviétique, dit Molotov-Ribbentrop, signé en août 1939, qui est maintenant réhabilité par Poutine.
Le 1er septembre 2019, lors du 80e anniversaire du début de l'invasion, le président allemand a présenté des excuses pour les six millions de victimes polonaises du nazisme, dont trois millions de Juifs. 
 
Le même jour, le parti d'extrême-droite AfD a connu un nouveau succès dans deux élections régionales. Or ce parti est maintenant dominé dans l'est de l'Allemagne par des dirigeants négationnistes comme Bjoern Hocke et Alexander Kalbitz (suspendu depuis pour avoir dissimulé son ancienne appartenance à un groupe néo-nazi). Mais la tentative d'alliance entre la droite et l'extrême-droite dans l'état de Thuringe a échoué face au scandale et à la mobilisation anti-fasciste.

L'invasion nazie de la Pologne a débuté par le bombardement des civils de la ville de Wielun, choisie par les nazis en raison de son importante population juive.
Elle a été surnommée Guernica polono-juive car l'ordre de la bombarder a été donné par le général Von Richthofen, ancien chef de la légion nazie Condor, dont les avions avaient rasé la ville basque de Guernica en 1937. 
Un an après le début de l'invasion, le ghetto de Varsovie a été instauré le 12 octobre 1940,  date qui correspondait cette année-là à la fête juive de Yom Kippour. Le 16 novembre suivant, on y transfèra de force les Juifs, soit un tiers de la population de la ville, concentrées sur 2,4 % de sa superficie : 450 000 personnes furent alors coupées du reste du monde.
 
Ni oubli ni pardon
 
Memorial 98 


Juillet 2109
A Varsovie, le 22 juillet marque le début de la  grande déportation des Juifs du ghetto en juillet 1942, six jours après la rafle du Vel d'Hiv' à Paris et quatre mois après la liquidation du ghetto de Cracovie .

Alors que le gouvernement polonais actuel multiplie les déclarations et actes à caractère antisémite,en s'attaquant notamment à l'histoire de la Shoah, cette date revêt une signification particulière.

Elle se produit au lendemain de l’agression par des fascistes d’une manifestation de défense des droits des LGBT à Bialystok dans la partie orientale de la Pologne. Il y a quelques semaines, c’est à Paris qu’un colloque sur la Shoah en Pologne a été perturbé par des militants antisémites et nationalistes polonais.


                           Le général SS Stroop sur l'Umschlagplatz en 1943

Chaque 22 juillet, une marche démarre du monument de l'"Umschlagplatz" lieu d'où partaient les convois de déportés, parcourt l'ancien espace du ghetto, dont il ne subsiste strictement rien et termine devant le centre culturel et de mémoire dédié à Emmanuel Ringelblum, héroïque historien du ghetto et animateur du réseau "Oneg Shabbat" qui en préserva la mémoire. 

Le ghetto de Varsovie a été instauré le 12 octobre 1940, qui correspondait cette année-là à la fête juive de Yom Kippour. Les nazis annoncèrent à la population juive qu'elle devait déménager dans ce "quartier juif" exigu qui fut ceint de barbelés.    


L"Aktion" de déportation vers la mort, comme l’appelaient les nazis, débuta le 22 juillet 1942.

Elle s’inscrivait dans le cadre de la plus vaste "Aktion Reinhardt", organisée par les nazis en Pologne occupée; celle-ci inclut la construction des camps d'extermination de Belzec (mars 1942) Sobibor (mai 1942) et Treblinka (juillet 1942). 

Ce dernier camp joue un rôle particulier dans l'extermination des Juifs de Varsovie. 280 000 Juifs déportés de la capitale polonaise y furent assassinés. 

L'Aktion de Varsovie prit fin temporairement le 21 septembre suivant, à nouveau durant le jour de la plus importante fête juive, Yom Kippour. Elle avait débuté le jour de Tish'a Beav, qui commémore par le deuil et le jeûne la destruction du Temple juif de Jérusalem par l'armée romaine en l'an 70 de notre ère.

Les nazis, dans leur rage antisémite, utilisaient souvent les dates des fêtes religieuses juives afin de procéder à des persécutions particulières ou de marquer leur "connaissance" du judaïsme.

Après cette grande déportation, le ghetto de Varsovie était réduit à  un camp de travail où 36 000 Juifs survivaient officiellement et où 20 à 25 000 clandestins se cachaient. Son sursis tenait d’une part à la pénurie de main-d’œuvre gratuite dont l'administration nazie voulait disposer, et d'autre part à la nécessité d’une pause afin de recenser et d’expédier vers le Reich les biens volés dans le ghetto. 

Quelques jours après le début de la déportation de juillet, la résistance juive s’unifie dans un « Bloc antifasciste » et se dote d’une branche armée, l’Organisation juive de combat (OJC), fondée le 28 juillet 1942. Cette démarche déboucha plusieurs mois plus tard sur la révolte du ghetto de Varsovie
Les premières opérations de l'OJC étaient dirigées contre les responsables de la "police juive" et autres collaborateurs.

En janvier 1943, une seconde Aktion visant à liquider le reste du ghetto est interrompue par les nazis eux-mêmes, face à la résistance et au fait que la population se cachait dans un réseau souterrain creusé durant des mois.
Himmler, en déplacement à Varsovie, ordonna alors la destruction du ghetto et de ses habitants. 

Le 19 avril 1943, les unités SS chargées de la mise en œuvre de cet ordre furent repoussées par des centaines de combattants ne disposant que de quelques revolvers et grenades.
C'est le début du soulèvement du Ghetto

Le commandant allemand est relevé de ses fonctions, le général SS Jürgen Stroop lui succède. Plus de 2000 SS, soutenus par de l‘artillerie et des blindés incendient maison après maison. Les Juifs sont asphyxiés, carbonisés, enterrés vivants dans les abris où ils sont retranchés. Le 16 mai 1943, Stroop fait dynamiter la grande synagogue. Il câble à Himmler : « Il n’existe plus de quartier juif à Varsovie. ». 

Le principal dirigeant de l’insurrection et de l’Organisation Juive de Combat (OJC), Mordehaï Anilewicz, se suicida le 8 mai, suivi quelques jours plus tard par Szmuel Zygielbojm, représentant du mouvement ouvrier juif Bund dans le gouvernement polonais en exil à Londres.

Nos pensées vont vers les victimes de cette extermination et vers ceux qui au cœur des ténèbres, entamèrent la préparation de leurs actes héroïques qui apparurent au grand jour dans les mois qui suivirent. 
Le nazisme fut défait mais son héritage reste plus que jamais  à combattre .
 Ses héritiers  rêvent toujours de massacrer des Juifs comme le montrent les attentats  dans les synagogues de San Diego, Pittsburgh et Halle
La pandémie du Covid donne lieu à un déluge de propagande complotiste et antisémite . Elle reprend les accusations les plus nauséabondes qui ont marqué l'Histoire des persécutions contre les Juifs.   
Des propagandistes de la haine déversent des flots de propos complotistes et racistes, grâce à la complaisance des grandes plates-formes et à l'indulgence de juges qui les protègent en reculant devant l’application des lois limitant le négationnisme, comme dans le cas de Soral et Dieudonné
L'extrême-droite parrainée et soutenue par Trump et Poutine, pèse lourdement dans de nombreux pays d’Europe, comme on peut le constater à l’occasion des élections européennes du mois de mai 2019. 
En France, Allemagne, Autriche, Hongrie, Pologne, Italie, Grande-Bretagne, Estonie, les nostalgiques et racistes de tout poil sont à l'offensive et pour certains déjà installés au pouvoir . 
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites  quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité (à voir ici et ici  )

MEMORIAL 98