mercredi 1 mai 2019

En mémoire de Brahim Bouarram, assassiné par les fascistes le 1er mai 1995.








1er Mai 2020
 
Cette année, pour la première fois, nous ne pouvons pas nous rassembler sur le pont du Carrousel. 
Alors que Marine Le Pen parade devant la statue de Jeanne d'Arc avec Jordan Bardella, nos pensées vont vers Brahim Bouarram et ses proches, ainsi qu'à toutes les victimes de l'extrême-droite, si nombreuses dans la dernière période.
 
 
Memorial 98 

 1er Mai 2019
Ce matin en mémoire de Brahim Bouarram, rassemblement sur le pont du Carrousel puis descente sur les berges de la Seine, à l'endroit de son assassinat. Des fleurs en hommage

Memorial 98
Vingt-quatre ans après l'assassinat de Brahim Bouarram, nous nous souvenons que le 1er mai 1995, ce jeune Marocain de 29 ans a été jeté dans la Seine par des militants d'extrême-droite qui participaient à un défilé du Front National.

Comme chaque année, nous nous retrouverons à Paris avec les proches de Brahim, sur le pont du Carrousel le 1er mai à 11h pour honorer sa mémoire.
Lors du 20e anniversaire, Memorial 98 avait décrypté les errements de la justice dans le procès de ses assassins, voir ci-dessous.

Ce moment de mémoire et de rassemblement anti-fasciste aura lieu quelques semaines avant des élections européennes à haut risque de poussée des partis d'extrême-droite. Ils sont à l'offensive partout en Europe, en s'appuyant sur le double soutien de Trump et de Poutine: en Italie, Pologne, Hongrie Autriche ils sont déjà présents dans les gouvernements, voire les dirigent.

En France l'offensive du Rassemblement national bat son plein, facilitée par l'orientation sécuritaire et complaisante envers le nationalisme du gouvernement Macron. 

Ces dernières semaines les croisés de la haine ont à nouveau frappé et tué dans les mosquées à Christchurch, avec des liens avérés vers l'extrême-droite identitaire en Autriche et en France, dans les églises au Sri-Lanka et dans une synagogue à San Diego, montrant une fois de plus le danger mortel de leurs idéologies meurtrières.
                                  Devant la synagogue de San Diego
                                      Au Sri-Lanka

Nous rappelons à quel point les assassins de Brahim Bouarram ont été traités avec indulgence par la police et la justice. C'est d'ailleurs le cas habituel pour les auteurs de violences fascistes.  

Le 1er mai 1995 Brahim Bouarram est jeté à la Seine, en marge d'un défilé du FN, par des militants néo-nazis, dont il sera très vite établi qu'ils avaient des liens habituels avec le parti d'extrême-droite. Plusieurs d'entre eux étaient en effet utilisés régulièrement comme membres du service d'ordre par les responsables du FN de leur département d'origine, la Haute- Marne. 
Moins d'un an après le meurtre, plusieurs des co-accusés sont libérés pendant l'instruction alors en cours. Quatre témoins ont d'abord relaté des faits accablants et concordants démontrant que l'ensemble des néo-nazis cherchait activement une victime en scrutant les berges de la Seine, bien avant de tomber sur Brahim Bouarram. Mais en quelques mois, ces quatre personnes se sont toutes rétractées, notamment une jeune femme qui apparaît muette et terrorisée au cours des audiences. Le juge, pourtant, ne tient aucun compte du caractère troublant de ces rétractations tardives générales, et relâche les co-accusés. L'un des présents à la ratonnade a d'ailleurs été relâché bien avant, comme si la possibilité de pression sur les témoins n'avait aucune importance

Par ailleurs, le responsable du service d’ordre central du FN ( nommé DPS) comme celui du FN de la Haute Marne ne seront jamais inquiétés. Ils avaient pourtant attendu une semaine avant de donner l'identité des accusés à la police et s’étaient auparavant rendus au domicile de ces derniers, ce qui leur a laissé tout le temps pour se débarrasser d'éléments compromettants et élaborer une stratégie de défense.
Au procès lui-même, les peines des co-accusés du meurtre de Bouarram permettront à trois d'entre eux de ne pas retourner en prison, la peine ferme d'un an étant couverte par la détention préventive, et les trois ans restants étant du sursis. Un seul co-accusé, David Halbin, fera un an de prison, mais seulement parce qu'il était resté libre le temps de l'instruction. Quant à celui qui a poussé Brahim Bouarram dans la Seine, Mickaël Freyminet, il écopera d'un jugement très modéré de huit ans de prison ferme.  

Sept ans plus tard, on retrouvera son nom cité dans une autre affaire de meurtre : en septembre 2002, une bande de néo-nazis tabasse François Chenu à Reims, le jette à l’eau, puis le repêche pour l'achever à coup de rangers. François Chenu était homosexuel, le seul mobile du meurtre. Après les faits, les jeunes néo-nazis avaient passé de nombreux coups de fil à leur mentor un peu plus âgé qui n'était autre que le meurtrier de Brahim Bouarram. Mickaël Freyminet. Celui-ci, qui avait déclaré avoir abjuré ses croyances et avait osé demander pardon à la compagne de Brahim Bouarram s'était dès sa libération, immédiatement relancé dans l'activisme néo-nazi . Il avait d’ailleurs rencontré les trois meurtriers de François Chenu lors d’un camp organisé par cette mouvance. 
Le rassemblement du 1er mai sera l'occasion de réaffirmer notre volonté de combattre tous les crimes racistes et de lutter contre le RN/FN raciste, antisémite, anti-social, fasciste ainsi que  ses idées et le poison qu'il déverse quotidiennement.
                                          Le 1er Mai 2018 lors de la commémoration


MEMORIAL 98 


dimanche 28 avril 2019

Synagogue de San Diego: attaque meurtrière d'un antisémite et islamophobe.

San Diego six mois après Pittsburgh
Nouvelle tuerie antisémite par un suprémaciste blanc (voir la définition de ce terme à la fin de l'article)
John Earnes, 19 ans, a attaqué une synagogue le jour de la fin de la Pâques juive/Pessah, qui était aussi un Shabbat.
Nos pensées pour les victimes. La femme tuée, Lori Gilbert-Kaye,
s’est semble-t-il portée en protection du rabbin de la synagogue, attaquée six mois jour pour jour ( 27 octobre- 27 avril) après celle de Pittsburgh.
 
Le terroriste souverainiste antisémite et islamophobe de San Diego, dans son "manifeste" publié juste avant la tuerie, stigmatise les Juifs pour  leur place dans les médias,  les banques  et Hollywood. Mais aussi "pour leur rôle dans le féminisme qui a asservi les femmes au péché"
Le tueur de Pittsburgh qui l'a inspiré,
Robert Bowers, blâmait les Juifs car ceux-ci étaient selon lui, coupables de favoriser les migrants "afin de détruire l'Amérique". C'est la reprise des accusations les plus traditionnelles de la haine antisémite
Earnest revendique également un incendie volontaire contre une mosquée de Californie, une semaine après les attaques de Christchurch et se déclare également inspiré par leur auteur Brenton Tarrent. 
D'après les médias locaux et la police, il avait annoncé publiquement sur internet son intention de tuer des juifs. "Nous avons des copies de ses publications sur les réseaux sociaux et de sa lettre ouverte, et nous les examinerons pour déterminer leur authenticité et savoir ce que cela apporte à l'enquête", a déclaré le chef de la police.
Ce drame qui survient dans la suite des tueries de Christchurch et du Sri-Lanka montre à nouveau l'urgence de lutter contre les chevaliers de la haine qui tuent au nom au nom de prétendues "guerres de civilisation". Juifs, musulmans, chrétiens, Noirs, femmes leurs victimes sont diverses et multiples. 
Sous Donald Trump, le racisme violent et le suprémacisme blanc prospèrent. Il a plusieurs fois manifesté sa complaisance à l'égard de ces groupes qui ont soutenu son élection  comme à l'occasion de la tuerie de Charlottesville en  août 2017. Ses slogans America First et Make America Great Again sont issus de cette tradition extrémiste, comme ses campagnes violentes contres les migrants.

Le mois d'avril qui se termine si tragiquement à San Diego est celui de la commémoration des grands crimes de masse du 20e siècle: génocide des Tutsi du Rwanda, génocide des Arméniens, génocide des Juifs d'Europe. Ces drames terribles montrent à quoi conduisent les idéologies de haine et leur mémoire nourrit nos combats quotidiens contre le racisme, l'antisémitisme, l'islamophobie et toutes les formes de discrimination.

Le suprémacisme blanc est une idéologie raciste, fondée sur l'idée de la supériorité de ceux parmi les humains dont la peau est blanche. Pour ses tenants, tous les moyens, y compris les plus violents, sont autorisés et recommandés afin de sauvegarder cette supériorité.
 

Memorial 98

vendredi 26 avril 2019

Alain Soral à nouveau condamné à de la prison ferme: sa place est en détention.

19 septembre 2019: nouvelle condamnation de Soral à 18 mois de prison ferme ( voir ici) . Exécutera-t-il enfin ses peines ou sera-t-il encore protégé par le procureur de Paris, comme pour sa peine précédent ( ci-dessous)

Qui protège Soral? Qui craint de mettre en œuvre la loi contre la contestation des crimes contre l'humanité?
Le 15 avril dernier, Soral était condamné à un an de prison ferme pour contestation de la Shoah et le tribunal y ajoutait un mandat  de dépôt. 
On s’attendait donc à ce qu’il soit rapidement appréhendé et emprisonné, en conséquence du mandat de dépôt.
 Ce dernier est particulièrement justifié chez un multirécidiviste, déjà condamné à un an de prison ferme en janvier 2019. Il s’agissait alors de sanctionner ses propos suivants : "Entre le peuple juif et le reste de l'humanité, le combat ne peut être que génocidaire et total..." (voir ci-dessous pour ses différentes condamnations). Il a encore sévi récemment à propos des attentats dans les mosquées de Christchurch

Mais cela ne sera pas le cas tout de suite: le parquet de Paris a interjeté appel du mandat d’arrêt et refuse de l'exécuter, alors même que cet appel n'est pas suspensif.
Déjà lors du procès, le parquet avait réclamé seulement six mois de prison ferme. La 13chambre du tribunal de grande instance de Paris avait doublé cette peine, en raison de la gravité de la contestation de l’existence de la Shoah.

A l’origine de cette décision de justice, la publication sur  le site de  Soral « Égalité et réconciliation, » en novembre 2017, de la plaidoirie de son avocat, Damien Viguier – également condamné, ce lundi, à 5 000 euros d’amende pour complicité –, dans une autre affaire datant d’avril 2016. Viguier est également un conférencier du groupe de Soral

Soral avait alors mis en ligne sur son site un dessin représentant une fausse « une »  titrée « Chutzpah Hebdo » et illustrée par le visage de Charlie Chaplin posant une question, dans une bulle, « Shoah où t’es ? », en référence à la Une nauséabonde de Charlie Hebdo après les attentats de Bruxelles, « Papa où t’es ? » qui faisait référence au génocide des Tutsi et au chanteur Stromae.


En toile de fond, une étoile de David, une chaussure, une perruque, une lampe et un savon. Le terme Chutzpah (qui signifie « insolence » en hébreu et yiddish) est clairement antisémite dans ce contexte, car il induit que les Juifs ont l’insolence de mettre en avant le génocide dont ils ont été victimes.

« Propagande de guerre »

« Chaussure et cheveux (de Juifs exterminés NDLR) font référence aux lieux de mémoire organisés comme des lieux de pèlerinage. On y met en scène des amoncellements de ces objets, afin de frapper les imaginations », avait plaidé Me Viguier en 2017 faisant référence au camp d’Auschwitz. « La coupe des cheveux se pratique dans tous les lieux de concentration et s’explique par l’hygiène », avait-il ajouté avant de citer le négationniste Robert Faurisson. ».
Pour cette publication négationniste, Alain Soral a par ailleurs été définitivement condamné le 26 mars, après le rejet de son pourvoi en cassation, à payer une amende de 10 000 euros avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement.
Le site de Soral et toute son activité représentent un concentré de haine antisémite, de négationnisme, d'homophobie et de sexisme ( voir les références à la fin de l'article). 

Il faut rappeler l’horreur antisémite de ses gestes de profanation : il s'était fait photographier, en 2013, en train de faire le geste de la "quenelle", soit un salut nazi, au Mémorial de la Shoah à Berlin.

 

Le procureur de Paris, chef du Parquettente de justifier sa décision par l’argutie judiciaire suivante :
« Alain Soral a été condamné pour une infraction prévue par l’article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse à la peine d’un an de prison par le tribunal correctionnel qui a décerné mandat d’arrêt à son encontre sur le fondement de l’article 465 du code de procédure pénale. L’article 465 vise expressément les délits de droit commun et les délits d’ordre militaire. Le mandat d’arrêt décerné étant dépourvu de base légale, je vous confirme que le parquet a interjeté appel de la décision sur le mandat d’arrêt (appel limité à la délivrance par le tribunal du mandat d’arrêt et ne concernant pas la peine d’un an de prison) »,
Or le procureur n’a pas à décider si une décision de justice doit être appliquée ou non, surtout quand il s'agit de contestation de crime contre l'humanité, selon la loi . Ce procureur semble réticent à l'idée de mettre en application cette loi de 1990, dite loi Gayssot, qui pénalise la contestation de crimes contre l'humanité dont la Shoah. C'est une loi équivalente que demandent les associations arméniennes afin de combattre le négationnisme à propos du génocide de 1915.
Le négationnisme est mis en place par les génocidaires eux mêmes et constitue, avec l’impunité des bourreaux,  une incitation à de nouveaux massacres.
Le but des génocidaires, en tout temps et en tout lieu, ne consiste pas seulement à assassiner les vivants, mais aussi à nier à tout jamais leur existence.

C’est pour cette raison que les négationnismes sont consubstantiels aux génocides. En niant, il ne s’agit pas seulement d’une tentative faite par les assassins pour échapper aux conséquences de leurs crimes. Au même titre que les massacres physiques de masse, la négation est au service du but final : effacer de l’histoire et de l’humanité une partie des hommes et des femmes qui la constituent.

Dans un communiqué commun SOS Racisme, LICRA, MRAP, J’Accuse, UEJF déclarent à juste titre
« Le mandat d’arrêt contre Alain Soral doit être exécuté d’urgence !
Les associations antiracistes demandent de toute urgence au Procureur de la République de mettre à exécution le mandat d’arrêt décerné contre Alain SORAL pour contestation de crime contre l’humanité le 15 avril 2019.
Depuis 10 jours, l’antisémite Alain SORAL est sous le coup d’un mandat d’arrêt par décision de la 13ème chambre correctionnelle du TGI de Paris à la suite de sa condamnation pour contestation de crimes contre l’Humanité.
A ce jour, la justice n’a toujours pas exécuté la décision.
Pire encore, nous avons appris que le Parquet de Paris avait décidé de faire appel de ce mandat d’arrêt au motif qu’il ne respecterait pas les dispositions du code de procédure pénale sur le mandat d’arrêt.
Cette décision d’appel est un scandale inédit et renvoie à nos concitoyens l’idée que la condamnation de l’antisémitisme et du racisme en France n’est jamais appliquée dans les faits.
Ce d’autant que seuls les délits politiques sont exclus des dispositions relatives au mandat d’arrêt. La contestation de crime contre l’humanité n’est et ne pourra jamais être considérée comme un délit politique.
Nous demandons que soit mis fin à ce double scandale qui voit une décision de justice demeurée inappliquée et même contestée par l’autorité de poursuite qui se retrouve à défendre les intérêts de SORAL plutôt que la société.
Cet appel n’étant pas suspensif, nous demandons l’exécution immédiate de la décision de justice rendue contre Alain SORAL et le désistement de l’appel interjeté par le Parquet pour des raisons politiques.
Alain SORAL tiendra le 4 mai au vu et au su de tout le monde une conférence publique à Mulhouse. Nous demandons au Procureur de la République de Mulhouse de faire procéder à l’arrestation d’Alain SORAL conformément au jugement et à la Loi. »

Autres condamnations récentes de Soral:
 
17 janvier 2019 Le néo-nazi Soral enfin condamné à une peine de prison ferme d'un an pour ses insultes à l'encontre d'une magistrate et pour des propos appelant au génocide des Juifs; il avait ainsi écrit sur son site" Égalité et Réconciliation"  :
"Entre le peuple juif et le reste de l'humanité, le combat ne peut être que génocidaire et total..."
"Les Juifs sont dominateurs, manipulateurs et haineux..."  

Ceux qui soutiennent la "liberté d'expression" de ce propagateur multirécidiviste de haine homicide (voir ci-dessous) se rendent complices de ses appels aux meurtre. 

Ceux qui comme Étienne Chouard, justifient et excusent Soral se font avec lui propagateurs de l'antisémitisme exterminateur. La caution apportée à Chouard par le député LFI François Ruffin constitue une très lourde faute.

Alors que le néo-nazi prétend soutenir les Gilets Jaunes et organise un meeting de toute la racaille antisémite de ce pays le 19 janvier, nous répétons: la place de Soral est en prison.


Pour ce qui représente sans doute une des profanations les pires de sa carrière d'antisémite et de "national-socialiste" revendiqué, Soral a été condamné le 12 mai 2015 à une amende de 10000 Euros pour injures à caractère racial (amende réduite ensuite à 5000 Euros en appel) et 14.001 euros de dommages et intérêts au profit des sept associations qui s'étaient constituées parties civile.

Il faut rappeler l’horreur antisémite de son  geste: il s'était fait photographier, en 2013, en train de faire le geste de la "quenelle", soit un salut nazi, au Mémorial de la Shoah (ci-dessous) à Berlin.
La quenelle n'est pas seulement un "salut nazi inversé" ou pire encore d'un geste " contestataire”. Il s'agit en fait d'un salut néo­nazi tout court, la différence avec le salut nazi classique réside avant tout dans le regard de la société qui le reçoit. Or aujourd'hui, une partie de notre société ne perçoit plus l'antisémitisme comme tel. Il faut une croix gammée, un appel ouvert à mettre les gens dans les chambres à gaz, une référence appuyée au nazisme historique, pour avoir encore un minimum de réaction.
A l'audience le 12 mars dernier, Soral avait soutenu que cette photo n'était pas destinée à circuler "au-delà d'un cercle d'amis". 

Quant au geste de la quenelle, inventé par son ami Dieudonné, Alain Soral a soutenu l'avoir d'abord fait en signe de ralliement au "fist-fucking", car le Mémorial serait selon lui  devenu  un lieu de rendez-vous homosexuel. On retrouve les thématiques habituelles développées par le duo nazi, dont un exemple récent montre l’escalade dans l'abjection.

D'ailleurs Soral a été aussi condamné aujourd'hui à 4000 euros d'amende pour des propos tenus dans un livre dont il est co-auteur avec Eric Naulleau. Liant homosexualité et pédophilie, il avait cité le nom de Pierre Bergé. Connu pour son homosexualité, l'homme d'affaires l'avait fort justement fait citer en justice. Outre l'amende, le tribunal correctionnel a condamné Alain Soral a verser à Pierre Bergé 10.000 euros de dommages et intérêts pour" diffamation publique en raison de l'orientation sexuelle". Eric Naulleau, compère de Zemmour et  co-auteur de ce livre d'échanges, échappe à toute condamnation.

Au-delà de cette interprétation "privée", Soral avait ajouté à l'audience  une interprétation "publique". La "quenelle" constituerait '"un geste d'insoumission envers les manipulateurs sionistes de la Shoah". Il répétait ainsi la ligne de défense de tous les négationnistes, dont Robert Faurisson, invité d'honneur des meetings-spectacles de Dieudonné depuis 2008. 

Trois anciens déportés juifs, présents à l'audience et cités comme témoins, lui avaient opposé leur indignation. "Je n'aurais jamais pensé que quelqu'un dans ce lieu puisse faire autre chose que de penser, de se recueillir", avait notamment dit Isabelle Choko, 86 ans,  qui fut déportée au camp d'Auschwitz-Birkenau.

Le tribunal correctionnel donc a rejeté les arguties de Soral, en établissant le caractère antisémite de son geste selon les termes suivants:
«La personnalité même d'Alain Bonnet, dit Soral, telle que perceptible dans ses écrits ou prises de position publiques antérieurs, fragilise, pour ne pas dire prive de toute portée, ses dénégations réitérées quant aux accusations d'antisémitisme dont il ferait injustement l'objet... Dès lors, la photographie «ne peut être perçue que comme une injure visant la communauté juive dans un de ses lieux les plus symboliques et les plus sacrés».

Le prétendu "dissident" n'est qu'un vulgaire antisémite qui devra un jour rendre justice de ses actes, bien au delà des maigres condamnations financières.


Quelques jours après avoir été invité par Poutine, le néo-nazi est condamné par le tribunal de Paris aujourd'hui 14 juin 2016 à 6 mois de prison avec sursis. Le tribunal considère qu'il y a de sa part "apologie de crimes de guerre et contre l'humanité" pour des propos abjects visant Beate et Serge Klarsfeld, regrettant qu'ils n’aient pas été exterminés par les nazis.
Le tribunal est allé au delà des réquisitions du procureur qui avait réclamé trois mois de prison avec sursis, jugeant les propos poursuivis "outrageants, insultants, non seulement pour les époux Klarsfeld mais aussi pour les enfants des déportés et toutes les victimes de l'Allemagne nazie". "C'est un message clairement antisémite", avait dénoncé le procureur.
Soral échappe encore néanmoins à de la prison ferme. 

Soral, businessman de la haine et responsable d'actes antisémites

Comme son acolyte Dieudonné, Soral, démagogue enragé, est  un profiteur cupide prêt à tout pour faire prospérer son commerce de la haine. Mais il porte surtout un  très lourde responsabilité dans le développement des actes antisémites de ces dernières années dans le pays. Son incessante propagande haineuse crée le terreau d'où naissent les violences et profanations qui se multiplient dans une spirale constante.
Sa place est en prison.
Mise à jour 

MEMORIAL 98 

Articles et dossiers supplémentaires de Memorial 98 concernant Soral ( et Dieudonné) ci-dessous sur ce site et sur www.memorial98.org :

Face à la liste antisémite de Dieudonné, Soral et Gouasmi.

Dieudonné, Faurisson, Le Pen : décryptage. 

Dans ce dossier sur le "détail" des chambres à gaz http://www.memorial98.org/article-19187964.html 

extrait concernant la surenchère de Soral sur les propos de Jean-Marie Le Pen:

"Par contre Alain Soral, en posture d'idéologue, porte-parole du prétendu « lepénisme de gauche », ami et mentor de Dieudonné, en rajoute dans l'antisémitisme violent et déclare :

« ... Monsieur Le Pen a profondément tort, la chambre à gaz est tout sauf un point de détail, c'est même aujourd'hui, plus qu'hier encore, la religion, le dogme autour duquel tourne toute l'époque contemporaine. Dans l'ordre du sacrifice fondateur, la chambre à gaz a remplacé la croix du christ...
... Aujourd'hui, dans ce climat de judéomanie délirante - une judéomanie délirante et suspecte qui tient plus de l'esprit de la Collaboration que du combat pour le bien et l'amour des hommes - plus les souffrances de la guerre s'éloignent, plus c'est la seconde guerre mondiale toute entière qui devient un détail de la chambre à gaz !... »"

 MEMORIAL 98

mercredi 24 avril 2019

Génocide des Arméniens: un combat à poursuivre contre le négationnisme de l'Etat turc

 
Pendaison d'intellectuels arméniens à Constantinople le 24 avril 1915, marquant le début du génocide qui fit plus d'un million de victimes.

 24 avril 2020: commémoration à l'ombre de la pandémie.


Le génocide de 1915 est commémoré cette année de manière virtuelle, comme le génocide des Tutsi et la révolte du ghetto de Varsovie symbolisant la Shoah.

Mais comme le dit le Collectif VAN ( vigilance arménienne contre le négationnisme), partenaire de Memorial 98, " nul ne peut confiner la mémoire" .

105 ans après qu'il ait été commis, le génocide des Arméniens n'est toujours pas reconnu en Turquie.
 Au contraire le négationnisme de l'État turc se déploie partout afin d'en empêcher la reconnaissance. Celle-ci progresse néanmoins bien que trop lentement

Le combat se poursuit pour la reconnaissance pleine et entière, contre le négationnisme. C'est ce qui est du aux victimes du génocide, aux rescapés et aux Arméniens qui, partout dans le monde, continuent de souffrir des conséquences de ce crime historique

Memorial 98


25 avril 2019 

Au lendemain du 104e anniversaire du début du génocide, Erdogan escalade dans le négationnisme. Il déclare sur son compte Twitter:  " Le transfert des bandes arméniennes et de leurs partisans, tueurs de musulmans, y compris des femmes et des enfants vers l’Est de l’Anatolie était la décision la plus raisonnable à prendre à l’époque". Le président turc ajoute une dimension religieuse au génocide en évoquant de prétendus "tueurs de musulmans"

Memorial 98


Les injures et menaces de mort que subit actuellement la députée française Sonia Krimi, suite à une confrontation publique avec le ministre des affaires étrangères de Turquie à propos du génocide arménien, donnent une idée de la violence du négationnisme de l’État turc. Les représentants du régime turc ont fortement attaqué le 12 avril dernier, lors d’une assemblée parlementaire de l'Otan se tenant dans leur pays, la décision d’Emmanuel Macron d’instaurer une  commémoration annuelle du génocide arménien de 1915, chaque 24 avril. Ils ont  saisi comme prétexte d’attaquer le rôle de la France lors de la guerre d’Algérie et du génocide des Tutsi.  
Plutôt que de reconnaître même partiellement les responsabilités de leurs autorités dans le génocide de 1915, comme le fait avec beaucoup de limites Macron à propos du Rwanda ( voir ici)  et de l’Algérie (il a décrit la colonisation comme un crime contre l’humanité avant de reculer face à l’offensive des nostalgiques de l’Algérie française) ils ont choisi l’escalade. Suite à la protestation de Mme Krimi, elle est maintenant menacée de mort et harcelée sur les réseaux sociaux, avec des références racistes à son origine tunisienne.
 


  









Le sort de ceux qui en Turquie même portent l’exigence de la reconnaissance du génocide, est bien pire. L’atmosphère de répression instaurée par Erdogan, encore accentuée après sa défaite électorale récente lors des élections municipales,  met en danger les représentants des Arméniens de Turquie et ceux qui les soutiennent. L’assassinat en 2007 d'un porte-parole des Arméniens de Turquie, Hrant Dink, a montré jusqu’où pouvait conduire la stigmatisation de ce combat.

Au plan international, la reconnaissance du génocide des Arméniens, 104 années après qu'il ait été commis,  est encore entravée, malgré les avancées historiques en Allemagne, aux Pays-Bas et récemment en Italie.
De nombreux pays tergiversent et hésitent, en raison des pressions de l’État turc et de ses alliés dont le régime dictatorial d’Azerbaïdjan, particulièrement corrompu et corrupteur. C'est notamment le cas des autorités israéliennes dont la position revêt un aspect historique et symbolique crucial. Le combat y est engagé depuis des dizaines d'années et progresse très lentement, au gré des rapports de force et des relations avec la Turquie et l'Azerbaïdjan qui font pression.

En France où le génocide a été reconnu dès 2001, le combat porte encore sur une loi de pénalisation de la négation du génocide des Arméniens comme il en existe une pour la Shoah et maintenant pour le génocide au Rwanda. Une telle loi constitue un instrument utile contre les négationnistes, comme l'a montré la condamnation récente de Soral  pour son négationnisme de la Shoah.
Cette loi, maintes fois promise, a été votée non sans difficultés, y compris dans les rangs d'une partie de la gauche, en décembre  2011 à l'Assemblée nationale et en janvier 2012 au Sénat. Elle a ensuite été censurée avant sa promulgation par le Conseil Constitutionnel en février 2012. Une nouvelle loi avait été promise par François Hollande, mais elle est fut  repoussée aux calendes grecques. Elle doit faire face à l'opposition d'hommes politiques et d'historiens institutionnels et puissants, dont Pierre Nora et Robert Badinter. Eric Zemmour, qui veut réhabiliter Pétain, plaide régulièrement contre toute loi mémorielle et toute action contre les négationnistes

En 2016,  le vote d’une loi dite Égalité et Citoyenneté permettant de poursuivre les négationnistes des génocides a pu faire croire qu ‘elle permettrait cette pénalisation de la négation du génocide arménien. Mais en réalité cela n’a pas été le cas, comme l’analysaient nos amis et partenaires du Collectif VAN  (Vigilance arménienne contre le négationnisme)


Succès au Sénat français pour la pénalisation du génocide des Tutsi mais pas pour celui des Arméniens.

Le Sénat s'est prononcé en faveur du rétablissement de l'article 38 ter de la Loi "Égalité et Citoyenneté" permettant de poursuivre les négationnistes des génocides - dont le génocide arménien nous dit-on - et crimes contre l'humanité tels que l'esclavage. Étonnamment, les commentateurs de ce vote se sont focalisés sur le génocide arménien en laissant entendre qu'il s'agissait d'une ouverture contre les négationnistes.
Ils oublient de préciser que seuls seront poursuivis les négationnistes d'un crime jugé par une juridiction française ou internationale. Or il est bien connu que le génocide arménien n'a jamais été jugé par ce type de juridiction.
Pour les crimes qui ne pourront pas entrer dans la case "jugement français ou international", il faudra alors remplir une autre condition : "la négation, la minoration ou la banalisation de ces crimes" devront être accompagnées d'"une incitation à la violence ou à la haine".
Or, il est tout à fait habituel  de nier un génocide ou un crime contre l'humanité sans proférer des "propos violents ou haineux". C'est même la spécialisation des négationnistes les plus pervers qui se présentent avec le masque de l'historien : ce sont les plus prolifiques, les plus influents et les plus dangereux. Ceux-là resteront certainement hors du champ d'application de la loi.
Seule (grande) satisfaction : si le Conseil Constitutionnel n'invalide pas cet article avant sa promulgation, la Loi Égalité et Citoyenneté (qui - en l'occurrence - ne mérite pas son nom) donnera la possibilité de poursuivre les négationnistes du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, génocide qui a fait, pour sa part, l'objet d'un jugement international.

A l’occasion de ce 104e anniversaire, nous renouvelons notre souhait de voir Missak Manouchian, symbole de la résistance au nazisme, entrer au Panthéon.






La signification en serait d'autant plus forte que Manouchian était un orphelin du génocide arménien. Le lien entre les génocides du 20e siècle, notamment celui des Arméniens et la Shoah, représente une raison supplémentaire de procéder à cette reconnaissance du rôle des résistants de l'Affiche rouge.  



Cette décision représenterait un hommage mérité à tous les résistants anti-nazis d'origine étrangère. Ceux-ci ont souvent été les pionniers de la résistance aux nazis, notamment dans le cadre des FTP-MOI ( MOI pour "Main d’œuvre immigrée "). Ils ont été pourchassés et assassinés par les nazis, notamment pour le groupe dit de l'Affiche Rouge fusillés avec Manouchian le 21 février 1944 au Mont-Valérien. 

Avril et les trois grands génocides du 20e siècle
Le mois d'avril au cours duquel est honorée la mémoire des victimes des trois génocides majeurs du XXe siècle  comporte  plusieurs "jours de sang":
Le 7 avril 1994 marque le début du génocide des Tutsi du Rwanda. C'est à lui que revient chaque année le triste privilège d'ouvrir les commémorations du mois d'avril, avant celui de la Shoah, le 19 avril correspondant au début de la révolte du ghetto de Varsovie le 19 avril 1943,  celui des Arméniens le 24 avril correspondant aux premières arrestations des intellectuels arméniens à Constantinople/Istanbul en avril 1915.
Nous y associons le premier génocide du XXe siècle commis en 1904 par l'Allemagne impériale  contre les peuples Herero et Nama en Afrique australe, les actions génocidaires en Bosnie à Srebrenica, au Darfour, le génocide des Roms, les actions génocidaires du régime khmer rouge au Cambodge et la récente tentative d’extermination des Yézidis d’Irak par Daech, les actions génocidaires contre les Rohingya en Birmanie ...

Les différents génocides ont des liens profonds entre eux car dans tous les cas les populations promises à l’extermination ont été d’abord été discriminées, stigmatisées, accusées de tous les maux, puis désignées comme ennemies, regroupées, marquées et « étiquetées » sous différentes formes et enfin conduites à l’extermination ou massacrées sur place. Le génocide est l’aboutissement de décennies, voire de siècles, de discriminations.

Un autre point commun à ces génocides est qu'ils font face à des entreprises de  négation, dans le cadre d’une solidarité avec ceux qui ont perpétré le génocide. Nous luttons contre ce phénomène très organisé, mis en place par les génocidaires eux mêmes et qui constitue avec l’impunité une incitation à de nouveaux massacres.
Le but des génocidaires, en tout temps et en tout lieu, ne consiste pas seulement à assassiner les vivants, mais aussi à nier à tout jamais leur existence.

C’est pour cette raison que les négationnismes sont consubstantiels aux génocides. En niant, il ne s’agit pas seulement d’une tentative faite par les assassins pour échapper aux conséquences de leurs crimes. Au même titre que les massacres physiques de masse, la négation est au service au service du but final : effacer de l’histoire et de l’humanité une partie des hommes et des femmes qui la constituent.
Hitler lui-même trouvait un encouragement dans la manière dont le génocide arménien était nié:
« Mais qui se souvient encore du massacre des Arméniens ? » déclarait-il dans une allocution aux commandants en chef de l'armée allemande le 22 août 1939, quelques jours avant l'invasion de la Pologne.

Plus que jamais, le combat contre les génocides, ainsi que l’impunité de leurs auteurs et le négationnisme sont cruciaux. C'est pourquoi la reconnaissance du génocide arménien est si importante, afin de contribuer à prévenir d'autres génocides dans le futur.

Memorial 98